Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  Chacune des nations que nous avons désignées plus haut, avait son quartier et sa paroisse. Quelques-unes avaient leur église, leur four, leurs magasins et le palais du chef de leur nationalité, qu'on appelait Consul, mot qui fut adopté par les Arméniens et transformé en Kountz, գունց, ou Vicaire, վիգայր. L'habitation des consuls s'appelait Logia ou Lobium, et l'endroit ils rendaient leurs jugements était désigné sous le nom de Curia. Il est fait particulièrement mention des palais des consuls génois, vénitiens et placentins.

Les Génois avaient une église sous le vocable de Saint Laurent, , plus tard, le pape Jean XXII, voulut transférer l'archevêque latin de Mamestie, sous l'autorité spirituelle duquel étaient les occidentaux ou latins de la Cilicie: c'était en 1322; mais les Génois s'y opposèrent formellement, alléguant que ce temple était leur propriété. On cite quelques-uns des prieurs de cette église Priores Sancti Laurentii: le prêtre Michel, en 1274; Jacques, en 1279; et les prêtres Jean et Jacques, dans la même année. C'est dans cette église qu'étaient enterrés les Génois décédés à Ayas, ainsi que l'attestent leurs testaments. Ils payaient pour le terrain de leurs tombes, 20 nouvelles pièces arméniennes.

Les consuls Génois à Ayas qui ont signé les testaments connus et d'autres documents d'archives, sont les suivants:

1270. Giacomo Pallavicino.

1273? Gregorio Ocelli. + mort avant l'an 1274.

1274. Filippi Tartaro.

1279. Leonin de Nigro.

1288. Benetto Zaccaria.

Ce dernier est nommé dans le décret de Léon II, qui lui accorda de grandes faveurs et diminua les taxes, comme nous le verrons plus loin dans l'original, en faveur «de son vrai et fidèle cher Sir Benetto Zaccaria pour les marchands génois».

Au nombre des constructions, on cite encore, en 1279, le Magassenum Communis Januœ, et les fours des particuliers; par exemple, celui d'un certain Bacon Zebe, celui de Guililemo Grifon, et celui de la femme d'un Guilielmo Strejaporco ou Stregghiaporto ou Salvatico [1] , en 1289, que Héthoum II, au commencement de son règne, restitua aux génois, sur la demande de Benetto Zaccaria [2] .

Les Vénitiens avaient aussi leurs Domus Communis Venedarum [3] , à Ayas. Elle leur avait été offerte d'abord par Héthoum I er, en 1261, comme nous l'avons vu plus haut. Ils avaient aussi leurs marchés et tous les bâtiments qui étaient nécessaires à leur nombreuse colonie de marchands, qui faisaient continuellement des échanges commerciaux avec les Arméniens, les autres peuples de l'orient et leurs concitoyens. Leur église était dédiée à Saint Marc et leur avait été donnée, en 1271, par Léon II, afin qu'ils y prient pour lui et pour ses défunts, comme le dit le roi lui-même, dans le décret qui leur en confère la propriété [4] . Leur cimetière se trouvait probablement près de cette église. Ce cimetière étant devenu insuffisant, en raison du grand accroissement des membres de la colonie, en 1320, ils demandèrent à y ajouter une partie d'une maison [5] , ce qui leur fut accordé par la Cour. Le gouverneur et chef des Vénitiens portait le titre de Balio; il remplissait ses fonctions avec l'aide de quelques conseillers qui lui étaient adjoints, et, tant qu'Accon demeura ville libre, il dépendit du bailli de cette dernière, duquel il recevait aussi un traitement de 400 ou 600 besants. Lorsque le bailli était obligé de se rendre auprès du roi des Arméniens, il recevait un besant d'or de plus par jour.

Voici quels sont ces baillis d'Ayas qui sont nommés dans les décrets du Sénat de Venise et dans divers autres documents [6] , de l'an 1274 à l'an 1334.

1282-3. Marino Badoero.

1285.  Leonardo Gizi.

1288.  Marco Siniolo.

12... Giovanni de Canali.

1290.  Pancrazio Giustino.

1293. Enrico Delfino.

1296-99. Marino Siniolo.

1300.  Paolo Quirino.

1302-3. Andrea Sanudo.

1304.  Giovanni Premarino.

1306-9. Nicol ò Morosino.

1310-12 Gregorio Dolfin.

1312-14. Thomaso Soranzo.

1313-16. Giustino Giustinian.

1317-18 Filippo Barbarigo.

1318-19. Beletto Dandolo.

1320-22. Giovanni Caroso

1326. Biagio Malipiero.

1327. Marco Erizzo.

1328-30. Pietro Bragadin.

1333.  Le même.

1333-1334. Marino Grimani.

On retrouve encore des pièces postérieures de dix ou quinze ans concernant les relations des Vénitiens avec les Arméniens; mais aucune d'elles n'est particulièrement relative à Ayas.

Pendant ces soixante années d'administration des procureurs ou baillis vénitiens à Ayas, bien des faits se sont accomplis. Les Arméniens et les Vénitiens y resserrèrent leurs liens d'amitié, cependant des actes et des démonstrations d'hostilité troublèrent aussi de temps à autre la bonne harmonie qui existait entre ces deux peuples, et il nous serait pénible de les approfondir et de les rappeler tous ici. Nous nous croyons obligés cependant de parler de ceux qui intéressent l'histoire d'Ayas, afin de faire apprécier l'état de ses relations avec les étrangers qui s'y étaient fixés.

La ville d'Ayas ayant été presque complètement détruite et aucune inscription arménienne n'y ayant été retrouvée, nous ne pouvons préciser la situation des palais et des autres principaux édifices des Vénitiens et des Génois, bien que l'on sache exactement qu'ils se trouvaient près du port et de la Citadelle. Nous pouvons en dire autant quant à ceux des colonies des autres peuples des Villes Libres; on cite entre autres une Lobia Placentinorum, dès l'année 1279.

C'est à cette époque que Guglielmo Nigro, procureur de la Societas Bagarotorum de Placentia, donna en présence de six ou huit de ses compatriotes, un récépissé de la dite Société à un autre compatriote (Durans); et qu'un certain Manfredus Napacius, délivra à un certain Palmerio Coadagnello l'acquit d'une livraison de savons et d'étoffes, se montant à la somme de 172 1/2 besants sarrasins arméniens. En 1295, le consul des Placentins s'appelait Ioannes Bordi. En 1294, un certain Giacomo Fontana, marchand de Plaisance, fut dépouillé par les Vénitiens dans le porc d'Ayas.

Parmi les Consuls de Pise, on nomme de 1300 à 1304, Bindon Seccamerende ou Sichamengi. Il est bien évident que tous ces consuls avaient des résidences fixes. Trente ans avant, en 1274, il est fait mention d'un certain nombre de négociants de Pise à Ayas, dont la plupart résidaient dans la maison d'un Nicoloso de Murta, dont l'épouse Francha Dighina [7] , paraît être arménienne.

Les Pisans empruntaient les nouvelles monnaies arméniennes et s'engageaient à les changer contre des besants égyptiens, lorsqu'ils se rendraient en Egypte avec des chargements de bois ou d'autres marchandises.

Dans les Archives et dans les mémoires on retrouve les traités que ces divers peuples ont conclu avec nos rois, et les privilèges dont ceux-ci les favorisèrent. On retrouve, par exemple, les souvenirs des traités passés avec les Florentins en 1335; avec les Siciliens en 1331: avec les marchands de Montpellier en 1314 et 1321, et ceux de la Catalogne, en 1293. Ces derniers avaient leur bailli ou consul à Ayas, et, dans une pièce d'archive, écrite au palais du consul des Génois, en 1274; le prêtre espagnol Pierre-Jean a signé de son nom. Ce prêtre n'était pas venu , sans doute, comme un simple voyageur, il s'y était établi.

Ce sont les Siciliens, à cause de la grandeur et de la puissance de leur royaume, qui furent les plus honorés et les plus favorisés par nos rois, à Ayas. On leur a mandé des ambassades à plusieurs reprises. Lorsque Léon IV devint parent de la famille royale de Sicile, en épousant la fille de Philippe, prince de Tarente, qui était devenue veuve du Roi de Chypre, il exempta d'impôts, en 1331, les marchands siciliens [8] .

* In nomine Patris et Filij et Spiritus Sancti. Amen.

Leo fidelis in Jesu Xro, per gratiam et misericordiam ejus Rex omniun Armenorum, filius bon æ memori æ Regis Armeni æ Ossini Primi, potens et alterius de pr æ clara et bona radice Armenorum [9] . Notumsit omnibus nobis presentibus et futuris; quia sicut est et fuit consuetudo primorum Regum fidelium in Xro Jesu beatorum parentum nostrorum et nostrarum, honorare omnes largis gratijs, estraneos et intrinsecos sive intraneos, de abundantibus Gratijs Nobis datis et concessis de super, illis qui petunt a Nobis, dare et concedere volumus Gratias; Eodem autem modo venerunt coram nobis dilecti et famosi habitatores Sicili æ, et petierunt Gratias Regi æ Mayestati Nostr æ dispergere inter nostros communiter. Nos autem reputavimus dignum. facere eis Gratias fidem spem eorum; et de his qu æ pebierunt a nobis et concessimus omnibus Sicilianis sive Siculis qui sunt veri Siculi et filij Siculorum, et qui venturi sunt. Quod sint dilecti honorati conservati salvati provisi ipsi personaliter, et eorumdem bona a Nostra Regali Mayestate et ab omnibus obedientibus Nobis; et quod habeant et habere debeant libertatem et franchitiam in Regno Nostro: Videlicet, quod quicquid de Mari sive per mare ad terras Nostras portabunt, et quicquid de Terra extradent et portabunt per mare vendendo et emendo in terra Nostra, scilicet de illis mercimojis, mercantijs et rebus qu æ intrabunt sive ponderabunt in bilancijs sive statera ponderis, dabunt et solvere debeant duos pro quolibet centenario, et nihil plus dabunt; quia donavimus eis et illis rebus sive de illis rebus ac omnibus alijs qu æ non intrabunt in bilancijs sive ad pondus bilanciarum, et non ponderabuntur in vendendo et emendo, liberi sint et esse debeant franci et exempti ab omni drictu et dohana, pr æ ter Senceragium, quem volumus quod dent et solvant et dabunt.

Et volumus sub promissione et pacto, quod si aliquis Sicilianus sive Siculus venerit ad terram Nostram cum aliqua navi, sive cum a ligno alio ligno ejus manerciei(?) sit et portabit aliquas res sive mercantias alterius universitatis sive Communitatis, francando et expediendo illas mercantias et res tamquam de mercantijs et rebus Siciliani sive Siculi, quod si reperiatur et inventus fuerit, ille talis Siculus faciens talia, perdat et perdere debeat suam franchitiam et libertatem.

Et si erit discordia sive comptentio inter Siculos sive Sicilianos, vel inter Siculum et Armenum seu aliam nationem, cognoscant et justitiari faciant per Curiam Nostram contra delinquentes.

Et si aliquis Sicilianus fecerit aliquod damnum in terra Nostra sive in populo nostro et nostris habitationibus, explorando et expoliando, vel aliquod alium damnum faciendo, si damnificatus erit Burgensis aut habitator terre Nostre, vadat et ire debeat coram Curia Nostra, et ostendat et ostendere debeat damnum sibi datum, per querimoniam; tunc Nostra Curia vocet de Siculis illis qui reperiuntur in terra nostra, et probato quod damnum passum contra Siculum damnificantem, tunc Siciliani sive Siculi inventi in Terra nostra, obligati sint quod ipsi debeant describere in Siciliam et mictere literas in hunc modum dicendo: Quod, talis Siculus sive Sicilianus fecit tale damnum tali homini in tali loco, et quod damnum, et nominet quantitatem rerum; et detur terminus unius anni istis inventis in terra Nostra, vel quod restituant infra terminum damnum passo sive damnificato, vel quod faciant coram damnificante, duci personaliter coram Curia Nostra tum rebus, aut restituant damnum passo, aut faciant tantum quod ille qui fecit damnum respondeat coram Curia Nostra habente de presenti: et quando significata fuerit per Sicilianos predicta indictio, et infra terminum nec damnificator compareat aut res acceptas mictat, tunc dicti Siculi sive Siciliani qui invenierunt in Terra Nostra tunc temporis, erunt obligati et satisfacient damnum passo, tantum quantum eorum Siculum fecerit et commisivit damnum dicto habitatori Nostro dict æ Terr æ Nostr æ, in presentia Curi æ Nostr æ.

Et illi dilecti Siculi habitatores Terr æ Nostr æ qui sunt et qui erunt Siciliani et filij Siculorum, qui etiam sunt et venturi sunt, obligati erunt observari nobis fidelitatem et erga Regiam Mayestatem Nostram, et post Nos heredibus et successoribus Nostris; et nunc prout ex tunc Nostra recta et integra dilectio et fidelitas toto posse suum in Terra et in Mari Nobis et populo Nostro ubicumque inventi fuerint, sit et esse debeat sine aliquo dolo et fraude: ex nunc nullus habeat potestatem de his qui obediunt Regi æ Mayestati Nostr æ ad minorem usque ad mayorem facere contra aliquos Sicilianos aut violentias aut injuriam inferre, vel petere alicui Siculo, aut exigere aliquod tributum sive damnum; sed obedire omnibus mandatis regalibus nostris. Et remaneant firma omnia et singula, sicut superius concessimus, contrarietate nulla opposita ab iliquo.

Preterea concessimus eis Nostrum eccellens Sigillum et gratiosum Privilegium; et propter majorem firmitatem manu subscriptum per nostrum chirografum rubeum Sigillum aureum per Regalem Bullam auream in honorem Dei.

Datum a Nativitate Domini Nostri Jesu Xri, anno M. ° CCC. ° XXX. et a mayore computo Armeni æ Septingentesimo octuagesimo, Inditione Romanorum Decimaquinto, mensis Novembris die XXIIIJ. ° Anni Settisato [10] , per procurationem Basilij Servi Dei Concessoris Gratijs suprascriptis.

+ Leo Rex omnium Armeniorum (in rubeo) [11] .

Suprascriptum et extractum fuit predictum Privilegium de armenico in latino per me Nuncium Deotisalvi de Callio Notarium publicum, secundum interpretationem factam per Dominum Fratrem Thadeum Episcopum Occichensem, fidelem Interpretem, de verbo ad verbum interpetrantem et dicentem mihi et narrantem omnia et singula supradicta, nihil addito vel diminuto quod sensum variet et mutet intellectum predicti Domini Fratis Thadei: in presentia Testium infrascriptorum; Qui Dominus Frater Thadeus Episcopus Occichensis sedens pro tribunali, quia dictum Exemplum cum Originali in omnibus concordare invenitur, suam authoritatem imposuit atque decretum, ut ubique hoc Exemplum plenam fidem faciat sicut Originale predictum.

Acta fuerunt h æ c in Civitate Sissij, in domo habitationis dicti Domini Fratris Thadei; anno Domini a Nativitate ejus M. CCCXXXIJ°, Inditione XV. a, die VI. a mensis Januarij: Presentibus...

(Desunt nomina).

Ego Nuncius Diotisalvi de Callio, Imperiali authoritate Notarius ac Judex ordinarius, predictum Exemplum de originali, hic + fideliter transumpsi et exemplari, ut predictum est, et interpositione dict æ authoritatis et decreti una cum dictis Testibus interfui, et ea omnia de verbo ad verbum in hanc publicam formam redegi, meoque solito signo signavi, et robur plenissimum omnium predictorum, etc.

Ex originali conservato in Thesauro Privilegiorum Senatus nobilis Urbis Messan æ, Regni Sicili æ primari æ, extracta est pr æ sens copia, solitoque Senatus inpsius sigillo in pede munitum.

Messan æ, secundo Martij, 3. e Inditionis, 1605.

Don Franciscus Papardo pro Regio Magistro Notario.

Et ego Doctor Petrus de El Hoyo Inquisitor contra hereticam pravitatem, vidi Privilegium seu Salbaguardiam Originalem de qua istud sumtum fuit, cum suo Sigilo aureo pendente Regis Leonis Armenorum, Missane, et scio reconditum fuisse in archivo scripturarum civitatis Missan æ.

Facta hec certificatio mea manu propria, Messane, tercio die marci, milesimi sexcentesimi quinti.

Doctor Petrus de El Hoyo Hispanus contra...

Moi Don Barthélémy Abgarien [12] , descendant de la souche de ce roi, affirme ce qui est écrit.

A la fin de la copie on lit:

Siculorum Franchitia in Armenia de rebus emendis et vendendis.

 

On ne peut douter qu'à part les associations commerciales et les colonies dont nous venons de faire mention, il n'y ait eu encore d'autres trafiquants particuliers et qu'il ne soit venu à Ayas des navires d'autres nations. A l'appui de ce que nous avançons, nous rapporterons ici un passage d'une chronique de l'an 1271:

«Un grec portant le nom de Bedinafente, nom qui, au dire de l'auteur de la chronique nous puisons, signifie (l' Enfant-seigneur)... homme rempli de piété, de sagesse et d'amour pour Dieu, marin et capitaine accompli, nous entretint à Æ géa (Ayas), dans l'église de Dieu, qui est appelée Saint Lazare... de la question du mélange de l'eau dans le Calice de la messe... tout ce qu'il nous dit, il l'avait vu de ses yeux et entendue de ses oreilles, dans la ville royale, depuis son extrême jeunesse jusqu'à son âge avancé. Lorsqu'il nous parla, il était fort vieux. Cet homme prenait grand soin des pauvres, les traitait avec affection et humilité et leur distribuait des larges aumônes. Il était de Constantinople. C'est, les larmes aux yeux, qu'il nous raconta de tristes événements, etc». Cette modeste chronique nous donne au moins le nom d'une église, Saint Lazare, à Ayas.

Quelques-unes de ces colonies de trafiquants avaient en même temps des « Discargatorium (Templi) » [13] , c'est-à-dire des échelles à eux propres, sur les quais d'Ayas; ainsi les chevaliers du Temple en possédaient un. Les Vénitiens qui y venaient en si grand nombre et avec de fortes cargaisons de marchandises, voyant que la place qui leur avait été assignée dans le port, devenait trop exiguë et ne leur suffisait plus, furent obligés de demander la faveur, qui leur fut accordée, en 1320, de décharger leurs vaisseaux sur la splaja, que les Arméniens appelaient le Yalon, Եալոն ou Yalou, Եալու , ainsi que le désigne le décret de Léon IV, en employant le mot grec. C'est ce nom qui est actuellement en usage chez les Turcs: ces derniers disent yali.


[1] Sa fille, appelée la Comtesse, vendit en 1300, la moitié de cette propriété et mit  en location l'autre moitié, pour subvenir à la célébration des noces de sa fille.

[2] Dans les Archives de l'Orient-Latin (Tome I, p. 434-534), un savant génois, le chev. Cornelio Desimoni, a publié une collection de 170 Actes notariaux génois, passés à Ayas dans les seules années 1274 et 1279; dans lesquels sont cités des centaines de personnages de plus de 40 villes d'Italie, de France, d'Espagne, Malte, Chypre, Candie, Négropont, etc.

[3] J'ignore si c'était cette maison ou une autre qu'habitait le bailli. Le Sénat de Venise avait plusieurs fois décrété la restauration de cette demeure; il envoya même pour en payer les frais, une fois 5, une fois 6, une autre fois 12 liras grossorum, dont chacune valait 10 de leurs pièces d'or. Un des baillis avait porté de Venise les bois et charpentes nécessaires à la construction de cette maison, en 1299.

[4] «Et nos octroyons et donons en Layas la Cité, une yglise, et che il tiennent prestre à servir l'iglyse, en memoire de nos et de nos morts». Pour la restauration de cette église, en 1314, le Sénat vénitien décréta de donner 10 grosses de lires, presque douze cents francs de notre monnaie actuelle.

[5] Le mot est écrit masenum dans le décret de Léon IV; et dans les Archives latins, Masgnellum, Mansionile, et, dans les Archives français, Maisnil.

[6] Dans les documents de deux seules années (1327-8) j'ai noté les noms de 80 Vénitiens à l'Ayas.

[7] Frank-khatoun (Dame ou  Dighine,  Ֆռանգ խաթուն ou Տիկին ) est un nom  propre en usage dans la Grande Arménie et veut dire Dame Franque ou Française.

[8] Nous avons assez de preuves et de documents pour ne pas douter des relations amicales de nos rois avec la cour de Sicile. Ces relations ont commencer déjà sous le règne de Léon I er. On trouve en effet cette phrase dans un court compte-rendu de la mission de Héthoum-Héli, envoyé par Léon comme ambassadeur auprès de l'empereur d'Allemagne: « Quand nous naviguions vers les Pouilles »; on comprenait alors sous ce nom, la Sicile et la Pouille.

Ces relations se resserrèrent de plus en plus sous la dynastie des princes de la maison d'Anjou, et dans la suite. On ne trouve pas moins de trois ambassades spéciales mentionnées dans le court espace de cinq années (1278-128?). La première, en 1278, fut confiée à Vahram Latif, majordome (Dapipherus) de la maison du roi d'Arménie, Léon II. Le roi de Sicile lui remit pour son maître quatre destriers de guerre avec leur complet harnachement et des chiens: Cum quatuor equis ad arma, canibus, quos etiam Regi transmittimus: le tout représentant une valeur de 60 onces d'or; à cette époque l'once d'or équivalait à peu près, comme métal, à quatorze francs.

Le roi de Sicile donne à Léon le titre d'«Illustris Regis Armenie et carissimis affinis nostris»; je ne sais la raison de cette dernière appellation; peut-être le roi fait-il allusion au mariage de Narjaud de Toucy, amiral sicilien, avec Lucie, fille du prince d'Antioche et de Sibile, fille de Héthoum I er.

La seconde ambassade fut conduite par Vassag, et la troisième, par Guillaume d'Antioche, avec trois compagnons: ils séjournèrent plus de six mois à Naples, aux frais de la cour de Sicile, qui eut à payer 23 onces d'or pour leur entretien. A leur départ il leur fut octroyé, comme à leurs devanciers, libre choix des ports et des navires sur lesquels ils désireraient s'embarquer.

Ces relations devinrent encore plus intimes par plusieurs alliances de famille. Après la mort de sa première femme, notre roi Ochine épousa la princesse Jeanne (Anne ou Irénée), fille de Philippe, prince de Tarente; Léon IV étant resté veuf de Zabel, fille du bailli Ochine, suivit l'exemple paternel et épousa en secondes noces Constance ou Eléonore, fille de Frédéric I er, roi de Sicile, et veuve aussi de son premier mari, le roi de Chypre: c'est pourquoi dans son privilège aux Siciliens, Léon donne à Frédéric le titre de père. Le texte original arménien du dit privilège se conservait avec sa bulle d'or dans les archives de Messine; j'ai peur cependant qu'il n'ait été détruit ou perdu dans les dernières révolutions de cette ville, mais nous l'avons heureusement publié dès 1847, dans notre journal le Polyhistore, et aussi dans le Cartulaire de V. Langlois, avec la traduction française. Maintenant nous allons reproduire ici, l'ancienne traduction latine, avec les noms du chancelier et de l'ancien traducteur (l'évêque Frère Thadée) et d'autres témoins. Cette charte ou privilège était connue vers la fin du XVIIe siècle, par notre Chroniqueur, le Clerc Malachie, qui écrit: «L'an 780 (1331), le roi Léon IV, fit des conventions et des traités avec les Francs Siciliens, pour le commerce, et pour leur exemption de la taxe due au roi» (d'Arménie).

[9] Sans doute faute du copiste; car le texte arménien porte: Rupinorum.

[10] Pro Hanes (Johannes) Iritzantz.

[11] Le notaire, probablement le même Diotisalvi, au bas du document fait la description de la bulle d'or du roi  Léon, en ces termes: «In nomine Domini Nostri, etc. Hoc est ex emplum cujusdam Privilegij scripti in armeno, cum quandam Bulla aurea pendenti in filo serico; in qua quidem Bulla ab una sculpta (sic) erat qu æ dam imago Regis et litere dicentes: Leo Rex omniun Armenorum, et ab altra parte erat sculptus quidam leo cum quadam cruce super dorsum, et h æ c litere dicentes, Leo per dei   GRATIAM Rex Armenorum. Cujus Privilegij transumpti de armenio in latino tenor talis est».

[12] C'est-à-dire Abgar de Tokat, le célèbre éditeur arménien du XVI e siècle. Barthélémy était un prêtre distingué à la cour de Rome, au commencement du XVIIe siècle; je ne sais comment il se trouvait d'être d'origine royale: mais aussi son parent Sultanchah, fils d'Abgar, est intitulé de la souche ou d' issue royale.

[13] Dans un édit écrit à Ayas, le 11 février 1279.