Le
terrain
de
la
Cilicie,
ou
plutôt
le
terrain
de
la
plaine
cilicienne
a
été
célébré
de
temps
immémorial
pour
sa
grande
fertilité.
Les
Latins
le
nommaient
«
Cilicia
campestris
»
ou
«
Cilicia
propria
».
Il
comprend
toutes
les
vallées
inférieures
des
trois
grands
fleuves,
Cydnus,
Sarus
et
Pyramis.
Cette
plaine
mesure
50
à
60
kilomètres
environ
pour
la
longueur
de
l'est
à
l'ouest
et
en
largeur
du
nord
au
sud
un
tiers
à
peu
près
de
cette
distance.
Le
territoire,
entre
le
fleuve
Sarus
et
le
Djihan,
est
présentement
appelé
Tchoucour-ova
(Plaine
profonde)
à
cause
de
sa
dépression;
les
anciens
le
nommaient
Campus
Alejus
(Champ
Aléen).
Ce
terrain
bas
qui
s'étend
sur
1500
kilomètres
carrés
environ,
a
été
toujours
regardé
comme
une
des
parties
les
plus
fertiles
de
la
terre
et
selon
notre
géographe
ancien,
«il
est
fertile
en
tout
comme
la
terre
du
Jourdain.
»
Suivant
d'autres
il
est
comparable
à
celui
de
l'Egypte
arrosé
par
le
Nil;
car
comme
ce
dernier,
les
fleuves
de
la
Cilicie
par
leurs
inondations,
recouvrent
la
plaine
de
terrain
gras,
et
cette
couche
féconde
atteint
plus
de
25
pieds
d'épaisseur.
Tempérées
par
les
brises
australes,
les
côtes
de
la
mer
fournissent
avec
une
égale
abondance
et
les
productions
nécessaires
à
la
nourriture
de
l'homme
et
celles
qui
servent
à
flatter
ses
goûts.
Notre
docteur
Thomas,
citant
les
corps
inorganiques
du
terrain,
termine
l'énumération
en
disant,
«et
tant
d'autres
bons
produits
innombrables».
Du
règne
végétal,
il
cite
en
passant
les
forêts
de
Pins
et
de
Cèdres,
et
pour
les
plantes
utiles
à
la
nourriture
de
l'homme
et
à
son
habillement
il
dit
textuellement:
«Le
terrain
produit
des
Pommes,
des
Poires,
des
Prunes,
des
Abricots,
des
Citroniers
Bigaradiers,
des
Oranges,
des
Citrons,
des
Châtaignes,
de
Musa
paradisiaca,
du
Coton,
de
la
Soie,
du
Seigle
et
du
Safran;
la
Rose,
le
Myrte,
la
Violette,
la
Caroube,
l'Olive,
le
Sumac,
l'Amande,
la
Datte,
la
Noisette,
la
Noix,
le
Coing,
la
Jujube,
l'Orge
et
les
Cornouilles
dans
les
bois».
Il
ne
parle
pas
du
Sésame,
ni
de
la
Canne
à
sucre
qui
réussissent
dans
les
côtés
les
plus
exposés
au
midi,
ni
non
plus
du
Riz
qui
est
un
produit
propre
aux
lieux
marécageux.
La
Vigne,
plante
chère
à
tous,
ne
se
trouve
pas,
et
les
explorateurs,
même
contemporains,
ne
la
citent
pas
parmi
les
produits
utiles
qui,
du
reste,
ont
sensiblement
diminué
par
suite
du
manque
de
culture
et
des
continuelles
déprédations,
et
ce
terrain,
si
fertile
jadis,
est
presque
improductif
actuellement.
Autrefois
on
y
cultivait
la
vigne:
les
mémoires
des
marchands
durant
la
dynastie
des
Roupiniens
en
rendent
témoignage;
mais
cette
culture
ne
se
faisait
pas
sur
une
bien
grande
échelle
comme
les
mêmes
mémoires
en
font
foi:
car
les
Vénitiens
et
les
Génois
vendaient
du
vin
sur
les
marchés
arméniens.
D'un
autre
côté,
la
proximité
de
Chypre
produisant
du
vin
excellent
en
grande
quantité
et
les
relations
intimes
de
nos
princes
avec
les
Lusignans,
maîtres
de
l'île,
n'étaient
guère
faites
pour
rendre
les
Ciliciens
soucieux,
d'introduire
la
culture
de
la
vigne
chez
eux,
alors
qu'ils
en
avaient
en
abondance
chez
leurs
voisins.
On
trouve
même
chez
les
Chypriotes
des
mémoires
sur
les
vignes
arméniennes,
dites
ὰ
μπέλ
το
̀
'
Αρμέιας
Erminesques
selon
les
Français,
c'est
qu'elles
étaient
ou
cultivées
par
les
Arméniens
ou
à
la
manière
des
Arméniens.
Rappelons
en
même
temps
les
raisins
secs
[1]
vendus
par
nos
Ciliciens.
Parmi
les
auteurs
anciens
Pline
parle
du
vin
cuit
de
la
Cilicie,
qui
était
réputé
le
meilleur
après
celui
de
Crète.
Vers
le
milieu
de
notre
siècle
un
Anglais,
M
r
Barker
a
planté
des
ceps
de
raisin
muscat;
le
succès
couronna
sa
tentative.
Il
cite
entre
autre
une
espèce
de
raisin
qui
mûrit
vers
la
fin
de
l'année.
Il
introduisit
aussi
le
Pêcher
et
une
espèce
d'Abricotier
dont
le
fruit
a
une
peau
très
fine,
puis
le
cerisier
que
nous
ne
trouvons
point
dans
la
liste
du
docteur
arménien
cité
plus
haut.
En
outre
parmi
les
légumes
il
importa
les
artichauts,
la
pomme
d'amour,
les
pois,
auxquels
le
terrain
est
très
favorable,
mais
le
chardon
et
l'ivrée
envahissent
tout.
Le
même
auteur
mentionne
comme
faisant
partie
des
légumes
et
des
fruits
d'agrément,
le
Melon,
et,
selon
d'autres,
la
Pastèque.
Notre
médecin
Assar
les
cite
tous
deux
également.
L'
Anchusa
(
Gotha
en
arm.
)
est
commun
dans
l'Arménie
occidentale;
c'est
une
espèce
de
légume
du
genre
des
concombres
et
des
melons.
Au
nombre
des
fruits
succulents
il
ne
faut
point
oublier
la
Pastèque
rouge
dont
la
couleur
charme
l'œil.
Pline
rappelle
la
Laitue
cilicienne
à
grandes
feuilles
frisées.
La
traduction
latine
en
fait
Lactuca
crispa.
Un
autre
produit
d'une
très
grande
importance,
cité
par
le
Docteur
Thomas,
est
l'
Olive
dont
la
culture
a
été
bien
négligée
par
les
Arméniens,
puisque
les
Italiens
vendaient
de
l'huile
dans
la
Cilicie.
Pourtant
les
oliviers
sauvages
ne
manquent
pas;
mais
ils
restent
rabougris
et
étouffés
dans
les
épaisses
forêts
de
pins.
Il
s'en
trouve
plus
abondamment
qu'ailleurs,
et
sur
une
étendue
de
plus
de
100
kilomètres
entre
Tarsous
et
Séleucie;
les
habitants
n'en
tirent
aucun
profit,
puisqu'ils
les
ont
laissés
à
l'état
sauvage
sans
culture
et
sans
greffe.
Si
anciennement
on
citait
la
Soie
comme
produit
artificiel,
ce
n'est
pas
l'élégant
et
précieux
tissu,
la
vraie
soie.
Le
mûrier
croît
partout;
mais
l'excessive
chaleur
empêche
le
bombyx
d'atteindre
son
complet
développement;
il
meurt
en
ne
donnant
que
très
peu
de
soie,
dont
on
confectionne
de
grossières
chemises.
Parmi
les
arbres
fruitiers,
le
Docteur
Thomas
ne
cite
pas
le
Figuier;
on
le
trouve
à
l'état
sauvage,
et
Pline
l'Ancien
en
cite
une
espèce
particulière
dont
les
fruits
naissant
sous
les
feuilles
se
développent,
tandis
que
ceux
qui
poussent
après
n'arrivent
pas
à
maturité.
Le
Dattier
n'est
pas
compté
comme
arbre
produisant
des
fruits,
mais
autrefois
(au
X
e
siècle)
il
était
signalé
aux
environs
d'Anazarbe
à
l'état
sauvage;
de
nos
jours
à
peine
peut-on
en
trouver
près
d'Adana.
Et
en
général
on
ne
le
rencontre
que
rarement
en
Syrie
et
en
Cilicie.
Mais
depuis
longtemps,
la
plus
importante
des
productions
de
ce
dernier
pays,
est
le
Coton
qui
pourrait
rivaliser
avantageusement
avec
celui
que
rapportent
les
autres
terres
de
qualité
inférieure
et
serait
une
vraie
richesse
pour
le
pays,
si
on
savait
en
régler
le
travail
et
si
l'on
modérait
les
impôts,
qui
actuellement
sont
très
onéreux.
Outre
la
dixième
partie
de
la
récolte
due
au
gouvernement,
un
autre
dixième
passe
à
celui
qui
a
cueilli
le
coton
et
un
troisième
dixième,
à
celui
qui
l'a
purifié
des
semences.
On
fait
monter
à
20,
000
quintaux
la
production
annuelle
du
coton
qui
ordinairement
est
expédié
à
Trébisonde
et
à
Erzeroum.
L'historien
Pegolotti
qui
écrivait
sous
le
règne
de
nos
derniers
rois,
préfère
le
coton
d'Amanus
à
ceux
de
la
Palestine,
de
Chypre,
de
Malte,
de
la
Sicile,
des
Pouilles
et
d'autres
pays.
Le
Blé
est
une
céréale
des
plus
abondantes
de
notre
patrie
et
des
plus
propres
à
la
nourriture.
La
récolte
moyenne
du
froment
est
au-dessus
de
40,
000
kilés
—
le
kilé
équivaut
à
44
kilogrammes,
et
se
vend
à
raison
de
60
à
80
piastres
(de
12
à
18
fr.
).
—
Le
meilleur
froment
est
celui
de
Karamanie
qui
donne
une
farine
blanche
et
fine,
aussi
coûte-t-il
plus
cher.
La
moitié
du
blé
est
exportée
en
Syrie.
—D'après
ce
que
dit
Barker,
on
y
récolte
150,
000
kilés
d'
Orge,
qui
sert
à
faire
du
pain
pendant
la
cherté
du
froment:
le
kilé
se
vend
alors
de
40
à
60
piastres.
Le
même
motif
fait
monter
le
Sésame
qui
donne
de
15,
000
à
20,
000
kilés
de
tourteaux
et
dont
la
production
annuelle
augmente
de
plus
en
plus,
car
il
est
d'un
rapport
assez
grand.
On
récolte
environ
40,
000
kilés
de
Lin
qui
se
vend
une
piastre
l'occa
(1
kil.
280
grammes).
—
Thomas
cite
encore
la
Cire,
produit
semi-végétal;
elle
se
vend,
vu
sa
qualité
supérieure,
18
piastres
l'occa.
Nous
ne
devons
point
oublier
la
Scammonée
qui
croît
sur
les
monts
Taurus
et
dont
la
résine
est
recherchée
par
les
habitants
de
Laodicée.
Le
même
Docteur
mentionne
d'autres
végétaux
que
nous
ne
connaissons
que
par
leurs
noms,
mais
dont
la
plus
grande
partie
doit
être
connue
par
les
paysans.
Les
anglais
Barker
et
Ainsworth
citent
encore
dans
leurs
traités,
le
Pommier,
l'Abricotier,
l'Amandier,
devenu
sauvage
dans
les
rochers,
le
Manna-asch
qui
est
peut-être
considéré
comme
le
Sénevé
ou
le
Carrubier
sauvage,
et
près
d'Adana,
des
bois
d'
Orangers
et
de
Citronniers.
Au
nombre
des
végétaux
utiles
nous
pourrions
joindre
les
plantes
médicales
très
nombreuses
qui
croissent
abondamment
sur
les
Montagnes
Noires,
surtout
les
Jacinthes
et
les
Rubiacées.
Le
vieux
savant
arabe,
Lockman,
cueillait
dans
ces
contrées
différentes
espèces
d'herbes
et
de
fleurs
médicales.
Dans
le
XII
e
Livre,
chapitres
35
et
36,
Pline
parle
des
végétaux
utiles
servant
à
la
préparation
des
médicaments,
comme
le
Galbanum
et
le
Styrax
qui
se
rencontrent
principalement
sur
les
Monts
Amanus.
Le
même
auteur
préfère
le
Glycyrrhiza
de
Cilicie
à
ceux
d'autres
pays,
(XXII.
11),
et
à
toutes
les
autres,
l'
Hysope
cilicienne
des
Monts
Taurus,
qui
mêlée
avec
de
l'huile
guérit
la
teigne
et
les
maladies
pédiculaires.
Nos
traités
arméniens
médecine
de
louent
fort
l'
Absinthe
de
Sis
et
de
Tarsus.
On
a
parlé
assez
des
arbres
fruitiers,
quant
aux
arbres
à
haute
futaie
que
l'on
rencontre
partout
en
Cilicie,
le
principal
ornement
des
bois
est
le
Cèdre
considéré
comme
le
roi
des
forêts
ciliciennes.
Il
pourrait
à
juste
titre
rivaliser
avec
les
cèdres
traditionnels
du
Liban
et
même
il
les
surpasse
en
quantité.
Il
y
en
a
deux
sortes;
on
les
distingue
par
la
couleur
de
leur
feuillage:
les
uns
sont
d'un
beau
vert,
les
autres
tirent
sur
le
gris-sombre;
ils
croissent
à
plus
de
5300
pieds
d'altitude.
Sans
nous
arrêter
à
énumérer
tout
ce
qu'on
en
tire,
nous
dirons
néanmoins
que
ces
cèdres
donnent
une
grande
quantité
de
résine.
Parfois
on
construit
des
bateaux
avec
du
bois
encore
chargé
de
résine;
elle
sert
à
les
enduire
et
empêche
le
passage
de
l'eau.
Outre
les
cèdres,
il
y
a
encore
plusieurs
espèces
de
Pins,
de
Chênes
[2]
et
parmi
ces
derniers
les
plus
célèbres
sont:
le
Quercus
Ballota
et
Quercus
Coccifer,
renommés
dans
l'antiquité
par
le
commerce
qu'on
en
faisait
en
Cilicie.
N'oublions
pas
deux
autres
espèces,
le
Q.
Aegylops
et
le
Q.
Infectoria.
On
trouve
aussi
plusieurs
espèces
de
Genévriers
dont
la
principale
porte
le
nom
de
Juniperus
excelsior.
Il
couronne
la
cime
des
montagnes
de
hauteur
moyenne.
Les
monts
moins
élevés
sont
recouverts
par
des
Myrtes,
des
Lauriers,
des
Phlômes,
des
Styrax,
des
Cistus,
des
Jasmins,
et
plus
bas
encore
en
s'approchant
de
plus
en
plus
de
la
plaine,
par
l'
Oléandre
ou
Laurier-rose.
On
trouve
encore
de
grands
Platanes;
mais,
comme
les
habitants
de
ces
endroits
les
dépouillent
de
leur
écorce
qu'ils
envoient
en
Europe,
ces
arbres
perdent
leur
beauté.
N'oublions
pas
le
Smilax
aspra
que
les
Romains
recevaient
de
la
Cilicie;
il
donne
des
résines,
des
grappes
et
des
fleurs
aromatiques
toutes
blanches;
mais
celles-ci
n'étaient
pas
employées
pour
tresser
des
couronnes
pour
les
sacrifices
et
pour
les
fêtes;
Pline
(XI.
63.
)
dit
qu'une
jeune
fille
prise
d'amour
envers
le
jeune
Safran
fut
transformée
en
Smilax.
Les
espèces
de
Pins
et
de
Cèdres
que
nous
n'avons
fait
qu'indiquer,
sont
très
nombreuses
en
Cilicie:
Barker
cite
le
Pinus
Fenzlii,
qui
se
trouve
même
à
5000
ou
6000
pieds
de
hauteur,
et
le
Platane
cilicien
(Populus
cilicia)
selon
Kotschy
sur
des
hauteurs
de
4
à
5000
pieds
dans
les
endroits
argileux.
Outre
les
platanes
dont
nous
avons
déjà
parlé,
il
y
a
encore
le
Quercus
abietum
près
des
sources
du
Cydnus
à
4500
pieds
au-dessus
du
niveau
de
la
mer,
le
Quercus
Cedrorum
Ky
et
l'
Ibicis
Ky
qui
croissent
jusqu'à
4800
pieds;
le
Quercus
Ungeri
près
d'Anacha
à
4000
pieds;
le
Quercus
Ehrenbergij
près
de
Gouglag
et
aux
environs
de
Lambroun
à
2500
pieds;
le
Quercus
Vallonea
Ky
aussi
sur
la
frontière
de
Lambroun
à
3000
pieds
de
hauteur;
le
Quercus
Goedelij
près
d'Anacha
à
4000
pieds;
le
Quercus
Syriaca
à
proximité
du
village
Dorac;
le
Quercus
Pyrami
Ky
aux
environs
d'Adana;
le
Quercus
Tauricola
de
3000
à
3500
pieds;
le
Quercus
Haas
Ky,
près
de
Gouglag
à
3800
pieds.
(Page
18.
Quercus
aegylops)
Bien
que
les
noms
de
toutes
ces
espèces
d'arbres
puissent
paraître
étranges
au
lecteur,
il
pourra
du
moins
comprendre
par
leur
nombre,
la
richesse
végétale
du
pays.
Tous
ces
noms
ont
été
contrôlés
savamment
et
clairement
expliqués
par
le
D
r
Kotschy
(botaniste
autrichien,
mort
en
1866)
qui
parcourut
quatre
fois
la
Cilicie
de
1836
à
1863
en
faisant
des
recherches
sur
ces
montagnes
et
ces
vallées.
(Page
19.
Le
D.
r
Théodore
Koschy)
Il
a
trouvé
outre
ces
espèces
d'arbres,
820
nouvelles
sortes
de
plantes
de
familles
diverses,
inconnues
de
son
temps,
et
il
en
a
publié
les
noms.
Il
indiqua
pour
chaque
plante,
le
lieu
de
sa
provenance
et
l'altitude
à
laquelle
on
la
rencontrait;
enfin,
il
composa
une
table
sur
laquelle
les
montagnes
et
les
vallées
furent
indiquées
avec
la
position,
sur
leur
versants
respectifs,
de
plus
de
300
plantes
et
de
lieux
habités,
suivant
un
ordre
ascendant.
Il
commence
d'abord
par
les
plantes
qui
croissent
au
bord
de
la
mer,
continue
par
celles
des
terrains
marécageux
et
sablonneux,
et
en
montant,
il
arrive
à
la
plaine
dépourvue
de
verdure
mais
en
état
de
produire
une
luxuriante
végétation.
Il
rappelle
qu'à
la
mi-février,
des
espèces
de
Liliacées
et
de
Renonculacées
épanouissent
leurs
premiers
bourgeons
et
au
mois
d'avril
toute
la
nature
jusqu'à
la
hauteur
de
1000
pieds
est
émaillée
de
fleurs.
La
flore
du
mois
de
juin
est
semblable
en
tout
à
celle
des
bords
de
la
Méditerranée:
les
espèces
des
plantes
auxquelles
convienne
ce
terrain
sont
très
peu
nombreuses
[3].
Les
plus
remarquables
par
leur
rareté
sont
les
Pistaches
de
la
Palestine,
l'
Alnus
orientalis
et
le
Celtis
tournefortii
Lam.
A
la
hauteur
de
1000
à
1200
pieds
parmi
les
ondulations
accidentées
des
collines
et
des
vallées,
nous
trouvons
au
printemps,
les
Myrtes,
les
Lauriers-roses,
et,
un
peu
plus
bas,
des
Térébinthes,
quelques
espèces
de
Platanes
et
de
Pins.
Entre
2
et
3000
pieds
d'élévation,
croissent
les
Pins
et
les
Pinastres
(Pinus
Carica
Don.
);
plus
haut
encore
au-dessus
de
3000
pieds
s'élèvent
les
Cèdres
du
Liban
et
les
Cèdres
gris.
A
la
seconde
zone
des
forêts,
c'est
à
dire
au
point
où
commence
la
végétation
alpestre,
les
arbres
différent
quelque
peu
entre
eux,
variant
en
proportion
des
altitudes
respectives;
vers
les
4000
et
les
5000
pieds,
les
pins,
les
arbres
résineux,
croissent
abondamment,
et
dans
les
vallées
des
hautes
montagnes,
les
platanes
et
le
genévriers;
en
général
à
cette
altitude
les
plantes
ont
une
couleur
noirâtre;
plus
haut
encore
à
6000
pieds
on
trouve
sur
les
rochers
les
pins
Larix
ou
Mélèze
(Pinus
Laricio),
les
cèdres,
et
dans
les
places
à
terre
plus
molle,
les
sapins
et
les
deux
espèces
de
genièvres,
celle
à
haute
futaie
(Juniperus
excelsior),
et
l'autre
de
moindre
importance
(Juniperus
fœtidissima);
enfin
dans
des
endroits
spacieux
et
dans
les
régions
plus
élevées,
les
pins
rougeâtres.
Sur
les
flancs
des
montagnes
boisées,
les
cèdres
arrivent
jusqu'à
5000
pieds;
on
en
trouve
même
sur
les
arrêtes
larges
jusqu'à
6000.
De
6000
à
8000
se
trouve
la
zone
des
herbes
vert-émeraude
à
fleurs.
En
général
les
végétaux
sont
tous
des
plantes
herbacées
[4].
Les
unes
croissent
sur
des
rochers,
d'autres
préfèrent
des
terres
moins
dures;
mais
à
cette
hauteur
l'herbe
n'est
ni
serrée,
ni
touffue,
sans
être
toutefois
trop
rare.
Les
buissons
et
les
ombellifères
croissent
dans
les
vallées
et
aux
bords
des
eaux;
les
plantes
ordinaires
et
celles
dont
la
hauteur
varie
entre
3
et
4
pieds
croissent
vers
les
6000
et
les
7000
pieds
d'altitude,
ainsi
que
quelques
espèces
de
Senecio
et
de
Cirsium.
A
partir
de
8000
pieds,
altitude
équivalante
à
la
hauteur
moyenne
des
Alpes,
on
trouve
d'abord
les
rochers,
plus
haut
à
9000,
quelques
plantes
dans
les
vallons,
aux
endroits
humides,
et
dans
les
cavités
du
roc.
Dans
les
terrains
ardoisiers,
croissent
l'Astragalus
amœnus,
la
Potentilla,
l'Androsace
olympica
et
diverses
espèces
de
Scorzonera,
Saponaria,
Heracleum
pastinacea;
près
des
sources,
le
Chaemœmelum,
le
Crépis
pinnatifida,
la
Poa
bulbosa,
etc.
Sur
les
limites
des
neiges
éternelles
brille
la
belle
Renoncule
dorée
(Ranunculus
demissa),
et
dans
les
cavités
rocheuses,
la
Silene
odontopetala,
l'Arabis
albida,
la
Saxifraga
Ky,
la
Scrophularia,
le
Cresson
sans
tige
et
d'autres
semblables.
Un
peu
plus
haut
à
10000
pieds
on
trouve
attaché
à
la
terre
de
Silene
Humilis;
quelques
espèces
d'Astragale,
l'Eunomia
oppositifolia,
mais
les
plantes
naturelles
à
ces
lieux
sont
l'Euphorbia
densa,
la
Viola
crassifolia,
l'Erysimuim
Ky,
etc.
Les
plantes
de
ces
altitudes
ont
cela
de
caractéristique
que
leur
couleur
tourne
au
blanc
et
au
gris
[5],
réfléchissant
ainsi
la
couleur
plus
ou
moins
cendrée
des
endroit
où
elles
croissent.
Parmi
les
plantes
aquatiques,
Pline
cite
[6]
la
Nimphœa
nelumbo
de
Cilicie
qui
se
trouve
très
nombreuse
en
Egypte
et
en
Syrie.
Le
même
auteur
cite
parmi
les
plantes
odoriférantes,
l'Iris
ou
le
Lys
sauvage
dont
la
racine
seulement
possède
un
arome,
et
dont
l'espèce
la
plus
recherchée
venait
dans
ce
temps-là
de
la
Pamphylie
et
surtout
de
la
Cilicie;
le
Safran
de
Gorigos
était
aussi
très
estimé.
L'autre
versant
des
Monts
Bulgares,
c'est
à
dire
le
côté
sud-ouest
est
différent.
Le
terrain
en
est
rehaussé
de
mammelons,
de
collines
jusqu'à
près
de
4000
pieds;
à
partir
de
ce
point
commencent
les
forêts
d'arbres
à
résine,
dont
la
limite
supérieure
approche
de
7000
pieds
d'altitude.
Sur
les
flancs
rocheux
croissent
les
pins
noirs,
les
sapins
et
les
cèdres.
Les
espaces
situés
à
6500
pieds
possèdent
bien
moins
d'arbres
que
le
côté
méridional:
c'est
à
peine
si
l'on
y
trouve
quelques
genévriers
qui
sont
pourtant
très
abondants
an
sud.
Les
herbes
verdoyantes
arrivent
à
la
hauteur
de
8400
pieds.
Plus
haut,
au
sommet
du
Ghusel-tépé
à
une
élévation
de
9000
pieds
est
la
limite
de
la
végétation
alpine;
à
une
hauteur
supérieure
les
plantes
ne
se
retrouvent
plus
que
sur
les
chaînes
australes,
et
les
espèces
varient
avec
la
nature
du
sol.
De
ce
nombre
sont
la
Plantago
dioritica,
la
Senecio
farfarœfolius,
l'Intibas,
l'Erysimum,
la
Diantus
lactiflorus,
le
Linum
empetrifolium,
la
Vicia
hypoleucum,
la
Zosimia
humilis
et
beaucoup
d'autres
encore.
Au-dessus
de
10000
pieds,
règnent
les
neiges
éternelles:
dans
cette
zone
à
cause
des
aspérités
du
sol
et
de
la
dureté
des
rochers,
il
n'y
a
que
très
peu
ou
pas
d'herbe.
Je
citerai
quelques
plantes
des
nouvelles
familles
qui
seront
plus
tard
indiquées
dans
les
relevés
topographiques.
D'abord,
dans
la
famille
des
liliacées,
plusieurs
espèces
d'Ornithogalum;
le
botaniste
autrichien
en
énumère
cinq,
parmi
lesquelles
celle
qui
croît
dans
les
lieux
bas,
l'
Ornithogalum
Hexapterum
(près
du
village
Ghulek
a
la
hauteur
de
3000
pieds);
à
une
altitude
plus
élevée
à
8000
pieds,
l'
Ornithogalum
Aemulum,
sur
les
flancs
du
Bulgare-maghara;
puis
trois
espèces
d'Asphodèles
dont
une
pousse
à
8000
pieds
d'altitude
dans
le
Ghulek-maghara.
Citons
encore:
de
la
famille
des
dipsacées,
trois
espèces
de
Cephalaria;
de
la
famille
des
composées
quatre
espèces
de
mille-feuilles,
croissant
à
une
élévation
qui
varie
de
3000
à
6000
pieds;
trois
espèces
de
Pyretrum,
trois
de
Senecio,
six
de
Centaurea,
dont
une
appelée
Centaurea
Chrysolopha
se
trouve
à
la
hauteur
de
7500
pieds.
De
la
famille
des
campanulacées,
dix
espèces
de
Campanula,
dont
l'espèce
C.
Taurica
croît
à
8800
pieds
d'altitude
sur
le
Bulgare-maghara.
—
De
la
famille
des
garances,
quatre
espèces
croissant
à
une
élévation
de
4000-6000
pieds;
—
de
la
famille
des
Eryngium
troix
espèces
(dans
les
lieux
humides,
sur
le
Bulgare-maghara
);
—
de
celles
des
labiacées
plusieurs
espèces
dont
deux
se
trouvent
à
Kétchi-béli
à
plus
de
8000
pieds
et
trois
espèces
d'
Orties.
—
De
la
famille
des
aspérifoliacées
trois
espèces
d'
Alcana,
trois
d'
Alsine,
quatre
de
Verbascum
se
trouvant
à
8000
pieds
d'élévation;
trois
espèces
de
Scrophularia,
trois
de
Linaria;
quatre
de
Veronica,
dont
l'une,
la
Veronica
glaberrima
pousse
à
8400
pieds
et
une
autre
à
plus
de
10000
pieds.
De
la
famille
des
ombellifères,
quatre
espèces
d
'Auricula
leporis;
—
de
celle
des
papavéracées,
trois
espèces
dont
l'une,
dans
les
vallons
de
Gousgouta,
croît
à
la
hauteur
de
7800
pieds;
—
de
celle
des
crucifères,
quatre
espèces
d'
Arabis
et
quatre
d'Alyssum;
l'Alyssum
Argyrophyllum
se
trouve
au
sommet
de
la
montagne
Meddessize,
à
plus
de
10000
pieds
de
hauteur,
et
à
une
altitude
de
8000
pieds
le
Thlaspi,
trois
espèces
d'Aethionema
et
trois
d'lsatis.
—
Dans
la
famille
de
caryophyllées,
on
distingue
trois
espèces
d'
Arenaria,
trois
d'Alsine
et
six
d'
Œillets,
parmi
lesquels,
celui
qui
a
la
tige
plus
courte
pousse
entre
8500
et
9500
pieds;
treize
espèces
de
Silène
dont
quelques
uns,
aux
limites
des
Portes
de
la
Cilicie
poussent
à
9500
pieds.
—
De
la
famille
des
hypericineæ,
sept
espèces,
dont
l'une
se
trouve
sur
le
sommet
du
Utche-tépé
à
plus
de
10000
pieds.
De
la
famille
des
rhamneæ,
trois
espèces;
de
celle
des
rosacées,
cinq
espèces
de
Potentilla
qui
croissent
à
plus
de
10000
pieds.
—
De
la
famille
des
papillonacées,
quatre
espèces
de
Trigonella,
onze
d'
Astragalus,
dont
les
plus
rares
l'
Astragalus
pelliger,
et
l'
Astragalus
Chionophilus
se
trouvent
à
100,
00
pieds
(Page
20.
Astragalus
Chinophilius);
trois
espèces
de
Vicia,
la
Vicia
hypoleuca,
dans
le
Bulgare-maghara
à
8000
pieds.
—
De
la
famille
des
iridées
trois
espèces
de
Safrans,
parmi
lesquels
le
blanc
(Crocus
candidus)
près
de
Ghulek-maghara,
à
6400
pieds,
une
autre
espèce
appelée
du
nom
de
Kotschy,
dans
les
mêmes
régions,
entre
7000
et
8000
pieds.
Les
auteurs
grecs,
disent
que
le
safran
croissait
abondamment
dans
les
cavernes
de
Corycus,
mais
on
ne
l'a
pas
trouvé
à
présent.
Le
Docteur
Thomas
a-t-il
connu
toutes
ces
plantes?
Nous
rappellerons
volontiers
avec
les
fleurs
odoriférentes
qu'il
indique,
d'autres
non
moins
admirables:
le
rare
et
délicat
Leontopodium,
si
fameux
sur
les
Alpes
en
Europe
sous
le
nom
d'Edelweiss,
et
si
recherché
par
les
amateurs:
il
est
mou,
soyeux
comme
la
laine
et
d'une
douce
blancheur.
Il
est
formé
par
un
certain
nombre
de
pétales
rayonnantes
qui
le
font
ressembler
à
une
rosace.
Le
botaniste
autrichien
a
trouvé
près
de
cette
même
fleur,
le
Vergissmeinnicht
[7]
(ne
m'oubliez
pas),
dans
une
cavité
à
la
hauteur
de
8000
pieds
près
de
Tache-olouk,
sur
les
monts
situés
entre
les
villages
Délig-tépé
et
Karli-boghaze.
Il
déclare
cette
fleur
la
plus
rare
de
toutes
celles
des
montagnes
qu'il
a
visitées.
On
a
trouvé
encore
sur
ces
côtes
dans
les
hautes
vallées
du
fleuve
Savrian,
l'élégant
et
l'incomparable
Onoplantus-Orobanchus
d'une
très
belle
couleur
jaune.
Cette
plante
a
beaucoup
émerveillé
Tournefort
et
d'autres
voyageurs
curieux.
Je
ne
doute
point
que
notre
Léon
I
er
le
sage
et
glorieux
monarque
n'ait
choisi
de
ces
fleurs
et
de
ces
plantes
pour
les
transplanter
dans
les
jardins
magnifiques
de
son
palais,
à
Sis;
son
hôte,
le
chanoine
allemand
Willebrand
fut
dans
l'admiration
à
la
vue
de
ces
jardins
charmants
dont
il
nous
a
laissé
une
fort
belle
description.
[1]
«Uve
passe
d'Erminia.
»
Pegolotti,
Chap.
LXXIV.
L'auteur,
immédiatement
avant
ces
mots,
parle
du
vin
de
coing
(vino
di
cotogno),
dont
il
semble
que
les
Arméniens
auraient
usé
à
défaut
de
la
production
des
vignes.
De
là,
on
peut
aussi
conclure
que
la
mention
de
coing
par
le
D
r.
Thomas
est
conforme
à
la
vérité.
[2]
Le
gland
de
cet
arbre
se
mange
cuit
comme
la
châtaigne.
[3]
De
la
même
espèce
sont
celles
qui
suivent:
Lagonychium
Stephanianum
MB.,
Grlycyrrhizopsis
flavescens
Boiss.,
Nothobasis
syriaca.
—
Kotschy,
369.
[4]
Tels
sont,
Tomasina,
Heracleum
platytaerium
etc.
Kotschy,
371.
[7]
Les
savants
et
les
amateurs
de
cette
fleur
se
servent
de
ce
nom
allemand,
quoique
les
Français
aussi
la
dis
s
ent
Pensez
à
moi,
Ne
m'oubliez
pas,
Aimez-moi.
Il
existe,
chez
les
Allemands,
à
propos
de
cette
fleur,
la
tradition
que
voici:
Un
couple
d'amants
se
promenant
sur
les
bords
du
Rhin,
le
jeune
amoureux
cueillit
des
fleurs
de
l'espèce
des
Myosotis
palustris,
pour
les
offrir
à
son
amante.
Tout
à
coup
il
trébucha
et
tomba
dans
le
fleuve.
Ne
sachant
comment
se
sauver
des
courants
du
fleuve
près
de
se
noyer,
il
rassembla
ses
dernières
forces
et
lança
vers
la
fille
les
fleurs
qu'il
serrait
dans
sa
main,
en
lui
disant:
Ne
m'oubliez
pas,
Vergiss
mein
nicht.
On
dit
que
depuis
ce
temps-là,
la
jeune
fille
revient
se
promener
le
soir
sur
le
bord
du
fleuve,
traître
à
leur
amour,
et
crie
sans
cesse:
Ne
m'oubliez
pas.