Après
avoir
reçu
la
couronne
royale,
Léon
fit
baptiser
solennellement
son
neveu
Roupène-Raymond,
l'héritier
de
la
principauté
d'Antioche,
par
le
prélat
qui
l'avait
sacré
Roi,
l'Archevêque
de
Mayence.
Comme
le
catéchumène
était
né
d'un
père
latin,
il
appartenait
à
ce
dernier
de
le
baptiser.
Ce
légat
du
Pape
et
de
l'Empereur
reçut
à
cette
occasion
de
nombreux
présents
de
Léon
et
du
Catholicos
Grégoire.
Il
en
informa
le
pape
Innocent
III
par
lettres
et
verbalement
lorsqu'il
fut
mandé
par
le
Roi
et
par
le
Catholicos,
chargé
de
leurs
lettres,
et
plus
particulièrement
quand
il
fut
l'ambassadeur
de
Léon.
Le
Pontife,
dans
sa
réponse
à
Léon,
lui
rappelle
avec
satisfaction
sa
générosité.
La
lettre
de
Léon
porte
la
date
du
23
Mai
1199.
Il
faut
croire
que
le
Catholicos
lui
écrivit
aussi
le
même
jour,
car
sa
lettre
n'est
point
datée.
Les
originaux
de
ces
lettres
en
arménien
sont
perdus,
il
ne
nous
reste
que
leurs
vieilles
traductions
latines
dans
les
Archives
du
Vatican.
Le
commencement
de
la
lettre
du
Catholicos
est
fort
beau.
Il
salue
d'abord
non-seulement
le
Pape
mais
aussi
tout
le
clergé
de
l'Église,
dont
il
se
déclare
le
fils
et
pour
la
conservation
de
laquelle
il
fait
des
vœux.
Ensuite,
il
annonce
au
Pontife
romain:
I.
°
L'arrivée
de
l'Archevêque
de
Mayence
qui
est
venu
apporter
la
couronne
royale
de
la
part
de
Dieu,
du
Pontife
et
de
l'Empereur
des
Romains;
il
rend
grâces
à
Dieu
et
remercie
les
deux
derniers;
II.
0
Que
cet
Archevêque
lui
a
présenté
les
préceptes
liturgiques
du
Pape
et
que,
lui
et
le
clergé
de
son
Église
les
ont
acceptés;
que
dorénavant
ils
appartiendront
au
Pape
et
que
celui-ci
leur
appartiendra.
Pour
les
évêques,
il
dit:
«Qui
sunt
in
multis
terris
et
sunt
multi
per
Dei
gratiam»;
III.
0
Que
le
Pape
devra
venir
en
aide
aux
Arméniens
qui
sont
entourés
de
dragons
malveillants.
Pour
donner
une
idée
de
l
'esprit
et
du
style
de
Léon,
je
juge
à
propos
de
citer
sa
lettre
au
même
pape
Innocent:
«Reverendissimo
in
Christo
Patri
et
Domino
INNOCENTIO,
Dei
Gratia
Summo
Pontifici
et
Universali
Pap
æ
et
tanto
tali
honore
dignissimo,
LEO,
per
eamdem
et
Romani
imperii
gratia,
Rex
omnium
Armenorum,
cum
salutatione
se
ipsum
et
quid-quid
potest.
Gloria,
laus
et
honor
omnipotenti
Deo,
qui
Vos
tantum
et
talem
pastorem
Ecclesi
æ
su
æ
pr
æ
esse
voluit,
vestris
bonis
meritis
exigentibus,
et
tam
fructuosam
et
firmam
fabricam
super
fundamentum
Apostolorum
componere,
et
tantum
lumen
super
candelabrum
positum
toto
orbi
terrarum,
ad
salutem
totius
Christianitatis,
effundere
dignatus
est.
In
vestri
vero
luminis
gratia
salutaribus
monitis
Reverendissimi
patris
nostri
archiepiscopi
Maguntini,
instructi
et
informati,
omne
regnum
nobis
a
Deo
commissum
amplissimum
et
spatiosum
et
omnes
Armenios
huc
illuc
in
remotis
partibus
diffusos,
ad
unitatem
sanct
æ
Roman
æ
Ecclesi
æ,
divina
inspirante
clementia
revocare
cupimus
et
exoptamus.
Ad
h
æ
c,
calamitates,
miserias,
paupertates
et
imbecillitatem
regni
Syrie
et
nostri
per
ipsum
pr
æ
dictum
Maguntinum
(quia
difficilior
labor
erat
scripto
retexere)
pietati
vestr
æ
patefacimus,
Ipse
vero
per
singula
rei
veritatem
vobis
explicabit,
in
cujus
notitiam
ist
æ
non
pr
æ
terere.
Hanc
utique
contritionem
et
collisionem
in
valle
destituti
lacrymarum
jamdiu
sustinuimus,
quam
de
c
œ
tero
sine
spe
subsidii
et
auxilii
vestri
sustinere
nequimus.
Verum
quia
zelus
domus
Dei
tepescere
non
debet
in
cordibus,
tam
vestro
quam
nostro,
non
ut
personam
instruentis
geramus,
ejusdem
domus
decorem
diligere
et
pro
eadem
domo
murum
nos
oportet
opponere,
ut
impetos
quos
super
eam
faciunt
inimici
crucis,
cooperante
Dei
gratia,
collectis
in
unum
animi
viribus
resistendo
excludamus.
Hinc
est
quod
vestram
flexis
genibus
imploramus
pietatem
quatenus
lacrymabilibus
domini
Maguntini
precibus
et
nostris,
divino
intuitu
aures
misericordi
æ;
porrigatis
et
miseriis
christianitatis
compatientes
subsidium
christianissimum
nobis
accurrendo
mittatis,
antequam
irremeabile,
quod
absit,
incurramus
diluvium;
imo
cum
Dei
et
vestro
auxilio,
evaginato
ense
de
Hur
Chaldeorum
et
persecutione
Pharaonis
liberari
possimus.
Datum
Tharsis,
anno
ab
Incarnatione
Domini
1199,
mense
Maio,
die
vigesima
tertia
».
Selon
l'usage
des
rois
de
ce
temps,
Léon
après
avoir
signé
en
encre
rouge,
passait
un
fil
d'or
par
le
parchemin
auquel
pendait
le
sceau
d'or.
Ce
fil
passait
entre
les
deux
côtés
du
sceau
sur
l'un
desquels
figurait
Léon,
assis
sur
un
trône
orné
de
têtes
de
lion,
ayant
une
couronne
au
front,
un
globe
surmonté
de
la
croix
dans
la
main
droite
et
un
sceptre
eu
forme
de
fleurs
de
lys
dans
la
main
gauche.
Le
tout,
entouré
de
la
légende
en
arménien:
«
Léon
roi
des
Arméniens».
Sur
l'autre
côté,
un
lion
couronné,
tenant
de
sa
griffe
un
sceptre
surmonté
de
la
croix,
le
tout
entouré
de
cette
autre
légende:
«
Léon
par
le
Christ
Dieu,
roi
des
Arméniens».
Nous
avons
reproduit
dans
ce
livre
ce
sceau
et
dans
les
mêmes
dimensions
que
l'original
qui
se
trouve
aux
Archives
du
Vatican.
Le
Pape
répondit
à
ces
lettres
six
mois
après,
le
23
ou
le
25
Novembre
1199.
Dans
sa
réponse,
il
manifeste
tout
d'abord
la
satisfaction
et
le
bonheur
qu'il
éprouve
de
voir
les
Arméniens
s'unir
de
bonne
volonté
à
l'Église
latine.
Il
les
remercie
beaucoup
de
l'honneur
qu'ils
ont
fait
à
l'Archevêque
de
Mayence
qui
est
l'un
des
sept
ministres
qui
l'entourent,
et
eu
même
temps
cardinal
de
S.
te
Sabine.
Il
leur
dit
qu'en
honorant
son
ministre,
ils
l'ont
honoré
lui-même.
Il
se
réjouit
en
particulier
de
ce
que
Léon
a
fait
publier
devant
les
Orientaux
son
union
avec
l'Église
latine
et
il
l'exhorte
à
se
conduire
toujours
en
vaillant
guerrier
contre
les
Infidèles.
Il
lui
annonce,
ainsi
qu'il
l'annonce
au
Catholicos,
l'arrivée
d'une
nouvelle
Croisade
et
qu'il
a
remis
lui-même
la
bannière
de
la
croix
entre
les
mains
de
ses
deux
nonces
qui
la
leur
porte
en
Orient.
Il
serait
à
désirer
que
l'on
pût
découvrir
dans
quelques
Archives
les
lettres
que
Léon
écrivit
à
l'empereur
Othon
ou
à
Philippe
de
Souabe,
car
Henri
qui
lui
avait
envoyé
la
couronne
était
mort
en
1197,
et
Othon
et
Philippe
se
disputaient
son
trône.
Nous
ne
savons
rien
à
ce
sujet
si
ce
n'est
que
Léon
envoya
une
ambassade
à
l'empereur
Othon
après
bien
des
années.
C'est
ce
que
nous
rapporte
l'Ambassadeur
lui-même,
en
1211,
Héthoum-Elie,
frère
de
S.
Nersès
de
Lambroun.