Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  De toutes les villes de Sissouan, sous les rois de la dynastie roupinienne, aucune n'a rendu autant de services à notre pays, la capitale mise à part. Sis et Ayas! ces deux noms retentissent ancore à l'oreille des savants et dans le cœur des Arméniens. Quand la première fut perdue, nous avons vu quelle immense affliction en ressentit l'évêque Zacharie et comment il l'a pleurée dans son patriotisme; mais quand la seconde tomba, qui donc a fait entendre de pareils cris de douleur!

On pourrait appliquer à Ayas les paroles d'Ezéchiel sur la ruine de Tyr, cette autre reine des mers voisine d'Ayas; on n'aurait qu'à changer les noms et à retrancher les quelques lignes, le fils de Bouze pleure l'infidélité et l'impiété de Tyr; car, Ayas resta chrétienne jusqu'à sa fin; aussi Celui qui relève les empires, fera-t-il peut-être un jour revivre cette glorieuse cité du royaume de Sissouan, dont le souvenir du moins, ne s'effacera jamais ni de la mémoire de ceux qui s'intéressent aux questions historiques, ni surtout du cœur des Arméniens.

Rappelons ici qu'avant le développement et le renom d'Ayas, sous l'influence des Arméniens, un autre port célèbre était fréquenté par les Occidentaux; il se trouvait entre Ayas à l'ouest, et l'embouchure du Djahan à l'est, à égale distance, environ 15 kilomètres de ces deux points. On lui donnait le nom latin de Portus Palorum ou Portus de Pallibus; en-italien, Porto Pali ou Palli, Altipalli; en français, Pals ou Port des Paus et même Plas. Il est mentionné dans tous les itinéraires du XIV e siècle; mais comme toutes les cartes maritimes ne l'indiquent pas, aujourd'hui plusieurs explorateurs doutent de son existence. Toutefois les archives de Gênes l'ont certifiée: on a trouvé dernièrement la mention de ce lieu dans des actes notariés datant du milieu du XIII e siècle, et même de l'an 1300. C'était un port florissant, et les commerçants italiens y faisaient de grandes importations et exportations. Sanudo dans sa description des côtes arméniennes indique distinctement sa position. Ce port était, au dire d'un français du XIII e siècle, si vaste et si sûr que tous les navires du monde y auraient pu hiverner [1] . Certains Italiens l'ont appelé Porto Paglia (Port de la Paille). Dans les actes mentionnés cidessus, il est appelé clairement, «Port des Arméniens ou du roi des Arméniens, Portus régis Armeniœ [2] ou Portus de Pallibus Erménie » [3] . (p. 473- Galère du célèbre voyageur Marco-Polo)

Il y avait encore un autre port près d'Ayas, appelé Porto de Pagani, dans lequel en 1310, les Arméniens obligèrent les navires des Chypriotes de s'arrêter pour attendre, leur roi Henri. Le roi Ochine alla à la rencontre de ce dernier jusqu'au village d'Armavounie. (FI. Bustron).

Les environs d'Ayas, autrefois si peuplés et florissants, sont aujourd'hui déserts. Tout autour s'étend un vaste espace plat presque inculte, surtout du côté oriental. Cette plaine est désignée sous le nom d' Ayas-ovassi ou Touchoum-déré-ova; les Turcomans y ont quelques pâturages, des champs d'orge et des plantations de coton.

A quelques heures de distance au nord, en face des montagnes de Messis, on rencontre une chaîne de collines, qui ceint la plaine, et de laquelle descendent plusieurs petites rivières qui se jettent dans la mer. On n'indique au milieu de ces collines qu'un seul village arménien, ( Magaré?, selon M. Favre).


[1] «Là ou toutes les naves dou monde porroient yverner».

[2] Acte notarié, scellé à Ayas, le 27 février 1274.

[3] Acte notarié, scellé en février de 1300, à Famagouste, en Chypre, d'où un certain Salvino Bava devait transporter sur son bateau, nommé Branca de Castro, au dit port des Arméniens, 100 sommes de blé, évalués à 11, 500 drams arméniens.