Nous 
    
     avons 
    
     dit 
    
     plus 
    
     haut 
    
     quels 
    
     étaient 
    
     les 
    
     traités 
    
     qui 
    
     avaient 
    
     été 
    
     passés 
    
     entre 
    
     Léon 
    
     et 
    
     le 
    
     prince 
    
     d'Antioche 
    
     qu'il 
    
     tenait 
    
     prisonnier. 
    
     Il 
    
     avait 
    
     été 
    
     stipulé 
    
     que 
    
     si 
    
     Alice, 
    
     fille 
    
     de 
    
     Roupin 
    
     II, 
    
     accouchait 
    
     d'un 
    
     enfant 
    
     mâle, 
    
     celui-ci 
    
     hériterait 
    
     du 
    
     trône 
    
     d'Antioche. 
    
     Ce 
    
     fut 
    
     justement 
    
     un 
    
     garçon 
    
     que 
    
     cette 
    
     princesse 
    
     mit 
    
     au 
    
     monde. 
    
     Raymond, 
    
     père 
    
     du 
    
     prince 
    
     nouveau-né, 
    
     mourut 
    
     prématurément 
    
     en 
   
    1198, 
    
     selon 
    
     quelques-uns 
    
     des 
    
     suites 
    
     d'une 
    
     passion 
    
     violente, 
    
     selon 
    
     d'autres 
    
     blessé 
    
     mortellement 
    
     par 
    
     des 
    
     traîtres 
    
     ismaélites. 
    
     Avant 
    
     de 
    
     rendre 
    
     le 
    
     dernier 
    
     soupir, 
    
     ce 
    
     Raymond 
    
     fit 
    
     venir 
    
     son 
    
     vieux 
    
     père 
    
     Bohémond 
    
     III 
    
     et 
    
     lui 
    
     fit 
    
     jurer 
    
     encore 
    
     une 
    
     fois 
    
     que, 
    
     selon 
    
     l'acte 
    
     signé, 
    
     il 
    
     devait 
    
     faire 
    
     asseoir 
    
     sur 
    
     le 
    
     trône 
    
     son 
    
     fils 
    
     encore 
    
     dans 
    
     le 
    
     plus 
    
     tendre 
    
     âge 
    
     et 
    
     lui 
    
     donner 
    
     son 
    
     propre 
    
     nom 
    
     et 
    
     celui 
    
     de 
    
     son 
    
     aïeul 
    
     maternel, 
    
     et 
    
     l'appeler 
    
     Roupin-Raymond. 
    
     Le 
    
     vieillard 
    
     prêta 
    
     serment 
    
     et 
    
     désigna 
   
    l'
    
     enfant 
    
     pour 
    
     son 
    
     successeur. 
    
     Raymond 
    
     fit 
    
     aussi 
    
     jurer 
    
     à 
    
     tous 
    
     ses 
    
     gens, 
    
     qu'aussitôt 
    
     après 
    
     sa 
    
     mort, 
    
     ils 
    
     seraient 
    
     fidèles 
    
     au 
    
     jeune 
    
     prince 
    
     et 
    
     s'en 
    
     reconnaîtraient 
    
     les 
    
     vassaux. 
    
     Les 
    
     dernières 
    
     volontés 
    
     du 
    
     mourant 
    
     furent 
    
     scellées 
    
     et 
    
     remises 
    
     à 
    
     Léon.
 
    
     Mais 
    
     le 
    
     fils 
    
     cadet 
    
     du 
    
     dit 
    
     Bohémond, 
    
     s'était 
    
     déjà 
    
     emparé 
    
     de 
    
     la 
    
     moitié 
    
     de 
    
     la 
    
     principauté 
    
     de 
    
     ce 
    
     dernier. 
    
     On 
    
     l'appelait 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli. 
    
     Il 
    
     était, 
    
     comme 
    
     l'indique 
    
     le 
    
     surnom 
    
     de 
     
      le 
     
      Borgne 
    
     qu'on 
    
     lui 
    
     avait 
    
     donné, 
    
     court 
    
     de 
    
     vue 
    
     mais 
    
     fin 
    
     d'esprit. 
    
     Jaloux 
    
     de 
    
     la 
    
     grandeur 
    
     de 
    
     Léon 
    
     qui 
    
     était 
    
     roi 
    
     depuis 
    
     peu 
    
     de 
    
     temps 
    
     et 
    
     sachant 
    
     qu'Antioche 
    
     devait 
    
     passer, 
    
     après 
    
     la 
    
     mort 
    
     de 
    
     son 
    
     père, 
    
     au 
    
     jeune 
    
     prince 
    
     Roupin, 
    
     alors 
    
     sous 
    
     la 
    
     protection 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     il 
    
     résolut 
    
     de 
    
     s'y 
    
     opposer. 
    
     Il 
    
     prévoyait 
    
     bien 
    
     aussi, 
    
     lui 
    
     qui 
    
     était 
    
     non 
    
     moins 
    
     fier 
    
     et 
    
     ambitieux 
    
     que 
    
     Léon, 
    
     que 
    
     celui-ci 
    
     soumettrait 
    
     tout 
    
     le 
    
     pays 
    
     d'Antioche 
    
     à 
    
     Roupin-Raymond 
    
     et 
    
     qu'alors 
    
     il 
    
     pourrait 
    
     affronter 
    
     toutes 
    
     les 
    
     puissances 
    
     occidentales 
    
     établies 
    
     en 
    
     Orient. 
    
     Alors, 
    
     sans 
    
     aucun 
    
     égard 
    
     pour 
    
     l'âge 
    
     de 
    
     son 
    
     vieux 
    
     père 
    
     qu'il 
    
     voyait 
    
     fidèle 
    
     aux 
    
     droits 
    
     de 
    
     son 
    
     fils 
    
     aîné 
    
     et 
    
     de 
    
     son 
    
     successeur, 
    
     il 
    
     se 
    
     fit 
    
     de 
    
     nombreux 
    
     partisans 
    
     et 
    
     chassa 
    
     son 
    
     vieux 
    
     père 
    
     du 
    
     trône 
    
     dont 
    
     il 
    
     s'empara 
    
     et 
    
     se 
    
     fit 
    
     proclamer 
    
     Prince 
    
     d'Antioche.
  
 
    
     Léon, 
    
     fort 
    
     des 
    
     promesses 
    
     du 
    
     prince 
    
     et 
    
     des 
    
     actes 
    
     conclus, 
    
     ne 
    
     s'attendait 
    
     point 
    
     à 
    
     ce 
    
     coup 
    
     qui 
    
     le 
    
     laissa 
    
     un 
    
     moment 
    
     déconcerté. 
    
     Bien 
    
     que 
    
     la 
    
     gestion 
    
     de 
    
     son 
    
     nouveau 
    
     royaume 
    
     lui 
    
     prît 
    
     tout 
    
     son 
    
     temps, 
    
     il 
    
     se 
    
     hâta 
    
     de 
    
     réunir 
    
     autant 
    
     de 
    
     soldats 
    
     que 
    
     le 
    
     moment 
    
     lui 
    
     permettait 
    
     et 
    
     vint 
    
     étouffer 
    
     ce 
    
     commencement 
    
     de 
    
     rébellion 
    
     avant 
    
     qu'elle 
    
     n'eût 
    
     pu 
    
     s'étendre. 
    
     C'était 
    
     une 
     
      lutte 
    
     de 
    
     fin 
    
     contre 
    
     fin, 
    
     d'obstiné 
    
     contre 
    
     obstiné, 
    
     et 
    
     d'un 
    
     côté 
    
     comme 
    
     de 
    
     l'autre 
    
     on 
    
     prolongeait 
    
     les 
    
     hostilités. 
    
     Le 
    
     soi-disant 
    
     prince 
    
     savait 
    
     qu'avec 
    
     ses 
    
     seules 
    
     forces 
    
     il 
    
     ne 
    
     pourrait 
    
     pas 
    
     tenir 
    
     tète 
    
     longtemps 
    
     à 
    
     Léon; 
    
     par 
    
     des 
    
     promesses 
    
     et 
    
     des 
    
     manèges 
    
     il 
    
     se 
    
     gagna 
    
     les 
    
     braves 
    
     chevaliers 
    
     des 
    
     deux 
    
     ordres 
    
     des 
    
     Hospitaliers 
    
     et 
    
     des 
    
     Templiers. 
    
     Depuis 
    
     quelque 
    
     temps, 
    
     ces 
    
     derniers 
    
     n'étaient 
    
     plus 
    
     en 
    
     bons 
    
     termes 
    
     avec 
    
     Léon, 
    
     parce 
    
     qu'il 
    
     leur 
    
     avait 
    
     pris 
    
     la 
    
     forteresse 
    
     de 
    
     Gasdim 
    
     que 
    
     Saladin, 
    
     lors 
    
     de 
    
     son 
    
     invasion, 
    
     avait 
    
     laissée 
    
     de 
    
     côté. 
    
     Quant 
    
     aux 
    
     autres 
    
     chevaliers, 
    
     il 
    
     paraît 
    
     qu'ils 
    
     avaient 
    
     aussi 
    
     quelque 
    
     raison 
    
     d'en 
    
     vouloir 
    
     à 
    
     Léon 
    
     contre 
    
     lequel 
    
     ils 
    
     s'unirent 
    
     avec 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     ce 
    
     fils 
    
     dénaturé 
    
     de 
    
     Bohémond 
    
     III. 
    
     Ce 
    
     nouveau 
    
     contretemps 
    
     ne 
    
     découragea 
    
     nullement 
    
     Léon. 
    
     Il 
    
     vint 
    
     rapidement 
    
     assiéger 
    
     Antioche 
    
     et 
    
     la 
    
     serra 
    
     de 
    
     près. 
    
     Il 
    
     croyait 
    
     que 
    
     toute 
    
     la 
    
     ville 
    
     n'épouserait 
    
     pas 
    
     la 
    
     cause 
    
     du 
    
     Comte 
    
     et 
    
     qu'elle 
    
     respecterait 
    
     les 
    
     traités 
    
     d'alliance 
    
     et 
    
     les 
    
     actes 
    
     passés.
  
 
    
     De 
    
     son 
    
     côté, 
    
     le 
    
     Comte 
    
     voyant 
    
     que 
    
     les 
    
     Chevaliers 
    
     ne 
    
     parviendraient 
    
     pas 
     
      à 
    
     repousser 
    
     Léon, 
    
     anima 
    
     contre 
    
     lui 
    
     son 
    
     voisin 
    
     le 
    
     plus 
    
     proche 
    
     et 
    
     son 
    
     plus 
    
     terrible 
    
     ennemi, 
    
     le 
    
     Sultan 
    
     d'Iconie, 
    
     Kelidge 
    
     Arslan 
    
     II 
    
     Keïkhosrou. 
    
     Léon 
    
     eut 
    
     alors 
    
     à 
    
     s'opposer 
    
     à 
    
     quatre 
    
     et 
    
     même 
    
     cinq 
    
     puissances 
    
     dont 
    
     il 
    
     était 
    
     entouré; 
    
     car 
    
     le 
    
     Sultan 
    
     d'Alep 
    
     fut 
    
     excité 
    
     lui 
    
     aussi 
    
     par 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     à 
    
     venir 
    
     prêter 
    
     main-forte 
    
     à 
    
     son 
    
     coreligionnaire, 
    
     le 
    
     Sultan 
    
     d'Iconie 
    
     contre 
    
     Léon. 
    
     Celui-ci, 
    
     ayant 
    
     fait 
    
     surprendre 
    
     par 
    
     ses 
    
     espions 
    
     les 
    
     envoyés 
    
     du 
    
     Comte, 
    
     leur 
    
     fit 
    
     avouer 
    
     tout 
    
     ce 
    
     que 
    
     leur 
    
     maître 
    
     tramait 
    
     contre 
    
     lui. 
    
     Pris 
    
     de 
    
     peur, 
    
     ils 
    
     dirent 
    
     tout 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     en 
    
     était. 
    
     Alors 
    
     Léon 
    
     jugea 
    
     qu'il 
    
     devait 
    
     avant 
    
     tout 
    
     se 
    
     jeter 
    
     sur 
    
     le 
    
     plus 
    
     fort: 
    
     il 
    
     s'éloigna 
    
     d'Antioche 
    
     et 
    
     fit 
    
     irruption 
    
     dans 
    
     le 
    
     pays 
    
     de 
    
     celui 
    
     qui 
    
     portait 
    
     le 
    
     même 
    
     nom 
    
     que 
    
     lui, 
     
      lion, 
    
     et 
    
     s'appelait 
    
     aussi 
    
     glaive 
    
     (Kelidje), 
    
     et 
    
     fit 
    
     reculer 
    
     ce 
    
     dernier. 
    
     Ensuite, 
    
     il 
    
     détacha 
    
     les 
    
     Chevaliers 
    
     du 
    
     parti 
    
     du 
    
     Comte 
    
     qu'il 
    
     vainquit 
    
     avec 
    
     leur 
    
     aide. 
    
     Alors 
    
     il 
    
     chassa 
    
     l'usurpateur 
    
     du 
    
     trône 
    
     sur 
    
     lequel 
    
     il 
    
     remit 
    
     le 
    
     vieillard 
    
     à 
    
     qui 
    
     il 
    
     confia 
    
     l'héritier 
    
     légitime, 
    
     le 
    
     jeune 
    
     Roupin-Raymond.
  
 
    
     Ces 
    
     év
   
    è
    
     nements 
    
     durèrent 
    
     trois 
    
     mois. 
    
     Ce 
    
     fut 
    
     pendant 
   
    l'
    
     été 
    
     de 
    
     l'année 
    
     du 
    
     couronnement 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     en 
   
    1199, 
    
     ou 
    
     l'année 
    
     d'après. 
    
     Léon 
    
     rendit 
    
     compte 
    
     au 
    
     Pape 
    
     de 
    
     ce 
    
     qui 
    
     venait 
    
     de 
    
     se 
    
     passer 
    
     et 
    
     lui 
    
     manda 
    
     à 
    
     cette 
    
     occasion 
    
     un 
    
     ambassadeur 
    
     à 
    
     qui 
    
     il 
    
     remit 
    
     des 
    
     lettres 
    
     et 
    
     des 
    
     présents, 
    
     auxquels 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     avait 
    
     droit 
    
     par 
    
     son 
    
     haut 
    
     rang. 
    
     Celui-ci 
    
     lui 
    
     répondit: 
   
    «
    
     Nos 
    
     per 
    
     eumdem 
    
     Nuntium 
    
     tuum 
    
     magnifice 
    
     et 
    
     liberaliter 
    
     visitasti
   
    ».
  
 
    
     L'ambassadeur 
    
     était 
    
     Robert, 
    
     de 
    
     la 
    
     famille 
    
     des 
    
     Seigneurs 
    
     de 
    
     la 
    
     célèbre 
    
     forteresse 
    
     de 
    
     Margat, 
    
     située 
    
     sur 
    
     les 
    
     côtés 
    
     de 
    
     la 
    
     Syrie, 
    
     entre 
    
     Antioche 
    
     et 
    
     Tripoli, 
    
     et 
    
     appelée 
    
     aujourd'hui 
    
     Kalath-el-Markab. 
    
     Cette 
    
     forteresse 
    
     avait 
    
     été 
    
     vendue 
    
     quinze 
    
     ans 
    
     auparavant, 
    
     en 
   
    1186, 
    
     aux 
    
     Chevaliers 
    
     de 
    
     l'Hôpital. 
    
     A 
    
     cause 
    
     de 
    
     cela, 
    
     Robert 
    
     était 
    
     entré 
    
     au 
    
     service 
    
     de 
    
     Léon 
    
     qui 
    
     le 
    
     traitait 
    
     de 
   
    «
    
     son 
    
     fidèle 
    
     et 
    
     cher 
    
     militaire
   
    ».
  
 
    
     Léon, 
    
     dans 
    
     ses 
    
     lettres, 
    
     après 
    
     avoir 
    
     informé 
    
     le 
    
     Pape 
    
     de 
    
     tous 
    
     les 
    
     incidents 
    
     survenus 
    
     à 
    
     Antioche, 
    
     lui 
    
     disait 
    
     que 
    
     son 
    
     ambassadeur 
    
     lui 
    
     raconterait 
    
     le 
    
     reste. 
    
     Il 
    
     le 
    
     priait 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     de 
    
     lui 
    
     rendre 
    
     justice 
    
     et 
    
     de 
    
     mettre 
    
     un 
    
     terme 
    
     aux 
    
     agissements 
    
     de 
    
     l'usurpateur 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     de 
    
     lui 
    
     venir 
    
     en 
    
     aide, 
    
     à 
    
     lui 
    
     Léon, 
    
     le 
    
     plus 
    
     vite 
    
     possible 
    
     et 
    
     de 
    
     protéger 
    
     la 
    
     terre 
    
     de 
    
     Syrie, 
    
     avant 
    
     que 
    
     toute 
    
     espérance 
    
     de 
    
     pouvoir 
    
     arriver 
    
     à 
    
     le 
    
     faire 
    
     fût 
    
     évanouie.
  
 
    
     Le 
    
     Pape, 
    
     dans 
    
     sa 
    
     lettre 
    
     du 
   
    17 
    
     Décembre, 
    
     lui 
    
     répondait 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     doutait 
    
     pas 
    
     certainement 
    
     que 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     avait 
    
     écrit 
    
     ne 
    
     fût 
    
     vrai, 
    
     mais 
    
     que 
    
     les 
    
     droits 
    
     de 
    
     justice 
    
     exigeaient 
    
     qu'on 
    
     interrogeât 
    
     les 
    
     deux 
    
     partis 
    
     controverses; 
    
     c'est 
    
     pour 
    
     cela 
    
     qu'il 
    
     soumettait 
    
     la 
    
     question 
    
     à 
    
     deux 
    
     de 
    
     ses 
    
     Nonces, 
    
     pour 
    
     la 
    
     juger 
    
     impartialement. 
    
     Il 
    
     priait 
    
     encore 
    
     Léon 
    
     de 
    
     ne 
    
     pas 
    
     préférer 
    
     ses 
    
     intérêts 
    
     personnels 
    
     aux 
    
     intérêts 
    
     généraux, 
    
     c'est-à-dire 
    
     l'alliance 
    
     avec 
    
     les 
    
     Croisés, 
    
     d'autant 
    
     plus 
    
     que 
    
     le 
    
     père 
    
     du 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     Bohémond 
    
     III, 
    
     depuis 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     été 
    
     remis 
    
     sur 
    
     le 
    
     trône, 
    
     avait 
    
     écrit 
    
     au 
    
     Pape 
    
     pour 
    
     le 
    
     supplier 
    
     de 
    
     s'instituer 
    
     le 
    
     protecteur 
    
     de 
    
     son 
    
     petit-fils.
  
 
    
     Le 
    
     même 
    
     jour, 
    
     le 
    
     Pape 
    
     avait 
    
     remis 
    
     encore 
    
     une 
    
     autre 
    
     lettre 
    
     pour 
    
     Léon, 
    
     dans 
    
     laquelle 
    
     il 
    
     lui 
    
     exprimait 
    
     toute 
    
     sa 
    
     satisfaction 
    
     de 
    
     le 
    
     voir 
    
     s'offrir 
    
     spontanément 
    
     à 
    
     prendre 
    
     part 
    
     à 
    
     la 
    
     Croisade 
    
     et 
    
     à 
    
     marcher 
    
     contre 
    
     les 
    
     Sarrasins 
    
     et, 
    
     pour 
    
     lui 
    
     prouver 
    
     le 
    
     contentement 
    
     qu'il 
    
     en 
    
     ressentait, 
    
     le 
    
     Pape 
    
     lui 
    
     envoyait, 
    
     pour 
    
     souscrire 
    
     à 
    
     la 
    
     demande 
    
     de 
    
     l'ambassadeur, 
     
      la 
     
      bannière 
     
      de 
     
      S. 
     
      Pierre, 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     remettait, 
     
      afin 
     
      qu'il 
     
      allât 
     
      avec 
     
      cette 
     
      bannière 
     
      combattre 
     
      les 
     
      ennemis 
     
      de 
     
      la 
     
      Croix.
  
 
    
     Le 
    
     même 
    
     jour 
    
     encore, 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     Romain 
    
     écrivait 
    
     aussi 
    
     aux 
    
     principaux 
    
     Barons 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     à 
     
      Pagouran 
    
     (dans 
    
     sa 
    
     lettre, 
    
     écrit 
     
      Pagan), 
    
     qui 
    
     doit 
    
     assurément 
    
     être 
    
     l'oncle 
    
     maternel 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     le 
    
     Seigneur 
    
     de 
    
     Babéron, 
    
     et 
    
     à 
     
      Aron, 
    
     ainsi 
    
     qu'il 
    
     est 
    
     indiqué 
    
     dans 
    
     la 
    
     lettre. 
    
     Ce 
    
     dernier 
    
     n'étant 
    
     pas 
    
     cité 
    
     dans 
    
     l'histoire 
    
     et 
    
     son 
    
     nom 
    
     ne 
    
     se 
    
     trouvant 
    
     pas 
    
     dans 
    
     la 
    
     série 
    
     des 
    
     Seigneurs 
    
     de 
    
     châteaux-forts, 
    
     je 
    
     pense 
    
     que 
    
     ce 
    
     doit 
    
     être 
    
     le 
     
      Aiton 
    
     des 
    
     Latins 
    
     et 
    
     le 
     
      Héthoum 
    
     des 
    
     Arméniens, 
    
     Seigneur 
    
     de 
    
     Lambroun 
    
     et 
    
     frère 
    
     de 
    
     S. 
    
     Nersès 
    
     de 
    
     Lambroun. 
    
     Le 
    
     Pontife 
    
     Romain 
    
     leur 
    
     annonçait 
    
     dans 
    
     ces 
    
     lettres 
    
     qu'il 
    
     envoyait 
    
     une 
    
     bannière 
    
     au 
    
     roi 
    
     Léon 
    
     et 
    
     les 
    
     engageait 
    
     à 
    
     s'unir 
    
     avec 
    
     lui 
    
     et 
    
     les 
    
     autres 
    
     Croisés, 
    
     contre 
    
     les 
    
     ennemis 
    
     des 
    
     Chrétiens.
  
 
    
     Au 
    
     mois 
    
     d'Octobre 
   
    1201, 
    
     dès 
    
     le 
    
     retour 
    
     de 
    
     son 
    
     ambassadeur, 
    
     Léon 
    
     adressa 
    
     de 
    
     Sis 
    
     une 
    
     lettre 
    
     de 
    
     remerciement 
    
     au 
    
     Pape. 
    
     Cette 
    
     bannière 
    
     du 
    
     Chef 
    
     de 
    
     l'Église 
    
     universelle, 
    
     ajoutée 
    
     aux 
    
     trois 
    
     couronnes 
    
     royales 
    
     que 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     reçues 
    
     des 
    
     Souverains 
    
     des 
    
     trois 
    
     plus 
    
     grandes 
    
     puissances 
    
     de 
    
     ce 
    
     temps 
    
     (de 
    
     l'Empereur 
    
     d'Allemagne, 
    
     de 
    
     l'Empereur 
    
     de 
    
     Constantinople 
    
     et 
    
     du 
    
     Calife 
    
     des 
    
     Musulmans
   
    ), 
    
     on 
    
     serait 
    
     tenté 
    
     de 
    
     dire 
    
     qu'elle 
    
     rehaussa 
    
     la 
    
     majesté 
    
     de 
    
     notre 
    
     Roi 
    
     et 
    
     qu'elle 
    
     sembla 
    
     le 
    
     placer 
    
     au-dessus 
    
     non 
    
     seulement 
    
     de 
    
     tous 
    
     nos 
    
     autres 
    
     souverains 
    
     couronnés, 
    
     ses 
    
     prédécesseurs 
    
     et 
    
     ses 
    
     successeurs, 
    
     mais 
    
     même 
    
     encore 
    
     au-dessus 
    
     de 
    
     tous 
    
     ses 
    
     contemporains. 
    
     Ce 
    
     qui 
    
     nous 
    
     rend 
    
     plus 
    
     glorieux, 
    
     c'est 
    
     que 
    
     son 
    
     seul 
    
     mérite 
    
     valut 
    
     à 
    
     Léon 
    
     ces 
    
     couronnes 
    
     et 
    
     ces 
    
     faveurs 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     marcha 
    
     de 
    
     pair 
    
     avec 
    
     tant 
    
     d'illustres 
    
     souverains 
    
     qu'il 
    
     contraignit, 
    
     en 
    
     quelque 
    
     sorte, 
    
     ou 
    
     à 
    
     s'abaisser 
    
     et 
    
     lui 
    
     rendre 
    
     hommage 
    
     ou 
    
     à 
    
     le 
    
     respecter 
    
     en 
    
     l'égalant 
    
     à 
    
     eux. 
    
     Ainsi 
    
     donc, 
    
     si 
    
     je 
    
     ne 
    
     m'abuse, 
    
     ce 
    
     fut 
    
     le 
    
     point 
    
     le 
    
     plus 
    
     haut 
    
     de 
    
     la 
    
     gloire 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     de 
    
     tout 
    
     son 
    
     peuple 
    
     arménien.
  
 
    
     Aussi 
    
     grande 
    
     fut 
    
     l'estime 
    
     du 
    
     Pape 
    
     pour 
    
     notre 
    
     Roi, 
    
     aussi 
    
     grand 
    
     fut 
    
     l'espoir 
    
     qu'il 
    
     fondait 
    
     dans 
    
     son 
    
     Alliance 
    
     avec 
    
     les 
    
     Croisés, 
    
     auxquels 
    
     Léon 
    
     promettait, 
    
     en 
   
    1203, 
    
     d'envoyer 
    
     vingt 
    
     mille 
    
     soldats 
    
     auxiliaires, 
    
     aussi 
    
     fatales 
    
     furent 
    
     au 
    
     succès 
    
     des 
    
     Chrétiens 
    
     tant 
    
     occidentaux 
    
     qu'orientaux 
    
     les 
    
     inimitiés 
    
     du 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli. 
    
     Ce 
    
     dernier 
    
     non 
    
     content 
    
     d'agiter 
    
     tout 
    
     le 
    
     pays, 
    
     fomenta 
    
     de 
    
     nouvelles 
    
     discordes. 
    
     Il 
    
     employa 
    
     toutes 
    
     les 
    
     perfidies, 
    
     il 
    
     répandit 
    
     toutes 
    
     les 
    
     calomnies 
    
     pour 
    
     séparer 
    
     les 
    
     Latins 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     pour 
    
     exciter 
    
     les 
    
     Sarrasins 
    
     contre 
    
     lui, 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     qu'il 
    
     brouilla, 
   
    — 
    
     prétend-on, 
   
    — 
    
     avec 
    
     lui 
    
     son 
    
     vieux 
    
     père 
    
     qu'il 
    
     finit 
    
     par 
    
     mettre 
    
     de 
    
     son 
    
     côté. 
    
     Il 
    
     fit 
    
     plus 
    
     encore; 
    
     il 
    
     engagea 
    
     les 
    
     princes 
    
     occidentaux, 
    
     venus 
    
     en 
   
    O
    
     rient, 
    
     à 
    
     diriger 
    
     une 
    
     Croisade 
    
     contre 
    
     Léon. 
    
     Parmi 
    
     ces 
    
     princes, 
    
     sont 
    
     cités 
    
     par 
    
     leurs 
    
     noms; 
    
     Renard, 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Dampierre 
    
     et 
    
     Jean 
    
     de 
    
     Nigellas. 
    
     Ce 
    
     dernier 
    
     mourut 
    
     de 
    
     la 
    
     fièvre 
    
     dans 
    
     le 
    
     pays. 
    
     Renard 
    
     de 
    
     Dampierre 
    
     s'étant 
    
     jeté 
    
     témérairement 
    
     avec 
    
     quatre-vingts 
    
     cavaliers 
    
     sur 
    
     les 
    
     Sarrasins, 
    
     près 
    
     de 
    
     Laodicée, 
    
     fut 
    
     fait 
    
     prisonnier 
    
     et 
    
     conduit 
    
     à 
    
     Alep 
    
     où 
    
     il 
    
     resta, 
    
     trente 
    
     ans 
    
     captif 
    
     et 
    
     ne 
    
     rentra 
    
     dans 
    
     sa 
    
     patrie 
    
     que 
    
     longtemps 
    
     après.
  
 
    
     Ensuite 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     ramena 
    
     à 
    
     sa 
    
     cause 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     que 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     gagnés 
    
     en 
    
     leur 
    
     donnant 
    
     des 
    
     propriétés 
    
     dans 
    
     son 
    
     pays 
    
     pour 
    
     une 
    
     valeur 
    
     de 
    
     trente 
    
     mille 
    
     besants 
    
     d'or. 
    
     Ces 
    
     Templiers 
    
     avaient 
    
     aidé 
    
     Léon 
    
     à 
    
     chasser 
   
    l'
    
     usurpateur 
    
     et 
   
    à 
    
     remettre 
    
     le 
    
     vieux 
    
     Bohémond 
    
     III 
    
     sur 
    
     son 
    
     trône. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     les 
    
     ayant 
    
     fait 
    
     revenir 
    
     de 
    
     son 
    
     côté, 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     se 
    
     tournèrent 
    
     contre 
    
     Léon 
    
     et 
    
     exigèrent 
    
     de 
    
     celui-ci 
    
     la 
    
     restitution 
    
     de 
    
     leur 
    
     ancien 
    
     domaine, 
    
     la 
    
     forteresse 
    
     de 
    
     Gasdim. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     savait 
    
     que 
    
     Léon 
    
     ne 
    
     la 
    
     leur 
    
     rendrait 
    
     jamais. 
    
     C'était 
    
     une 
    
     formidable 
    
     forteresse 
    
     qui, 
    
     seule, 
    
     défendait 
    
     les 
    
     frontières 
    
     d'Antioche. 
    
     Léon, 
    
     qui 
    
     ne 
    
     se 
    
     méfiait 
    
     aucunement 
    
     des 
    
     Templiers, 
    
     se 
    
     préparait 
    
     alors 
    
     à 
    
     attaquer 
    
     les 
    
     Iconiens; 
    
     c'était 
    
     vers 
    
     le 
    
     mois 
    
     de 
    
     Juillet 
   
    1201. 
    
     Ces 
    
     derniers 
    
     étaient 
    
     en 
    
     dissensions; 
    
     le 
    
     Sultan 
    
     avait 
    
     des 
    
     démêlés 
    
     avec 
    
     ses 
    
     fils. 
    
     Léon 
    
     invita 
    
     donc 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     à 
    
     se 
    
     joindre 
    
     à 
    
     lui. 
    
     Ils 
    
     vinrent 
    
     en 
    
     hâte 
    
     à 
    
     Antioche 
    
     et 
    
     Léon 
    
     alla 
    
     à 
    
     leur 
    
     rencontre 
    
     pour 
    
     leur 
    
     rendre 
    
     les 
    
     honneurs. 
    
     Mais 
    
     quel 
    
     ne 
    
     fut 
    
     pas 
    
     son 
    
     étonnement 
    
     lorsqu'au 
    
     lieu 
    
     de 
    
     l'alliance 
    
     qu'il 
    
     en 
    
     attendait, 
    
     ils 
    
     lui 
    
     présentèrent 
    
     une 
    
     lettre 
    
     (sans 
    
     date) 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     par 
    
     laquelle 
    
     celui-ci 
    
     lui 
    
     faisait 
    
     savoir 
    
     que 
    
     bien 
    
     qu'il 
    
     ait 
    
     entendu 
    
     son 
    
     envoyé, 
    
     Robert, 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     ait 
    
     accueilli 
    
     toutes 
    
     les 
    
     preuves 
    
     que 
    
     ce 
    
     dernier 
    
     lui 
    
     avait 
    
     apportées 
    
     de 
    
     sa 
    
     part 
    
     pour 
    
     lui 
    
     affirmer 
    
     que 
    
     Gasdim 
    
     avait 
    
     d'abord 
    
     appartenu 
    
     à 
    
     son 
    
     oncle 
    
     Melèh 
    
     et 
    
     qu'ensuite 
    
     il 
    
     l'avait 
    
     reprise 
    
     aux 
    
     Sarrasins, 
    
     comme 
    
     cette 
    
     place 
    
     avait 
    
     été 
    
     donnée 
    
     aux 
    
     Templiers, 
    
     elle 
    
     ne 
    
     pouvait 
    
     pas 
    
     leur 
    
     être 
    
     retirée. 
    
     Ainsi 
    
     donc 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     Romain, 
    
     avec 
    
     sagesse 
    
     et 
    
     prudence 
    
     et 
    
     se 
    
     servant 
    
     de 
    
     termes 
    
     pleins 
    
     de 
    
     douceur, 
   
    — 
    
     (auxquels 
    
     Léon 
    
     répondait 
    
     plus 
    
     tard: 
   
    «
     
      mellifluis 
    
     litteris 
    
     vestris 
    
     perspicue 
    
     intelligimus
   
    », 
   
    — 
    
     engageait 
    
     notre 
    
     Roi 
    
     à 
    
     rendre 
    
     temporairement 
    
     Gasdim 
    
     aux 
    
     chevaliers 
    
     du 
    
     Temple, 
    
     lui 
    
     promettant 
    
     qu'il 
    
     ferait 
    
     juger 
    
     la 
    
     cause 
    
     à 
    
     sa 
    
     cour 
    
     ou 
    
     par 
    
     les 
    
     Nonces 
    
     qu'il 
    
     allait 
    
     envoyer 
    
     bientôt 
    
     en 
    
     Orient, 
    
     et 
    
     à 
    
     la 
    
     sentence 
    
     desquels 
    
     il 
    
     le 
    
     priait 
    
     de 
    
     se 
    
     soumettre.
  
 
    
     Léon 
    
     accepta 
    
     d'attendre 
    
     l'arrivée 
    
     des 
    
     Nonces 
    
     pour 
    
     juger 
    
     la 
    
     cause; 
    
     il 
    
     confia 
    
     même 
    
     Roupin 
    
     aux 
    
     Chevaliers 
    
     pour 
    
     qu'ils 
    
     l'instruisissent 
    
     dans 
    
     l'art 
    
     des 
    
     armes. 
    
     Cependant 
    
     il 
    
     les 
    
     pria 
    
     de 
    
     se 
    
     contenter 
    
     pour 
    
     le 
    
     moment 
    
     de 
    
     toutes 
    
     les 
    
     possessions 
    
     qu'il 
    
     leur 
    
     avait 
    
     données, 
    
     mais 
    
     il 
    
     leur 
    
     promit 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     de 
    
     leur 
    
     faire 
    
     passer, 
    
     jusqu'au 
    
     jour 
    
     où 
    
     la 
    
     sentence, 
    
     qui 
    
     déciderait 
    
     de 
    
     la 
    
     chose, 
    
     aurait 
    
     été 
    
     prononcée, 
    
     les 
    
     revenus 
    
     de 
    
     la 
    
     forteresse 
    
     de 
    
     Gasdim. 
    
     De 
    
     plus, 
    
     il 
    
     s'engagea 
    
     à 
    
     les 
    
     aider 
    
     à 
    
     arracher 
    
     aux 
    
     Sarrasins 
    
     le 
    
     fort 
    
     de 
    
     Tarbessag 
    
     et 
    
     tout 
    
     le 
    
     territoire 
    
     qui 
    
     en 
    
     dépendait, 
    
     à 
    
     la 
    
     condition 
    
     seule 
    
     qu'ils 
    
     vinssent 
    
     avec 
    
     lui 
    
     maintenant 
    
     combattre 
    
     contre 
    
     le 
    
     Sultan 
    
     d'Iconie. 
    
     Les 
    
     Templiers 
    
     s'y 
    
     refusèrent. 
    
     Alors 
    
     il 
    
     leur 
    
     demanda, 
    
     puisqu'ils 
    
     ne 
    
     voulaient 
    
     point 
    
     marcher 
    
     avec 
    
     lui, 
    
     de 
    
     se 
    
     charger 
    
     de 
    
     la 
    
     défense 
    
     de 
    
     son 
    
     pays, 
    
     jusqu'à 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     en 
    
     eût 
    
     fini 
    
     avec 
    
     les 
    
     Musulmans. 
    
     Les 
    
     Templiers 
    
     s'y 
    
     refusèrent 
    
     également 
    
     avec 
    
     opiniâtreté 
    
     et 
    
     retirèrent 
    
     leurs 
    
     troupes. 
    
     Alors 
    
     Léon 
    
     leur 
    
     tourna 
    
     le 
    
     dos 
    
     et 
    
     s'avança 
    
     seul 
    
     contre 
    
     ses 
    
     ennemis. 
    
     Il 
    
     revint 
    
     en 
    
     triomphe 
    
     dans 
    
     ses 
    
     Etats 
    
     et 
    
     retrouva 
    
     son 
    
     pays 
    
     en 
    
     paix, 
    
     tel 
    
     qu'il 
    
     l'avait 
    
     quitté. 
    
     Ensuite, 
    
     il 
    
     se 
    
     retourna 
    
     contre 
    
     Antioche 
    
     qu'il 
    
     assiégea 
    
     pendant 
    
     trois 
    
     mois, 
    
     après 
    
     lesquels, 
    
     cédant 
    
     aux 
    
     instances 
    
     des 
    
     habitants 
    
     et 
    
     ne 
    
     voulant 
    
     pas 
    
     contrarier 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     Romain, 
    
     il 
    
     s'en 
    
     éloigna. 
    
     C'est 
    
     le 
    
     seul 
    
     motif, 
    
     comme 
    
     il 
    
     l'a 
    
     écrit 
    
     lui-même, 
    
     et 
    
     non 
    
     pas 
    
     la 
    
     crainte 
    
     qui 
    
     le 
    
     fit 
    
     se 
    
     retirer.
  
 
    
     Léon 
    
     adressa 
    
     une 
    
     longue 
    
     lettre 
    
     au 
    
     Pape 
    
     pour 
    
     lui 
    
     faire 
    
     part 
    
     des 
    
     év
   
    è
    
     nements 
    
     qui 
    
     venaient 
    
     de 
    
     se 
    
     passer; 
    
     il 
    
     envoya 
    
     cette 
    
     lettre 
    
     par 
    
     le 
    
     Chevalier 
    
     Teuton 
    
     Garnier, 
    
     son 
    
     ambassadeur. 
    
     Dans 
    
     cette 
    
     lettre, 
    
     il 
    
     priait 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     Romain 
    
     de 
    
     lui 
    
     mander, 
    
     parmi 
    
     les 
    
     Nonces 
    
     qui 
    
     devaient 
    
     venir 
    
     lui 
    
     rendre 
    
     justice, 
    
     le 
    
     vieil 
    
     archevêque 
    
     de 
    
     Mayence 
    
     qui 
    
     l'avait 
    
     couronné 
    
     roi. 
    
     Il 
    
     ignorait 
    
     que 
    
     celui-ci 
    
     fût 
    
     mort 
    
     en 
   
    1200. 
    
     Léon 
    
     suppliait 
    
     encore 
    
     le 
    
     Pape, 
   
    — 
    
     car 
    
     il 
    
     paraît 
    
     que 
    
     le 
    
     patriarche 
    
     d'Antioche 
    
     avait 
    
     pris 
    
     le 
    
     parti 
    
     du 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     et 
    
     menaçait 
    
     d'excommunier 
    
     Léon 
    
     et 
    
     ses 
    
     partisans, 
   
    — 
    
     de 
    
     retirer 
    
     à 
    
     quiconque, 
    
     quel 
    
     que 
    
     soit 
    
     le 
    
     degré 
    
     qu'il 
    
     occuperait 
    
     dans 
    
     la 
    
     hiérarchie 
    
     ecclésiastique 
    
     de 
    
     l'Église 
    
     latine, 
    
     tout 
    
     pouvoir 
    
     d'excommunier 
    
     lui 
    
     et 
    
     les 
    
     siens, 
    
     pas 
    
     même 
    
     les 
    
     Latins 
    
     qui 
    
     résideraient 
    
     dans 
    
     ses 
    
     Etats. 
    
     Il 
    
     demandait 
    
     au 
    
     Pape 
    
     de 
    
     lui 
    
     confirmer 
    
     par 
    
     écrit 
    
     qu'il 
    
     faisait 
    
     droit 
    
     à 
    
     cette 
    
     demande. 
    
     Il 
    
     le 
    
     priait 
    
     encore 
    
     de 
    
     presser 
    
     l'arrivée 
    
     des 
    
     auxiliaires 
    
     des 
    
     Croisés 
    
     de 
    
     l'Occident 
    
     surtout 
    
     en 
    
     ce 
    
     moment 
    
     que 
    
     les 
    
     Sarrasins 
    
     étaient 
    
     en 
    
     discorde 
    
     et 
    
     avaient 
    
     des 
    
     querelles 
    
     entre 
    
     eux; 
    
     car, 
    
     lorsque 
    
     ceux-ci 
    
     seraient 
    
     réconciliés 
    
     et 
    
     unis, 
    
     il 
    
     ne 
    
     serait 
    
     plus 
    
     possible, 
    
     disait-il, 
    
     de 
    
     leur 
    
     tenir 
    
     tête.
  
 
    
     Grégoire 
    
     Abirad, 
    
     le 
    
     Catholicos, 
    
     écrivit 
    
     aussi 
    
     de 
    
     son 
    
     côté, 
    
     mais 
    
     sous 
    
     le 
    
     point 
    
     de 
    
     vue 
    
     religieux, 
    
     une 
    
     lettre 
    
     au 
    
     Pape, 
    
     pour 
    
     le 
    
     remercier 
    
     de 
    
     l'honneur 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     fait 
    
     au 
    
     Roi 
    
     en 
    
     lui 
    
     envoyant 
    
     la 
    
     bannière 
    
     apostolique. 
    
     Dans 
    
     cette 
    
     lettre, 
    
     Abirad 
    
     appelait 
    
     Léon 
     
      le 
     
      Vainqueur. 
    
     L'Archevêque 
    
     de 
    
     Sis, 
    
     Jean, 
    
     qui 
    
     succéda 
    
     à 
    
     Grégoire 
    
     sur 
    
     le 
    
     siège 
    
     pontifical, 
    
     écrivit 
    
     aussi 
    
     dans 
    
     le 
    
     même 
    
     sens 
    
     au 
    
     Pape. 
    
     Le 
    
     Catholicos 
    
     fit 
    
     également 
    
     porter 
    
     sa 
    
     lettre 
    
     par 
    
     Garnier. 
    
     Il 
    
     priait 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     Romain 
    
     de 
    
     lui 
    
     envoyer 
    
     le 
    
     pallium, 
    
     la 
    
     mitre 
    
     et 
    
     l'anneau 
    
     et 
    
     de 
    
     faire 
    
     partir 
    
     des 
    
     armées 
    
     pour 
    
     marcher 
    
     avec 
    
     le 
    
     Roi 
    
     contre 
    
     les 
    
     Sarrasins.
  
 
    
     Les 
    
     réponses 
    
     aux 
    
     trois 
    
     lettres 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     d'Abirad 
    
     et 
    
     de 
    
     Jean 
    
     furent 
    
     données 
    
     par 
    
     le 
    
     Pape 
    
     huit 
    
     mois 
    
     après, 
    
     c'est-à-dire 
    
     dans 
    
     les 
    
     premiers 
    
     jours 
    
     de 
    
     l'an 
   
    1202. 
    
     Le 
    
     Pape 
    
     accordait 
    
     à 
    
     chacun 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     avait 
    
     demandé 
    
     et, 
    
     après 
    
     leur 
    
     avoir 
    
     donné 
    
     satisfaction, 
    
     leur 
    
     annonçait 
    
     la 
    
     réunion 
    
     des 
    
     nouveaux 
    
     Croisés 
    
     à 
    
     Venise, 
    
     d'où 
    
     ils 
    
     allaient 
    
     faire 
    
     voile 
    
     pour 
    
     l'Orient 
    
     et 
    
     qu'avec 
    
     ceux-ci 
    
     partaient 
    
     ses 
    
     deux 
    
     Nonces, 
    
     les 
    
     Cardinaux 
    
     Sophrède 
    
     de 
    
     l'Église 
    
     de 
    
     S.
     
      te 
    
     Praxide, 
    
     et 
    
     Pierre, 
    
     de 
    
     S. 
    
     Marcel. 
    
     Il 
    
     assurait 
    
     Léon, 
    
     par 
    
     des 
    
     paroles 
    
     aimables, 
    
     que 
    
     personne 
    
     n'aurait 
    
     le 
    
     pouvoir 
    
     de 
    
     l'excommunier 
    
     que 
    
     lui 
    
     seul 
    
     le 
    
     Pape, 
    
     ou 
    
     son 
    
     Nonce 
    
     par 
    
     une 
    
     autorisation 
    
     spéciale.
  
 
    
     Ces 
    
     lettres 
    
     arrivèrent 
    
     en 
    
     Arménie 
    
     quelques 
    
     mois 
    
     après 
    
     qu'elles 
    
     eurent 
    
     été 
    
     écrites. 
    
     Dans 
    
     l'espace 
    
     d'une 
    
     année, 
   
    — 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     quelques-uns 
    
     le 
    
     prétendent, 
   
    — 
    
     était 
    
     mort, 
    
     en 
   
    1201, 
    
     le 
    
     vieux 
    
     Bohémond 
    
     III, 
    
     après 
    
     avoir 
    
     maîtrisé 
    
     son 
    
     pays 
    
     pendant 
    
     cinquante 
    
     deux 
    
     ans. 
    
     Son 
    
     fils, 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     se 
    
     sentant 
    
     plus 
    
     libre 
    
     alors, 
    
     poussa 
    
     l'audace 
    
     de 
    
     ne 
    
     tenir 
    
     aucun 
    
     compte 
    
     des 
    
     traités 
    
     naguère 
    
     conclus 
    
     et 
    
     s'empara 
    
     du 
    
     trône. 
    
     Mais 
    
     les 
    
     plus 
    
     sensés 
    
     de 
    
     ses 
    
     ministres 
    
     et 
    
     des 
    
     hauts 
    
     personnages 
    
     de 
    
     la 
    
     principauté 
    
     l'abandonnèrent 
    
     et 
    
     vinrent 
    
     se 
    
     mettre 
    
     au 
    
     service 
    
     de 
    
     Léon. 
    
     On 
    
     cite 
    
     entre 
    
     autres 
    
     le 
    
     Chambellan 
    
     Olivier, 
    
     le 
    
     Bouteiller 
    
     Pagen, 
    
     Roger 
    
     de 
    
     Mout, 
    
     Thomas 
    
     Le 
    
     Brun, 
    
     Guillaume 
    
     de 
   
    l'Isl
    
     e 
    
     et 
    
     Echouard. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     n'en 
    
     fit 
    
     aucun 
    
     cas 
    
     et 
    
     n'attendit 
    
     même 
    
     pas 
    
     que 
    
     les 
    
     Nonces 
    
     du 
    
     Pape 
    
     fussent 
    
     arrivés 
    
     et 
    
     eussent 
    
     rendu 
    
     leur 
    
     sentence.
  
 
    
     Les 
    
     Nonces 
    
     n'arrivaient 
    
     pas. 
    
     Ils 
    
     étaient 
    
     partis 
    
     de 
    
     Venise 
    
     avec 
    
     les 
    
     Croisés 
    
     qui, 
    
     au 
    
     lieu 
    
     de 
    
     se 
    
     hâter 
    
     et 
    
     d'accourir 
    
     en 
    
     Syrie, 
    
     passèrent 
    
     par 
    
     la 
    
     Dalmatie 
    
     où 
    
     ils 
    
     restèrent 
    
     quelque 
    
     temps. 
    
     Ensuite 
    
     ceux-ci 
    
     eurent 
    
     la 
    
     guerre 
    
     avec 
    
     les 
    
     Grecs, 
    
     s'emparèrent 
    
     de 
    
     Constantinople 
    
     et 
    
     y 
    
     mirent 
    
     un 
    
     Empereur 
    
     latin. 
    
     Ils 
    
     n'arrivèrent 
    
     que 
    
     longtemps 
    
     après, 
    
     en 
   
    1203, 
    
     en 
    
     Palestine. 
    
     Les 
    
     Nonces 
    
     les 
    
     avaient 
    
     précédés 
    
     et 
    
     étaient 
    
     arrivés 
    
     à 
    
     Ptolémaïs 
    
     vers 
    
     la 
    
     fin 
    
     de 
    
     l'année 
   
    1202.
  
 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     couru 
    
     aux 
    
     armes, 
    
     ne 
    
     pouvant 
    
     souffrir 
    
     plus 
    
     longtemps 
    
     l'audace 
    
     du 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     qui, 
    
     après 
    
     avoir 
    
     chassé 
    
     le 
    
     véritable 
    
     héritier 
    
     du 
    
     trône, 
    
     forçait 
    
     encore 
    
     les 
    
     Antiochiens 
    
     à 
    
     lui 
    
     jurer 
    
     fidélité. 
    
     Beaucoup 
    
     d'entre 
    
     eux 
    
     avaient 
    
     prononcé 
    
     le 
    
     serment, 
    
     mais 
    
     un 
    
     plus 
    
     grand 
    
     nombre 
    
     s'y 
    
     refusèrent. 
    
     Il 
    
     en 
    
     résulta 
    
     une 
    
     querelle 
    
     terrible 
    
     entre 
    
     eux.
  
 
    
     Les 
    
     Nonces 
    
     en 
    
     ayant 
    
     été 
    
     informés, 
    
     firent 
    
     appeler 
    
     à 
    
     leur 
    
     conseil 
    
     les 
    
     Maîtres 
    
     des 
    
     Hospitaliers 
    
     et 
    
     des 
    
     Templiers. 
    
     Mais 
    
     n'ayant 
    
     pu 
    
     rien 
    
     décider, 
    
     Sophrède 
    
     vint 
    
     à 
    
     Tripoli 
    
     et 
    
     invita 
    
     les 
    
     deux 
    
     partis 
    
     adverses 
    
     à 
    
     se 
    
     rendre 
    
     auprès 
    
     de 
    
     lui. 
    
     Ceux-ci 
    
     s'y 
    
     étant 
    
     refusés 
    
     et 
    
     n'ayant 
    
     même 
    
     pas 
    
     répondu 
    
     à 
    
     son 
    
     invitation, 
    
     Sophrède 
    
     leur 
    
     envoya 
    
     les 
    
     deux 
    
     évêques 
    
     de 
    
     Bethléem 
    
     et 
    
     d'Antarratos 
    
     pour 
    
     les 
    
     engager 
    
     à 
    
     se 
    
     présenter 
    
     à 
    
     lui.
  
 
    
     Trois 
    
     mois 
    
     après, 
    
     dans 
    
     les 
    
     premiers 
    
     jours 
    
     de 
    
     Février 
   
    1203, 
    
     le 
    
     Comte 
    
     arriva 
    
     à 
    
     Tripoli, 
    
     non 
    
     pas 
    
     pour 
    
     aller 
    
     voir 
    
     le 
    
     Nonce 
    
     mais 
    
     pour 
    
     ses 
    
     affaires 
    
     particulières. 
    
     Tous 
    
     les 
    
     évêques 
    
     l'avaient 
    
     excommunié 
    
     à 
    
     cause 
    
     de 
    
     ses 
    
     querelles 
    
     avec 
    
     les 
    
     Hospitaliers. 
    
     Sophrède, 
    
     n'ayant 
    
     rien 
    
     pu 
    
     obtenir, 
    
     s'embarqua, 
    
     après 
    
     les 
    
     jours 
    
     de 
    
     Pâques, 
    
     accompagné 
    
     d'un 
    
     grand 
    
     nombre 
    
     de 
    
     personnages 
    
     nobles 
    
     et 
    
     sensés, 
    
     et 
    
     vint 
    
     à 
    
     Antioche 
    
     où 
    
     se 
    
     trouvait 
    
     Léon 
    
     qui 
    
     assiégeait 
    
     la 
    
     ville. 
    
     Le 
    
     Nonce 
    
     le 
    
     pria 
    
     de 
    
     suspendre 
    
     le 
    
     siège 
    
     jusqu'à 
    
     ce 
    
     que 
    
     les 
    
     pourparlers 
    
     aient 
    
     donné 
    
     un 
    
     résultat. 
    
     Léon 
    
     accorda 
    
     un 
    
     armistice 
    
     de 
    
     trois 
    
     jours 
    
     d'abord, 
    
     puis 
    
     de 
    
     neuf 
    
     jours 
    
     pour 
    
     laisser 
    
     le 
    
     temps 
    
     d'arriver 
    
     au 
    
     Roi 
    
     de 
    
     Jérusalem. 
    
     Pendant 
    
     ces 
    
     jours 
    
     de 
    
     répit, 
    
     le 
    
     Nonce 
    
     s'entretint 
    
     paisiblement 
    
     avec 
    
     Léon, 
    
     qui 
    
     ne 
    
     lui 
    
     demanda 
    
     que 
    
     de 
    
     faire 
    
     justice 
    
     à 
    
     Roupin 
    
     et 
    
     à 
    
     sa 
    
     mère. 
    
     Il 
    
     gardait 
    
     sa 
    
     parole 
    
     pour 
    
     tout 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     promis 
    
     au 
    
     Pape; 
    
     il 
    
     s'en 
    
     remettait 
    
     à 
    
     ce 
    
     qu'auraient 
    
     jugé 
    
     les 
    
     Légats 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     et 
    
     les 
    
     Barons 
    
     qui 
    
     devaient 
    
     venir 
    
     quelques 
    
     jours 
    
     après; 
    
     il 
    
     promettait 
    
     enfin 
    
     de 
    
     venir 
    
     en 
    
     aide 
    
     aux 
    
     Croisés 
    
     avec 
    
     vingt 
    
     mille 
    
     hommes. 
    
     Tous 
    
     les 
    
     compagnons 
    
     de 
    
     Sophrède, 
    
     hormis 
    
     un 
    
     seul, 
    
     donnaient 
    
     raison 
    
     à 
    
     Léon. 
    
     Ils 
    
     allèrent 
    
     jusqu'à 
    
     dire 
    
     au 
    
     Cardinal 
    
     que, 
    
     ni 
    
     le 
    
     Pape 
    
     ni 
    
     le 
    
     Nonce 
    
     n'avaient 
    
     le 
    
     droit 
    
     de 
    
     s'ingérer 
    
     dans 
    
     cette 
    
     affaire. 
    
     Sophrède, 
    
     confus, 
    
     s'en 
    
     retourna 
    
     plein 
    
     de 
    
     tristesse 
    
     avec 
    
     son 
    
     seul 
    
     partisan 
    
     à 
    
     Margat, 
    
     où 
    
     il 
    
     tomba 
    
     malade. 
    
     Cependant 
    
     il 
    
     s'exprimait 
    
     ainsi 
    
     dans 
    
     sa 
    
     lettre 
    
     au 
    
     Pape: 
    
     «Videbatur 
    
     mihi 
    
     petitio 
    
     ejusdem 
    
     Regis 
    
     justa 
    
     et 
    
     admittenda; 
    
     oblatio 
    
     quoque 
    
     utilis 
    
     multum 
    
     et 
    
     fructuosa 
    
     Christianitati
   
    ».
  
 
    
     Quand 
    
     Léon 
    
     vit 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     lui 
    
     était 
    
     point 
    
     rendu 
    
     justice, 
    
     comme 
    
     il 
    
     l'avait 
    
     espéré, 
    
     il 
    
     entra 
    
     de 
    
     force 
    
     à 
    
     Antioche 
    
     le 
   
    11 
    
     Novembre 
   
    1203. 
    
     Il 
    
     nomma 
    
     Alice 
    
     tutrice 
    
     de 
    
     son 
    
     fils, 
    
     le 
    
     prince 
    
     Roupin. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     eut 
    
     grand'peine 
    
     à 
    
     garder 
    
     sa 
    
     vie 
    
     sauve 
    
     et 
    
     alla 
    
     se 
    
     réfugier 
    
     dans 
    
     la 
    
     citadelle 
    
     que 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     avaient 
    
     supérieurement 
    
     fortifiée. 
    
     Ces 
    
     derniers 
    
     y 
    
     avaient 
    
     déposé 
    
     leurs 
    
     étendards 
    
     et 
    
     résistèrent 
    
     à 
    
     Léon 
    
     et 
    
     à 
    
     son 
    
     armée 
    
     dedans 
    
     et 
    
     dehors 
    
     la 
    
     ville 
    
     et 
    
     finirent, 
    
     après 
    
     trois 
    
     jours 
    
     de 
    
     combat, 
    
     par 
    
     déloger 
    
     Léon.
  
 
    
     Le 
    
     Roi, 
    
     exaspéré, 
    
     ordonna 
    
     à 
    
     ses 
    
     soldats 
    
     de 
    
     reprendre 
    
     les 
    
     possessions 
    
     dont 
    
     il 
    
     avait 
    
     fait 
    
     don 
    
     à 
    
     ces 
    
     Chevaliers 
    
     et 
    
     de 
    
     les 
    
     chasser 
    
     de 
    
     son 
    
     pays. 
    
     C'est 
    
     alors 
    
     qu'arriva 
    
     à 
    
     Antioche 
    
     l'autre 
    
     Légat 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     le 
    
     Cardinal 
    
     Pierre 
    
     qui 
    
     fut 
    
     bien 
    
     accueilli 
    
     par 
    
     Léon. 
    
     Le 
    
     Cardinal 
    
     convoqua 
    
     immédiatement 
    
     le 
    
     Catholicos, 
    
     les 
    
     Evêques 
    
     et 
    
     les 
    
     Barons 
    
     et 
    
     leur 
    
     proposa 
    
     aussitôt 
    
     de 
    
     consentir 
    
     de 
    
     nouveau 
    
     à 
    
     l'union 
    
     de 
    
     l'Église 
    
     arménienne 
    
     avec 
    
     l'Église 
    
     latine 
    
     romaine. 
    
     Après 
    
     bien 
    
     des 
    
     discussions, 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     qui 
    
     était 
    
     alors 
    
     Jean 
    
     VII 
    
     et 
    
     qui 
    
     venait 
    
     de 
    
     succéder 
    
     à 
    
     Grégoire 
    
     Abirad, 
    
     se 
    
     rendit. 
    
     Il 
    
     accepta 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     d'envoyer 
    
     à 
    
     Rome, 
    
     tous 
    
     les 
    
     cinq 
    
     ans, 
    
     un 
    
     légat 
    
     auprès 
    
     du 
    
     Pape 
    
     et 
    
     d'assister 
    
     en 
    
     personne 
    
     aux 
    
     conciles 
    
     qui 
    
     seraient 
    
     tenus 
    
     dorénavant, 
    
     ou 
    
     de 
    
     s'y 
    
     faire 
    
     représenter 
    
     par 
    
     un 
    
     légat. 
    
     De 
    
     son 
    
     côté, 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     exigea 
    
     du 
    
     Pape 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     soit 
    
     accordé 
    
     qu'aucune 
    
     assemblée 
    
     ne 
    
     puisse 
    
     se 
    
     tenir 
    
     parmi 
    
     des 
    
     Latins 
    
     de 
    
     ce 
    
     côté 
    
     de 
    
     la 
    
     mer, 
    
     sans 
    
     la 
    
     présence 
    
     du 
    
     Catholicos 
    
     arménien 
    
     ou 
    
     de 
    
     son 
    
     légat. 
    
     Lorsque 
    
     les 
    
     actes 
    
     furent 
    
     signés, 
    
     Pierre 
    
     remit 
    
     d'abord 
    
     le 
    
     pallium 
    
     au 
    
     Catholicos 
    
     et 
    
     ensuite, 
    
     la 
    
     mitre 
    
     et 
    
     le 
    
     bâton 
    
     pastoral 
    
     aux 
    
     quatorze 
    
     évêques 
    
     présents, 
    
     comme 
    
     dons 
    
     du 
    
     Pape 
    
     Innocent.
  
 
    
     Quand 
    
     les 
    
     questions 
    
     religieuses 
    
     eurent 
    
     reçu 
    
     leur 
    
     solution, 
    
     on 
    
     aborda 
    
     la 
    
     politique 
    
     et 
    
     l'on 
    
     délibéra 
    
     sur 
    
     la 
    
     question 
    
     du 
    
     principat 
    
     d'Antioche. 
    
     Léon, 
    
     dès 
    
     le 
    
     commencement, 
    
     en 
    
     fit 
    
     appeler 
    
     au 
    
     jugement 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     comme 
    
     il 
    
     le 
    
     dit 
    
     lui-même, 
    
     et 
    
     prit 
    
     à 
    
     témoin 
    
     les 
    
     Maîtres 
    
     des 
    
     ordres 
    
     de 
    
     chevalerie 
    
     et 
    
     les 
    
     religieux 
    
     de 
    
     la 
    
     Montagne-Noire. 
    
     Le 
    
     Cardinal 
    
     Pierre 
    
     posa 
    
     trois 
    
     demandes 
    
     aux 
    
     deux 
    
     partis 
    
     adverses: 
    
     la 
    
     première, 
    
     s'ils 
    
     voulaient 
    
     s'entendre 
    
     entre 
    
     eux, 
    
     ce 
    
     qui 
    
     du 
    
     reste 
    
     fut 
    
     impossible; 
    
     la 
    
     seconde, 
    
     s'ils 
    
     voulaient 
    
     s'en 
    
     remettre 
    
     à 
    
     la 
    
     décision 
    
     du 
    
     jugement 
    
     qu'il 
    
     aurait 
    
     prise 
    
     avec 
    
     son 
    
     collègue 
    
     Sophrède, 
    
     ce 
    
     qui 
    
     ne 
    
     fut 
    
     pas 
    
     accepté 
    
     non 
    
     plus; 
    
     en 
    
     troisième 
    
     lieu 
    
     enfin, 
    
     il 
    
     leur 
    
     demanda 
    
     s'ils 
    
     voulaient 
    
     reconnaître 
    
     l'autorité 
    
     judiciaire 
    
     qu'ils 
    
     tenaient 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     lui 
    
     et 
    
     le 
    
     Cardinal 
    
     Sophrède, 
    
     et 
    
     leur 
    
     fit 
    
     voir 
    
     le 
    
     bref 
    
     d'Innocent. 
    
     Après 
    
     quoi, 
    
     il 
    
     les 
    
     invita 
    
     à 
    
     s'expliquer. 
    
     Léon 
    
     consentit 
    
     à 
    
     se 
    
     soumettre 
    
     au 
    
     jugement 
    
     des 
    
     deux 
    
     Cardinaux, 
    
     s'ils 
    
     voulaient 
    
     tout 
    
     d'abord 
    
     expulser 
    
     au-delà 
    
     des 
    
     frontières 
    
     de 
    
     la 
    
     ville 
    
     d'Antioche 
    
     l'usurpateur 
    
     du 
    
     trône 
    
     (Bohémond) 
    
     et 
    
     qu'ensuite 
    
     ils 
    
     pourraient 
    
     prononcer 
    
     leur 
    
     sentence. 
    
     Le 
    
     Nonce 
    
     ne 
    
     trouva 
    
     pas 
    
     que 
    
     cela 
    
     fût 
    
     à 
    
     propos 
    
     et 
    
     pria 
    
     le 
    
     Roi 
    
     de 
    
     lui 
    
     faire 
    
     une 
    
     autre 
    
     proposition. 
    
     Alors 
    
     Léon 
    
     reprit 
    
     la 
    
     parole 
    
     et 
    
     lui 
    
     dit: 
   
    «
    
     Vous, 
    
     Cardinaux, 
    
     vous 
    
     êtes 
    
     les 
    
     Nonces 
    
     du 
    
     Saint-Père 
    
     et 
    
     moi, 
    
     je 
    
     suis 
    
     le 
    
     Roi 
    
     des 
    
     Arméniens; 
    
     je 
    
     vous 
    
     confie 
    
     les 
    
     intérêts 
    
     de 
    
     mon 
    
     petit-fils 
    
     et 
    
     ceux 
    
     de 
    
     sa 
    
     mère. 
    
     Jugez-les 
    
     comme 
    
     l'aurait 
    
     fait 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     si 
    
     nous 
    
     eussions 
    
     été 
    
     présents 
    
     devant 
    
     lui 
    
     et 
    
     que 
    
     nous 
    
     l'eussions 
    
     imploré 
    
     pour 
    
     cet 
    
     orphelin 
    
     et 
    
     la 
    
     veuve 
    
     sa 
    
     mère. 
    
     Rendez 
    
     votre 
    
     sentence 
    
     en 
    
     faveur 
    
     de 
    
     qui 
    
     vous 
    
     aurez 
    
     jugé 
    
     la 
    
     mériter 
    
     et 
    
     qu'Antioche 
    
     soit 
    
     à 
    
     lui
   
    !» 
    
     Les 
    
     Antiochiens 
    
     parlèrent 
    
     de 
    
     même. 
    
     Alors 
    
     les 
    
     Nonces 
    
     les 
    
     ayant 
    
     plus 
    
     ou 
    
     moins 
    
     convaincus, 
    
     leur 
    
     ordonnèrent 
    
     de 
    
     faire 
    
     cesser 
    
     toute 
    
     hostilité 
    
     jusqu'à 
    
     leur 
    
     jugement 
    
     et 
    
     retournèrent 
    
     ensuite 
    
     à 
    
     Ptolémaïs. 
    
     C'est-là 
    
     que 
    
     se 
    
     réunirent 
    
     le 
    
     Roi 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     la 
    
     princesse 
    
     Marie 
    
     de 
    
     Flandre, 
    
     femme 
    
     de 
    
     Baudouin 
    
     qui, 
    
     peu 
    
     de 
    
     temps 
    
     après, 
    
     occupa 
    
     le 
    
     trône 
    
     de 
    
     Constantinople, 
    
     les 
    
     Grand-Maîtres 
    
     des 
    
     Chevaliers 
    
     et 
    
     tous 
    
     les 
    
     grands 
    
     personnages. 
    
     Ils 
    
     pressèrent 
    
     les 
    
     Nonces 
    
     de 
    
     s'arranger 
    
     pour 
    
     mettre 
    
     fin 
    
     à 
    
     toutes 
    
     les 
    
     dissensions 
    
     et 
    
     d'unir 
    
     les 
    
     adversaires 
    
     par 
    
     un 
    
     traité 
    
     de 
    
     paix. 
    
     Ils 
    
     mandèrent 
    
     même 
    
     alors 
    
     un 
    
     envoyé 
    
     exprès, 
    
     Sicard, 
    
     évêque 
    
     de 
    
     Crémone, 
    
     pour 
    
     terminer 
    
     l'affaire. 
    
     Ce 
    
     dernier 
    
     s'y 
    
     rendit 
    
     et 
    
     exigea 
    
     par 
    
     écrit 
    
     des 
    
     deux 
    
     partis 
    
     la 
    
     promesse 
    
     de 
    
     conclure 
    
     un 
    
     armistice 
    
     et 
    
     de 
    
     lui 
    
     livrer 
    
     des 
    
     otages 
    
     jusqu'au 
    
     prononcé 
    
     de 
    
     la 
    
     sentence, 
    
     et 
    
     les 
    
     prévint 
    
     que 
    
     s'ils 
    
     n'y 
    
     consentaient 
    
     pas, 
    
     il 
    
     allait 
    
     les 
    
     excommunier 
    
     immédiatement. 
    
     Le 
    
     Roi 
    
     se 
    
     soumit, 
    
     promit 
    
     de 
    
     cesser 
    
     tout 
    
     combat 
    
     pendant 
    
     quarante 
    
     jours 
    
     et 
    
     de 
    
     satisfaire 
    
     aux 
    
     demandes 
    
     des 
    
     Templiers. 
    
     Quant 
    
     au 
    
     Comte, 
    
     il 
    
     ne 
    
     voulut 
    
     rien 
    
     entendre 
    
     ni 
    
     connaître 
    
     et 
    
     ne 
    
     se 
    
     présenta 
    
     même 
    
     pas. 
    
     Alors 
    
     l'ambassadeur 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     Constance 
    
     Gamardias, 
    
     rappela 
    
     au 
    
     Nonce 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     menacé 
    
     d'excommunier 
    
     quiconque 
    
     n'obtempérerait 
    
     pas 
    
     à 
    
     sa 
    
     décision 
    
     et 
    
     que 
    
     c'était 
    
     précisément 
    
     ce 
    
     que 
    
     faisait 
   
    1'
    
     obstiné 
    
     Comte. 
    
     Mais 
    
     le 
    
     Nonce 
    
     n'osa 
    
     pas 
    
     mettre 
    
     sa 
    
     menace 
    
     à 
    
     exécution, 
    
     car 
    
     il 
    
     croyait 
    
     que 
    
     la 
    
     crainte 
    
     de 
   
    l'
    
     excommunication 
    
     empêcherait 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     se 
    
     présenter. 
    
     Alléguant 
    
     donc 
    
     une 
    
     affaire 
    
     importante 
    
     qui 
    
     le 
    
     rappelait 
    
     à 
    
     Constantinople, 
    
     il 
    
     se 
    
     retira. 
    
     Sophrède, 
    
     le 
    
     premier 
    
     Légat, 
    
     qui 
    
     ne 
    
     partageait 
    
     pas 
    
     la 
    
     manière 
    
     de 
    
     voir 
    
     de 
    
     son 
    
     collègue 
    
     et 
    
     qui 
    
     n'était 
    
     nullement 
    
     satisfait 
    
     de 
    
     la 
    
     façon 
    
     avec 
    
     laquelle 
    
     Pierre, 
    
     son 
    
     compagnon, 
    
     avait 
    
     agi, 
    
     se 
    
     retira 
    
     également 
    
     et 
    
     le 
    
     suivit. 
    
     Sophrède 
    
     n'avait 
    
     pas 
    
     cessé 
    
     de 
    
     blâmer 
    
     son 
    
     collègue 
    
     devant 
    
     les 
    
     autres 
    
     évêques. 
    
     Il 
    
     disait 
    
     clairement 
    
     en 
    
     plein 
    
     conseil 
    
     que 
    
     ce 
    
     que 
    
     l'envoyé 
    
     du 
    
     Roi 
    
     avait 
    
     réclamé, 
    
     c'est-à-dire 
    
     l'excommunication 
    
     du 
    
     Comte 
    
     était 
    
     tout-à-fait 
    
     un 
    
     acte 
    
     de 
    
     justice. 
    
     Il 
    
     l'eût 
    
     prononcée 
    
     lui-même 
    
     si 
    
     l'autre 
    
     cardinal 
    
     y 
    
     avait 
    
     consenti, 
    
     mais 
    
     comme 
    
     celui-ci 
    
     ne 
    
     l'avait 
    
     pas 
    
     approuvé, 
    
     il 
    
     se 
    
     refusait 
    
     à 
    
     sièger 
    
     plus 
    
     longtemps 
    
     au 
    
     conseil.
  
 
    
     Sophrède 
    
     réussit 
    
     cependant 
    
     à 
    
     mettre, 
    
     pour 
    
     un 
    
     moment, 
    
     la 
    
     paix 
    
     entre 
    
     Léon 
    
     et 
    
     les 
    
     Templiers, 
    
     mais 
    
     ils 
    
     se 
    
     brouillèrent 
    
     de 
    
     nouveau 
    
     et 
    
     en 
    
     appelèrent 
    
     à 
    
     Rome 
    
     même. 
    
     Ainsi 
    
     le 
    
     mauvais 
    
     vouloir 
    
     d'abord, 
    
     puis 
    
     les 
    
     dissentiments 
    
     des 
    
     compagnons 
    
     de 
    
     Sophrède, 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     les 
    
     hésitations 
    
     de 
    
     Pierre 
    
     et 
    
     de 
    
     l'Evêque 
    
     de 
    
     Crémone, 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     que 
    
     l'obstination 
    
     du 
    
     Comte 
    
     borgne 
    
     anéantirent 
    
     l'occasion 
    
     d'en 
    
     finir 
    
     avec 
    
     ces 
    
     querelles 
    
     désastreuses. 
    
     Léon 
    
     qui, 
    
     avec 
    
     assez 
    
     de 
    
     modération, 
    
     s'était 
    
     soumis 
    
     à 
    
     tout 
    
     ce 
    
     qu'on 
    
     exigeait, 
    
     se 
    
     montra 
    
     d'autant 
    
     plus 
    
     grand 
    
     en 
    
     faisant 
    
     voir 
    
     clairement 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     réclamait 
    
     que 
    
     la 
    
     justice 
    
     et 
    
     qu'elle 
    
     lui 
    
     était 
    
     bien 
    
     due. 
    
     L'hésitation 
    
     des 
    
     juges 
    
     de 
    
     cette 
    
     affaire 
    
     ne 
    
     fut 
    
     pas 
    
     seulement 
    
     cause 
    
     que 
    
     les 
    
     débats 
    
     se 
    
     prolongèrent 
    
     plus 
    
     de 
    
     dix 
    
     ans 
    
     au 
    
     préjudice 
    
     des 
    
     deux 
    
     partis 
    
     adverses, 
    
     mais 
    
     encore 
    
     au 
    
     détriment 
    
     des 
    
     Croisés 
    
     venus 
    
     de 
    
     loin 
    
     ou 
    
     de 
    
     près, 
    
     auxquels 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     fait 
    
     la 
    
     promesse 
    
     de 
    
     leur 
    
     envoyer 
    
     des 
    
     dizaines 
    
     de 
    
     milliers 
    
     d'hommes 
    
     de 
    
     renfort, 
    
     comme 
    
     l'avait 
    
     fait 
    
     auparavant 
    
     son 
    
     prédécesseur 
    
     Thoros. 
    
     Et, 
    
     ces 
    
     deux 
    
     fois, 
    
     les 
    
     Latins, 
    
     soit 
    
     par 
    
     imprudence, 
    
     soit 
    
     par 
    
     cupidité, 
    
     se 
    
     privèrent 
    
     de 
    
     l'aide 
    
     des 
    
     Arméniens 
    
     qui 
    
     étaient 
    
     alors 
    
     dans 
    
     la 
    
     plénitude 
    
     de 
    
     leur 
    
     force 
    
     et 
    
     n'étaient 
    
     pas 
    
     encore 
    
     gâtés 
    
     par 
    
     les 
    
     mauvais 
    
     exemples 
    
     et 
    
     les 
    
     mœurs 
    
     dissolues 
    
     des 
    
     Occidentaux, 
    
     ni 
    
     affaiblis 
    
     par 
    
     les 
    
     coups 
    
     fréquents 
    
     que 
    
     leur 
    
     devaient 
    
     porter 
    
     les 
    
     Sultans 
    
     d'Égypte, 
    
     aux 
    
     forces 
    
     desquels 
    
     les 
    
     Croisés 
    
     eux-mêmes 
    
     ne 
    
     purent 
    
     pas 
    
     résister 
    
     longtemps.
  
 
    
     A 
    
     la 
    
     question 
    
     d'Antioche 
    
     vint 
    
     se 
    
     mêler, 
    
     comme 
    
     nous 
    
     l'avons 
    
     dit, 
    
     celle 
    
     des 
    
     Templiers. 
    
     Celle-ci 
    
     était 
    
     en 
    
     quelque 
    
     manière 
    
     plus 
    
     vive 
    
     et 
    
     plus 
    
     importante 
    
     que 
    
     l'autre. 
    
     Les 
    
     Templiers 
    
     n'avaient 
    
     pris 
    
     le 
    
     parti 
    
     du 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     que 
    
     parce 
    
     que, 
    
     malgré 
    
     toutes 
    
     leurs 
    
     instances, 
    
     Léon 
    
     n'avait 
    
     jamais 
    
     voulu 
    
     les 
    
     écouter 
    
     et 
    
     les 
    
     avait 
    
     chassés 
    
     du 
    
     pays 
    
     et 
    
     de 
    
     leurs 
    
     possessions: 
    
     ils 
    
     ajoutaient 
    
     écrire 
    
     au 
    
     Pape 
    
     que 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     mis 
    
     le 
    
     feu 
    
     à 
    
     leurs 
    
     provisions 
    
     et 
    
     enlevé 
    
     leur 
    
     bétail, 
    
     qu'il 
    
     leur 
    
     avait 
    
     ainsi 
    
     causé 
    
     un 
    
     dommage 
    
     de 
    
     cinquante 
    
     mille 
    
     besants 
    
     d'or: 
    
     il 
    
     avait 
    
     fait 
    
     plus: 
    
     il 
    
     avait 
    
     mis 
    
     à 
    
     la 
    
     torture 
    
     quelques-uns 
    
     de 
    
     ces 
    
     chevaliers; 
    
     il 
    
     avait 
    
     mis 
    
     le 
    
     blocus 
    
     devant 
    
     deux 
    
     de 
    
     leurs 
    
     forteresses 
    
     appelées 
    
     Rupes 
    
     Willelmi 
    
     et 
    
     Rupes 
    
     Ruissoli, 
    
     et 
    
     qui 
    
     étaient 
    
     situées 
    
     sans 
    
     doute 
    
     entre 
    
     les 
    
     frontières 
    
     de 
    
     l'Arménie 
    
     et 
    
     celles 
    
     d'Antioche.
  
 
    
     Le 
    
     Pape, 
    
     grand 
    
     protecteur 
    
     des 
    
     droits 
    
     et 
    
     des 
    
     biens, 
    
     mais 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     toujours 
    
     prompt 
    
     à 
    
     venger 
    
     les 
    
     torts 
    
     dont 
    
     on 
    
     s'était 
    
     rendu 
    
     coupable 
    
     envers 
    
     les 
    
     personnes 
    
     faisant 
    
     partie 
    
     de 
    
     l'Église, 
    
     ainsi 
    
     qu'étaient 
    
     considérés 
    
     les 
    
     Templiers, 
    
     écrivit 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     le 
   
    18 
    
     Janvier 
   
    1204, 
    
     pour 
    
     lui 
    
     adresser 
    
     des 
    
     reproches, 
    
     mais 
    
     noblement, 
    
     et 
    
     faisant 
    
     juges 
    
     de 
    
     cette 
    
     affaire 
    
     les 
    
     évêques 
    
     de 
    
     Vallania 
    
     et 
    
     Biblia, 
    
     villes 
    
     de 
    
     la 
    
     Syrie, 
    
     il 
    
     l'exhorta 
    
     à 
    
     se 
    
     soumettre 
    
     à 
    
     leur 
    
     sentence. 
    
     Ces 
    
     évêques 
    
     vinrent 
    
     en 
    
     effet; 
    
     il 
    
     paraît 
    
     même 
    
     que 
    
     le 
    
     Cardinal 
    
     Pierre 
    
     arriva 
    
     aussi 
    
     après 
    
     eux. 
    
     Ils 
    
     avertirent 
    
     Léon 
    
     des 
    
     volontés 
    
     du 
    
     Pontife. 
    
     Le 
    
     Roi, 
    
     entrevoyant 
    
     dans 
    
     leur 
    
     démarche 
    
     quelque 
    
     perfidie 
    
     des 
    
     Templiers, 
    
     montra 
    
     des 
    
     difficultés 
    
     à 
    
     accorder 
    
     son 
    
     adhésion 
    
     à 
    
     ce 
    
     que 
    
     les 
    
     évêques 
    
     lui 
    
     demandèrent, 
    
     et 
    
     ce 
    
     ne 
    
     fut 
    
     qu'après 
    
     qu'ils 
    
     eurent 
    
     insisté 
    
     à 
    
     deux 
    
     ou 
    
     trois 
    
     reprises 
    
     qu'il 
    
     se 
    
     décida 
    
     à 
    
     restituer 
    
     aux 
    
     Chevaliers 
    
     tout 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     leur 
    
     avait 
    
     pris, 
    
     à 
    
     condition 
    
     toutefois 
    
     que 
    
     ces 
    
     derniers 
    
     ne 
    
     contestassent 
    
     plus 
    
     les 
    
     droits 
    
     de 
    
     son 
    
     petit-fils. 
    
     Les 
    
     Templiers 
    
     lui 
    
     dirent 
    
     grossièrement 
    
     qu'ils 
    
     ne 
    
     cesseraient 
    
     jamais 
    
     de 
    
     défendre 
    
     les 
    
     murs 
    
     d'Antioche 
    
     contre 
    
     Léon. 
    
     Léon 
    
     qui 
    
     ne 
    
     s'était 
    
     jamais 
    
     dépouillé 
    
     de 
    
     ses 
    
     griffes 
    
     de 
    
     lion, 
    
     exaspéré, 
    
     sut 
    
     cependant 
    
     se 
    
     contenir 
    
     pour 
    
     le 
    
     moment 
    
     par 
    
     un 
    
     silence 
    
     dédaigneux. 
    
     Cependant 
    
     Pierre 
    
     le 
    
     Légat 
    
     qui, 
    
     auparavant, 
    
     s'était 
    
     fait 
    
     scrupule 
    
     d'excommunier 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     et 
    
     s'était 
    
     retiré 
    
     à 
    
     Constantinople, 
    
     sans 
    
     prêter 
    
     maintenant 
   
    l'
    
     oreille 
    
     à 
   
    l'
    
     appel 
    
     de 
    
     Léon 
    
     au 
    
     Pape, 
    
     assembla 
    
     un 
    
     Conseil 
    
     à 
    
     Antioche 
    
     sans 
    
     y 
    
     convoquer 
    
     ni 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     du 
    
     lieu, 
    
     ni 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     des 
    
     Arméniens, 
    
     et 
    
     se 
    
     dépêcha 
    
     d'excommunier 
    
     les 
    
     Arméniens. 
    
     Non 
    
     content 
    
     de 
    
     cela, 
    
     il 
    
     écrivit 
    
     encore 
    
     au 
    
     Catholicos 
    
     Jean 
    
     de 
    
     publier 
    
     l'excommunication. 
    
     A 
    
     son 
    
     tour, 
    
     ce 
    
     dernier 
    
     réunit 
    
     tous 
    
     les 
    
     siens 
    
     et 
    
     fit 
    
     répondre 
    
     à 
    
     Pierre 
    
     qu'il 
    
     n'acceptait 
    
     pas 
    
     la 
    
     sentence 
    
     de 
    
     son 
    
     Conseil 
    
     parce 
    
     que 
    
     toutes 
    
     les 
    
     conditions 
    
     stipulées 
    
     naguère 
    
     n'avaient 
    
     pas 
    
     été 
    
     observées, 
    
     puisque 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     arménien 
    
     ni 
    
     son 
    
     Nonce 
    
     n'avait 
    
     assisté 
    
     à 
    
     ce 
    
     Concile 
    
     qui 
    
     se 
    
     tenait 
    
     pourtant 
    
     tout 
    
     près 
    
     des 
    
     limites 
    
     de 
    
     leur 
    
     territoire. 
    
     Ensuite 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     Jean 
    
     et 
    
     le 
    
     roi 
    
     Léon 
    
     écrivirent 
    
     au 
    
     Pape 
    
     qu'étant 
    
     entrés 
    
     dans 
    
     le 
    
     giron 
    
     de 
   
    l'
    
     Église-Mère 
    
     ils 
    
     espéraient 
    
     goûter 
    
     du 
    
     lait 
    
     et 
    
     non 
    
     pas 
    
     du 
    
     fiel. 
    
     Dans 
    
     un 
    
     moment 
    
     pareil, 
    
     il 
    
     ne 
    
     restait 
    
     à 
    
     Léon 
    
     qu'à 
    
     élever 
    
     la 
    
     voix 
    
     et 
    
     à 
    
     faire 
    
     entendre 
    
     un 
    
     mugissement 
    
     de 
    
     plainte 
    
     qui 
    
     parvint 
    
     aux 
    
     oreilles 
    
     du 
    
     Cardinal 
    
     plus 
    
     prudent, 
    
     Sophrède. 
    
     Celui-ci 
    
     se 
    
     hâta 
    
     de 
    
     rappeler 
    
     son 
    
     collègue 
    
     et 
    
     tous 
    
     deux 
    
     retirèrent 
    
     la 
    
     sentence 
    
     précipitée. 
    
     Ils 
    
     firent 
    
     plus: 
    
     dans 
    
     le 
    
     mois 
    
     de 
    
     Septembre, 
    
     ils 
    
     formèrent 
    
     un 
    
     Conseil 
    
     à 
    
     Ptolémaïs, 
    
     ils 
    
     y 
    
     appelèrent 
    
     les 
    
     rois 
    
     de 
    
     Jérusalem 
    
     et 
    
     de 
    
     Chypre 
    
     et 
    
     d'autres 
    
     éminents 
    
     personnages, 
    
     ils 
    
     y 
    
     admirent 
    
     l'envoyé 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     Constance 
    
     Gamardias 
    
     que 
    
     notre 
    
     Roi 
    
     avait 
    
     présenté 
    
     comme 
    
     étant 
    
     son 
    
     parent, 
    
     et 
    
     finirent 
    
     par 
    
     décider 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     à 
    
     faire 
    
     la 
    
     paix 
    
     avec 
    
     Léon. 
    
     Celui-ci, 
    
     dans 
    
     la 
    
     lettre 
    
     qu'il 
    
     écrivit 
    
     au 
    
     Pape 
    
     après 
    
     tous 
    
     ces 
    
     événements, 
    
     loue 
    
     la 
    
     grande 
    
     prudence 
    
     de 
    
     Sophrède 
    
     et 
    
     blâme 
    
     en 
    
     revanche 
    
     le 
    
     Cardinal 
    
     Pierre, 
    
     qui 
    
     non 
    
     seulement 
    
     avait 
    
     mal 
    
     jugé 
    
     la 
    
     cause, 
    
     mais 
    
     qui 
    
     cherchait 
    
     en 
    
     quelque 
    
     manière 
    
     à 
    
     l'éloigner 
    
     de 
    
     l'Église 
    
     Romaine.
  
 
   
    Léon 
   
    assurait 
   
    Innocent 
   
    qu'il 
   
    lui 
   
    resterait 
   
    toujours 
   
    fidèle, 
   
    mais 
   
    il 
   
    le 
   
    priait 
   
    de 
   
    ne 
   
    plus 
   
    lui 
   
    envoyer 
   
    un 
   
    Nonce 
   
    du 
   
    caractère 
   
    de 
   
    ce 
   
    Pierre. 
   
    Le 
   
    Catholicos 
   
    Jean 
   
    écrivit 
   
    également 
   
    au 
   
    Pape 
   
    pour 
   
    le 
   
    remercier 
   
    d'abord 
   
    des 
   
    présents 
   
    qu'il 
   
    en 
   
    avait 
   
    reçus 
   
    et 
   
    pour 
   
    lui 
   
    faire 
   
    part 
   
    de 
   
    ce 
   
    qui 
   
    était 
   
    passé 
   
    dans 
   
    le 
   
    Conseil 
   
    d'Antioche; 
   
    il 
   
    lui 
   
    disait 
   
    qu'il 
   
    attendait 
   
    la 
   
    décision 
   
    du 
   
    Pape.
  
 
    
     Après 
    
     avoir 
    
     renoué 
    
     les 
    
     bonnes 
    
     relations 
    
     entre 
    
     Léon 
    
     et 
    
     les 
    
     Templiers, 
    
     les 
    
     gens 
    
     du 
    
     dernier 
    
     Conseil 
    
     tenu 
    
     à 
    
     Ptolémaïs 
    
     n'ayant 
    
     pas 
    
     pu 
    
     obtenir 
    
     de 
    
     résultat 
    
     dans 
    
     l'affaire 
    
     du 
    
     Roi 
    
     d'Arménie 
    
     et 
    
     du 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     les 
    
     Légats 
    
     s'en 
    
     retournèrent 
    
     à 
    
     Constantinople. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     reprit 
    
     alors 
    
     immédiatement 
    
     les 
    
     hostilités. 
    
     Les 
    
     Templiers 
    
     qui 
    
     n'avaient 
    
     fait 
    
     que 
    
     feindre 
    
     une 
    
     réconciliation 
    
     avec 
    
     Léon, 
    
     se 
    
     soulevèrent 
    
     encore 
    
     et 
    
     la 
    
     révolte 
    
     s'étendit 
    
     au 
    
     loin, 
    
     bouleversant 
    
     d'un 
    
     bout 
     
      à 
    
     l'autre 
    
     les 
    
     pays 
    
     limitrophes. 
    
     Nous 
    
     tenons 
    
     ceci 
    
     simplement 
    
     d'une 
    
     lettre 
    
     d'Innocent 
    
     qu'il 
    
     écrivit 
    
     alors, 
    
     en 
    
     se 
    
     plaignant 
    
     des 
    
     temps, 
    
     à 
    
     Philippe-Auguste, 
    
     roi 
    
     de 
    
     France, 
    
     et 
    
     dans 
    
     laquelle 
    
     il 
    
     le 
    
     pressait 
    
     de 
    
     courir 
    
     à 
    
     la 
    
     délivrance 
    
     de 
    
     la 
    
     Terre-Sainte. 
    
     Il 
    
     est 
    
     à 
    
     remarquer 
    
     que 
    
     dans 
    
     cette 
    
     dernière 
    
     lettre 
    
     comme 
    
     dans 
    
     bien 
    
     d'autres, 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     Romain 
    
     appelle, 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     d'autres 
    
     contemporains, 
    
     Bohémond 
     
      Comte 
     
      de 
     
      Tripoli 
    
     et 
    
     jamais 
     
      Prince 
     
      d'Antioche; 
    
     ils 
    
     reconnaissaient 
    
     donc 
    
     tout 
    
     bas 
    
     et 
    
     quelquefois 
    
     en 
    
     le 
    
     déclarant, 
    
     les 
    
     droits 
    
     du 
    
     jeune 
    
     Roupin 
    
     et 
    
     de 
    
     son 
    
     bailli.
  
 
    
     Léon 
    
     écrivait 
    
     à 
    
     Innocent, 
    
     à 
    
     propos 
    
     des 
    
     hostilités 
    
     des 
    
     Templiers 
    
     et 
    
     pour 
    
     lui 
    
     montrer 
    
     combien 
    
     la 
    
     conduite 
    
     du 
    
     légat 
    
     Pierre 
    
     avait 
    
     été 
    
     blâmable, 
    
     que 
    
     tandis 
    
     que 
    
     lui, 
    
     Léon, 
    
     obéissant 
    
     aux 
    
     ordres 
    
     apportés 
    
     par 
    
     ce 
    
     même 
    
     Cardinal, 
    
     avait 
    
     cessé 
    
     la 
    
     guerre 
    
     et 
    
     déposé 
    
     les 
    
     armes, 
    
     les 
    
     Chevaliers 
    
     de 
    
     connivence 
    
     non 
    
     seulement 
    
     avec 
    
     les 
    
     Antiochiens 
    
     mais 
    
     encore 
    
     avec 
    
     les 
    
     Musulmans 
    
     avaient 
    
     brûlé 
     
      Tuguria 
     
      nostra 
     
      de 
     
      Gastim, 
    
     et 
    
     que 
    
     c'était 
    
     à 
    
     cause 
    
     de 
    
     cela 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     repris 
    
     les 
    
     armes. 
    
     Il 
    
     le 
    
     priait 
    
     donc 
    
     de 
    
     nommer 
    
     juge 
    
     de 
    
     cette 
    
     affaire 
    
     le 
    
     Cardinal 
    
     Sophrède, 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     d'Antioche, 
    
     le 
    
     Roi 
    
     de 
    
     Jérusalem 
    
     et 
    
     les 
    
     Maîtres 
    
     des 
    
     Hospitaliers 
    
     qui 
    
     connaissaient 
    
     la 
    
     question. 
    
     Mais 
    
     Innocent 
    
     qui 
    
     voulait 
    
     tout 
    
     juger 
    
     sûrement 
    
     et 
    
     rendre 
    
     librement 
    
     la 
    
     sentence, 
    
     n'était 
    
     pas 
    
     arrivé, 
    
     paraît-il, 
    
     à 
    
     comprendre 
    
     tous 
    
     les 
    
     droits 
    
     de 
    
     succession 
    
     de 
    
     Roupin, 
    
     comme 
    
     il 
    
     le 
    
     déclare 
    
     dans 
    
     une 
    
     de 
    
     ses 
    
     lettres. 
    
     C'est 
    
     pour 
    
     cela 
    
     qu'il 
    
     chargea 
    
     ses 
    
     Légats 
    
     de 
    
     vérifier 
    
     profondément 
    
     ces 
    
     droits. 
    
     Après 
    
     les 
    
     premiers 
    
     Nonces, 
    
     le 
    
     Pape 
    
     manda, 
    
     le 
   
    5 
    
     Mars 
   
    1205, 
    
     de 
    
     nouveaux 
    
     juges, 
    
     deux 
    
     barons: 
    
     Bertholde 
    
     et 
    
     Foravalle, 
    
     et 
    
     les 
    
     deux 
    
     Abbés 
    
     des 
    
     monastères 
    
     de 
    
     Lucedio 
    
     et 
    
     du 
    
     Mont-Thabor, 
    
     en 
    
     se 
    
     plaignant 
    
     de 
    
     ses 
    
     premiers 
    
     Légats 
    
     qui 
    
     n'avaient 
    
     pas 
    
     pu 
    
     donner 
    
     une 
    
     issue 
    
     à 
    
     la 
    
     question 
    
     et 
    
     s'étaient 
    
     hâtés 
    
     de 
    
     revenir 
    
     à 
    
     Constantinople, 
    
     ce 
    
     que, 
    
     du 
    
     reste, 
    
     il 
    
     ne 
    
     leur 
    
     avait 
    
     pas 
    
     ordonné 
    
     de 
    
     faire.
  
 
    
     Le 
    
     Pape 
    
     ordonna 
    
     à 
    
     ses 
    
     Légats 
    
     d'aller 
    
     engager 
    
     les 
    
     partis 
    
     à 
    
     jeter 
    
     immédiatement 
    
     les 
    
     armes, 
    
     à 
    
     leur 
    
     laisser 
    
     trois 
    
     mois 
    
     de 
    
     temps 
    
     pour 
    
     s'entendre 
    
     et, 
    
     s'ils 
    
     n'arrivaient 
    
     pas 
    
     à 
    
     ramener 
    
     la 
    
     concorde 
    
     entre 
    
     eux 
    
     ou 
    
     à 
    
     pouvoir 
    
     prononcer 
    
     une 
    
     sentence, 
    
     de 
    
     lui 
    
     rapporter 
    
     le 
    
     jugement; 
    
     et 
    
     si 
    
     quelqu'un 
    
     ne 
    
     se 
    
     soumettait 
    
     pas 
    
     à 
    
     leur 
    
     décision, 
    
     de 
    
     lui 
    
     infliger 
    
     un 
    
     châtiment 
    
     par 
    
     la 
    
     force 
    
     civile 
    
     des 
    
     Chrétiens. 
    
     Innocent 
    
     annonça 
    
     tout 
    
     ceci 
    
     le 
    
     même 
    
     jour 
    
     à 
    
     Léon 
    
     et 
    
     dans 
    
     des 
    
     termes 
    
     d'une 
    
     grande 
    
     noblesse 
    
     et 
    
     fort 
    
     affectueux. 
    
     Il 
    
     lui 
    
     annonçait, 
    
     en 
    
     outre, 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     prié 
    
     le 
    
     Roi 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     les 
    
     Maîtres 
    
     des 
    
     deux 
    
     ordres 
    
     de 
    
     Chevalerie 
    
     et 
    
     tous 
    
     les 
    
     Chrétiens 
    
     du 
    
     pays 
    
     de 
    
     venir 
    
     en 
    
     aide 
    
     au 
    
     parti 
    
     qui 
    
     se 
    
     soumettrait 
    
     au 
    
     Pape 
    
     et 
    
     de 
    
     dompter 
    
     tout 
    
     esprit 
    
     d'obstination.
  
 
    
     Innocent 
    
     était 
    
     particulièrement 
    
     intéressé 
    
     à 
    
     ce 
    
     que 
    
     ces 
    
     conflits 
    
     fussent 
    
     apaisés, 
    
     comme 
    
     il 
    
     l'exprimait 
    
     dans 
    
     les 
    
     lettres 
    
     qu'il 
    
     adressait 
    
     aux 
    
     autres, 
    
     car 
    
     cela 
    
     apportait 
    
     un 
    
     obstacle 
    
     à 
    
     l'accomplissement 
    
     de 
    
     l'œuvre 
    
     des 
    
     Croisades 
    
     et 
    
     empêchait 
    
     de 
    
     faire 
    
     la 
    
     guerre 
    
     aux 
    
     Sarrasins. 
    
     Il 
    
     est 
    
     vrai 
    
     que 
    
     les 
    
     Croisés 
    
     ne 
    
     s'accordaient 
    
     guère 
    
     non 
    
     plus 
    
     entre 
    
     eux. 
    
     En 
   
    1203 
    
     un 
    
     grand 
    
     nombre 
    
     de 
    
     Flamands, 
    
     arrivés 
    
     sur 
    
     soixante-six 
    
     vaisseaux, 
    
     s'étaient 
    
     brouillés 
    
     avec 
    
     les 
    
     autres. 
    
     Ils 
    
     avaient 
    
     abandonné 
    
     le 
    
     corps 
    
     principal 
    
     de 
    
     l'armée, 
    
     à 
    
     Ptolémaïs, 
    
     et 
    
     s'étaient 
    
     rendus 
    
     dans 
    
     les 
    
     Etats 
    
     de 
    
     Léon 
    
     pour 
    
     marcher 
    
     avec 
    
     lui 
    
     contre 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli. 
    
     Les 
    
     chefs 
    
     de 
    
     ces 
    
     Croisés 
    
     qui 
    
     vinrent 
    
     à 
    
     Léon 
    
     furent 
    
     Jean 
    
     de 
    
     Neele 
    
     et 
    
     le 
    
     gendre 
    
     d'Isaac 
    
     Comnène, 
    
     l'ex-Souverain 
    
     de 
    
     Chypre. 
    
     Mais 
    
     lorsqu'ils 
    
     apprirent 
    
     que 
    
     leurs 
    
     compagnons 
    
     se 
    
     préparaient 
    
     à 
    
     attaquer 
    
     les 
    
     Sarrasins, 
    
     ils 
    
     vinrent 
    
     les 
    
     rejoindre.
  
 
    
     D'après 
    
     les 
    
     faits 
    
     que 
    
     nous 
    
     venons 
    
     de 
    
     relater 
    
     plus 
    
     haut, 
    
     on 
    
     peut 
    
     supposer 
    
     que 
    
     cette 
    
     fois 
    
     encore 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     cédé 
    
     aux 
    
     Légats. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     persistait 
    
     dans 
    
     son 
    
     refus 
    
     de 
    
     se 
    
     présenter 
    
     à 
    
     la 
    
     barre 
    
     des 
    
     juges. 
    
     Sachant 
    
     qu'il 
    
     n'aurait 
    
     rien 
    
     à 
    
     gagner 
    
     devant 
    
     les 
    
     princes 
    
     qui 
    
     s'étaient 
    
     mis 
    
     du 
    
     côté 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     il 
    
     eut 
    
     l'idée 
    
     aussi 
    
     pleine 
    
     de 
    
     hardiesse 
    
     que 
    
     d'astuce 
    
     de 
    
     se 
    
     soustraire 
    
     à 
    
     la 
    
     suprématie 
    
     temporelle 
    
     du 
    
     Pape. 
    
     Ayant 
    
     été 
    
     avisé 
    
     de 
    
     la 
    
     prise 
    
     de 
    
     Constantinople 
    
     et 
    
     de 
    
     l'élévation 
    
     au 
    
     trône 
    
     impérial 
    
     de 
    
     cette 
    
     capitale 
    
     de 
    
     Baudouin 
    
     de 
    
     Flandre, 
    
     il 
    
     se 
    
     rendit 
    
     secrètement 
    
     à 
    
     Ptolémaïs, 
    
     chez 
    
     la 
    
     princesse 
    
     Marie 
    
     femme 
    
     de 
    
     Baudouin 
    
     et 
    
     prêta 
    
     serment 
    
     devant 
    
     elle, 
    
     comme 
    
     si 
    
     elle 
    
     eût 
    
     été 
    
     le 
    
     légat 
    
     de 
   
    1'
    
     Empereur, 
    
     de 
    
     fidélité 
    
     et 
    
     de 
    
     soumission, 
    
     selon 
    
     les 
    
     coutumes 
    
     féodales. 
    
     Sa 
    
     cause 
    
     fut 
    
     donc 
    
     portée 
    
     au 
    
     jugement 
    
     de 
    
     l'Empereur 
    
     d'Orient. 
    
     Il 
    
     s'en 
    
     revint 
    
     sans 
    
     rien 
    
     dire 
    
     à 
    
     personne. 
    
     D'ailleurs, 
    
     la 
    
     Reine 
    
     mourut 
    
     le 
   
    29 
    
     Août 
   
    1204 
    
     avant 
    
     même 
    
     d'avoir 
    
     en 
    
     au 
    
     front 
    
     la 
    
     couronne 
    
     impériale 
    
     et 
    
     c'est 
    
     dans 
    
     un 
    
     cercueil 
    
     qu'elle 
    
     fut 
    
     portée 
    
     à 
    
     Constantinople.
  
 
    
     L'histoire 
    
     ne 
    
     nous 
    
     dit 
    
     rien 
    
     des 
    
     propos 
    
     échangés 
    
     dans 
    
     les 
    
     réunions 
    
     tenues 
    
     par 
    
     les 
    
     nouveaux 
    
     Légats 
    
     du 
    
     Pape 
    
     à 
    
     propos 
    
     des 
    
     affaires 
    
     de 
    
     Léon. 
    
     Les 
    
     lettres 
    
     des 
    
     années 
   
    1205 
    
     et 
   
    1206 
    
     manquent 
    
     dans 
    
     les 
    
     Archives 
    
     du 
    
     Vatican. 
    
     Il 
    
     est 
    
     bien 
    
     probable 
    
     que 
    
     Léon 
    
     céda 
    
     aux 
    
     instances 
    
     des 
    
     Légats, 
    
     car 
    
     il 
    
     tenait 
    
     à 
    
     contenter 
    
     celui 
    
     qui 
    
     les 
    
     avait 
    
     envoyés, 
    
     ou 
    
     bien 
    
     parce 
    
     que 
    
     les 
    
     affaires 
    
     de 
    
     son 
    
     pays 
    
     réclamaient 
    
     sa 
    
     présence, 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     jeta 
    
     bas 
    
     les 
    
     armes 
    
     pour 
    
     quelque 
    
     temps. 
    
     Mais 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     à 
    
     cette 
    
     époque, 
    
     au 
    
     lieu 
    
     de 
    
     se 
    
     gagner 
    
     les 
    
     Antiochiens, 
    
     les 
    
     avait 
    
     singulièrement 
    
     froissés 
    
     en 
    
     leur 
    
     demandant 
    
     de 
    
     ne 
    
     pas 
    
     reconnaître 
    
     les 
    
     droits 
    
     de 
    
     succession 
    
     du 
    
     jeune 
    
     Roupin. 
    
     Il 
    
     se 
    
     les 
    
     était 
    
     aliénés, 
    
     surtout 
    
     les 
    
     gens 
    
     du 
    
     clergé 
    
     et 
    
     le 
    
     Patriarche, 
    
     dont 
    
     le 
    
     Comte 
    
     était 
    
     le 
    
     vassal 
    
     selon 
    
     les 
    
     coutumes 
    
     féodales. 
    
     Il 
    
     était 
    
     même 
    
     son 
    
     filleul. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     cherchait 
    
     à 
    
     s'attirer 
    
     les 
    
     bonnes 
    
     grâces 
    
     des 
    
     Génois 
    
     en 
    
     leur 
    
     promettant 
    
     liberté 
    
     de 
    
     trafic 
    
     dans 
    
     la 
    
     principauté 
    
     d'Antioche, 
    
     en 
    
     leur 
    
     prenant 
    
     en 
    
     location 
    
     des 
    
     vaisseaux 
    
     de 
    
     guerre 
    
     pour 
    
     se 
    
     battre 
    
     ou 
    
     pour 
    
     les 
    
     lancer 
    
     en 
    
     maraude 
    
     et 
    
     trois 
    
     cents 
    
     soldats. 
    
     Il 
    
     leur 
    
     avait, 
    
     en 
    
     outre, 
    
     emprunté 
    
     trois 
    
     mille 
    
     besants 
    
     d'or.
  
 
   
    Les 
   
    Antiochiens 
   
    ne 
   
    pouvant 
   
    plus 
   
    souffrir 
   
    les 
   
    lâchetés 
   
    du 
   
    Comte, 
   
    ni 
   
    supporter 
   
    les 
   
    tribulations 
   
    du 
   
    blocus 
   
    et 
   
    la 
   
    famine, 
   
    car 
   
    Léon 
   
    n'avait 
   
    pas 
   
    levé 
   
    le 
   
    siège, 
   
    envoyèrent 
   
    des 
   
    messagers 
   
    à 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    pour 
   
    lui 
   
    dire 
   
    de 
   
    venir 
   
    mettre 
   
    sur 
   
    le 
   
    trône 
   
    de 
   
    leur 
   
    pays 
   
    son 
   
    véritable 
   
    héritier 
   
    et 
   
    leur 
   
    maître, 
   
    le 
   
    jeune 
   
    prince 
   
    Roupin.
  
 
    
     Sur 
    
     ce 
    
     point, 
    
     notre 
    
     historien 
    
     royal, 
    
     nous 
    
     fournit 
    
     des 
    
     preuves 
    
     admissibles, 
    
     bien 
    
     que 
    
     différentes 
    
     de 
    
     ce 
    
     que 
    
     nous 
    
     rapportent 
    
     les 
    
     autres 
    
     historiens. 
    
     Ce 
    
     qu'il 
    
     nous 
    
     dit, 
    
     sera, 
    
     peut-être, 
    
     un 
    
     rayon 
    
     de 
    
     lumière 
    
     pour 
    
     l'histoire 
    
     de 
    
     la 
    
     Principauté 
    
     d'Antioche. 
    
     En 
    
     effet, 
    
     il 
    
     prétend 
    
     que 
    
     c'est 
    
     pendant 
    
     cette 
    
     année 
   
    1205 
    
     que 
    
     mourut 
    
     le 
    
     vieux 
    
     prince 
    
     Bohémond 
    
     III, 
    
     que 
    
     tous 
    
     les 
    
     historiens 
    
     de 
    
     l'Occident 
    
     croient 
    
     être 
    
     mort 
    
     l'an 
   
    1201, 
    
     comme, 
    
     du 
    
     reste, 
    
     nous 
    
     l'avons 
    
     nous-même 
    
     écrit 
    
     aussi, 
    
     et 
    
     il 
    
     poursuit 
    
     ensuite 
    
     le 
    
     cours 
    
     de 
    
     son 
    
     récit 
    
     en 
    
     s'accordant 
    
     tout-à-fait 
    
     avec 
    
     les 
    
     historiens 
    
     d'Occident: 
   
    «
    
     L'an 
   
    655 
    
     (de 
    
     l'Ère 
    
     arménienne 
   
    1205-6 
    
     de 
    
     J. 
    
     C.
    
     ) 
    
     mourut 
    
     le 
    
     prince 
    
     d'Antioche 
    
     Bohémond. 
    
     Son 
    
     fils 
    
     le 
    
     Borgne 
    
     qui 
    
     était 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     lui 
    
     succéda. 
    
     Léon 
    
     lui 
    
     envoya 
    
     la 
    
     copie 
    
     des 
    
     traités 
    
     de 
    
     son 
    
     père 
    
     que 
    
     ce 
    
     dernier 
    
     avait 
    
     conclus 
    
     d'accord 
    
     avec 
    
     le 
    
     Roi, 
    
     traités 
    
     relatifs 
    
     à 
    
     la 
    
     succession 
    
     de 
    
     l'enfant 
    
     de 
    
     son 
    
     fils 
    
     aîné, 
    
     comme 
    
     nous 
    
     l'avons 
    
     raconté. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     refusa 
    
     le 
    
     traité 
    
     et 
    
     ne 
    
     voulut 
    
     point 
    
     reconnaître 
    
     les 
    
     droits 
    
     de 
    
     Roupin. 
    
     Alors 
    
     le 
    
     Roi 
    
     envoya 
    
     la 
    
     lettre 
    
     au 
    
     Patriarche 
    
     et 
    
     lui 
    
     fît 
    
     voir 
    
     les 
    
     droits 
    
     du 
    
     jeune 
    
     prince 
    
     que 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     reconnut, 
    
     mais 
    
     le 
    
     Comte 
    
     ne 
    
     voulut 
    
     rien 
    
     entendre
   
    ».
  
 
    
     Il 
    
     raconte 
    
     ensuite 
    
     les 
    
     démêlés 
    
     de 
    
     ce 
    
     dernier 
    
     avec 
    
     le 
    
     Patriarche, 
    
     et 
    
     comment 
    
     celui-ci 
    
     l'excommunia. 
    
     Il 
    
     dit 
    
     que 
    
     le 
    
     Comte 
    
     fit 
    
     après 
    
     cela 
    
     emprisonner 
    
     le 
    
     Patriarche, 
    
     il 
    
     relate 
    
     les 
    
     hostilités 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     mais 
    
     il 
    
     ne 
    
     parle 
    
     pas 
    
     de 
    
     son 
    
     entrée 
    
     à 
    
     Antioche, 
    
     tandis 
    
     que 
    
     les 
    
     historiens 
    
     étrangers 
    
     et 
    
     même 
    
     les 
    
     lettres 
    
     de 
    
     Léon 
    
     affirment 
    
     ce 
    
     fait.
  
 
    
     Léon 
    
     revint 
    
     donc 
    
     avec 
    
     un 
    
     grand 
    
     nombre 
    
     de 
    
     soldats 
    
     et 
    
     entra 
    
     sans 
    
     rencontrer 
    
     de 
    
     résistance 
    
     dans 
    
     Antioche 
    
     en 
   
    1206. 
    
     Non 
    
     seulement 
    
     le 
    
     clergé 
    
     mais 
    
     encore 
    
     un 
    
     grand 
    
     nombre 
    
     de 
    
     barons 
    
     et 
    
     de 
    
     chevaliers 
    
     vinrent 
    
     au-devant 
    
     de 
    
     lui 
    
     et 
    
     le 
    
     firent 
    
     entrer 
    
     triomphalement 
    
     dans 
    
     la 
    
     Cathédrale 
    
     de 
    
     S. 
    
     Pierre. 
    
     Là, 
    
     Roupin 
    
     jura 
    
     au 
    
     Patriarche 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     rendrait 
    
     les 
    
     hommages 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     devait 
    
     selon 
    
     les 
    
     lois 
    
     et 
    
     en 
    
     reçut 
    
     la 
    
     bannière 
    
     princière. 
    
     Les 
    
     Barons 
    
     lui 
    
     prêtèrent, 
    
     sur 
    
     le 
    
     Saint 
    
     Evangile, 
    
     serment 
    
     de 
    
     fidélité 
    
     et 
    
     de 
    
     constante 
    
     protection. 
    
     Ensuite, 
    
     toute 
    
     cette 
    
     multitude 
    
     l'entourant 
    
     de 
    
     toute 
    
     part, 
    
     l'escorta 
    
     en 
    
     chantant 
    
     jusqu'au 
    
     trône 
    
     sur 
    
     lequel 
    
     elle 
    
     le 
    
     fit 
    
     asseoir 
    
     à 
    
     la 
    
     place 
    
     de 
    
     l'ancien 
    
     maître 
    
     Bohémond 
    
     III 
    
     et 
    
     le 
    
     proclama 
    
     prince 
    
     d'Antioche. 
    
     Le 
    
     peuple 
    
     et 
    
     la 
    
     principauté 
    
     d'Antioche 
    
     purent 
    
     donc 
    
     jouir 
    
     d'un 
    
     moment 
    
     de 
    
     paix, 
    
     grâce 
    
     à 
    
     Léon 
    
     qui 
    
     non-seulement 
    
     aida 
    
     le 
    
     jeune 
    
     prince 
    
     à 
    
     reconquérir 
    
     son 
    
     trône 
    
     mais 
    
     fit 
    
     des 
    
     présents 
    
     magnifiques 
    
     aux 
    
     barons 
    
     et 
    
     au 
    
     clergé. 
    
     Il 
    
     fit 
    
     aussi 
    
     des 
    
     largesses 
    
     aux 
    
     monastères 
    
     de 
    
     la 
    
     Montagne-Noire. 
    
     Léon 
    
     autorisa 
    
     encore 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     à 
    
     sacrer 
    
     un 
    
     nouvel 
    
     évêque 
    
     latin 
    
     pour 
    
     l'église 
    
     de 
    
     Tarse 
    
     et 
    
     à 
    
     en 
    
     nommer 
    
     un 
    
     à 
    
     Mamestia. 
    
     Il 
    
     ordonna 
    
     de 
    
     prendre 
    
     les 
    
     traitements 
    
     de 
    
     ces 
    
     deux 
    
     évêques 
    
     sur 
    
     le 
    
     trésor 
    
     royal. 
    
     Il 
    
     restitua 
    
     au 
    
     monastère 
    
     de 
    
     S. 
    
     Paul 
    
     la 
    
     fontaine 
    
     de 
    
     Gaston, 
    
     avec 
    
     tout 
    
     son 
    
     territoire; 
    
     il 
    
     restitua 
    
     également 
    
     aux 
    
     Templiers 
    
     la 
    
     forteresse 
    
     même 
    
     de 
    
     ce 
    
     lieu 
    
     et 
    
     toutes 
    
     les 
    
     propriétés 
    
     qu'il 
    
     leur 
    
     avait 
    
     enlevées. 
    
     Il 
    
     rendit 
    
     aux 
    
     autres 
    
     tout 
    
     ce 
    
     que 
    
     lui-même 
    
     ou 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     leur 
    
     avaient 
    
     pris 
    
     et 
    
     s'en 
    
     retourna 
    
     victorieusement 
    
     dans 
    
     ses 
    
     Etats. 
      
       Դրամների 
      
       նկարներ
  
 
   
    C'est 
   
    à 
   
    cette 
   
    époque, 
   
    paraît-il, 
   
    que 
   
    Léon 
   
    fit 
   
    frapper 
   
    des 
   
    pièces 
   
    de 
   
    monnaie, 
   
    portant 
   
    une 
   
    croix 
   
    à 
   
    la 
   
    face 
   
    et 
   
    la 
   
    légende 
   
    en 
   
    latin. 
   
    Elles 
   
    ressemblent 
   
    absolument 
   
    aux 
   
    pièces 
   
    de 
   
    monnaie 
   
    antiochienne, 
   
    mais 
   
    elles 
   
    portaient 
   
    le 
   
    nom 
   
    du 
   
    roi 
   
    de 
   
    l'Arménie 
   
    et 
   
    avaient 
   
    la 
   
    même 
   
    valeur 
   
    que 
   
    les 
   
    anciennes 
   
    monnaies 
   
    de 
   
    Sissouan.
  
 
    
     En 
    
     battant 
    
     cette 
    
     monnaie, 
    
     Léon 
    
     manifestait 
    
     en 
    
     silence 
    
     sa 
    
     puissance 
    
     et 
    
     sa 
    
     grandeur. 
    
     C'est 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     treize 
    
     cents 
    
     ans 
    
     auparavant 
    
     avait 
    
     fait 
    
     son 
    
     ancêtre, 
    
     Tigrane 
    
     l'Arsacide, 
    
     qui, 
    
     s'empara 
    
     du 
    
     domaine 
    
     des 
    
     Séleucides 
    
     et 
    
     de 
    
     leur 
    
     capitale 
    
     Antioche. 
    
     Ce 
    
     fait 
    
     mémorable 
    
     fut 
    
     gravé 
    
     sur 
    
     la 
    
     monnaie 
    
     de 
    
     Tigrane, 
    
     sous 
    
     la 
    
     figure 
    
     du 
    
     fleuve 
    
     Oronte, 
    
     entouré 
    
     d'une 
    
     légende 
    
     en 
    
     grec, 
    
     comme 
    
     on 
    
     le 
    
     voit 
    
     représenté 
    
     sur 
    
     cette 
    
     pièce 
    
     assez 
    
     rare.
  
 
   
    Léon 
   
    fit 
   
    annoncer 
   
    par 
   
    ses 
   
    lettres 
   
    au 
   
    Pape 
   
    ce 
   
    qui 
   
    venait 
   
    d'arriver, 
   
    et 
   
    cita 
   
    pour 
   
    témoins 
   
    les 
   
    Chevaliers 
   
    des 
   
    deux 
   
    ordres, 
   
    en 
   
    le 
   
    priant 
   
    de 
   
    prendre 
   
    en 
   
    considération 
   
    que 
   
    c'était 
   
    au 
   
    Patriarche 
   
    d'Antioche 
   
    qu'il 
   
    devait 
   
    ce 
   
    succès, 
   
    en 
   
    lui 
   
    recommandant 
   
    d'entourer 
   
    son 
   
    neveu 
   
    de 
   
    sa 
   
    sollicitude, 
   
    en 
   
    lui 
   
    demandant 
   
    aussi 
   
    de 
   
    hâter 
   
    l'expédition 
   
    que 
   
    devaient 
   
    entreprendre 
   
    les 
   
    armées 
   
    alliées 
   
    contre 
   
    les 
   
    Sarrasins 
   
    et 
   
    d'accorder 
   
    enfin 
   
    la 
   
    rémission 
   
    des 
   
    péchés 
   
    à 
   
    tous 
   
    ceux 
   
    qui 
   
    viendraient 
   
    l'appuyer.
  
 
    
     Ce 
    
     ne 
    
     fut 
    
     pas 
    
     encore 
    
     cette 
    
     fois 
    
     non 
    
     plus 
    
     que 
    
     la 
    
     malheureuse 
    
     Antioche 
    
     devait 
    
     jouir 
    
     longtemps 
    
     de 
    
     la 
    
     paix. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     se 
    
     tenait 
    
     caché 
    
     dans 
    
     la 
    
     citadelle 
    
     munie 
    
     de 
    
     tout 
    
     le 
    
     nécessaire 
    
     et 
    
     imprenable. 
    
     Léon 
    
     ne 
    
     pouvait 
    
     s'arrêter 
    
     longtemps 
    
     dans 
    
     cette 
    
     ville. 
    
     Pour 
    
     s'emparer 
    
     de 
    
     ce 
    
     château 
    
     par 
    
     un 
    
     assaut 
    
     et 
    
     pour 
    
     le 
    
     réduire 
    
     en 
    
     le 
    
     serrant 
    
     de 
    
     près, 
    
     il 
    
     eût 
    
     fallu 
    
     de 
    
     nombreuses 
    
     troupes. 
    
     Il 
    
     arriva 
    
     donc 
    
     qu'après 
    
     le 
    
     départ 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    le 
   
    Comte 
   
    sortit 
   
    de 
   
    son 
   
    embuscade. 
   
    Oubliant 
   
    tout 
   
    ce 
   
    qu'il 
   
    devait 
   
    de 
   
    soumission 
   
    et 
   
    de 
   
    respect 
    
     au 
    
     rang 
    
     et 
    
     au 
    
     caractère 
    
     du 
    
     Patriarche, 
    
     il 
    
     réussit 
    
     par 
    
     ses 
    
     manèges 
    
     à 
    
     remettre 
    
     dans 
    
     son 
    
     parti 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     et 
    
     d'autres 
    
     alliés, 
    
     résista 
    
     aux 
    
     habitants 
    
     et 
    
     s'empara 
    
     de 
    
     nouveau 
    
     de 
    
     la 
    
     ville. 
    
     Il 
    
     se 
    
     saisit 
    
     de 
    
     la 
    
     personne 
    
     du 
    
     Patriarche 
    
     et 
    
     de 
    
     ses 
    
     deux 
    
     neveux 
    
     et 
    
     les 
    
     fit 
    
     jeter 
    
     en 
    
     prison. 
    
     Après 
    
     quoi, 
    
     il 
    
     s'empara 
    
     de 
    
     tous 
    
     les 
    
     vases 
    
     sacrées 
    
     de 
    
     l'église 
    
     et 
    
     des 
    
     objets 
    
     appartenant 
    
     aux 
    
     partisans 
    
     du 
    
     prince 
    
     Roupin 
    
     que 
    
     ceux-ci 
    
     avaient 
    
     pu 
    
     heureusement 
    
     mettre 
    
     en 
    
     sûreté, 
    
     en 
    
     exposant 
    
     leur 
    
     vie, 
    
     et 
    
     qu'ils 
    
     avaient 
    
     fait 
    
     conduire 
    
     auprès 
    
     de 
    
     Léon. 
    
     En 
    
     toute 
    
     justice 
    
     alors 
    
     et 
    
     peut-être 
    
     même 
    
     auparavant, 
    
     au 
    
     dire 
    
     de 
    
     notre 
    
     historien 
   
    «
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     excommunia 
    
     le 
    
     Comte. 
    
     Il 
    
     défendit 
    
     de 
    
     sonner 
    
     les 
    
     cloches, 
    
     de 
    
     célébrer 
    
     la 
    
     messe 
    
     et 
    
     d'inhumer 
    
     les 
    
     morts. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     n'y 
    
     prêta 
    
     aucune 
    
     attention, 
    
     et 
    
     son 
    
     audace 
    
     augmentant 
    
     encore 
    
     après 
    
     tout 
    
     ceci, 
    
     il 
    
     fit 
    
     mettre 
    
     en 
    
     prison 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     et 
    
     lui 
    
     fit 
    
     endurer 
    
     le 
    
     martyre 
    
     de 
    
     la 
    
     faim 
    
     et 
    
     de 
    
     la 
    
     soif. 
    
     Il 
    
     lui 
    
     envoyait 
    
     dire 
    
     chaque 
    
     jour: 
    
     Déclare 
    
     que 
    
     je 
    
     suis 
    
     en 
    
     tous 
    
     droits 
    
     le 
    
     Prince 
    
     d'Antioche, 
    
     et 
    
     tu 
    
     seras 
    
     mis 
    
     en 
    
     liberté. 
    
     Le 
    
     Patriarche 
    
     n'y 
    
     consentit 
    
     jamais. 
    
     Il 
    
     ne 
    
     voulut 
    
     jamais 
    
     mentir 
    
     et 
    
     resta 
    
     en 
    
     prison 
    
     jusqu'à 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     y 
    
     mourut 
    
     de 
    
     faim 
    
     et 
    
     de 
    
     soif. 
    
     Après 
    
     quoi 
    
     il 
    
     y 
    
     eut 
    
     une 
    
     querelle 
    
     extrême 
    
     entre 
    
     le 
    
     Roi 
    
     et 
    
     le 
    
     Prince
   
    ».
  
 
    
     Le 
    
     continuateur 
    
     de 
    
     l'Histoire 
    
     de 
    
     Guillaume 
    
     de 
    
     Tyr 
    
     dit 
    
     (XXI. 
   
    3) 
    
     qu'on 
    
     donnait 
    
     un 
    
     peu 
    
     de 
    
     nourriture 
    
     au 
    
     Patriarche, 
    
     mais 
    
     pas 
    
     une 
    
     goutte 
    
     d'eau, 
    
     au 
    
     point 
    
     qu'il 
    
     fut 
    
     obligé 
    
     de 
    
     boire 
   
    l'
    
     huile 
    
     de 
    
     sa 
    
     lampe 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     en 
    
     mourut.
  
 
    
     Cette 
    
     triste 
    
     nouvelle 
    
     parvint 
    
     bientôt 
    
     à 
    
     la 
    
     cour 
    
     du 
    
     Pontife 
    
     de 
    
     Rome 
    
     et 
    
     y 
    
     fut 
    
     une 
    
     nouvelle 
    
     cause 
    
     d'alarme. 
    
     Plus 
    
     le 
    
     Pape 
    
     s'efforçait 
    
     d'activer 
    
     l'expédition 
    
     pour 
    
     hâter 
    
     la 
    
     délivrance 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     plus 
    
     les 
    
     troubles 
    
     d'Antioche 
    
     et 
    
     les 
    
     événements 
    
     qui 
    
     s'y 
    
     passaient 
    
     arrêtaient 
    
     son 
    
     zèle. 
    
     Il 
    
     écrivit 
    
     alors, 
    
     le 
   
    6 
    
     Février 
   
    1207, 
    
     au 
    
     Patriarche 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     comme 
    
     étant 
    
     Légat 
    
     de 
    
     la 
    
     Syrie, 
    
     de 
    
     faire 
    
     tout 
    
     ce 
    
     qui 
    
     lui 
    
     serait 
    
     possible 
    
     pour 
    
     mettre 
    
     fin 
    
     à 
    
     toutes 
    
     les 
    
     dissensions 
    
     qui 
    
     existaient 
    
     entre 
    
     Léon 
    
     (qu'il 
    
     appelle 
    
     son 
    
     très-cher 
    
     fils) 
    
     et 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     et 
    
     ses 
    
     partisans, 
    
     les 
    
     Templiers; 
    
     de 
    
     délivrer 
    
     d'abord 
    
     au 
    
     plus 
    
     vite 
    
     leur 
    
     frère, 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     d'Antioche, 
    
     et 
    
     que 
    
     si 
    
     le 
    
     Comte 
    
     se 
    
     refusait 
    
     à 
    
     le 
    
     faire 
    
     sortir 
    
     de 
    
     prison, 
    
     de 
    
     le 
    
     frapper 
    
     de 
    
     tous 
    
     les 
    
     anathèmes 
    
     de 
    
     l'Église, 
    
     puisque 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     qu'il 
    
     retenait 
    
     en 
    
     prison 
    
     l'avait 
    
     déjà 
    
     excommunié, 
    
     lui 
    
     et 
    
     tous 
    
     ceux 
    
     de 
    
     son 
    
     parti. 
    
     Le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     sans 
    
     égards 
    
     pour 
    
     rien, 
    
     sans 
    
     pitié, 
    
     sans 
    
     scrupules 
    
     de 
    
     conscience, 
    
     fut 
    
     plus 
    
     cruel 
    
     encore 
    
     pour 
    
     son 
    
     prisonnier. 
    
     Comme 
    
     il 
    
     l'avait 
    
     déjà 
    
     tenté 
    
     auparavant 
    
     pour 
    
     s'affranchir 
    
     de 
    
     la 
    
     suprématie 
    
     temporelle 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     il 
    
     reconnut 
    
     pour 
    
     seul 
    
     souverain 
    
     l'Empereur 
    
     de 
    
     Constantinople, 
    
     il 
    
     permit 
    
     maintenant 
    
     à 
    
     un 
    
     Patriarche 
    
     grec 
    
     de 
    
     venir 
    
     sièger 
    
     à 
    
     Antioche 
    
     plutôt 
    
     que 
    
     d'y 
    
     souffrir 
    
     son 
    
     coreligionnaire 
    
     latin. 
    
     Le 
    
     patriarche 
    
     grec 
    
     essaya 
    
     d'attirer 
    
     à 
    
     soi 
    
     quelques 
    
     Latins 
    
     et 
    
     excommunia 
    
     les 
    
     autres. 
    
     Sur 
    
     quoi, 
    
     le 
    
     Pape, 
    
     par 
    
     une 
    
     nouvelle 
    
     bulle 
    
     du 
   
    4 
    
     Mars 
   
    1208 
    
     envoyée 
    
     au 
    
     même 
    
     Légat, 
    
     ordonna 
    
     de 
    
     chasser 
    
     l'intrus 
    
     de 
    
     la 
    
     province 
    
     et 
    
     ceux 
    
     qui 
    
     se 
    
     seraient 
    
     unis 
    
     à 
    
     lui 
    
     et 
    
     ne 
    
     voudraient 
    
     point 
    
     s'en 
    
     séparer, 
    
     et 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli 
    
     avec 
    
     eux.
  
 
    
     Ainsi 
    
     les 
    
     deux 
    
     partis 
    
     se 
    
     servaient 
    
     des 
    
     armes 
    
     spirituelles 
    
     et 
    
     des 
    
     armes 
    
     temporelles 
    
     pour 
    
     se 
    
     combattre, 
    
     et 
    
     tandis 
    
     que 
    
     leur 
    
     guerre 
    
     se 
    
     prolongeait, 
    
     le 
    
     vertueux 
    
     patriarche 
    
     Pierre, 
    
     finissait 
    
     ses 
    
     jours 
    
     en 
    
     prison; 
    
     j'oserai 
    
     dire 
    
     en 
    
     martyr, 
    
     au 
    
     commencement 
    
     de 
    
     l'année 
   
    1208. 
    
     Il 
    
     voulut 
    
     rester 
    
     fidèle 
    
     aux 
    
     droits 
    
     de 
    
     la 
    
     justice.
  
 
    
     La 
    
     triste 
    
     nouvelle 
    
     de 
    
     la 
    
     mort 
    
     du 
    
     Patriarche 
    
     vint 
    
     aux 
    
     oreilles 
    
     du 
    
     Pape 
    
     qui 
    
     ne 
    
     put 
    
     s'empêcher 
    
     de 
    
     s'écrier, 
    
     n
   
    â
    
     vré 
    
     de 
    
     douleur, 
    
     dans 
    
     sa 
    
     bulle 
    
     du 
   
    12 
    
     Juin 
   
    1208: 
   
    «O 
    
     nobilis 
    
     Antiochia, 
    
     urbs 
    
     perfecte 
    
     decoris, 
    
     et 
    
     terræ 
    
     quasi 
    
     gaudium 
    
     univers
   
    æ, 
    
     quam 
    
     graviter 
    
     esse 
    
     cerneris 
    
     per 
    
     tam 
    
     grave 
    
     ignobilitata 
    
     flagitium, 
    
     quam 
    
     turpiter 
    
     per 
    
     tam 
    
     turpe 
    
     facinus 
    
     offuscata
   
    ! 
    
     Cui 
    
     comparabimus 
    
     te, 
    
     vel 
    
     cui 
    
     tuam 
    
     possumus 
    
     miseriam 
    
     adequare? 
    
     Omnis 
    
     gentis 
    
     enim 
    
     calumnia 
    
     in 
    
     medio 
    
     tui 
    
     est. 
    
     Que 
    
     cisterna 
    
     facit 
    
     frigidam 
    
     aquam 
    
     suam, 
    
     ita 
    
     militiam 
    
     tuam 
    
     frigidam 
    
     reddidisti
   
    ». 
    
     Ensuite, 
    
     ajoutant 
    
     d'autres 
    
     paroles 
    
     de 
    
     reproches 
    
     pour 
    
     le 
    
     Comte, 
    
     le 
    
     Pape 
    
     ordonne 
    
     à 
    
     son 
    
     Légat 
    
     d'aller 
    
     mettre 
    
     un 
    
     successeur 
    
     sur 
    
     le 
    
     siège 
    
     du 
    
     défunt.
  
 
    
     Le 
    
     Légat 
    
     se 
    
     rendit 
    
     donc 
    
     à 
    
     Antioche, 
    
     convoqua 
    
     le 
    
     clergé, 
    
     et 
    
     Pierre 
    
     II, 
    
     évêque 
    
     Yporiensis, 
    
     fut 
    
     élu 
    
     patriarche. 
    
     Le 
    
     Pape 
    
     confirma 
    
     sa 
    
     nomination 
    
     par 
    
     une 
    
     autre 
    
     bulle 
    
     du 
   
    5 
    
     Mars 
   
    1209, 
    
     dans 
    
     laquelle 
    
     il 
    
     ordonne 
    
     encore 
    
     à 
    
     son 
    
     Légat 
    
     d'essayer 
    
     de 
    
     mettre 
    
     la 
    
     paix 
    
     entre 
    
     Léon 
    
     et 
    
     le 
    
     Comte 
    
     et 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     ou 
    
     de 
    
     leur 
    
     faire 
    
     déposer 
    
     les 
    
     armes, 
    
     en 
    
     engageant 
    
     le 
    
     premier 
    
     à 
    
     rendre 
    
     aux 
    
     ordres 
    
     tout 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     leur 
    
     avait 
    
     pris 
    
     et 
    
     en 
    
     menaçant 
    
     les 
    
     autres 
    
     d'excommunication 
    
     s'ils 
    
     ne 
    
     voulaient 
    
     rester 
    
     tranquilles.
  
 
    
     Par 
    
     une 
    
     lettre 
    
     adressée 
    
     au 
    
     Comte 
    
     le 
   
    26 
    
     Mai 
   
    1209 
    
     le 
    
     Pape 
    
     menaçait 
    
     l'usurpateur 
    
     du 
    
     trône 
    
     d'Antioche 
    
     de 
    
     l'excommunier 
    
     s'il 
    
     n'acceptait 
    
     pas 
    
     le 
    
     nouveau 
    
     Patriarche 
    
     élu 
    
     et 
    
     ne 
    
     restituait 
    
     pas 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     volé 
    
     aux 
    
     églises 
    
     et 
    
     au 
    
     clergé.
  
 
    
     Dans 
    
     toutes 
    
     les 
    
     lettres 
    
     du 
    
     Pontife 
    
     de 
    
     Rome, 
    
     il 
    
     n'y 
    
     a 
    
     aucune 
    
     parole 
    
     de 
    
     menace 
    
     contre 
    
     Léon, 
    
     au 
    
     contraire 
    
     il 
    
     le 
    
     traite 
    
     de 
   
    «
     
      Illustris 
     
      Rex 
     
      Armeniæ
   
    ». 
    
     Quant 
    
     au 
    
     Comte, 
    
     il 
    
     se 
    
     contente 
    
     de 
    
     lui 
    
     donner 
    
     le 
    
     nom 
    
     de 
    
     fils. 
    
     Le 
    
     Pape 
    
     avait 
    
     écrit 
    
     à 
    
     celui-ci 
    
     de 
    
     restituer 
    
     au 
    
     Patriarche 
    
     le 
     
      Castrum 
     
      Cursarii, 
    
     qui 
    
     appartenait 
    
     au 
    
     trône 
    
     patriarcal, 
    
     et 
    
     comme 
    
     il 
    
     y 
    
     avait 
    
     des 
    
     Arméniens 
    
     et 
    
     des 
    
     Syriens 
    
     qui 
    
     habitaient 
    
     ce 
    
     Castrum, 
    
     il 
    
     leur 
    
     écrivit 
    
     à 
    
     chacun 
    
     séparément 
    
     et 
    
     sur 
    
     le 
    
     même 
    
     ton.
  
 
    
     De 
    
     toutes 
    
     ces 
    
     lettres, 
    
     la 
    
     plus 
    
     importante 
    
     est 
    
     celle 
    
     qu'Innocent 
    
     écrivit 
    
     à 
    
     Léon 
    
     le 
   
    12 
    
     Juin 
   
    1209. 
    
     C'est 
    
     une 
    
     de 
    
     ces 
    
     lettres 
    
     que 
    
     l'on 
    
     peut 
    
     dire 
    
     pleines 
    
     d'onction 
    
     et 
    
     du 
    
     plus 
    
     beau 
    
     style; 
    
     dans 
    
     laquelle, 
   
    l'
    
     affection 
    
     envers 
    
     celui 
    
     à 
    
     qui 
    
     il 
    
     écrit, 
    
     la 
    
     sagesse, 
   
    l'
    
     amour 
    
     de 
    
     la 
    
     justice 
    
     et 
    
     les 
    
     mesures 
    
     prises 
    
     pour 
    
     les 
    
     intérêts 
    
     publics 
    
     se 
    
     manifestent 
    
     avec 
    
     un 
    
     égal 
    
     éclat. 
    
     On 
    
     a 
    
     vu 
    
     qu'après 
    
     que 
    
     le 
    
     Comte 
    
     se 
    
     fût 
    
     emparé 
    
     d'Antioche 
    
     et 
    
     en 
    
     eût 
    
     chassé 
    
     Roupin, 
    
     Léon, 
    
     bien 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     fût 
    
     pas 
    
     entré 
    
     dans 
    
     la 
    
     ville 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     la 
    
     tînt 
    
     seulement 
    
     assiégée, 
    
     en 
    
     ravageait 
    
     les 
    
     alentours, 
    
     principalement 
    
     pendant 
    
     l'année 
   
    1209. 
    
     Notre 
    
     historien 
    
     dit 
    
     à 
    
     ce 
    
     sujet: 
   
    «
    
     Cette 
    
     année 
    
     le 
    
     Roi 
    
     souleva 
    
     une 
    
     grande 
    
     guerre 
    
     contre 
    
     les 
    
     Antiochiens, 
    
     il 
    
     ravageait 
    
     tous 
    
     les 
    
     alentours 
    
     de 
    
     leur 
    
     ville 
    
     et 
    
     les 
    
     villages. 
    
     Il 
    
     n'exterminait 
    
     pas 
    
     seulement 
    
     les 
    
     habitants, 
    
     il 
    
     détruisait 
    
     encore 
    
     les 
    
     vignes 
    
     et 
    
     les 
    
     arbres. 
    
     Il 
    
     continua 
    
     à 
    
     faire 
    
     de 
    
     la 
    
     sorte 
    
     pendant 
    
     plusieurs 
    
     années 
    
     consécutives. 
    
     Il 
    
     exigeait 
    
     de 
    
     par 
    
     ses 
    
     droits 
    
     et 
    
     par 
    
     la 
    
     guerre 
    
     le 
    
     patrimoine 
    
     du 
    
     jeune 
    
     Roupin. 
    
     Mais 
    
     il 
    
     ne 
    
     put 
    
     fléchir 
    
     le 
    
     Comte 
    
     Borgne, 
    
     alors 
    
     il 
    
     assiégea 
    
     et 
    
     serra 
    
     Antioche 
    
     cette 
    
     année 
    
     et 
    
     sans 
    
     relâche
   
    ». 
    
     En 
    
     même 
    
     temps, 
    
     Léon 
    
     adressait 
    
     au 
    
     Pape 
    
     des 
    
     plaintes 
    
     contre 
    
     le 
    
     Comte 
    
     et 
    
     ses 
    
     partisans 
    
     les 
    
     Templiers. 
    
     Innocent 
    
     répondit 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     qu'il 
    
     craignait 
    
     qu'Antioche, 
    
     cause 
    
     des 
    
     discordes 
    
     entre 
    
     lui 
    
     et 
    
     les 
    
     autres, 
    
     ne 
    
     vînt 
    
     à 
    
     être 
    
     prise 
    
     par 
    
     les 
    
     Sarrasins 
    
     au 
    
     plus 
    
     grand 
    
     détriment 
    
     des 
    
     Chrétiens: 
   
    «
    
     Toi, 
    
     dit-il, 
    
     que 
    
     l'Archevêque 
    
     de 
    
     Tarse 
    
     et 
    
     les 
    
     Chevaliers 
    
     Teutons 
    
     par 
    
     leurs 
    
     lettres 
    
     te 
    
     montrent 
    
     comme 
    
     agissant 
    
     en 
    
     toute 
    
     justice, 
    
     tu 
    
     veux 
    
     t'excuser 
    
     devant 
    
     moi 
    
     comme 
    
     étant 
    
     dans 
    
     ton 
    
     droit, 
    
     et 
    
     cependant 
    
     les 
    
     lois 
    
     ecclésiastiques 
    
     et 
    
     civiles 
    
     ne 
    
     te 
    
     considèrent 
    
     point 
    
     comme 
    
     tel. 
    
     Car 
    
     tant 
    
     que 
    
     le 
    
     Comte 
    
     détient 
    
     le 
    
     gouvernement 
    
     de 
    
     la 
    
     ville, 
    
     il 
    
     n'est 
    
     pas 
    
     juste 
    
     de 
    
     l'en 
    
     chasser 
    
     sans 
    
     jugement, 
    
     et 
    
     il 
    
     ne 
    
     t'est 
    
     pas 
    
     permis 
    
     de 
    
     faire 
    
     la 
    
     guerre 
    
     avec 
    
     les 
    
     armes 
    
     et 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     avec 
    
     les 
    
     droits. 
    
     Ce 
    
     n'est 
    
     pas 
    
     mon 
    
     jugement 
    
     personnel, 
    
     mon 
    
     très 
    
     cher 
    
     fils, 
    
     car 
    
     j'ai 
    
     entendu 
    
     celui 
    
     de 
    
     beaucoup 
    
     d'autres 
    
     personnes. 
    
     Le 
    
     Comte, 
    
     de 
    
     son 
    
     côté, 
    
     se 
    
     plaint 
    
     aussi 
    
     et 
    
     dit: 
    
     Pourquoi 
    
     Léon 
    
     n'est-il 
    
     pas 
    
     excommunié 
    
     puisqu'il 
    
     me 
    
     fait 
    
     sans 
    
     cesse 
    
     la 
    
     guerre, 
    
     lui 
    
     qui 
    
     se 
    
     montre 
    
     toujours 
    
     disposé 
    
     à 
    
     se 
    
     soumettre 
    
     à 
    
     la 
    
     sentence 
    
     d'un 
    
     jugement 
    
     et 
    
     de 
    
     la 
    
     justice? 
    
     J'ai 
    
     prié 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     remettre 
    
     la 
    
     citadelle 
    
     entre 
    
     les 
    
     mains 
    
     du 
    
     patriarche 
    
     Pierre 
    
     qui 
    
     est 
    
     un 
    
     homme 
    
     grave, 
    
     juste 
    
     et 
    
     impartial, 
    
     d'en 
    
     faire 
    
     tenir 
    
     la 
    
     garnison 
    
     par 
    
     les 
    
     chevaliers 
    
     de 
    
     l'Hôpital 
    
     et 
    
     ceux 
    
     du 
    
     Temple 
    
     et 
    
     de 
    
     faire 
    
     payer 
    
     leurs 
    
     traitements 
    
     par 
    
     les 
    
     deux 
    
     parties 
    
     diverses. 
    
     Jusqu'à 
    
     ce 
    
     que 
    
     sentence 
    
     soit 
    
     prononcée, 
    
     il 
    
     faut 
    
     que 
    
     tu 
    
     mettes 
    
     bas 
    
     les 
    
     armes, 
    
     et 
    
     pour 
    
     mettre 
    
     fin 
    
     aux 
    
     hostilités 
    
     des 
    
     Templiers 
    
     il 
    
     faut 
    
     que 
    
     tu 
    
     leur 
    
     rendes 
    
     la 
    
     forteresse 
    
     de 
    
     Gaston, 
    
     qu'ils 
    
     possédaient 
    
     depuis 
    
     longtemps, 
    
     depuis 
    
     l'époque 
    
     du 
    
     pontificat 
    
     du 
    
     Pape 
    
     Alexandre. 
    
     Si 
    
     cette 
    
     forteresse 
    
     ne 
    
     leur 
    
     est 
    
     pas 
    
     rendue, 
    
     ils 
    
     menacent 
    
     de 
    
     quitter 
    
     la 
    
     Terre-Sainte 
    
     où 
    
     ils 
    
     peuvent 
    
     rendre 
    
     des 
    
     services. 
    
     Tu 
    
     te 
    
     plains 
    
     qu'on 
    
     te 
    
     fasse 
    
     toujours 
    
     la 
    
     guerre, 
    
     mais 
    
     on 
    
     ne 
    
     te 
    
     la 
    
     fait 
    
     que 
    
     parce 
    
     que 
    
     tu 
    
     la 
    
     fais 
    
     toi-même; 
    
     car 
    
     les 
    
     armes 
    
     appellent 
    
     les 
    
     armes. 
    
     Les 
    
     Templiers 
    
     ne 
    
     font 
    
     que 
    
     défendre 
    
     Antioche 
    
     parce 
    
     qu'ils 
    
     ont 
    
     leurs 
    
     propriétés 
    
     dans 
    
     sa 
    
     province. 
    
     Tout 
    
     autre 
    
     est 
    
     la 
    
     guerre 
    
     qu'on 
    
     soutient 
    
     pour 
    
     se 
    
     défendre 
    
     et 
    
     celle 
    
     qu'on 
    
     entreprend 
    
     pour 
    
     attaquer. 
    
     Ne 
    
     crois 
    
     pas 
    
     que 
    
     je 
    
     vienne 
    
     te 
    
     dire 
    
     par 
    
     cela 
    
     innocent 
    
     le 
    
     Comte, 
    
     qui, 
    
     ingrat 
    
     envers 
    
     son 
    
     père 
    
     et 
    
     le 
    
     Patriarche, 
    
     s'est 
    
     montré 
    
     indigne 
    
     d'avoir 
    
     grâce, 
    
     ou 
    
     pour 
    
     disculper 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     qui 
    
     auraient 
    
     dû, 
    
     au 
    
     lieu 
    
     de 
    
     te 
    
     faire 
    
     la 
    
     guerre, 
    
     avoir 
    
     égard 
    
     à 
    
     la 
    
     sainteté 
    
     de 
    
     leur 
    
     ordre. 
    
     Or 
    
     donc, 
    
     à 
    
     cause 
    
     de 
    
     tout 
    
     ceci, 
    
     je 
    
     donne 
    
     ce 
    
     conseil 
    
     à 
    
     ta 
    
     Grandeur, 
    
     en 
    
     t'embrassant 
    
     affectueusement, 
    
     je 
    
     t'exhorte 
    
     en 
    
     Dieu, 
    
     d'accepter 
    
     volontiers 
    
     et 
    
     en 
    
     amour 
    
     de 
    
     la 
    
     foi, 
    
     tout 
    
     ce 
    
     que 
    
     nous 
    
     t'avons 
    
     dit, 
    
     et 
    
     de 
    
     cesser 
    
     la 
    
     guerre, 
    
     quand 
    
     bien 
    
     même 
    
     le 
    
     Comte 
    
     se 
    
     refuserait 
    
     à 
    
     faire 
    
     la 
    
     reddition 
    
     du 
    
     château 
    
     jusqu'à 
    
     la 
    
     fin 
    
     du 
    
     jugement, 
    
     pour 
   
    le
    
     quel 
    
     Dieu 
    
     veuille 
    
     nous 
    
     accorder 
    
     de 
    
     rencontrer 
    
     un 
    
     juge 
    
     capable 
    
     et 
    
     impartial; 
    
     auquel 
    
     nous 
    
     confions 
    
     de 
    
     soumettre 
    
     aux 
    
     châtiments 
    
     ecclésiastiques 
    
     tous 
    
     ceux 
    
     qui 
    
     ne 
    
     voudront 
    
     point 
    
     obéir, 
    
     et 
    
     de 
    
     les 
    
     y 
    
     contraindre 
    
     avec 
    
     l'aide 
    
     des 
    
     habitants 
    
     du 
    
     pays 
    
     et 
    
     des 
    
     étrangers
   
    ».
  
 
    
     Ce 
    
     juge 
    
     impartial 
    
     fut 
    
     bientôt 
    
     trouvé; 
    
     ce 
    
     fut 
    
     le 
    
     même 
    
     qui 
    
     était 
    
     venu 
    
     six 
    
     ans 
    
     auparavant 
    
     pour 
    
     remplir 
    
     la 
    
     même 
    
     mission: 
    
     Sicard, 
    
     l'archevêque 
    
     de 
    
     Crémone, 
    
     que 
    
     le 
    
     Pape 
    
     désignait 
    
     encore 
    
     par 
    
     un 
    
     nouveau 
    
     bref 
    
     du 
   
    20 
    
     Août 
   
    1210, 
    
     après 
    
     avoir 
    
     reçu 
    
     les 
    
     ambassadeurs 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     Héthoum-Elie, 
    
     l'ancien 
    
     Seigneur 
    
     de 
    
     Lambroun 
    
     et 
    
     maintenant 
    
     Abbé 
    
     de 
    
     S. 
    
     Maria-Trium-Arcium 
    
     (Trazargue), 
    
     Archibalde 
    
     l'officier, 
    
     et 
    
     Bavon, 
    
     le 
    
     secrétaire 
    
     du 
    
     Roi 
    
     pour 
    
     la 
    
     langue 
    
     latine. 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     mandé 
    
     au 
    
     Pape 
    
     ces 
    
     grands 
    
     personnages 
    
     pour 
    
     le 
    
     prier 
    
     de 
    
     protéger 
    
     les 
    
     droits 
    
     de 
    
     son 
    
     neveu, 
    
     et 
    
     pour 
    
     qu'ainsi 
    
     débarrassé 
    
     de 
    
     ce 
    
     souci, 
    
     il 
    
     puisse 
    
     tourner 
    
     ses 
    
     armes 
    
     contre 
    
     les 
    
     ennemis 
    
     des 
    
     Chrétiens. 
    
     Le 
    
     Pape 
    
     rappela 
    
     à 
    
     son 
    
     Nonce 
    
     tout 
    
     ce 
    
     que 
    
     les 
    
     ambassadeurs 
    
     de 
    
     Léon 
    
     lui 
    
     avaient 
    
     dit 
    
     à 
    
     ce 
    
     sujet, 
    
     et 
    
     lui 
    
     ordonna 
    
     de 
    
     prendre 
    
     avec 
    
     lui 
    
     deux 
    
     autres 
    
     personnes 
    
     sensées 
    
     et 
    
     justes 
    
     qui 
    
     seraient 
    
     choisies 
    
     par 
    
     les 
    
     deux 
    
     partis 
    
     en 
    
     contestation. 
    
     Il 
    
     lui 
    
     recommanda 
    
     de 
    
     prononcer 
    
     la 
    
     sentence 
    
     selon 
    
     l'appréciation 
    
     de 
    
     tous 
    
     les 
    
     trois 
    
     ou 
    
     de 
    
     deux 
    
     seulement 
    
     d'entre 
    
     eux. 
    
     Si 
    
     les 
    
     juges 
    
     n'arrivaient 
    
     pas 
    
     à 
    
     se 
    
     mettre 
    
     d'accord, 
    
     ils 
    
     devaient 
    
     appeler 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     de 
    
     Jérusalem 
    
     et 
    
     celui 
    
     d'Antioche 
    
     pour 
    
     mettre 
    
     fin 
    
     au 
    
     jugement 
    
     avec 
    
     eux 
    
     et 
    
     prononcer 
    
     une 
    
     sentence 
    
     irrévocable 
    
     et 
    
     exécutoire 
    
     sous 
    
     peine 
    
     d'anathème. 
    
     Si 
    
     quelqu'un 
    
     refusait 
    
     de 
    
     se 
    
     soumettre 
    
     à 
    
     leur 
    
     décision, 
    
     ils 
    
     devaient 
    
     l'y 
    
     contraindre 
    
     par 
    
     les 
    
     armes 
    
     des 
    
     habitants 
    
     du 
    
     pays 
    
     ou 
    
     des 
    
     étrangers. 
    
     Et 
    
     si 
    
     quelque 
    
     événement 
    
     imprévu 
    
     venait 
    
     à 
    
     arrêter 
    
     le 
    
     jugement, 
    
     ils 
    
     devaient 
    
     les 
    
     recommander 
    
     aux 
    
     deux 
    
     Patriarches 
    
     susdésignés.
  
 
    
     Le 
    
     Pape 
    
     se 
    
     souvenant 
    
     combien 
    
     les 
    
     Arméniens 
    
     avaient 
    
     souffert 
    
     par 
    
     l'anathème 
    
     lancé 
    
     contre 
    
     eux, 
    
     écrivit 
    
     le 
    
     même 
    
     jour, 
    
     le 
   
    20 
    
     Août 
   
    1210, 
    
     une 
    
     courte 
    
     lettre 
    
     au 
    
     Catholicos 
    
     et 
    
     à 
    
     tout 
    
     son 
    
     clergé 
    
     pour 
    
     lui 
    
     dire 
    
     que: 
   
    «
    
     Nullus 
    
     omnino 
    
     qui 
    
     ordinariam 
    
     vel 
    
     delegatam 
    
     jurisdictionem 
    
     in 
    
     eos 
    
     vel 
    
     vestros 
    
     subditos 
    
     non 
    
     habuerit, 
    
     sententiam 
    
     ferre 
    
     pr
   
    æ
    
     sumat
   
    ».
  
 
    
     L'ambassade 
    
     de 
    
     l'Evêque 
    
     de 
    
     Crémone, 
    
     comme 
    
     celle 
    
     des 
    
     quatre 
    
     Nonces 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     n'est 
    
     pas 
    
     mentionnée 
    
     dans 
    
     l'histoire. 
    
     Le 
    
     Pape 
    
     ne 
    
     cite 
    
     plus 
    
     le 
    
     nom 
    
     de 
   
    l'
    
     Evêque 
    
     de 
    
     Crémone 
    
     dans 
    
     les 
    
     lettres 
    
     qu'il 
    
     écrivit 
    
     ensuite. 
    
     Il 
    
     est 
    
     vrai 
    
     qu'au 
    
     moment 
    
     du 
    
     départ 
    
     de 
    
     cette 
    
     nouvelle 
    
     ambassade, 
    
     les 
    
     Arméniens 
    
     et 
    
     les 
    
     Antiochiens 
    
     se 
    
     livraient 
    
     une 
    
     guerre 
    
     acharnée. 
    
     Roupin 
    
     avec 
    
     son 
    
     titre 
    
     de 
    
     Prince 
    
     d'Antioche, 
    
     se 
    
     trouvait 
    
     à 
    
     la 
    
     Cour 
    
     de 
    
     Léon. 
    
     A 
    
     cette 
    
     époque, 
    
     pendant 
    
     le 
    
     mois 
    
     de 
    
     Septembre, 
    
     comme 
    
     maître 
    
     d'Antioche, 
    
     il 
    
     publiait 
    
     un 
    
     édit 
    
     qui 
    
     affirmait 
    
     les 
    
     anciennes 
    
     et 
    
     les 
    
     nouvelles 
    
     donations 
    
     aux 
    
     Chevaliers 
    
     de 
    
     l'Hôpital 
    
     et 
    
     Léon 
    
     contresignait 
    
     cet 
    
     édit. 
    
     A 
    
     cette 
    
     même 
    
     époque, 
    
     le 
   
    3 
    
     Août 
   
    1210, 
    
     le 
    
     Pape 
    
     déclarait 
    
     authentiques 
    
     les 
    
     dons 
    
     de 
    
     Léon 
    
     aux 
    
     mêmes 
    
     Chevaliers. 
    
     Un 
    
     peu 
    
     plus 
    
     tard, 
    
     vers 
    
     la 
    
     fin 
    
     de 
    
     l'année, 
    
     on 
    
     attendait 
    
     l'arrivée 
    
     du 
    
     nouveau 
    
     Nonce 
    
     ou 
    
     celle 
    
     du 
    
     Patriarche 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     en 
    
     Arménie 
    
     ou 
    
     à 
    
     Antioche, 
    
     et 
    
     l'on 
    
     peut 
    
     supposer 
    
     que 
    
     l'un 
    
     ou 
    
     l'autre 
    
     soit 
    
     venu, 
    
     mais 
    
     que 
    
     l'on 
    
     ne 
    
     put 
    
     rien 
    
     conclure 
    
     à 
    
     cause 
    
     de 
    
     la 
    
     ténacité 
    
     des 
    
     deux 
    
     partis 
    
     sur 
    
     la 
    
     valeur 
    
     de 
    
     leurs 
    
     droits, 
    
     ou 
    
     que 
    
     le 
    
     Comte 
    
     refusa 
    
     encore 
    
     cette 
    
     fois 
    
     de 
    
     se 
    
     soumettre 
    
     à 
    
     la 
    
     sentence 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     poussa 
    
     encore 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     sur 
    
     Léon. 
    
     Quoi 
    
     qu'ait 
    
     eu 
    
     lieu, 
    
     on 
    
     voit 
    
     clairement 
    
     combien 
    
     Léon 
    
     était 
    
     exaspéré 
    
     contre 
    
     ces 
    
     fiers 
    
     Chevaliers 
    
     et 
    
     combien 
    
     il 
    
     était 
    
     dépité 
    
     par 
    
     ces 
    
     inutiles 
    
     pourparlers 
    
     de 
    
     part 
    
     et 
    
     d'autre, 
    
     lui, 
    
     qui 
    
     croyait 
    
     que 
    
     toute 
    
     la 
    
     raison 
    
     était 
    
     de 
    
     son 
    
     côté 
    
     et 
    
     qui 
    
     voyait 
    
     qu'on 
    
     disculpait 
    
     le 
    
     Comte 
    
     plus 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     le 
    
     méritait, 
    
     aussi 
    
     bien 
    
     que 
    
     les 
    
     Templiers. 
    
     Ces 
    
     derniers, 
    
     comme 
    
     on 
    
     l'a 
    
     remarqué 
    
     précédemment, 
    
     étaient 
    
     regardés 
    
     comme 
    
     des 
    
     personnages 
    
     sacrés 
    
     et 
    
     grandement 
    
     utiles 
    
     par 
    
     les 
    
     services 
    
     qu'ils 
    
     pourraient 
    
     rendre 
    
     dans 
    
     la 
    
     guerre 
    
     contre 
    
     les 
    
     Sarrasins. 
    
     C'est 
    
     pourquoi 
    
     ils 
    
     trouvaient 
    
     toujours 
    
     quelqu'un 
    
     pour 
    
     excuser 
    
     leurs 
    
     fautes. 
    
     Aussi 
    
     Léon, 
    
     dégoûté 
    
     de 
    
     tous 
    
     ces 
    
     échanges 
    
     d'avis 
    
     prodigués 
    
     sans 
    
     résultat, 
    
     jugea 
    
     qu'il 
    
     valait 
    
     mieux 
    
     de 
    
     reprendre 
    
     les 
    
     hostilités, 
    
     les 
    
     armes 
    
     à 
    
     la 
    
     main, 
    
     et 
    
     revint 
    
     serrer 
    
     de 
    
     près 
    
     les 
    
     Chevaliers. 
    
     Les 
    
     doléances 
    
     de 
    
     ceux-ci 
    
     arrivèrent 
    
     bientôt 
    
     à 
    
     la 
    
     cour 
    
     du 
    
     Pape 
    
     qui 
    
     se 
    
     hâta 
    
     d'envoyer 
    
     son 
    
     Légat 
    
     de 
    
     Syrie, 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     pour 
    
     essayer 
    
     de 
    
     trouver 
    
     un 
    
     moyen 
    
     de 
    
     réconcilier 
    
     tout 
    
     le 
    
     monde. 
    
     Mais 
    
     Léon, 
    
     ne 
    
     voulut 
    
     ni 
    
     voir 
    
     les 
    
     envoyés 
    
     des 
    
     Chevaliers 
    
     à 
    
     leur 
    
     arrivée, 
    
     ni 
    
     les 
    
     entendre, 
    
     ni 
    
     leur 
    
     répondre. 
    
     Il 
    
     avait 
    
     donné 
    
     l'ordre 
    
     de 
    
     reprendre 
    
     les 
    
     propriétés 
    
     que 
    
     ces 
    
     Chevaliers 
    
     avaient 
    
     dans 
    
     son 
    
     pays 
    
     et 
    
     dans 
    
     celui 
    
     d'Antioche, 
    
     entre 
    
     autres 
    
     le 
    
     port 
    
     de 
    
     Bonel 
    
     dont 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     tiraient 
    
     de 
    
     grands 
    
     bénéfices. 
    
     Léon 
    
     mit 
    
     une 
    
     garnison 
    
     dans 
    
     leurs 
    
     possessions 
    
     et 
    
     ne 
    
     permit 
    
     à 
    
     personne 
    
     ni 
    
     d'entrer 
    
     ni 
    
     de 
    
     sortir. 
    
     Le 
    
     Patriarche 
    
     pria 
    
     Léon 
    
     de 
    
     lever 
    
     l'interdit 
    
     du 
    
     libre 
    
     passage 
    
     dans 
    
     ces 
    
     endroits, 
    
     mais 
    
     celui-ci 
    
     n'écouta 
    
     point 
    
     sa 
    
     demande. 
    
     C'est 
    
     alors 
    
     que 
    
     le 
    
     Patriarche, 
    
     selon 
    
     l'autorité 
    
     que 
    
     lui 
    
     avait 
    
     conférée 
    
     le 
    
     Pape, 
    
     se 
    
     mit 
    
     à 
    
     menacer 
    
     Léon 
    
     de 
    
     l'anathématiser 
    
     selon 
    
     les 
    
     canons 
    
     de 
    
     l'Église. 
    
     Il 
    
     lui 
    
     donna 
    
     un 
    
     délai 
    
     de 
    
     quelques 
    
     jours 
    
     pour 
    
     faire 
    
     acte 
    
     de 
    
     soumission. 
    
     Le 
    
     délai 
    
     s'étant 
    
     écoulé 
    
     sans 
    
     avoir 
    
     changé 
    
     la 
    
     détermination 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     lança 
    
     l'anathème 
    
     et 
    
     fit 
    
     proclamer 
    
     dans 
    
     toute 
    
     la 
    
     ville 
    
     de 
    
     Jérusalem 
    
     que 
    
     celui 
    
     qui 
    
     s'aviserait 
    
     de 
    
     s'allier 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     le 
    
     roi 
    
     d'Arménie, 
    
     contre 
    
     les 
    
     Templiers, 
    
     serait 
    
     excommunié.
  
 
    
     Personne 
    
     ne 
    
     vint 
    
     en 
    
     aide 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     mais 
    
     personne 
    
     non 
    
     plus 
    
     ne 
    
     lui 
    
     fit 
    
     opposition. 
    
     Alors 
    
     il 
    
     n'en 
    
     fut 
    
     que 
    
     plus 
    
     acharné 
    
     contre 
    
     les 
    
     Chevaliers; 
    
     il 
    
     s'empara 
    
     de 
    
     toutes 
    
     leurs 
    
     possessions 
    
     et 
    
     de 
    
     tous 
    
     leurs 
    
     revenus. 
   
    Il 
    
     n'y 
    
     eut 
    
     que 
    
     deux 
    
     châteaux-forts 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     parvint 
    
     pas 
    
     à 
    
     occuper. 
    
     Ensuite, 
    
     il 
    
     envahit 
    
     la 
    
     province 
    
     d'Antioche 
    
     et 
    
     ravagea 
    
     toutes 
    
     leurs 
    
     terres 
    
     et 
    
     détruisit 
    
     toutes 
    
     leurs 
    
     récoltes. 
    
     Quelques 
    
     Templiers 
    
     en 
    
     se 
    
     retirant 
    
     dans 
    
     leurs 
    
     forteresses, 
    
     furent 
    
     surpris 
    
     par 
    
     des 
    
     Arméniens 
    
     embusqués 
    
     dans 
    
     un 
    
     défilé 
    
     qui 
    
     leur 
    
     tuèrent 
    
     un 
    
     d'entre 
    
     eux 
    
     et 
    
     leur 
    
     en 
    
     blessèrent 
    
     d'autres, 
    
     parmi 
    
     lesquels 
    
     leur 
    
     Grand-Maître. 
    
     Quand 
    
     le 
    
     Pape 
    
     eut 
    
     appris 
    
     ces 
    
     év
   
    è
    
     nements, 
    
     il 
    
     crut 
    
     devoir 
    
     intervenir. 
    
     Il 
    
     écrivit 
    
     aussitôt, 
    
     le 
   
    18 
    
     Mai 
   
    1211, 
    
     à 
    
     son 
    
     Légat, 
    
     le 
    
     Patriarche, 
    
     de 
    
     recommander 
    
     aux 
    
     évêques 
    
     de 
    
     Syrie, 
    
     et 
    
     même 
    
     au 
    
     Catholicos 
    
     des 
    
     Arméniens 
    
     de 
    
     proclamer 
    
     dans 
    
     leurs 
    
     diocèses 
    
     l'excommunication 
    
     dont 
    
     était 
    
     frappé 
    
     Léon, 
    
     et 
    
     de 
    
     dire 
    
     à 
    
     Jean, 
    
     roi 
    
     de 
    
     Jérusalem 
    
     et 
    
     aux 
    
     autres 
    
     princes 
    
     de 
    
     faire 
    
     ce 
    
     qu'ils 
    
     pourraient 
    
     pour 
    
     arracher 
    
     des 
    
     mains 
    
     de 
    
     Léon 
    
     les 
    
     revenus 
    
     des 
    
     Templiers, 
    
     ou 
    
     de 
    
     fournir 
    
     eux-mêmes 
    
     à 
    
     ceux-ci 
    
     leurs 
    
     traitements. 
    
     D'après 
    
     Eracles 
    
     (XXXI, 
   
    7), 
    
     Jean, 
    
     roi 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     envoya 
    
     en 
    
     aide 
    
     aux 
    
     Templiers 
    
     cinquante 
    
     cavaliers 
    
     sous 
    
     le 
    
     commandement 
    
     de 
    
     Geoffroy 
    
     de 
    
     Caffran 
    
     et 
    
     d'Amion 
    
     d'Ays 
    
     et 
    
     que 
    
     Léon, 
    
     les 
    
     ayant 
    
     vus 
    
     venir, 
    
     cessa 
    
     de 
    
     combattre 
    
     et 
    
     s'éloigna 
    
     de 
    
     la 
    
     citadelle.
  
 
    
     Que 
    
     l'arrivée 
    
     de 
    
     ces 
    
     cavaliers 
    
     eût 
    
     eu 
    
     lieu 
    
     en 
    
     réalité, 
    
     ce 
    
     ne 
    
     fut 
    
     dans 
    
     tous 
    
     les 
    
     cas 
    
     qu'un 
    
     certain 
    
     temps 
    
     après 
    
     et 
    
     non 
    
     à 
    
     ce 
    
     moment-là. 
    
     C'est-à-dire, 
    
     qu'ils 
    
     ne 
    
     vinrent 
    
     que 
    
     lorsque 
    
     Léon 
    
     tentait 
    
     déjà 
    
     de 
    
     se 
    
     réconcilier 
    
     avec 
    
     le 
    
     Pape 
    
     qui, 
    
     au 
    
     contraire, 
    
     voyant 
    
     que 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     chassé 
    
     de 
    
     son 
    
     propre 
    
     pays 
    
     avec 
    
     les 
    
     Chevaliers 
    
     leurs 
    
     partisans 
    
     et 
    
     les 
    
     Latins, 
    
     et 
    
     craignant 
    
     que 
    
     dans 
    
     sa 
    
     colère 
    
     il 
    
     ne 
    
     s'en 
    
     prît 
    
     aussi 
    
     au 
    
     clergé 
    
     d'Antioche 
    
     et 
    
     le 
    
     chassât 
    
     de 
    
     cette 
    
     ville, 
    
     prévoyant 
    
     encore 
    
     que 
    
     sa 
    
     séparation 
    
     d'avec 
    
     les 
    
     Latins 
    
     donnerait 
    
     occasion 
    
     aux 
    
     voisins 
    
     d'Antioche, 
    
     au 
    
     Sultan 
    
     d'Alep, 
    
     Mélik 
    
     Daher, 
    
     fils 
    
     de 
    
     Saladin, 
    
     de 
    
     s'emparer 
    
     de 
    
     cette 
    
     cité, 
   
    — 
    
     écrivit 
    
     au 
    
     Sultan: 
   
    «
    
     Bien 
    
     que 
    
     tu 
    
     ne 
    
     sois 
    
     pas 
    
     chrétien, 
    
     cependant 
    
     tu 
    
     entoures 
    
     les 
    
     Chrétiens 
    
     de 
    
     ta 
    
     sollicitude, 
    
     tu 
    
     auras 
    
     donc 
    
     des 
    
     égards 
    
     pour 
    
     les 
    
     Antiochiens 
    
     et 
    
     tu 
    
     ne 
    
     les 
    
     tourmenteras 
    
     point
   
    ».
  
 
   
    Ce 
   
    que 
   
    Innocent 
   
    avait 
   
    appréhendé, 
   
    eut 
   
    lieu 
   
    en 
   
    effet. 
   
    Léon, 
   
    qui 
   
    mit 
   
    le 
   
    frein 
   
    à 
   
    l'arrogance 
   
    des 
   
    Templiers 
   
    et 
   
    sut 
   
    dompter 
   
    leur 
   
    mutinerie, 
   
    trouva 
   
    le 
   
    chemin 
   
    ouvert 
   
    pour 
   
    s'emparer 
   
    d'Antioche. 
   
    Bien 
   
    qu'il 
   
    se 
   
    fût 
   
    engagé 
   
    par 
   
    traité 
   
    et 
   
    juré 
   
    au 
   
    Patriarche 
   
    de 
   
    mettre 
   
    bas 
   
    les 
   
    armes, 
   
    il 
   
    se 
   
    considéra 
   
    comme 
   
    libéré 
   
    de 
   
    tout 
   
    par 
   
    les 
   
    événements 
   
    qui 
   
    venaient 
   
    de 
   
    s'accomplir. 
   
    D'ailleurs, 
   
    Léon 
   
    se 
   
    crut 
   
    quitte 
   
    de 
   
    son 
   
    serment 
   
    et 
   
    il 
   
    crut 
   
    pouvoir, 
   
    soit 
   
    par 
   
    la 
   
    ruse, 
   
    soit 
   
    par 
   
    l'intermédiaire 
   
    d'autres, 
   
    s'emparer 
   
    de 
   
    cette 
   
    ville 
   
    qui 
   
    fut 
   
    cause 
   
    de 
   
    tant 
   
    de 
   
    catastrophes. 
   
    Dans 
   
    tous 
   
    les 
   
    cas, 
   
    il 
   
    ne 
   
    voulut 
   
    pas 
   
    s'y 
   
    montrer, 
   
    car 
   
    il 
   
    voulut 
   
    sauver 
   
    les 
   
    apparences.
  
 
    
     La 
    
     lettre 
    
     de 
    
     réprimandes 
    
     d'Innocent 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     donnée 
    
     le 
   
    22 
    
     Février 
    
     de 
    
     la 
    
     seizième 
    
     année 
    
     de 
    
     son 
    
     pontificat, 
    
     nous 
    
     apprend 
    
     comment 
    
     Léon 
    
     s'empara 
    
     d'Antioche. 
    
     D'après 
    
     cette 
    
     lettre, 
    
     il 
    
     n'était 
    
     pas 
    
     allé 
    
     s'en 
    
     rendre 
    
     maître 
    
     en 
    
     personne, 
    
     il 
    
     y 
    
     avait 
    
     envoyé 
    
     une 
    
     nombreuse 
    
     armée 
    
     et 
    
     Roupin 
    
     avec 
    
     elle; 
    
     cette 
    
     armée 
    
     devait 
    
     placer 
    
     celui-ci 
    
     sur 
    
     le 
    
     trône. 
    
     Elle 
    
     ne 
    
     causa 
    
     pas 
    
     moins 
    
     de 
    
     dommages 
    
     aux 
    
     habitants 
    
     ordinaires 
    
     qu'aux 
    
     ecclésiastiques 
    
     d'Antioche, 
    
     car 
    
     elle 
    
     leur 
    
     emporta 
    
     leurs 
    
     biens, 
    
     et, 
    
     comme 
    
     butin, 
    
     une 
    
     somme 
    
     de 
    
     plus 
    
     de 
    
     cent 
    
     mille 
    
     besants 
    
     d'or 
    
     (plus 
    
     d'un 
    
     million 
    
     de 
    
     francs). 
    
     On 
    
     ne 
    
     dit 
    
     pas 
    
     où 
    
     se 
    
     trouvait 
    
     alors 
    
     le 
    
     Comte, 
    
     surnommé 
    
     Bohémond 
    
     IV, 
    
     ni 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     fit 
    
     en 
    
     ces 
    
     circonstances. 
    
     Innocent 
    
     dans 
    
     sa 
    
     lettre, 
    
     reprochait 
    
     à 
    
     Léon 
    
     d'avoir 
    
     violé 
    
     le 
    
     traité 
    
     conclu, 
    
     avant 
    
     que 
    
     le 
    
     délai 
    
     convenu 
    
     ne 
    
     fût 
    
     expiré; 
    
     il 
    
     lui 
    
     reprochait 
    
     d'avoir 
    
     chassé 
    
     le 
    
     nouvel 
    
     archevêque 
    
     de 
    
     Tarse 
    
     et 
    
     d'avoir 
    
     distribué 
    
     les 
    
     revenus 
    
     de 
    
     ce 
    
     prélat 
    
     à 
    
     ses 
    
     soldats, 
    
     de 
    
     n'avoir 
    
     point 
    
     tenu 
    
     compte 
    
     de 
    
     l'anathème 
    
     dont 
    
     il 
    
     avait 
    
     été 
    
     frappé 
    
     pour 
    
     s'être 
    
     emparé 
    
     des 
    
     propriétés 
    
     et 
    
     des 
    
     revenus 
    
     des 
    
     Templiers. 
    
     Il 
    
     lui 
    
     conseillait 
    
     ensuite, 
    
     il 
    
     le 
    
     priait, 
    
     il 
    
     le 
    
     conjurait 
    
     de 
    
     sortir 
    
     de 
    
     cette 
    
     voie, 
    
     de 
    
     rendre 
    
     à 
    
     ces 
    
     derniers 
    
     leurs 
    
     biens, 
    
     comme 
    
     les 
    
     siens 
    
     au 
    
     Patriarche 
    
     d'Antioche. 
    
     Il 
    
     l'avertissait 
    
     que 
    
     si 
    
     cette 
    
     fois, 
    
     il 
    
     résistait 
    
     encore, 
    
     il 
    
     avait 
    
     donné 
    
     l'ordre 
    
     au 
    
     Patriarche 
    
     de 
    
     Jérusalem 
    
     et 
    
     à 
    
     l'Archevêque 
    
     de 
    
     Tyr 
    
     d'excommunier 
    
     doublement 
    
     lui, 
    
     Roupin 
    
     et 
    
     les 
    
     principaux 
    
     de 
    
     ses 
    
     conseillers. 
    
     Le 
    
     Pape 
    
     avait 
    
     écrit 
    
     également 
    
     au 
    
     Roi 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     à 
    
     celui 
    
     de 
    
     Chypre 
    
     et 
    
     aux 
    
     autres 
    
     barons 
    
     de 
    
     fuir 
    
     Léon 
    
     et 
    
     de 
    
     chercher 
    
     le 
    
     moyen 
    
     de 
    
     faire 
    
     rentrer 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     dans 
    
     leurs 
    
     biens.
  
 
    
     Pendant 
    
     que 
    
     Léon 
    
     était 
    
     en 
    
     dissension 
    
     avec 
    
     les 
    
     Latins, 
    
     il 
    
     paraît 
    
     qu'il 
    
     aurait 
    
     défendu 
    
     formellement 
    
     à 
    
     tout 
    
     étranger 
    
     de 
    
     sortir 
    
     de 
    
     ses 
    
     Etats 
    
     ou 
    
     d'y 
    
     rentrer 
    
     sans 
    
     une 
    
     autorisation 
    
     délivrée 
    
     par 
    
     lui-même. 
    
     C'est 
    
     du 
    
     moins 
    
     ce 
    
     que 
    
     nous 
    
     rapporte 
    
     le 
    
     chanoine 
    
     Willebrand 
    
     qui 
    
     fut 
    
     l'hôte 
    
     de 
    
     Léon 
    
     à 
    
     cette 
    
     époque, 
    
     c'est-à-dire 
    
     de 
   
    1211 
    
     à 
   
    1212.
  
 
    
     Il 
    
     demeure 
    
     évident, 
    
     par 
    
     les 
    
     premières 
    
     lettres 
    
     que 
    
     le 
    
     Pape 
    
     envoya 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     qu'Innocent 
    
     avait 
    
     une 
    
     affection 
    
     réelle 
    
     pour 
    
     notre 
    
     roi, 
    
     à 
    
     cause 
    
     de 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     s'était 
    
     uni 
    
     à 
    
     son 
    
     Église 
    
     et 
    
     à 
    
     cause 
    
     aussi 
    
     de 
    
     l'aide 
    
     qu'il 
    
     comptait 
    
     qu'il 
    
     apporterait 
    
     aux 
    
     Croisés. 
    
     Il 
    
     est 
    
     donc 
    
     certain 
    
     que 
    
     le 
    
     Pape 
    
     avait 
    
     eu 
    
     la 
    
     main 
    
     forcée 
    
     lorsqu'il 
    
     lui 
    
     avait 
    
     écrit 
    
     ce 
    
     que 
    
     nous 
    
     avons 
    
     vu 
    
     en 
    
     dernier 
    
     lieu 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     n'avait 
    
     pas 
    
     fait 
    
     cela 
    
     de 
    
     son 
    
     plein 
    
     gré. 
    
     Le 
    
     commencement 
    
     de 
    
     sa 
    
     lettre 
    
     nous 
    
     l'indique 
    
     clairement, 
    
     il 
    
     y 
    
     dit: 
   
    «
    
     Invite 
    
     ac 
    
     dolenter 
    
     tibi 
    
     negamus 
    
     apostolic
   
    æ 
    
     salutationis 
    
     et 
    
     benedictionis 
    
     alloquiam
   
    ». 
    
     Cependant 
    
     cinq 
    
     jours 
    
     après, 
    
     le 
   
    27 
    
     Mars 
   
    1213, 
    
     le 
    
     Pape, 
    
     en 
    
     légalisant 
    
     la 
    
     donation 
    
     par 
    
     Léon 
    
     aux 
    
     Chevaliers 
    
     Teutons 
    
     de 
    
     la 
    
     forteresse 
    
     d'Amouda, 
    
     s'exprime 
    
     ainsi 
    
     vis-à-vis 
    
     de 
    
     Léon 
    
     dans 
    
     sa 
    
     lettre: 
   
    «
    
     Carissimo 
    
     filio 
    
     nostro 
    
     in 
    
     Christo. 
    
     Leoni 
    
     illustri 
    
     Rege 
    
     Armenie 
    
     pia 
    
     liberalitate 
    
     collata, 
    
     etc
   
    ». 
    
     L'affection 
    
     réciproque 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     du 
    
     Pape 
    
     et 
    
     leur 
    
     respect 
    
     l'un 
    
     envers 
    
     l'autre 
    
     étaient 
    
     sincères. 
    
     Non 
    
     seulement 
    
     Léon 
    
     reconnaissait 
    
     la 
    
     haute 
    
     supériorité 
    
     de 
    
     rang 
    
     d'Innocent, 
    
     mais 
    
     il 
    
     admirait 
    
     les 
    
     qualités 
    
     de 
    
     son 
    
     cœur 
    
     et 
    
     de 
    
     son 
    
     esprit 
    
     et 
    
     ses 
    
     vertus. 
    
     Bien 
    
     qu'avant 
    
     de 
    
     recevoir 
    
     la 
    
     lettre 
    
     du 
    
     Pontife 
    
     Romain, 
    
     il 
    
     était 
    
     considéré 
    
     comme 
    
     excommunié, 
    
     il 
    
     ne 
    
     tarda 
    
     pas 
    
     à 
    
     effacer 
    
     les 
    
     effets 
    
     de 
    
     cet 
    
     anathème, 
    
     par 
    
     respect 
    
     pour 
    
     la 
    
     haute 
    
     intelligence 
    
     d'Innocent, 
    
     dont 
    
     il 
    
     se 
    
     regardait 
    
     comme 
    
     le 
    
     nouveau 
    
     fils. 
    
     On 
    
     prétend 
    
     que 
    
     Léon 
    
     écrivit 
    
     aussi 
    
     des 
    
     lettres 
    
     de 
    
     regret 
    
     au 
    
     Patriarche 
    
     de 
    
     Jérusalem 
    
     et 
    
     que 
    
     celui-ci 
    
     en 
    
     lit 
    
     part 
    
     au 
    
     Pape 
    
     en 
    
     l'assurant 
    
     de 
    
     sa 
    
     bonne 
    
     volonté 
    
     et 
    
     du 
    
     repentir 
    
     du 
    
     Roi, 
    
     et 
    
     que 
    
     le 
    
     Pape 
    
     écrivit 
    
     à 
    
     son 
    
     tour 
    
     au 
    
     Patriarche, 
    
     la 
    
     même 
    
     année 
   
    1213,
   
    — 
    
     la 
    
     lettre 
    
     ne 
    
     porte 
    
     pas 
    
     la 
    
     date 
    
     du 
    
     mois,
   
    — 
    
     de 
    
     délivrer 
    
     Léon 
    
     des 
    
     censures 
    
     de 
    
     l'Église, 
    
     après 
    
     que 
    
     celui-ci 
    
     eût 
    
     fait 
    
     la 
    
     promesse 
    
     de 
    
     se 
    
     réconcilier 
    
     avec 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     d'Antioche 
    
     et 
    
     les 
    
     Templiers. 
    
     En 
    
     effet, 
    
     ce 
    
     Patriarche 
    
     et 
    
     le 
    
     Roi 
    
     reprirent 
    
     leurs 
    
     bons 
    
     rapports.
  
 
   
    Toutefois 
   
    on 
   
    laissa 
   
    en 
   
    suspens 
   
    la 
   
    question 
   
    de 
   
    la 
   
    principauté 
   
    de 
   
    Roupin. 
   
    On 
   
    se 
   
    borna 
   
    à 
   
    réfuter 
   
    les 
   
    allégations 
   
    du 
   
    Comte 
   
    de 
   
    Tripoli 
   
    et 
   
    montrer 
   
    la 
   
    fausseté 
   
    de 
   
    ses 
   
    prétentions. 
   
    Le 
   
    Comte 
   
    avait 
   
    été 
   
    appelé 
   
    par 
   
    le 
   
    Patriarche 
   
    pour 
   
    être 
   
    entendu 
   
    avec 
   
    Roupin. 
   
    Il 
   
    prétendit 
   
    que 
   
    non 
   
    seulement 
   
    il 
   
    était 
   
    vassal 
   
    de 
   
    l'Empereur 
   
    d'Orient 
   
    et 
   
    qu'ainsi 
   
    personne 
   
    autre 
   
    que 
   
    l'Empereur 
   
    n'avait 
   
    le 
   
    droit 
   
    de 
   
    le 
   
    juger, 
   
    mais 
   
    encore 
   
    que 
   
    l'Empereur 
   
    avait 
   
    écrit 
   
    au 
   
    Pape 
   
    de 
   
    ne 
   
    plus 
   
    le 
   
    frapper, 
   
    lui 
   
    le 
   
    Comte, 
   
    des 
   
    anathèmes 
   
    de 
   
    l'Église. 
   
    Le 
   
    Pape 
   
    prouva 
   
    que 
   
    tout 
   
    ce 
   
    que 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    alléguait 
   
    pour 
   
    se 
   
    disculper 
   
    était 
   
    sans 
   
    fondement 
   
    et 
   
    que 
   
    tous 
   
    les 
   
    crimes 
   
    dont 
   
    il 
   
    s'était 
   
    rendu 
   
    coupable 
   
    jusqu'alors 
   
    lui 
   
    méritaient 
   
    de 
   
    ne 
   
    plus 
   
    être 
   
    écouté.
  
 
    
     On 
    
     ne 
    
     sait 
    
     pas, 
    
     toutefois, 
    
     ce 
    
     qui 
    
     fut 
    
     décidé 
    
     à 
    
     propos 
    
     de 
    
     cette 
    
     interminable 
    
     question; 
    
     car 
    
     la 
    
     fin 
    
     de 
    
     la 
    
     lettre 
    
     pontificale, 
    
     qui 
    
     aurait 
    
     pu 
    
     nous 
    
     l'apprendre, 
    
     nous 
    
     manque 
    
     malheureusement, 
    
     soit 
    
     qu'elle 
    
     a
   
    î
    
     t 
    
     été 
    
     omise 
    
     dans 
    
     la 
    
     publication, 
    
     soit 
    
     qu'elle 
    
     manquât 
    
     dans 
    
     les 
    
     Archives. 
    
     Il 
    
     paraît 
    
     seulement 
    
     que 
    
     Léon, 
    
     par 
    
     déférence 
    
     pour 
    
     Innocent, 
    
     se 
    
     retira 
    
     généreusement 
    
     de 
    
     la 
    
     question, 
    
     laissant 
    
     aux 
    
     autres 
    
     le 
    
     soin 
    
     de 
    
     faire 
    
     valoir 
    
     leurs 
    
     droits. 
    
     Une 
    
     lettre 
    
     du 
    
     Pape 
    
     au 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     remise 
    
     le 
   
    28 
    
     Janvier 
   
    1213 
    
     pour 
    
     l'Abbé 
    
     du 
    
     Couvent 
    
     de 
    
     S. 
    
     Paul 
    
     à 
    
     Antioche, 
    
     fait 
    
     voir 
    
     que 
    
     le 
    
     Comte 
    
     se 
    
     trouvait 
    
     alors 
    
     dans 
    
     cette 
    
     ville. 
    
     En 
    
     revanche, 
    
     deux 
    
     ans 
    
     après, 
    
     pendant 
    
     le 
    
     mois 
    
     de 
    
     Mars 
   
    1215, 
    
     c'est 
    
     Léon 
    
     qui 
    
     est 
    
     à 
    
     Antioche 
    
     en 
    
     qualité 
    
     de 
    
     témoin 
    
     pour 
    
     les 
    
     édits 
    
     que 
    
     Roupin 
    
     donne 
    
     comme 
    
     prince 
    
     d'Antioche, 
    
     aux 
    
     Chevaliers 
    
     de 
    
     l'Hôpital. 
    
     Dans 
    
     ces 
    
     écrits 
    
     bien 
    
     que 
    
     le 
    
     nom 
    
     de 
    
     la 
    
     ville 
    
     où 
    
     il 
    
     a 
    
     été 
    
     donné 
    
     ne 
    
     soit 
    
     pas 
    
     indiqué, 
    
     on 
    
     trouve 
    
     cités 
    
     comme 
    
     témoins 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     et 
    
     les 
    
     Barons 
    
     d'Antioche. 
    
     Il 
    
     est 
    
     encore 
    
     plus 
    
     évident 
    
     que 
    
     pendant 
    
     la 
    
     même 
    
     année 
   
    1215 
   
    — 
    
     cette 
    
     lettre 
    
     encore 
    
     ne 
    
     porte 
    
     pas 
    
     la 
    
     date 
    
     du 
    
     mois, 
   
    — 
    
     Innocent 
    
     adressa 
    
     une 
    
     lettre 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     qu'une 
    
     autre 
    
     au 
    
     roi 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     pour 
    
     les 
    
     prier 
    
     d'envoyer 
    
     des 
    
     vaisseaux 
    
     au 
    
     secours 
    
     du 
    
     Patriarche 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     son 
    
     Légat. 
    
     Bien 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     nous 
    
     soit 
    
     resté 
    
     que 
   
    l'
    
     en-tête 
    
     de 
    
     cette 
    
     lettre 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     cela 
    
     nous 
    
     suffit 
    
     pour 
    
     nous 
    
     faire 
    
     entrevoir 
    
     que 
    
     l'accord 
    
     et 
    
     l'amitié 
    
     s'étaient 
    
     rétablis 
    
     entre 
    
     celui 
    
     qui 
    
     écrivait 
    
     et 
    
     celui 
    
     à 
    
     qui 
    
     il 
    
     écrivait.
  
 
    
     Or 
    
     donc, 
    
     fut-ce 
    
     en 
   
    1213 
    
     ou 
    
     en 
   
    1215, 
    
     le 
    
     Comte 
    
     s'était 
    
     emparé 
    
     d'Antioche; 
    
     toutefois, 
    
     au 
    
     commencement 
    
     de 
    
     l'année 
    
     suivante, 
    
     en 
   
    1216 
    
     et 
    
     pour 
    
     la 
    
     dernière 
    
     fois, 
    
     «En 
    
     le 
    
     mois 
    
     de 
    
     Février, 
    
     le 
   
    14 
    
     de 
    
     ce 
    
     mois, 
    
     à 
    
     la 
    
     fête 
    
     de 
    
     la 
    
     Présentation 
    
     de 
    
     la 
    
     S.
     
      te 
    
     Vierge, 
    
     le 
    
     roi 
    
     Léon 
    
     s'empara 
    
     d'Antioche, 
    
     par 
    
     son 
    
     adresse 
    
     et 
    
     par 
    
     son 
    
     habileté. 
    
     Car, 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     put 
    
     obtenir 
    
     auparavant 
    
     par 
    
     de 
    
     grands 
    
     combats, 
    
     il 
    
     l'obtint 
    
     ensuite 
    
     par 
    
     les 
    
     grands 
    
     présents 
    
     et 
    
     les 
    
     promesses 
    
     qu'il 
    
     fit 
    
     à 
    
     quelques-uns 
    
     des 
    
     princes 
    
     qui 
    
     lui 
    
     ouvrirent 
    
     les 
    
     portes 
    
     de 
    
     la 
    
     ville 
    
     pendant 
    
     la 
    
     nuit. 
    
     Léon 
    
     y 
    
     entra 
    
     avec 
    
     une 
    
     nombreuse 
    
     armée, 
    
     garda 
    
     les 
    
     portes 
    
     et 
    
     toutes 
    
     les 
    
     tourelles 
    
     qui 
    
     cernaient 
    
     les 
    
     bastions, 
    
     remplit 
    
     les 
    
     rues 
    
     de 
    
     la 
    
     ville 
    
     d'une 
    
     grande 
    
     foule 
    
     de 
    
     soldats, 
    
     sans 
    
     que 
    
     les 
    
     habitants 
    
     s'en 
    
     fussent 
    
     aperçus, 
    
     et, 
    
     lorsque 
    
     le 
    
     matin 
    
     arriva, 
    
     ils 
    
     virent 
    
     toute 
    
     la 
    
     ville 
    
     pleine 
    
     de 
    
     soldats 
    
     et 
    
     en 
    
     furent 
    
     tout 
    
     surpris. 
    
     On 
    
     ne 
    
     fit 
    
     de 
    
     mal 
    
     à 
    
     personne 
    
     et 
    
     on 
    
     ne 
    
     toucha 
    
     aux 
    
     biens 
    
     d'aucun. 
    
     Alors 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     et 
    
     tous 
    
     les 
    
     princes 
    
     reçurent 
    
     et 
    
     accompagnèrent 
    
     Léon 
    
     et 
    
     Roupin 
    
     au 
    
     temple 
    
     de 
    
     S. 
    
     Pierre. 
    
     Là 
    
     le 
    
     Patriarche 
    
     sacra 
    
     Roupin, 
    
     prince 
    
     d'Antioche 
    
     et 
    
     tous 
    
     lui 
    
     prêtèrent 
    
     serment 
    
     comme 
    
     à 
    
     leur 
    
     souverain. 
    
     Ceux 
    
     qui 
    
     s'étaient 
    
     réfugiés 
    
     dans 
    
     la 
    
     Citadelle 
    
     y 
    
     restèrent 
    
     quelques 
    
     jours, 
    
     puis 
    
     ils 
    
     vinrent 
    
     se 
    
     rendre 
    
     à 
    
     Roupin 
    
     et 
    
     s'humilier 
    
     devant 
    
     lui. 
    
     Quant 
    
     au 
    
     roi 
    
     Léon, 
    
     se 
    
     voyant 
    
     enfin 
    
     arrivé 
    
     au 
    
     terme 
    
     des 
    
     contestations, 
    
     il 
    
     était 
    
     tout 
    
     joyeux 
    
     du 
    
     succès 
    
     que 
    
     le 
    
     Ciel 
    
     lui 
    
     avait 
    
     accordé
   
    ». 
    
     Cet 
    
     év
   
    è
    
     nement 
    
     ressemble 
    
     à 
    
     celui 
    
     qui 
    
     eut 
    
     lieu 
    
     dix 
    
     ans 
    
     avant, 
    
     en 
   
    1206, 
    
     et 
    
     dont 
    
     Léon 
    
     écrivit 
    
     tous 
    
     les 
    
     détails 
    
     au 
    
     Pape 
    
     Innocent. 
    
     Peut-être 
    
     que 
    
     ce 
    
     sacre 
    
     dont 
    
     il 
    
     est 
    
     fait 
    
     mention 
    
     ici, 
    
     signifie 
    
     quelque 
    
     chose 
    
     de 
    
     plus 
    
     que 
    
     la 
    
     remise 
    
     de 
    
     la 
    
     bannière, 
    
     car 
    
     Roupin 
    
     avait 
    
     été 
    
     déjà 
    
     depuis 
    
     longtemps 
    
     couronné 
    
     par 
    
     Léon 
    
     qui 
    
     avait 
    
     posé 
    
     sur 
    
     son 
    
     front 
    
     la 
    
     couronne 
    
     donnée 
    
     par 
    
     l'Empereur.
  
 
    
     La 
    
     plus 
    
     grande 
    
     joie 
    
     de 
    
     Léon 
    
     lui 
    
     fut 
    
     causée 
    
     par 
    
     la 
    
     prise 
    
     de 
    
     la 
    
     Citadelle. 
    
     Il 
    
     est 
    
     évident 
    
     que 
    
     le 
    
     Comte 
    
     s'en 
    
     était 
    
     évadé 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     s'y 
    
     trouvait 
    
     pas. 
    
     Qu'il 
    
     fut 
    
     trois 
    
     ans 
    
     sans 
    
     pouvoir 
    
     y 
    
     rentrer, 
    
     mais 
    
     qu'ensuite 
    
     il 
    
     put 
    
     y 
    
     pénétrer 
    
     et 
    
     s'en 
    
     rendit 
    
     maître 
    
     sans 
    
     coup 
    
     férir, 
    
     Léon 
    
     n'était 
    
     plus 
    
     alors 
    
     en 
    
     position 
    
     de 
    
     s'y 
    
     opposer, 
    
     car 
    
     sa 
    
     mort 
    
     était 
    
     proche.
  
 
    
     Léon 
    
     se 
    
     réjouissait 
    
     encore 
    
     d'avoir 
    
     achevé 
    
     une 
    
     œuvre 
    
     qui 
    
     lui 
    
     avait 
    
     coûté 
    
     tant 
    
     de 
    
     peines 
    
     et 
    
     tant 
    
     de 
    
     fatigues. 
    
     Personne, 
    
     du 
    
     reste, 
    
     ne 
    
     lui 
    
     avait 
    
     fait 
    
     opposition. 
    
     Le 
    
     Patriarche 
    
     était 
    
     las 
    
     des 
    
     manèges 
    
     du 
    
     Comte; 
    
     les 
    
     Templiers 
    
     avaient 
    
     été 
    
     pleinement 
    
     dédommagés 
    
     de 
    
     leurs 
    
     pertes. 
    
     Bien 
    
     que 
    
     l'entrée 
    
     dans 
    
     Antioche 
    
     eût 
    
     été 
    
     effectuée 
    
     furtivement, 
    
     la 
    
     réception 
    
     fut 
    
     manifeste. 
    
     Le 
    
     premier 
    
     des 
    
     notables 
    
     qui 
    
     prirent 
    
     parti 
    
     pour 
    
     Léon, 
    
     fut 
    
     le 
    
     sénéchal 
    
     d'Antioche, 
    
     probablement 
    
     le 
    
     père 
    
     du 
    
     milicien 
    
     Archivald, 
    
     qui 
    
     était 
    
     entré 
    
     au 
    
     service 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     que 
    
     nous 
    
     avons 
    
     vu, 
    
     dans 
    
     les 
    
     années 
   
    1210 
    
     et 
   
    1211, 
    
     faire 
    
     partie 
    
     de 
    
     l'ambassade 
    
     de 
    
     Héthoum-Elie 
    
     envoyée 
    
     à 
    
     l'Empereur 
    
     et 
    
     au 
    
     Pontife 
    
     Romain.
  
 
    
     Celui-ci 
    
     (Innocent), 
    
     qu'avait-il 
    
     pensé 
    
     de 
    
     cette 
    
     entrée 
    
     de 
    
     Léon 
    
     dans 
    
     Antioche 
    
     et 
    
     de 
    
     cette 
    
     prise 
    
     de 
    
     la 
    
     possession 
    
     paternelle 
    
     par 
    
     Roupin
   
    ? 
    
     En 
    
     eut-il 
    
     connaissance 
    
     dans 
    
     les 
    
     derniers 
    
     mois 
    
     qui 
    
     lui 
    
     restaient 
    
     à 
    
     vivre
   
    ? 
    
     Car 
    
     il 
    
     mourut 
    
     la 
    
     même 
    
     année, 
    
     étant 
    
     allé 
    
     pendant 
    
     le 
    
     mois 
    
     de 
    
     Mai, 
    
     à 
    
     Pérouse, 
    
     où 
    
     il 
    
     tomba 
    
     malade 
    
     parce 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     prit 
    
     aucun 
    
     soin 
    
     de 
    
     sa 
    
     personne. 
    
     La 
    
     mort, 
    
     arrivée 
    
     le 
   
    16 
    
     ou 
   
    17 
    
     Juillet, 
    
     fut 
    
     un 
    
     grand 
    
     deuil 
    
     pour 
    
     son 
    
     époque. 
    
     Innocent 
    
     laissa 
    
     un 
    
     nom 
    
     illustre 
    
     aux 
    
     siècles 
    
     futurs. 
    
     Nous 
    
     ajouterons 
    
     qu'il 
    
     tint 
    
     une 
    
     grande 
    
     place 
    
     dans 
    
     notre 
    
     histoire, 
    
     que 
    
     sa 
    
     mémoire 
    
     a 
    
     été 
    
     conservée 
    
     dans 
    
     notre 
    
     Église 
    
     et 
    
     dans 
    
     notre 
    
     nation. 
    
     A 
    
     ce 
    
     moment-là 
    
     un 
    
     pareil 
    
     personnage 
    
     était 
    
     nécessaire 
    
     aux 
    
     Arméniens 
    
     et 
    
     à 
    
     Léon 
    
     aussi. 
    
     Le 
    
     sort 
    
     de 
    
     notre 
    
     Roi, 
    
     eût 
    
     peut-être 
    
     été 
    
     tout 
    
     autre 
    
     s'il 
    
     n'avait 
    
     pas 
    
     eu 
    
     des 
    
     relations 
    
     avec 
    
     ce 
    
     Pontife 
    
     généreux 
    
     et 
    
     prudent. 
    
     Léon 
    
     en 
    
     avait 
    
     reçu 
    
     des 
    
     faveurs 
    
     et 
    
     des 
    
     réprimandes, 
    
     mais 
    
     il 
    
     lui 
    
     avait 
    
     procuré 
    
     bien 
    
     des 
    
     tourments. 
    
     Les 
    
     contestations 
    
     à 
    
     propos 
    
     d'Antioche 
    
     furent 
    
     préjudiciables 
    
     à 
    
     l'un 
    
     comme 
    
     à 
    
     l'autre 
    
     de 
    
     ces 
    
     deux 
    
     puissants 
    
     personnages; 
    
     elles 
    
     firent 
    
     péricliter 
    
     la 
    
     prospérité 
    
     du 
    
     nouveau 
    
     royaume 
    
     de 
    
     l'un, 
    
     elles 
    
     arrêtèrent 
   
    l'
    
     autre 
    
     dans 
   
    l'
    
     achèvement 
    
     de 
    
     l'œuvre 
    
     de 
    
     la 
    
     croisade 
    
     et 
    
     reculèrent 
    
     la 
    
     délivrance 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     dont 
    
     le 
    
     Pape 
    
     avait 
    
     fait 
    
     l'objet 
    
     de 
    
     toutes 
    
     ses 
    
     espérances, 
    
     de 
    
     tout 
    
     son 
    
     zèle; 
    
     il 
    
     y 
    
     avait 
    
     consacré 
    
     les 
    
     dix-huit 
    
     années 
    
     de 
    
     son 
    
     pontificat, 
    
     il 
    
     s'y 
    
     attachait 
    
     encore 
    
     lorsque 
    
     la 
    
     mort 
    
     vint 
    
     le 
    
     surprendre.
  
 
    
     Si 
    
     l'on 
    
     devait 
    
     juger 
    
     les 
    
     choses 
    
     d'après 
    
     ce 
    
     qu'en 
    
     pensait 
    
     son 
    
     successeur, 
    
     Honoré 
    
     III, 
    
     qui 
    
     ne 
    
     pouvait 
    
     ignorer 
    
     rien 
    
     de 
    
     ce 
    
     qui 
    
     venait 
    
     de 
    
     s'accomplir, 
    
     il 
    
     faudrait 
    
     supposer 
    
     qu'Innocent 
    
     ne 
    
     désapprouva 
    
     pas 
    
     les 
    
     derniers 
    
     actes 
    
     de 
    
     Léon. 
    
     Ce 
    
     n'est 
    
     pas 
    
     seulement 
    
     à 
    
     Léon 
    
     que 
    
     Honoré 
    
     prodigue 
    
     les 
    
     éloges, 
    
     dans 
    
     la 
    
     lettre 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     adressa 
    
     le 
   
    25 
    
     Juillet 
   
    1217, 
    
     il 
    
     félicite 
    
     chaudement 
    
     encore 
    
     Roupin, 
    
     prince 
    
     d'Antioche, 
    
     et 
    
     il 
    
     recommande 
    
     à 
    
     Léon 
    
     de 
    
     couvrir 
    
     le 
    
     jeune 
    
     prince 
    
     de 
    
     toute 
    
     sa 
    
     sollicitude 
    
     pour 
    
     que 
    
     celui-ci 
    
     devienne 
    
     semblable 
    
     à 
    
     lui. 
    
     Puis, 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     Romain 
    
     acquiescant 
    
     à 
    
     la 
    
     demande 
    
     du 
    
     jeune 
    
     prince 
    
     d'Antioche, 
    
     le 
    
     met 
    
     sous 
    
     la 
    
     protection 
    
     des 
    
     Hospitaliers 
    
     qu'il 
    
     prie 
    
     de 
    
     le 
    
     servir 
    
     dans 
    
     tous 
    
     ses 
    
     besoins. 
    
     Dans 
    
     cette 
    
     lettre, 
    
     il 
    
     n'est 
    
     nullement 
    
     parlé 
    
     du 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli.
  
 
   
    Trois 
   
    ans 
   
    après 
   
    tous 
   
    ces 
   
    évènements, 
   
    quand 
   
    Léon 
   
    était 
   
    près 
   
    de 
   
    fermer 
   
    les 
   
    yeux 
   
    pour 
   
    toujours, 
   
    il 
   
    fut 
   
    informé 
   
    que 
   
    Roupin 
   
    avait 
   
    été 
   
    de 
   
    nouveau 
   
    chassé 
   
    d'Antioche. 
   
    Mais 
   
    tous 
   
    les 
   
    soucis 
   
    de 
   
    ce 
   
    monde 
   
    étaient 
   
    finis 
   
    pour 
   
    le 
   
    Roi.
  
 
    
     Cette 
    
     guerre 
    
     contre 
    
     Antioche 
    
     avait 
    
     été 
    
     pour 
    
     Léon 
    
     plus 
    
     longue 
    
     et 
    
     plus 
    
     pénible 
    
     que 
    
     la 
    
     fameuse 
    
     guerre 
    
     de 
    
     Troie 
    
     ne 
   
    l'
    
     avait 
    
     été 
    
     pour 
    
     les 
    
     guerriers 
    
     de 
    
     jadis. 
    
     A 
    
     quatre 
    
     ou 
    
     cinq 
    
     reprises 
    
     il 
    
     avait 
    
     été 
    
     repoussé, 
    
     mais 
    
     il 
    
     avait 
    
     fini 
    
     par 
    
     s'emparer 
    
     de 
    
     cette 
    
     ville 
    
     d'Antioche 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     remise 
    
     entre 
    
     les 
    
     mains 
    
     de 
    
     son 
    
     maître 
    
     et 
    
     souverain 
    
     légitime. 
    
     Roupin, 
    
     parvenu 
    
     à 
    
     sa 
    
     majorité, 
    
     devait 
    
     dorénavant 
    
     la 
    
     soumettre 
    
     et 
    
     la 
    
     gouverner 
    
     ou 
    
     la 
    
     perdre 
    
     pour 
    
     toujours. 
    
     En 
    
     s'emparant 
    
     de 
    
     cette 
    
     ville 
    
     et 
    
     en 
    
     humiliant 
    
     celui 
    
     qui 
    
     la 
    
     lui 
    
     disputait, 
    
     Léon 
    
     fit 
    
     voir 
    
     à 
    
     tous 
    
     ceux 
    
     qui 
    
     pouvaient 
    
     concevoir 
    
     des 
    
     soupçons 
    
     contre 
    
     lui, 
    
     que 
    
     ce 
    
     n'était 
    
     pas 
    
     pour 
    
     agrandir 
    
     son 
    
     royaume 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     entrepris 
    
     cette 
    
     périlleuse 
    
     campagne. 
    
     La 
    
     plus 
    
     grande 
    
     victoire 
    
     qu'il 
    
     ait 
    
     obtenu 
    
     fut 
    
     celle 
    
     qu'il 
    
     remporta 
    
     sur 
    
     sa 
    
     propre 
    
     personne, 
    
     lorsqu'il 
    
     vainquit 
    
     son 
    
     caractère 
    
     indomptable, 
    
     lorsqu'il 
    
     réprima 
    
     toutes 
    
     les 
    
     ambitions 
    
     de 
    
     son 
    
     cœur, 
    
     pour 
    
     complaire 
    
     à 
    
     un 
    
     personnage 
    
     plus 
    
     haut 
    
     que 
    
     lui, 
    
     le 
    
     Pontife 
    
     de 
    
     Rome, 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     considérait 
    
     pas 
    
     seulement 
    
     comme 
    
     un 
    
     père, 
    
     mais 
    
     comme 
    
     celui 
    
     qui 
    
     de 
    
     la 
    
     part 
    
     de 
    
     Dieu 
    
     lui-même 
    
     l'avait 
    
     couronné. 
    
     Si 
    
     Léon 
    
     eût 
    
     été 
    
     ce 
    
     que 
    
     prétend 
    
     Guiragos, 
    
     un 
    
     hypocrite, 
    
     un 
    
     être 
    
     indomptable 
    
     et 
    
     obstiné 
    
     comme 
    
     Bohémond 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     il 
    
     aurait 
    
     pu 
    
     s'affranchir 
    
     de 
    
     l'autorité 
    
     papale 
    
     en 
    
     s'appuyant 
    
     sur 
    
     ses 
    
     droits 
    
     qui 
    
     militaient 
    
     plus 
    
     en 
    
     sa 
    
     faveur 
    
     qu'en 
    
     celle 
    
     des 
    
     autres 
    
     aux 
    
     yeux 
    
     des 
    
     gens 
    
     sensés 
    
     et 
    
     intelligents, 
    
     il 
    
     aurait 
    
     pu, 
    
     dis-je, 
    
     s'emparer 
    
     d'Antioche 
    
     par 
    
     la 
    
     force 
    
     et 
    
     l'habileté, 
    
     alors 
    
     qu'il 
    
     venait 
    
     d'affaiblir 
    
     les 
    
     forces 
    
     et 
    
     de 
    
     faire 
    
     tomber 
    
     l'orgueil 
    
     des 
    
     Templiers 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     s'était 
    
     fait 
    
     des 
    
     Hospitaliers 
    
     ses 
    
     reconnaissants 
    
     alliés. 
    
     D'autant 
    
     plus 
    
     encore 
    
     que 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     vu 
    
     incidemment 
    
     que 
    
     d'autres 
    
     peuples 
    
     attachés 
    
     au 
    
     Pape 
    
     soit 
    
     par 
    
     nationalité, 
    
     soit 
    
     par 
    
     la 
    
     langue, 
    
     soit 
    
     par 
    
     le 
    
     rite 
    
     ecclésiastique, 
    
     outre 
    
     le 
    
     Comte 
    
     de 
    
     Tripoli, 
    
     ne 
    
     tenaient 
    
     aucun 
    
     compte 
    
     de 
    
     ses 
    
     anathêmes, 
    
     de 
    
     ses 
    
     exhortations, 
    
     de 
    
     ses 
    
     ordres, 
    
     et 
    
     que 
    
     toute 
    
     l'armée 
    
     et 
    
     la 
    
     flotte 
    
     de 
    
     la 
    
     quatrième 
    
     Croisade, 
    
     prenant 
    
     une 
    
     tout 
    
     autre 
    
     route 
    
     que 
    
     celle 
    
     de 
    
     la 
    
     Syrie, 
    
     malgré 
    
     les 
    
     ordres 
    
     du 
    
     Pape 
    
     Innocent, 
    
     allaient 
    
     assiéger 
    
     Zara, 
    
     et 
    
     que 
    
     le 
    
     vieux 
    
     Doge 
    
     Dandolo 
    
     préférait 
    
     châtier 
    
     des 
    
     révoltés 
    
     ou 
    
     passer 
    
     son 
    
     temps 
    
     ailleurs 
    
     que 
    
     de 
    
     courir 
    
     à 
    
     la 
    
     délivrance 
    
     de 
    
     la 
    
     Terre-Sainte; 
    
     que 
    
     les 
    
     Croisés 
    
     étaient 
    
     allés 
    
     s'emparer 
    
     de 
    
     Constantinople 
    
     et 
    
     de 
    
     l'Empire 
    
     d'Orient, 
    
     et 
    
     que, 
    
     lorsque 
    
     les 
    
     Légats 
    
     du 
    
     Pape 
    
     protestèrent 
    
     contre 
    
     cet 
    
     agissement, 
    
     on 
    
     leur 
    
     répondit 
    
     que 
    
     c'était 
    
     par 
    
     ce 
    
     chemin 
    
     que 
    
     les 
    
     Croisés 
    
     iraient 
    
     à 
    
     Jérusalem; 
    
     puis 
    
     qu'après 
    
     tout 
    
     cela, 
    
     après 
    
     s'être 
    
     gorgés 
    
     de 
    
     butin, 
    
     après 
    
     avoir 
    
     conquis 
    
     des 
    
     pays, 
    
     ils 
    
     demandaient 
    
     pardon 
    
     au 
    
     Pape 
    
     dont 
    
     ils 
    
     avaient 
    
     trompé 
    
     les 
    
     espérances 
    
     et 
    
     dérangé 
    
     les 
    
     vues
   
    ! 
    
     Léon, 
    
     dis-je 
    
     encore, 
    
     qui 
    
     avait 
    
     vu 
    
     tout 
    
     cela 
    
     se 
    
     passer 
    
     chez 
    
     les 
    
     Occidentaux, 
    
     resta 
    
     plus 
    
     fidèle 
    
     au 
    
     Pape 
    
     que 
    
     ces 
    
     derniers 
    
     et, 
    
     moralement, 
    
     son 
    
     triomphe 
    
     fut 
    
     au-dessus 
    
     du 
    
     leur. 
    
     Voilà, 
    
     peut-être, 
    
     la 
    
     plus 
    
     grande 
    
     victoire 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     voilà 
    
     le 
    
     plus 
    
     beau 
    
     joyau 
    
     de 
    
     la 
    
     Couronne 
    
     de 
    
     notre 
    
     Roi
   
    ! 
    
     Nous 
    
     avons 
    
     dû 
    
     bon 
    
     gré 
    
     mal 
    
     gré 
    
     suivre 
    
     le 
    
     cours 
    
     de 
    
     cette 
    
     longue 
    
     question 
    
     d'Antioche 
    
     et 
    
     abandonner 
    
     un 
    
     moment 
    
     le 
    
     récit 
    
     de 
    
     l'histoire 
    
     du 
    
     pays 
    
     proprement 
    
     dit 
    
     de 
    
     notre 
    
     Roi, 
    
     il 
    
     nous 
    
     faut 
    
     maintenant 
    
     le 
    
     reprendre 
    
     pour 
    
     apprécier 
    
     Léon 
    
     dans 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     accomplit 
    
     à 
    
     l'intérieur 
    
     de 
    
     ses 
    
     Etats. 
    
     Cela 
    
     nous 
    
     donnera 
    
     une 
    
     idée 
    
     plus 
    
     exacte 
    
     de 
    
     ce 
    
     que 
    
     fut 
    
     ce 
    
     grand 
    
     Roi.