II.
  
  
  
 
   
    Que 
   
    les 
   
    eaux 
   
    se 
   
    retirent 
   
    maintenant; 
   
    abordons 
   
    le 
   
    sol; 
   
    hatons-nous 
   
    d'arriver 
   
    au 
   
    monde 
   
    inorganique, 
   
    et, 
   
    laissant 
   
    le 
   
    tableau 
   
    compliqué 
   
    de 
   
    ses 
   
    formations 
   
    géognostiques, 
   
    nous 
   
    tacherons 
   
    d'en 
   
    examiner 
   
    les 
   
    éléments 
   
    et 
   
    les 
   
    matériaux 
   
    les 
   
    plus 
   
    utiles 
   
    et 
   
    les 
   
    plus 
   
    remarquables: 
   
    ce 
   
    seront 
   
    d'abord 
   
    les 
   
    minéraux 
   
    terreux 
   
    et 
   
    ocreux, 
   
    connus 
   
    depuis 
   
    l'antiquité. 
   
    Quel 
   
    minéralogiste 
   
    n'apprécie 
   
    pas, 
   
    en 
   
    effet, 
   
    le 
    
     Bol 
    
     d'Arménie, 
   
    cette 
   
    terre 
   
    roussâtre, 
   
    qui 
   
    fait 
   
    concurrence 
   
    à 
   
    la 
   
    terre 
   
    sigillée 
   
    de 
   
    Lemnos, 
   
    qu'elle 
   
    absorbe 
   
    même 
   
    à 
   
    présent 
   
    dans 
   
    son 
   
    nom, 
   
    et 
   
    qui 
   
    a 
   
    son 
   
    similaire 
   
    tout 
   
    près 
   
    de 
   
    nous, 
   
    sur 
   
    les 
   
    deux 
   
    rives 
   
    de 
   
    la 
   
    Loire, 
   
    à 
   
    Blois 
   
    et 
   
    à 
   
    Saumur? 
   
    - 
   
    Quel 
   
    peintre 
   
    ne 
   
    connait 
   
    pas 
   
    la 
    
     Terre 
    
     d'Arménie, 
   
    cet 
   
    ocre 
   
    rouge 
   
    qui 
   
    entre 
   
    dans 
   
    les 
   
    préparations 
   
    des 
   
    peintures 
   
    a-fresque? 
   
    Les 
   
    peintres 
   
    et 
   
    les 
   
    pharmaciens 
   
    estiment 
   
    la 
    
     Pierre 
    
     d'Arménie 
   
    (Lapis 
   
    Armenicus), 
   
    connue 
   
    dès 
   
    les 
   
    jours 
   
    de 
   
    Théophraste 
   
    par 
   
    sa 
   
    belle 
   
    couleur 
   
    d'azur, 
   
    qui 
   
    l'a 
   
    fait 
   
    confondre 
   
    quelque 
   
    fois 
   
    avec 
   
    le 
   
    lapis-lazuli: 
   
    elle 
   
    est 
   
    parfois 
   
    onctueuse 
   
    et 
   
    d'un 
   
    roux-foncé. 
   
    - 
   
    Les 
   
    peintres 
   
    romains 
   
    connaissaient 
   
    encore 
   
    l'
    
     Arminium, 
   
    certain 
   
    minium, 
   
    couleur 
   
    d'un 
   
    bleu 
   
    blanchâtre, 
   
    qui 
   
    servait 
   
    à 
   
    décorer 
   
    les 
   
    parois 
   
    de 
   
    leurs 
   
    villas, 
   
    et 
   
    dont 
   
    ils 
   
    payaient 
   
    la 
   
    livre 
   
    jusqu'à 
   
    six 
   
    francs. 
   
    -Leurs 
   
    fameux 
   
    sculpteurs, 
   
    pour 
   
    polir 
   
    le 
   
    Gladiateur, 
   
    l'Apollon 
   
    du 
   
    Belvédère, 
   
    préféraient 
   
    à 
   
    celle 
   
    de 
   
    Naxos 
   
    la 
    
     Cotes 
   
    arménienne, 
   
    qui 
   
    servait 
   
    aussi 
   
    à 
   
    faire 
   
    briller 
   
    les 
   
    pierres 
   
    précieuses. 
   
    Quant 
   
    à 
   
    l'autre 
    
     Cotes, 
   
    c'est 
   
    à-dire 
   
    à 
   
    la 
   
    pierre 
   
    à 
   
    aiguiser, 
   
    l'arménienne 
   
    cédait 
   
    à 
   
    celle 
   
    de 
   
    Naxos. 
   
    - 
   
    Les 
   
    Grecs 
   
    connaissaient 
   
    en 
   
    Arménie 
   
    la 
   
    pierre 
   
    dure 
   
    qui, 
   
    par 
   
    des 
   
    agents 
   
    plus 
   
    forts 
   
    que 
   
    le 
   
    fer, 
   
    recevait 
   
    les 
   
    gravures 
   
    des 
   
    sceaux. 
   
    Les 
   
    anciens 
   
    employaient 
   
    ancore 
   
    la 
    
     Chrysocolle 
    
     arménienne 
   
    (Chrysocolla 
   
    Armeniaca) 
   
    et 
   
    la 
   
    mettaient 
   
    au-dessus 
   
    de 
   
    la 
   
    macédonienne 
   
    et 
   
    de 
   
    la 
   
    cyprienne: 
   
    son 
   
    nom, 
   
    qui 
   
    signifie 
   
    Collante 
   
    d'or, 
   
    fait 
   
    regretter 
   
    en 
   
    core 
   
    davantage 
   
    sa 
   
    disparition, 
   
    car 
   
    on 
   
    ne 
   
    sait 
   
    plus 
   
    où 
   
    trouver 
   
    cette 
   
    pierre; 
   
    mais 
   
    je 
   
    crois 
   
    que 
   
    c'était 
   
    une 
   
    espèce 
   
    de 
   
    borate, 
   
    et 
   
    la 
   
    même 
   
    que 
   
    les 
   
    Arabes 
   
    appelaient 
   
    du 
   
    nom 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays 
   
    (....
   
    ) 
   
    Ils 
   
    en 
   
    tiraient 
   
    une 
   
    autre 
   
    espece 
   
    (بوره 
   
    ارمنی) 
   
    que 
   
    (بوراق 
   
    الارمنی) 
   
    dite 
   
    le 
    
     Borax 
    
     Ariaenien 
   
    (......
   
    ) 
   
    que 
   
    nos 
   
    médecins 
   
    placent 
   
    dans 
   
    le 
   
    district 
   
    moderne 
   
    d'Olti 
   
    (
    
     Taoki, 
    
     Ուխտեցի 
    
     արջասպ
   
    ). 
  
 
   
    Vous 
   
    voyez, 
   
    Messieurs, 
   
    que 
   
    la 
   
    terre 
   
    d'Arménie 
   
    est 
   
    trop 
   
    riche, 
   
    trop 
   
    variée 
   
    en 
   
    productions 
   
    analogues, 
   
    pour 
   
    que 
   
    nous 
   
    puissions 
   
    en 
   
    faire 
   
    le 
   
    détail; 
   
    il 
   
    suffit 
   
    de 
   
    dire 
   
    qu'elle 
   
    est 
   
    riche 
   
    en 
   
    argiles 
   
    de 
   
    toute 
   
    espèce, 
   
    en 
   
    minerais, 
   
    en 
   
    alun, 
   
    connu 
   
    déjà 
   
    de 
   
    Dioscorites, 
   
    et 
   
    surtout 
   
    abondante 
   
    en 
   
    sel 
   
    de 
   
    tous 
   
    genres 
   
    et 
   
    de 
   
    toutes 
   
    formes. 
   
    Les 
   
    mines 
   
    de 
    
     sel 
    
     gemme 
   
    de 
   
    Coulp 
   
    (Goghp) 
   
    et 
   
    de 
   
    Nakhitchévan 
   
    en 
   
    Ararat, 
   
    sont 
   
    exploitées 
   
    depuis 
   
    le 
   
    temps 
   
    des 
   
    fils 
   
    de 
   
    Noé; 
   
    deux 
   
    des 
   
    cantons 
   
    de 
   
    la 
   
    Haute-Arménie 
   
    (pays 
   
    d'Érzeroum) 
   
    portent 
   
    le 
   
    nom 
   
    de 
   
    sel, 
   
    (
    
     Դարանաղի, 
    
     Մանան-աղի) 
    
     Taran-aghi, 
    
     Manan-aghi, 
   
    et 
   
    tout 
   
    le 
   
    monde 
   
    connait 
   
    leurs 
   
    salines. 
   
    D'autres 
   
    districts 
   
    des 
   
    provinces 
   
    voisines 
   
    tirent 
   
    aussi 
   
    leur 
   
    nom 
   
    du 
   
    sel : 
   
    (
    
     Մարդ-աղի, 
    
     Աղօրի, 
    
     Աղտից 
    
     ձոր, 
    
     Աղի-ովիտ
   
    ) 
    
     Mart-aghi, 
    
     Aghori, 
    
     Aghditztzor, 
    
     Aghiovid. 
   
    Les 
   
    sources, 
   
    les 
   
    ruisseaux, 
   
    les 
   
    lacs 
   
    salés 
   
    sont 
   
    nombreux. 
   
    Indiquent-ils 
   
    le 
   
    retrait 
   
    d'une 
   
    mer 
   
    envahissante 
   
    ou 
   
    originaire; 
   
    ou 
   
    sont-ils 
   
    des 
   
    formations 
   
    antiques 
   
    ou 
   
    volcaniques? 
   
    je 
   
    laisse 
   
    la 
   
    question 
   
    aux 
   
    géologues. 
  
 
   
    Parmi 
   
    les 
   
    minéraux 
   
    combustibles, 
   
    les 
   
    plus 
   
    connus 
   
    sont 
   
    le 
    
     soufre, 
   
    puis 
   
    le 
    
     naphte 
   
    noir 
   
    et 
   
    blanc, 
   
    le 
    
     bitume 
   
    ou 
   
    le 
    
     pétrole; 
   
    avec 
   
    eux 
   
    je 
   
    mentionnerai 
   
    l'
    
     huile 
   
    qui 
   
    suinte 
   
    d'une 
   
    pierre 
   
    dans 
   
    une 
   
    église, 
   
    près 
   
    de 
   
    Van; 
   
    fait 
   
    bien 
   
    constaté. 
   
    On 
   
    a 
   
    découvert 
   
    quelques 
   
    traces 
   
    de 
    
     Houille 
   
    dans 
   
    les 
   
    montagnes 
   
    entre 
   
    la 
   
    Haute 
   
    Arménie 
   
    et 
   
    l'Ararat. 
   
    Nos 
   
    anciens 
   
    géographes 
   
    indiquent 
   
    dans 
   
    l'une 
   
    de 
   
    ces 
   
    montagnes, 
   
    au 
   
    S. 
   
    E. 
   
    d'Érzeroum, 
   
    avec 
   
    le 
   
    naphte, 
   
    deux 
   
    autres 
   
    productions 
   
    minérales 
   
    que 
   
    nous 
   
    ne 
   
    connaissons 
   
    pas, 
   
    mais 
   
    que 
   
    nous 
   
    soupçonnons 
   
    être 
   
    du 
   
    genre 
   
    pyrite. 
   
    Nous 
   
    recommandons 
   
    à 
   
    nos 
   
    compatriotes 
   
    d'explorer 
   
    ces 
   
    localités 
   
    et 
   
    de 
   
    nous 
   
    dire 
   
    ce 
   
    que 
   
    sont 
   
    le 
    
     Zhighg 
   
    (Ձիղկ), 
   
    et 
   
    le 
    
     Salag 
   
    (Սալակ). 
   
    Je 
   
    laisse 
   
    aussi 
   
    à 
   
    leur 
   
    soin 
   
    de 
   
    préciser 
   
    la 
    
     pierre 
    
     de 
    
     Van 
   
    (Վանակն), 
   
    prise 
   
    par 
   
    quelques-uns 
   
    pour 
   
    le 
   
    béryl, 
   
    et 
   
    par 
   
    le 
   
    plus 
   
    grand 
   
    nombre 
   
    pour 
   
    le 
   
    cristal-de 
   
    roche. 
   
    Quant 
   
    aux 
   
    pierres 
   
    précieuses, 
   
    nos 
   
    ancêtres 
   
    nous 
   
    signalent 
   
    celles 
   
    d'Ararat, 
   
    sans 
   
    préciser 
   
    les 
   
    localités; 
   
    d'autres 
   
    nous 
   
    indiquent 
   
    le 
    
     jaspe 
   
    sur 
   
    les 
   
    rives 
   
    du 
   
    Thorgom, 
   
    fleuve 
   
    qui 
   
    se 
   
    jetait 
   
    dans 
   
    la 
   
    mer 
   
    Caspienne. 
   
    Moïse 
   
    nous 
   
    parle 
   
    de 
   
    l'
    
     onyx 
   
    et 
   
    du 
    
     bdellion 
   
    dans 
   
    la 
   
    terre 
   
    édenique 
   
    de 
   
    Hévilath, 
   
    aux 
   
    bords 
   
    du 
   
    Phison, 
   
    que 
   
    nous 
   
    croyons 
   
    le 
   
    Djorokh, 
   
    et 
   
    Hévilath, 
   
    le 
   
    Khaghdik 
   
    de 
   
    nos 
   
    ancêtres, 
   
    les 
   
    Chalybes 
   
    des 
   
    classiques 
   
    grecs. 
   
    N'oublions 
   
    pas 
   
    non 
   
    plus 
   
    les 
   
    belles 
   
    et 
   
    rondes 
    
     perles 
   
    minérales 
   
    des 
   
    ruisseaux 
   
    de 
   
    Diadine 
   
    près 
   
    des 
   
    sources 
   
    de 
   
    l'Aradzani. 
   
    -- 
   
    Pour 
   
    les 
   
    pierres 
   
    plus 
   
    communes, 
   
    les 
   
    montagnes 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    en 
   
    sont 
   
    des 
   
    mines 
   
    inépuisables: 
   
    le 
   
    Grand-Ararat 
   
    lui-même 
   
    n'est 
   
    qu'un 
   
    monolithe 
   
    de 
   
    porphyre 
   
    noir 
   
    couvert 
   
    d'une 
   
    cape 
   
    blanche 
   
    bien 
   
    autrement 
   
    grandiose 
   
    par 
   
    sa 
   
    taille 
   
    de 
   
    cinq 
   
    kilomètres 
   
    perpendiculaires, 
   
    que 
   
    le 
   
    fameux 
   
    obélisque 
   
    taille 
   
    dans 
   
    nos 
   
    montagnes 
   
    mêmes 
   
    par 
   
    Sémiramis, 
   
    et 
   
    érigé 
   
    au 
   
    centre 
   
    de 
   
    la 
   
    métropole 
   
    de 
   
    l'Asie, 
   
    comme 
   
    une 
   
    des 
   
    sept 
   
    merveilles 
   
    de 
   
    l'antiquité. 
   
    Voulez-vous, 
   
    Messieurs, 
   
    voir 
   
    quelques 
   
    échantillons 
   
    de 
   
    ces 
   
    pierres? 
   
    vous 
   
    n'avez 
   
    qu'à 
   
    visiter 
   
    le 
   
    rez-de-chaussée 
   
    du 
   
    Louvre; 
   
    vous 
   
    admirerez 
   
    ces 
   
    sculptures 
   
    étonnantes, 
   
    rehaussées 
   
    de 
   
    caractères 
   
    plus 
   
    étonnants 
   
    encore. 
   
    Babylone 
   
    et 
   
    Ninive 
   
    sont 
   
    baties 
   
    et 
   
    enrichies, 
   
    en 
   
    grande 
   
    partie, 
   
    des 
   
    dépouilles 
   
    naturelles 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays, 
   
    qui 
   
    certes 
   
    n'était 
   
    pas 
   
    lui-même 
   
    dépourvu 
   
    de 
   
    tels 
   
    monuments. 
   
    S'il 
   
    a 
   
    subi 
   
    beaucoup 
   
    plus 
   
    de 
   
    ravages 
   
    que 
   
    les 
   
    autres, 
   
    il 
   
    conserve 
   
    néanmoins 
   
    des 
   
    pierres 
   
    monumentales 
   
    en 
   
    caractères 
   
    cunéiformes, 
   
    jusqu'au 
   
    sommet 
   
    de 
   
    montagnes 
   
    de 
   
    3000 
   
    mètres 
   
    de 
   
    hauteur. 
  
 
   
    Sans 
   
    entrer 
   
    dans 
   
    le 
   
    détail 
   
    un 
   
    peu 
   
    génant 
   
    des 
   
    productions 
   
    de 
   
    nos 
   
    carrières, 
   
    je 
   
    dirai 
   
    que 
   
    les 
   
    pierres 
   
    dominantes 
   
    du 
   
    sol 
   
    arménien 
   
    sont 
   
    le 
   
    porphyre 
   
    et 
   
    le 
   
    basalte. 
   
    Ce 
   
    dernier 
   
    forme, 
   
    dans 
   
    le 
   
    vallon 
   
    de 
   
    Karni, 
   
    non 
   
    loin 
   
    du 
   
    lac 
   
    de 
   
    Sévan, 
   
    des 
   
    colonnes 
   
    de 
   
    100 
   
    mètres 
   
    de 
   
    hauteur, 
   
    qui 
   
    présentent 
   
    un 
   
    aspect 
   
    véritablement 
   
    sublime, 
   
    et 
   
    digne 
   
    de 
   
    la 
   
    grande 
   
    ame 
   
    du 
   
    roi-géant 
   
    Dertad, 
   
    qui 
   
    éleva 
   
    au 
   
    sommet 
   
    d'une 
   
    pointe 
   
    surplombant 
   
    des 
   
    précipices 
   
    et 
   
    des 
   
    abimes, 
   
    un 
   
    somptueux 
   
    belvéder 
   
    pour 
   
    Mademoiselle 
   
    d'Arménie, 
   
    sa 
   
    sœur 
   
    bien-aimée; 
   
    après 
   
    treize 
   
    siècles, 
   
    un 
   
    tremblement 
   
    de 
   
    terre 
   
    renversa 
   
    le 
   
    monument; 
   
    mais 
   
    ses 
   
    restes 
   
    presque 
   
    intacts 
   
    nous 
   
    témoignent 
   
    encore 
   
    qu'il 
   
    pouvait 
   
    rivaliser 
   
    avec 
   
    les 
   
    derniers 
   
    monuments 
   
    classiques 
   
    de 
   
    la 
   
    Grèce 
   
    et 
   
    de 
   
    Rome. 
   
    – 
   
    Tout 
   
    près 
   
    de 
   
    ces 
   
    monuments 
   
    de 
   
    la 
   
    nature 
   
    et 
   
    de 
   
    l'art, 
   
    il 
   
    y 
   
    en 
   
    a 
   
    un 
   
    autre 
   
    qui 
   
    réunit 
   
    en 
   
    lui, 
   
    outre 
   
    la 
   
    marque 
   
    de 
   
    ces 
   
    deux 
   
    forces 
   
    admirables, 
   
    celle 
   
    de 
   
    la 
   
    religion: 
   
    c'est 
   
    une 
   
    église, 
   
    ou 
   
    plutôt 
   
    sept 
   
    églises 
   
    et 
   
    cryptes 
   
    taillées 
   
    et 
   
    superposées 
   
    dans 
   
    le 
   
    roc 
   
    vif; 
   
    c'est 
   
    dans 
   
    ces 
   
    solitudes 
   
    reculées 
   
    que 
   
    la 
   
    lance 
   
    hardie 
   
    qui 
   
    ouvrit 
   
    le 
   
    côté 
   
    de 
   
    notre 
   
    Sauveur, 
   
    se 
   
    cacha 
   
    pendant 
   
    plusieurs 
   
    siècles. 
   
    - 
   
    Le 
    
     marbre, 
   
    l'
    
     albâtre, 
   
    le 
    
     cristal-de-roche, 
   
    sont 
   
    connus 
   
    en 
   
    Arménie, 
   
    bien 
   
    qu'en 
   
    quelques 
   
    endroits 
   
    seulement. 
   
    Mais 
   
    la 
   
    plus 
   
    grande 
   
    variété 
   
    de 
   
    ses 
   
    pierres 
   
    provient 
   
    des 
   
    productions 
   
    volcaniques, 
   
    qui 
   
    ont 
   
    servi 
   
    à 
   
    batir 
   
    les 
   
    milliers 
   
    d'églises 
   
    d'Ararat, 
   
    dont 
   
    quelques 
   
    centaines 
   
    restent 
   
    encore 
   
    en 
   
    totalité 
   
    ou 
   
    en 
   
    partie 
   
    debout 
   
    depuis 
   
    10 
   
    et 
   
    13 
   
    siècles. 
   
    Le 
   
    temps 
   
    a 
   
    plutôt 
   
    durci 
   
    que 
   
    rongé 
   
    ces 
   
    pierres 
   
    jaunes, 
   
    noires, 
   
    grises, 
   
    rouges, 
   
    etc. 
  
 
   
    Presque 
   
    tous 
   
    les 
   
    monuments 
   
    d'Ani, 
   
    et 
   
    de 
   
    ses 
   
    environs, 
   
    sont 
   
    entièrement 
   
    construits 
   
    de 
   
    cette 
   
    matière; 
   
    il 
   
    y 
   
    a 
   
    telle 
   
    église 
   
    qui 
   
    n'a 
   
    pas 
   
    reçu 
   
    une 
   
    poignée 
   
    de 
   
    chaux, 
   
    bien 
   
    que 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    calcaires 
   
    aient 
   
    pu 
   
    lui 
   
    prodiguer 
   
    le 
   
    mortier: 
   
    on 
   
    se 
   
    servait 
   
    de 
   
    crochets 
   
    de 
   
    fer 
   
    ou 
   
    de 
   
    lames 
   
    de 
   
    plomb 
   
    pour 
   
    accoler 
   
    les 
   
    pierres, 
   
    et 
   
    quelquefois 
   
    on 
   
    négligeait 
   
    même 
   
    ces 
   
    moyens 
   
    de 
   
    consolidation. 
   
    Ces 
   
    sortes 
   
    de 
   
    pierres 
   
    nous 
   
    rappellent 
   
    naturellement 
   
    leur 
   
    origine, 
   
    ces 
   
    terribles 
   
    titans, 
   
    qui, 
   
    déchirant 
   
    les 
   
    flancs 
   
    de 
   
    la 
   
    terre, 
   
    se 
   
    dressèrent 
   
    en 
   
    montagnes 
   
    fumantes. 
   
    Je 
   
    parle 
   
    des 
   
    Volcans 
   
    éteints, 
   
    dont 
   
    les 
   
    restes 
   
    sont 
   
    encore 
   
    avec 
   
    les 
   
    eaux 
   
    minérales, 
   
    les 
   
    types 
   
    les 
   
    plus 
   
    caractéristiques 
   
    du 
   
    sol 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays: 
   
    je 
   
    ne 
   
    sais 
   
    pas 
   
    s'il 
   
    y 
   
    en 
   
    a 
   
    un 
   
    autre 
   
    qui 
   
    soit 
   
    aussi 
   
    labouré 
   
    par 
   
    ces 
   
    forces 
   
    plutoniques, 
   
    qui 
   
    lui 
   
    ont 
   
    imprimé 
   
    des 
   
    formes 
   
    aussi 
   
    grandioses 
   
    que 
   
    terribles. 
  
 
   
    Les 
   
    volcans 
   
    éteints 
   
    des 
   
    Domes 
   
    près 
   
    de 
   
    nous, 
   
    en 
   
    Auvergne, 
   
    ne 
   
    sont 
   
    que 
   
    des 
   
    pygmées 
   
    à 
   
    côté 
   
    de 
   
    ces 
   
    géants 
   
    de 
   
    3-à-4000 
   
    mètres, 
   
    qui, 
   
    bien 
   
    qu'éteints 
   
    aussi, 
   
    gardent 
   
    néanmoins 
   
    toutes 
   
    les 
   
    apparences 
   
    d'une 
   
    force 
   
    plutôt 
   
    évanouie 
   
    qu'anéantie, 
   
    et 
   
    toutes 
   
    les 
   
    traces 
   
    de 
   
    leurs 
   
    ravages, 
   
    qui 
   
    ne 
   
    sont 
   
    pas 
   
    d'une 
   
    date 
   
    très-reculée. 
   
    Il 
   
    y 
   
    a 
   
    encore 
   
    ici 
   
    un 
   
    grand 
   
    contraste 
   
    dans 
   
    la 
   
    destinée 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays: 
   
    historiquement, 
   
    c'est 
   
    la 
   
    terre 
   
    la 
   
    plus 
   
    antique, 
   
    la 
   
    terre 
   
    originaire 
   
    de 
   
    l'homme; 
   
    géologiquement, 
   
    elle 
   
    semble 
   
    des 
   
    plus 
   
    modernes 
   
    formations; 
   
    du 
   
    moins 
   
    elle 
   
    a 
   
    subi 
   
    des 
   
    révolutions 
   
    récentes: 
   
    plusieurs 
   
    de 
   
    ses 
   
    éruptions 
   
    sont 
   
    posté 
   
    rieures 
   
    aux 
   
    temps 
   
    historiques; 
   
    il 
   
    y 
   
    en 
   
    a 
   
    même 
   
    qui 
   
    ne 
   
    datent 
   
    peut-être 
   
    que 
   
    de 
   
    1500 
   
    à 
   
    2000 
   
    ans; 
   
    tant 
   
    on 
   
    voit 
   
    clairement 
   
    les 
   
    torrents 
   
    bigarrés 
   
    de 
   
    laves, 
   
    comme 
   
    d'immenses 
   
    serpents 
   
    entortillés 
   
    autour 
   
    des 
   
    soubassements 
   
    et 
   
    des 
   
    cratères 
   
    béants 
   
    des 
   
    colosses 
   
    dont 
   
    ils 
   
    ont 
   
    jailli. 
   
    Leurs 
   
    écailles 
   
    mêmes, 
   
    si 
   
    on 
   
    me 
   
    permet 
   
    cette 
   
    expression, 
   
    n'ont 
   
    rien 
   
    perdu 
   
    de 
   
    leur 
   
    ancien 
   
    éclat; 
   
    la 
   
    mousse 
   
    n'a 
   
    pas 
   
    encore 
   
    envahi 
   
    leur 
   
    surface. 
   
    On 
   
    connaissait 
   
    par 
   
    tradition 
   
    aux 
   
    siècles 
   
    de 
   
    nos 
   
    pères, 
   
    le 
   
    renversement 
   
    de 
   
    la 
   
    montagne 
   
    Grande, 
   
    la 
   
    déchirure 
   
    de 
   
    trois 
   
    kilomètres 
   
    de 
   
    profondeur 
   
    des 
   
    flancs 
   
    du 
   
    Grand-Ararat. 
   
    Ce 
   
    gouffre 
   
    a 
   
    charmé 
   
    par 
   
    ses 
   
    sublimes 
   
    horreurs, 
   
    non 
   
    seulement 
   
    les 
   
    poètes 
   
    nationaux, 
   
    mais 
   
    encore 
   
    les 
   
    Byron 
   
    et 
   
    les 
   
    Soumet; 
   
    car 
   
    les 
   
    yeux 
   
    de 
   
    ces 
   
    fils 
   
    d'Apollon, 
   
    plus 
   
    pénétrants 
   
    que 
   
    ceux 
   
    des 
   
    géologues, 
   
    y 
   
    voyaient 
   
    encore 
   
    des 
   
    bouillonnements 
   
    intérieurs, 
   
    qui 
   
    se 
   
    manifestèrent 
   
    en 
   
    1840, 
   
    en 
   
    ébranlant 
   
    toute 
   
    la 
   
    plaine 
   
    de 
   
    l'Ararat 
   
    et 
   
    lançant 
   
    des 
   
    flots 
   
    de 
   
    fumée 
   
    noire, 
   
    de 
   
    la 
   
    boue, 
   
    des 
   
    pierres 
   
    et 
   
    de 
   
    l'eau. 
   
    L'ange 
   
    du 
   
    Sommeil 
   
    avait 
   
    alors, 
   
    sans 
   
    doute, 
   
    quitté 
   
    le 
   
    sommet 
   
    sacré 
   
    où 
   
    l'Homère 
   
    des 
   
    prosateurs 
   
    modernes, 
   
    le 
   
    chantre 
   
    des 
    
     Martyrs, 
   
    l'avait 
   
    naïvement 
   
    placé. 
   
    La 
   
    dernière 
   
    éruption 
   
    d'une 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    à 
   
    l'O. 
   
    du 
   
    lac 
   
    de 
   
    Van, 
   
    est 
   
    mentionnée 
   
    l'an 
   
    1441. 
   
    - 
   
    Sipan 
   
    qui 
   
    s'élève 
   
    en 
   
    cône 
   
    superbe 
   
    au 
   
    N. 
   
    du 
   
    même 
   
    lac, 
   
    à 
   
    une 
   
    hauteur 
   
    peut-être 
   
    supérieure 
   
    à 
   
    4000 
   
    mètres, 
   
    répand 
   
    encore 
   
    des 
   
    exhalaisons 
   
    sulfuriques. 
   
    - 
   
    Varak, 
   
    à 
   
    l'E., 
   
    n'est 
   
    pas 
   
    étranger 
   
    à 
   
    ces 
   
    formations 
   
    plutoniques; 
   
    le 
   
    Sud 
   
    du 
   
    lac 
   
    n'est 
   
    pas 
   
    encore 
   
    noté 
   
    des 
   
    mêmes 
   
    signes 
   
    par 
   
    les 
   
    voyageurs, 
   
    mais 
   
    un 
   
    saint 
   
    solitaire, 
   
    qui 
   
    vivait 
   
    dans 
   
    ces 
   
    parages 
   
    au 
   
    commencement 
   
    du 
   
    XI 
   
    siècle, 
   
    Grégoire 
   
    de 
   
    Narégue, 
   
    ce 
   
    Saint 
   
    Bernard 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    dans 
   
    un 
   
    de 
   
    ses 
   
    hymnes, 
   
    parait 
   
    faire 
   
    une 
   
    vague 
   
    allusion 
   
    à 
   
    quelque 
   
    éruption 
   
    volcanique. 
   
    Déjà 
   
    au 
   
    commencement 
   
    de 
   
    l'ère 
   
    chrétienne, 
   
    nos 
   
    ancêtres 
   
    adoraient 
   
    dans 
   
    une 
   
    de 
   
    ces 
   
    montagnes 
   
    «le 
   
    feu 
   
    dévorant 
   
    et 
   
    insatiable, 
   
    qui 
   
    roulait 
   
    des 
   
    pierres 
   
    à 
   
    la 
   
    source 
   
    de 
   
    la 
   
    fontaine 
   
    jaillissant 
   
    plus 
   
    bas!»
    
     [1]. 
   
    Le 
   
    feu 
   
    peut-être, 
   
    à 
   
    cause 
   
    de 
   
    son 
   
    éclat, 
   
    était 
   
    la 
   
    sœur; 
   
    et 
   
    la 
   
    source, 
   
    le 
   
    frère! 
   
    On 
   
    sait 
   
    d'ailleurs 
   
    que 
   
    les 
   
    eaux 
   
    de 
   
    ce 
   
    lac 
   
    sont 
   
    plus 
   
    amères 
   
    que 
   
    salées; 
   
    celles 
   
    de 
   
    ses 
   
    bords 
   
    surtout 
   
    sont 
   
    tellement 
   
    saturées 
   
    de 
   
    nitre, 
   
    qu'elles 
   
    servent 
   
    au 
   
    blanchissage 
   
    du 
   
    linge. 
   
    -- 
   
    Quant 
   
    au 
   
    lac 
   
    de 
   
    Sévan, 
   
    il 
   
    n'y 
   
    a 
   
    aucun 
   
    doute 
   
    sur 
   
    sa 
   
    formation 
   
    et 
   
    son 
   
    soulèvement 
   
    volcanique: 
   
    on 
   
    le 
   
    dirait 
   
    le 
   
    plus 
   
    vaste 
   
    des 
   
    cratères, 
   
    entouré 
   
    de 
   
    pics 
   
    et 
   
    de 
   
    cônes, 
   
    dont 
   
    plus 
   
    d'une 
   
    douzaine 
   
    ont 
   
    leur 
   
    cratère 
   
    particulier, 
   
    vide 
   
    ou 
   
    rempli 
   
    d'eau. 
   
    - 
   
    Derrière 
   
    eux 
   
    à 
   
    l'O., 
   
    s'élève 
   
    l'imposante 
   
    Aracadze 
   
    (Alaguèze 
   
    des 
   
    modernes), 
   
    tout-à-fait 
   
    isolée, 
   
    la 
   
    plus 
   
    large 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    et 
   
    la 
   
    plus 
   
    haute 
   
    après 
   
    le 
   
    Massis, 
   
    avec 
   
    lequel 
   
    elle 
   
    forme, 
   
    selon 
   
    la 
   
    belle 
   
    idée 
   
    du 
   
    grand 
   
    géographe 
   
    Ritter, 
   
    les 
   
    piles 
   
    d'une 
   
    porte, 
   
    par 
   
    laquelle 
   
    passent 
   
    toutes 
   
    les 
   
    caravanes 
   
    qui, 
   
    des 
   
    bords 
   
    du 
   
    Gange 
   
    vont 
   
    jusqu'au 
   
    Pont 
   
    et 
   
    au 
   
    Caucase. 
   
    Le 
   
    sommet 
   
    de 
   
    l'Aracadze 
   
    est 
   
    crevassé 
   
    et 
   
    hérissé 
   
    de 
   
    quatre 
   
    pics, 
   
    qui 
   
    s'élèvent 
   
    comme 
   
    des 
   
    vedettes 
   
    autour 
   
    de 
   
    son 
   
    cratère, 
   
    portant 
   
    dans 
   
    leurs 
   
    flancs 
   
    du 
   
    soufre 
   
    brillant. 
   
    J'incline 
   
    à 
   
    croire 
   
    qu'on 
   
    voyait 
   
    encore, 
   
    aux 
   
    premiers 
   
    siècles 
   
    de 
   
    notre 
   
    ère, 
   
    la 
   
    fumée 
   
    s'échapper 
   
    de 
   
    ses 
   
    crevasses, 
   
    car 
   
    des 
   
    écrivains 
   
    crédules 
   
    du 
   
    XIV 
   
    siècle 
   
    nous 
   
    racontent 
   
    qu'il 
   
    y 
   
    a 
   
    dans 
   
    le 
   
    creux 
   
    de 
   
    la 
   
    montagne 
   
    une 
   
    caverne 
   
    où 
   
    notre 
   
    Illuminateur 
   
    a 
   
    formé 
   
    une 
   
    chapelle 
   
    et 
   
    suspendu 
   
    une 
   
    lampe 
   
    ardente 
   
    qui 
   
    ne 
   
    s'éteindra 
   
    qu'à 
   
    la 
   
    fin 
   
    du 
   
    monde. 
   
    - 
   
    Un 
   
    voyageur 
   
    Prussien, 
   
    traversant 
   
    récemment 
   
    l'Arménie 
   
    du 
   
    nord 
   
    au 
   
    sud, 
   
    a 
   
    observé 
   
    pendant 
   
    trois 
   
    nuits 
   
    de 
   
    suite 
   
    certaines 
   
    lueurs 
   
    sur 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    de 
   
    l'Ararat. 
   
    Les 
   
    naturels 
   
    du 
   
    pays 
   
    les 
   
    considéraient 
   
    comme 
   
    un 
   
    signe 
   
    infaillible 
   
    de 
   
    tremblement 
   
    de 
   
    terre 
   
    dans 
   
    la 
   
    Persarménie. 
   
    En 
   
    effet, 
   
    le 
   
    tremblement 
   
    eut 
   
    bientôt 
   
    lieu 
   
    à 
   
    Tabrize. 
   
    Vous 
   
    savez, 
   
    Messieurs, 
   
    que 
   
    la 
   
    contrée 
   
    dont 
   
    cette 
   
    ville 
   
    est 
   
    la 
   
    capitale, 
   
    a 
   
    porté 
   
    de 
   
    tout 
   
    temps 
   
    le 
   
    nom 
   
    d'Aderbydjan, 
   
    c'est-à-dire 
   
    place 
   
    ou 
   
    récipient 
   
    du 
   
    feu; 
   
    elle 
   
    a, 
   
    entre 
   
    autres, 
   
    le 
   
    pic 
   
    volcanique 
   
    de 
   
    Savalan, 
   
    qui 
   
    est 
   
    à 
   
    peu 
   
    près 
   
    aussi 
   
    haut 
   
    que 
   
    le 
   
    Mont-Blanc. 
   
    - 
   
    Enfin 
   
    le 
   
    mont 
    
     Tandourek 
   
    (peut-être 
    
     Tontrag 
   
    en 
   
    arménien) 
   
    qui 
   
    se 
   
    trouve 
   
    entre 
   
    le 
   
    Grand-Ararat 
   
    et 
   
    le 
   
    golfe 
   
    du 
   
    lac 
   
    de 
   
    Van, 
   
    et 
   
    qui 
   
    a 
   
    une 
   
    grande 
   
    ressemblance 
   
    de 
   
    formes 
   
    avec 
   
    le 
   
    celebre 
   
    Vésuve, 
   
    donne 
   
    des 
   
    signes 
   
    indubitables 
   
    d'une 
   
    vitalité 
   
    menaçante: 
   
    non 
   
    seulement 
   
    il 
   
    présente 
   
    des 
   
    cratères 
   
    éteints, 
   
    des 
   
    exhalaisons 
   
    sulfureuses 
   
    et 
   
    gazeuses, 
   
    des 
   
    fumées 
   
    continuelles, 
   
    des 
   
    vapeurs 
   
    qu'on 
   
    sait 
   
    utiliser 
   
    pour 
   
    des 
   
    bains, 
   
    mais 
   
    il 
   
    fait 
   
    encore 
   
    entendre 
   
    de 
   
    temps 
   
    en 
   
    temps 
   
    ces 
   
    sourds 
   
    et 
   
    redoutables 
    
     bramidos 
   
    connus 
   
    dans 
   
    les 
   
    volcans 
   
    des 
   
    Andes. 
   
    - 
   
    Combien 
   
    devait 
   
    être 
   
    terrible 
   
    et 
   
    sublime 
   
    le 
   
    spectacle 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    quelque 
   
    mille 
   
    ans 
   
    auparavant, 
   
    quand, 
   
    sillonnée 
   
    par 
   
    des 
   
    mers 
   
    intérieures, 
   
    elle 
   
    voyait 
   
    s'embraser 
   
    comme 
   
    des 
   
    phares 
   
    de 
   
    la 
   
    nature, 
   
    ces 
   
    centaines 
   
    de 
   
    colosses 
   
    volcaniques 
   
    dressés 
   
    sur 
   
    le 
   
    plateau 
   
    le 
   
    plus 
   
    élevé 
   
    de 
   
    l'Asie 
   
    antérieure, 
   
    et 
   
    dont 
   
    les 
   
    flammes 
   
    impétueuses 
   
    effrayaient 
   
    les 
   
    peuples 
   
    naissants, 
   
    qui 
   
    dirigeaient 
   
    leurs 
   
    pas 
   
    incertains 
   
    vers 
   
    des 
   
    contrées 
   
    inconnues! 
  
 
   
    Passons 
   
    maintenant 
   
    de 
   
    ces 
   
    formes 
   
    rugueuses 
   
    au 
   
    sein 
   
    même 
   
    qu'elles 
   
    recouvrent: 
   
    mais 
   
    rassurez-vous, 
   
    Messieurs, 
   
    je 
   
    ne 
   
    veux 
   
    pas 
   
    découvrir 
   
    à 
   
    vos 
   
    yeux 
   
    par 
   
    des 
   
    coups 
   
    du 
   
    trident 
   
    de 
   
    Neptune 
   
    les 
   
    sombres 
   
    secrets 
   
    de 
   
    Pluton: 
   
    je 
   
    ne 
   
    veux, 
   
    ni 
   
    ne 
   
    puis 
   
    vous 
   
    dévoiler 
   
    tout 
   
    ce 
   
    que 
   
    la 
   
    nature 
   
    a 
   
    caché 
   
    dans 
   
    ses 
   
    entrailles; 
   
    le 
   
    savant 
   
    laborieux 
   
    le 
   
    fera, 
   
    lui 
   
    qui, 
   
    avec 
   
    autant 
   
    de 
   
    patience 
   
    que 
   
    d'industrie 
   
    puise, 
   
    au 
   
    moyen 
   
    d'un 
   
    faible 
   
    tube, 
   
    dans 
   
    les 
   
    abimes 
   
    ténébreux, 
   
    l'eau 
   
    précieuse 
   
    pour 
   
    l'usage 
   
    d'une 
   
    grande 
   
    ville, 
   
    telle 
   
    que 
   
    Paris. 
   
    Je 
   
    vous 
   
    indiquerai 
   
    quelque 
   
    chose 
   
    des 
   
    produits 
   
    métalliques 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    et 
   
    vous 
   
    y 
   
    reconnaîtrez 
   
    un 
   
    nouveau 
   
    type 
   
    frappant. 
   
    Commençons 
   
    par 
   
    le 
   
    métal 
   
    le 
   
    plus 
   
    précieux. 
   
    C'est 
   
    un 
   
    fait 
   
    singulier 
   
    qu'il 
   
    est 
   
    le 
   
    premier 
   
    mentionné 
   
    entre 
   
    tous 
   
    dans 
   
    le 
   
    premier 
   
    livre 
   
    du 
   
    monde: 
   
    la 
   
    Bible 
   
    indique 
   
    l'excellent 
    
     Or 
   
    de 
   
    Hévilath 
   
    aux 
   
    bords 
   
    du 
   
    Phison, 
   
    premier 
   
    fleuve 
   
    d'Éden, 
   
    que 
   
    nous 
   
    reconnaissons 
   
    dans 
   
    le 
   
    Djorokh, 
   
    et 
   
    la 
   
    terre 
   
    qu'il 
   
    entoure 
   
    dans 
   
    le 
   
    Khaghdik 
   
    de 
   
    nos 
   
    auteurs, 
   
    le 
   
    Chalybes 
   
    des 
   
    Grecs: 
   
    et 
   
    si 
   
    l'on 
   
    n'y 
   
    trouve 
   
    plus 
   
    d'or 
   
    aujourd'hui, 
   
    ne 
   
    vous 
   
    en 
   
    étonnez 
   
    pas; 
   
    car 
   
    entre 
   
    l'époque 
   
    où 
   
    écrivait 
   
    Moïse 
   
    et 
   
    la 
   
    nôtre, 
   
    il 
   
    n'y 
   
    a 
   
    pas 
   
    moins 
   
    de 
   
    3400 
   
    ans. 
   
    Mais 
   
    il 
   
    vous 
   
    souvient 
   
    sans 
   
    doute 
   
    des 
   
    Argonautes 
   
    qui, 
   
    3 
   
    ou 
   
    4 
   
    siècles 
   
    après 
   
    Moïse, 
   
    vinrent 
   
    chercher 
   
    dans 
   
    ces 
   
    parages 
   
    la 
   
    Toison 
   
    d'or, 
   
    que 
   
    je 
   
    tiens 
   
    pour 
   
    les 
   
    mines 
   
    d'or; 
   
    il 
   
    vous 
   
    souvient 
   
    aussi 
   
    qu'après 
   
    quelques 
   
    siècles, 
   
    le 
   
    Père 
   
    des 
   
    poëtes 
   
    nous 
   
    y 
   
    représente 
   
    les 
   
    Alisons 
   
    d'Alybe, 
   
    pays 
   
    riche 
   
    en 
   
    argent, 
   
    selon 
   
    lui, 
   
    où 
   
    des 
   
    auteurs 
   
    plus 
   
    modernes 
   
    reconnaissent 
   
    les 
   
    Arméno-khalybes 
   
    et 
   
    les 
   
    Chalybes; 
   
    et 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    mot 
   
    signifie 
   
    en 
   
    grec 
   
    la 
   
    mine 
   
    et 
   
    ses 
   
    employés. 
   
    — 
   
    Des 
   
    mines 
   
    d'argent 
   
    y 
   
    sont 
   
    exploitées 
   
    aujourd'hui 
   
    encore 
   
    à 
   
    Gumuch 
   
    khané 
   
    (
    
     Mines-d'argent
   
    ), 
   
    et 
   
    à 
   
    Ispir, 
   
    notre 
   
    Sber, 
   
    la 
   
    Syspiratis 
   
    de 
   
    Strabon. 
   
    Ce 
   
    dernier 
   
    endroit, 
   
    entouré 
   
    par 
   
    le 
   
    Djorokh 
   
    ou 
   
    Phison, 
   
    avait 
   
    encore 
   
    ses 
   
    mines 
   
    d'or 
   
    au 
   
    temps 
   
    d'Alexandre-le-Grand 
   
    qui 
   
    voulut 
   
    y 
   
    envoyer 
   
    des 
   
    explorateurs, 
   
    malheureusement 
   
    assaillis 
   
    et 
   
    tués 
   
    par 
   
    les 
   
    gens 
   
    du 
   
    pays. 
   
    Au 
   
    VI 
   
    siècle 
   
    de 
   
    notre 
   
    ère, 
   
    la 
   
    mine 
   
    d'or 
   
    de 
   
    Pharange, 
   
    dans 
   
    les 
   
    environs, 
   
    suscitait 
   
    une 
   
    grande 
   
    jalousie 
   
    entre 
   
    les 
   
    Sassanides 
   
    et 
   
    les 
   
    Byzantins. 
   
    Un 
   
    voyageur 
   
    du 
   
    XVII 
   
    siècle 
   
    nous 
   
    assure 
   
    qu'on 
   
    travaillait 
   
    aux 
   
    mines 
   
    d'or 
   
    de 
   
    Sber, 
   
    même 
   
    sous 
   
    la 
   
    domination 
   
    ottomane, 
   
    et 
   
    qu'on 
   
    les 
   
    abandonna 
   
    à 
   
    cause 
   
    des 
   
    dégâts 
   
    occasionnés 
   
    par 
   
    l'eau. 
   
    De 
   
    nos 
   
    jours, 
   
    en 
   
    1850, 
   
    quelques 
   
    géologues 
   
    constatèrent 
   
    la 
   
    ressemblance 
   
    de 
   
    la 
   
    conformation 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    de 
   
    Garine 
   
    (Erzéroum) 
   
    avec 
   
    celle 
   
    de 
   
    l'Altaï, 
   
    et 
   
    sans 
   
    se 
   
    douter 
   
    de 
   
    leurs 
   
    richesses 
   
    cachées, 
   
    passèrent 
   
    outre. 
   
    Il 
   
    ne 
   
    faut 
   
    pas 
   
    omettre 
   
    ici 
   
    qu'un 
   
    des 
   
    principaux 
   
    villages 
   
    de 
   
    Garine 
   
    porte 
   
    le 
   
    nom 
   
    d'Argent 
   
    (
    
     Արծաթի
   
    ). 
   
    Nos 
   
    historiens 
   
    du 
   
    V 
   
    siècle 
   
    parlent 
   
    des 
   
    mines 
   
    d'or 
   
    de 
   
    l'Ararat, 
   
    sans 
   
    en 
   
    préciser 
   
    la 
   
    situation. 
   
    L'Arménie 
   
    du 
   
    N.
   
    E., 
   
    baignée 
   
    par 
   
    le 
   
    Cour, 
   
    a 
   
    donné, 
   
    dans 
   
    des 
   
    mines 
   
    et 
   
    des 
   
    rivières, 
   
    des 
   
    échantillons 
   
    d'or, 
   
    constatés 
   
    par 
   
    les 
   
    employés 
   
    russes. 
   
    Plusieurs 
   
    noms 
   
    géographiques 
   
    de 
   
    ces 
   
    contrées 
   
    prouvent 
   
    l'existence 
   
    de 
   
    l'or. 
   
    Les 
   
    mines 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    occidentale 
   
    ont 
   
    établi 
   
    le 
   
    même 
   
    fait: 
   
    à 
   
    Arghana 
   
    (
    
     Argueni
   
    ), 
   
    par 
   
    exemple, 
   
    on 
   
    extrayait 
   
    aussi 
   
    de 
   
    l'or 
   
    au 
   
    commencement 
   
    du 
   
    dernier 
   
    siècle, 
   
    lors 
   
    du 
   
    passage 
   
    du 
   
    voyageur 
   
    Otter. 
   
    - 
   
    Aux 
   
    mines 
   
    d'argent 
   
    que 
   
    nous 
   
    venons 
   
    de 
   
    citer 
   
    en 
   
    passant, 
   
    ajoutons 
   
    celles 
   
    d'Aderbydjan 
   
    et 
   
    de 
   
    Kurdistan, 
   
    qui 
   
    ne 
   
    sont 
   
    pas 
   
    bien 
   
    exploitées. 
   
    Sous 
   
    le 
   
    khalifat 
   
    de 
   
    Mahadi 
   
    (775-785), 
   
    on 
   
    a 
   
    découvert 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    d'argent 
   
    pur 
   
    en 
   
    Arménie, 
   
    selon 
   
    l'expression 
   
    d'un 
   
    historien 
   
    contemporain, 
   
    qui 
   
    n'en 
   
    indique 
   
    pas 
   
    le 
   
    lieu 
   
    précis. 
   
    - 
   
    Les 
   
    mines 
   
    de 
    
     Cuivre 
   
    sont 
   
    assez 
   
    abondantes, 
   
    surtout 
   
    dans 
   
    la 
   
    province 
   
    de 
   
    Koukark, 
   
    le 
   
    pays 
   
    originaire 
   
    de 
   
    Gog 
   
    et 
   
    Magog, 
   
    sur 
   
    le 
   
    haut 
   
    Cour; 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    entières 
   
    portent 
   
    le 
   
    nom 
   
    de 
    
     Mines-de-Cuivre 
   
    (
    
     Պղնձահանք
   
    ), 
   
    et 
   
    y 
   
    sont 
   
    toujours 
   
    exploitées; 
   
    on 
   
    en 
   
    trouve 
   
    aussi 
   
    dans 
   
    le 
   
    Karabagh, 
   
    à 
   
    Arghana, 
   
    à 
   
    Sber, 
   
    et 
   
    dans 
   
    le 
   
    canton 
   
    de 
   
    Mogk, 
   
    au 
   
    S. 
   
    du 
   
    lac 
   
    de 
   
    Van. 
   
    — 
   
    Le 
    
     Fer 
   
    est 
   
    plus 
   
    abondant 
   
    encore 
   
    et 
   
    plus 
   
    varié, 
   
    surtout 
   
    dans 
   
    l'Arménie 
   
    méridionale: 
   
    au 
   
    bord 
   
    du 
   
    lac 
   
    précité, 
   
    il 
   
    y 
   
    a 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    de 
    
     Mines-de-fer 
   
    et 
   
    de 
    
     Plomb. 
   
    Outre 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    métal, 
   
    l'Arménie 
   
    produit 
   
    ou 
   
    a 
   
    produit 
   
    le 
    
     Zinc, 
   
    l'
    
     Ars 
    
     Orpiment 
    
     enic, 
   
    l', 
   
    l'
    
     Étain, 
   
    etc., 
   
    etc. 
  
 
  
  
   
  
    
   
      
       [1] 
     
      Moïse 
     
      de 
     
      Khorene, 
     
      Histoire 
     
      de 
     
      l'Image 
     
      de 
     
      la 
     
      Sainte 
     
      Vierge.