Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  L'extrémité sud-est de l'Asie Mineure et l'une de ses vastes régions, est appelée par les anciens géographes CILICIE; nous l'appelons SISSOUAN ou ARMÉNO-CILICIE.

Placé aux confins de deux des anciennes parties du monde et non loin de la troisi è me, ce pays jouit d'une situation des plus admirables. Plusieurs sommités le recouvrent et son centre est formé par de vastes plaines. Il est entouré en outre par de hautes montagnes escarpées qui vont du sud-ouest à l'est. Elles partent des côtes mêmes de la grande mer Méditerranée dont la partie orientale forme, entre la Syrie et l'Asie Mineure, un vaste bassin, appelé Golfe d'Issu s par les anciens, d'Alexandrette par les mo-dernes, et connu au moyen âge sous le nom de Golfe d'Arménie. C'est de ce golfe sûr que partent les côtes de la Cilicie arménienne pour s'étendre vers l'occident sur une longueur de 250 milles, jusqu'au Golfe de Pamphylie, tout près de la ville de Satalie.

Notre roi Léon I étendit sa domination jusqu'à cette ville, mais ses successeurs ne surent pas conserver ces beaux parages qui s'étendent comme un amphithéâtre. A peine en purent-ils garder la moitié de la partie orientale, située autour du promontoire d'Anamour, point le plus méridional de toute l'Asie Mineure.

Une cinquième partie des côtes orientales de la Méditerranée appartint donc aux Arméniens comme limite naturelle; car les Monts Amanus forment un vrai rempart à cette partie maritime étroite et allongée, qui s'étend du nord-est au sud-ouest pour finir au promontoire appelé par les anciens Caput Rhosicu s et par les Arabes, Rass-el-Khanzir (Tête de cochon).

Au nord et à l'est, les frontières des possessions arméniennes ont subi de continuels changements. Durant le règne de Héthoum I er, tantôt elles s'étendirent jusqu'aux bords de l'Euphrate, près de Romcala, tantôt elles n'allèrent pas au delà de la vallée du Djihan. Cette vallée qui formait une région à part, appelée Marache ou Germanicia, tomba de temps en temps au pouvoir des Roupiniens.

En nous tournant du côté de l'occident, nous trouvons comme limite naturelle, le vaste amphithéâtre que forme la chaîne du Taurus, connue plus ordinairement de nos jours, sous le nom de Montagnes Bulgares. Cette chaîne a toujours été regardée comme la vraie ligne de frontière de la Cilicie; mais cela n'empêcha pas nos princes d'étendre leur puissance au delà de ces montagnes, sur les étroites vallées du Sarus et du Djihan, se trouve actuellement la célèbre Zeithoun. Quelques Arméniens savants considèrent même comme appartenant à l' Arméno-Cilicie, non seulement cette région mais encore les rives occidentales de l'Euphrate. Au point de vue du pouvoir ecclésiastique, je suis d'accord: la juridiction du Catholicos de Sis, s'étendait de ce côté, mais ce pays ne dépendait pas des souverains de Sissouan.

Les frontières occidentales varièrent souvent, mais il conviendrait de leur donner pour limite habituelle, les Montagnes Bulgares, jusqu'à la mer. Sur ce point, les auteurs anciens ne sont pas tous d'accord: les uns placent les frontières occidentales de la Cilicie entre la forteresse de Corycus et la ville de Séleucie, d'autres les reculent jusqu'au promontoire d'Anamour; d'autres enfin les font encore aller au delà, jusqu'à Coracesium, l'Alaya des contemporains. De cette ville, on compte 200 milles jusqu'aux portes de la Syrie ou jusqu'aux extrémités du Golfe Arménien.

Longtemps on regarda aussi comme parties intégrantes de l'Arméno-Cilicie, les provinces d'Isaurie et de Lycaonie, qui s'étendent jusqu'à Laranda (Karamanie), et qui comprennent les villes de Tiana (Kilissé-hissar), de Nigdée et d'Héraclée ou Cibistra. Léon le Magnifique, dans l'espoir de s'en emparer plus tard, avait en effet fait entrevoir la conquête de ces villes aux chevaliers de la Croisade et, d'après S. Nersès de Lambroun, il serait parvenu à les subjuguer: «Le bras de Léon, dit-il, au temps de sa puissance, agrandit de beaucoup le territoire arménien. Il gouverna les Ciliciens et les Syriens et s'empara même de la Seconde Cappadoce, dont la capitale est Tiana». Ce même auteur, dix années auparavant, écrivait déjà dans un autre mémoire que le roi Léon avait étendu sa domination sur les Syriens, les Isauriens et jusque sur leurs montagnes.

Nous pensons ces quelques lignes suffisantes pour donner au lecteur, une idée des bornes, soit de la Cilicie ancienne, soit de celle de nos souverains arméniens.