IV.
  
  
  
 
   
    Ce 
   
    petit 
   
    insecte 
   
    nous 
   
    invite 
   
    à 
   
    passer 
   
    du 
   
    règne 
   
    végétal 
   
    au 
   
    règne 
   
    animal, 
   
    et 
   
    d'abord 
   
    à 
   
    l'ordre 
   
    de 
   
    ses 
   
    similaires; 
   
    nous 
   
    trouverons 
   
    naturellement 
   
    dans 
   
    notre 
   
    pays 
   
    quelques 
   
    nouvelles 
   
    espèces 
   
    d'insectes, 
   
    et 
   
    surtout 
   
    un 
   
    grand 
   
    nombre 
   
    de 
   
    Coléoptères. 
   
    Un 
   
    voyageur 
   
    allemand
    
     [1] 
   
    en 
   
    a 
   
    recueilli 
   
    des 
   
    milliers, 
   
    qu'il 
   
    a 
   
    distribués 
   
    à 
   
    différents 
   
    cabinets 
   
    d'histoire 
   
    naturelle 
   
    de 
   
    son 
   
    pays. 
   
    Un 
   
    de 
   
    ses 
   
    compatriotes
    
     [2] 
   
    a 
   
    signalé 
   
    dans 
   
    la 
   
    partie 
   
    orientale 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    une 
   
    espèce 
   
    de 
   
    cigale 
   
    très-grande, 
   
    qui 
   
    pourrait 
   
    par 
   
    son 
   
    ramage 
   
    rivaliser 
   
    avec 
   
    les 
   
    hautbois 
   
    de 
   
    Théocrite. 
   
    - 
   
    La 
   
    reine 
   
    de 
   
    cet 
   
    ordre 
   
    zoologique, 
   
    l'abeille, 
   
    exerce, 
   
    surtout 
   
    dans 
   
    les 
   
    provinces 
   
    de 
   
    l'Ararat 
   
    et 
   
    dans 
   
    le 
   
    midi, 
   
    son 
   
    admirable 
   
    industrie, 
   
    qui 
   
    figure 
   
    dans 
   
    la 
   
    liste 
   
    des 
   
    exportations 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays. 
   
    - 
   
    La 
   
    culture 
   
    du 
   
    ver-à-soie 
   
    n'est 
   
    pas 
   
    d'ancienne 
   
    date 
   
    chez 
   
    nous: 
   
    elle 
   
    réussit 
   
    assez 
   
    bien 
   
    dans 
   
    les 
   
    provinces 
   
    voisines 
   
    de 
   
    la 
   
    mer 
   
    Caspienne. 
  
 
   
    Un 
   
    ordre 
   
    plus 
   
    élevé 
   
    d'animaux, 
   
    celui 
   
    des 
   
    Poissons, 
   
    mérite 
   
    notre 
   
    attention, 
   
    malgré 
   
    le 
   
    peu 
   
    de 
   
    développement 
   
    des 
   
    côtes 
   
    du 
   
    pays. 
   
    Le 
    
     saumon 
   
    de 
   
    la 
   
    taille 
   
    d'un 
   
    homme 
   
    remonte 
   
    des 
   
    bords 
   
    caspiens 
   
    dans 
   
    le 
   
    Cour 
   
    et 
   
    l'Araxe, 
   
    en 
   
    si 
   
    grand 
   
    nombre 
   
    qu'on 
   
    en 
   
    recueille 
   
    seulement 
   
    les 
   
    eufs 
   
    pour 
   
    préparer 
   
    d'excellent 
    
     caviar. 
   
    Le 
   
    poisson 
   
    le 
   
    plus 
   
    répandu 
   
    en 
   
    Arménie 
   
    est 
   
    la 
    
     truite, 
   
    qui 
   
    pullule 
   
    dans 
   
    toutes 
   
    les 
   
    rivières 
   
    et 
   
    dans 
   
    les 
   
    sources 
   
    mêmes 
   
    de 
   
    l'Euphrate, 
   
    à 
   
    9000 
   
    pieds 
   
    de 
   
    hauteur. 
   
    L'Araxe 
   
    nourrit 
   
    le 
    
     Djanar, 
   
    poisson 
   
    très-long, 
   
    et 
   
    le 
   
    gros 
    
     Lok 
    
     (Siluris 
    
     glanis), 
   
    qui 
   
    dans 
   
    l'Euphrate 
   
    et 
   
    dans 
   
    le 
   
    Mourad 
   
    surtout 
   
    atteint 
   
    des 
   
    proportions 
   
    gigantesques, 
   
    et 
   
    n'est 
   
    connu 
   
    que 
   
    comme 
   
    un 
   
    cétacé. 
   
    On 
   
    croit 
   
    en 
   
    trouver 
   
    aussi 
   
    dans 
   
    le 
   
    petit 
   
    lac 
   
    d'Artchague, 
   
    extrêmement 
   
    poissonneux. 
   
    Tout 
   
    près 
   
    de 
   
    celui-ci 
   
    se 
   
    voit 
   
    le 
   
    grand 
   
    lac 
   
    salé 
   
    de 
   
    Van, 
   
    le 
   
    plus 
   
    considérable 
   
    de 
   
    toute 
   
    l'Asie 
   
    Antérieure; 
   
    aussi 
   
    le 
   
    nomme-t-on 
   
    la 
    
     Mer 
    
     Salée, 
   
    ou 
    
     Mer 
    
     d'Aghthamar, 
   
    du 
   
    nom 
   
    d'une 
   
    de 
   
    ses 
   
    îles. 
   
    Tout 
   
    étendu 
   
    qu'il 
   
    est, 
   
    il 
   
    n'a 
   
    qu'une 
   
    seule 
   
    espèce 
   
    d'habitants, 
   
    un 
   
    petit 
   
    poisson 
   
    nommé 
    
     Darékh 
   
    (
    
     Տառեխ
   
    ), 
   
    aliment 
   
    précieux, 
   
    objet 
   
    d'un 
   
    commerce 
   
    très-important: 
   
    salé 
   
    et 
   
    séché, 
   
    il 
   
    est 
   
    expédié 
   
    dans 
   
    les 
   
    provinces, 
   
    en 
   
    Kourdistan 
   
    et 
   
    en 
   
    Perse
    
     [3]. 
   
    - 
   
    La 
   
    mer 
   
    douce 
   
    ou 
   
    le 
   
    lac 
   
    de 
   
    Sévan, 
   
    plus 
   
    petit 
   
    que 
   
    celui 
   
    de 
   
    Van, 
   
    et 
   
    plus 
   
    haut 
   
    (6500') 
   
    nourrit 
   
    douze 
   
    espèces 
   
    de 
   
    poissons, 
   
    selon 
   
    l'opinion 
   
    de 
   
    ses 
   
    riverains. 
   
    Un 
   
    autre 
   
    lac 
   
    au 
   
    pied 
   
    de 
   
    la 
   
    chaîne 
   
    d'Ararat, 
   
    l'ancien 
   
    étang 
   
    de 
   
    Gok, 
   
    qui 
   
    porte 
   
    maintenant 
   
    le 
   
    nom 
   
    de 
   
    Lac-à-Poissons 
   
    (
    
     Balek-ghiol
   
    ), 
   
    produit 
   
    un 
   
    revenu 
   
    annuel 
   
    d'un 
   
    million: 
   
    c'est 
   
    pourquoi 
   
    il 
   
    a 
   
    été, 
   
    il 
   
    n'y 
   
    a 
   
    pas 
   
    longtemps, 
   
    un 
   
    objet 
   
    de 
   
    litige 
   
    entre 
   
    les 
   
    gouvernements 
   
    russe 
   
    et 
   
    ottoman. 
   
    - 
   
    Laissant 
   
    aux 
   
    ichthyophiles 
   
    le 
   
    soin 
   
    de 
   
    chercher 
   
    dans 
   
    les 
   
    rivières 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    ce 
   
    poisson 
   
    noir, 
   
    dont 
   
    parle 
   
    le 
   
    vieux 
   
    Ctésias, 
   
    et 
   
    qui 
   
    avait 
   
    une 
   
    saveur 
   
    mortelle, 
   
    je 
   
    voudrais 
   
    que 
   
    nos 
   
    touristes 
   
    jetassent 
   
    un 
   
    coup 
   
    d'eil 
   
    sur 
   
    l'ensemble 
   
    de 
   
    ces 
   
    eaux 
   
    qui 
   
    forment 
   
    les 
   
    petits 
   
    et 
   
    les 
   
    grands 
   
    lacs 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    et 
   
    donnent 
   
    à 
   
    sa 
   
    configuration 
   
    un 
   
    aspect 
   
    tout 
   
    particulier. 
   
    Non 
   
    loin 
   
    de 
   
    la 
   
    mer 
   
    d'Aghthamar, 
   
    il 
   
    faut 
   
    voir 
   
    celle 
   
    d'
    
     Urmia, 
   
    plus 
   
    longue 
   
    et 
   
    peut-être 
   
    plus 
   
    étendue 
   
    encore. 
   
    La 
    
     Mer-du-Nord 
   
    nommée 
   
    actuellement 
   
    lac 
   
    de 
    
     Tchelder, 
   
    au 
   
    N. 
   
    O., 
   
    forme, 
   
    avec 
   
    les 
   
    trois 
   
    grands 
   
    lacs 
   
    dont 
   
    je 
   
    viens 
   
    de 
   
    parler, 
   
    un 
   
    rhombe 
   
    sur 
   
    la 
   
    surface 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays, 
   
    et 
   
    se 
   
    trouve 
   
    au 
   
    centre 
   
    d'une 
   
    douzaine 
   
    de 
   
    lacs 
   
    plus 
   
    petits. 
   
    Au 
   
    S. 
   
    O., 
   
    outre 
   
    le 
   
    beau 
   
    lac 
   
    de 
    
     Ghïoldjik, 
   
    (Ծովք, 
   
    Dzovk), 
   
    de 
   
    nos 
   
    ancêtres, 
   
    il 
   
    y 
   
    en 
   
    a 
   
    une 
   
    quantité 
   
    d'autres 
   
    sur 
   
    les 
   
    montagnes 
   
    appelées 
   
    pour 
   
    ce 
   
    motif 
    
     Bine-Ghïol 
   
    (Les 
   
    Mille-lacs). 
   
    La 
   
    superficie 
   
    d'une 
   
    quarantaine 
   
    de 
   
    lacs 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    pourrait 
   
    nous 
   
    donner 
   
    un 
   
    total 
   
    d'environ 
   
    10,
   
    000 
   
    hectares. 
   
    Les 
   
    bords 
   
    de 
   
    la 
   
    plupart 
   
    de 
   
    ces 
   
    lacs, 
   
    moins 
   
    pourvus 
   
    de 
   
    verdure, 
   
    offrent 
   
    des 
   
    sites 
   
    plus 
   
    variés 
   
    et 
   
    plus 
   
    grandioses 
   
    que 
   
    ceux 
   
    de 
   
    la 
   
    Suisse. 
  
 
   
    Mais 
   
    le 
   
    spectacle 
   
    le 
   
    plus 
   
    beau 
   
    et 
   
    le 
   
    plus 
   
    animé 
   
    qu'ils 
   
    nous 
   
    présentent, 
   
    est 
   
    celui 
   
    de 
   
    leurs 
   
    habitants 
   
    ailés. 
   
    Aucun 
   
    pays 
   
    du 
   
    monde, 
   
    que 
   
    je 
   
    sache, 
   
    n'a 
   
    peut-être 
   
    une 
   
    quantité 
   
    et 
   
    une 
   
    variété 
   
    si 
   
    grande 
   
    d'oiseaux 
   
    aquatiques 
   
    que 
   
    les 
   
    lacs 
   
    et 
   
    les 
   
    marais 
   
    de 
   
    l'Arménie: 
   
    le 
   
    plus 
   
    connu 
   
    parmi 
   
    ces 
   
    derniers 
   
    est 
   
    celui 
   
    de 
   
    Garine. 
   
    Les 
   
    œufs 
   
    de 
   
    ses 
   
    volatiles 
   
    suffisaient 
   
    à 
   
    la 
   
    nourriture 
   
    des 
   
    habitants 
   
    de 
   
    cette 
   
    localité, 
   
    selon 
   
    le 
   
    témoignage 
   
    de 
   
    notre 
   
    grand 
   
    historien. 
   
    C'est 
   
    une 
   
    exagération 
   
    un 
   
    peu 
   
    forte, 
   
    n'est-ce 
   
    pas, 
   
    Messieurs 
   
    ? 
   
    Mais 
   
    que 
   
    diriez-vous 
   
    du 
   
    témoignage 
   
    de 
   
    ces 
   
    sportmen 
   
    anglais 
   
    attachés 
   
    au 
   
    consulat 
   
    ou 
   
    à 
   
    des 
   
    factories 
   
    d'Erzéroum, 
   
    et 
   
    qui 
   
    nous 
   
    assurent 
   
    que, 
   
    dans 
   
    la 
   
    belle 
   
    saison, 
   
    les 
   
    bords 
   
    du 
   
    marais, 
   
    jusqu'à 
   
    une 
   
    grande 
   
    distance, 
   
    sont 
   
    presque 
   
    littéralement 
   
    couverts 
   
    de 
   
    bandes 
   
    de 
   
    volatiles, 
   
    qui 
   
    arrêteraient 
   
    une 
   
    course 
   
    équestre? 
   
    On 
   
    a 
   
    compté 
   
    dans 
   
    cette 
   
    plaine 
   
    plus 
   
    de 
   
    200 
   
    espèces 
   
    d'oiseaux, 
   
    la 
   
    plupart 
   
    aquatiques. 
   
    Presque 
   
    les 
   
    trois 
   
    quarts 
   
    des 
   
    genres 
   
    de 
   
    l'ornithologie 
   
    sont 
   
    représentés 
   
    en 
   
    Arménie, 
   
    surtout 
   
    ceux 
   
    des 
   
    Échassiers, 
   
    des 
   
    Palmipedes, 
   
    des 
   
    Passeraux 
   
    et 
   
    des 
   
    Oiseaux 
   
    de 
   
    proie. 
   
    — 
   
    Parmi 
   
    ces 
   
    derniers, 
   
    il 
   
    faut 
   
    noter 
   
    le 
    
     grand 
    
     vautour 
    
     des 
    
     a 
    
     gneaux, 
   
    et 
   
    les 
    
     faucons 
   
    de 
   
    Sber 
   
    (Ispir) 
   
    et 
   
    d’Ararat, 
   
    si 
   
    adroits 
   
    à 
   
    saisir 
   
    au 
   
    vol 
   
    leurs 
   
    semblables: 
   
    élevés 
   
    dans 
   
    cet 
   
    art, 
   
    ils 
   
    sont 
   
    payés 
   
    jusqu'à 
   
    200 
   
    francs. 
   
    Parmi 
   
    les 
   
    oiseaux 
   
    de 
   
    chasse, 
   
    la 
   
    grosse 
    
     perdrix, 
   
    semblable 
   
    à 
   
    celle 
   
    des 
   
    Indes, 
   
    et 
   
    d'autres 
   
    variétés 
   
    de 
   
    la 
   
    même 
   
    espèce; 
   
    la 
    
     bécasse, 
   
    la 
    
     bécassine, 
   
    l'
    
     outarde, 
   
    le 
    
     francolin, 
   
    le 
    
     faisan 
   
    ordinaire, 
   
    la 
    
     caille 
   
    et 
   
    le 
    
     râle: 
   
    parmi 
   
    les 
   
    aquatiques, 
   
    plusieurs 
   
    variétés 
   
    d'
    
     oies 
   
    et 
   
    de 
    
     canards 
    
     sauvages, 
   
    de 
    
     cygnes, 
   
    de 
    
     pélicans, 
   
    de 
    
     harles 
   
    et 
   
    de 
    
     morillons, 
   
    l'
    
     ibis 
    
     noir 
   
    ou 
    
     vert, 
   
    outre 
   
    les 
   
    deux 
   
    pèlerines 
   
    bien 
   
    connues, 
   
    la 
    
     grue 
   
    et 
   
    la 
    
     cigogne, 
   
    qui 
   
    sont 
   
    aussi 
   
    en 
   
    Arménie 
   
    l'objet 
   
    d'une 
   
    vénération 
   
    particulière. 
  
 
   
    Nos 
   
    anciens 
   
    rois, 
   
    outre 
   
    le 
   
    grand 
   
    veneur, 
   
    avaient 
   
    l'intendant 
   
    de 
   
    la 
   
    chasse 
   
    aux 
   
    oiseaux; 
   
    plusieurs 
   
    familles 
   
    ou 
   
    dynasties 
   
    princières 
   
    empruntèrent 
   
    leurs 
   
    noms 
   
    à 
   
    ces 
   
    oiseaux, 
   
    tels 
   
    que 
   
    l'aigle, 
   
    le 
   
    faucon, 
   
    le 
   
    cygne, 
   
    le 
   
    pigeon, 
   
    la 
   
    grue, 
   
    etc, 
   
    et 
   
    ils 
   
    les 
   
    portaient 
   
    vivants 
   
    ou 
   
    en 
   
    effigies 
   
    dans 
   
    les 
   
    fêtes 
   
    nationales, 
   
    dont 
   
    l'origine 
   
    remonte 
   
    sans 
   
    doute 
   
    à 
   
    une 
   
    antiquité 
   
    très 
   
    reculée, 
   
    et 
   
    peut-être 
   
    au 
   
    déluge. 
   
    Cette 
   
    grande 
   
    catastrophe 
   
    n'a 
   
    laissé 
   
    en 
   
    aucun 
   
    autre 
   
    pays 
   
    de 
   
    traces 
   
    aussi 
   
    sensibles 
   
    dans 
   
    la 
   
    configuration 
   
    du 
   
    terrain, 
   
    aussi 
   
    bien 
   
    que 
   
    dans 
   
    les 
   
    souvenirs 
   
    historiques; 
   
    et 
   
    quelques-unes 
   
    de 
   
    ces 
   
    habitations 
   
    liquides 
   
    que 
   
    nous 
   
    venons 
   
    de 
   
    voir, 
   
    ne 
   
    recèlent-elles 
   
    pas 
   
    des 
   
    restes 
   
    de 
   
    cette 
   
    grande 
   
    inondation, 
   
    qui 
   
    a 
   
    modifié 
   
    sensiblement 
   
    l'économie 
   
    de 
   
    notre 
   
    globe? 
   
    Les 
   
    alluvions 
   
    de 
   
    la 
   
    plaine 
   
    inférieure 
   
    du 
   
    Cour, 
   
    les 
   
    terrains 
   
    sédimentaires 
   
    de 
   
    la 
   
    vallée 
   
    de 
   
    l'Araxe, 
   
    ne 
   
    nous 
   
    montrent-ils 
   
    pas 
   
    clairement 
   
    qu'ils 
   
    subissaient, 
   
    à 
   
    une 
   
    époque 
   
    géologiquement 
   
    peu 
   
    éloi 
   
    gnée, 
   
    la 
   
    domination 
   
    des 
   
    Néréïdes? 
   
    et 
   
    le 
   
    reste 
   
    de 
   
    leurs 
   
    coquillages 
   
    fossiles, 
   
    qui 
   
    ont 
   
    leurs 
   
    représentants 
   
    vivants 
   
    dans 
   
    la 
   
    mer 
   
    Caspienne, 
   
    ne 
   
    prouvent-ils 
   
    pas 
   
    suffisamment 
   
    que 
   
    jadis 
   
    une 
   
    mer 
   
    tendait 
   
    ses 
   
    bras 
   
    onduleux 
   
    à 
   
    une 
   
    autre 
   
    mer 
   
    par-dessus 
   
    le 
   
    pays 
   
    qui 
   
    fut 
   
    ensuite 
   
    le 
   
    berceau 
   
    de 
   
    l'homme 
   
    et 
   
    la 
   
    patrie 
   
    de 
   
    l'Arménien? 
   
    Messieurs, 
   
    je 
   
    ne 
   
    suis 
   
    ni 
   
    géologue 
   
    ni 
   
    aruspice, 
   
    mais 
   
    je 
   
    persiste 
   
    à 
   
    croire 
   
    que 
   
    tant 
   
    d'animaux 
   
    peuplant 
   
    l'air, 
   
    l'eau 
   
    et 
   
    la 
   
    terre, 
   
    répandus 
   
    sur 
   
    les 
   
    hauts 
   
    bassins 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays, 
   
    ne 
   
    servent 
   
    pas 
   
    uniquement 
   
    à 
   
    une 
   
    démonstration 
   
    scientifique; 
   
    ils 
   
    me 
   
    transportent 
   
    au 
   
    théatre 
   
    même 
   
    de 
   
    la 
   
    création 
   
    et 
   
    du 
   
    déluge! 
  
 
   
    Passons 
   
    maintenant 
   
    à 
   
    une 
   
    autre 
   
    race 
   
    animale. 
   
    La 
   
    Faune 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    n'est 
   
    pas 
   
    aussi 
   
    riche 
   
    que 
   
    la 
   
    race 
   
    volatile: 
   
    la 
   
    climatologie 
   
    en 
   
    donne 
   
    la 
   
    cause; 
   
    cependant, 
   
    à 
   
    une 
   
    époque 
   
    comparativement 
   
    moderne, 
   
    on 
   
    y 
   
    voyait 
   
    encore 
   
    des 
   
    bêtes 
   
    fauves 
   
    des 
   
    plus 
   
    terribles. 
   
    Qui 
   
    ne 
   
    connaît 
   
    le 
   
    charmant 
   
    vers 
   
    de 
   
    Virgile
    
     [4]
   
    ? 
  
 
    
     Daphnis 
    
     et 
    
     Armenias 
    
     curru 
    
     subjungere 
    
     tigres 
    
     Instituit: 
  
 
   
    et 
   
    celui 
   
    de 
   
    votre 
   
    ancien 
   
    évêque 
   
    de 
   
    Clermont
    
     [5]: 
  
 
    
     Aut 
    
     ut 
    
     tigriferi 
    
     pharetrata 
    
     per 
    
     arva 
    
     Niphates. 
  
 
   
    Tournefort 
   
    a 
   
    vu 
   
    des 
    
     tigres 
   
    dans 
   
    les 
   
    crevasses 
   
    de 
   
    l'Ararat. 
   
    Le 
   
    roi 
   
    des 
   
    animaux, 
   
    le 
    
     lion, 
   
    est 
   
    mentionné 
   
    aussi 
   
    par 
   
    Aetius
    
     [6], 
   
    et 
   
    par 
   
    nos 
   
    auteurs 
   
    des 
   
    IV 
   
    et 
   
    V 
   
    siècles, 
   
    et 
   
    même 
   
    par 
   
    un 
   
    autre 
   
    qui 
   
    vivait 
   
    au 
   
    commencement 
   
    du 
   
    X. 
   
    Le 
    
     léopard 
   
    et 
   
    la 
    
     panthère 
   
    y 
   
    sont 
   
    connus 
   
    même 
   
    de 
   
    nos 
   
    jours. 
   
    Nous 
   
    ne 
   
    parlerons 
   
    pas 
   
    des 
   
    autres 
   
    bêtes 
   
    plus 
   
    communes, 
   
    ni 
   
    de 
   
    celles 
   
    qui 
   
    attaquent 
   
    les 
   
    autres, 
   
    des 
    
     chiens, 
   
    quoiqu'on 
   
    en 
   
    trouve 
   
    de 
   
    très-grands 
   
    et 
   
    de 
   
    très-forts; 
   
    seulement 
   
    je 
   
    ne 
   
    saurais 
   
    passer 
   
    sous 
   
    silence 
   
    le 
    
     chat 
   
    à 
   
    long's 
   
    poils 
   
    de 
   
    Van, 
   
    qui 
   
    ne 
   
    le 
   
    cède 
   
    en 
   
    rien 
   
    à 
   
    celui 
   
    d'Angora, 
   
    et 
   
    la 
   
    blanche 
    
     hermine 
   
    à 
   
    queue 
   
    noire, 
   
    l'
    
     Armenios 
   
    des 
   
    Latins
    
     [7], 
   
    introduite 
   
    en 
   
    Europe. 
  
 
   
    Les 
   
    animaux 
   
    domestiques, 
   
    heureusement, 
   
    sont 
   
    très-nombreux 
   
    en 
   
    Arménie; 
   
    nous 
   
    avons 
   
    déjà 
   
    mentionné 
   
    l'abondance 
   
    de 
   
    l'espèce 
   
    ovine; 
   
    dans 
   
    l'espèce 
   
    bovine, 
   
    le 
    
     buffle 
   
    paraît 
   
    originaire 
   
    du 
   
    pays; 
   
    car 
   
    sa 
   
    femelle 
   
    se 
   
    nomme 
   
    proprement 
   
    en 
   
    notre 
   
    langue 
    
     madague 
   
    (մատակ), 
   
    nom 
   
    qui 
   
    désigne 
   
    la 
   
    femelle 
   
    de 
   
    toute 
   
    la 
   
    race 
   
    des 
   
    bêtes. 
   
    - 
   
    Le 
   
    gibier 
   
    est 
   
    aussi 
   
    très 
   
    remarquable, 
   
    surtout 
   
    par 
   
    son 
   
    abondance: 
   
    ainsi, 
   
    de 
   
    toute 
   
    antiquité, 
   
    les 
   
    rois 
   
    et 
   
    les 
   
    nobles 
   
    des 
   
    pays 
   
    voisins 
   
    passaient 
   
    quelque 
   
    temps 
   
    en 
   
    Arménie 
   
    pour 
   
    s'y 
   
    livrer 
   
    au 
   
    plaisir 
   
    de 
   
    la 
   
    chasse. 
   
    Nous 
   
    avons 
   
    différentes 
   
    espèces 
   
    d'antilopes, 
   
    de 
   
    cerfs 
   
    et 
   
    de 
   
    daims, 
   
    que 
   
    regrettait 
   
    même 
   
    au 
   
    lit 
   
    de 
   
    la 
   
    mort, 
   
    Ardachès, 
   
    un 
   
    de 
   
    nos 
   
    rois 
   
    païens: 
   
    «Ah! 
   
    qui 
   
    me 
   
    donnera, 
   
    disait-il 
   
    en 
   
    soupirant, 
   
    la 
   
    fumée 
   
    du 
   
    foyer 
   
    et 
   
    la 
   
    matinée 
   
    du 
   
    navasarte
    
     [8]
   
    ! 
   
    Puissé-je 
   
    voir 
   
    encore 
   
    les 
   
    bonds 
   
    de 
   
    la 
   
    biche 
   
    et 
   
    entendre 
   
    le 
   
    glapissement 
   
    du 
   
    cerf! 
   
    Puissions-nous 
   
    encore 
   
    sonner 
   
    nos 
   
    cors 
   
    et 
   
    battre 
   
    nos 
   
    tambours!» 
   
    - 
   
    Citons 
   
    le 
    
     sanglier, 
   
    qui 
   
    dévaste 
   
    encore 
   
    aujourd'hui 
   
    les 
   
    rizières 
   
    du 
   
    Tatar, 
   
    au 
   
    pied 
   
    de 
   
    l'Ararat, 
   
    et 
   
    l'
    
     onagre 
   
    rapide, 
   
    qui, 
   
    poursuivi 
   
    par 
   
    Ardavaste, 
   
    fils 
   
    d'Ardachès, 
   
    l'attira 
   
    jusqu'au 
   
    fond 
   
    de 
   
    la 
   
    gorge 
   
    de 
   
    cette 
   
    montagne 
   
    classique, 
   
    où, 
   
    entrainé 
   
    par 
   
    des 
   
    Génies, 
   
    ce 
   
    roi 
   
    infortuné, 
   
    se 
   
    débat 
   
    encore, 
   
    selon 
   
    la 
   
    tradition 
   
    dans 
   
    ses 
   
    chaines 
   
    de 
   
    fer, 
   
    incessamment 
   
    léché 
   
    par 
   
    ses 
   
    lévriers 
   
    fidèles. 
   
    Un 
   
    moment 
   
    encore, 
   
    et 
   
    on 
   
    verrait 
   
    le 
   
    roi 
   
    courroucé 
   
    s'élancer 
   
    de 
   
    ces 
   
    cavernes 
   
    ténébreuses 
   
    pour 
   
    hater 
   
    la 
   
    fin 
   
    du 
   
    monde, 
   
    si 
   
    les 
   
    coups 
   
    redoublés 
   
    du 
   
    marteau 
   
    des 
   
    forgerons, 
   
    ne 
   
    venaient 
   
    river 
   
    et 
   
    resserrer 
   
    ses 
   
    chaînes! 
  
 
   
    Les 
   
    bêtes 
   
    de 
   
    somme 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays 
   
    sont 
   
    célébrées 
   
    par 
   
    un 
   
    des 
   
    prophètes 
   
    dans 
   
    ses 
   
    imprécations 
   
    contre 
   
    Tyr: 
   
    «L'Arménie 
   
    t'envoie 
   
    des 
   
    mules, 
   
    des 
   
    chevaux 
   
    et 
   
    des 
   
    cavaliers»
    
     [9]. 
   
    Ezéchiel 
   
    n'y 
   
    ajoute 
   
    pas 
   
    le 
   
    nom 
   
    d'un 
   
    autre 
   
    animal 
   
    moins 
   
    grand, 
   
    moins 
   
    présomptueux, 
   
    mais 
   
    non 
   
    moins 
   
    utile, 
   
    surtout 
   
    dans 
   
    des 
   
    pays 
   
    montagneux. 
   
    Trois 
   
    districts 
   
    de 
   
    la 
   
    province 
   
    de 
   
    Mogk 
   
    portent 
   
    le 
   
    nom 
   
    de 
   
    l'
    
     âne. 
   
    Mais 
   
    le 
    
     mulet 
   
    était 
   
    naturellement 
   
    plus 
   
    recherché. 
   
    On 
   
    réservait 
   
    le 
   
    mulet 
   
    blanc 
   
    pour 
   
    les 
   
    sacrifices 
   
    au 
   
    soleil, 
   
    et 
   
    le 
   
    service 
   
    des 
   
    rois; 
   
    on 
   
    s'en 
   
    servait 
   
    même 
   
    pour 
   
    leurs 
   
    convois: 
   
    le 
   
    char 
   
    qui 
   
    portait 
   
    le 
   
    cercueil 
   
    doré 
   
    du 
   
    grand 
   
    roi 
   
    Dertade 
   
    était 
   
    trainé 
   
    par 
   
    des 
   
    mulets 
   
    blancs. 
   
    Le 
   
    blanc, 
   
    couleur 
   
    par 
   
    excellence, 
   
    devait 
   
    briller 
   
    même 
   
    à 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    nos 
   
    rois: 
   
    la 
   
    ville 
   
    où 
   
    nous
  
 
   
    sommes, 
   
    Messieurs, 
   
    a 
   
    assisté 
   
    à 
   
    la 
   
    dernière 
   
    de 
   
    ces 
   
    pompes 
   
    funèbres: 
   
    Paris 
   
    a 
   
    vu 
   
    mourir 
   
    en 
   
    1393, 
   
    le 
   
    dernier 
   
    roi 
   
    arménien, 
   
    Léon 
   
    VI; 
   
    son 
   
    lit 
   
    de 
   
    parade 
   
    était 
   
    de 
   
    satin 
   
    blanc; 
   
    ses 
   
    domestiques 
   
    portaient 
   
    des 
   
    habits 
   
    de 
   
    la 
   
    même 
   
    couleur, 
   
    en 
   
    le 
   
    conduisant 
   
    aux 
   
    caveaux 
   
    des 
   
    Célestins. 
  
 
   
    Voilà 
   
    maintenant 
   
    le 
   
    prince 
   
    de 
   
    cette 
   
    famille 
   
    des 
   
    animaux, 
   
    qu'un 
   
    de 
   
    vos 
   
    plus 
   
    éloquents 
   
    naturalistes, 
   
    Messieurs, 
   
    a 
   
    signalé 
   
    comme 
   
    «la 
   
    plus 
   
    belle 
   
    conquête 
   
    de 
   
    l'homme!» 
   
    et 
   
    que 
   
    chez 
   
    nous, 
   
    l'auteur 
   
    de 
   
    l'Art 
   
    rural 
   
    nomme 
   
    «le 
   
    siége 
   
    des 
   
    rois, 
   
    le 
   
    rempart 
   
    des 
   
    cavaliers, 
   
    le 
   
    terrasseur 
   
    des 
   
    ennemis, 
   
    le 
   
    port 
   
    des 
   
    voyageurs, 
   
    celui 
   
    qui 
   
    chasse 
   
    loin 
   
    les 
   
    provinces, 
   
    fait 
   
    retentir 
   
    les 
   
    villes 
   
    et 
   
    recule 
   
    les 
   
    confins». 
   
    Mais 
   
    quel 
   
    est 
   
    le 
   
    premier 
   
    brave 
   
    qui 
   
    a 
   
    fait 
   
    cette 
   
    noble 
   
    conquête? 
   
    Je 
   
    n'interrogerai 
   
    pas 
   
    Job: 
   
    «Est-ce 
   
    toi 
   
    qui 
   
    as 
   
    hérissé 
   
    son 
   
    cou 
   
    d'une 
   
    crinière 
   
    mouvante?» 
   
    mais 
   
    je 
   
    de 
   
    manderai, 
   
    non 
   
    sans 
   
    quelque 
   
    peu 
   
    de 
   
    fierté: 
   
    Qui, 
   
    le 
   
    premier, 
   
    a 
   
    pu 
   
    faire 
   
    mordre 
   
    le 
   
    frein 
   
    à 
   
    cet 
   
    animal 
   
    tour-à-tour 
   
    volcan 
   
    vomissant 
   
    et 
   
    compagnon 
   
    caressant: 
   
    quel 
   
    heureux 
   
    mortel 
   
    a 
   
    subjugué 
   
    le 
    
     cheval
   
    ? 
   
    Notre 
   
    histoire, 
   
    nommez-la 
   
    tradition, 
   
    nommez-la 
   
    mythe, 
   
    nommez-la 
   
    comme 
   
    vous 
   
    voudrez, 
   
    cependant 
   
    notre 
   
    histoire 
   
    dit 
   
    que 
   
    dans 
   
    la 
   
    première 
   
    campagne 
   
    du 
   
    monde, 
   
    après 
   
    la 
   
    confusion 
   
    des 
   
    langues, 
   
    le 
   
    père 
   
    et 
   
    le 
   
    chef 
   
    de 
   
    notre 
   
    nation, 
   
    Hayg, 
   
    se 
   
    servait 
   
    aussi 
   
    de 
   
    cavalerie 
   
    contre 
   
    l'armée 
   
    de 
   
    Bel, 
   
    qui, 
   
    de 
   
    son 
   
    côté, 
   
    vaincu 
   
    et 
   
    tué, 
   
    laissa 
   
    au 
   
    pouvoir 
   
    du 
   
    vainqueur 
   
    des 
   
    troupeaux 
   
    de 
   
    chevaux, 
   
    de 
   
    mulets 
   
    et 
   
    de 
   
    chameaux. 
   
    Le 
   
    cheval 
   
    a 
   
    été, 
   
    il 
   
    est 
   
    encore, 
   
    une 
   
    des 
   
    meilleures 
   
    productions 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    et 
   
    l'instrument 
   
    de 
   
    sa 
   
    gloire. 
   
    La 
   
    force 
   
    de 
   
    l'armée 
   
    nationale 
   
    était 
   
    dans 
   
    sa 
   
    cavalerie. 
   
    Aram, 
   
    le 
   
    plus 
   
    renommé 
   
    des 
   
    descendants 
   
    de 
   
    Hayg, 
   
    contemporain 
   
    de 
   
    Ninus, 
   
    disposait 
   
    de 
   
    deux 
   
    mille 
   
    cavaliers 
   
    à 
   
    côté 
   
    de 
   
    40,
   
    000 
   
    fantassins. 
   
    Le 
   
    temps 
   
    a 
   
    changé 
   
    la 
   
    proportion: 
   
    douze 
   
    ou 
   
    quatorze 
   
    siècles 
   
    plus 
   
    tard, 
   
    l'Arménie 
   
    pouvait, 
   
    comme 
   
    nous 
   
    l'avons 
   
    vu, 
   
    par 
   
    le 
   
    témoignage 
   
    d'Ézéchiel, 
   
    après 
   
    s'en 
   
    être 
   
    servie 
   
    pour 
   
    elle 
   
    même, 
   
    pourvoir 
   
    les 
   
    marchés 
   
    de 
   
    Tyr 
   
    de 
   
    ses 
   
    chevaux 
   
    et 
   
    de 
   
    ses 
   
    cavaliers 
   
    si 
   
    renommés 
   
    dans 
   
    l'antiquité. 
   
    Le 
   
    même 
   
    prophète 
   
    nous 
   
    assure 
   
    en 
   
    quelque 
   
    sorte, 
   
    dans 
   
    un 
   
    autre 
   
    endroit, 
   
    que 
   
    la 
   
    cavalerie 
   
    arménienne 
   
    conduisait 
   
    à 
   
    la 
   
    victoire 
   
    les 
   
    Assyriens. 
   
    Des 
   
    cavaliers 
   
    arméniens 
   
    se 
   
    rangèrent 
   
    aux 
   
    champs 
   
    de 
   
    la 
   
    Troade 
   
    avec 
   
    les 
   
    derniers 
   
    fils 
   
    du 
   
    vieux 
   
    Priam 
   
    contre 
   
    l'élite 
   
    de 
   
    la 
   
    Grèce 
   
    homérique. 
   
    Sous 
   
    la 
   
    domination 
   
    achéménide, 
   
    l'Arménie 
   
    fournissait 
   
    annuellement 
   
    au 
   
    roi 
   
    des 
   
    rois, 
   
    dans 
   
    les 
   
    fêtes 
   
    Mithriaques, 
   
    20,
   
    000 
   
    chevaux, 
   
    qui 
   
    étaient 
   
    préférés 
   
    à 
   
    ceux 
   
    de 
   
    la 
   
    Perse 
   
    et 
   
    de 
   
    la 
   
    Médie: 
   
    plus 
   
    de 
   
    50,
   
    000 
   
    coursiers 
   
    se 
   
    réunissaient, 
   
    dans 
   
    la 
   
    saison 
   
    favorable, 
   
    à 
   
    la 
   
    plaine 
   
    de 
   
    Moughan. 
   
    Le 
   
    plus 
   
    grand 
   
    conquérant 
   
    parmi 
   
    nos 
   
    rois, 
   
    et 
   
    le 
   
    plus 
   
    orgueilleux 
   
    des 
   
    hommes, 
   
    Tigrane, 
   
    avait 
   
    rangé, 
   
    dit-on, 
   
    sous 
   
    ses 
   
    drapeaux 
   
    jusqu'à 
   
    150,
   
    000 
   
    chevaux 
   
    (!) 
   
    outre 
   
    17,
   
    000 
   
    cataphractes, 
   
    c'est 
   
    à-dire 
   
    homme 
   
    et 
   
    cheval 
   
    entièrement 
   
    couverts 
   
    d'armure, 
   
    qu'un 
   
    historien 
   
    compare 
   
    au 
   
    dos 
   
    du 
   
    crocodile. 
   
    Presque 
   
    invincibles 
   
    dans 
   
    la 
   
    plaine 
   
    sous 
   
    un 
   
    chef 
   
    habile, 
   
    ces 
   
    derniers 
   
    n'étaient 
   
    dans 
   
    des 
   
    lieux 
   
    étroits 
   
    qu'un 
   
    grand 
   
    embarras 
   
    pour 
   
    eux-mêmes 
   
    et 
   
    pour 
   
    ceux 
   
    qu'ils 
   
    masquaient: 
   
    aussi 
   
    ces 
   
    myriades 
   
    de 
   
    soldats 
   
    de 
   
    Tigrane 
   
    furent-ils 
   
    culbutés 
   
    par 
   
    les 
   
    troupes 
   
    de 
   
    Lucullus 
   
    qui, 
   
    eut 
   
    l'adresse 
   
    de 
   
    les 
   
    enfermer 
   
    dans 
   
    une 
   
    sorte 
   
    de 
   
    Thermopyles. 
   
    Aujourd'hui, 
   
    les 
   
    Kurdes, 
   
    qui 
   
    usent 
   
    et 
   
    abusent 
   
    de 
   
    notre 
   
    patrimoine, 
   
    vendent 
   
    chaque 
   
    année 
   
    aux 
   
    Perses 
   
    et 
   
    aux 
   
    Ottomans 
   
    plus 
   
    de 
   
    50,
   
    000 
   
    chevaux. 
   
    - 
   
    Le 
   
    cheval 
   
    arménien 
   
    parait 
   
    chez 
   
    les 
   
    anciens 
   
    le 
   
    plus 
   
    connu 
   
    et 
   
    le 
   
    mieux 
   
    apprécié, 
   
    après 
   
    l'arabe: 
   
    c'est 
   
    par 
   
    lui 
   
    que 
   
    commence 
   
    un 
   
    auteur 
   
    grec 
   
    anonyme 
   
    sa 
   
    description 
   
    des 
   
    chevaux 
   
    selon 
   
    les 
   
    pays; 
   
    il 
   
    le 
   
    décrit 
   
    comme 
   
    assez 
   
    grand, 
   
    fort 
   
    et 
   
    robuste, 
   
    au 
   
    dos 
   
    large, 
   
    aux 
   
    flancs 
   
    charnus, 
   
    et 
   
    hennissant 
   
    fréquemment. 
   
    Il 
   
    lui 
   
    joint 
   
    le 
   
    cheval 
   
    phrygien: 
   
    et 
   
    de 
   
    ces 
   
    deux 
   
    races 
   
    il 
   
    croit 
   
    issue 
   
    celle 
   
    de 
   
    la 
   
    Dalmatie. 
   
    Même 
   
    actuellement, 
   
    le 
   
    cheval 
   
    arménien 
   
    tient 
   
    peut-être 
   
    la 
   
    première 
   
    place 
   
    après 
   
    l'arabe 
   
    et 
   
    l'anglais: 
   
    à 
   
    la 
   
    vérité 
   
    il 
   
    n'a 
   
    ni 
   
    la 
   
    taille 
   
    ni 
   
    la 
   
    forme 
   
    élancée 
   
    de 
   
    ces 
   
    deux 
   
    nobles 
   
    races; 
   
    il 
   
    est 
   
    plus 
   
    petit, 
   
    plus 
   
    trapu; 
   
    mais 
   
    il 
   
    n'est 
   
    pas 
   
    moins 
   
    rapide; 
   
    il 
   
    a 
   
    peut-être 
   
    plus 
   
    de 
   
    force 
   
    et 
   
    d'agilité, 
   
    et 
   
    il 
   
    les 
   
    surpasse 
   
    sans 
   
    aucun 
   
    doute 
   
    par 
   
    son 
   
    habilité 
   
    à 
   
    monter 
   
    et 
   
    à 
   
    descendre, 
   
    à 
   
    la 
   
    course, 
   
    les 
   
    terrains 
   
    accidentés 
   
    et 
   
    montagneux. 
   
    Sur 
   
    le 
   
    champ 
   
    de 
   
    bataille, 
   
    il 
   
    peut 
   
    se 
   
    mesurer 
   
    avec 
   
    toute 
   
    autre 
   
    race; 
   
    et 
   
    à 
   
    ce 
   
    feu 
   
    noirâtre 
   
    qui 
   
    jaillit 
   
    de 
   
    ses 
   
    yeux, 
   
    vous 
   
    le 
   
    diriez 
   
    le 
   
    plus 
   
    terrible 
   
    des 
   
    animaux 
   
    de 
   
    guerre. 
   
    Parmi 
   
    les 
   
    races 
   
    propres 
   
    à 
   
    l'Arménie, 
   
    celle 
   
    de 
   
    Khenouss 
   
    est 
   
    la 
   
    plus 
   
    belle; 
   
    on 
   
    croit 
   
    même 
   
    que 
   
    le 
   
    nom 
   
    de 
   
    Nisée, 
   
    pays 
   
    renommé 
   
    chez 
   
    les 
   
    anciens 
   
    Grecs 
   
    pour 
   
    ses 
   
    coursiers, 
   
    vient 
   
    de 
   
    cette 
   
    province; 
   
    d'autant 
   
    plus 
   
    que 
   
    le 
   
    bon 
   
    coursier 
   
    en 
   
    arménien 
   
    se 
   
    nomme 
   
    nejouyk 
   
    (նժոյգ). 
   
    Les 
   
    chevaux 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    du 
   
    nord 
   
    sont 
   
    également 
   
    bons, 
   
    forts 
   
    et 
   
    beaux; 
   
    les 
   
    plus 
   
    ordinaires 
   
    d'entre 
   
    eux 
   
    pourraient, 
   
    selon 
   
    l'expression 
   
    d'un 
   
    naturaliste 
   
    allemand
    
     [10], 
   
    se 
   
    placer 
   
    à 
   
    côté 
   
    des 
   
    meilleurs 
   
    individus 
   
    des 
   
    écuries 
   
    de 
   
    Stuttgard; 
   
    et 
   
    il 
   
    conseille 
   
    d'en 
   
    introduire 
   
    en 
   
    Europe 
   
    par 
   
    la 
   
    voie 
   
    d'Erzeroum, 
   
    Trébizonde 
   
    et 
   
    Trieste. 
  
 
   
    La 
   
    nature, 
   
    qui 
   
    avait 
   
    doté 
   
    le 
   
    pays 
   
    d'un 
   
    si 
   
    bel 
   
    animal, 
   
    inspira 
   
    aussi 
   
    son 
   
    possesseur 
   
    pour 
   
    le 
   
    bien 
   
    dresser 
   
    et 
   
    pour 
   
    s'en 
   
    servir 
   
    encore 
   
    mieux: 
   
    l'art 
   
    de 
   
    l'éducation 
   
    du 
   
    cheval 
   
    était 
   
    donc 
   
    porté 
   
    à 
   
    un 
   
    haut 
   
    degré 
   
    chez 
   
    nos 
   
    pères, 
   
    témoin 
   
    quelques 
   
    écrivains 
   
    latins, 
   
    et 
   
    des 
   
    ouvrages 
   
    spéciaux 
   
    chez 
   
    nous, 
   
    qui 
   
    présentent 
   
    une 
   
    anatomie 
   
    parfaite 
   
    de 
   
    l'animal. 
   
    Quant 
   
    à 
   
    son 
   
    usage, 
   
    c'était 
   
    un 
   
    plaisir, 
   
    une 
   
    merveille, 
   
    une 
   
    gloire 
   
    pour 
   
    la 
   
    jeunesse 
   
    et 
   
    la 
   
    noblesse 
   
    nationale. 
   
    Un 
   
    général 
   
    célèbre 
   
    des 
   
    armées 
   
    de 
   
    nos 
   
    rois, 
   
    Mouchégh, 
   
    surnommé 
   
    le 
   
    Vaillant, 
   
    assassiné 
   
    traitreusement 
   
    dans 
   
    un 
   
    festin, 
   
    ne 
   
    regrettait 
   
    autre 
   
    chose 
   
    à 
   
    son 
   
    dernier 
   
    soupir 
   
    que 
   
    de 
   
    mourir 
   
    loin 
   
    de 
   
    son 
   
    blanc 
   
    coursier, 
   
    qui 
   
    l'avait 
   
    porté 
   
    à 
   
    plus 
   
    d'une 
   
    victoire. 
   
    Le 
   
    fier 
   
    roi 
   
    Sapor 
   
    vaincu 
   
    et 
   
    par 
   
    le 
   
    bras 
   
    et 
   
    par 
   
    le 
   
    cœur 
   
    généreux 
   
    de 
   
    cet 
   
    illustre 
   
    chef, 
   
    avait 
   
    ordonné 
   
    de 
   
    le 
   
    représenter 
   
    en 
   
    sculpture 
   
    monté 
   
    sur 
   
    son 
   
    cheval 
   
    blanc, 
   
    dans 
   
    la 
   
    salle 
   
    même 
   
    de 
   
    ses 
   
    festins, 
   
    et 
   
    souvent 
   
    il 
   
    buvait 
   
    à 
   
    la 
   
    santé 
   
    du 
    
     Chef 
    
     au 
    
     coursier 
    
     blanc... 
   
    Mais 
   
    nous 
   
    voilà 
   
    entrainés 
   
    trop 
   
    loin 
   
    par 
   
    l'essor 
   
    de 
   
    nos 
   
    Pégases: 
   
    quittons 
   
    donc 
   
    avec 
   
    eux 
   
    le 
   
    règne 
   
    animal 
   
    pour 
   
    donner 
   
    un 
   
    coup 
   
    d'oeil 
   
    rapide, 
   
    très 
   
    rapide 
   
    même, 
   
    sur 
   
    le 
   
    possesseur 
   
    naturel 
   
    d'un 
   
    tel 
   
    pays.
  
 
  
  
   
  
   
  
   
  
    
   
      
       [3] 
     
      Un 
     
      helléniste 
     
      nous 
     
      a 
     
      fait 
     
      remarquer 
     
      qu'en 
     
      grec 
     
      le 
     
      nom 
     
      de 
     
      notre 
     
      poisson, 
     
      Tapexos 
     
      (....
     
      ), 
     
      signifie 
     
      le 
     
      poisson 
     
      salé, 
     
      et 
     
      quelquefois 
     
      d'autres 
     
      salaisons. 
    
   
   
  
   
  
    
   
      
       [5] 
     
      Sidoine. 
     
      Chant 
     
      2. 
     
      Niphates 
     
      montagnes 
     
      de 
     
      l'Arménie 
     
      meridionale.
    
   
   
  
    
   
      
       [6] 
     
      Aetius, 
     
      Hist. 
     
      Animal. 
     
      XVII.
    
   
   
  
    
   
      
       [7] 
     
      Dont 
     
      le 
     
      nom 
     
      indique 
     
      l'origine 
     
      el 
     
      qui 
     
      fut 
     
      de 
     
      chez 
     
      nous.
    
   
   
  
    
   
      
       [8] 
     
      Le 
     
      premier 
     
      mois 
     
      du 
     
      calendrier 
     
      armenien 
     
      (11 
     
      août-9 
     
      septembre), 
     
      et 
     
      les 
     
      fêtes 
     
      du 
     
      nouvel 
     
      an.