Comme
édifices,
monuments
et
lieux
publics
d'Ayas,
—
à
part
une
place
où
se
trouvaient,
dit-on,
les
maisons
d'un
nommé
Guiglelmo
Strejaporchi,
—
on
ne
trouve
de
cité
ni
dans
les
pièces
des
Archives
de
l'occident,
ni
dans
celles
de
nos
rois,
que
le
palais
royal:
«
Domus
Regis
Armeniœ,
in
castro,
ante
Portam
»
[1].
C'est
là
que
se
faisaient
les
offres
d'achat,
que
se
concluaient
les
ventes;
c'était
là
aussi
que
se
trouvaient
les
Palais
de
justice:
le
premier
était
appelé
«
Curia
Regis
Armeniœ
».
Ce
tribunal,
à
ce
qu'il
paraît,
était
divisé
en
deux
départements,
l'un
appelé
Curia
Ducalis
et
l'autre
Balia
Regis.
A
Ayas,
le
mot
duc
paraît
avoir
été
en
usage
à
la
place
du
mot
Connétable
des
Arméniens.
En
effet,
dans
un
écrit
de
1304,
dans
le
texte
latin
(car
l'original
arménien
est
perdu),
Baron
Toros
est
signé
de
cette
manière:
Baronus
Torocius,
Conestabuli
Ducha,
pro
domino
Rege,
in
Lajacio.
Dans
cette
Curia
royale,
il
y
avait
outre
les
ministres,
secrétaires
et
interprètes,
une
école
de
la
langue
latine,
où
les
édits
qui
se
conservaient
dans
les
archives,
presque
toujours
étaient
traduits
de
l'arménien
dans
cette
langue,
alors
universellement
comprise
des
Occidentaux.
Il
y
avait
aussi
des
interprètes
pour
le
français,
l'italien
et
l'arabe,
ainsi
qu'en
témoignent
les
décrets,
édits,
etc,
écrits
en
ces
dernières
langues.
En
1274,
le
professeur
de
langue
latine,
ou
plutôt,
comme
il
est
dit,
de
grammaire
latine,
était
le
Magister
Filippus
Soldanus,
doctor
gramatice;
il
demeurait
dans
le
palais.
Dans
le
cours
de
la
même
année,
on
cite
un
autre
italien,
nommé
Pierre,
comme
maître
de
grammaire.
Quelques
années
après,
en
1318,
le
pape
Jean
XXII
y
envoya
quelques
Dominicains
pour
enseigner
la
langue
latine,
ainsi
que
nous
l'atteste
sa
lettre
écrite
d'Avignon,
le
8
juin
de
cette
même
année,
au
roi
Ochine
[2].
Parmi
les
secrétaires
pour
la
langue
latine
à
Ayas,
on
trouve,
en
1274,
Guillelmus,
Canzelerius
Domini
Regis
Armenie.
Le
même
ou
un
autre
du
même
nom
est
encore
cité,
en
1304,
Guillelmus
Drugomanus
Curie,
Thoma
de
Tripolis,
dragoman
du
roi
Ochine.
L'évêque
Thadée
qui
devait
appartenir,
lui
aussi,
à
l'ordre
des
Frères-Prêcheurs,
est
cité
également
comme
secrétaire,
en
1331.
Les
deux
principaux
fonctionnaires
d'Ayas
étaient
les
deux
gouverneurs
des
forts,
appelés
dans
les
vieux
documents
Chevitaines
ou
Cevetaines,
en
français,
et
Capitani
en
latin.
En
1304,
les
Chevitaines
étaient
le
Baron
Licus
et
le
baron
Calojan;
le
premier
avait
le
commandement
du
fort
de
terre,
le
second,
celui
du
fort
maritime.
Celui-ci
était
appelé
Minaban,
du
mot
arabe
mina
qui
signifie
Intendant
du
port.
On
choisissait
pour
occuper
cette
charge
des
hommes
les
plus
fidèles
et
les
plus
capables,
car
la
prospérité
du
pays
dépendait
de
leur
administration.
La
même
année,
je
ne
sais
pour
quelle
cause,
les
Vénitiens
vinrent
à
se
brouiller
avec
les
Arméniens
et
surprirent
ceux-ci
au
dépourvu
et
à
l'improviste.
Les
matelots
des
deux
galères
d'Andrea
Sanudo
et
de
Paolo
Morosini,
assaillirent
le
fort
de
terre,
le
pillèrent
et
lui
prirent
tout
ce
qui
s'y
trouvait
déposé,
entre
autres,
les
effets
(robes)
du
précité
Bindon
Seccamarende,
consul
de
Pise,
évalués
à
1214
nouvelles
monnaies.
Les
Vénitiens
furent
contraints,
le
5
septembre
1307,
par
ordre
royal,
à
restituer
le
tout
à
la
Curie,
en
présence
du
duc
Toros
et
des
deux
gouverneurs
des
forts
et
d'autres
témoins,
dont
l'un
était
Vassil
le
Tabernarius.
L'acte
de
restitution
fut
légalisé
par
«
Gabriel
de
Perone,
Notarius
publicus
Communis
Janue
et
Domini
Regis
Armenie».
Parmi
les
biens
appartenant
au
Trésor
royal
et
qui
avaient
été
emportés
du
fort,
il
y
avait
des
baldaquins
de
haute
valeur,
(car
on
exigea
pour
les
rembourser
18,
535
pièces
de
monnaie),
des
armes
et
des
armures,
pour
1096
pièces,
et
d'autres
objets
appartenant
à
différents
personnages
[3].
Tout
l'acte
qui
contient
la
liste
des
objets
à
rembourser,
fut
rédigé
en
langue
italienne,
et
le
roi
d'Arménie
(Léon
III
ou
Héthoum
II)
l'envoya
aux
Vénitiens.
Le
Reçu
est
en
français;
il
porte
la
date
du
30
mai
1307,
et
la
signature
du
Grant
Signor,
qui
paraît
être
Héthoum
II,
le
tuteur
du
Roi-Enfant.
Après
cela,
les
Vénitiens
demandèrent,
dans
la
même
année,
de
nouvelles
faveurs,
qui
leur
furent
accordées
par
la
Cour.
On
dit
qu'ils
n'avaient
pas
encore
d'église
à
Sis.
Le
roi
leur
promit
qu'aussitôt
l'arrivée
du
bailli,
il
leur
désignerait
un
endroit
convenable
pour
la
construire
[4].
Ils
demandèrent
aussi
la
permission
de
faire
transférer
quelque
chose
de
Sis
à
Ayas.
Je
crois
qu'il
s'agissait
simplement
du
transfert
d'un
procès
pendant
au
tribunal
de
Sis:
La
cosa
de
Sisa
debbia
vegnir
a
Lajaza.
Le
roi
promit
de
faire
également
droit
à
cette
demande,
au
retour
du
bailli.
Dix
ans
auparavant,
en
1294,
un
autre
acte
de
piraterie
avait
été
commis
dans
les
eaux
d'Ayas
par
quatre
galères
vénitiennes
qui
avaient
dépouillé
le
navire
d'un
marchand
de
Marseille
nommé
Pierre
Quatrelingue.
Cela
avait
donné
lieu
à
des
longs
procès
et
occasionné
bien
des
écritures
[5].
Un
événement
qui
fit
encore
plus
de
bruit
ce
fut
le
combat
qui
eut
lieu
entre
les
Vénitiens
et
les
Génois,
que
notre
historien
Héthoum
dit
avoir
eu
lieu
le
2
juin
1293:
«Douze
galères
des
Génois
assaillirent,
devant
Ayas,
trente-deux
galères
et
des
taritas
vénitiennes.
Les
Génois
prirent
(aux
Vénitiens)
vingt
quatre
galères».
Les
Vénitiens
s'en
vengèrent
quelques
années
plus
tard,
en
détruisant
le
comptoir
des
Génois.
Quelques
années
après
que
le
roi
Henri
de
Chypre
eût
été
délivré
de
captivité,
en
1310,
alors
que
la
haine
des
Arméniens
n'était
pas
encore
éteinte,
un
Génois
nommé
Emmanuel
Marabot,
après
avoir
commis
des
vols
dans
la
ville
de
Paphos,
dans
l'Ile
de
Chypre,
se
réfugia
à
Ayas.
Les
Chypriotes
le
poursuivirent
et
exigèrent
du
Minaban
arménien
qu'il
le
leur
rendit.
Mais
quand
ils
virent
que
celui-ci
prenait
le
parti
du
Génois,
ils
n'osèrent
plus
insister,
et
s'en
retournèrent
chez
eux.
[1]
«In
castro
ante
portam,
loco
ubi
Curia
tenetur».
Langlois
a
pris
Portam
pour
Portum,
croyant
qu'il
s'agissait
du
port.
Dans
un
autre
document,
il
est
écrit:
prope
Portam.
[2]
Proponimus
viros
religione
claros,
devotione
gratos,
et
scienti
æ
decor
æ
venustos;
videlicet
Fratrem
Raimundum
Stephani,
Ordinis
Pr
æ
dicatorum,
et
quosdam
alios
suos
socios;
qui
subjectum
tibi
populum
verbo
salutifer
æ
pr
æ
dicationis
instruant...
et
latini
sermonis
peritiam,
functi
prœceptoris
in
officio,
gratis
atque
copiose
diffundant.
—
Epist.
Johan.
XXII.
[3]
Par
exemple:
ceux
d'Ochine,
frère
du
roi
et
seigneur
de
Gaban,
et
plus
tard
roi;
ceux
d'Ochine,
Vassilentz,
de
Vassil
Kir-Sahaguentz,
du
prêtre
Vassil,
de
Tros
Joachim,
de
Theros
Paitarus,
de
Grégoire
Lazare,
de
Constance
Vassarabam,
de
la
princesse
Rita,
etc.
-
Il
s'y
trouvait
aussi
un
coopertorium
blanc,
un
guarnacium,
une
çupam
de
çendato
carmesi,
et
des
messara,
qu'un
certain
Guérin
Pantaléon
avait
donnés
à
Toros
Janni,
pour
300
pièces
de
monnaie
qu'il
lui
devait.
—
Marino
Sinioli,
devait
au
baron
Ochine,
pour
le
compte
des
Vénitiens,
quarante
sept
mille
et
quelques
dizaines
de
pièces
de
monnaie.
[4]
Un
décret
du
Sénat
de
Venise,
12
août
1814,
acquiesça
à
la
demande
du
bailli
et
offrit
une
somme
d'argent
pour
la
restauration
de
l'église.
[5]
On
fait
encore
mention
d'une
plainte,
en
1331,
d'un
Tomasino
Fontana
de
Plaisance,
qui
avait
été
volé
par
les
Vénitiens,
à
Ayas.