Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  A six kilomètres au nord d'Alaya, sur une haute colline conique, on voit les ruines d'une ville fortifiée, celles d'un joli temple, des sculptures et des inscriptions, qui n'ont cependant pas fait découvrir le nom de la ville. Plusieurs croient y retrouver Laërte ( Λαέρτης ), naquit Diogène; car les anciens géographes la posent près de Coracésium au nord, et la description de Strabon offre de la ressemblance avec la colline sont ces ruines.

A quelques lieues à l'est d'Alaya, Beaufort remarqua les ruines de huit villes et villages, analogues à ceux de l'ouest; presque tous au sommet de collines plates et entourés de faibles murailles. Dans plusieurs, on trouvait des maisons encore debout, avec des ornements en rouge, et des pierres de taille enchâssées dans les murs des maisons même les plus ordinaires; ce qui indiquait qu'elles avaient été bâties sur des villes plus anciennes. Une de ces localités est à vingt kilomètres à l'est d'Alaya, sur une colline plus haute et difficile à gravir; selon les géographes anciens, elle doit être la ville de Syedra ou Sydrée, ( Σύεδρα ), dont le nom a été conservé jusqu'aujourd'hui pour la rivière et le village de Sédra. Cette ville de Syedra fut un des sièges épiscopaux de la province de Pamphylie. Dans notre division, nous la considérons, ainsi que d'autres auteurs, comme actuellement en dehors de la Pamphylie: d'ailleurs les frontières des deux pays, de Pamphylie et de Cilicie, ne furent jamais fixes, et les savants mêmes ne sont pas d'accord.

Entre les villes de Laërte et de Syedra, on indique plusieurs rivières: à l'embouchure de l'une d'elles se trouve le village de Navli, à 120 stades de Sélinte, suivant un auteur ancien; ce doit être sans doute le bourg ou le château de Naghlon, dont le seigneur était Kir-Vart, que nous avons déjà cité comme possédant encore le château de Yotapée. (p. 375- Yotapée, reine des Euphratéens )

Les savants modernes indiquent à l'est de Syedra, les ruines de la ville de Yotapée, ( Ιωτάπή ): suivant nos anciens auteurs elle était près de Sélinte. On y trouve aujourd'hui des monnaies de cette ville frappées du temps des empereurs Philippe et Valérien, avec l'inscription ΙΩΤΑΠΕΙΤΩΝ. On croit qu'elle fut ainsi appelée du nom d'une reine qui était à la fois sœur et femme d'Antiochus IV, roi des Comagéniens, dits aussi Euphratéens. Leur fille Youtape épousa Alexandre, fils de Tigrane, de la famille des Hérodes. Je ne sais par quelles relations avec les Arméniens, ce nom de Tigrane étaitentré dans leur famille. Les empereurs romains avaient accordé à ces derniers (Alexandre et Youtape) la principauté des lieux que nous sommes en train de décrire [1] . (p. 375- Yotapée la Jeune et Alexandre, fils de Tigrane )

Quelques-uns pensent trouver dans ces parages le Château des Lombards, que nous avons nommé plus haut; mais les lieux les plus importants pour nous, sont les châteaux de Naghlon et de Youtape, car c'étaient les places les plus à l'ouest parmi les possessions des Arméniens de Sissouan.

Outre ces deux châteaux, Kir-Vart possédait encore le château de Sainte-Sophie, dont la position m'est entièrement inconnue: toutefois il ne devait pas être loin des précédents, ni de Calonoros.

Près de Syedra et de Youtapée passent les rivières qui descendent des monts Imbarus. La première s'appelle Dim-tchay, suivant Tchihatcheff; son cours est très rapide; on y a construit un pont de pierre. Derrière cette rivière se dresse la montagne Djébel-Réis, et l'on aperçoit plusieurs débris d'édifices anciens sur les collines des environs. La deuxième se nomme Thestel-tchay (?); la troisième, un peu plus loin, Thédéré-tchay ou Carki-djag? Le cours de cette dernière est plus fort et son lit plus large: l'espace qui les sépare est sabloneux et couvert de ruines de monuments anciens. La quatrième est le Sidaré: après vient un petit ruisseau qui forme un étroit vallon couvert de verdure, près duquel on voit Imamlou, village de la province Itch-éli, et à l'ouest un autre village maritime appelé Dumalan. A l'est de ces deux villages, coulent le Boutchak ou Délidjé et le Kutchuk-tchay; ces deux ruisseaux forment des vallons étroits au milieu de rochers escarpés logent des oiseaux de proie et des aigles.

Près du dernier de ces ruisseaux coule le Séléndi-sou, qui passe près du village du même nom à une demi-heure de la mer. On remarque près de les ruines de l'ancienne Sélinus, Σελινου ̃ ς, dont les habitants sont appelés Sélinontins ( ΣΕΛΙΝΟΝΤΙΩΝ ), sur les monnaies. (p. 375- Monnaie de Sélinus ) Les ruines de cette ville couronnent un promontoire escarpé, dont le château d'un aspect morne, surplombe verticalement la mer. L'extrémité occidentale du rocher est séparée par une muraille, munie d'une tour à chacun de ses angles; elle descend du château jusqu'à l'embouchure du fleuve; au delà des murailles on voit des traces d'anciennes maisons; et entre le pied de la colline et la rivière, on remarque les ruines de quelques vastes constructions dont la plus remarquable est un édifice massif, voûté et carré, presque de 70 pieds long sur 50 de large. Un escalier étroit parallèle au mur conduit à une plate-forme, sur laquelle on ne voit point de ruines, mais tout porte à croire que cette construction fut autrefois l'emplacement d'un édifice splendide, dont il ne reste que des fragments de colonnes habilement travaillées. Un autre monument de construction postérieure était sans doute joint à l'autre; on en voit encore les restes, et sur l'une des façades on déchiffre l'épitaphe d'un certain Christion, fils de Rhestus. On remarque encore d'autres monuments funéraires, et un édifice carré près de la rivière, ayant de chaque côté une rangée de 30 colonnes brisées, et dont le péristyle mesure presque 255 pieds de diamètre. Plus en aval de la rivière on trouve les restes d'un petit théâtre, de bains et d'un long aqueduc ruiné, dont les arches traversent la rivière et aboutissent à une colline: sans doute l'eau de la rivière n'étant pas bonne, parce qu'elle passe au milieu de sédiments calcaires, on en aura fait venir de loin. Parmi ces ruines on pourrait peut-être retrouver le mausolée en l'honneur de l'empereur Trajan, qui, selon plusieurs auteurs, mourut dans cet endroit, en 117: de le nom de Trajanopolis donné depuis à la ville: cependant dans la statistique ecclésiastique un des diocèses d'Isaurie ou de Pamphylie s'appelait siége de Sélinus. (p. 376- Sélinus = Trajanapolis ) Il est certain que les cendres de l'empereur furent transportées à Rome, il fut enterré sons la magnifique colonne qui aujord'hui encore porte son nom. Dans cette vallée de Sélinte, sur la rive droite de la rivière, il y a encore les villages d' Ekmék-kuey de Madjar-kuey et de Bazardjik.

Toutes ces localités, qui se trouvent entre la mer et les monts de marbres blancs ou noirs de la Cilicie Trachée, sont très agréables et très fertiles. Le sol est couvert de myrtes, de carroubiers, de figuiers, de lentisques, de platanes, de lauriers-roses, de citronniers, d'orangers, de palmiers, de différents arbres fruitiers et de vignes avec des raisins à gros grains et très doux, dont se nourrissent les oiseaux, surtout les faisans. Au milieu des jardins et des vignes, apparaissent plusieurs maisonnettes blanches; leur position et la beauté du panorama ont fait comparer ces lieux, par un explorateur, aux plages admirables d'Amalfi près de Naples. C'était aussi l'avis de Corancez: de même le sobre Beaufort frappé de la beauté de ce spectacle, écrit, après l'avoir vu pour la première fois: «The evening was clear, and this spot afforded a beautiful prospect. We could trace the coast that had been already explored, to an immense distance; the plain, with its winding rivers and ruins, was spread out like a map at our feet and behind all, a prodigious ridge of mountains, whose black sides, having already lost the evening sun, formed a singular contrast with their snowy tops. We had also a distinct view of the island of Cyprus rising from the southern horizon, though not less than seventy miles distant».

Beaufort remarqua encore au sud-est du rocher sur lequel est bâtie la ville, plusieurs tombeaux avec des inscriptions grecques, dont quelques-unes sont enrichies de bas-reliefs et de lettres rouges de forme ancienne. On y voyait encore des sarcophages voûtés, et dans l'un il y avait une niche qui portait un buste d'homme et un lion, et entre les deux, une inscription. Il trouva aussi les monuments élevés par un certain Julius Céler et celui de Julienne de Brimille et de sa famille. Quelques géographes placent dans ce lieu le château des Lombards.


[1] Visconti, Iconographie grecque, III, 223.