La
ville
de
Corycus
était
célèbre
non
seulement
pour
ses
fortifications,
mais
encore
pour
son
commerce.
On
trouve
dans
les
archives
de
Gênes
un
écrit
du
22
octobre
1268,
dans
lequel
il
est
affirmé
que
Lucchetto
Grimaldi,
amiral
des
Génois,
avait
capturé
dans
le
port
de
Corycus
(in
porto
Curchi)
un
navire
marchand,
dont
l'équipage
était
composé
de
marins
de
diverses
nationalités,
parmi
lesquels
se
trouvaient
aussi
des
Arméniens,
entre
autres
l'arménien
«Monsor
Erminium
hominem
regis
Armeni
æ
et
habitatorem
Ayacij,
in
nomine
suo
proprio
et
nomine
Vasachi,
Baharam,
Barsomi,
Michaeli,
Macheroti,
David
et
Joseph
Azizi
et
Musant
fratrum
de
Ayacio,
hominum
dicti
Regis,
quorum
dicit
se
procuratorem»
[1].
Les
Génois
durent
payer
une
indemnité
de
22,
797
besants
arméniens
et
7
kardèze,
après
quoi
ils
reçurent
une
quittance
à
Ayas,
le
6
octobre,
1271,
dans
la
chancellerie
royale,
avec
le
témoignage
des
Barons
Sébé
(Sempad?)
et
Michel.
On
cite
encore
durant
le
règne
de
Léon
II
et
de
Héthoum
II,
des
navires
de
commerce
de
l'Occident
dans
le
port
de
Corycus.
A
un
autre
navire
qui
transportait
des
tapis,
spécialités
de
Corycus
(Carpita
di
Curcho),
on
déroba
une
balle
appartenant
à
Quatrelingue
commerçant
marseillais
(1294-5).
Selon
un
autre
manuscrit,
le
2
septembre
1295,
le
même
armateur
fut
dépouillé
par
quatre
galères
vénitiennes,
qui
stationnaient
dans
le
port
de
Corycus.
Le
droit
de
douane
que
nous
avons
mentionné
durant
le
règne
de
Léon
le
Grand
subsista
aussi
sous
les
autres
maîtres
de
Corycus,
comme
l'indique
Héthoum
II
dans
son
Chrysobulle
aux
Vénitiens,
en
1307.
De
même
lorsque
les
Arméniens
eurent
livré
Corycus
aux
Chypriotes,
un
certain
Sempad,
en
1367,
demanda
à
Pierre,
roi
de
Chypre,
l'administration
de
Corycus,
pour
recevoir
les
impôts,
qu'il
faisait
monter
à
trois
ou
quatre
mille
ducats
par
an.
Après
l'abandon
de
Corycus
par
le
roi
Constantin,
la
tribu
de
Karaman,
aidée
par
d'autres
princes
maritimes
coréligionnaires,
s'empara
de
cette
place,
et
ruina
les
faubourgs
de
la
ville;
les
habitants
s'enfuirent
dans
les
deux
châteaux,
fortifiés
et
appelèrent
à
leur
secours
Pierre
I
er,
roi
de
Chypre
(1361).
Machau
raconte
ainsi
l'événement:
La
prist,
par
force
et
par
maestrie,
Un
chastel
qu'on
appeloit
Courc.
Si
vous
en
dirai
brief
et
court:
Li
chastiaus
fut
subjet
au
Turs,
Grans
et
puissans,
fors
et
seurs
De
fosséz,
de
tours,
de
muraille.
Mais
à
l'espée
qui
bien
taille
Versa
tout,
comble
et
fondement.
Là
se
porta
si
fièrement
Que
tout
fu
mort,
quan
qu'il
trouva.
Les
habitants
de
Corycus
célébrèrent
une
grande
fête
pour
avoir
recouvré
la
liberté,
et
introduisirent
dans
l'église
Robert
de
Lusignan,
messager
du
roi.
Dans
cette
église
on
honorait
une
image
miraculeuse
de
la
Sainte
Vierge,
qui,
dit-on,
avait
guéri
le
Karaman,
aveuglé
par
la
colère
divine.
Les
Karamans
firent
une
nouvelle
invasion
au
commencement
de
l'an
1367;
au
nombre
de
45,
000
hommes
ils
vinrent
assiéger
le
château
de
Corycus.
Un
Arménien
s'empressa
d'en
avertir
le
roi
Pierre,
qui
envoya
son
frère
Jacques;
celui-ci
aperçut
les
Karamans
qui,
campés
sur
les
monts
voisins,
battaient
le
château
avec
des
balistes.
Le
chef
de
la
garnison
avait
envoyé
six
fois
des
messagers
pour
demander
le
secours
du
roi.
Jacques
avait
avec
lui
six
navires
bien
armés,
600
soldats,
300
archers,
et
de
nombreux
chevaliers,
dont
Machau
donne
les
noms.
A
leur
vue
les
Karamans
firent
descendre
la
moitié
de
leur
armée
entre
le
château
et
la
montagne.
Les
Chypriotes
débarquèrent,
le
28
février,
et
entrèrent
dans
le
château;
durant
deux
jours
les
deux
camps
se
battirent
et
bien
des
hommes
tombèrent
des
deux
côtés.
Pendant
que
les
Chypriotes
envoyaient
leurs
navires
pour
embarquer
d'autres
troupes,
les
Karamans
se
hâtèrent
d'approcher
les
balistes
du
château:
les
assiégés
sans
perdre
de
temps
se
partagèrent
en
trois
corps,
assaillirent
l'ennemi
et
s'emparèrent
de
leur
camp,
le
7
mars.
Les
Karamans
revinrent
à
la
charge
le
jour
après,
mais
après
avoir
combattu
avec
acharnement,
ils
furent
forcés
de
céder
le
terrain.
Jacques
renouvela
la
garnison
du
château
et
retourna
à
la
cour
de
son
frère.
Machau
raconte
au
long
et
au
large
tous
ces
faits
en
1200
vers.
Un
autre
historien,
Strambaldi,
dit
qu'avant
l'arrivée
des
Chypriotes,
les
Karamans
s'étaient
rendus
maîtres
de
la
grande
tour
qui
était
construite
sur
le
rocher
près
du
puits
[2].
Un
autre
historien,
Bustron,
ajoute
que
parmi
les
Chypriotes
un
certain
Cavalli
voulut
se
révolter
et
remettre
les
clefs
du
château
aux
Karamans;
mais
à
l'arrivée
des
32
galères
du
roi
de
Chypre,
le
traître
fut
pris
et
décapité
à
Satalie.
Les
premiers
jours
d'avril
1374,
Léon
de
Lusignan,
élu
roi
des
Arméniens,
venant
de
Chypre,
débarqua
à
Corycus,
acompagné
de
sa
mère
et
de
sa
femme.
Constantin,
commandant
du
château
et
seigneur
de
Pragana,
les
reçut
avec
honneur,
et
selon
l'ordre
du
roi
de
Chypre,
les
laissa
séjourner
dans
l'île.
Il
chercha
cependant
à
les
livrer
aux
Turcs,
qui
étaient
alors
maîtres
de
la
ville
de
Tarse;
et
fit
en
outre
parvenir
d'étranges
nouvelles
au
roi
de
Chypre,
sur
le
compte
de
Léon.
Celui-là
envoya
sans
retard
un
navire
pour
reprendre
ce
prince
et
le
ramener
en
Chypre.
Les
marins
trouvèrent
Léon
entouré
de
braves
gens
et
furent
obligés
de
retourner
en
arrière
pour
prendre
un
autre
navire
armé.
Mais
pendant
ce
temps
Léon
pria
le
chef
du
château
de
lui
prêter
une
galère;
celui-ci
refusant
d'accéder
à
ses
demandes,
Léon
s'adressa
à
l'évêque
et
aux
notables
du
bourg
et
fut
enfin
exaucé;
il
partit
pendant
la
nuit
et
débarqua
vers
l'embouchure
du
Sarus,
et
de
là
il
se
rendit
à
Sis.
L'historien
Dardel
rapporte
que
le
château
était
alors
muni
d'un
grand
nombre
d'archers
et
de
soldats
capables
de
manier
les
balistes.
Léon
lui-même,
après
sa
captivité,
racontait
aux
Français,
à
Paris,
que
le
château
de
Corycus
était
fort
et
inexpugnable,
et
qu'on
ne
pourrait
s'en
emparer
que
par
la
trahison
ou
la
famine
[3].
[1]
C'est
ainsi
qu'il
est
écrit
dans
l'acte
notarié
à
Gênes,
le
22
octobre
1268.
Dans
un
autre
document
écrit
le
6
octobre,
1271,
à
Ayas
on
trouve
les
signatures
à
Ayas,
de
Mansor,
Vasac,
Daud,
Barsoma,
Vaaram,
Phatios
(Thadée?)
Michel
Mathias,
Joseph
Altusbochet?,
Nichifor,
Stefam
Aachim,
Soliman
Benerazim,
Georges
Musant,
Abdolazis;
on
voit
bien
que
ces
derniers
étaient
des
Syriens
et
des
Arabes.
—
Mas
Latrie,
Hist.
de
Chypre,
II,
74-9.
[2]
Trovarono
il
castello
assediato
con
gran
multitudine
di
Turchi,
e
havevano
preso
la
Torre,
che
era
fabricata
sopra
la
rocca,
appresso
il
pozzo,
fuori
del
Castello.
—
Strambaldi.
[3]
Adonc
fut
demandé
au
Roi ...
Et
cette
ville
de
Courch,
en
Arménie,
est-elle
forte?
—
M'aist
Dieu,
ois,
dit
le
roi
d'Arménie,
elle
ne
fait
pas
à
prendre
si
ce
n'est
pas
long
siége
ou
qu'elle
soit
trahie;
car
elle
sied
près
de
mer
à
sec,
et
entre
deux
roches,
lesquelles
on
ne
peut
approcher;
et
si
est
Courch
très-bien
gardée.
—
Froissard.