Selon
le
tableau
statistique,
le
principal
village
après
Zeithoun
est
Alabache,
où
il
y
a
plus
de
3,
000
habitants
arméniens.
Nous
ne
donnons
cependant
ce
chiffre
que
sous
réserve:
car
durant
les
troubles
de
1861,
on
n'y
comptait,
selon
quelques
journaux,
que
44
maisons,
mais
peut-être
ne
parlent-ils
que
des
maisons
ruinées.
La
grandeur
et
la
primauté
de
ce
village
sont
indiquées
par
son
ancien
nom
Arékine
ou
mieux
Arékni,
comme
le
nomment
encore
aujourd'hui
les
Zeithouniens.
Nous
savons
même
par
l'historien
royal,
que
l'année
du
sacre
de
notre
roi
Léon
I
er,
(1198-9),
le
couvent
d'
Arékni
était
le
siège
de
Grégoris,
archevêque
du
diocèse
de
Gaban.
Il
tenait
le
deuxième
rang
parmi
les
quatorze
évêques
mentionnés:
pourtant
ce
siège
ou
ce
couvent,
n'est
cité
que
cette
seule
fois.
Après
plusieurs
siècles
de
silence,
Macaire,
patriarche
d'Antioche,
qui
se
dit
arménien
et
qui
vers
la
fin
du
XVII
e
siècle
(1695)
a
écrit
en
arabe
son
voyage
de
Marache
à
Zeithoun
[1],
dit
qu'il
a
d'abord
rencontré
sur
une
colline
plate,
le
couvent
de
Saint
Garabied,
devenu
à
cause
des
eaux
thermales,
un
lieu
de
pélerinage
pour
les
malades.
Selon
le
même
auteur
ce
couvent
était
en
face
de
Zeithoun;
probablement
c'est
le
couvent
du
village
de
Fernouz,
car
l'écrivain
ne
mentionne
pas
le
nom
du
village.
Dans
les
livres
de
nos
auteurs
nous
ne
trouvons
pas
une
forteresse
de
ce
nom;
quoique
l'Arabe
Aboulféda
dans
son
histoire
de
la
prise
de
Mélitène
par
les
Egyptiens
dont
il
était
l'un
des
chefs,
(fin
d'avril
1315),
mentionne
parmi
les
prisonniers
un
certain
Chéïkh-Mandou,
seigneur
de
la
forteresse
d'
Arékni,
qui
s'était
uni
avec
les
officiers
des
Tartares,
pour
espionner
et
surprendre
les
Turcs;
mais
il
paraît
que
c'est
une
autre
forteresse
sur
les
limites
de
l'Euphrate.
Le
couvent
d'Arékni
et
celui
du
Saint
Sauveur
paraissent
être
un
seul
et
même
couvent,
au
voisinage
duquel
se
trouve
le
village
de
Vartavéroun,
dont
on
ne
trouve
aucune
mention
dans
les
livres.
Laissant
cela
à
l'examen
d'autres
explorateurs,
mettons-nous
à
la
description
de
Gaban
où
nous
a
conduit
le
nom
d'Arékni
que
nous
venons
de
citer;
Gaban
donc
est
indiqué
sur
les
cartes
au
sud-ouest
de
Zeithoun
et
assez
loin
dans
la
vallée
de
la
rivière,
(près
de
laquelle
se
trouvent
les
villages
turcs
Thamour
et
Deunguel);
cette
rivière
se
mêle
avec
celle
de
Fernouz,
et
toutes
deux,
un
peu
plus
bas,
s'unissent
avec
l'eau
de
Zeithoun.
Le
nom
de
ces
lieux
en
indique
leur
nature;
en
effet,
gaban
en
arménien
signifie
passage
étroit
et
difficile,
serré
par
des
portes;
les
Turcs
l'appellent
Guébène;
il
domine
les
passages
étroits
des
montagnes,
semblables
aux
passages
de
la
Porte
de
la
Cilicie.
Ils
devaient
être
très
fréquentés
dans
les
temps
anciens,
mais
je
ne
trouve
pas
même
le
nom
d'un
seul
explorateur
moderne
qui
ait
passé
par
là,
ni
même
qui
en
mentionne
le
nom.
Il
est
certain
que
nos
premiers
princes
s'étaient
emparés
de
cet
important
passage.
Roupin
II
en
1182,
donna
à
Léon
le
Magnifique,
son
frère,
le
fief
de
Gaban,
célèbre
pour
la
solidité
de
sa
forteresse,
les
passages
cités
et
les
eaux
qui
l'avoisinaient.
Ce
fief
étant
en
effet
près
du
fleuve
Djahan
et
d'un
de
ses
affluents,
les
voyageurs
et
les
marchands
étaient
forcés
de
passer
par
là,
et
les
maîtres
du
lieu
y
avaient
établi
une
douane.
Ce
fief
fut
donné
plus
tard
au
prince
franc
Tancrède,
par
Léon,
alors
que
ce
dernier
succéda
à
son
frère;
Tancrède
assista
à
son
couronnement.
Lorsque
Léon
en
1215,
rétablit
par
un
édit
l'exemption
du
tribut
pour
les
Génois,
il
fit
exception
pour
le
passage
du
Djahan,
près
de
Gaban,
dont
le
seigneur
était
alors
un
prince
Léon:
«Excepto
Passagio
quod
Dominus
Leo
de
Cabban
habet
in
flumine
quod
vocatur
Jahan».
Deux
années
après,
Key-kaouz
Izzéddin,
sultan
d'Iconium,
assiégea
Gaban;
Léon
envoya
ses
soldats
et
ses
cavaliers
contre
lui:
«Ils
descendirent
de
la
montagne
à
Choghagan;
le
sultan
attaqua
violemment
la
forteresse,
mais
le
Baron
Léon,
seigneur
de
Gaban,
et
d'autres
princes
qui
s'y
trouvaient
assiégés,
sortirent
de
la
forteresse,
atta-quèrent
l'ennemi,
le
battirent,
le
chassèrent
et
incendièrent
les
balistes;
ainsi,
comme
de
braves
soldats,
ils
se
délivrèrent.
Le
sultan
pensa
de
faire
descendre
de
ses
soldats
dans
la
plaine;
le
matin
ils
arrivèrent
donc
à
Choghagan,
qui
s'appelle
Izdi;
le
Baron
Constantin
le
Connétable,
alla
à
leur
rencontre
et
se
battit
contre
eux.
Les
ennemis
étaient
en
grand
nombre,
le
Baron
Adan
ne
soutint
pas
les
arméniens
avec
ses
soldats;
ils
furent
vaincus.
On
fit
prisonnier,
Constantin,
le
Connétable
des
Arméniens,
fils
de
l'oncle
du
roi
Léon,
et
le
Baron
Constantin
fils
de
Héthoum,
seigneur
de
Lambroun,
son
beau-père,
ainsi
que
Ghir
Sag
(Isaac),
seigneur
de
Sig,
Azil
d'Auxence,
et
d'autres
princes
et
chevaliers;
les
soldats
arméniens
subirent
une
grande
perte,
et
tout
fut
emmené
au
sultan
à
Gaban.
Le
sultan
se
contenta
de
ce
qu'on
lui
avait
apporté
et
ne
s'empara
pas
de
Gaban;
il
retourna
dans
sa
capitale,
fit
incarcérer
les
prisonniers
et
les
chargea
de
fer.
Ils
y
restèrent
un
an
et
quatre
mois»;
jusqu'à
ce
que
Léon
les
eût
délivré
en
donnant
comme
rançon
quelques
forteresses,
comme
nous
l'avons
déjà
mentionné
ailleurs.
Après
ces
événements
je
ne
trouve
aucun
fait
relatif
à
Gaban,
jusqu'à
la
fin
du
XIII
e
siècle,
durant
la
seigneurie
du
prince
Constantin
(II),
fils
du
prince
Léon
(II).
Les
évêques
mêmes
de
Gaban,
ne
sont
pas
mentionnés
pendant
cet
intervalle;
voici
les
noms
de
ceux
qui
le
sont
avant
ou
après
cette
époque.
1193
Nersès
1198
Grégoris
1307-14
Basile
1317-8
Jacques
1342
Nersès
Il
est
presque
certain
que
Gaban
resta
sous
la
domination
de
nos
princes
jusqu'à
l'extinction
de
leur
royaume;
mais
il
n'est
pas
certain
que
Léon
V
s'y
soit
réfugié
avant
de
se
rendre
aux
Egyptiens;
ces
faits
ont
plutôt
eu
lieu
à
Sis.
La
forteresse
de
Gaban,
selon
le
mémoire
d'un
général
de
la
famille
de
Héthoum,
cité
plus
haut,
resta
aux
mains
de
la
femme
de
ce
dernier,
la
princesse
Zarman,
et
demeura
au
pouvoir
des
Arméniens
jusqu'à
la
moitié
du
XV
e
siècle.
Actuellement
nous
connaissons
trois
lieux
de
ce
nom;
l'un,
le
grand
village
de
Gaban,
composé
de
400
maisons
d'Arméniens
et
d'une
église,
à
l'ouest
du
village
de
Bendoukh;
le
second,
un
petit
village
dont,
ainsi
qu'on
le
rapporte,
20
maisons
seulement
appartiennent
aux
Arméniens
et
le
reste
aux
Turcs;
le
troisième
est
situé
au
fond
du
vallon,
au
pied
de
la
montagne,
c'est
la
forteresse
si
célèbre
de
Gaban,
entre
Fernouz
à
l'est
et
la
montagne
Asdouadzachène
à
l'ouest,
près
du
village
Kerk-gueuze,
où
n'habitent
que
10
familles
d'Arméniens.
L'église
de
Gaban
est
dédiée
à
Saint
Georges.
Reste
à
découvrir
dans
la
région
de
Gaban,
cette
place
Choghagan
qui
est
citée
à
propos
du
siège
de
Gaban
par
le
sultan;
il
devait
y
avoir
aussi
une
forteresse
importante;
car
vers
la
fin
du
XII
e
siècle,
on
y
trouve
comme
maître
un
prince
latin,
ou
d'un
nom
latin,
Godefroi,
contemporain
de
Tancrède.
C'est
lui-même
peut-être,
ou
son
petit
fils,
qui
mourut
l'an
1256,
et
dont
parle
notre
historien
royal
en
disant:
«Le
prince
Godefroi
qui
était
de
la
Cilicie,
fait
eunuque
artificiellement,
chrétien
de
nation,
mourut
en
bon
chrétien».
L'historien
Sempad
donne
à
ce
lieu
le
nom
d'
Izdy;
peut-être
pourrait-on
l'identifier
avec
le
village
de
Yézidlér,
déjà
cité
dans
la
liste,
habité
par
des
Arméniens,
qui
l'appellent
Avakénk;
toutefois
ce
dernier
village
est
situé
plus
près
de
Zeithoun
que
de
Gaban.
Au
sud
de
Zeithoun,
à
quatre
ou
cinq
heures
de
distance,
s'élève
le
village
d'
Andréassank
du
nom
d'un
notable
du
village,
qui
s'était
rendu
célèbre,
mais
les
Turcs
l'appellent
Alabozan;
je
ne
sais
pourquoi
on
l'identifie
avec
Khébi,
appelé
Féng
par
les
Turcs.
Le
village
d'Andréassank
ne
compte
guère
plus
de
56
habitants
et
ne
peut
être
qu'une
station.
Non
loin
de
Khébi
on
voit
Saint-George
qui
est
un
lieu
de
pélerinage.
C'est
aussi
un
peu
plus
haut
au
nord-est
de
Zeithoun
que
se
trouve
la
montagne
de
Chembeg,
au
pied
de
laquelle
les
Arméniens
avaient
remporté
une
grande
victoire
sur
leurs
ennemis.
A
quelques
heures
de
distance
il
y
a
un
passage
étroit
nommé
Santough
(
Սանդուղ
),
qui
se
prolonge
jusqu'au
couvent
du
Saint-Sauveur.
Parmi
les
villages
cités
dans
la
liste
on
peut
compter
comme
faubourg
de
Zeithoun,
à
cause
de
sa
proximité,
celui
d'
Egléndjénk,
ou
Ghalédjenk,
comme
aussi
Téké-mahalléssi
et
Mourtadlar.
Un
autre
village
remarquable
par
sa
grandeur
et
le
nombre
de
ses
habitants
est
appelé
par
les
Turcs
Mekhal
ou
Moughal,
et
Avakal
ou
Avak-gal
par
les
Arméniens,
dont
il
est
habité;
selon
la
dernière
liste
ottomane
sa
population
était
de
2,
800
âmes;
les
anciennes
listes
n'y
indiquaient
que
100
ou
200
familles;
il
est
à
l'ouest
de
Chembeg
et
au
sud
de
Zeithoun;
son
église
est
dédiée
à
Saint-Serge.
Il
y
a
d'autres
villages
encore
qui
se
trouvent
dans
cette
région,
mais
auxquels
ne
se
rattache
aucun
ancien
souvenir
ni
aucun
événement
remarquable.
Tels
sont,
d'abord
dans
la
vallée
de
Zeithoun,
Sari-guzél,
à
l'est
duquel
près
du
fleuve
Djahan
s'étendent
les
campagnes
d'
Ekizdjé-tchifdlig.
Au
nord
de
ces
lieux
et
au
sud
de
la
montagne
Brid,
se
trouvent
les
mines
de
fer.
Au
delà
de
la
montagne
vers
le
nord
près
d'un
petit
vallon
appelé
Essén-déré,
nous
trouvons
le
village
d'Erédjik;
puis,
près
d'un
affluent
du
fleuve
Djahan,
le
village
de
Thombak
à
l'extrémité
du
vallon:
à
l'ouest
d'Erédjik,
le
petit
village
de
Kamechedjik,
et
au
sud-ouest
le
bourg
de
Fendouk
avec
les
pâturages
des
Turcs,
aux
pieds
des
montagnes
Tchavdar.
Non
loin
de
Zeithoun,
à
gauche
du
fleuve,
est
situé
le
bourg
de
Yézidler,
entre
les
couvents
et
le
village
de
Mourtadlar;
à
l'est,
Ilidjé.
Enfin
sur
la
rive
droite
du
fleuve,
au
sud
de
Zeithoun,
est
indiqué
le
petit
village
de
Simaze.
[1]
Il
ne
faut
pas
oublier
que
lorsque
Macaire
arriva
à
Zeithoun,
les
soldats
de
Hassan-pacha
avaient
saccagé
et
ravagé
tout
le
territoire
de
cette
ville;
c'est
pourquoi
il
n'y
trouva
aucune
provision,
ni
viande,
ni
œufs,
ni
fromage,
mais
seulement
un
peu
de
vin.
Je
ne
saurais
dire
quelles
autres
cruautés
avait
commises
ce
Hassan,
n'ayant
pas
sous
les
yeux
l'ouvrage
de
Macaire.