III.
  
  
  
 
   
    Revenons 
   
    maintenant 
   
    à 
   
    la 
   
    surface 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays 
   
    et 
   
    à 
   
    son 
   
    règne 
   
    organique. 
   
    D'après 
   
    sa 
   
    configuration 
   
    et 
   
    son 
   
    climat, 
   
    que 
   
    nous 
   
    venons 
   
    d'étudier, 
   
    l'Arménie 
   
    ne 
   
    devrait 
   
    pas 
   
    avoir 
   
    une 
   
    végétation 
   
    trés-développée, 
   
    sur 
   
    tout 
   
    dans 
   
    le 
   
    genre 
   
    des 
   
    plantes 
   
    touffues 
   
    et 
   
    de 
   
    taille. 
   
    En 
   
    effet, 
   
    le 
   
    voyageur 
   
    qui 
   
    fait 
   
    le 
   
    trajet 
   
    entre 
   
    le 
   
    Pont 
   
    et 
   
    la 
   
    Perse, 
   
    ne 
   
    voit 
   
    sur 
   
    son 
   
    chemin 
   
    aucun 
   
    bois 
   
    considérable, 
   
    aucun 
   
    arbre 
   
    élevé, 
   
    mais 
   
    seulement 
   
    des 
   
    broussailles, 
   
    des 
   
    arbrisseaux, 
   
    et 
   
    quelques 
   
    rares 
   
    bosquets. 
   
    Passène, 
   
    la 
   
    plus 
   
    vaste 
   
    des 
   
    plaines 
   
    d'Ararat, 
   
    où 
   
    l'Araxe 
   
    fait 
   
    ses 
   
    premiers 
   
    pas, 
   
    porte 
   
    le 
   
    titre 
   
    de 
    
     Sans-Bois 
   
    (
    
     Անփայտ 
    
     Բասեան
   
    ). 
   
    Dépourvus 
   
    de 
   
    cet 
   
    élément 
   
    indispensable 
   
    dans 
   
    le 
   
    ménage, 
   
    les 
   
    habitants 
   
    du 
   
    pays 
   
    n'ont 
   
    que 
   
    la 
   
    fiente 
   
    de 
   
    leurs 
   
    bestiaux, 
   
    pour 
   
    l'usage 
   
    du 
   
    foyer. 
   
    Leurs 
   
    maisons 
   
    sont 
   
    à 
   
    moitié 
   
    cachées 
   
    dans 
   
    les 
   
    flancs 
   
    d'une 
   
    colline 
   
    ou 
   
    d'un 
   
    tertre 
   
    ondulé, 
   
    et 
   
    à 
   
    moitié 
   
    sous 
   
    le 
   
    sol. 
   
    La 
   
    description 
   
    de 
   
    ces 
   
    demeures 
   
    souterraines, 
   
    que 
   
    nous 
   
    donne 
   
    Xénophon, 
   
    se 
   
    vérifie 
   
    littéralement 
   
    après 
   
    23 
   
    siècles. 
   
    Mais, 
   
    à 
   
    vrai 
   
    dire, 
   
    cette 
   
    rareté 
   
    accuse 
   
    moins 
   
    la 
   
    nature 
   
    que 
   
    l'insouciance 
   
    des 
   
    habitants; 
   
    car 
   
    le 
   
    même 
   
    auteur 
   
    grec, 
   
    et 
   
    Quinte-Curce, 
   
    ainsi 
   
    que 
   
    d'autres 
   
    écrivains 
   
    anciens, 
   
    nous 
   
    parlent 
   
    de 
   
    montagnes 
   
    et 
   
    de 
   
    coteaux 
   
    boisés, 
   
    même 
   
    dans 
   
    la 
   
    belle 
   
    vallée 
   
    de 
   
    l'Araxe, 
   
    les 
    
     Araxeni 
    
     Campi 
   
    des 
   
    Romains, 
   
    qui 
   
    ne 
   
    trouvaient 
   
    pas 
   
    de 
   
    terrain 
   
    mieux 
   
    cultivé 
   
    dans 
   
    toute 
   
    l'Asie: 
   
    tant 
   
    la 
   
    culture, 
   
    au 
   
    temps 
   
    de 
   
    nos 
   
    pères, 
   
    pouvait 
   
    corriger 
   
    les 
   
    rudesses 
   
    de 
   
    la 
   
    nature, 
   
    si 
   
    cette 
   
    belle 
   
    fille 
   
    du 
   
    Créateur 
   
    en 
   
    pouvait 
   
    avoir! 
   
    Aujourd'hui 
   
    encore, 
   
    l'Arménie 
   
    ne 
   
    manque 
   
    pas 
   
    de 
   
    bois: 
   
    tout 
   
    près 
   
    de 
   
    cette 
   
    Passène 
   
    déboisée, 
   
    les 
   
    montagnes 
   
    de 
   
    Soghanlou, 
   
    sur 
   
    une 
   
    longueur 
   
    de 
   
    20 
   
    à 
   
    25 
   
    lieues, 
   
    sont 
   
    couvertes 
   
    de 
   
    différentes 
   
    espèces 
   
    de 
   
    pins, 
   
    de 
   
    sapins 
   
    et 
   
    de 
   
    bouleaux, 
   
    dont 
   
    non 
   
    seulement 
   
    les 
   
    habitants 
   
    du 
   
    voisinage, 
   
    mais 
   
    les 
   
    gouvernements 
   
    turc 
   
    et 
   
    russe 
   
    profitent 
   
    pour 
   
    les 
   
    fortifications 
   
    des 
   
    boulevards 
   
    avancés 
   
    de 
   
    leurs 
   
    empires 
   
    en 
   
    Arménie; 
   
    (car 
   
    depuis 
   
    le 
   
    IV 
   
    siècle, 
   
    notre 
   
    pays 
   
    a 
   
    toujours 
   
    eu 
   
    la 
   
    triste 
   
    destinée 
   
    de 
   
    servir 
   
    de 
   
    frontière, 
   
    de 
   
    champ 
   
    de 
   
    bataille 
   
    ou 
   
    de 
   
    proie 
   
    à 
   
    deux 
   
    conquérants 
   
    antagonistes). 
   
    C'est 
   
    de 
   
    ces 
   
    montagnes 
   
    que 
   
    le 
   
    fils 
   
    de 
   
    Houlaghou 
   
    tirait 
   
    les 
   
    matériaux 
   
    de 
   
    son 
   
    chateau 
   
    d'Aladagh. 
   
    - 
   
    A 
   
    l'Ouest 
   
    de 
   
    Soghanlou, 
   
    sont 
   
    les 
   
    montagnes 
   
    boisées 
   
    de 
   
    Dayk, 
   
    le 
   
    pays 
   
    de 
   
    Taoki, 
   
    dont 
   
    les 
   
    habitants 
   
    attaquèrent 
   
    les 
   
    Dix 
   
    mille 
   
    Grecs 
   
    conduits 
   
    par 
   
    l'ami 
   
    de 
   
    Socrate; 
   
    à 
   
    l'Est, 
   
    nos 
   
    anciennes 
   
    provinces 
   
    de 
   
    Sissagan 
   
    et 
   
    d'Artzakh, 
   
    couvertes 
   
    de 
   
    broussailles 
   
    et 
   
    de 
   
    bosquets 
   
    qui 
   
    leur 
   
    ont 
   
    valu 
   
    le 
   
    nom 
   
    actuel 
   
    de 
    
     Karabagh, 
   
    c'est-à-dire 
    
     Jardin-noir. 
   
    La 
   
    partie 
   
    méridionale 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays, 
   
    comprise 
   
    dans 
   
    la 
   
    vallée 
   
    du 
   
    Tigre 
   
    et 
   
    dans 
   
    le 
   
    bassin 
   
    de 
   
    Van, 
   
    surtout 
   
    le 
   
    Sud 
   
    et 
   
    l'Ouest 
   
    de 
   
    ce 
   
    dernier, 
   
    est 
   
    tellement 
   
    boisée, 
   
    que 
   
    nos 
   
    ancêtres 
   
    nommaient 
    
     Pays 
    
     du-Bois 
   
    (
    
     Փայտի 
    
     աշխարհ
   
    ) 
   
    la 
   
    contrée 
   
    montagneuse 
   
    qui 
   
    forme 
   
    la 
   
    ligne 
   
    de 
   
    partage 
   
    des 
   
    eaux 
   
    du 
   
    Tigre 
   
    et 
   
    de 
   
    Van. 
   
    Des 
   
    voyageurs 
   
    y 
   
    découvrirent 
   
    récemment 
   
    différentes 
   
    espèces 
   
    de 
   
    chênes, 
   
    inconnues 
   
    jusqu'ici 
   
    à 
   
    l'Europe. 
   
    De 
   
    ces 
   
    bois 
   
    nous 
   
    viennent 
   
    les 
   
    meilleures 
    
     noix 
    
     de 
    
     galle 
   
    et 
   
    l'excellente 
    
     gomme 
    
     adragante 
   
    nommée 
   
    là-bas 
    
     miel 
    
     d'air, 
   
    d'où 
   
    la 
   
    province 
   
    de 
   
    Daron, 
   
    actuellement 
   
    Mouche, 
   
    prend 
   
    l'épithète 
   
    de 
    
     mellifère. 
   
    — 
   
    Les 
   
    monts 
   
    Ararat 
   
    à 
   
    une 
   
    hauteur 
   
    absolue 
   
    de 
   
    2600 
   
    mètres, 
   
    portent 
   
    des 
   
    touffes 
   
    de 
   
    genièvres 
   
    et 
   
    un 
   
    peu 
   
    plus 
   
    haut 
   
    des 
   
    bouleaux; 
   
    des 
   
    arbustes 
   
    croissent 
   
    plus 
   
    haut 
   
    encore, 
   
    tandis 
   
    qu'en 
   
    Europe, 
   
    sous 
   
    quelque 
   
    latitude 
   
    que 
   
    ce 
   
    soit, 
   
    tout 
   
    bois 
   
    cesse 
   
    de 
   
    végéter 
   
    à 
   
    ces 
   
    hauteurs. 
   
    — 
   
    La 
   
    province 
   
    Koukark 
   
    (
    
     Gogaréne
   
    ), 
   
    la 
   
    plus 
   
    boréale 
   
    de 
   
    notre 
   
    pays, 
   
    grâce 
   
    à 
   
    sa 
   
    situation 
   
    encaissée 
   
    dans 
   
    la 
   
    belle 
   
    vallée 
   
    du 
   
    Cour 
   
    est 
   
    plus 
   
    boisée 
   
    et 
   
    plus 
   
    riche 
   
    en 
   
    végétation: 
   
    des 
   
    hêtres 
   
    gigantesques, 
   
    rouges 
   
    et 
   
    blancs, 
   
    y 
   
    croissent 
   
    à 
   
    côté 
   
    des 
   
    chênes, 
   
    des 
   
    frênes, 
   
    des 
   
    ormes, 
   
    des 
   
    érables 
   
    et 
   
    des 
   
    sapins. 
   
    Le 
   
    buis 
   
    y 
   
    était 
   
    connu 
   
    de 
   
    notre 
   
    géographe 
   
    classique 
   
    du 
   
    V 
   
    siècle. 
   
    — 
   
    Cet 
   
    auteur 
   
    (Moïse 
   
    de 
   
    Khorène), 
   
    mentionne 
   
    les 
   
    magnifiques 
   
    platanes 
   
    d'Armavir, 
   
    la 
   
    vieille 
   
    capitale 
   
    de 
   
    l'Ararat: 
   
    le 
   
    murmure 
   
    de 
   
    leur 
   
    feuillage 
   
    servait 
   
    de 
   
    présage 
   
    et 
   
    d'enchantement 
   
    à 
   
    nos 
   
    pères. 
   
    On 
   
    a 
   
    cru, 
   
    de 
   
    nos 
   
    jours, 
   
    en 
   
    déterrer 
   
    des 
   
    troncs 
   
    énormes 
   
    dans 
   
    des 
   
    endroits 
   
    jadis 
   
    côtoyés 
   
    par 
   
    l'Araxe, 
   
    qui, 
   
    aussi 
   
    variable 
   
    que 
   
    le 
   
    temps, 
   
    a 
   
    changé 
   
    son 
   
    cours 
   
    et 
   
    s'est 
   
    bien 
   
    éloigné, 
   
    depuis 
   
    40 
   
    siècles, 
   
    de 
   
    la 
   
    demeure 
   
    des 
   
    fils 
   
    de 
   
    Haygh. 
   
    Un 
   
    platane 
   
    encore 
   
    existant 
   
    de 
   
    cette 
   
    espèce 
   
    ombrage 
   
    la 
   
    moitié 
   
    d'une 
   
    place 
   
    à 
   
    Ordubad, 
   
    ville 
   
    si 
   
    tuée 
   
    près 
   
    des 
   
    cataractes 
   
    de 
   
    l'Araxe, 
   
    et 
   
    son 
   
    tronc 
   
    n'a 
   
    pas 
   
    moins 
   
    de 
   
    10 
   
    mètres 
   
    de 
   
    circonférence, 
   
    à 
   
    deux 
   
    mètres 
   
    au-dessus 
   
    du 
   
    sol. 
   
    On 
   
    pourrait 
   
    dire 
   
    que 
   
    le 
   
    platane 
   
    d'orient 
   
    est 
   
    originaire 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    et 
   
    on 
   
    sait 
   
    qu'il 
   
    fut 
   
    introduit 
   
    en 
   
    Occident 
   
    par 
   
    les 
   
    Romains. 
  
 
   
    A 
   
    propos 
   
    de 
   
    ces 
   
    guerriers, 
   
    c'est 
   
    ici 
   
    qu'il 
   
    faut 
   
    remarquer 
   
    qu'une 
   
    de 
   
    leurs 
   
    meilleures 
   
    conquêtes 
   
    fut 
   
    l'importation 
   
    des 
   
    produits 
   
    exotiques. 
   
    L'Arménie 
   
    leur 
   
    donna, 
   
    entre 
   
    autres, 
   
    l'abricotier, 
   
    qui 
   
    porte 
   
    en 
   
    Italie 
   
    son 
   
    nom 
    
     Armeniaca, 
   
    (en 
   
    latin 
    
     Malus 
    
     Armeniaca
   
    ). 
   
    Ce 
   
    beau 
   
    fruit 
   
    parait 
   
    celui 
   
    que 
   
    Pline 
   
    classe 
   
    parmi 
   
    les 
   
    prunes, 
   
    en 
   
    le 
   
    préférant, 
   
    pour 
   
    son 
   
    odeur, 
   
    à 
   
    toutes 
   
    les 
   
    autres 
   
    de 
   
    la 
   
    même 
   
    espèce. 
   
    — 
   
    Que 
   
    dirons-nous 
   
    de 
   
    la 
   
    Pomme 
   
    arménienne, 
   
    si 
   
    renommée 
   
    chez 
   
    les 
   
    Arabes? 
   
    Un 
   
    de 
   
    leurs 
   
    poëtes 
   
    ne 
   
    trouve 
   
    rien 
   
    d'aussi 
   
    ressemblant 
   
    à 
   
    l'aurore, 
   
    qu'une 
   
    jeune 
   
    fille 
   
    tenant 
   
    entre 
   
    ses 
   
    dents 
   
    une 
   
    pomme 
   
    d'Arménie. 
   
    - 
   
    En 
   
    général, 
   
    les 
   
    fruits 
   
    succulents 
   
    abondent 
   
    dans 
   
    notre 
   
    pays; 
   
    on 
   
    en 
   
    trouve 
   
    de 
   
    toute 
   
    espèce, 
   
    la 
   
    figue 
   
    et 
   
    l'olive 
   
    exceptées; 
   
    encore 
   
    ces 
   
    dernières 
   
    ne 
   
    sont-elles 
   
    pas 
   
    tout-à-fait 
   
    inconnues 
   
    dans 
   
    quelques 
   
    localités 
   
    basses 
   
    ou 
   
    méridionales. 
  
 
   
    Et 
   
    l'arbre 
   
    qui 
   
    donne 
   
    l'ambroisie 
   
    aux 
   
    mortels, 
   
    la 
   
    vigne, 
   
    réussit 
   
    en 
   
    Arménie 
   
    mieux 
   
    qu'on 
   
    ne 
   
    le 
   
    croit 
   
    généralement: 
   
    en 
   
    effet, 
   
    comme 
   
    la 
   
    ligne 
   
    de 
   
    végétation 
   
    est 
   
    assez 
   
    élevée, 
   
    ce 
   
    pays 
   
    produit 
   
    une 
   
    bonne 
   
    qualité 
   
    de 
   
    raisin, 
   
    qui 
   
    d'ailleurs 
   
    fut 
   
    sa 
   
    première 
   
    plantation 
   
    après 
   
    le 
   
    déluge. 
   
    La 
   
    vallée 
   
    de 
   
    l'Araxe 
   
    a 
   
    de 
   
    bonnes 
   
    vignes, 
   
    et 
   
    le 
   
    vin 
   
    d'Erivan, 
   
    couleur 
   
    d'orange, 
   
    doux 
   
    et 
   
    balsamique, 
   
    a 
   
    une 
   
    réputation 
   
    égale 
   
    aux 
   
    meilleurs 
   
    vins 
   
    d'Espagne, 
   
    de 
   
    Hongrie 
   
    et 
   
    de 
   
    Bourgogne. 
   
    Je 
   
    ne 
   
    conseille 
   
    pas 
   
    aux 
   
    initiés 
   
    de 
   
    se 
   
    régaler 
   
    trop 
   
    généreusement 
   
    des 
   
    vins 
   
    de 
   
    Gantzague 
   
    (
    
     Guéndjé 
    
     ou 
    
     Elisabéthopol
   
    ), 
   
    car, 
   
    bien 
   
    que 
   
    liquoreux, 
   
    ils 
   
    sont 
   
    très-forts 
   
    et 
   
    trés-capiteux. 
   
    Quant 
   
    à 
   
    ceux 
   
    de 
   
    Karabagh, 
   
    ils 
   
    sont 
   
    doux 
   
    et 
   
    presque 
   
    huileux. 
   
    A 
   
    Agori, 
   
    sur 
   
    la 
   
    montagne 
   
    de 
   
    l'Arche, 
   
    on 
   
    cultivait, 
   
    à 
   
    une 
   
    hauteur 
   
    absolue 
   
    de 
   
    4000 
   
    pieds, 
   
    depuis 
   
    un 
   
    temps 
   
    immémorial, 
   
    quelques 
   
    ceps 
   
    de 
   
    vigne, 
   
    en 
   
    mémoire 
   
    de 
   
    Noè. 
   
    Un 
   
    mamelon 
   
    de 
   
    la 
   
    montagne 
   
    et 
   
    un 
   
    petit 
   
    ruisseau 
   
    portaient 
   
    anciennement 
   
    les 
   
    noms 
   
    de 
    
     Côte-du-Vin 
   
    (
    
     Գինոյ 
    
     բլուր
   
    ) 
   
    et 
    
     Ruisseau 
    
     du-Vin 
   
    (
    
     Գինեգոյն 
    
     գետ
   
    ). 
   
    - 
   
    Le 
   
    bassin 
   
    de 
   
    Van 
   
    produit 
   
    encore, 
   
    à 
   
    une 
   
    hauteur 
   
    de 
   
    plus 
   
    de 
   
    1700 
   
    mètres, 
   
    des 
   
    raisins 
   
    à 
   
    longues 
   
    grappes, 
   
    moins 
   
    succulents, 
   
    à 
   
    la 
   
    verité, 
   
    que 
   
    ceux 
   
    de 
   
    l'Ararat. 
  
 
   
    Le 
   
    plateau 
   
    de 
   
    Garine, 
   
    vû 
   
    son 
   
    extrême 
   
    hauteur, 
   
    n'a 
   
    ni 
   
    vigne, 
   
    ni 
   
    fruits, 
   
    il 
   
    y 
   
    supplée 
   
    par 
   
    les 
   
    produits 
   
    abondants 
   
    du 
   
    district 
   
    de 
   
    Thorthoum, 
   
    dans 
   
    la 
   
    vallée 
   
    de 
   
    Djorokh: 
   
    en 
   
    revanche, 
   
    il 
   
    produit 
   
    des 
   
    céréales 
   
    de 
   
    première 
   
    qualité, 
   
    qui 
   
    manquent 
   
    au 
   
    plateau 
   
    plus 
   
    élevé 
   
    de 
   
    Sévan. 
   
    — 
   
    Le 
    
     froment, 
   
    en 
   
    général, 
   
    est 
   
    bon; 
   
    il 
   
    y 
   
    en 
   
    a 
   
    des 
   
    espèces 
   
    à 
   
    grains 
   
    très-gros, 
   
    qui 
   
    produisent 
   
    une 
   
    pâte 
   
    très-élastique. 
   
    Les 
   
    autres 
    
     genres 
    
     de 
    
     blés 
   
    sont 
   
    aussi 
   
    abondants 
   
    que 
   
    bons. 
   
    - 
   
    Quant 
   
    aux 
    
     légumes 
   
    et 
   
    aux 
   
    plantes 
   
    potagères, 
   
    aucun 
   
    pays 
   
    peut-être 
   
    n'en 
   
    a 
   
    de 
   
    meilleurs 
   
    et 
   
    de 
   
    plus 
   
    variés: 
   
    on 
   
    en 
   
    compte 
   
    près 
   
    de 
   
    300 
   
    espèces 
   
    avec 
   
    des 
   
    noms 
   
    originaires. 
   
    - 
   
    La 
   
    Flore 
   
    arménienne, 
   
    peu 
   
    soucieuse 
   
    de 
   
    jardins 
   
    et 
   
    de 
   
    serres, 
   
    se 
   
    plaît 
   
    dans 
   
    des 
   
    sites 
   
    sauvages: 
   
    sa 
   
    végétation 
   
    alpine 
   
    ne 
   
    peut 
   
    manquer 
   
    d'attirer 
   
    l'attention 
   
    des 
   
    botanistes. 
   
    La 
   
    hauteur 
   
    absolue 
   
    de 
   
    la 
   
    végétation 
   
    en 
   
    Arménie 
   
    est 
   
    au-dessus 
   
    de 
   
    4000 
   
    mètres: 
   
    c'est 
   
    celle 
   
    du 
   
    Grand-Ararat, 
   
    qui, 
   
    à 
   
    un 
   
    étage 
   
    plus 
   
    haut 
   
    encore, 
   
    porte 
   
    l'
    
     Aster 
    
     pulchellus, 
   
    l'
    
     Arenaria 
    
     Curva, 
   
    l'
    
     Astragalus 
    
     mollis, 
   
    la 
    
     Campanula 
    
     saxatilis, 
   
    etc. 
   
    Le 
   
    célèbre 
   
    Piton 
   
    de 
   
    Tournefort, 
   
    qui 
   
    voyageait 
   
    en 
   
    Arménie 
   
    au 
   
    commencement 
   
    du 
   
    siècle 
   
    dernier, 
   
    n'hésitait 
   
    pas 
   
    à 
   
    chercher 
   
    les 
   
    traces 
   
    de 
   
    l'Éden 
   
    à 
   
    Garine 
   
    et 
   
    à 
   
    Etchmiadzine; 
   
    tant 
   
    il 
   
    était 
   
    émerveillé 
   
    de 
   
    la 
   
    richesse 
   
    et 
   
    de 
   
    la 
   
    beauté 
   
    de 
   
    la 
   
    végétation 
   
    de 
   
    ces 
   
    contrées. 
   
    Les 
   
    botanistes 
   
    et 
   
    touristes 
   
    modernes, 
   
    moins 
   
    enthousiastes, 
   
    n'en 
   
    sont 
   
    cependant 
   
    pas 
   
    mécontents. 
   
    Parmi 
   
    les 
   
    fleurs 
   
    singulières, 
   
    je 
   
    ne 
   
    sais 
   
    à 
   
    quel 
   
    genre 
   
    appartient 
   
    le 
    
     Sang-des-Fontaines, 
   
    comme 
   
    la 
   
    nomment 
   
    les 
   
    indigènes, 
   
    charmante 
   
    fleur 
   
    de 
   
    la 
   
    forme 
   
    d'une 
   
    petite 
   
    rose 
   
    double, 
   
    d'un 
   
    rouge 
   
    foncé 
   
    si 
   
    éclatant, 
   
    que 
   
    des 
   
    témoins 
   
    oculaires 
   
    Européens 
   
    ne 
   
    lui 
   
    trouvent 
   
    pas 
   
    d'égale. 
   
    Un 
   
    de 
   
    nos 
   
    troubadours 
   
    du 
   
    moyen 
   
    âge 
   
    se 
   
    tire 
   
    peut 
   
    être 
   
    mieux 
   
    d'embarras 
   
    en 
   
    la 
   
    comparant 
   
    à 
   
    sa 
   
    bien-aimée: 
   
    «Oh! 
   
    mon 
   
    Sang-des-Fontaines, 
   
    toi 
   
    qui 
   
    pousses 
   
    parmi 
   
    les 
   
    rochers, 
   
    tes 
   
    yeux 
   
    sont 
   
    semblables 
   
    au 
   
    narcisse; 
   
    l'un 
   
    sommeille, 
   
    l'autre 
   
    veille»
    
     [1]. 
   
    Comme 
   
    son 
   
    nom 
   
    et 
   
    le 
   
    poëte 
   
    l'indiquent, 
   
    cette 
   
    fleur 
   
    se 
   
    trouve 
   
    ordinairement 
   
    aux 
   
    bords 
   
    des 
   
    sources, 
   
    dans 
   
    les 
   
    fentes 
   
    des 
   
    rochers: 
   
    elle 
   
    était 
   
    digne 
   
    de 
   
    figurer 
   
    dans 
   
    les 
   
    métamorphoses 
   
    d'Ovide. 
   
    — 
   
    Il 
   
    ne 
   
    faut 
   
    pas 
   
    oublier 
   
    les 
   
    herbes 
   
    et 
   
    les 
   
    plantes 
    
     médicinales 
   
    que 
   
    l'Arménie 
   
    fournit 
   
    et 
   
    fournissait 
   
    jadis 
   
    plus 
   
    abondamment 
   
    encore 
   
    à 
   
    la 
   
    thérapeutique; 
   
    presque 
   
    tous 
   
    les 
   
    noms 
   
    des 
   
    plantes 
   
    mentionnées 
   
    par 
   
    Gallien 
   
    et 
   
    Avicenne 
   
    dans 
   
    leurs 
   
    ouvrages 
   
    traduits 
   
    en 
   
    arménien, 
   
    ont 
   
    leurs 
   
    équivalents 
   
    dans 
   
    notre 
   
    langue; 
   
    et 
   
    cela 
   
    prouve 
   
    qu'elles 
   
    étaient 
   
    bien 
   
    connues 
   
    dans 
   
    le 
   
    pays. 
  
 
   
    Nous 
   
    indiquerons 
   
    aux 
   
    amateurs 
   
    la 
    
     Mandragore 
   
    et 
   
    la 
    
     Bétoine 
   
    (
    
     Փենունա
   
    ), 
   
    auxquelles 
   
    les 
   
    sectateurs 
   
    de 
   
    l'Esculape 
   
    arménien 
   
    attribuent 
   
    des 
   
    propriétés 
   
    et 
   
    des 
   
    formes 
   
    fabuleuses. 
   
    N'oublions 
   
    pas 
   
    non 
   
    plus 
   
    la 
   
    fameuse 
    
     Hamasbram 
   
    (
    
     Համասպրամ
   
    ) 
   
    dite 
   
    aussi 
    
     Hamaspure 
   
    (
    
     Համասփիւռ
   
    ) 
   
    dont 
   
    la 
   
    tige 
   
    se 
   
    divise, 
   
    dit-on, 
   
    en 
   
    12 
   
    branches; 
   
    ses 
   
    fleurs 
   
    variées 
   
    sont 
   
    embellies 
   
    des 
   
    couleurs 
   
    les 
   
    plus 
   
    éclatantes; 
   
    elle 
   
    aime 
   
    à 
   
    se 
   
    cacher 
   
    aux 
   
    flancs 
   
    des 
   
    montagnes 
   
    rocailleuses, 
   
    et 
   
    elle 
   
    se 
   
    montre 
   
    à 
   
    une 
   
    époque 
   
    précise. 
   
    Ses 
   
    vertus 
   
    sont 
   
    nombreuses; 
   
    elle 
   
    donne 
   
    même 
   
    la 
   
    clairvoyance; 
   
    et 
   
    un 
   
    auteur 
   
    nous 
   
    assure 
   
    naïvement 
   
    qu'il 
   
    a 
   
    trouvé 
   
    le 
   
    mal; 
   
    et 
   
    il 
   
    félicite 
   
    celui 
   
    qui, 
   
    plus 
   
    heureux, 
   
    pourra 
   
    trouver 
   
    le 
   
    bien. 
   
    — 
   
    Les 
   
    Romains 
   
    tiraient 
   
    de 
   
    la 
   
    Perse 
   
    et 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    avec 
   
    une 
   
    grande 
   
    avidité, 
   
    la 
   
    plante 
   
    qu'ils 
   
    nommaient 
    
     Laserpitium, 
   
    et 
   
    qu'ils 
   
    payaient 
   
    au 
   
    poids 
   
    de 
   
    l'or. 
   
    Était-ce 
   
    la 
   
    plante 
   
    de 
   
    l'
    
     assa 
    
     foetida 
   
    ou 
   
    l'excellente 
   
    rhubarbe, 
   
    ou 
   
    toute 
   
    autre 
   
    plante? 
   
    nous 
   
    ne 
   
    saurions 
   
    le 
   
    dire 
   
    exactement. 
   
    - 
   
    Parmi 
   
    nos 
   
    plantes 
   
    renommées 
   
    et 
   
    mal 
   
    définies, 
   
    nous 
   
    recommanderons 
   
    à 
   
    nos 
   
    compatriotes 
   
    la 
    
     noix 
    
     arménienne, 
   
    dont 
   
    la 
   
    récolte 
   
    en 
   
    Egypte 
   
    était 
   
    fixée, 
   
    dans 
   
    le 
   
    calendrier 
   
    des 
   
    Coptes, 
   
    au 
   
    mois 
   
    de 
   
    juin. 
   
    Elle 
   
    ressemblait 
   
    au 
   
    fruit 
   
    de 
   
    l'olivier. 
   
    - 
   
    Le 
   
    dernier 
   
    ordre 
   
    naturel 
   
    des 
   
    plantes, 
   
    celui 
   
    des 
   
    graminées, 
   
    est 
   
    encore 
   
    remarquable 
   
    par 
   
    ces 
   
    immenses 
   
    pâturages, 
   
    qui 
   
    nourrissent 
   
    chaque 
   
    année 
   
    des 
   
    millions 
   
    d'individus 
   
    de 
   
    l'espèce 
   
    ovine, 
   
    expédiés 
   
    au 
   
    midi 
   
    et 
   
    à 
   
    l'occident 
   
    jusqu'à 
   
    Constantinople. 
   
    Ces 
   
    prairies, 
   
    ces 
   
    pâturages 
   
    attirent 
   
    dans 
   
    notre 
   
    pays, 
   
    de 
   
    puis 
   
    des 
   
    milliers 
   
    d'années, 
   
    nombre 
   
    de 
   
    pâtres 
   
    des 
   
    contrées 
   
    d'alentour, 
   
    et 
   
    des 
   
    nomades 
   
    d'une 
   
    assez 
   
    grande 
   
    distance. 
   
    Nous 
   
    classerons 
   
    parmi 
   
    les 
   
    herbes 
   
    une 
   
    espèce 
   
    de 
    
     Pimprenelle 
    
     arménienne 
   
    ou 
   
    plutôt 
   
    le 
    
     Dactylis 
    
     littoralis, 
   
    qui 
   
    nourrit 
   
    la 
   
    meilleure 
   
    cochenille 
   
    du 
   
    monde 
   
    et 
   
    la 
   
    plus 
   
    anciennement 
   
    connue 
   
    pour 
   
    son 
   
    beau 
   
    carmin, 
   
    spécialement 
   
    réservée 
   
    pour 
   
    la 
   
    teinture 
   
    des 
   
    ornements 
   
    et 
   
    la 
   
    rédaction 
   
    des 
   
    édits 
   
    royaux: 
   
    Dioscorite 
   
    en 
   
    fait 
   
    mention. 
   
    Pendant 
   
    leur 
   
    domination, 
   
    les 
   
    Arabes 
   
    l'introduisirent 
   
    en 
   
    Europe: 
   
    les 
   
    Russes 
   
    en 
   
    profitent 
   
    maintenant, 
   
    et 
   
    les 
   
    bulles 
   
    des 
   
    pontifes 
   
    d'Etchmiadzine 
   
    sont 
   
    écrites 
   
    avec 
   
    ce 
   
    produit 
   
    singulier 
   
    de 
   
    l'Ararat, 
   
    qui 
   
    n'a 
   
    son 
   
    égal 
   
    que 
   
    dans 
   
    la 
   
    Pologne, 
   
    et 
   
    que 
   
    dans 
   
    le 
   
    Mexique. 
   
    Toute 
   
    autre 
   
    espèce 
   
    de 
   
    cochenille 
   
    (et 
   
    il 
   
    y 
   
    en 
   
    a 
   
    plus 
   
    de 
   
    50) 
   
    n'a 
   
    que 
   
    peu 
   
    de 
   
    valeur. 
  
 
  
  
   
  
    
   
      
       [1] 
     
      Ա՜յ 
     
      իմ 
     
      աղբերաց 
     
      արուն,
    
   
     
      Որ 
     
      բուսար 
     
      մէջ 
     
      քարերուն,
    
   
     
      Աչուիդ 
     
      ի 
     
      նարկիզ 
     
      նըման,
    
   
     
      Մէկն 
     
      ի 
     
      քուն 
     
      ու 
     
      մէկն 
     
      արթուն։