Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Le même pape Jean, ne se contenta pas d'expédier au roi les trente mille pièces d'or que l'on sait; il fit prêcher une nouvelle Croisade qui devait porter secours aux Arméniens. Après bien des lettres, envoyées l'une sur l'autre par le pape, les rois de France, de Navarre, de Bohême et d'Aragon, adhérèrent à la croisade. Mais une question d'argent s'éleva entre ces rois, et, le roi de France ne se décidant pas, l'affaire traîna en longueur et finit par échouer. Cette lenteur dans la formation de l'expédition et la nouvelle d'une autre croisade, exaspéra le sultan et ses coreligionnaires, les Turcs et les Karamans, et les décida à porter encore une fois l'invasion en Arménie. Les habitants d'Ayas, de leur côté, exaspérés de la piraterie continuelle des musulmans, massacrèrent, en 1335, les paysans et les esclaves qui se trouvaient dans la contrée [1]. Ce massacre rendit furieux les Egyptiens qui dirent aux Arméniens: «Vos Ayassiens ont tué nos paysans et nos esclaves, nous nous vengerons contre vous tous; et nous vous massacrerons tous». En même temps le bruit courait que «cent mille Turcs marchaient contre Sis» [2].

En effet, la même année, au mois d'août, mois pendant lequel le roi Philippe de France devait s'embarquer pour l'Orient, les Egyptiens entrèrent en Sissouan et s'emparèrent de presque toutes les villes. Pendant deux ans ils semèrent la désolation sur le territoire arménien, jusqu'à ce que Léon se fut déterminé à envoyer des ambassadeurs au sultan pour lui demander s'il voulait lui laisser le pays en échange de tributs et de sommes d'argent. L'Egyptien, excité par l'émir d'Alep, commandant de ses armées, ne voulut rien entendre. Enfin Léon, fort affligé, et— d'après les paroles de son ministre Vassil «réduit au désespoir, se soumit à la volonté du sultan et lui  livra toute la contrée à l'est du fleuve Djahan, avec ses forteresses et la glorieuse Ayas qu'il avait reconstruite avec tant d'or». Ce fait désastreux s'accomplit l'an 1337 ou 1338. Les deux forts d'Ayas et les forteresses de Haroun, de Covara, de Sarouantikar, de Hamousse, et celle de Noudjéiman, passèrent aux Egyptiens par traité. Le chroniqueur contemporain, Nersès Balon, s'exprime ainsi: «Les troupes du sultan d'Egypte et le tyran émir qui s'appelait Mélik-omar, vinrent en Cilicie, avec seize mille cavaliers et assiégèrent la ville d'Egéa, c'est-à-dire Ayas. Ils ne s'en allèrent pas avant qu'on leur eût livré la ville et tout le pays compris entre le fleuve Djahan et le territoire des Arabes, pays se trouvaient des châteaux ou places fortes, au nombre de quatorze, ayant chacune leur seigneur. On les abandonna aux Arabes volontairement et par traité». Un autre auteur d'annales prétend qu'il y avait seize châteaux dans cette contrée.



[1] Khadimi Turcs, selon le chroniqueur.

[2] C'est un moine du couvent arménien de Jérusalem, qui écrit cela.