La
localité
la
mieux
connue
dans
la
province
de
Djeguère,
soit
dans
les
temps
anciens,
soit
de
nos
jours,
c'est
payas,
qui
se
trouve
près
d'un
petit
ruisseau,
portant
le
même
nom,
et
que
les
Turcs
aussi
appellent
Payas;
les
Grecs
et
les
Romains
lui
attribuaient
le
nom
de
Baïae,
Baiae.
Cette
ville
par
sa
position
et
son
nom,
rappelle
la
magnifique
cité
italienne
de
la
Campanie;
elle
est
entourée
d'arbres,
et
comme
la
ville
italienne,
elle
avait
dans
les
temps
anciens
des
bains,
dont
elle
a
tiré
son
nom.
Cependant
ni
sur
les
monuments,
ni
dans
les
livres,
nous
ne
trouvons
de
souvenirs
anciens.
On
y
remarque
deux
châteaux,
mais
ils
ne
sont
pas
cités
avec
ceux
de
notre
roi
Léon.
On
pourrait
aussi
se
demander
s'il
ne
faudrait
pas
identifier
Payas
avec
Djeguère
[1].
Dans
le
mémorial
d'un
rituel,
écrit
dans
cette
même
localité,
il
est
dit:
«Aux
plages
de
l'océan...
dans
le
village
appelé
Payas,
sous
la
protection
de
la
Très-Sainte
Mère-de-Dieu
et
d'autres
saints».
(p.
496
-
Fac-similé
tiré
d'un
rituel
écrit
à
Payas
en
1216
[2]
)
Aujourd'hui
Payas
est
une
bourgade
petite
mais
jolie,
avec
un
château
fort
et
une
mosquée
ancienne
assez
remarquable;
(p.
495-
Mosquée
à
Payas)
on
y
voit
aussi
un
marché
construit
en
pierre
et
couvert
d'une
toiture,
des
bains,
et
une
hôtellerie
avec
une
fontaine.
Le
petit
château
est
une
élégante
construction
polygonale,
bien
fortifiée,
et
bien
conservée;
on
le
dit
construit
au
XVI
e
siècle,
par
le
pacha
Khanzadé-Sakalli-Mehemmed,
vizir
du
sultan
Soliman
II.
A
une
demi-lieue
de
distance
se
trouve
le
port,
près
duquel
il
y
a
un
petit
château
carré
et
un
hameau.
Mais
il
y
a
encore
un
autre
village
du
même
nom,
à
une
lieue
au
nord
du
bourg,
près
d'un
petit
ruisseau;
c'est
actuellement
la
résidence
du
gouverneur
des
environs.
On
dit
que
l'empereur
Héraclius
débarqua
dans
ce
port
quand
il
marcha
contre
les
Persans,
et
que
c'est
aussi
là
qu'il
se
rembarqua.
(p.
496
Fac-similé
[3],
tiré
d'un
rituel
écrit
à
Payas
[4]
)
Nous
avons
déjà
rapporté
plus
haut
ce
que
fit
à
Payas
le
tyran
des
montagnes,
Kutchuk-Ali.
Le
patriarche
Nalian
écrivait
dans
le
siècle
passé
au
sujet
de
cette
localité:
«Payas
est
une
ville
maritime
au
sud
de
la
province
d'Adana;
elle
est
dans
un
état
florissant,
forte
et
munie
de
remparts;
elle
possède
aussi
des
mosquées
et
des
hôtels,
pour
les
marchands ...
quoique
l'air
y
soit
humide,
il
s'y
fait
un
commerce
actif;
les
citronniers
et
les
orangers
y
abondent.
Une
montagne
domine
la
ville».
Un
voyageur
italien,
au
commencement
du
XVII
e
siècle,
mentionne
avec
admiration
le
marché
du
coton
et
de
la
laine
de
Payas
[5].
Entre
Payas
de
la
terre
ferme
(Kourou-Payas)
et
Payas
maritime,
se
trouve
le
village
de
Kourétour?
(selon
certaines
cartes
géographiques,
et
Couratas
selon
Barker);
à
côté,
un
autre
village
habité
par
les
Syriens.
A
Payas
et
dans
les
trois
villages
voisins,
les
uns
comptent
500
maisons
d'Arméniens;
d'autres
jusqu'à
800.
Le
village
de
Charmasnimi
est
aussi
indiqué
près
de
Payas,
sur
un
monticule
escarpé;
les
soldats
d'Ibrahim-pacha
le
ruinèrent
en
1839.
L'ancien
port
de
Payas
est
aujourd'hui
à
moitié
encombré
par
les
sables,
et
on
y
distingue
quelques
ruines,
comme
aussi
du
côté
de
la
terre
au
pied
des
montagnes.
Une
route
qui
passe
à
travers
les
deux
Payas,
et
conduit
directement
à
l'est,
traverse
la
partie
des
Montagnes
Noires
appelée
Ak-kaya,
et
aboutit
à
la
vallée
qui
est
entre
Ak-kaya
et
les
montagnes
Kourde,
dans
le
district
appelé
Cheykhler.
Au
sud
de
Payas
et
au
nord
d'Alexandrette,
le
lieu
le
plus
connu
est
une
petite
rivière,
qu'on
croit
être
le
Kersos
ou
Karsos,
مركز,
Κέρσος,
des
anciens,
on
l'appelle
aujourd'hui
le
Merkèze,
ce
qui
veut
dire
centre;
cette
rivière
coupe
en
deux
un
village
du
même
nom
et
passe
au
pied
d'un
château
appelé
Merkèze-kalessi.
Quelques-uns
ont
cru
y
voir
des
ruines
de
style
sarrasin,
d'autres
d'un
style
apporté
par
les
Croisés
et
analogue
à
celui
de
la
plupart
des
autres
châteaux
arméniens
de
ce
territoire;
mais
personne
ne
les
a
décrites
en
détail;
d'autres
croient
que
le
nom
de
Merkèze
a
été
remplacé
par
celui
du
village
de
Sari-saki;
mais
ce
dernier
est
indiqué
par
d'autres
au
sud
de
Merkèze,
et
ils
donnent
encore
ce
même
nom
au
ruisseau.
Derrière
ces
villages
s'élève
un
rocher
escarpé
qu'un
explorateur
croit
être
la
montagne
que
Pline
appelle
Mons
Crocodilus,
et
on
dit
en
outre
que
le
mot
Kersus,
en
langue
éthiopienne
et
syrienne
a
cette
même
signification;
le
même
naturaliste
appelle
le
ruisseau
Andronicus.
[1]
Les
historiens
des
Croisades
mentionnent
ce
château
non
seulement
sous
le
nom
de
Baiesses,
mais
aussi
sous
celui
de
Castrum
Puellarum,
près
duquel
disent-ils,
se
trouvait
le
château
de
Castrum
Adoloscentium,
qui
s'appelait
aussi
des
Bakelers
ou
Bachelers.
Près
de
ces
châteaux
se
trouvait
situé
le
Castrum
Pastorum,
que
Tancrède,
en
1097,
arracha,
des
mains
des
Turcs
avec
plusieurs
autres
encore.
«En
655
de
l'ère
arménienne,
durant
le
catholicat
de
Monseigneur
Jean,
et
durant
le
règne
de
Léon
roi
des
Arméniens;
sur
les
rivages
de
la
mer,
dans
la
province
appelée
Djeguère,
dans
le
village
qui
porte
le
nom
de
Payas,
sous
la
protection
de
la
toute-bénie
Vierge
Mère
de
Dieu
et
d'autres
saints;
dans
l'année
où
Léon
le
Vainqueur,
roi
des
Arméniens,
conquit
Antioche,
la
grande
ville
de
la
Syrie».