Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  Le terrain de la Cilicie, ou plutôt le terrain de la plaine cilicienne a été célébré de temps immémorial pour sa grande fertilité. Les Latins le nommaient « Cilicia campestris » ou « Cilicia propria ». Il comprend toutes les vallées inférieures des trois grands fleuves, Cydnus, Sarus et Pyramis. Cette plaine mesure 50 à 60 kilomètres environ pour la longueur de l'est à l'ouest et en largeur du nord au sud un tiers à peu près de cette distance. Le territoire, entre le fleuve Sarus et le Djihan, est présentement appelé Tchoucour-ova (Plaine profonde) à cause de sa dépression; les anciens le nommaient Campus Alejus (Champ Aléen). Ce terrain bas qui s'étend sur 1500 kilomètres carrés environ, a été toujours regardé comme une des parties les plus fertiles de la terre et selon notre géographe ancien, «il est fertile en tout comme la terre du Jourdain. » Suivant d'autres il est comparable à celui de l'Egypte arrosé par le Nil; car comme ce dernier, les fleuves de la Cilicie par leurs inondations, recouvrent la plaine de terrain gras, et cette couche féconde atteint plus de 25 pieds d'épaisseur.

Tempérées par les brises australes, les côtes de la mer fournissent avec une égale abondance et les productions nécessaires à la nourriture de l'homme et celles qui servent à flatter ses goûts. Notre docteur Thomas, citant les corps inorganiques du terrain, termine l'énumération en disant, «et tant d'autres bons produits innombrables».

Du règne végétal, il cite en passant les forêts de Pins et de Cèdres, et pour les plantes utiles à la nourriture de l'homme et à son habillement il dit textuellement: «Le terrain produit des Pom­mes, des Poires, des Prunes, des Abricots, des Citroniers Bigaradiers, des Oranges, des Cit­rons, des Châtaignes, de Musa paradisiaca, du Coton, de la Soie, du Seigle et du Safran; la Rose, le Myrte, la Violette, la Caroube, l'Olive, le Su­mac, l'Amande, la Datte, la Noisette, la Noix, le Coing, la Jujube, l'Orge et les Cornouilles dans les bois». Il ne parle pas du Sésame, ni de la Canne à sucre qui réussissent dans les côtés les plus exposés au midi, ni non plus du Riz qui est un produit propre aux lieux marécageux. La Vigne, plante chère à tous, ne se trouve pas, et les explorateurs, même contemporains, ne la ci­tent pas parmi les produits utiles qui, du reste, ont sensiblement diminué par suite du manque de culture et des continuelles déprédations, et ce ter­rain, si fertile jadis, est presque improductif ac­tuellement. Autrefois on y cultivait la vigne: les mémoires des marchands durant la dynastie des Roupiniens en rendent témoignage; mais cet­te culture ne se faisait pas sur une bien grande échelle comme les mêmes mémoires en font foi: car les Vénitiens et les Génois vendaient du vin sur les marchés arméniens. D'un autre côté, la proximité de Chypre produisant du vin excellent en grande quantité et les relations intimes de nos princes avec les Lusignans, maîtres de l'île, n'étaient guère faites pour rendre les Ciliciens soucieux, d'introduire la culture de la vigne chez eux, alors qu'ils en avaient en abondance chez leurs voisins. On trouve même chez les Chyp­riotes des mémoires sur les vignes armé­nien­nes, dites ὰ μπέλ το ̀ ' Αρμέιας Ermines­ques selon les Français, c'est qu'elles étaient ou cultivées par les Arméniens ou à la manière des Arméniens.

Rappelons en même temps les raisins secs [1] vendus par nos Ciliciens. Parmi les auteurs anciens Pline parle du vin cuit de la Cilicie, qui était réputé le meilleur après celui de Crète. Vers le milieu de notre siècle un Anglais, M r Barker a planté des ceps de raisin muscat; le succès couronna sa tentative. Il cite entre autre une espèce de raisin qui mûrit vers la fin de l'année. Il introduisit aussi le Pêcher et une espèce d'Abricotier dont le fruit a une peau très fine, puis le cerisier que nous ne trouvons point dans la liste du docteur arménien cité plus haut. En outre parmi les légumes il importa les artichauts, la pomme d'amour, les pois, auxquels le terrain est très favorable, mais le chardon et l'ivrée envahissent tout. Le même auteur mentionne comme faisant partie des légumes et des fruits d'agrément, le Melon, et, selon d'autres, la Pastèque. Notre médecin Assar les cite tous deux également. L' Anchusa ( Gotha en arm. ) est commun dans l'Arménie occidentale; c'est une espèce de légume du genre des concombres et des melons. Au nombre des fruits succulents il ne faut point oublier la Pastèque rouge dont la couleur charme l'œil. Pline rappelle la Laitue cilicienne à grandes feuilles frisées. La traduction latine en fait Lactuca crispa. Un autre produit d'une très grande importance, cité par le Docteur Thomas, est l' Olive dont la culture a été bien négligée par les Arméniens, puisque les Italiens vendaient de l'huile dans la Cilicie. Pourtant les oliviers sauvages ne manquent pas; mais ils restent rabougris et étouffés dans les épaisses forêts de pins. Il s'en trouve plus abondamment qu'ailleurs, et sur une étendue de plus de 100 kilomètres entre Tarsous et Séleucie; les habitants n'en tirent aucun profit, puisqu'ils les ont laissés à l'état sauvage sans culture et sans greffe.

Si anciennement on citait la Soie comme produit artificiel, ce n'est pas l'élégant et pré­cieux tissu, la vraie soie. Le mûrier croît par­tout; mais l'excessive chaleur empêche le bom­byx d'atteindre son complet dévelop­pe­ment; il meurt en ne donnant que très peu de soie, dont on confectionne de grossières chemises.

Parmi les arbres fruitiers, le Docteur Thomas ne cite pas le Figuier; on le trouve à l'état sauvage, et Pline l'Ancien en cite une espèce particulière dont les fruits naissant sous les feuilles se développent, tandis que ceux qui poussent après n'arrivent pas à maturité. Le Dattier n'est pas compté comme arbre produisant des fruits, mais autrefois (au X e siècle) il était signalé aux environs d'Anazarbe à l'état sauvage; de nos jours à peine peut-on en trouver près d'Adana. Et en général on ne le rencontre que rarement en Syrie et en Cilicie.

Mais depuis longtemps, la plus importante des productions de ce dernier pays, est le Coton qui pourrait rivaliser avantageusement avec celui que rapportent les autres terres de qualité inférieure et serait une vraie richesse pour le pays, si on savait en régler le travail et si l'on modérait les impôts, qui actuellement sont très onéreux. Outre la dixième partie de la récolte due au gouvernement, un autre dixième passe à celui qui a cueilli le coton et un troisième dixième, à celui qui l'a purifié des semences. On fait monter à 20, 000 quintaux la production annuelle du coton qui ordinairement est expédié à Trébisonde et à Erzeroum. L'historien Pegolotti qui écrivait sous le règne de nos derniers rois, préfère le coton d'Amanus à ceux de la Palestine, de Chypre, de Malte, de la Sicile, des Pouilles et d'autres pays.

Le Blé est une céréale des plus abondantes de notre patrie et des plus propres à la nourriture. La récolte moyenne du froment est au-dessus de 40, 000 kilés le kilé équivaut à 44 kilo­gram­mes, et se vend à raison de 60 à 80 piastres (de 12 à 18 fr. ). Le meilleur froment est celui de Karamanie qui donne une farine blanche et fine, aussi coûte-t-il plus cher. La moitié du blé est exportée en Syrie. —D'après ce que dit Barker, on y récolte 150, 000 kilés d' Orge, qui sert à faire du pain pendant la cherté du froment: le kilé se vend alors de 40 à 60 piastres. Le même motif fait monter le Sésame qui donne de 15, 000 à 20, 000 kilés de tourteaux et dont la production annuelle augmente de plus en plus, car il est d'un rapport assez grand. On récolte environ 40, 000 kilés de Lin qui se vend une piastre l'occa (1 kil. 280 grammes). Thomas cite encore la Cire, produit semi-végétal; elle se vend, vu sa qualité supérieure, 18 piastres l'occa.

Nous ne devons point oublier la Scammonée qui croît sur les monts Taurus et dont la résine est recherchée par les habitants de Laodicée. Le même Docteur mentionne d'autres végétaux que nous ne connaissons que par leurs noms, mais dont la plus grande partie doit être connue par les paysans.

Les anglais Barker et Ainsworth citent encore dans leurs traités, le Pommier, l'Abricotier, l'Amandier, devenu sauvage dans les rochers, le Manna-asch qui est peut-être considéré comme le Sénevé ou le Carrubier sauvage, et près d'Adana, des bois d' Orangers et de Citronniers.

Au nombre des végétaux utiles nous pourrions joindre les plantes médicales très nombreuses qui croissent abondamment sur les Montagnes Noires, surtout les Jacinthes et les Rubiacées. Le vieux savant arabe, Lockman, cueillait dans ces contrées différentes espèces d'herbes et de fleurs médicales. Dans le XII e Livre, chapitres 35 et 36, Pline parle des végétaux utiles servant à la préparation des médicaments, comme le Galbanum et le Styrax qui se rencontrent principalement sur les Monts Amanus. Le même auteur préfère le Glycyrrhiza de Cilicie à ceux d'autres pays, (XXII. 11), et à toutes les autres, l' Hysope cilicienne des Monts Taurus, qui mêlée avec de l'huile guérit la teigne et les maladies pédiculaires. Nos traités arméniens médecine de louent fort l' Absinthe de Sis et de Tarsus.

On a parlé assez des arbres fruitiers, quant aux arbres à haute futaie que l'on rencontre partout en Cilicie, le principal ornement des bois est le Cèdre considéré comme le roi des forêts ciliciennes. Il pourrait à juste titre rivaliser avec les cèdres traditionnels du Liban et même il les surpasse en quantité.

Il y en a deux sortes; on les distingue par la couleur de leur feuillage: les uns sont d'un beau vert, les autres tirent sur le gris-sombre; ils croissent à plus de 5300 pieds d'altitude. Sans nous arrêter à énumérer tout ce qu'on en tire, nous dirons néanmoins que ces cèdres donnent une grande quantité de résine. Parfois on construit des bateaux avec du bois encore chargé de résine; elle sert à les enduire et empêche le passage de l'eau. Outre les cèdres, il y a encore plusieurs espèces de Pins, de Chênes [2] et parmi ces derniers les plus célèbres sont: le Quercus Ballota et Quercus Coccifer, renommés dans l'antiquité par le commerce qu'on en faisait en Cilicie. N'oublions pas deux autres espèces, le Q. Aegylops et le Q. Infectoria.

On trouve aussi plusieurs espèces de Genévriers dont la principale porte le nom de Juniperus excelsior. Il couronne la cime des montagnes de hauteur moyenne. Les monts moins élevés sont recouverts par des Myrtes, des Lauriers, des Phlômes, des Styrax, des Cistus, des Jasmins, et plus bas encore en s'approchant de plus en plus de la plaine, par l' Oléandre ou Laurier-rose.

On trouve encore de grands Platanes; mais, comme les habitants de ces endroits les dépouillent de leur écorce qu'ils envoient en Europe, ces arbres perdent leur beauté. N'oublions pas le Smilax aspra que les Romains recevaient de la Cilicie; il donne des résines, des grappes et des fleurs aromatiques toutes blanches; mais celles-ci n'étaient pas employées pour tresser des couronnes pour les sacrifices et pour les fêtes; Pline (XI. 63. ) dit qu'une jeune fille prise d'amour envers le jeune Safran fut transformée en Smilax.

Les espèces de Pins et de Cèdres que nous n'avons fait qu'indiquer, sont très nombreuses en Cilicie: Barker cite le Pinus Fenzlii, qui se trouve même à 5000 ou 6000 pieds de hauteur, et le Platane cilicien (Populus cilicia) selon Kotschy sur des hauteurs de 4 à 5000 pieds dans les endroits argileux. Outre les platanes dont nous avons déjà parlé, il y a encore le Quercus abietum près des sources du Cydnus à 4500 pieds au-dessus du niveau de la mer, le Quercus Cedrorum Ky et l' Ibicis Ky qui croissent jusqu'à 4800 pieds; le Quercus Ungeri près d'Anacha à 4000 pieds; le Quercus Ehrenbergij près de Gouglag et aux environs de Lambroun à 2500 pieds; le Quercus Vallonea Ky aussi sur la frontière de Lambroun à 3000 pieds de hauteur; le Quercus Goedelij près d'Anacha à 4000 pieds; le Quercus Syriaca à proximité du village Dorac; le Quercus Pyrami Ky aux environs d'Adana; le Quercus Tauricola de 3000 à 3500 pieds; le Quercus Haas Ky, près de Gouglag à 3800 pieds. (Page 18.  Quercus aegylops)

Bien que les noms de toutes ces espèces d'arbres puissent paraître étranges au lecteur, il pourra du moins comprendre par leur nombre, la richesse végétale du pays. Tous ces noms ont été contrôlés savamment et clairement expliqués par le D r Kotschy (botaniste autrichien, mort en 1866) qui parcourut quatre fois la Cilicie de 1836 à 1863 en faisant des recherches sur ces montagnes et ces vallées. (Page 19.  Le D. r Théodore Koschy) Il a trouvé outre ces espèces d'arbres, 820 nouvelles sortes de plantes de familles diverses, inconnues de son temps, et il en a publié les noms. Il indiqua pour chaque plante, le lieu de sa provenance et l'altitude à laquelle on la rencontrait; enfin, il composa une table sur laquelle les montagnes et les vallées furent indiquées avec la position, sur leur versants respectifs, de plus de 300 plantes et de lieux habités, suivant un ordre ascendant.

Il commence d'abord par les plantes qui croissent au bord de la mer, continue par celles des terrains marécageux et sablonneux, et en montant, il arrive à la plaine dépourvue de verdure mais en état de produire une luxuriante végétation. Il rappelle qu'à la mi-février, des espèces de Liliacées et de Renonculacées épanouissent leurs premiers bourgeons et au mois d'avril toute la nature jusqu'à la hauteur de 1000 pieds est émaillée de fleurs. La flore du mois de juin est semblable en tout à celle des bords de la Méditerranée: les espèces des plantes auxquelles convienne ce terrain sont très peu nombreuses [3] . Les plus remarquables par leur rareté sont les Pistaches de la Palestine, l' Alnus orientalis et le Celtis tournefortii Lam. A la hauteur de 1000 à 1200 pieds parmi les ondulations accidentées des collines et des vallées, nous trouvons au printemps, les Myrtes, les Lauriers-roses, et, un peu plus bas, des Térébinthes, quelques espèces de Platanes et de Pins. Entre 2 et 3000 pieds d'élévation, croissent les Pins et les Pinastres (Pinus Carica Don. ); plus haut encore au-dessus de 3000 pieds s'élèvent les Cèdres du Liban et les Cèdres gris.

A la seconde zone des forêts, c'est à dire au point commence la végétation alpestre, les arbres différent quelque peu entre eux, variant en proportion des altitudes respectives; vers les 4000 et les 5000 pieds, les pins, les arbres résineux, croissent abondamment, et dans les vallées des hautes montagnes, les platanes et le genévriers; en général à cette altitude les plantes ont une couleur noirâtre; plus haut encore à 6000 pieds on trouve sur les rochers les pins Larix ou Mélèze (Pinus Laricio), les cèdres, et dans les places à terre plus molle, les sapins et les deux espèces de genièvres, celle à haute futaie (Juniperus excelsior), et l'autre de moindre importance (Juniperus fœtidissima); enfin dans des endroits spacieux et dans les régions plus élevées, les pins rougeâtres. Sur les flancs des montagnes boisées, les cèdres arrivent jusqu'à 5000 pieds; on en trouve même sur les arrêtes larges jusqu'à 6000. De 6000 à 8000 se trouve la zone des herbes vert-émeraude à fleurs. En général les végétaux sont tous des plantes herbacées [4] . Les unes croissent sur des rochers, d'autres préfèrent des terres moins dures; mais à cette hauteur l'herbe n'est ni serrée, ni touffue, sans être toutefois trop rare. Les buissons et les ombellifères croissent dans les vallées et aux bords des eaux; les plantes ordinaires et celles dont la hauteur varie entre 3 et 4 pieds croissent vers les 6000 et les 7000 pieds d'altitude, ainsi que quelques espèces de Senecio et de Cirsium.

A partir de 8000 pieds, altitude équivalante à la hauteur moyenne des Alpes, on trouve d'abord les rochers, plus haut à 9000, quelques plantes dans les vallons, aux endroits humides, et dans les cavités du roc. Dans les terrains ardoisiers, croissent l'Astragalus amœnus, la Potentilla, l'Androsace olympica et diverses espèces de Scorzonera, Saponaria, Heracleum pastinacea; près des sources, le Chaemœmelum, le Crépis pinnatifida, la Poa bulbosa, etc.

Sur les limites des neiges éternelles brille la belle Renoncule dorée (Ranunculus demissa), et dans les cavités rocheuses, la Silene odontopetala, l'Arabis albida, la Saxifraga Ky, la Scrophularia, le Cresson sans tige et d'autres semblables. Un peu plus haut à 10000 pieds on trouve attaché à la terre de Silene Humilis; quelques espèces d'Astragale, l'Eunomia oppositifolia, mais les plantes naturelles à ces lieux sont l'Euphorbia densa, la Viola crassifolia, l'Erysimuim Ky, etc. Les plantes de ces altitudes ont cela de caractéristique que leur couleur tourne au blanc et au gris [5] , réfléchissant ainsi la couleur plus ou moins cendrée des endroit elles croissent. Parmi les plantes aquatiques, Pline cite [6] la Nimphœa nelumbo de Cilicie qui se trouve très nombreuse en Egypte et en Syrie. Le même auteur cite parmi les plantes odoriférantes, l'Iris ou le Lys sauvage dont la racine seulement possède un arome, et dont l'espèce la plus recherchée venait dans ce temps-là de la Pamphylie et surtout de la Cilicie; le Safran de Gorigos était aussi très estimé.

L'autre versant des Monts Bulgares, c'est à dire le côté sud-ouest est différent. Le terrain en est rehaussé de mammelons, de collines jusqu'à près de 4000 pieds; à partir de ce point commencent les forêts d'arbres à résine, dont la limite supérieure approche de 7000 pieds d'altitude.

Sur les flancs rocheux croissent les pins noirs, les sapins et les cèdres. Les espaces situés à 6500 pieds possèdent bien moins d'arbres que le côté méridional: c'est à peine si l'on y trouve quelques genévriers qui sont pourtant très abondants an sud. Les herbes verdoyantes arrivent à la hauteur de 8400 pieds. Plus haut, au sommet du Ghusel-tépé à une élévation de 9000 pieds est la limite de la végétation alpine; à une hauteur supérieure les plantes ne se retrouvent plus que sur les chaînes australes, et les espèces varient avec la nature du sol. De ce nombre sont la Plantago dioritica, la Senecio farfarœfolius, l'Intibas, l'Erysimum, la Diantus lactiflorus, le Linum empetrifolium, la Vicia hypoleucum, la Zosimia humilis et beaucoup d'autres encore. Au-dessus de 10000 pieds, règnent les neiges éternelles: dans cette zone à cause des aspérités du sol et de la dureté des rochers, il n'y a que très peu ou pas d'herbe.

Je citerai quelques plantes des nouvelles familles qui seront plus tard indiquées dans les relevés topographiques. D'abord, dans la famille des liliacées, plusieurs espèces d'Ornithogalum; le botaniste autrichien en énumère cinq, parmi lesquelles celle qui croît dans les lieux bas, l' Ornithogalum Hexapterum (près du village Ghulek a la hauteur de 3000 pieds); à une altitude plus élevée à 8000 pieds, l' Ornithogalum Aemulum, sur les flancs du Bulgare-maghara; puis trois espèces d'Asphodèles dont une pousse à 8000 pieds d'altitude dans le Ghulek-maghara. Citons encore: de la famille des dipsacées, trois espèces de Cephalaria; de la famille des composées quatre espèces de mille-feuilles, croissant à une élévation qui varie de 3000 à 6000 pieds; trois espèces de Pyretrum, trois de Senecio, six de Centaurea, dont une appelée Centaurea Chrysolopha se trouve à la hauteur de 7500 pieds. De la famille des campanulacées, dix espèces de Campanula, dont l'espèce C. Taurica croît à 8800 pieds d'altitude sur le Bulgare-maghara. De la famille des garances, quatre espèces croissant à une élévation de 4000-6000 pieds; de la famille des Eryngium troix espèces (dans les lieux humides, sur le Bulgare-maghara ); de celles des labiacées plusieurs espèces dont deux se trouvent à Kétchi-béli à plus de 8000 pieds et trois espèces d' Orties. De la famille des aspérifoliacées trois espèces d' Alcana, trois d' Alsine, quatre de Verbascum se trouvant à 8000 pieds d'élévation; trois espèces de Scrophularia, trois de Linaria; quatre de Veronica, dont l'une, la Veronica glaberrima pousse à 8400 pieds et une autre à plus de 10000 pieds.

De la famille des ombellifères, quatre espèces d 'Auricula leporis; de celle des papavéracées, trois espèces dont l'une, dans les vallons de Gousgouta, croît à la hauteur de 7800 pieds; de celle des crucifères, quatre espèces d' Arabis et quatre d'Alyssum; l'Alyssum Argyrophyllum se trouve au sommet de la montagne Meddessize, à plus de 10000 pieds de hauteur, et à une altitude de 8000 pieds le Thlaspi, trois espèces d'Aethionema et trois d'lsatis. Dans la famille de caryophyllées, on distingue trois espèces d' Arenaria, trois d'Alsine et six d' Œillets, parmi lesquels, celui qui a la tige plus courte pousse entre 8500 et 9500 pieds; treize espèces de Silène dont quelques uns, aux limites des Portes de la Cilicie poussent à 9500 pieds. De la famille des hypericineæ, sept espèces, dont l'une se trouve sur le sommet du Utche-tépé à plus de 10000 pieds. De la famille des rhamneæ, trois espèces; de celle des rosacées, cinq espèces de Potentilla qui croissent à plus de 10000 pieds. De la famille des papillonacées, quatre espèces de Trigonella, onze d' Astragalus, dont les plus rares l' Astragalus pelliger, et l' Astragalus Chionophilus se trouvent à 100, 00 pieds (Page 20.  Astragalus Chinophilius); trois espèces de Vicia, la Vicia hypoleuca, dans le Bulgare-maghara à 8000 pieds. De la famille des iridées trois espèces de Safrans, parmi lesquels le blanc (Crocus candidus) près de Ghulek-maghara, à 6400 pieds, une autre espèce appelée du nom de Kotschy, dans les mêmes régions, entre 7000 et 8000 pieds.

Les auteurs grecs, disent que le safran croissait abondamment dans les cavernes de Corycus, mais on ne l'a pas trouvé à présent.

Le Docteur Thomas a-t-il connu toutes ces plantes? Nous rappellerons volontiers avec les fleurs odoriférentes qu'il indique, d'autres non moins admirables: le rare et délicat Leontopodium, si fameux sur les Alpes en Europe sous le nom d'Edelweiss, et si recherché par les amateurs: il est mou, soyeux comme la laine et d'une douce blancheur. Il est formé par un certain nombre de pétales rayonnantes qui le font ressembler à une rosace. Le botaniste autrichien a trouvé près de cette même fleur, le Vergissmeinnicht [7] (ne m'oubliez pas), dans une cavité à la hauteur de 8000 pieds près de Tache-olouk, sur les monts situés entre les villages Délig-tépé et Karli-boghaze. Il déclare cette fleur la plus rare de toutes celles des montagnes qu'il a visitées. On a trouvé encore sur ces côtes dans les hautes vallées du fleuve Savrian, l'élégant et l'incomparable Onoplantus-Orobanchus d'une très belle couleur jaune. Cette plante a beaucoup émerveillé Tournefort et d'autres voyageurs curieux. Je ne doute point que notre Léon I er le sage et glorieux monarque n'ait choisi de ces fleurs et de ces plantes pour les transplanter dans les jardins magnifiques de son palais, à Sis; son hôte, le chanoine allemand Willebrand fut dans l'admiration à la vue de ces jardins charmants dont il nous a laissé une fort belle description.


[1]          «Uve passe d'Erminia. » Pegolotti, Chap. LXXIV. L'auteur, immédiatement avant ces mots, parle du vin de coing (vino di cotogno), dont il semble que les Arméniens auraient usé à défaut de la production des vignes. De , on peut aussi conclure que la mention de coing par le D r. Thomas est conforme à la vérité.

[2]          Le gland de cet arbre se mange cuit comme la châtaigne.

[3]          De la même espèce sont celles qui suivent: Lagonychium Stephanianum  MB., Grlycyrrhizopsis flavescens Boiss., Nothobasis syriaca. Kotschy, 369.

[4]          Tels sont, Tomasina,  Heracleum platytaerium etc. Kotschy, 371.

[5]          En allemand, Lichtgraue.

[6]          Pline, XVIII. 30.

[7]          Les savants et les amateurs de cette fleur se servent de ce nom allemand, quoique les Français aussi la dis s ent Pensez à moi, Ne m'oubliez pas, Aimez-moi. Il exis­te, chez les Allemands, à propos de cette fleur, la tra­dition que voici: Un couple d'amants se promenant sur les bords du Rhin, le jeune amoureux cueillit des fleurs de l'espèce des Myosotis palustris, pour les of­frir à son amante. Tout à coup il trébucha et tomba dans le fleuve. Ne sachant comment se sauver des cou­rants du fleuve près de se noyer, il rassembla ses der­nières forces et lança vers la fille les fleurs qu'il serrait dans sa main, en lui disant: Ne m'oubliez pas, Vergiss mein nicht. On dit que depuis ce temps-là, la jeune fille revient se promener le soir sur le bord du fleuve, traître à leur amour, et crie sans cesse: Ne m'oubliez pas.