Le 
   
    cours 
   
    de 
   
    ces 
   
    derniers 
   
    faits 
   
    plutôt 
   
    que 
   
    le 
   
    cours 
   
    du 
   
    récit 
   
    nous 
   
    oblige 
   
    à 
   
    faire 
   
    un 
   
    parallèle 
   
    entre 
   
    les 
   
    deux 
   
    plus 
   
    grands 
   
    personnages 
   
    de 
   
    ce 
   
    Concile, 
   
    ou 
   
    plutôt 
   
    de 
   
    cette 
   
    époque 
   
    de 
   
    notre 
   
    histoire, 
   
    c'est-à-dire 
   
    entre 
   
    Léon 
   
    et 
   
    Nersès 
   
    de 
   
    Lambroun. 
   
    Ces 
   
    deux 
   
    hommes 
   
    se 
   
    trouvèrent 
   
    toujours 
   
    au 
   
    premier 
   
    rang 
   
    dans 
   
    toutes 
   
    les 
   
    grandes 
   
    affaires 
   
    du 
   
    pays; 
   
    l'un, 
   
    de 
   
    son 
   
    plein 
   
    gré 
   
    et 
   
    à 
   
    cause 
   
    de 
   
    sa 
   
    souveraineté; 
   
    l'autre, 
   
    à 
   
    son 
   
    demi-consentement 
   
    et 
   
    par 
   
    obéissance. 
   
    L'un 
   
    à 
   
    la 
   
    fois 
   
    ingénieux 
   
    et 
   
    hardi, 
   
    allait 
   
    jusqu'où 
   
    il 
   
    pouvait 
   
    et 
   
    même 
   
    au 
   
    delà; 
   
    l'autre, 
   
    participait 
   
    à 
   
    tout, 
   
    appelé 
   
    par 
   
    son 
   
    mérite, 
   
    son 
   
    génie 
   
    et 
   
    la 
   
    pureté 
   
    de 
   
    sa 
   
    vie. 
   
    C'est 
   
    pour 
   
    cela 
   
    que 
   
    notre 
   
    Lambrounien 
   
    était 
   
    considéré 
   
    comme 
   
    supérieur 
   
    à 
   
    tous 
   
    les 
   
    hauts 
   
    personnages 
   
    au 
   
    pouvoir, 
   
    honorés 
   
    et 
   
    que 
   
    leur 
   
    âge 
   
    rendait 
   
    vénérables. 
   
    En 
   
    effet, 
   
    on 
   
    l'a 
   
    vu 
   
    admiré 
   
    au 
   
    Concile 
   
    de 
   
    Romcla 
   
    ou 
   
    de 
   
    Tarse, 
   
    en 
   
    1179; 
   
    plus 
   
    tard, 
   
    envoyé 
   
    en 
   
    ambassade 
   
    auprès 
   
    de 
   
    l'empereur 
   
    et 
   
    autres 
   
    souverains, 
   
    et 
   
    enfin 
   
    dans 
   
    le 
   
    conseil 
   
    qui 
   
    devait 
   
    déposer 
   
    le 
   
    patriarche 
   
    Grégoire 
   
    V. 
   
    Bien 
   
    qu'alors 
   
    il 
   
    fît 
   
    un 
   
    acte 
   
    de 
   
    justice 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    n'agît 
   
    que 
   
    pour 
   
    l'édification 
   
    de 
   
    l'Église 
   
    qui 
   
    comptait 
   
    alors 
   
    près 
   
    de 
   
    cent 
   
    évêques 
   
    sous 
   
    le 
   
    sceptre 
   
    patriarcal 
   
    d'un 
   
    enfant 
   
    sans 
   
    expérience, 
   
    on 
   
    ne 
   
    se 
   
    priva 
   
    pas 
   
    d'injurier 
   
    les 
   
    membres 
   
    du 
   
    Conseil 
   
    pour 
   
    avoir 
   
    chassé 
   
    leur 
   
    chef, 
   
    oint 
   
    et 
   
    vénérable. 
   
    Il 
   
    arrive 
   
    souvent 
   
    parmi 
   
    les 
   
    hommes 
   
    prompts 
   
    à 
   
    s'emporter 
   
    et 
   
    de 
   
    mœurs 
   
    dissolues, 
   
    qu'en 
   
    ces 
   
    circonstances 
   
    difficiles 
   
    mais 
   
    émouvantes 
   
    on 
   
    se 
   
    prend 
   
    à 
   
    blâmer 
   
    et 
   
    à 
   
    se 
   
    moquer 
   
    des 
   
    chefs 
   
    qui 
   
    paraissent 
   
    dociles, 
   
    surtout 
   
    s'ils 
   
    ont 
   
    quelques 
   
    ressentiments 
   
    ou 
   
    de 
   
    la 
   
    haine 
   
    contre 
   
    eux. 
   
    En 
   
    ce 
   
    moment 
   
    surtout 
   
    que 
   
    les 
   
    docteurs 
   
    de 
   
    la 
   
    Grande 
   
    Arménie 
   
    commençaient 
   
    à 
   
    prendre 
   
    le 
   
    Lambrounien 
   
    en 
   
    haine, 
   
    comme 
   
    il 
   
    le 
   
    fait 
   
    savoir 
   
    à 
   
    Léon 
   
    dans 
   
    une 
   
    lettre: 
   
    « 
   
    La 
   
    foule 
   
    qui 
   
    était 
   
    présente 
   
    ce 
   
    jour-là, 
   
    redoutant 
   
    votre 
   
    autorité, 
   
    nous 
   
    prit 
   
    à 
   
    votre 
   
    place 
   
    pour 
   
    le 
   
    but 
   
    de 
   
    ses 
   
    traits: 
   
    elle 
   
    mit 
   
    de 
   
    son 
   
    côté 
   
    tous 
   
    les 
   
    esprits 
   
    malfaisants 
   
    et 
   
    envieux», 
   
    et 
   
    deversa 
   
    sur 
   
    le 
   
    Saint 
   
    toutes 
   
    les 
   
    calomnies 
   
    qu'elle 
   
    put 
   
    imaginer. 
   
    Celui-ci 
   
    dévoila 
   
    non 
   
    seulement 
   
    la 
   
    mauvaise 
   
    conduite 
   
    de 
   
    ses 
   
    adversaires, 
   
    mais 
   
    celle 
   
    suspecte 
   
    de 
   
    Léon 
   
    qui, 
   
    voulait 
   
    se 
   
    défaire 
   
    de 
   
    lui 
   
    pour 
   
    des 
   
    raisons 
   
    de 
   
    politiques 
   
    et 
   
    d'orgueil 
   
    et 
   
    laissait 
   
    le 
   
    Saint 
   
    tout 
   
    seul 
   
    se 
   
    débattre 
   
    entre 
   
    leurs 
   
    mains, 
   
    celui 
   
    qu'il 
   
    avait 
   
    honoré 
   
    cinq 
   
    fois 
   
    du 
   
    titre 
   
    d'ambassadeur 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    avait 
   
    si 
   
    souvent 
   
    consulté.
 
   
    Entre 
   
    autres 
   
    calomnies, 
   
    on 
   
    accusait 
   
    S.
    
     t 
   
    Nersès 
   
    de 
   
    vouloir, 
   
    sous 
   
    prétexte 
   
    de 
   
    progrès, 
   
    introduire 
   
    bien 
   
    des 
   
    nouveautés 
   
    dans 
   
    l'église 
   
    arménienne. 
   
    On 
   
    excita 
   
    Léon 
   
    contre 
   
    lui, 
   
    on 
   
    voulait 
   
    lui 
   
    rendre 
   
    suspect 
   
    le 
   
    plus 
   
    grand 
   
    génie 
   
    de 
   
    cette 
   
    même 
   
    église. 
   
    Deux 
   
    fois 
   
    Léon 
   
    écrivit 
   
    à 
   
    celui-ci, 
   
    exigeant 
   
    qu'il 
   
    répondît 
   
    à 
   
    toutes 
   
    les 
   
    attaques 
   
    dont 
   
    il 
   
    était 
   
    accablé 
   
    de 
   
    la 
   
    part 
   
    des 
   
    moines 
   
    de 
   
    Haghpate 
   
    et 
   
    de 
   
    Kopayr 
   
    feignant 
   
    de 
   
    ne 
   
    pas 
   
    reconnaître 
   
    ses 
   
    actes 
   
    de 
   
    vertu. 
   
    Le 
   
    Saint 
   
    fut 
   
    obligé 
   
    encore 
   
    une 
   
    fois 
   
    de 
   
    rompre 
   
    le 
   
    silence; 
   
    il 
   
    écrivit 
   
    une 
   
    lettre 
   
    à 
   
    Léon. 
   
    Cette 
   
    lettre 
   
    est 
   
    une 
   
    des 
   
    plus 
   
    remarquables 
   
    productions 
   
    littéraires 
   
    de 
   
    Nersès. 
   
    Nous 
   
    ne 
   
    pouvons 
   
    la 
   
    citer 
   
    parce 
   
    que 
   
    nous 
   
    n'avons 
   
    à 
   
    nous 
   
    occuper 
   
    ici 
   
    que 
   
    de 
   
    l'histoire 
   
    proprement 
   
    dite 
   
    de 
   
    Léon. 
   
    Dans 
   
    cette 
   
    lettre 
   
    Nersès 
   
    démontra 
   
    à 
   
    celui-ci 
   
    qu'il 
   
    n'a 
   
    introduit 
   
    rien 
   
    de 
   
    nouveau 
   
    dans 
   
    le 
   
    Concile 
   
    qu'on 
   
    venait 
   
    de 
   
    tenir 
   
    et 
   
    qu'on 
   
    n'avait 
   
    agi 
   
    que 
   
    selon 
   
    son 
   
    avis, 
   
    à 
   
    lui 
   
    Léon. 
   
    Il 
   
    y 
   
    rappelle, 
   
    mais 
   
    de 
   
    loin, 
   
    les 
   
    circonstances 
   
    qui 
   
    ont 
   
    amené 
   
    l'internement 
   
    de 
   
    cet 
   
    enfant 
   
    élu 
   
    Catholicos, 
   
    comment 
   
    plusieurs 
   
    personnes 
   
    venues 
   
    pour 
   
    assiéger 
   
    le 
   
    fort 
   
    pendant 
   
    trois 
   
    jours, 
   
    où 
   
    il 
   
    était 
   
    retenu, 
   
    ont 
   
    trouvé 
   
    la 
   
    mort 
   
    à 
   
    Romcla; 
   
    pour 
   
    quels 
   
    motifs 
   
    enfin 
   
    les 
   
    amendes 
   
    ont 
   
    été 
   
    infligées 
   
    à 
   
    ses 
   
    parents, 
   
    à 
   
    lui-même 
   
    (au 
   
    Lambrounien), 
   
    dont 
   
    la 
   
    succession 
   
    devait 
   
    lui 
   
    revenir. 
   
    Il 
   
    s'exprime 
   
    ainsi: 
   
    «Nous 
   
    avons 
   
    obéi 
   
    à 
   
    votre 
   
    ordre 
   
    comme 
   
    s'il 
   
    eût 
   
    été 
   
    celui 
   
    de 
   
    Dieu 
   
    et 
   
    nous 
   
    avons 
   
    cru 
   
    que 
   
    c'était 
   
    Dieu 
   
    qui 
   
    vous 
   
    l'avait 
   
    inspiré 
   
    pour 
   
    vous 
   
    faire 
   
    voir 
   
    imperfection 
   
    du 
   
    Catholicos. 
   
    Nous 
   
    en 
   
    avons 
   
    fait 
   
    la 
   
    cause 
   
    de 
   
    nos 
   
    prières 
   
    et 
   
    nous 
   
    en 
   
    avons 
   
    recueilli 
   
    les 
   
    fruits, 
   
    c'est-à-dire 
   
    votre 
   
    bienveillance». 
   
    Il 
   
    ne 
   
    s'arrête 
   
    pas 
   
    ici 
   
    et 
   
    lui 
   
    dit 
   
    en 
   
    manière 
   
    de 
   
    reproches: 
   
    «Notre 
   
    sincérité 
   
    que 
   
    vous 
   
    avez 
   
    vue 
   
    de 
   
    vos 
   
    yeux 
   
    et 
   
    dont 
   
    vous 
   
    avez 
   
    joui, 
   
    parce 
   
    qu'elle 
   
    a 
   
    servie 
   
    de 
   
    point 
   
    de 
   
    mire 
   
    à 
   
    des 
   
    calomniateurs, 
   
    la 
   
    rendrai-je 
   
    ridicule? 
   
    Que 
   
    Dieu 
   
    éloigne 
   
    de 
   
    vous 
   
    la 
   
    voie 
   
    de 
   
    justice 
   
    de 
   
    Pilate! 
   
    Si 
   
    votre 
   
    pieté 
   
    vous 
   
    les 
   
    montre, 
   
    ces 
   
    calomniateurs, 
   
    dignes 
   
    d'une 
   
    réponse 
   
    de 
   
    ma 
   
    part, 
   
    notre 
   
    sagesse 
   
    se 
   
    refuse 
   
    à 
   
    leur 
   
    adresser 
   
    cette 
   
    réponse, 
   
    car, 
   
    selon 
   
    nous, 
   
    on 
   
    ne 
   
    doit 
   
    pas 
   
    répondre 
   
    à 
   
    l'impie», 
   
    etc.
  
 
   
    Nersès 
   
    ne 
   
    se 
   
    défendait 
   
    pas 
   
    soi-même, 
   
    il 
   
    défendait 
   
    la 
   
    vérité; 
   
    il 
   
    ne 
   
    prenait 
   
    plus 
   
    garde 
   
    si 
   
    c'était 
   
    à 
   
    son 
   
    souverain 
   
    qu'il 
   
    parlait, 
   
    sans 
   
    peur 
   
    il 
   
    donnait, 
   
    dans 
   
    ses 
   
    discours 
   
    et 
   
    dans 
   
    ses 
   
    lettres, 
   
    des 
   
    conseils 
   
    à 
   
    celui 
   
    que 
   
    tout 
   
    le 
   
    monde 
   
    redoutait. 
   
    Léon, 
   
    d'ailleurs, 
   
    comme 
   
    nous 
   
    l'avons 
   
    fait 
   
    remarquer, 
   
    n'agissait 
   
    ainsi 
   
    contre 
   
    le 
   
    Saint 
   
    que 
   
    par 
   
    l'apparence, 
   
    pour 
   
    s'attirer 
   
    les 
   
    personnes 
   
    qui 
   
    se 
   
    tenaient 
   
    à 
   
    l'écart 
   
    de 
   
    lui, 
   
    pour 
   
    reconcilier, 
   
    s'il 
   
    était 
   
    possible, 
   
    les 
   
    calomniateurs 
   
    et 
   
    les 
   
    calomnies, 
   
    et 
   
    non 
   
    pour 
   
    se 
   
    mettre 
   
    à 
   
    dos 
   
    le 
   
    Saint 
   
    dont 
   
    il 
   
    reconnaissait 
   
    le 
   
    mérite. 
   
    Peu 
   
    de 
   
    temps 
   
    après, 
   
    Léon 
   
    prouva 
   
    bien 
   
    le 
   
    grand 
   
    cas 
   
    qu'il 
   
    faisait 
   
    de 
   
    la 
   
    personne 
   
    du 
   
    Lambrounien 
   
    dont 
   
    son 
   
    esprit 
   
    et 
   
    son 
   
    cœur 
   
    se 
   
    souvenaient 
   
    toujours, 
   
    en 
   
    voulant 
   
    être 
   
    sacré 
   
    roi 
   
    par 
   
    lui 
   
    dans 
   
    l'Église 
   
    de 
   
    Tarse, 
   
    et 
   
    recevoir 
   
    la 
   
    couronne 
   
    de 
   
    ses 
   
    mains 
   
    et 
   
    en 
   
    le 
   
    choisissant 
   
    comme 
   
    son 
   
    ambassadeur 
   
    auprès 
   
    de 
   
    l'empereur 
   
    d'Orient, 
   
    comme 
   
    nous 
   
    le 
   
    verrons 
   
    par 
   
    la 
   
    suite.
  
 
   
    Nersès, 
   
    lui 
   
    aussi, 
   
    reconnaissait 
   
    Léon 
   
    comme 
   
    supérieur 
   
    à 
   
    bien 
   
    des 
   
    princes 
   
    de 
   
    la 
   
    nation 
   
    arménienne, 
   
    près 
   
    ou 
   
    loin 
   
    de 
   
    cette 
   
    époque, 
   
    et 
   
    quoiqu'il 
   
    ne 
   
    s'effrayât 
   
    nullement 
   
    de 
   
    lui, 
   
    à 
   
    cause 
   
    du 
   
    caractère 
   
    sacré 
   
    dont 
   
    il 
   
    se 
   
    sentait 
   
    revêtu, 
   
    ou 
   
    à 
   
    cause 
   
    du 
   
    pouvoir 
   
    qu'il 
   
    exerçait 
   
    à 
   
    Lambroun, 
   
    ou 
   
    même 
   
    à 
   
    cause 
   
    de 
   
    sa 
   
    grande 
   
    réputation, 
   
    cependant 
   
    il 
   
    ne 
   
    lui 
   
    refusait 
   
    pas 
   
    le 
   
    respect, 
   
    les 
   
    égards, 
   
    et 
   
    les 
   
    honneurs 
   
    qu'au 
   
    fond 
   
    de 
   
    son 
   
    cœur 
   
    enflammé 
   
    de 
   
    zèle, 
   
    il 
   
    savait 
   
    lui 
   
    devoir. 
   
    Avant 
   
    même 
   
    que 
   
    les 
   
    faits 
   
    dont 
   
    nous 
   
    avons 
   
    parlé 
   
    fussent 
   
    advenus, 
   
    Nersès, 
   
    dans 
   
    les 
   
    mémorandum 
   
    de 
   
    ses 
   
    écrits, 
   
    appelait 
   
    Léon: 
   
    «
     
      Notre 
     
      Souverain 
   
    ou 
     
      notre 
     
      Baron 
     
      Léon 
   
    qui, 
   
    à 
   
    cette 
   
    époque 
   
    (1190) 
   
    était 
   
    le 
   
    souverain 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie 
   
    et 
   
    de 
   
    I'Isaurie 
   
    et 
   
    de 
   
    leurs 
   
    montagnes». 
   
    Dans 
   
    la 
   
    lettre 
   
    qu'il 
   
    écrivit 
   
    à 
   
    celui-ci 
   
    en 
   
    1194, 
   
    avant 
   
    même 
   
    que 
   
    Léon 
   
    eût 
   
    été 
   
    proclamé 
   
    roi, 
   
    par 
   
    les 
   
    autres 
   
    barons, 
   
    il 
   
    lui 
   
    disait 
   
    déjà: 
   
    «
     
      Vous 
     
      notre 
     
      Roi
   
    » 
   
    et 
   
    il 
   
    le 
   
    félicitait 
   
    de 
   
    ce 
   
    que 
   
    son 
   
    royaume 
   
    égalait 
   
    celui 
   
    des 
   
    Constantin 
   
    et 
   
    des 
   
    Théodose. 
   
    Deux 
   
    ans 
   
    après, 
   
    en 
   
    1196, 
   
    Léon 
   
    ayant 
   
    reculé 
   
    les 
   
    frontières 
   
    de 
   
    l'Arménie, 
   
    Nersès 
   
    écrivait: 
   
    «La 
   
    main 
   
    du 
   
    roi 
   
    Léon 
   
    qui 
   
    gouverne 
   
    la 
   
    Cilicie 
   
    et 
     
      les 
     
      provinces 
     
      de 
     
      l'Isaurie
   
    … 
   
    à 
   
    la 
   
    gloire 
   
    de 
   
    Jésus-Christ 
   
    et 
   
    pour 
   
    la 
   
    puissance 
   
    des 
   
    Chrétiens». 
   
    A 
   
    la 
   
    fin 
   
    de 
   
    sa 
   
    vie, 
   
    il 
   
    écrivait 
   
    encore 
   
    plus 
   
    généreusement 
   
    et 
   
    il 
   
    lui 
   
    légua 
   
    ces 
   
    paroles 
   
    comme 
   
    un 
   
    précieux 
   
    testament: 
   
    «Léon 
   
    des 
   
    Roupéniens, 
   
    roi 
   
    des 
   
    Arméniens, 
   
    le 
   
    pieux 
   
    et 
   
    le 
   
    glorieux 
   
    en 
   
    Dieu, 
   
    dont 
   
    le 
   
    nom 
   
    puissant 
   
    lui 
   
    valut 
   
    l'amitié 
   
    de 
   
    Henri 
   
    l'empereur 
   
    de 
   
    l'ancienne 
   
    Rome, 
   
    et 
   
    d'Alexis, 
   
    l'empereur 
   
    de 
   
    la 
   
    nouvelle 
   
    Rome, 
   
    qui 
   
    tous 
   
    deux 
   
    le 
   
    couronnèrent 
   
    de 
   
    pierres 
   
    précieuses. 
   
    Que 
   
    Jésus-Christ 
   
    notre 
   
    Dieu 
   
    nous 
   
    le 
   
    conserve 
   
    bien 
   
    des 
   
    jours 
   
    encore 
   
    pour 
   
    d'éclatantes 
   
    victoires, 
   
    et 
   
    qu'en 
   
    le 
   
    transportant 
   
    d'ici-bas 
   
    aux 
   
    Cieux, 
   
    il 
   
    lui 
   
    accorde 
   
    la 
   
    couronne 
   
    des 
   
    Saints 
   
    Rois 
   
    et 
   
    le 
   
    fasse 
   
    participer 
   
    à 
   
    leur 
   
    gloire, 
   
    dans 
   
    les 
   
    régions 
   
    de 
   
    la 
   
    lumière!»
  
 
   
    La 
   
    puissance 
   
    et 
   
    la 
   
    sagesse 
   
    de 
   
    Léon 
   
    ne 
   
    lui 
   
    avaient 
   
    pas 
   
    valu 
   
    seulement 
   
    de 
   
    diriger 
   
    église 
   
    nationale, 
   
    il 
   
    était 
   
    encore 
   
    en 
   
    quelque 
   
    manière 
   
    le 
   
    conseil 
   
    de 
   
    toute 
   
    l'Église 
   
    d'Orient 
   
    dans 
   
    leurs 
   
    plus 
   
    graves 
   
    questions. 
   
    Les 
   
    Syriens 
   
    avaient 
   
    élu 
   
    patriarche 
   
    Michaël 
   
    le 
   
    Jeune, 
   
    non 
   
    pas 
   
    en 
   
    raison 
   
    de 
   
    consentement 
   
    général, 
   
    puisqu'au 
   
    contraire, 
   
    quelques 
   
    évêques 
   
    ne 
   
    reconnaissaient 
   
    pour 
   
    leur 
   
    pontife, 
   
    en 
   
    1208, 
   
    que 
   
    le 
   
    savant 
   
    Jean 
   
    Josué, 
   
    surnommé 
   
    le 
   
    Petit. 
   
    Ce 
   
    dernier, 
   
    pour 
   
    être 
   
    confirmé 
   
    dans 
   
    sa 
   
    dignité, 
   
    s'en 
   
    vint 
   
    en 
   
    Cilicie 
   
    et 
   
    demeura, 
   
    pendant 
   
    un 
   
    an, 
   
    au 
   
    couvent 
   
    syrien 
   
    de 
   
    Baximate, 
   
    jusqu'à 
   
    ce 
   
    que 
   
    les 
   
    religieux 
   
    du 
   
    monastère 
   
    de 
   
    Cavigate, 
   
    près 
   
    de 
   
    Sis, 
   
    vinssent 
   
    prier 
   
    Léon 
   
    de 
   
    lui 
   
    donner 
   
    une 
   
    lettre 
   
    de 
   
    recommandation 
   
    pour 
   
    le 
   
    Sultan 
   
    de 
   
    Mélitine, 
   
    Muezzeddin, 
   
    qui 
   
    tenait 
   
    alors 
   
    sous 
   
    son 
   
    autorité 
   
    le 
   
    siège 
   
    des 
   
    patriarches 
   
    Syriens. 
   
    Josué, 
   
    certain 
   
    maintenant 
   
    de 
   
    son 
   
    patriarcat, 
   
    se 
   
    rendit 
   
    auprès 
   
    du 
   
    Sultan 
   
    après 
   
    s'être 
   
    arrêté 
   
    quelque 
   
    temps 
   
    encore 
   
    dans 
   
    le 
   
    couvent 
   
    de 
   
    Cavigate 
   
    que 
   
    Léon 
   
    lui 
   
    avait 
   
    donné. 
   
    C'est 
   
    à 
   
    ce 
   
    monastère 
   
    que 
   
    nous 
   
    avons 
   
    vu 
   
    plus 
   
    tard, 
   
    sous 
   
    Héthoum, 
   
    résider 
   
    d'autres 
   
    patriarches 
   
    et 
   
    métrapolitains 
   
    Syriens 
   
    qui 
   
    venaient 
   
    s'y 
   
    réfugier 
   
    pour 
   
    être 
   
    en 
   
    sûreté. 
   
    (
    
     Voir 
    
     Sissouan 
    
     pag. 
    
     221
   
    ).