Sisouan ou lArméno-Cilicie

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Բաժին

Թեմա

  Ce village était assez connu au temps des Byzantins, et même jadis sous la domination romaine. C'était l'une des principales stations de la grande route qui reliait l'Asie Mineure à la Syrie. On l'appelait déjà alors Podande, Ποδανσός, Ποδενδός ou Ποδανδεύς, selon les latins Podandos. Au moyen âge les chroniqueurs latins firent subir à ce nom plusieurs altérations: tantôt c'est Podando, Poduando ou Opodanda; tantôt Botentron, Budrente, Bothrembrot, Botrantos ou Botrentroch. Enfin les orientaux l'ont appelé Bodoundoun et Badendoun. Selon l'ancien itinéraire, il est distant de Faustinopolis (aujourd'hui Pasmakdji) de 23 milles romains. Anciennement Podande et Loulou étaient considérés comme marquant la frontière de la Petite Cappadoce [1].

A cause de sa position élevée qui le faisait ressembler à une roche tarpéienne, Podande était regardé comme un lieu d'infamie. Ainsi Saint Basile dans ses épîtres le compare aux profondeurs sales du Khéada de Laconie, l'on précipitait les criminels, et aux abîmes pestilentiels de Charon [2] ; car il ne faut pas oublier qu'à l'époque ce Saint écrivait, la discorde régnait au milieu du Sénat de Césarée à cause de la division en deux du diocèse de la Cappadoce, et une partie des membres s'étaient enfuis et réfugiés à Podande. Ce fait indique aussi qu'à cette époque Podande devait être une ville importante et assez forte. L'empereur Valence, après avoir partagé en deux le diocèse de Cappadoce avait du reste choisi cette ville pour l'une des capitales; plus tard il la remplaça par Tiana.

Lors des luttes des Byzantins avec les Arabes, au commencement du huitième siècle, le général de ces derniers, Moslim, s'empara de Podande après avoir pris Tiana (708). Michel le Syrien qui raconte la prise de la ville de Podande, mentionne auparavant celle de la forteresse Djerdjoum ( Ճըռճում ) dont nous ne pouvons indiquer la position exactement. Supposant que cette forteresse devait se trouver aux environs de Podande, nous avons cru bon d'en rappeler ici au moins le nom. C'est à Podande que mourut le grand Emir Al-Mamoun, l'an 833, et il fut enterré à Tarse. Quarante ans plus tard, (876) durant le règne de Basile I er, son général André le Scythe battit sur ces lieux, les Arabes et leur infligea de grandes pertes: ceux qui purent échapper se réfugièrent à Podande. Le vainqueur fit recueillir les os des ennemis tombés dans la bataille et en fit ériger un trophée.

Un autre fait à rappeler dans les annales de Podande, c'est que l'empereur Jean Zimisces y passa peu avant sa mort (976-7) et il admira la richesse des pâturages et la beauté des troupeaux.

Parmi les historiens arméniens, il n'y a que Sempad qui parle de ce lieu et il l'appelle Boudanté ( Պուտանդէ ); il raconte qu'il poursuivit les soldats du sultan d'Iconie, depuis Maïdzar jusqu'à Podande et qu'il en massacra un grand nombre (1245), ainsi que nous l'avons déjà rappelé.

De nos jours, on voit encore les traces des anciennes maisons de Podande et les restes d'un pont fortement construit, qui fut ruiné par Ibrahim pacha, pendant la guerre qu'il soutint contre le sultan de Constantinople. Actuellement, tous les habitants du bourg sont Arméniens.

A partir de , le passage prend le nom de «Col de Podande»: il commence par tourner à l'ouest, puis revient en partie vers l'est jusqu'au bord du fleuve Korkoun. Le passage est bordé de montagnes des deux côtés, sur une longueur de six kilomètres. A 5 ou 6 kilomètres à l'est de Podande, sur le versant de la montagne, à une altitude de 1, 460 mètres, il y a un village ou une station du nom de Gueubèze [3] , duquel je n'ai aucune notice. Ce même village est à la même distance du mont Ak-dagh du côté de l'ouest. C'est au pied de cette montagne dans la direction du nord-est jusqu'au fleuve Korkoun, à une altitude de 1, 174 mètres, que s'étendent les mines de plomb d' Arpa-outchouroume. La sommité qui a la forme d'une pyramide tronquée s'appelle le Mont Blanc (6, 000 pieds). Le versant occidental est gypseux et calcaire, le versant nord-est, schisteux et porphyréen. Sur l'arête qui les sépare s'étend une veine de plomb sur une longueur de trois à quatre kilomètres. Il n'y a qu'un seul chantier important; mais on a aussi ouvert deux fosses à la cime de la montagne. Le minerai contient, avec le plomb, un mélange d'argile et de fer.

De , la route va d'abord dans la direction, du nord; mais à une lieue de Podande, elle tourne à l'ouest, passe au pied sud-ouest du mont Karendja (Fourmi), côtoie la rive droite du fleuve qui vers sa source s'appelle Tarbas et dans sa partie inférieure Tchaked, et aussi Ak-sou [4] . On a jeté sur ce fleuve un pont à une seule arche en ogive de 13 mètres de long; il est en face des fortifications élevées sur les roches calcaires: on l'appelle Ak-kueupri (Pont-blanc): il sépare les deux provinces d'Adana et d'Iconium; autrefois, et encore dans la première moitié du siècle présent, sous la domination de Méhémed-Ali, la ligne de frontière était formée par le passage de Podande [5] . On trouve près de , dans la montagne sur la rive droite du fleuve, des carrières d'un marbre assez joli, mais de peu de dureté. Il y a également à peu de distance de ce pont une source, appelée par les Turcs à cause de la bonne qualité de son eau: Chéker-pounar (source-sucrée). C'est dans l'espace compris entre le pont et Podande que se trouvait autrefois le campement et les pâturages des Turcomans de la tribu Ramazan-oghlou. Les environs, ainsi que tout le col de Podande, ont un aspect grandiose qui rappelle celui de Gouglag. Il y a aussi des rochers abrupts et escarpés, aux flancs desquels poussent des sapins, des cyprès et quelques chênes. Le bois que l'on coupe dans ces lieux, est transporté à Adana.

A quatre kilomètres à l'ouest de ce premier pont Blanc, il y en a un autre en bois appelé Tahta-kueupri (Pont de bois). Ce pont repose sur des fondements en pierre, et il se trouve tout près d'un autre plus ancien. Du même nom de Tahta-kueupri s'appelle également une station importante sur la route de la forteresse de Gouglag.

Un autre chemin qui se dirige vers l'est, conduit au fleuve Korkoun, le traverse, monte vers le nord-est, passe au milieu des mines Bose-madén, puis changeant de direction monte au nord vers les mines de Béréketli.

Non loin du Pont de bois, on voit sur un rocher les traces d'un édifice, peut-être d'une forteresse, qui doit, selon Edib, s'appeler Sandekly. Du pied des murailles de ces ruines coule une petite rivière. Egalement près de ce pont, le fleuve de Podande reçoit deux affluents. Sur la rive gauche, vers le nord, la rivière Kuerk-guétchid (Quarante gués), grossie elle-même de deux autres rivières, celles de Faustinopolis et d'Eudjélé, sur lesquelles nous reviendrons plus tard. Sur la rive droite, au sud du pont il reçoit la rivière Horos ou Oros, qui donne son nom au village bâti à deux kilomètres environ au sud du pont et à une distance de quatre kilomètres à l'ouest de Podande. Ce village se trouve à une hauteur de 3, 500 pieds; il est entouré de vignes, de jardins et de vergers. Les bois de sapins et de cèdres qui couvrent les flancs de la montagne, commencent tout près du village. C'est à partir des vallons d'Horos, vers le sud, que s'élèvent les plus hautes cimes de la Cilicie Trachée. Les sommités calcaires du Kesel-tépé (8, 500 pieds) sont au nord de la vallée d'Horos. Aux pieds de la même montagne sont situées les sources de la rivière, à peu de distance des lacs Kara-gueul et Kochan. Les flancs et les arêtes de ces montagnes sont couverts de toutes espèces de plantes et d'arbres sauvages. Attiré par la richesse de la végétation, le botaniste Kotschy visita deux fois ces lieux. Il passa sur ces hauteurs la nuit du 19 au 20 juillet 1853. Sur les cimes les plus élevées il ne trouva que des plantes à tiges fort basses, ayant à peine deux doigts de hauteur; seul l' Alopecorus angustifolius Sibth, atteignait une hauteur de trois doigts. Mais la couleur des fleurs de ces plantes minuscules était d'une rare beauté. Il recueillit, pour les envoyer à Vienne, plus de trois cents espèces de fleurs et de racines; parmi lesquelles nous pouvons citer le beau Lamium eriocephalum, la Gentiana Boissieri et la Viola crassifolia. Il y vit aussi le coq de bruyère, (Tetraogallus) que les indigènes appellent Our-kéklik. Les pâturages qui s'étendent entre le sommet de la montagne et les mines de Boulghar-maghara sont très beaux (altitude de 6, 000 à 7, 500 pieds).


[1] Constantin Porphyrogène. Les Thèmes I. Μιχρα ̀ δε ̀ Καππαδοια χαταλήγει δε ̀ προ ̀ ς α ̀ νατολα ̀ ς μέχρς αυ ̀ τη ̃ ς Ποδαδου ̃ χαι ̀ του ̃ φρονρίον  του ̃ χαλπυμένου Λούλον χαι ̀ αν ̀ τη ̃ ς Ποδενδου ̀.

[2] Ο ˝ ταν δε ̀ Ποδανδο ̀ ν είπω, τόν Κεάδαν με οίου  λέγειν το ̀ ν Λαχονιχο ̀ ν, η ̃ εί που τη ̃ ς οι ̀ χουμένης ει ̃ δες βάραθρον αν ̀ τοφυε ̀ ς, α ̉ δη ̀ χαι ̀ Χαρω ̉ ειά τισι προσαγορεύειν αυ ̀ τομάτως ε ̀ πη ̃ λθεν, α ̀ έρα νοσοποιο ̀ ν α ̀ ναπνέοντα, τοιούτφ τινι ̀ ε ̀ οιχο ̀ ς νόμισον χαι ̀ το ̀ Ποδανδου ̃ χαχόν. - S. Basil. Ep. 74

[3] Kotschy, dans les Mittheilungen de Petermann, Vol, IX p. 352.

[4] Edib, écrivain turc, appelle Kerk-guétchid le fleuve jusqu'au pont Blanc; après sa jonction avec Kara-sou, il cite la rivière Tchaked. Près de ce fleuve en 1487 les soldats du sultan d'Egypte battirent les Zulkadriens et les Turcs leurs alliés.

[5] Ritter, Erdkunde, XIX, p. 263.