Nous
avons
parlé
du
palais
royal
et
de
son
église,
Saint-Minas;
à
la
même
époque
est
mentionnée
l'église
de
la
Très-Sainte-Vierge
appelée
Hampére
ou
Anhampère
(patiente
ou
impatiente),
près
de
la
maison
de
Sir
Siroun,
chambellan
du
roi
Léon;
il
offrit
à
l'église
un
évangile
enluminé,
écrit
en
1297;
lors
de
l'incursion
du
Naïb
ce
livre
tomba
dans
les
mains
des
barbares,
mais
racheté
par
Basile;
secrétaire
du
roi,
il
fut
rendu
à
l'église.
L'autre
église,
celle
de
Maurote,
paraît
avoir
appartenu
aux
Syriens,
sous
le
vocable
d'
Atave
ou
Addé,
ou
d'un
autre
saint
syrien.
De
nos
jours
on
trouve
encore
deux
églises
à
Adana:
celle
de
la
Très-Sainte-Vierge,
restaurée,
et
celle
de
Saint-Etienne,
aussi
restaurée
en
1649;
mais
je
n'ai
trouvé
aucune
mention
ancienne,
ni
de
cette
dernière
ni
d'autres
églises
de
la
ville.
Il
devait
cependant
y
en
avoir
encore
d'autres;
car
nous
lisons
dans
le
mémoire
de
l'évangile
précité,
qu'il
fut
offert
pour
l'usage
des
Saintes
églises,
et
en
particulier
«pour
le
temple
de
la
Très-Sainte-Mère
de
Dieu».
Je
crois
que
le
couvent
de
Saint-Dilly,
(
Սուրբ
Տիլլի
),
mentionné
par
le
catholicos
Ephrem,
ne
doit
pas
être
loin
de
la
ville,
si
même
il
n'est
pas
dans
son
enceinte;
les
murailles
de
ce
lieu
saint
furent
reconstruites
en
1762,
par
le
catholicos
Gabriel.
Suivant
Ephrem,
l'année
où
la
peste
ravagea
Adana
et
ses
alentours,
Eliazar
II,
de
la
famille
des
Atchbah,
fut
enterré,
dans
ce
couvent.
Les
évêques
d'Adana
connus,
(anciens,
ou
modernes),
sont
bien
peu
nombreux;
en
voici
la
liste:
Etienne,
1307-16.
Jacques
1318.
Grégoire
1342.
Jacques
de
Constantinople
+
1659.
Jacques
Nordounghian
+
1728.
Grégoire
1788.
Aristaguès
1864.
Adana
paraît
avoir
embrassé
le
christianisme
dès
les
premiers
siècles,
comme
les
autres
villes
de
la
Cilicie;
pourtant
nous
n'avons
aucune
mention
de
ses
martyrs.
Le
premier
évêque
cité
est
Paulinus,
qui
assista
au
concile
de
Nicée;
ses
successeurs
sont
regardés
à
la
fin
du
VIIe
siècle,
comme
des
évêques
diocésains
de
la
métropole
de
Tarse.
Après
la
suppression
du
royaume
arménien,
en
1378,
une
tribu
turque,
conduite
par
Ramazan,
fils
de
Yourker,
s'empara
de
tous
les
lieux
habités;
elle
occupait
déjà
la
plus
grande
partie
du
territoire
et
la
garda
jusqu'au
moment
où
elle
fut
subjuguée
par
les
Turcs-Ottomans
en
1575;
toutefois
les
descendants
de
cette
tribu
se
révoltèrent
plusieurs
fois,
et
même
jusqu'à
ces
derniers
temps:
maintenant
ils
sont
connus
dans
ces
parages
sous
le
nom
de
Ramadan-oghlou
ou
Béni-Ramazan.
Le
voyageur
Bertrandon,
en
1432,
mentionne
cette
tribu;
il
attribue
à
Adana
un
commerce
assez
florissant
et
décrit
la
ville
non
loin
de
la
mer,
dans
un
district
fertile
près
du
grand
fleuve,
pourvue
d'un
pont
long
et
très
large;
il
cite
aussi
les
bains
de
la
ville
très
hauts
et
voûtés,
avec
une
ouverture
circulaire
au
sommet,
et
des
chambres
et
des
bassins
coquets
et
propres
[1].
Trente-cinq
ans
après
le
passage
de
Bertrandon,
Chah-Souar
Zulkadrien
conquit
Adana
(1467).
Vers
la
fin
du
XV
e
siècle
les
Egyptiens
s'emparèrent
de
la
ville,
et
en
abattirent
les
murailles;
mais
bientôt
après
par
traité
ils
la
restituèrent
aux
Ottomans.
Alors
les
Ramazan
y
furent
installés
gouverneurs,
et
l'embellirent
de
plusieurs
édifices;
ils
rebâtirent
les
remparts
et
y
transportèrent
les
portes
du
château
et
des
murailles
de
Sis,
qu'ils
ajoutèrent
aux
portes
du
château
d'Adana,
et
à
celles
du
pont.
Ils
construisirent
des
khans,
des
mosquées,
des
bains,
quatre
moulins
à
eau,
une
grande
machine
pour
tirer
l'eau
du
fleuve;
deux
palais,
un
jardin
d'orangers,
appelé
Sovoukh-bahdja,
des
marchés
et
des
magasins
et
plusieurs
autres
édifices.
Tout
cela
suivant
notre
chroniqueur,
qui
ajoute
qu'une
grande
partie
de
ces
constructions
avaient
déjà
disparu
au
temps
où
il
écrivait.
La
ville
eut
plusieurs
fois
à
souffrir
des
tribus
barbares,
des
tyrans
ou
des
maraudeurs:
et
notre
chroniqueur
mentionne
l'un
de
ces
derniers
du
nom
de
Thavil,
qui
«fit
cruellement
souffrir
la
ville
d'Adana».
Ce
tyran
est
cité
aussi
par
le
cathoticos
Ephrem;
qui
l'appelle
Davil.
Il
raconte
qu'en
1606,
celui-ci
«arriva
à
Adana
après
avoir
assiégé
Sis
et
Mamestie;
les
habitants
ne
purent
lui
résister,
et
après
plusieurs
combats
ils
furent
repoussés
jusqu'à
la
porte
du
pont
de
la
ville.
Là
les
soldats
de
cette
bête
féroce,
formèrent
des
bastions
et
y
posèrent
leurs
drapeaux;
ainsi
protégés
ils
lançaient
leurs
flèches.
Les
citoyens
de
leur
côté
répondirent
aux
ennemis
durant
plusieurs
jours:
mais
ils
ne
parvinrent
pas
à
ruiner
leurs
remparts
et
à
abattre
leurs
drapeaux.
Cependant
le
dimanche
des
Rameaux,
après
un
combat
terrible,
dans
lequel
les
cadavres
s'entassaient
comme
de
petites
collines,
Davil
s'empara
de
la
ville,
mais
il
n'y
entra
pas
le
même
jour;
les
chefs
et
les
notables
de
la
cité,
abandonnant
leurs
maisons
et
leurs
biens,
se
réfu-gièrent
dans
le
château.
Le
lundi
il
entra
en
maître
dans
la
ville
et
la
saccagea;
il
y
resta
trente
jours
et
partit
après
avoir
imposé
un
impôt
de
guerre
aux
chrétiens
enfermés
dans
le
château».
En
1622,
le
Sultan
Murad
IV,
se
rendant
vers
Erzéroum,
passa
par
Adana,
et
on
montre
encore
aujourd'hui
la
maison
où
il
séjourna;
mais
on
a
muré
la
porte
de
la
chambre,
comme
si
le
respect
ou
la
crainte
interdisent
d'entrer
dans
le
lieu
où
un
tel
personnage
a
demeuré.
Durant
la
seconde
moitié
du
XVII
e
siècle,
on
trouve
mentionnés
comme
personnages
notables
d'Adana,
les
seigneurs
Khatchadour
Malaboulanentz,
Sarkis
Manoug,
Youssouf
et
d'autres.
—
Au
commencement
du
XVIII
e
siècle
(1707),
le
voyageur
français
Paul
Luc,
séjournant
dans
les
faubourgs
de
la
ville,
fait
la
description
du
château,
«au
bord
du
fleuve,
ayant
300
pas
de
circuit,
fortifié
par
des
portes
de
fer,
dépourvu
intérieurement
de
tout
appareil
de
guerre,
et
contenant
une
quarantaine
de
maisons,
habitées
par
les
familles
des
soldats».
Ce
voyageur
fut
surtout
frappé
de
la
terrible
prison,
une
citerne
profonde
de
40
pieds,
et
d'une
circonférence
de
60.
Une
soixantaine
de
prisonniers,
y
étaient
renfermés,
parmi
lesquels
le
patriarche
des
Syriens
et
trois
évêques,
pour
des
questions
religieuses.
Il
mentionne
aussi
le
grand
pont
avec
ses
quinze
arches,
et
non
loin
l'aqueduc
dévasté
et
presque
ruiné
de
fond
en
comble.
Le
patriarche
(arménien)
Jacques
Nalian
parle
aussi
de
ce
pont,
mais
un
peu
différemment:
«La
chaussée,
supportée
par
les
arcades
du
pont
construit
par
les
Roupiniens,
rois
de
Cilicie,
est
admirable;
comme
ce
pont
est
au
milieu
du
vallon
où
la
boue
abonde,
il
porte,
ainsi
que
la
rivière,
le
nom
de
Kerk-guétchid
(40
passages),
et
pendant
la
crue
l'eau
passe
sous
le
pont
Blanc».
Il
semble
que
le
patriarche
confonde
le
pont
du
fleuve
Kerk-guétchid
et
le
pont
Ak-keupru
(Pont
blanc),
et
qu'il
place
la
ville
d'Adana
sur
le
Pyramus.
Au
commencement
de
notre
siècle,
le
P.
Indjidji
indique
dans
la
ville
d'Adana
des
hôtelleries,
des
marchés,
des
bains,
et
parmi
les
mosquées,
celle
qui
a
été
construite
par
les
Ramazans
appelée
Oulou-djamie;
les
grilles
de
ses
fenêtres
ont
de
beaux
ornements
en
relief.
(p.
302-
Grille
de
fenêtre
d'une
mosquée
d'Adana)
A
côté
se
trouve
une
école;
il
cite
aussi
la
mosquée
ancienne
qui
était
d'abord
une
église
dédiée
à
Saint-Jacques;
le
palais
du
gouverneur
près
du
fleuve,
et
«le
château
bâti
sur
un
roc
escarpé
avec
des
remparts
munis
de
pyramides;
et
un
pont
de
pierre
grandiose».
Au
milieu
du
marché
que
nous
avons
cité,
l'anglais
Kinneir
a
aperçu
(en
1814)
une
haute
voûte
byzantine.
Sur
le
terrain
des
bains
se
trouvent
les
débris
d'une
ancienne
église;
parmi
ces
restes
antiques
il
y
avait
une
pierre
avec
une
inscription
latine
(ou
grecque),
écrite
au
V
e
siècle;
un
Italien,
du
nom
d'Orta,
l'enleva
lors
de
la
conquête
d'Ibrahim.
A
cette
même
époque
le
château
d'Adana
fut
démoli
par
ordre
de
Méhémed-Ali,
qui
ordonna
d'y
établir
comme
gouverneur
le
turcoman
Badnidjan-oghlou,
seigneur
des
régions
montagneuses.
—
Dans
un
des
souterrains
du
château
on
avait
déposé
l'ancienne
porte
ou
grille,
que
Paul
Luc
mentionne,
et
que
Texier
même
a
vue;
c'était
un
ouvrage
curieux
de
serrurerie,
représentant
des
figures
de
lions
et
de
léopards;
ce
monument
probablement
n'existe
plus.
[1]
Bertrandon
y
vit
deux
jeunes
mahométans,
lesquels
ayant
fait
le
pèlerinage
de
la
Mecque
et
ayant
vu
le
tombeau
de
leur
prophète,
s'étaient
arraché
les
yeux
de
leurs
propres
mains.