Nous 
    
     devons 
    
     approfondir 
    
     ici 
    
     cette 
    
     grande 
    
     idée, 
    
     cette 
    
     grande 
    
     entreprise 
    
     de 
    
     Léon 
    
     d'unir 
    
     l'Église 
    
     arménienne 
    
     à 
    
     l'Église 
    
     latine: 
    
     car 
    
     la 
    
     question 
    
     de 
    
     l'union 
    
     de 
    
     ces 
    
     deux 
    
     Églises 
    
     et 
    
     la 
    
     question 
    
     de 
    
     la 
    
     royauté 
    
     de 
    
     Léon 
    
     sont 
    
     inséparables 
    
     l'une 
    
     de 
    
     l'autre. 
    
     Ce 
    
     n'était 
    
     pas 
    
     la 
    
     première 
    
     fois 
    
     qu'un 
    
     rapprochement 
    
     dans 
    
     ce 
    
     sens 
    
     avait 
    
     été 
    
     tenté 
    
     de 
    
     la 
    
     part 
    
     des 
    
     Arméniens, 
    
     et 
    
     des 
    
     pourparlers 
    
     avaient 
    
     déjà 
    
     été 
    
     engagés 
    
     à 
    
     ce 
    
     sujet. 
    
     Il 
    
     y 
    
     avait 
    
     un 
    
     siècle 
    
     déjà, 
    
     avant 
    
     même 
    
     l'époque 
    
     des 
    
     Croisades, 
    
     que 
    
     des 
    
     négociations 
    
     avaient 
    
     été 
    
     entamées 
    
     à 
    
     propos 
    
     de 
    
     cela 
    
     sous 
    
     Grégoire 
    
     II, 
    
     le 
    
     Martyrophile, 
    
     le 
    
     premier 
    
     des 
    
     Bahlavides 
    
     qui 
    
     furent 
    
     Catholicos. 
    
     Ce 
    
     Grégoire, 
    
     pendant 
    
     son 
    
     voyage 
    
     à 
    
     Jérusalem 
    
     et 
    
     ses 
    
     visites 
    
     aux 
    
     monastères 
    
     d'Égypte, 
    
     avait 
    
     rencontré 
    
     des 
    
     pèlerins 
    
     occidentaux 
    
     et 
    
     ceux-ci 
    
     avaient 
    
     admiré 
    
     la 
    
     sagesse 
    
     et 
    
     la 
    
     probité 
    
     du 
    
     Catholicos. 
    
     Ils 
    
     désiraient 
    
     participer 
    
     à 
    
     l'Église 
    
     Arménienne 
    
     qu'ils 
    
     savaient 
    
     compter 
    
     près 
    
     de 
    
     centaine 
    
     d'évêques 
    
     sous 
    
     le 
    
     suffrage 
    
     et 
    
     l'autorité 
    
     d'un 
    
     seul 
    
     chef 
    
     considéré 
    
     par 
    
     la 
    
     nation 
    
     comme 
    
     un 
    
     Souverain 
    
     pontife 
    
     et 
    
     qui 
    
     avait 
    
     le 
    
     titre 
    
     de 
    
     Catholicos. 
    
     On 
    
     ne 
    
     sait 
    
     pas 
    
     au 
    
     juste 
    
     ce 
    
     qui 
    
     fut 
    
     fait 
    
     ensuite. 
    
     Mais 
    
     nous 
    
     pouvons 
    
     citer, 
    
     en 
    
     témoignage, 
    
     des 
    
     lettres 
    
     du 
    
     grand 
    
     pape 
    
     Grégoire 
    
     VII 
    
     dont 
    
     une 
    
     adressé 
    
     à 
    
     Henri 
    
     IV, 
    
     empereur, 
    
     en 
    
     1074, 
    
     dans 
    
     laquelle 
    
     il 
    
     fait 
    
     mention 
    
     de 
    
     l'alliance 
    
     avec 
    
     les 
    
     Arméniens; 
    
     une 
    
     autre 
    
     envoyée 
    
     à 
    
     notre 
    
     Catholicos 
    
     même, 
    
     en 
    
     1080, 
    
     qui 
    
     nous 
    
     apprend 
    
     qu'un 
    
     prêtre 
    
     du 
    
     nom 
    
     de 
    
     Jean 
    
     fut 
    
     mandé 
    
     comme 
    
     légat 
    
     auprès 
    
     du 
    
     Catholicos 
    
     par 
    
     le 
    
     Pape 
    
     et 
    
     que 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     se 
    
     rendit 
    
     à 
    
     Rome. 
    
     En 
    
     outre, 
    
     vers 
    
     la 
    
     moitié 
    
     du 
    
     XII 
    
     siècle, 
    
     pendant 
    
     le 
    
     patriarcat 
    
     du 
    
     Jeune 
    
     Martyrophile, 
    
     Grégoire 
    
     III 
    
     et 
    
     le 
    
     pontificat 
    
     d'Eugène 
    
     III, 
    
     partirent 
    
     des 
    
     ambassadeurs 
    
     de 
    
     Rome 
    
     et 
    
     du 
    
     siège 
    
     patriarcal 
    
     chargés 
    
     d'interroger 
    
     et 
    
     de 
    
     répondre 
    
     sur 
    
     les 
    
     questions 
    
     de 
    
     l'un 
    
     et 
    
     l'autre 
    
     chef 
    
     d'église, 
    
     comme 
    
     le 
    
     rapportent 
    
     des 
    
     chroniqueurs 
    
     contemporains 
    
     de 
    
     1'Occident, 
    
     mais 
    
     les 
    
     copies 
    
     de 
    
     ces 
    
     lettres 
    
     ne 
    
     nous 
    
     sont 
    
     pas 
    
     parvenues. 
    
     Nous 
    
     en 
    
     possédons 
    
     seulement 
    
     une, 
    
     datée 
    
     de 
    
     1184, 
    
     peu 
    
     d'années 
    
     donc 
    
     avant 
    
     la 
    
     principauté 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     et 
    
     une 
    
     autre 
    
     du 
    
     pape 
    
     Lucius 
    
     III 
    
     au 
    
     Catholicos 
    
     Grégoire 
    
     IV 
    
     Degha. 
    
     Cette 
    
     lettre 
    
     fut 
    
     écrite 
    
     de 
    
     Vérone 
    
     et 
    
     envoyée 
    
     avec 
    
     des 
    
     présents. 
    
     S.
     
      t 
    
     Nersès 
    
     de 
    
     Lambroun 
    
     la 
    
     traduisit 
    
     et 
    
     elle 
    
     nous 
    
     a 
    
     été 
    
     conservée 
    
     jusqu'à 
    
     notre 
    
     temps. 
    
     «L'an 
    
     de 
    
     l'Ère 
    
     arménienne 
    
     634 
    
     (1185), 
    
     dit-il, 
    
     arriva 
    
     Grégoire, 
    
     évêque 
    
     de 
    
     Philippopolis, 
    
     envoyé 
    
     par 
    
     le 
    
     Pape 
    
     romain 
    
     Lucius 
    
     à 
    
     notre 
    
     Catholicos 
    
     Grégoire. 
    
     Il 
    
     lui 
    
     apporta 
    
     la 
    
     réponse 
    
     de 
    
     la 
    
     lettre 
    
     de 
    
     Notre 
    
     Seigneur 
    
     et 
    
     le 
    
     livre 
    
     qui 
    
     contenait 
    
     les 
    
     Coutumes 
    
     ou 
    
     rites 
    
     de 
    
     l'église 
    
     en 
    
     lettres 
    
     latines. 
    
     Il 
    
     trouva 
    
     notre 
    
     Seigneur 
    
     (le 
    
     Catholicos) 
    
     à 
    
     Tarse. 
    
     C'était 
    
     pendant 
    
     le 
    
     mois 
    
     d'Octobre. 
    
     Le 
    
     Catholicos, 
    
     ayant 
    
     reçu 
     
      le 
     
      Pallium 
     
      et 
     
      la 
     
      Mitre 
    
     comme 
    
     insignes 
    
     complémentaires 
    
     de 
    
     sa 
    
     dignité, 
    
     rendit 
    
     grâces 
    
     à 
    
     Dieu. 
    
     Il 
    
     remit 
    
     la 
    
     lettre 
    
     du 
    
     Pape 
    
     et 
    
     le 
    
     livre 
    
     des 
    
     Rites 
    
     de 
    
     l'Église 
   
    á 
    
     moi, 
    
     son 
    
     serviteur, 
    
     pour 
    
     que 
    
     je 
    
     les 
    
     traduise. 
    
     Je 
    
     les 
    
     lui 
    
     ai 
    
     rendus 
    
     en 
    
     arménien. 
    
     J'ai 
    
     fait 
    
     la 
    
     traduction 
    
     correctement 
    
     et 
    
     selon 
    
     les 
    
     règles 
    
     de 
    
     notre 
    
     langue, 
    
     sans 
    
     ajouter 
    
     ni 
    
     retrancher 
    
     rien».
 
    
     Quatre 
    
     années 
    
     plus 
    
     tard, 
    
     c'est-à-dire, 
    
     la 
    
     troisième 
    
     année 
    
     de 
    
     la 
    
     principauté 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     en 
    
     1189 
    
     donc, 
    
     le 
    
     pape 
    
     Clément 
    
     III 
    
     écrivit 
    
     une 
    
     lettre 
    
     à 
    
     celui-ci, 
    
     le 
    
     28 
    
     Mai, 
    
     et 
    
     une 
    
     autre 
    
     au 
    
     Catholicos 
    
     Grégoire, 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     envoya 
    
     «avec 
    
     les 
    
     rois 
    
     et 
    
     l'armée 
    
     qui 
    
     passèrent 
    
     la 
    
     mer, 
    
     pour 
    
     la 
    
     délivrance 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     après 
    
     trois 
    
     ans 
    
     de 
    
     captivité». 
    
     Nous 
    
     savons 
    
     cela 
    
     par 
    
     l'en-tête 
    
     de 
    
     la 
    
     lettre 
    
     que 
    
     Nersès 
    
     a 
    
     traduite. 
    
     Quant 
    
     à 
    
     la 
    
     lettre 
    
     adressée 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     qui, 
    
     du 
    
     reste, 
    
     est 
    
     à 
    
     peu 
    
     de 
    
     chose 
    
     près 
    
     la 
    
     même 
    
     que 
    
     celle 
    
     écrite 
    
     au 
    
     Catholicos, 
    
     en 
    
     voici 
    
     l'en-tête: 
    
     «Clément, 
    
     évêque, 
    
     serviteur 
    
     des 
    
     serviteurs 
    
     de 
    
     Dieu, 
    
     à 
    
     notre 
    
     fils 
    
     bien-aimé, 
    
     l'illustre 
    
     prince 
    
     Montagnard, 
    
     salut 
    
     et 
    
     bénédiction 
    
     apostolique». 
    
     Le 
    
     Pontife 
    
     annonce, 
    
     dans 
    
     cette 
    
     lettre, 
    
     ce 
    
     que 
    
     Lucius, 
    
     son 
    
     prédécesseur, 
    
     avait 
    
     déjà 
    
     écrit. 
    
     Il 
    
     déplore 
    
     la 
    
     désastreuse 
    
     captivité 
    
     de 
    
     Jérusalem 
    
     et 
    
     l'exhorte 
    
     à 
    
     venir 
    
     en 
    
     aide 
    
     aux 
    
     Croisés 
    
     qui 
    
     étaient 
    
     partis 
    
     pour 
    
     la 
    
     délivrance 
    
     de 
    
     cette 
    
     Ville-Sainte. 
    
     Il 
    
     écrivit 
    
     encore 
    
     une 
    
     autre 
    
     lettre 
    
     plus 
    
     courte 
    
     au 
    
     Catholicos 
    
     qui 
    
     lui 
    
     avait 
    
     demandé 
    
     de 
    
     l'Huile 
    
     Sainte. 
    
     Il 
    
     lui 
    
     disait 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     lui 
    
     envoyait 
    
     pas 
    
     cette 
    
     huile, 
    
     parce 
    
     que 
    
     lui-même, 
    
     le 
    
     Catholicos, 
    
     pouvait 
    
     la 
    
     consacrer. 
    
     Ainsi 
    
     ces 
    
     deux 
    
     chefs 
    
     d'église 
    
     s'étaient 
    
     humiliés 
    
     l'un 
    
     devant 
    
     l'autre; 
    
     l'un, 
    
     en 
    
     demandant, 
    
     l'autre 
    
     en 
    
     refusant. 
    
     Un 
    
     passage 
    
     de 
    
     la 
    
     lettre 
    
     d'Innocent 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     écrite 
    
     en 
    
     1207, 
    
     nous 
    
     donne 
    
     à 
    
     entendre 
    
     que 
    
     les 
    
     prédécesseurs 
    
     de 
    
     notre 
    
     baron 
    
     d'Arménie 
    
     étaient 
    
     déjà 
    
     en 
    
     correspondance 
    
     avec 
    
     la 
    
     cour 
    
     pontificale 
    
     de 
    
     Rome 
    
     où, 
    
     — 
    
     dit 
    
     la 
    
     lettre, 
    
     — 
    
     se 
    
     trouvent 
    
     leurs 
    
     mémoires: 
    
     «Tu 
    
     enim 
    
     per 
    
     cœteris 
    
     predecessoribus 
    
     tuis, 
    
     quorum 
    
     exstat 
    
     memoria, 
    
     specialibus 
    
     in 
    
     nostra 
    
     ed 
    
     ecclesia 
    
     Romanæ 
    
     devotionis 
    
     persistis».
  
 
    
     On 
    
     ignore 
    
     ce 
    
     que 
    
     Léon 
    
     et 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     répondirent 
    
     aux 
    
     lettres 
    
     de 
    
     Clément 
    
     III, 
    
     et 
    
     si 
    
     même 
    
     ils 
    
     continuèrent 
    
     leurs 
    
     correspondances. 
    
     On 
    
     sait 
    
     seulement 
    
     que 
    
     Léon 
    
     écrivit 
    
     au 
    
     Pape 
    
     en 
    
     1196 
    
     pour 
    
     lui 
    
     demander 
    
     la 
    
     couronne 
    
     royale 
    
     et 
    
     son 
    
     affiliation 
    
     à 
    
     l'Église 
    
     Romaine. 
    
     On 
    
     prétend 
    
     qu'il 
    
     en 
    
     reçut, 
    
     comme 
    
     témoignage 
    
     de 
    
     grande 
    
     satisfaction, 
    
     une 
    
     couronne 
    
     d'or 
    
     que 
    
     le 
    
     pontife 
    
     romain 
    
     lui 
    
     fit 
    
     remettre 
    
     par 
    
     les 
    
     envoyés 
    
     mêmes 
    
     de 
    
     Léon 
    
     à 
    
     l'empereur 
    
     Henri 
    
     près 
    
     de 
    
     qui 
    
     ils 
    
     se 
    
     rendaient 
    
     et 
    
     par 
    
     qui 
    
     ils 
    
     furent 
    
     reçus 
    
     comme 
    
     nous 
    
     l'avons 
    
     dit 
    
     précédemment. 
    
     Il 
    
     est 
    
     a 
    
     désirer 
    
     que 
    
     nous 
    
     retrouvions 
    
     cette 
    
     lettre 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     la 
    
     réponse 
    
     en 
    
     latin 
    
     qu'y 
    
     fit 
    
     le 
    
     pape 
    
     Célestin 
    
     III. 
    
     Nous 
    
     connaîtrions 
    
     mieux 
    
     les 
    
     conditions 
    
     posées 
    
     et 
    
     les 
    
     traités 
    
     conclus 
    
     entre 
    
     eux, 
    
     les 
    
     exigences 
    
     du 
    
     pontife 
    
     romain 
    
     et 
    
     les 
    
     promesses 
    
     du 
    
     Catholicos, 
    
     qui 
    
     était 
    
     alors 
    
     le 
    
     prudent 
    
     vieillard 
    
     Grégoire 
    
     Abirad. 
    
     A 
    
     l'instar 
    
     de 
    
     nos 
    
     chroniqueurs, 
    
     les 
    
     historiens 
    
     étrangers 
    
     disent 
    
     que 
    
     des 
    
     traités 
    
     furent 
    
     passés 
    
     vers 
    
     la 
    
     fin 
    
     du 
    
     XII 
    
     siècle 
    
     et 
    
     que, 
    
     comme 
    
     les 
    
     Arméniens 
    
     les 
    
     acceptèrent, 
    
     le 
    
     Pape, 
    
     dans 
    
     sa 
    
     satisfaction, 
    
     consentit 
    
     à 
    
     ce 
    
     que 
    
     Léon 
    
     fut 
    
     élevé 
    
     à 
    
     la 
    
     royauté 
    
     et 
    
     qu'à 
    
     cette 
    
     occasion, 
    
     il 
    
     lui 
    
     fit 
    
     don 
    
     d'une 
    
     riche 
    
     bannière. 
    
     Léon, 
    
     cette 
    
     fois-ci, 
    
     eut 
    
     plus 
    
     de 
    
     peine 
    
     à 
    
     faire 
    
     consentir 
    
     les 
    
     Arméniens 
    
     à 
    
     accepter 
    
     les 
    
     conditions 
    
     du 
    
     Pape 
    
     qu'il 
    
     n'en 
    
     eut 
    
     à 
    
     leur 
    
     faire 
    
     suivre 
    
     toutes 
    
     ses 
    
     autres 
    
     entreprises. 
    
     Il 
    
     fut 
    
     appuyé 
    
     cependant 
    
     par 
    
     le 
    
     bon 
    
     vouloir 
    
     du 
    
     Catholicos 
    
     et 
    
     de 
    
     S. 
    
     Nersès 
    
     de 
    
     Lambroun 
    
     et 
    
     encouragé 
    
     par 
    
     les 
    
     lettres 
    
     et 
    
     les 
    
     présents 
    
     envoyés 
    
     de 
    
     Rome.
  
 
   
    Notre 
   
    historien 
   
    Guiragos 
   
    qui 
   
    écrivit 
   
    près 
   
    de 
   
    soixante-dix 
   
    ans 
   
    après 
   
    et 
   
    dans 
   
    un 
   
    endroit 
   
    très 
   
    éloigué, 
   
    entendit 
   
    raconter 
   
    tout 
   
    cela, 
   
    mais 
   
    il 
   
    entremêle, 
   
    dans 
   
    son 
   
    récit, 
   
    le 
   
    vrai 
   
    avec 
   
    le 
   
    faux, 
   
    le 
   
    vraisemblable 
   
    avec 
   
    l'invraisemblable. 
   
    Nersès 
   
    Balientz 
   
    presqu'un 
   
    siècle 
   
    plus 
   
    tard, 
   
    et 
   
    d'autres 
   
    chroniqueurs 
   
    aussi 
   
    disent 
   
    d'une 
   
    manière 
   
    vague 
   
    et 
   
    en 
   
    quelques 
   
    mots 
   
    que 
   
    le 
   
    S. 
   
    Siège 
   
    avait 
   
    exigé 
   
    des 
   
    Arméniens;
  
 
   
    1. 
    
     De 
    
     fêter 
    
     les 
    
     plus 
    
     grandes 
    
     solennités 
    
     de 
    
     l'église 
    
     à 
    
     des 
    
     dates 
    
     fixes 
    
     dans 
    
     le 
    
     mois, 
    
     selon 
    
     la 
    
     coutume 
    
     de 
    
     l'église 
    
     latine; 
    
     ces 
    
     grands 
    
     jours 
    
     étaient 
    
     le 
    
     jour 
    
     de 
    
     Noël 
    
     et 
    
     tous 
    
     ceux 
    
     qui 
    
     s'y 
    
     rapportent.
  
 
   
    2. 
    
     De 
    
     ne 
    
     pas 
    
     rompre 
    
     le 
    
     jeûne 
    
     de 
    
     la 
    
     vigile 
    
     de 
    
     Noël 
    
     et 
    
     de 
    
     la 
    
     vigile 
    
     de 
    
     Pâques, 
    
     par 
    
     du 
    
     laitage, 
    
     mais 
    
     de 
    
     se 
    
     servir 
    
     uniquement 
    
     d'huile 
    
     et 
    
     de 
    
     poissons.
  
 
   
    3. 
    
     De 
    
     dire 
    
     les 
    
     offices, 
    
     selon 
    
     les 
    
     heures, 
    
     dans 
    
     l'intérieur 
    
     des 
    
     églises 
    
     et 
    
     non 
    
     au 
    
     dehors, 
    
     — 
    
     «ce 
    
     que 
    
     les 
    
     Arméniens 
    
     ne 
    
     faisaient 
    
     plus 
    
     depuis 
    
     longtemps, 
    
     dit 
    
     Guiragos, 
    
     depuis 
    
     l'invasion 
    
     des 
    
     Ismaélites, 
    
     mais 
    
     qu'ils 
    
     les 
    
     disaient 
    
     seulement 
    
     pendant 
    
     la 
    
     célébration 
    
     de 
    
     la 
    
     messe».
  
 
   
    4. 
    
     (Selon 
    
     quelques 
    
     historiens) 
    
     d'enseigner 
    
     la 
    
     langue 
    
     latine 
    
     en 
    
     Arménie 
    
     et 
    
     d'y 
    
     instruire 
    
     les 
    
     enfants 
    
     dès 
    
     leur 
    
     douzième 
    
     année 
    
     et 
    
     même 
    
     plus 
    
     tôt.
  
 
   
    5. 
    
     Que 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     mandât 
    
     à 
    
     une 
    
     époque 
    
     déterminée 
    
     régulièrement 
    
     un 
    
     légat 
    
     qui 
    
     viendrait 
    
     à 
    
     Rome 
    
     rendre 
    
     hommage 
    
     au 
    
     Pape.
  
 
   
    Je 
   
    crois 
   
    qu'on 
   
    exigea 
   
    encore 
   
    des 
   
    Arméniens 
   
    différentes 
   
    autres 
   
    choses 
   
    de 
   
    ce 
   
    genre, 
   
    car 
   
    celles 
   
    que 
   
    nous 
   
    avons 
   
    indiquées, 
   
    à 
   
    part 
   
    la 
   
    première 
   
    et 
   
    la 
   
    dernière 
   
    que 
   
    Guiragos 
   
    ne 
   
    mentionne 
   
    pas, 
   
    n'étaient 
   
    pas 
   
    trop 
   
    dures 
   
    pour 
   
    les 
   
    Arméniens, 
   
    autant 
   
    que 
   
    nous 
   
    en 
   
    pouvons 
   
    juger 
   
    par 
   
    ces 
   
    paroles 
   
    quoique 
   
    invraisemblables, 
   
    que 
   
    je 
   
    cite 
   
    ici 
   
    pour 
   
    que 
   
    l'on 
   
    puisse 
   
    se 
   
    faire 
   
    une 
   
    idée 
   
    de 
   
    l'opinion 
   
    personnelle 
   
    de 
   
    Léon 
   
    et 
   
    de 
   
    l'opinion 
   
    des 
   
    siens, 
   
    et 
   
    aussi 
   
    comme 
   
    mémoire 
   
    historique 
   
    de 
   
    quelques 
   
    évêques: 
   
    Léon 
   
    ayant 
   
    appelé 
   
    le 
   
    Catholicos 
   
    et 
   
    les 
   
    évêques 
   
    «leur 
   
    demanda 
   
    quelle 
   
    réponse 
   
    il 
   
    devait 
   
    donner 
   
    à 
   
    l'envoyé 
   
    (du 
   
    Pape). 
   
    Ceux-ci 
   
    ne 
   
    voulurent 
   
    pas 
   
    même 
   
    prendre 
   
    sa 
   
    demande 
   
    en 
   
    considération. 
   
    Léon 
   
    leur 
   
    dit 
   
    alors: 
   
    N'y 
   
    songez 
   
    plus, 
   
    je 
   
    vais 
   
    encore 
   
    une 
   
    fois 
   
    les 
   
    tromper 
   
    hypocritement! 
   
    Et 
   
    il 
   
    donna 
   
    cette 
   
    réponse 
   
    à 
   
    l'évêque 
   
    romain: 
   
    Tout 
   
    ce 
   
    que 
   
    l'empereur 
   
    et 
   
    le 
   
    Pape 
   
    ordonnent, 
   
    je 
   
    l'exécuterai 
   
    aussitôt. 
   
    L'évêque 
   
    exigea 
   
    le 
   
    serment 
   
    de 
   
    sa 
   
    part 
   
    et 
   
    de 
   
    douze 
   
    évêques. 
   
    Léon 
   
    fit 
   
    consentir 
   
    les 
   
    évêques 
   
    à 
   
    le 
   
    faire; 
   
    ils 
   
    prononcèrent 
   
    les 
   
    paroles 
   
    du 
   
    serment. 
   
    Parmi 
   
    ces 
   
    évêques, 
   
    il 
   
    y 
   
    avait 
   
    Nersès 
   
    de 
   
    Lambroun, 
   
    évêque 
   
    de 
   
    Tarse, 
   
    comme 
   
    nous 
   
    avons 
   
    dit 
   
    déjà, 
   
    et 
   
    Joseph, 
   
    abbé 
   
    d'un 
   
    couvent 
   
    situé 
   
    sur 
   
    les 
   
    côtes 
   
    d'Antioche 
   
    et 
   
    appelé 
   
    couvent 
   
    des 
   
    Josué; 
   
    il 
   
    y 
   
    avait 
   
    aussi 
   
    Jean 
   
    qui 
   
    fut 
   
    plus 
   
    tard 
   
    Catholicos 
   
    et 
   
    Ananie 
   
    qui 
   
    forma 
   
    un 
   
    antisiège 
   
    à 
   
    Sébaste 
   
    et 
   
    d'autres 
   
    évêques».
  
 
   
    Il 
   
    est 
   
    bien 
   
    évident 
   
    que 
   
    par 
   
    contre 
   
    les 
   
    Arméniens 
   
    firent 
   
    voir 
   
    aussi 
   
    des 
   
    prétentions 
   
    et 
   
    adressèrent 
   
    également 
   
    des 
   
    conditions 
   
    aux 
   
    Latins, 
   
    comme 
   
    ils 
   
    l'avaient 
   
    fait 
   
    auparavant 
   
    aux 
   
    Grecs. 
   
    Nous 
   
    en 
   
    connaissons 
   
    deux 
   
    qui 
   
    ne 
   
    sont 
   
    pas 
   
    sans 
   
    importance, 
   
    que 
   
    nous 
   
    tirons 
   
    de 
   
    leurs 
   
    lettres; 
   
    les 
   
    voici:
  
 
   
    1. 
    
     Qu'on 
    
     ne 
    
     puisse 
    
     pas 
    
     tenir 
    
     de 
    
     conseil 
    
     sur 
    
     les 
    
     affaires 
    
     ecclésiastiques, 
    
     en 
    
     Orient, 
    
     sans 
    
     la 
    
     présence 
    
     du 
    
     Catholicos 
    
     arménien.
  
 
   
    2. 
    
     Que 
    
     personne 
    
     n'ait 
    
     le 
    
     pouvoir 
    
     d'excommunier 
    
     les 
    
     Arméniens, 
    
     hormis 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     romain.
  
 
   
    Ces 
   
    deux 
   
    demandes 
   
    ont 
   
    été 
   
    confirmées 
   
    par 
   
    le 
   
    légat 
   
    du 
   
    Pape, 
   
    quelques 
   
    années 
   
    après 
   
    le 
   
    règne 
   
    de 
   
    Léon.
  
 
   
    Nous 
   
    espérons 
   
    qu'un 
   
    jour 
   
    on 
   
    découvrira 
   
    quelques 
   
    documents 
   
    relatifs 
   
    à 
   
    cette 
   
    question 
   
    capitale.