Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

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  Le siége de Sis fut, durant 150 ans, le siège général et légitime du patriarche de tous les Arméniens (1292-1441), et dix-huit patriarches s'y succédèrent. Durant leur patriarcat jusqu'à la moitié du XIV e siècle, il y eut des relations et correspondances fréquentes, des accords et des désaccords avec le siège suprême de Rome, des doutes et des questions relativement à la foi et aux rits. Quelques docteurs arméniens de l'orient, poussés par diverses motifs résolurent de supprimer ces relations, pensant ainsi faciliter l'administration spirituelle de la nation, qui se trouvait en grande partie dans l'Arménie proprement dite; ils érigèrent en siège suprême le couvent d'Etchmiadzine: ainsi le pouvoir spirituel fut partagé en deux.

Depuis cette époque, pendant quatre siècles et demi, 45 patriarches se sont succédés à Sis sans interruption, en commençant de Grégoire Moussabeg, durant le patriarcat duquel eut lieu la séparation, jusqu'à nos jours; en voici la liste:

1440. Grégoire I er Moussabéghéntz.

144?. Joseph [1] .

1447. Garabied de Sis.

1460. Etienne de Saratzor, + 1477.

1478. Jean I er d'Antioche.

1489. Jean II de Thelgouran.

1525. Jean III de Kilisse, surnommé la

Foudre ( Կայծակն ).

1539. Siméon I er d'Oulni ou de Zeithoun.

1545. Lazare d'Oulni, oncle de Siméon.

1548. Thoros I er, ou Théodore Thorsan,

de Sis.

1551. Khatchadour I er, surnommé Tchorig. 1560. Khatchadour II ou Khatchig le

Musicien, d'Oulni.

1584. Azarie de Djoulfa [2] , + 1601.

1586. Diradour [3] . *

1588. Jean. *

1601 Jean IV d'Aïntab.

1602 Pierre de Gargar.

1627. Minas de Garin (Erzeroum).

1633. Siméon II de Sébaste ou l'Oriental.

1648. Nersès de Sébaste.

1654. Thoros II de Sis.

1658. Khatchadour III Minderdji, de Sébaste.

1663. David d'Alep ou le Gargaréen. *

1679. Isaac Méykhanédji.

1683. Azarie Ghatrami, de Gargar.

1689. Grégoire II d'Adana, surnommé Bidzag (la guêpe).

1691. Asdvadzadour Narine, de Sassoun.

1694. Mathieu Sary, de Césarée.

1701. Pierre d'Alep.

1719. Jean V de Hadjine.

1727. Grégoire III, Oughourli, de Césarée.

1730. Jean VI (Der Adam), de Hadjine.

1734. Lucas de Sis, (Atchbah).

1737. Mikaël, frère de Lucas.

1757. Gabriel, frère de Lucas et de Mikaël [4] .

1771. Ephrem I er de Sis, neveu des trois précédents.

1784. Théodore III de Sis [5] .

1801. Guiragos (Cyriaque) I er neveu de Théodore.

1822. Ephrem II, nommé catholicos à l'âge de 18 ans; donna sa démission en 1833.

1833. Jean VII.

1846-8. Mikaël II.

1853. Cyriaque II [6] .

1866. Cyriaque III ou Nicol, le dernier des Atchbah [7] .

1871. Meguerditch, Kéfsizian, de Marache + 1895.

1895. Grégoire Aléatien.

Comme nous avons cité plusieurs fois la famille des Atchbah, il est bon de rappeler ici que le catholicos Ephrem en écrivant l'histoire des patriarches des Arméniens, a eu soin de donner des détails particuliers sur ses ancêtres; mais il se trompe lorsqu'il affirme que le chef de sa famille était l'évêque Jean, frère de Héthoum II et fils de Léon II: ces derniers n'eurent ni fils, ni frère de ce nom; il ne peut pas non plus être question à l'égard de l'évêque Jean, frère de Héthoum I er; car celui-là ne s'était pas marié; et d'ailleurs Ephrem aussi le déclare. Il se trompe encore lorsqu'il dit que 300 ans s'écoulèrent de Jean, chef de la famille des Atchbah, jusqu'à Minas (+1613), arrière petit-fils de ce même Jean. Celui-ci a vivre non pas au commencement du XIV e siècle mais au XVI e, ou du moins vers la moitié du XV e. Nous donnons à la page suivante l'arbre généalogique de cette famille, jusqu'à la dixième génération: les derniers descendants de cette famille me sont inconnus. (p. 252- Arbre généalogique de la famille Atchbah)

Jean évêque, premier Atchbah

Dom Eléazar, prêtre

Jean II évêque

Eléazar II

Minas Isaac Dom Jacques

Eléazar III

Soukias+ à 99 ans Arisdaguès Houssig + à 89 ans Vertanès

Vahan

Lucas Cathol. + 1737 Mikaël Cathol. Gabriel Cathol. + 1770 Marcos Jean Lucas Mathieu Ezéchiel

Grégoire le scribe Ephrem I er Catholicos + 1784

Emanuel I er Alexandre Gabriel Mikaël Emanuel (le deuxième) Houssig

 

Quelque erreur doit s'être glissée dans cet arbre, car je trouve ce mémoire autographe de l'an 1741: «Moi serviteur de Dieu et de tous ses Saints, natif de Sis, fils des Atchbah, moi Docteur Eléazar, et mon père Der Meguerditch, nous vînmes dans la grande ville de Césarée, dans l'église de la Sainte Vierge. Ce fut l'an 1190, (1741), le 15 du mois de septembre, le jour de la Sainte Croix. Amen». Peut-être cet Eléazar fut-il effacé de l'arbre généalogique; car pendant longtemps il fut cause de grands troubles et même de la mort du Catholicos Mikaël.

Durant le règne des rois Arméniens, lorsque le siège patriarcal fut établi à Sis, la ville avait déjà un évêque ou archevêque. Celui-ci fonctionnait comme grand aumônier de la cour, et parfois il remplissait la charge de secrétaire du royaume. Les évêques de Sis que je connais sont les suivants:

1193-8. Jean (devenu plus tard Catholicos).

1261. Thoros, archevêque, secrétaire royal.

1267. Jacques.

1301- Jean.

1307-14. Constantin.

1320. Constantin de Lambroun (plus tard

Catholicos).

1342. Basile.

1372. Jean, archevêque.

Sis étant le siège du patriarche des Arméniens, c'est que devaient avoir lieu les conciles; en effet, sans parler des assemblées diocésaines, c'est qu'eurent lieu les grands conciles de la nation, auxquels assistèrent plusieurs fois, avec les docteurs et les supérieurs des couvents, les rois et les princes; comme cela eut lieu en 1290 pour la destitution du catholicos Constantin; en 1291 pour l'élection de Grégoire d'Anazarbe; et pour d'autres questions religieuses, dans les années 1307, 1332, 1342-3, 1363.

Non seulement les Arméniens avaient leur siège suprême dans la capitale de Sis, mais les étrangers, qui étaient nombreux en Cilicie, y avaient aussi leurs évêchés et leurs églises.

Nous avons cité le témoignage de Willebrand, qui mentionne dans cette ville un siège patriarcal grec, tandis qu'il aurait dire un simple archevêché. Les Latins de même avaient des évêques, non seulement à Sis, mais encore dans d'autres villes. Léon I er fut obligé de les expulser lors d'un différend qu'il eut avec eux pour le château de Gastime et la question d'Antioche; mais ils y revinrent quelque temps après. Au commencement du XIII e siècle Léon accorda aux Génois et aux Vénitiens de construire des églises dans la ville de Sis, et dans quelques autres encore.

Les Syriens aussi avaient leur siège patriarcal, qui fut fondé par Ignace, ami de Héthoum I er; ce même Ignace bâtit le patriarcat en 1244, et Issa, le célèbre médecin d'Edesse, éleva une église dédiée à Barsame. Les Syriens avaient encore une autre église sous le vocable de la Sainte Vierge; toutes les deux ne subirent aucun dommage durant la dévastation de Sis, l'an 1266. Ajoutons à ces deux églises, un couvent, appelé Guiechat ou Gujechat, dans la traduction latine des œuvres d'Aboulfaradj. Un moine qui connaissait l'arabe, délivra ce lieu par ses prières. Un autre couvent Paxemati ou Parxemati, appartenant aussi aux Syriens, fut brûlé et restauré de nouveau; l'an 1275, 25 moines y demeuraient quand les Egyptiens le détruisirent ainsi que les précédents. Le patriarche des Syriens avait aussi un petit monastère dans un faubourg de la ville.

Les Turcs ne purent bâtir que dans ces derniers temps une mosquée à Sis. Au commencement du XIV e siècle Bilargou, général des Tartares, demanda, dit-on, la permission d'en construire une, mais Héthoum II n'y consentit pas, et ce refus, à ce que l'on dit, fut la cause de l'inimitié du Tartare, qui tua Héthoum, et son neveu, le jeune roi Léon III, par trahison.

Si les étrangers élevaient des temples et érigeaient des évêchés dans Sis, comment les Arméniens si pieux, nombreux et riches, n'en auraient-ils pas construits? mais malgré cela le nom de plusieurs d'entre elles nous est inconnu, et même nous n'en trouvons aucune trace. Nous sommes donc obligés de rapporter tout simplement ce que nous trouvons indiqué dans les mémoires des manuscrits.

Avant que Léon eût commencé ses constructions, on y comptait très peu d'églises, très peu de sanctuaires et sans aucun mérite artistique. C'est ce que nous fait comprendre Saint Nersès de Lambroun, qui se plaint, de cette pénurie: «D'Anazarbe et de Sis.... que devrons-nous dire? écrit-il. Elles sont sous la domination des Arméniens, avec plusieurs contrées, et cependant les voilà sans direction religieuse, et elles n'ont pas le Christ pour pasteur; elles sont sans églises, et privées de toute splendeur; car les évêques demeurent dans les couvents», etc. Il écrivait cela dix ans avant l'avènement de Léon.

Après cet avènement on trouvait à Sis les églises suivantes:

1. Une église sous le vocable d'Etchmiadzine, (peut-être la cathédrale construite par Léon), ou église de la Sainte-Vierge, dans laquelle fut inhumé le corps de ce roi.

2. La grande église dédiée à Sainte Marine, fut copié un évangile, en 1222.

3. Sainte Sophie, qui avait le premier rang comme église royale et métropolitaine. Suivant l'exemple de Justinien, les princes régnants de cette époque, dédiaient au nom de la divine Sagesse, le plus beau temple de leur cour. C'est ainsi que Héthoum, digne successeur de Léon le Grand, poussé par sa piété, fit construire à grands soins, près de son palais, cette magnifique église à plafond plat, comme le dit dans une Chronique son neveu également appelé Héthoum. A cause de son clocher, selon notre Père Indjidji, «cette église est appelée par les Turcs Tchangly-kilissé. La forme de l'église est longue, la voûte repose sur 4 colonnes; le toit est ruiné, mais les murs, les autels et toutes les autres parties de l'édifice, sont formées par d'énormes pierres de taille, soudées les unes aux autres avec du plomb, comme on le voit aussi dans les anciennes constructions de Jérusalem. Le maître-autel est surmonté d'une coupole, et des deux côtés de ce dernier, il y a deux autres autels de même construction, au dessus desquels se trouvent les gynécées, dans chacun desquels il y a deux autres autels. Au dessus de ces autels, et tout autour sur les murs, sont sculptés en grandes lettres les noms des rois Héthoum, Léon et d'autres. On peut monter de l'église au clocher, qui est haut et carré, et à toit plat, ayant deux fenêtres de chaque côté; il est encore parfaitement bien conservé, mais n'a plus de cloches. A l'église est jointe une chapelle ». Sainte Sophie était l'un des plus magnifiques temples des Arméniens; c'est que furent célébrées avec de grandes solennités, les premières et les dernières fêtes nationales, en présence des deux chefs suprêmes, du roi et du catholicos.

Plusieurs fois les étrangers mêmes assistaient à ces solennités; nos mémoires rapportent entre autres qu'une fois Constantin, le père du roi, y conduisit, avec son fils Héthoum, le patriarche d'Antioche, qui célébra la sainte messe avec le catholicos et se communia avec Constantin. Les Egyptiens, en 1266, incendièrent avec la ville de Sis, aussi cette magnifique église de Sainte-Sophie, comme le mentionnent distinctement les historiens contemporains. Le patriarche Guiragos restaura aussi ce temple, en 1824. L'arcade du sanctuaire est ornée de porcelaines; le support du crucifix est en marbre avec des bas-reliefs de style italien, mais sans élégance, comme aussi les chapelles supérieures; devant l'autel sont dressés deux chandeliers, montés sur des lions de bronze. Le siège royal en marbre, est aussi remarquable: il est orné de sculptures qui représentent des lions et des aigles. Dans la partie du nord-ouest se trouvent les tombeaux des catholicos.

4. L'église de Saint-Serge, l'une des plus anciennes de Sis, est petite et obscure: il ne reste de l'édifice ancien que la voûte du chœur, tout le reste a été restauré en bois dans ces derniers temps.

5. Sainte-Ripsimé; est mentionnée dans le mémoire écrit sur un reliquaire en argent, en 1269:

 

... (De Sis, capitale de toutes les villes, Sous le patronage de la très-sainte Ripsimé, l'admirable!)

 

6. Saint-Jacques, l'an 1274 le prêtre Grrégoire fit écrire des hymnaires ou graduels à Garabied le scribe, fils du chevalier Thoros.

7. L'église du Saint-Esprit, «qui fut restaurée en cette année (1280), avec de belles pierres taillées par des artistes, sous la direction d'Etienne de Vahga, et aux frais et ordre du docteur Sosthenès; celui-ci était un personnage versé dans l'interprétation de l'Ecriture-Sainte, de l'Ancien et du Nouveau testament, et il excellait dans les matières philosophiques; durant le règne même de Léon, et sous le patriarcat de Jacques, personne ne le surpassa sur ce point, hormis le grand docteur Vahram».

8. L'église de la Sainte-Croix, furent écrits plusieurs livres au XIII e et au XIV e siècles; ce qui fait supposer qu'elle était une des principales églises de la ville; les personnages dont on y fait mention, sont l'archidiacre Pierre, l ' an 1319, le prêtre Constantin, fils de Pierre et de Tacouhie, et père de la Dame des Dames, qui mourut en 1323.

9. L'Eglise de Saint-Simon, le prêtre Diradour a écrit des graduels, en 1280.

10. L'église de la Sainte-Vierge, dont le chœur seulement est ancien, tout le reste a été restauré dernièrement; sur une colonne noire on voit des croix sculptées et on y lit le nom de Saint Constantin.

11. Saint-Nicolas, qu'on trouve mentionné en 1374, avec les églises de la Sainte-Croix, du Couvent du Vallon et celle de Vahga.

12. Saint-Etienne, qui est surnommé l'église du Connétable, selon l'écrivain d'un manuscrit du rituel de l'an 1345: deux siècles après, l'an 1560, un certain Vahram fils du prêtre Léon, y écrivait l'hymnaire intitulé «Les Trésors».

13. Saint-Mercure, maintenant en ruines, près des murailles de la ville.

14. Saints-Pierre et Paul, tout en ruines; je ne l'ai pas trouvée citée dans les manuscrits.

15. Saint-Athénogène, je crois que c'est la même que la Sancta-Etennacine, mentionnée dans la relation latine du concile de Sis de 1342; le curé de l'église à cette époque s'appelait Jean.

Outre ces églises qui se trouvaient dans la ville même, on mentionne encore le Couvent de Maître Paul, au sud de Sis; c'est que l'on conservait la Sainte Croix de Vanig ou Vango, et le dextre de saint Grégoire l'Illuminateur.

16. L'église de Sainte-Anne, mère de la Sainte Vierge, construite en 1422, avec le couvent, par le catholicos Paul [8] , selon le mémoire d'un écrivain contemporain.

17. Une petite église construite par la reine Zabel, est l'une des plus anciennes et antérieure à celle de Sainte Marine; à l'intérieure de la coupole il y avait une inscription: l'église a été détruite depuis par un tremblement de terre; le lieu est désigné sous le nom d' église de la reine.

18. L'église de la Sainte-Vierge-des-Trois autels, (peut-être c'est la même que celle du N. ° 10), le temple préféré de Garabied, chambellan du roi Ochine et de son fils Léon IV: souvent il allait prier; il y fit placer l'évangile relié en or, qu'il avait fait écrire et relier en Italie, à Pérouge (1314); il y avait ajouté d'autres présents encore, dont il ne restait que l'évangile et une croix, pendant que celui qui nous a transmis ces informations, désservait l'église.

19. L'Eglise du Saint-Illuminateur, parmi les trésors de laquelle se conservait la croix du catholicos Jacques II: c'était un don que la reine Mariune, mère de Constantin II, avait fait au catholicos Constantin VI.

20. Saint-Basile, bâtie par Léon le Grand, elle avait été ruinée comme toutes les autres, vers la moitié du XVII e siècle.

21. Saint-David, l'on cite un évangile, l'an 1291, qu'un certain Mikaël fit écrire «pour l'usage de son fils Garabied, prêtre vertueux, saint et dévot».

22. Saint-Jean: c'était une église ou une chapelle, se conservaient les quatre dextres, à la fin du XVI e siècle.

23. Une église dite cathédrale, construite par Basile, fils de Constantin le Bailli, qui, dit-on, était très charitable et avait offert à l'église grand nombre de fournitures, des évangiles, des habits et d'autres objets.

Le nonce Léonard de Sidon qui en 1587 visita Sis, y trouva sur pied douze églises et chapelles, outre les deux principales, celle du Saint-Sauveur et celle de Sainte-Sophie. Sans doute celle du Saint-Sauveur est celle que nous avons marquée sous le N. 1 (Etchmiadzine).

Léonard trouva ces deux dernières églises grandes et hautes, et bâties comme des forteresses. On aurait pu les restaurer, dit-il, facilement, mais les Arméniens ne le faisaient pas par peur des Turcs. Il mentionne aussi les ruines des palais du roi et de la reine, et donne en outre des renseignements sur l'étendue de la juridiction du catholicos de Sis; elle s'étendait sur 24 diocèses archiépiscopaux et épiscopaux, 20 couvents, 100 moines, 300 prêtres, et grand nombre de diacres et de clercs. Le Catholicos possédait quantité de fournitures ecclésiastiques, grand nombre d'évangiles et d'autres livres saints, mais peu de Bibles. Tout était soigneusement gardé par des prêtres choisis par le peuple. Le catholicos était élu par 12 évêques des diocèses avoisinants du siège patriarcal.

Parfois c'étaient les chefs du peuple qui proposaient à la cour la personne qui leur semblait la plus apte à remplir ce poste, après quoi on prenait le consentement des évêques; quelquefois encore le catholicos lui-même, par cause de son âge avancé, désignait personnellement son successeur; comme le fit alors le catholicos Khatchadour en choisissant Azarie pour son successeur. Il l'établit d'abord supérieur de l'église de Sainte-Sophie. Sous la juridiction du catholicos de Sis se trouvait encore, dit-il, l'archevêque de Jérusalem.

Je ne sais pas s'il y avait aux alentours de Sis d'autres couvents et d'autres lieux de piété et de bienfaisance; toutefois il y a de grande probabilité en faveur de cette hypothèse; nous en avons même la confirmation sur une plaque de marbre qui fut découverte dans le champ d'un Turc, du côté de la muraille orientale du patriarcat; le Turc brisa la pierre par fanatisme, toutefois l'inscription restera comme un mémoire vénéré de la munificence de la reine Zabel, fille de Léon. Le chroniqueur de la Cilicie dit: «La reine Zabel éleva à Sis, un hôpital ayant au milieu une piscine, dont la porte de l'ouest regarde la forteresse de Sis. On l'appelle à présent Marasdan, elle est tout en ruines; l'eau ne jaillit plus, mais sa place est évidente. Ce lieu est plein de tombeaux et encore maintenant on y enterre; dans son enceinte ne manquent pas les pauvres, les indigents ni les zingares, aussi bien que les caravanes, qui en passant, y font halte. Sur la porte on a trouvé cette inscription:

 

La construction de cet hôpital fut terminée par ordre de la pieuse reine Zabel, à sa grande gloire, dans l'ère des Arméniens 690 (1241).

 

Un certain Jacques, gardien de l'église du Saint-Illuminateur, vers l'an 1632, rapporte exactement la même inscription; il l'avait copiée, au moyen d'une échelle, et appelle ce lieu Marasdan, ce qui signifie, je crois, observatoire, du mot arabe marsad et mérassed. Si la pioche a découvert par hasard, après six cents ans, le souvenir d'une telle entreprise, combien de témoignages glorieux des œuvres de nos rois et de nos reines ne restent cachés sous la terre foulée par un peuple croupi dans l'ignorance ! Durant tant de siècles les fils ont succédé à leurs pères, les élèves à leurs maîtres, sans songer à transmettre à leurs descendants les inscriptions de tant de temples et d'édifices bâtis par leurs ancêtres; ils ont poussé l'insouciance à un tel degré que nous sommes obligés de recourir aux copies mal faites et insuffisantes d'étrangers, qui ne connaissent pas à fond notre langue, et de les passer dans notre topographie.

Les débris de cette pierre cassée confirment le témoignage des chroniqueurs sur la générosité de Zabel et sa charité envers les malades et les pauvres. Sa fille Fimi, princesse de Sidon, ne lui fut pas inférieure sous ce rapport. Après la vente de ce dernier territoire (Sidon), elle retourna chez son père et ses frères, et consolait sa tristesse en consolant les autres; selon un chroniqueur contemporain: «elle était compatissante envers tous, surtout envers ceux qui souffraient d'une maladie».



[1] Le clerc Malachie le place dans la liste des catholicos de Sis. Le même ne cite, après Etienne, que deux catholicos du nom de Jean.

[2] Cet Azarie après plusieurs aventures fâcheuses, se rendit à Rome, il mourut. De même Mathieu Sari qui, pendant le martyre du prêtre Comidas, (1701), ayant eu peur, avait failli dans la confession de la foi, se réfugia aussi à Rome et y mourut à l'âge de 92 ans.

[3] Diradour fut l'adversaire d'Azarie; Léonard, lo nonce du Pape, qui l'a connu, témoigne qu'il était l'un des plus savants docteurs de la Cilicie, et qu'il était évêque de Divrig, (Daradur Mortabitto-vartabied, nom signifiant docteur-in Diunghir); d'après sa relation imprimée. Cet Azarie I er écrivit une épître en faveur de l'union avec l'Eglise de Rome.

* Les noms portant un astérisque indiquent les catholicos qui ne furent pas reconnus légitimes.

[4] Il fut tué par les montagnards, l'an 1770, le 10 septembre, comme écrit Ephrem son neveu et son successeur, à la fin de son commentaire de Jonas.

[5] Si ce Théodore est mort en 1791, comme on le relève de l'inscription sépulcrale, il s'en suit, que Guiragos lui aura succédé avant le XIX e siècle.

[6] Je ne connais pas précisement l'année de son élévation à la dignité de catholicos.

[7] Il abdiqua et mourut en 1880.

[8] Le chroniqueur contemporain parle avec beaucoup d'éloges du catholicos, et il témoigne que, ce dernier «restaura de nouveau le siége de la capitale de la Cilicie et suivit les traces de ses ancêtres... il érigea le couvent de S. Paul au sud de Sis sous la protection de la Sainte-Croix de Vango et du dextre de S. Grégoire l'Illuminateur, et de Sainte Anne, mère de la Sainte Vierge, et l'église porte le nom de Sainte Anne... » Avec le catholicos est mentionné aussi son frère Arakel et le fils de celui-ci, Grégoire évêque de Hassenkef, et d'autres encore: on peut le voir dans l'arbre généalogique suivant:

Garabied, catholicos Arakel

Grégoire évêque de Hassenkef

Sultan, époux de Kher Khathoun

Nouradin Jean Jean Chahriar Minas, diacre Thankazize