La
rivière
d'
Erménég
descend
au
milieu
d'une
vallée
circulaire,
située
entre
celle
du
Balkéssène
et
du
Gueuk-sou,
et
son
cours
est
à
peu
près
parallèle
à
celui
de
ces
deux
dernières.
La
première
localité
importante
que
l'on
rencontre
en
descendant
la
rivière
est
Bache-keuy,
à
l'extrémité
nord
de
la
vallée,
dans
un
lieu
charmant,
bien
ombragé.
Un
peu
plus
bas,
vers
le
sud,
se
trouve
Lawsa,
avec
un
pont
sur
la
rivière
et
des
tombeaux
creusés
dans
le
roc.
C
'
est
assurément
Laüzad
des
Arméniens,
Λαύζαδος
des
Grecs:
l'un
des
sièges
épiscopaux
de
l'Isaurie
ou
de
la
Séleucie
et
de
la
Pamphylie.
Du
temps
de
Léon
I
er,
c'était
l'un
des
châteaux-forts
que
la
nature
et
l'art
avaient
à
la
fois
rendus
inexpugnables.
Son
maître,
le
Baron
Christophore,
était
grec.
Pendant
les
dernières
années
de
son
règne,
Léon
consentit
à
passer
au
sultan
d'Iconium
ce
lieu
important
ainsi
que
Loulou,
encore
plus
fort,
pour
la
rançon
de
ses
princes
captifs;
mais
ces
places
retombèrent
peu
après
au
pouvoir
des
Arméniens.
Le
susdit
Christophore
était
encore
maître
de
la
ville
de
Dimitiupolis
ou
Dometiopolis
(
Δομιτιούπολις
),
appelée
ainsi
du
nom
de
l'empereur
Domitien,
qui
y
avait
établi
une
colonie;
c'était
un
siège
épiscopal.
Elle
ne
devait
pas
être
très
éloignée
de
ces
lieux;
quelques-uns
de
nos
géographes
contemporains
la
placent
au
sud
dans
la
direction
d'Anamore.
Vers
les
bords
de
la
rivière,
s'élève
le
bourg
de
Kicheler,
où
résidait
le
chef
de
32
villages
du
district
de
Nevahii-ermen,
(Navahi-kechela
sur
quelques
cartes),
entre
les
montagnes
Altoun-tache
au
nord
et
Chahén-nour
ou
nar,
au
sud.
Plus
en
aval,
sont
indiqués
les
villages
de
Damdas
et
de
Doundéval
ou
Dindébol
[1],
qui
paraît
être
la
Dimitiupolis
citée
ci-dessus.
Près
de
ce
village,
la
rivière
est
traversée
par
un
pont;
le
grand
village
d'
Isvid
et
le
Gourgara,
sont
dans
les
environs.
A
peu
de
distance,
avant
la
jonction
de
la
rivière
avec
le
Gueuk-sou,
près
d'un
autre
petit
ruisseau,
on
arrive
à
la
petite
ville
d'
Erménég
qui
passe
son
nom
à
la
rivière
et
au
district.
Elle
est
à
une
altitude
de
1,
250
mètres;
c'est
la
résidence
du
kaïmakam
(gouverneur):
elle
n'a
que
3
à
4,
000
habitants.
Les
environs-sont
fertiles
et
couverts
de
vignes,
quoique
l'hiver
y
soit
rude
et
prolongé.
Notre
P.
Indjidji
se
basant
sur
l'étimologie
du
nom,
l'a
crue
fondée
par
les
Arméniens;
mais
cette
opinion
n'est
pas
admissible,
car
cette
ville
n'est
autre
que
Germanicopolis,
repjiavixoroXcç,
qui
fut
un
siège
épiscopal
dans
le
département
de
la
Séleucie
ou
d'Isaurie.
Après
la
domination
des
Byzantins
ce
lieu
passa
à
nos
Roupiniens,
qui
l'appelèrent,
avec
un
petit
changement,
Germanig.
Le
maître
de
ce
lieu,
à
la
fin
du
XII
e
siècle
et
au
commencement
du
XIII
e,
s'appelait
Halcam,
Հալկամ;
il
possédait
encore
Lamos
et
Anamour.
Le
château,
sur
le
plateau
qui
domine
le
mont,
au
pied
duquel
s'étend
la
ville,
fut
peut-être
bâti
par
lui-même
ou
par
quelque
baron
de
sa
famille.
On
y
voit
un
escalier
taillé
dans
le
rocher,
qui
part
du
fond
du
vallon
et
mesure
presque
1,
500
pieds
de
long.
Cet
escalier
a
été
ruiné
et
détruit
en
partie
par
un
tremblement
de
terre,
et
le
château
est
inaccessible,
mais
les
chambres
ou
les
refuges
taillés
dans
le
roc
sont
visibles
d'en
bas.
De
la
cime
d'un
autre
rocher
jaillit
une
source
dont
les
eaux
traversent
la
ville.
On
voit
à
Erménég
des
restes
de
monuments
romains.
Les
environs
sont
très
agréables,
grâce
à
une
abondante
végétation:
nous
citons
en
note
quelques
espèces
de
plantes
[2].
Durant
les
premières
invasions
des
Tartares,
les
Turcomans
vinrent
se
réfugier
dans
les
environs
d'Erménég,
et
selon
les
historiens
Turcs,
demandèrent
à
leurs
maîtres
chrétiens,
de
s'y
établir
et
de
cultiver
la
terre,
promettant
de
payer
la
dîme.
Quelques
années
après
(1228)
Alaïeddin-Kaïkobat,
sultan
d'Iconium,
s'empara
de
Germanig
et
en
confia
la
garde
à
l'un
de
ses
capitaines,
Kémer-uddin.
Trente
ans
après,
Karaman
étant
devenu
le
plus
fort,
conquit
la
place
avec
le
consentement
du
sultan
Azeddin-kaïka
ü
ze
II,
et
fut
surnommé
Bey
d'Erménég.
Ochine,
maître
de
Coricus,
s'empara,
dit-on,
de
toute
l'Isaurie,
au
commencement
du
XIV
e
siècle;
mais
je
ne
saurais
affirmer
qu'il
ait
conquis
Erménég.
L'allemand
Sch
ö
nborn
traversa
ce
lieu
en
1851,
mais
à
cause
d'une
indisposition
il
ne
put
hasarder
l'ascension
au
château.
Il
trouva
le
village
très
pauvre
et
délabré,
les
maisons
de
terre
dépourvues
de
vitres,
les
étages
tout
en
bois,
les
chemins
très
étroits
et
obscurs.
Il
y
aperçut
une
seule
mosquée
et
un
minaret,
peu
de
magasins
et
aucun
marché.
Il
compte
2,
700
habitants,
parmi
lesquels
très
peu
d'Arméniens
et
trois
Grecs
seulement.
En
1876,
un
autre
voyageur
européen
y
a
trouvé
trois
Arméniens
et
un
seul
Grec,
tandis
que
Davis
en
1875
y
a
compté
1,
200
maisons
avec
3
ou
4,
000
âmes,
ce
qui
ne
s'accorde
guère
avec
le
nombre
des
maisons.
A
l'est
de
ce
village
on
voit
d'anciens
tombeaux
portant
des
croix,
une
vingtaine
de
sarcophages
creusés
dans
la
pierre,
quelques-uns
ayant
au
devant
des
sièges
en
pierre
et
des
cavités;
plusieurs
restent
découverts.
Quelques-uns
s'élèvent
à
une
hauteur
de
sept
pieds,
d'autres
sont
très
bas,
d'autres
encore
sont
creusés
dans
des
endroits
presqu'inaccessibles,
sur
les
revers
des
rochers;
quelques-uns
sont
taillés
en
forme
de
voûte,
les
autres
tout
simples
et
plats.
On
a
découvert
seulement
deux
inscriptions
grecques,
presqu'entièrement
effacées
et
illisibles.
Sur
la
pente
de
la
montagne
on
a
taillé
une
espèce
d'escalier
pour
monter
aux
sarcophages.
Sur
un
rocher
on
remarque
les
restes
d'une
chapelle
avec
des
peintures
presque
effacées.
[1]
Peut-être
c'est
le
même
que
celui
que
Davis
écrit
Durndal,
p.
358.