Sisouan ou lArméno-Cilicie

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LES FORTERESSES

En ce qui concerne les forteresses de la Cilicie, nous sommes un peu mieux renseignés; non pas que nous ayons des données plus certaines sur leurs positions respectives, mais on trouve davantage de noms. La configuration de la Cilicie et de ses montagnes se prête naturellement à la construction de forteresses; ainsi la nature et l'industrie, rivalisant ensemble, ont ajouté des forteresses aux forteresses, et cela depuis la plus haute antiquité. En bâtissant des châteaux-forts, on n'avait pas seulement pour but de se défendre contre les ennemis du dehors, mais encore de se protéger contre ceux du pays, les brigands, qui ravageaient les terres et pillaient leurs voisins, suivant le caractère des Ciliciens primitifs. Parmi ces bandits, il en est un qui est resté très célèbre: c'est le fameux Triphon, qui, dit-on, aurait habitué les Ciliciens à cette vie de meurtres et de brigandage, alors qu'il était en guerre avec les rois des Séleucides. Ce même Triphon est mentionné dans les livres des Machabées. Ce fut également dans ces forteresses que se réfugiaient les Libres-Ciliciens dont parle Cicéron, se faisant une gloire de les avoir subjugués et d'avoir ruiné leurs principales forteresses.

Les Grecs sentirent aussi la nécessité d'entretenir ces places pour se défendre et pour chasser les Turkomans. Après les Grecs, les Arméniens augmentèrent encore le nombre des forteresses et restaurèrent les anciennes. C'est grâce à ces forteresses qu'ils purent résister pendant plusieurs siècles, aux ennemis implacables dont ils étaient environnés. Elles leur ont aussi permis d'offrir à leurs amis, aux premiers Croisés, un abri sûr et inexpugnable. Les historiens, et même ceux d'occident, rendent témoignage de ce que nous avançons. Les ennemis, à la vue de ces places si fortes, perdaient tout espoir de s'en emparer et s'en retournaient sans les attaquer. Nous avons déjà vu l'empereur Manuel, exciter Maksoud, Sultan d'Iconie, contre les Arméniens: «Apaisez ma colère contre la nation arménienne, lui mandait-il, en détruisant leurs forteresses et en les exterminant». Le sultan voulut suivre ce conseil: il vint assiéger Anazarbe, avec des forces considérables; mais ce fut en vain; il dut se retirer sans avoir pu se rendre maître de la place. Salahéddin même, le grand conquérant, renonça à une incursion à la vue des fortifications qui couvraient les montagnes de Roupin. Ce fut la confiance qu'il avait dans ces places fortes, qui, douze années plus tard, donna à son frère Léon, l'audace de répondre durement aux envoyés du sultan orgueilleux qui réclamait son obéissance. L'un des successeurs de ce dernier, parmi ceux des sultans d'Egypte, qui, plusieurs fois avaient eu l'occasion de se faire une idée de la solidité de ces forteresses, s'étant lié d'amitié avec le roi des Arméniens, lui faisait écrire: «Que le Seigneur dissipe tous les artifices malicieux que le mauvais esprit pourrait former contre lui (Léon); qu'il conserve son pouvoir sur toutes les forteresses de son pays dont la principale est Sis» [1] .

L'historien syriaque affirme que Léon avait subjugué soixante-douze forteresses. Sempad déclare qu'une partie de ces places fortes avaient été sous la domination des sultans d'Iconie et «il (Léon) les inquiéta, les pressa beaucoup, leur prit des forteresses et ravagea leur pays». Quant aux forteresses qui se trouvaient entre les mains des Grecs, Léon les acheta à prix d'argent.

Une partie de ces châteaux-forts dépendaient immédiatement du roi; les autres étaient, par acte féodal, ou laissés à leurs anciens maîtres avec plus ou moins de liberté, ou donnés par le roi à qui bon lui semblait. L'historien de la Cilicie, auquel a beaucoup emprunté Sempad le Connétable, cite par leurs propres noms quarante-six gouverneurs de cinquante-neuf forteresses, à l'époque du couronnement de Léon, c'est-à-dire au commencement de l'an 1199. Mais parmi les noms de ces forteresses, il en est que nous voyons pour la première et dernière fois. Dans son énumération, l'historien place ces châteaux selon leur situation géographique. Il commence à l'est, aux frontières du royaume et au bord du Golfe de l'Arménie; puis tournant un peu à l'ouest, il passe du nord dans la Cilicie montagneuse, dans la vallée de Galygadnus et termine aux rives du golfe de Pamphylie.

Dans ce nombre de presque soixante forteresses, celles qui se trouvent plus près de la mer, sont appelées par l'historien Vartan, Forteresses de mer. Le nombre de tous ces châteaux dut aller en augmentant dans la suite. Moïse de Khorène dit dans sa géographie, qu'une des particularités les plus remarquables de la Cilicie, c'est d'avoir un grand nombre de villes et de forteresses; l'un des copistes ajoute que le nombre des places fortes allait jusqu'à 365. Et même Léon Machéras, l'historien de l'île de Chypre, du XV e siècle, qu'on ne serait pas tenté de le supposer ami des Arméniens, dit, quelquepart, dans son ouvrage, «que les Arméniens étaient maîtres de 200 forteresses et villes, qu'ils ont complètement perdues à cause de leur jalousie et de leur inimitié» [2] .

Nous donnons ici, par ordre alphabétique, les noms de ces forteresses; nous les avons tirés de nos historiens et encore d'autres livres; nous marquons d'un astérisque celles qui sont citées par les étrangers orientaux et occidentaux.

 

Aïjoudab ou Youdabe.

Alar.

* Alénkache.

Amouda.

Anamour.

Ané.

Antouchedza?

Arékni.

Antréassantz-pérte.

Ariudz.

Asdros ou Adarosse.

Asgourasse.

Babéron.

Baghras.

Balabol.

Baudanté (Bozanti).

Bodrom ou Boudroum.

* Boudbaïs.

Bounar.

Bragana.

Chahab?

Chégad?

Choghagan.

*Chouk ou Youk-mérzéban.

Dadjegui-kar.

Dimidoubol.

Djandji.

Djeghère.

*Djerdjoum.

Engouzoud.

*Er-Roub.

Farkhnotz ou Farkhnik.

Fornos ou Fernous.

Gaban.

Gaïdéni teghiag ou Gaydéne.

Galononoros.

Gantchi.

Gasdaghon.

Gobidar.

Gorigos (Coricus).

Gotrate.

Govara.

Govas.

Gouba.

Goudaph ou Goud.

Gouglag.

Goumardias.

Guéma-teghiag.

Guisdram.

Guizisdra.

Hamousse.

Haroun.

Jamenga-pérte.

Jermangan-pérte.

Kantzé.

*Kénoug? (Keinuk).

Khalendjakar.

Khentzorovid.

* Kirpis?

* Koumpét-por.

* Lachian. ?

Lagravéni.

Lamas.

Lambroun.

Lavzad.

Lévongla ou Léoni-pérte.

Loulou.

Maghva.

Manache.

Manavghade.

Manion.

Marniche.

Mazod-khatche.

Médz-kar.

Midizon.

Mikaël-gla.

* Modrig.

Molévon.

Mountas.

Mourantin.

Naghlon.

*Nédjim ou Nédjmié.

Neghir.

Nor-pérte.

Nor-pérte miuss.

Partzer-pérte.

* Pazéï-pérte, (nom traduit du latin. )

Pértgan-pérte.

Pértousse.

Ranan ou Roran?

Sarvantav ou Sarvanti-kar.

Séleucie.

Sempada-gla.

Sév-avérag.

Sig

Sih-ul-hadide.

Simana-gla.

Sinid.

Sivil.

S. Sophé.

* Tarbessag.

Tchelganotz.

Tchophré-gla (château de Joffrois).

Téghinkar.

Til (de Hamdoun).

Til-Sabeau ou Telbas-pérte.

Trizive?

Tornega-pérte.

Vahga.

Vanér.

Véde.

Véresgui ou Vorguis.

 

La plus grande partie de ces forteresses se trouvaient dans les montagnes, comme l'attestent encore de nos jours les nombreuses ruines qu'on y rencontre. Les étrangers qui visitent ces régions sont frappés de la quantité de ruines de forteresses, de châteaux et de tombeaux de personnages illustres que l'on y rencontre encore. Généralement on connaît plutôt les noms de celles qui se trouvent vers la plaine que de celles des montagnes, et ce ne sont pas les noms anciens. On n'est donc pas sûr si ces forteresses sont du nombre de celles que nous avons citées ou si elles en sont différentes. Voici quelques-unes de ces places-fortes, dont les noms sont plus ou moins récents: Anacha dans la région des montagnes; Yelan-Kalé ou Chah Maran (Forteresse de serpent), au nord-est de Messis; un peu plus loin Kourd Kaléssi; Toumlou Kalé, entre Messis et Anazarbe; Tchordan Kaléssi, au sud de Boudroum, et au pied des Monts Amanus; Toprak Kalé, au nord-ouest de Tchordan et au nord d'Issus; Gueval-oghlou ou Moscou? au sud de Messis, sur le versant des montagnes qui entourent cette ville; Kabour Kalé; Younna Kalé? Andal Kalé, à l'est de Sis; Koum Kalé, à l'est de Carsbazar. Aux bords de la mer, Hakmouh Kaléssi, près de Solis; Ak-kalé, entre Lamos et Ayache; Issantchy, près d'Antioche de Gracque; et beaucoup d'autres forteresses, plus près des côtes, que peuvent voir les voyageurs en côtoyant le rivage, en bateau, et qui portent les noms des villages voisins. On cite encore Yanipha, Zavardjich, Kutchiuk Kalé, entre Oulache près de Tarsus et le passage de Gouglag;

Kétchy Kalé, près de Bérékétly madén; Guœzlér, près du passage de Gouglag.


[1]          Cartulaire, 235.

[2]          Chronique de Chypre, p. 298.