Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  A une petite distance de la source de Dadjig, au nord et au pied du plateau de Meydan, se trouve le village Hamzali, et un peu plus loin, celui de Thékéli. C'est à deux kilomètres au nord-ouest de cette dernière localité que débouche le défilé de Kara-kapou (Porte noire), passage étroit qu'Ibrahim-pacha, durant la guerre contre la Porte et dans sa retraite, rendit impraticable, en y faisant ébouler une partie des rochers. Mais, dès que la guerre cessa, les bergers débarrassèrent le passage pour leurs troupeaux. Bien qu'ils soient couverts de broussailles et de buissons d'osiers sauvages, ces lieux laissent cependant un petit passage à ceux qui pour aller à Héraclée et à Tarse, doivent franchir le Taurus. A deux milles à l'ouest de ce passage, à l'est de la montagne Kessig-tache ou Kessig-dagh (8000 p. ) et au sud des monts Akrave (Corbeaux), près d'une caverne entourée de montagnes rougeâtres de 2000 p. plus hautes que les monts Akrave, s'ouvre la vallée profonde de Davan-déréssi, à une altitude de 5000 pieds au dessus du niveau de la mer. Le côté nord-ouest de cette vallée est assez plat, mais il est couvert de pins et de cèdres. C'est dans cette vallée ombreuse que jaillit la source principale du célèbre Cydnus, le fleuve de Tarse. Elle sort des rochers calcaires à un endroit appelé par les Turcs Ermak-gueuzy (Oeil de rivière). Elle pénètre dans la vallée par une gorge très étroite et de , traversant une roche calcaire de quinze mètres de long, d'une largeur de quelques pouces, elle se jette d'abord, d'une hauteur de vingt [1] mètres, dans un bassin de 3 1/2 pieds de profondeur, et de , accrue, elle coule en grande abondance dans la vallée, humectant la surface des rochers et les entourant d'une mousse olivâtre (Cinclydatus fontalis). Cette rivière a encore un cours souterrain, mais durant une partie de l'année seulement. Peu à peu elle prend un cours plus rapide et entre, au sortir de la vallée, dans le territoir de Lambroun, vers le sud-est; puis de ce dernier dans celui de Tarse, grossie peu à peu par les torrents et les rivières qu'elle reçoit des montagnes.

Aux premiers jours d'automne de 1853, lorsque Kotchy y séjournait, la température de l'eau dans le bassin était de R. On n'y trouve aucun poisson, mais on y rencontre des plantes que l'on ne voit pas dans les autres parties du Taurus, comme les rosiers, les érables, les chênes, les houblons, les sorbiers, etc. Les chamois et les boucs sauvages y viennent brouter souvent.

Parmi les plantes que l'on trouve vers les sources du Cydnus, Kotschy cite une jolie fleur de la famille des Composées, la Stœhlina apiculata, dont la tige, longue de deux pieds, a plus d'un pouce d'épaisseur. Il mentionne aussi la Ferula pachylopa, jaunâtre, de trois pieds de haut; la Cotoneaster Numularia, la Potentilla speciosa; une nouvelle espèce de Saxifraga; la Gypsophila pilulifera, déjà citée par Tchihatchef et dont il donne une esquisse; la Silene odontopetala; le Hieracium pannosum le Pyrethrum argenté, la Lavande St. (Lavandula stœchas); le Lamier (Lamium galeopsis), le Serpolet, dans les anfractuosités des rochers; et, plus au fond des cavités, le Senecio megalophron d'une hauteur de 3 p; le Hedysarum Onobrychis le Charthamus lanatus, le Tussilago farfara, etc.

Le Cydnus forme aux environs de Tarse plusieurs cascades remarquables, très visitées. (p. 121. Cascade du Cydnus) Parmi les visiteurs célèbres, nous pourrions citer la princesse italienne Belgiojoso [2] , qui parcourut la Cilicie et visita ces lieux le 8 novembre 1852. Elle était accompagnée de plusieurs Européens, entre autres d'un jeune français, Edmond Peyron qui, en face de ces cascades, pour chanter la gloire antique de Tarse et la beauté de son fleuve, improvisa les quelques vers suivants:

 

Ruines de la splendeur antique,

Restes d'un temps plus fortuné,

Tarsous! ô cité prophétique,

l'apôtre Saint Paul est ;

Il ne reste plus de ta gloire

Que des tombeaux ensevelis;

Tu ne connais pas la mémoire

De tes héros du temps jadis !

Et le temps, de sa main cruelle

Chaque jour à tes monuments

Arrache une pierre nouvelle,

Attache une plante à tes flancs.

Ainsi la nature envieuse

Détruit les travaux des humains,

Pour s'établir insoucieuse

Sur les chefs-d'œuvre de leurs mains.

Elle seule ici peut nous rendre

Le souvenir des jours fameux,

l'on vit le jeune Alexandre

Arrêté sur ces bords ombreux:

Quand le Cydnus aux eaux cachées

Par sa fraîcheur sut l'attirer.

Toujours ses deux rives penchées

Dans son cristal vont se mirer!

Sur ses bords les lauriers-roses,

Les orangers aux doux parfum,

Mêlant leurs fleurs fraîches écloses

Donnent un sourire à chacun;

Et plus loin son onde écumante

Roulant sur les rochers fameux,

Se précipite frémissante

A travers l'horizon brumeux!

Un palmier surgit dans la plaine,

Pour achever ce beau tableau;

Et le Taurus étend sa chaîne

Formant un superbe rideau:

C'est un spectacle magnifique

Qui s'offre à nos yeux enchantés,

Et des ombres du temps antique

Ces lieux sont encore fréquentés!

 

Mais je préfère à ces vers les réflexions plus efficaces de notre Aimable Nersès de Lambroun. Il visita sans doute plus d'une fois ces lieux, et c'est aux beautés du Cydnus qu'il devait faire allusion, quand, sur les bords du torrent de Jéraghir, il écrivait son commentaire sur le 11 e verset du psaume CIII. «Qui emittis fontes in convallibus, inter médium montium pertransibunt aquæ». Sources, n'est pas pris ici dans le sens de petits surgeons d'eau, écrit-il, mais bien dans celui de grandes sources qui en se multipliant, deviennent des fleuves. C'est l'ordre de Dieu qui les envoie dans les vallons et les gorges, au milieu des montagnes. Ce n'est pas une chose insignifiante que cette marche des fleuves, mais une merveille digne de toute notre admiration. Quand nous voyons que tant de grandes et hautes montagnes sont déchirées et partagées pour donner passage à des cours d'eau si petits et si faibles, nous avons une preuve que le monde est une créature; car s'il n'avait pas été créé, quand les eaux auraient-elles pu par elles-mêmes se creuser un passage au travers de ces montagnes? C'est Celui qui les a créés, qui les a lui-même coupées, et il a fait couler les eaux merveilleusement dans les montagnes afin d'y célébrer sa Providence».


[1] Devis, l'explorateur Anglais, évalue la hauteur de la cataracte à peine à trente pieds, c'est-à-dire presqu'à la moitié.

[2] Cristina Trivulzio, Principessa di Belgiojoso, née en 1808, m. à Milan en 1871. Elle fut célèbre soit dans les lettres (par ses nombreux ouvrages, plutôt en français), soit par son ardeur patriotique durant la révolution italienne contre l'Autriche (1848-49). Emportée par l'amour de la liberté, elle enrôla même un bataillon de volontaires et se mit à leur tête. Lorsque la Lombardie fut forcée de se soumettre, elle s'enfuit et voyagea en orient, à Constantinople, en Asie Mineure et en Syrie; elle s'établit à la fin près de Viranchéhir, au sud d'Angora, et nous laissa des renseignements sur ces lieux. Lorsque l'Italie fut pacifiée, elle retourna dans sa patrie, et continua à publier des ouvrages politiques. Son ouvrage «Asie Mineure et Syrie. Souvenirs de voyage», nous a offert quelques sujets à ajouter à nos recherches. Le livre de la Princesse Belgiojoso a été réimprimé deux fois, en 1859 et en 1861.