Redescendons
maintenant
vers
les
plages
de
la
mer,
dans
la
plaine
de
Djeguère,
si
nous
pouvons
ainsi
nommer
cet
espace
étroit
et
resserré
entre
la
mer
et
les
montagnes.
Le
nom
de
Djeguère
n'est
mentionné
que
sous
le
règne
de
Léon
le
Grand;
il
doit
provenir
d'un
château
inexpugnable,
dont
l'emplacement
reste
aujourd'hui
inconnu;
on
n'en
a
plus
entendu
parler
depuis
plusieurs
siècles;
cependant
un
nom
se
rapproche
de
celui
de
Djeguère:
c'est
celui
de
Djaver
qu'on
donne
à
une
montagne,
située
au
nord
d'Alexandrette.
Le
château
de
Djeguère
est
mentionné
pour
la
première
fois
vers
la
fin
du
règne
de
Roupin,
frère
de
Léon:
Roupin
dut
donner
ce
lieu
pour
sa
rançon,
avec
Thil
et
Sarvantikar.
Lors
du
couronnement
de
Léon,
le
seigneur
de
Djeguère,
était
un
certain
Aust
de
Tibérie
ou
seigneur
de
Tibériade;
ce
devait
être
évidemment
un
Français
ou
un
Allemand.
Dans
l'histoire
imprimée
de
Sempad,
on
trouve
écrit
Oster,
dans
le
texte
latin
des
Chrysobulles
de
Léon,
de
1214,
nous
trouvons
Hostius
de
Tibériade.
Durant
cette
même
année,
Djeguère
dut
être
confisqué
par
la
cour;
car
Léon
donna
en
gage
aux
Hospitaliers,
toute
cette
province
pour
deux
ans,
comme
garantie
des
20.
000
besants
qu'il
leur
avait
empruntés,
afin
de
doter
sa
fille
Ritha,
fiancée
au
roi
de
Jérusalem,
Jean
de
Brienne.
En
1216,
dans
un
mémoire,
la
province
de
Djeguère
est
dite
«sur
les
rivages
de
la
mer».
Dans
l'acte
d'engagement
de
Léon
(scellé
à
Tarse
le
23
avril),
on
trouve
désignées
par
leurs
noms
dix
places
qui
furent
cédées
aux
Hospitaliers
avec
la
province,
comme
patrimoine
propre
du
roi
et
de
ses
barons,
«Qu
æ
mea
sunt
et
fidelium
Baronum
ac
aliorum
hominum
meorum».
Ces
localités,
en
grande
partie
inconnues,
sont:
Payas
ou
Abaessa,
Agnias,
Lacrat,
Gardessia,
Jucuteman,
Jugmelic,
Keniz,
Jugmarzeban
et
le
port
de
Calamella,
que
nous
avons
déjà
décrit.
Le
dernier
de
ces
villages
seul
est
connu
maintenant
par
son
nom
et
sa
position,
et
il
est
appelé
Chouk-Mérzivan
ou
Tchok-Merzémén,
ce
qui
indique
qu'on
devrait
prononcer
Chouk
ou
Djoug
et
non
point
Youg;
je
ne
connais
pas
la
signification
de
ce
mot.
Ce
village
est
bâti
au
pied
des
montagnes,
au
bord
du
fleuve
Déli-Tchay;
on
dit
qu'il
est
formé
par
un
groupe
de
150
maisons
d'Arméniens.
On
y
voit
aussi
des
ruines,
comme
dans
la
bourgade
d'
Odjacli
[1]
au
nord,
où
se
trouvent
120
maisons
arméniennes
et
aussi
au
sud
près
du
village
de
Kuzali
ou
Guzelli;
encore
plus
au
sud,
se
trouve
la
principale
bourgade
de
cette
région,
Yuzerlik
ou
Yuzler,
avec
120
maisons
arméniennes;
cette
bourgade
tire
peut-être
son
nom
de
celui
du
district
d'
Azir,
عزير
qui
comprend
toute
une
province
selon
l'administration
ottomane.
Je
crois
qu'elle
peut
être
identifiée
avec
la
bourgade
Assarlek;
elle
fut
attribuée
par
Yurker,
père
de
Ramazan,
à
la
tribu
turque
de
Kouzoun
comme
station
d'hiver
[2].
Au
nord
on
voit
le
village
de
Tchay-kuey,
avec
une
population
arménienne
de
presque
100
maisons.
Selon
les
voyageurs
arméniens,
dans
les
quatre
villages
susdits:
Erzen,
Odjakli,
Tchok-Merzémén,
et
Yuzerlik,
et
les
deux
bourgs
de
Bahtché
et
d'Eybèze,
on
compte
en
tout
environ
1200
maisons
d'Arméniens.
[1]
Favre
et
Mandrot
écrivent
Anjakle,
et
croient
que
l'autre
village
fut
appelé
Guzelli
à
cause
de
la
beauté
de
ses
environs.