L'on 
    
     a 
    
     vu 
    
     qu'un 
    
     an 
    
     avant 
    
     de 
    
     mourir, 
    
     Léon, 
    
     par 
    
     un 
    
     dernier 
    
     édit 
    
     et 
    
     par 
    
     un 
    
     bref 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     avait 
    
     désigné 
    
     sa 
    
     fille 
    
     Zabèle, 
    
     pour 
    
     l'héritière 
    
     de 
    
     son 
    
     trône 
    
     et 
    
     lui 
    
     avait 
    
     choisi 
    
     pour 
    
     époux 
    
     André, 
    
     l'un 
    
     des 
    
     fils 
    
     du 
    
     Roi 
    
     de 
    
     Hongrie. 
    
     Les 
    
     ambassadeurs 
    
     qui 
    
     avaient 
    
     été 
    
     chargés 
    
     d'amener 
    
     le 
    
     prince, 
    
     s'en 
    
     revinrent, 
    
     aprés 
    
     le 
    
     décès 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     rapportant 
    
     la 
    
     nouvelle 
    
     que 
    
     le 
    
     roi 
    
     de 
    
     Hongrie 
    
     était 
    
     revenu 
    
     sur 
    
     sa 
    
     decision, 
   
    — 
    
     j'en 
    
     ignore 
    
     la 
    
     cause, 
   
    — 
    
     et 
    
     ne 
    
     consentait 
    
     plus 
    
     à 
    
     ce 
    
     que 
    
     son 
    
     jeune 
    
     fils 
    
     vînt 
    
     en 
    
     Arménie. 
    
     Cette 
    
     nouvelle, 
    
     on 
    
     doit 
    
     le 
    
     penser, 
    
     amena 
    
     le 
    
     trouble 
    
     parmi 
    
     les 
    
     baillis 
    
     et 
    
     les 
    
     barons. 
    
     Des 
    
     querelles 
    
     s'en 
    
     suivirent. 
    
     Bientôt 
    
     se 
    
     présentèrent 
    
     des 
    
     soi-disant 
    
     prétendants 
    
     au 
    
     trône 
    
     et 
    
     à 
    
     la 
    
     succession 
    
     de 
    
     Léon. 
    
     C'est 
    
     alors 
    
     que 
    
     fut 
    
     commis 
    
     à 
    
     Sis, 
   
    l'
    
     assassinat 
    
     du 
    
     Sire 
    
     Adan 
    
     par 
    
     les 
    
     Hachiches 
   
    (
    
     Assassins). 
    
     Il 
    
     fut 
    
     frappé 
    
     dans 
    
     la 
    
     rue 
    
     qui 
    
     menait 
    
     à 
    
     l'église 
    
     de 
    
     Barsouma. 
    
     Quelques-uns 
    
     prétendent 
    
     que 
    
     ce 
    
     meurtre 
    
     fut 
    
     accompli 
    
     à 
    
     l'instigation 
    
     du 
    
     connétable 
    
     Constantin 
    
     le 
    
     Bailli, 
    
     second 
    
     tuteur 
    
     de 
    
     Zabèle, 
    
     mais 
    
     ils 
    
     n'en 
    
     donnent 
    
     aucune 
    
     preuve. 
    
     Supposent-ils 
    
     que 
    
     Constantin 
    
     agit 
    
     en 
    
     cela 
    
     pour 
    
     se 
    
     venger 
    
     de 
    
     sa 
    
     captivité 
    
     chez 
    
     Keïkaouse
   
    ? 
    
     Effectivement, 
    
     lors 
    
     du 
    
     combat 
    
     de 
    
     Choghagan, 
    
     Sire 
    
     Adan 
    
     ne 
    
     l'avait 
    
     pas 
    
     aidé, 
    
     il 
    
     s'était 
    
     même 
    
     conduit 
    
     de 
    
     façon 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     pût 
    
     remporter 
    
     la 
    
     victoire, 
    
     aussi 
    
     Constantin 
    
     par 
    
     la 
    
     faute 
    
     d'Adan 
    
     avait 
    
     été 
    
     cerné 
    
     par 
    
     l'ennemi. 
    
     Nous 
    
     voulons 
    
     en 
    
     douter 
    
     parce 
    
     que 
    
     les 
    
     preuves 
    
     nous 
    
     manquent.
 
    
     Constantin 
    
     était 
    
     le 
    
     fils 
    
     de 
    
     l'oncle 
    
     maternel 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     et 
    
     avait 
    
     été 
    
     élevé 
    
     dans 
    
     la 
    
     même 
    
     maison 
    
     que 
    
     lui, 
    
     quand 
    
     Rita, 
    
     la 
    
     mère 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     de 
    
     Roupin, 
    
     faisait 
    
     leur 
    
     éducation 
    
     chez 
    
     son 
    
     frère 
    
     Pagouran. 
    
     Ce 
    
     dernier 
    
     était 
    
     le 
    
     frère 
    
     de 
    
     Vassagh 
    
     et 
    
     celui-ci 
    
     le 
    
     père 
    
     de 
    
     Constantin. 
    
     Constantin 
    
     était 
    
     cependant 
    
     bien 
    
     plus 
    
     jeune 
    
     que 
    
     Léon. 
    
     On 
    
     dit 
    
     qu'il 
    
     habitait 
    
     en 
   
    1205 
    
     au 
    
     palais 
    
     de 
    
     celui-ci. 
    
     Quelques 
    
     années 
    
     après, 
    
     il 
    
     avait 
    
     été 
    
     nommé 
    
     Généralissime 
    
     de 
    
     l'armée. 
    
     Bien 
    
     que 
    
     l'on 
    
     assure 
    
     que 
    
     le 
    
     fils 
    
     aîné 
    
     de 
    
     Constantin, 
    
     Sempad 
    
     le 
    
     Connétable, 
    
     soit 
    
     né 
    
     en 
   
    1206 
    
     ou 
   
    1208, 
    
     Constantin 
    
     vécut 
    
     encore 
    
     plus 
    
     de 
    
     quarante 
    
     cinq 
    
     ans 
    
     après 
    
     Léon 
    
     et 
    
     fut 
    
     dit 
    
     vieux 
    
     comme 
    
     Abraham. 
    
     On 
    
     peut 
    
     donc 
    
     en 
    
     conclure 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     plus 
    
     de 
    
     trente 
    
     ans 
    
     lorsque 
    
     mourut 
    
     Léon, 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     été 
    
     à 
    
     son 
    
     service 
    
     pendant 
    
     plus 
    
     de 
    
     quinze 
    
     ans, 
    
     se 
    
     montrant 
    
     plein 
    
     de 
    
     courage, 
    
     de 
    
     finesse 
    
     et 
    
     de 
    
     dévouement 
    
     au 
    
     Roi. 
    
     C'est 
    
     à 
    
     cause 
    
     de 
    
     ses 
    
     qualités 
    
     que 
    
     Léon 
    
     en 
    
     fit 
    
     le 
    
     chef 
    
     de 
    
     l'armée 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     confia, 
    
     en 
    
     autre, 
    
     la 
    
     charge 
    
     de 
    
     bailli 
    
     de 
    
     sa 
    
     fille. 
    
     Cette 
    
     charge, 
    
     il 
    
     la 
    
     remplit 
    
     tout 
    
     seul 
    
     par 
    
     la 
    
     suite, 
    
     et 
    
     fut 
    
     l'unique 
    
     intendant 
    
     du 
    
     palais 
    
     après 
    
     la 
    
     mort 
    
     de 
    
     son 
    
     collègue 
    
     Sire 
    
     Adan.
  
 
    
     Le 
    
     premier 
    
     qui 
    
     se 
    
     présenta 
    
     comme 
    
     prétendant 
    
     au 
    
     trône 
    
     d'Arménie, 
    
     fut 
    
     le 
    
     vieux 
    
     mais 
    
     actif 
    
     gendre 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     Jean 
    
     de 
    
     Brienne, 
    
     roi 
    
     de 
    
     Jérusalem. 
    
     Il 
    
     croyait, 
    
     comme 
    
     nous 
    
     l'avons 
    
     dit 
    
     plus 
    
     haut, 
    
     que 
    
     son 
    
     jeune 
    
     fils 
    
     avait 
    
     droit 
    
     à 
    
     ce 
    
     trône. 
    
     Ce 
    
     dernier 
    
     était 
    
     le 
    
     petit-fils 
    
     de 
    
     Léon; 
    
     il 
    
     était 
    
     né 
    
     de 
    
     Rita 
    
     Stéphanie, 
    
     fille 
    
     de 
    
     notre 
    
     grand 
    
     roi, 
    
     et 
    
     de 
    
     sa 
    
     première 
    
     femme 
    
     et, 
    
     par 
    
     conséquent, 
    
     plus 
    
     âgée 
    
     que 
    
     Zabèle. 
    
     Jean 
    
     croyait 
    
     si 
    
     fondée 
    
     sa 
    
     prétention, 
    
     qu'il 
    
     en 
    
     référa 
    
     au 
    
     pape 
    
     Honoré 
    
     III, 
    
     et 
    
     en 
    
     reçut 
    
     une 
    
     réponse 
    
     d'assentiment, 
    
     écrite 
    
     au 
    
     commencement 
    
     du 
    
     mois 
    
     de 
    
     Février 
   
    1220. 
    
     Nous 
    
     avons 
    
     dit 
    
     comment 
    
     il 
    
     fut 
    
     trompé 
    
     dans 
    
     son 
    
     espérance 
    
     par 
    
     la 
    
     mort 
    
     de 
    
     la 
    
     femme 
    
     et 
    
     de 
    
     son 
    
     fils. 
    
     Quelques-uns 
    
     des 
    
     historiens 
    
     de 
    
     l'Occident 
    
     prétendent 
    
     que 
    
     Jean 
    
     de 
    
     Brienne 
    
     se 
    
     serait 
    
     rendu 
    
     en 
    
     Sissouan 
    
     avant 
    
     la 
    
     mort 
    
     de 
    
     sa 
    
     femme 
    
     et 
    
     de 
    
     son 
    
     fils 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     en 
    
     aurait 
    
     été 
    
     chassé 
    
     par 
    
     les 
    
     Arméniens, 
    
     puis, 
    
     que 
    
     dans 
    
     sa 
    
     colère, 
    
     il 
    
     aurait 
    
     voulu 
    
     se 
    
     venger 
    
     par 
    
     les 
    
     armes 
    
     de 
    
     ce 
    
     qu'on 
    
     venait 
    
     lui 
    
     faire. 
    
     A 
    
     cette 
    
     époque, 
    
     les 
    
     Arméniens 
    
     paraissent 
    
     avoir 
    
     écrit 
    
     une 
    
     lettre 
    
     au 
    
     Pape, 
    
     lui 
    
     annonçant 
    
     la 
    
     dernière 
    
     volonté 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     car 
    
     Honoré 
    
     adressa 
    
     une 
    
     seconde 
    
     lettre 
    
     à 
    
     Jean 
    
     de 
    
     Brienne, 
    
     au 
    
     mois 
    
     d'Août, 
    
     lui 
    
     défendant, 
    
     sous 
    
     peine 
    
     d'excommunication, 
    
     de 
    
     s'ingérer 
    
     dans 
    
     les 
    
     affaires 
    
     des 
    
     Arméniens. 
    
     Jean 
    
     de 
    
     Brienne 
    
     perdit 
    
     toute 
    
     espérance.
  
 
    
     Le 
    
     second 
    
     prétendant 
    
     fut 
    
     le 
    
     jeune 
    
     prince 
    
     bien 
    
     connu, 
    
     Roupin-Raymond, 
    
     qui 
    
     avait 
    
     été 
    
     réellement 
    
     désigné 
    
     naguère 
    
     comme 
    
     le 
    
     successeur 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     dont 
    
     le 
    
     Pape 
    
     avait 
    
     confirmé 
    
     les 
    
     droits 
    
     au 
    
     trône 
    
     d'Arménie, 
    
     mais 
    
     son 
    
     ingratitude 
    
     envers 
    
     Léon, 
    
     nous 
    
     l'avons 
    
     dit, 
    
     lui 
    
     avait 
    
     retiré 
    
     ses 
    
     droits, 
    
     et 
    
     l'avait 
    
     éloigné 
    
     du 
    
     trône 
    
     comme 
    
     il 
    
     avait 
    
     autrefois 
    
     éloigné 
    
     Léon 
    
     d'Antioche. 
    
     Bohémond, 
    
     son 
    
     terrible 
    
     rival, 
    
     l'avait 
    
     à 
    
     son 
    
     tour 
    
     chassé 
    
     d'Antioche, 
    
     et 
    
     tandis 
    
     qu'il 
    
     cherchait 
    
     à 
    
     y 
    
     rentrer 
    
     avec 
    
     l'aide 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     il 
    
     apprit 
    
     que 
    
     Léon 
    
     venait 
    
     de 
    
     mourir. 
    
     Par 
    
     un 
    
     autre 
    
     acte 
    
     d'imprudence, 
    
     puisqu'il 
    
     connaissait 
    
     le 
    
     dernier 
    
     testament 
    
     du 
    
     roi, 
    
     il 
    
     voulut 
    
     usurper 
    
     le 
    
     trône 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     perdu. 
    
     Ce 
    
     n'était 
    
     pas 
    
     une 
    
     vaine 
    
     ambition 
    
     qui 
    
     le 
    
     poussait 
    
     à 
    
     faire 
    
     cela, 
    
     c'était 
    
     le 
    
     vice 
    
     des 
    
     princes 
    
     de 
    
     cette 
    
     époque 
    
     d'aspirer 
    
     toujours 
    
     aux 
    
     dignités 
    
     élevées, 
    
     surtout 
    
     quand 
    
     l'un 
    
     d'eux 
    
     s'imaginait 
    
     avoir 
    
     quelque 
    
     droit 
    
     à 
    
     une 
    
     succession 
    
     à 
    
     cause 
    
     de 
    
     ses 
    
     liens 
    
     de 
    
     parenté 
    
     avec 
    
     celui 
    
     qui 
    
     la 
    
     laissait. 
    
     Ainsi, 
    
     nous 
    
     les 
    
     voyons 
    
     tous 
    
     rivaliser 
    
     de 
    
     manèges 
    
     pour 
    
     contracter 
    
     des 
    
     mariages 
    
     avec 
    
     les 
    
     filles 
    
     ou 
    
     les 
    
     princesses 
    
     veuves 
    
     de 
    
     seigneurs 
    
     de 
    
     châteaux-forts 
    
     sans 
    
     prendre 
    
     souvent 
    
     en 
    
     considération 
    
     leur 
    
     âge 
    
     ou 
    
     les 
    
     autres 
    
     convenances. 
    
     Aussi, 
     
      Geoffroy, 
    
     le 
    
     seigneur 
    
     de 
    
     Sarouantikar, 
    
     dans 
    
     l'espoir 
    
     secret 
    
     de 
    
     monter 
    
     sur 
    
     le 
    
     trône, 
    
     osa 
    
     demander 
    
     en 
    
     mariage 
    
     la 
    
     reine 
    
     Sibile, 
    
     femme 
    
     de 
    
     Léon; 
    
     elle 
    
     n'avait 
    
     que 
    
     vingt 
    
     et 
    
     un 
    
     an 
    
     alors. 
    
     Mais 
    
     Constantin 
    
     qui 
    
     avait 
    
     prévu 
    
     les 
    
     raisons 
    
     de 
    
     Geoffroy 
    
     écarta 
    
     sa 
    
     demande.
  
 
    
     Le 
    
     plus 
    
     audacieux 
    
     de 
    
     tous 
    
     les 
    
     préténdants 
    
     fut 
    
     le 
    
     maréchal 
    
     d'Arménie 
     
      Vahram, 
    
     fils 
    
     de 
    
     Godefroy, 
    
     seigneur 
    
     de 
    
     Coricos, 
    
     qui 
    
     demanda 
    
     à 
    
     Roupin 
    
     d'épouser 
    
     sa 
    
     mère, 
    
     qui 
    
     avait 
    
     alors 
    
     quarante 
    
     ans, 
    
     et 
    
     lui 
    
     avait 
    
     promis 
    
     son 
    
     appui 
    
     pour 
    
     s'emparer 
    
     du 
    
     trône. 
    
     Mais 
    
     Roupin 
    
     avait 
    
     eu 
    
     recours 
    
     au 
    
     légat 
    
     du 
    
     pape, 
    
     pendant 
    
     que 
    
     ce 
    
     dernier 
    
     se 
    
     trouvait 
    
     au 
    
     siège 
    
     de 
    
     Damiette, 
    
     il 
    
     l'avait 
    
     prié 
    
     de 
    
     le 
    
     déclarer 
    
     premier 
    
     successeur 
    
     de 
    
     Léon 
    
     au 
    
     trône 
    
     de 
    
     Sissouan. 
    
     Pélage 
    
     qui 
    
     ne 
    
     savait 
    
     pas 
    
     les 
    
     dernières 
    
     volontés 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     se 
    
     rendit 
    
     à 
    
     sa 
    
     prière 
    
     et 
    
     écrivit 
    
     aux 
    
     Arméniens 
    
     de 
    
     l'accepter.
  
 
    
     Non 
    
     content 
    
     de 
    
     cela, 
    
     Roupin, 
    
     réunit 
    
     quelques 
    
     vagabonds 
    
     et 
    
     en 
    
     forma 
    
     une 
    
     légion. 
    
     Ces 
    
     vagabonds 
    
     étant 
    
     en 
    
     armes 
    
     dans 
    
     le 
    
     Sissouan, 
    
     Roupin 
    
     appela 
    
     à 
    
     lui 
    
     son 
    
     partisan 
    
     Vahram 
    
     et 
    
     tous 
    
     deux 
    
     gagnèrent 
    
     les 
    
     Grecs 
    
     qui 
    
     formaient 
    
     la 
    
     majeure 
    
     partie 
    
     des 
    
     habitants 
    
     de 
    
     Tarse, 
    
     et 
    
     s'emparèrent 
    
     de 
    
     cette 
    
     ville 
    
     et 
    
     de 
    
     son 
    
     château. 
    
     Ensuite, 
    
     ayant 
    
     rassemblé 
    
     cinq 
    
     mille 
    
     hommes, 
    
     ils 
    
     pensèrent 
    
     pouvoir 
    
     fondre 
    
     à 
    
     l'improviste 
    
     sur 
    
     la 
    
     capitale 
    
     et 
    
     s'emparer 
    
     du 
    
     trône. 
    
     On 
    
     vint 
    
     informer 
    
     de 
    
     leur 
    
     projet, 
    
     Constantin 
    
     le 
    
     Bailli, 
    
     qui 
    
     ne 
    
     s'attendait 
     
      à 
    
     rien 
    
     et 
    
     qui, 
    
     ne 
    
     sachant 
    
     pas 
    
     le 
    
     nombre 
    
     de 
    
     ces 
    
     insurgés, 
    
     sortit 
    
     de 
    
     la 
    
     ville 
    
     à 
    
     la 
    
     tête 
    
     de 
    
     trois 
    
     cents 
    
     hommes. 
    
     Il 
    
     alla 
    
     directement 
    
     à 
    
     Mamestie, 
    
     croyant 
    
     les 
    
     y 
    
     trouver, 
    
     mais 
    
     ne 
    
     les 
    
     ayant 
    
     pas 
    
     rencontrés, 
    
     il 
    
     se 
    
     retira 
    
     et 
    
     se 
    
     dirigea 
    
     sur 
    
     Adana, 
    
     lorsque 
    
     soudain 
    
     il 
    
     se 
    
     vit 
    
     entouré 
    
     par 
    
     une 
    
     innombrable 
    
     bande 
    
     d'hommes. 
    
     Les 
    
     soldats 
    
     de 
    
     Constantin, 
    
     en 
    
     voyant 
    
     leur 
    
     grand 
    
     nombre, 
    
     n'osèrent 
    
     pas 
    
     les 
    
     attaquer, 
    
     mais 
    
     Constantin 
    
     qui 
    
     était 
    
     plein 
    
     d'ardeur 
    
     et 
    
     qui 
    
     était 
    
     poussé 
    
     par 
    
     sa 
    
     vive 
    
     affection 
    
     pour 
    
     Léon, 
    
     ranima 
    
     leur 
    
     courage, 
    
     et, 
    
     se 
    
     préparant 
    
     à 
    
     l'attaque 
    
     dans 
    
     un 
    
     endroit 
    
     propice, 
    
     situé 
    
     près 
    
     du 
     
      Petit-pont, 
    
     se 
    
     jeta 
    
     sur 
    
     les 
    
     insurgés, 
    
     les 
    
     dispersa, 
    
     leur 
    
     fit 
    
     des 
    
     prisonniers 
    
     qu'il 
    
     ordonna 
    
     de 
    
     dépouiller 
    
     de 
    
     leurs 
    
     armes 
    
     et 
    
     de 
    
     leurs 
    
     vêtements, 
    
     ne 
    
     leur 
    
     laissant 
    
     que 
    
     la 
    
     vie 
    
     sauve, 
    
     pendant 
    
     qu'il 
    
     allait 
    
     poursuivre 
    
     les 
    
     barons 
    
     qui 
    
     s'enfuyaient. 
    
     Ceux-ci 
    
     se 
    
     hâtèrent 
    
     de 
    
     rentrer 
    
     à 
    
     Tarse, 
    
     dont 
    
     ils 
    
     fermèrent 
    
     les 
    
     portes, 
    
     et 
    
     continuèrent 
    
     de 
    
     guerroyer 
    
     avec 
    
     les 
    
     soldats 
    
     de 
    
     Constantin 
    
     en 
    
     leur 
    
     lançant 
    
     des 
    
     flèches 
    
     du 
    
     haut 
    
     des 
    
     remparts 
    
     de 
    
     la 
    
     ville.
  
 
   
    Constantin 
   
    avait 
   
    pour 
   
    conseiller 
   
    et 
   
    pour 
   
    aide 
   
    le 
   
    Catholicos 
   
    Jean; 
   
    cependant 
   
    le 
   
    siège 
   
    traînait 
   
    en 
   
    longueur 
   
    et 
   
    la 
   
    prise 
   
    de 
   
    la 
   
    ville 
   
    aurait 
   
    été 
   
    difficile 
   
    à 
   
    effectuer, 
   
    si 
   
    un 
   
    certain 
   
    Vassil 
   
    ne 
   
    se 
   
    fut 
   
    entendu 
   
    avec 
   
    le 
   
    Connétable. 
   
    Comme 
   
    celui-ci 
   
    lui 
   
    promit 
   
    une 
   
    récompense, 
   
    il 
   
    lui 
   
    ouvrit 
   
    les 
   
    portes 
   
    de 
   
    Tarse. 
   
    Aussitôt 
   
    les 
   
    soldats 
   
    de 
   
    Constantin 
   
    s'y 
   
    ruèrent 
   
    et 
   
    firent 
   
    aux 
   
    habitants 
   
    de 
   
    la 
   
    ville 
   
    ce 
   
    qu'ils 
   
    avaient 
   
    fait 
   
    aux 
   
    prisonniers, 
   
    ils 
   
    les 
   
    dépouillèreut 
   
    de 
   
    tout 
   
    ce 
   
    qu'ils 
   
    avaient 
   
    sur 
   
    eux 
   
    et 
   
    leur 
   
    épargnèrent 
   
    la 
   
    vie. 
   
    Mais 
   
    Vahram 
   
    et 
   
    Roupin 
   
    et 
   
    les 
   
    autres 
   
    princes 
   
    qui 
   
    avaient 
   
    épousé 
   
    leur 
   
    cause, 
   
    allèrent 
   
    se 
   
    réfugier 
   
    «dans 
   
    le 
   
    château 
   
    qui 
   
    était 
   
    fort 
   
    beau 
   
    et 
   
    imprenable», 
   
    comme 
   
    le 
   
    dit 
   
    l'historien. 
   
    Pour 
   
    s'en 
   
    rendre 
   
    maître, 
   
    le 
   
    bailli 
   
    dut 
   
    s'armer 
   
    de 
   
    persévérance 
   
    et 
   
    agir 
   
    de 
   
    ruse. 
   
    Il 
   
    se 
   
    saisit 
   
    un 
   
    à 
   
    un 
   
    des 
   
    princes 
   
    qui 
   
    s'étaient 
   
    pactisés, 
   
    les 
   
    fit 
   
    sortir 
   
    du 
   
    château 
   
    et 
   
    jeter 
   
    en 
   
    prison, 
   
    jusqu'à 
   
    ce 
   
    qu'il 
   
    eût 
   
    pris 
   
    ce 
   
    château. 
   
    Alors 
   
    il 
   
    rendit 
   
    la 
   
    liberté 
   
    à 
   
    quelques-uns 
   
    d'entre 
   
    eux 
   
    et 
   
    en 
   
    châtia 
   
    d'autres 
   
    selon 
   
    qu'ils 
   
    le 
   
    méritaient, 
   
    parmi 
   
    lesquels 
   
    Vahram 
   
    qu'il 
   
    fit 
   
    mettre 
   
    à 
   
    mort 
   
    pour 
   
    s'être 
   
    révolté. 
   
    D'autres 
   
    périrent 
   
    en 
   
    prison.
  
 
    
     Le 
    
     jeune 
    
     Roupin 
    
     subit 
    
     le 
    
     même 
    
     sort. 
    
     Ce 
    
     fut 
    
     réellement 
    
     un 
    
     prince 
    
     malheureux, 
    
     lui, 
    
     qui 
    
     avait 
    
     compté 
    
     s'asseoir 
    
     un 
    
     jour 
    
     sur 
    
     le 
    
     trône 
    
     d'Antioche 
    
     et 
    
     sur 
    
     celui 
    
     d'Arménie, 
    
     termina 
    
     sa 
    
     carrière 
    
     dans 
    
     un 
    
     cachot 
    
     en 
   
    1222. 
    
     Son 
    
     étoile 
    
     qui 
    
     avait 
    
     brillé 
    
     tout 
    
     d'abord 
    
     d'un 
    
     si 
    
     doux 
    
     éclat, 
    
     recevait 
    
     sa 
    
     lueur 
    
     du 
    
     soleil 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     elle 
    
     promettait 
    
     de 
    
     devenir 
    
     plus 
    
     brillante 
    
     quand 
    
     l'infortuné 
    
     alla 
    
     finir 
    
     ses 
    
     jours 
    
     misérablement 
    
     à 
    
     l'âge 
    
     de 
    
     vingt-cinq 
    
     ans 
    
     à 
    
     peine. 
    
     Ballottée 
    
     longtemps 
    
     par 
    
     la 
    
     destinée, 
    
     sa 
    
     jeunesse 
    
     vint 
    
     se 
    
     flétrir 
    
     avec 
    
     toute 
    
     sa 
    
     beauté 
    
     et 
    
     ses 
    
     cheveux 
    
     qui 
    
     semblaient 
    
     des 
    
     fils 
    
     d'or. 
    
     Cependant 
    
     on 
    
     le 
    
     plaignit 
    
     après 
    
     sa 
    
     mort 
    
     comme 
    
     on 
    
     l'avait 
    
     plaint 
    
     durant 
    
     toute 
    
     sa 
    
     vie. 
    
     Comme, 
    
     dès 
    
     sa 
    
     plus 
    
     tendre 
    
     enfance, 
    
     il 
    
     avait 
    
     été 
    
     reconnu 
    
     par 
    
     le 
    
     Pape 
    
     et 
    
     la 
    
     cour 
    
     de 
    
     Rome 
    
     d'après 
    
     les 
    
     diverses 
    
     lettres 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     celles 
    
     des 
    
     autres, 
    
     le 
    
     légat 
    
     du 
    
     Pape, 
    
     Pélage, 
    
     qui 
    
     se 
    
     trouvait 
    
     en 
    
     Syrie, 
    
     reçut 
    
     l'ordre 
    
     de 
    
     prendre 
    
     soin 
    
     de 
    
     la 
    
     femme 
    
     de 
    
     Roupin 
    
     et 
    
     de 
    
     leurs 
    
     jeunes 
    
     enfants, 
    
     deux 
    
     petites 
    
     filles, 
    
     dont 
    
     l'une 
    
     s'appelait 
     
      Echiva 
    
     et 
    
     mourut 
    
     toute 
    
     jeune, 
    
     et 
    
     l'autre, 
     
      Marie, 
    
     qui 
    
     se 
    
     maria, 
    
     en 
   
    1241, 
    
     avec 
    
     Philippe 
    
     de 
    
     Montfort 
    
     Seigneur 
    
     de 
    
     Tyr 
    
     et 
    
     fut 
    
     appelée 
    
     Princesse 
    
     de 
    
     Toron, 
    
     (forteresse 
    
     située 
    
     près 
    
     de 
    
     Tyr 
    
     qui 
    
     porte 
    
     actuellement 
    
     le 
    
     nom 
    
     de 
    
     Tébnine), 
    
     titre 
    
     qu'elle 
    
     prit 
    
     ou 
    
     du 
    
     nom 
    
     du 
    
     lieu 
    
     ou 
    
     par 
    
     le 
    
     droit 
    
     de 
    
     sa 
    
     grand'mère 
    
     Alice, 
    
     fille 
    
     de 
    
     Roupin 
    
     II 
    
     et 
    
     mère 
    
     de 
    
     Roupin-Raymond. 
    
     Je 
    
     crois 
    
     en 
    
     avoir 
    
     dit 
    
     assez 
    
     pour 
    
     compléter 
    
     l'histoire 
    
     de 
    
     ce 
    
     petit-fils 
    
     du 
    
     frère 
    
     de 
    
     Léon 
    
     qui 
    
     prit 
    
     une 
    
     part 
    
     si 
    
     large 
    
     dans 
    
     la 
    
     vie 
    
     de 
    
     ce 
    
     Roi. 
    
     J'ai 
    
     raconté 
    
     comment 
    
     il 
    
     est 
    
     mort 
    
     et 
    
     j'ai 
    
     parlé 
    
     de 
    
     ceux 
    
     de 
    
     sa 
    
     famille 
    
     qui 
    
     lui 
    
     survécurent. 
    
     Nous 
    
     reviendrons 
    
     maintenant 
    
     à 
   
    l'
    
     héritière 
    
     du 
    
     trône 
    
     d'Arménie, 
    
     à 
    
     Zabèle, 
    
     qui 
    
     venait 
    
     d'échapper 
    
     à 
    
     un 
    
     grand 
    
     péril 
    
     par 
    
     la 
    
     mort 
    
     d'un 
    
     des 
    
     prétendants 
    
     à 
    
     sa 
    
     couronne 
    
     et 
    
     par 
    
     la 
    
     défaite 
    
     des 
    
     insurgés 
    
     due 
    
     au 
    
     puissant 
    
     bras 
    
     de 
    
     Constantin 
    
     le 
    
     Bailli. 
    
     L'on 
    
     a 
    
     vu 
    
     aussi 
    
     que 
    
     le 
    
     conseiller 
    
     de 
    
     celui-ci 
    
     était 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     Jean, 
    
     qui 
    
     avait 
    
     pris 
    
     une 
    
     part 
    
     active 
    
     aux 
    
     actes 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     avant 
    
     même 
    
     que 
    
     ce 
    
     dernier 
    
     régnât. 
    
     Jean 
    
     mourut 
    
     un 
    
     an 
    
     et 
    
     quelques 
    
     mois 
    
     après 
    
     Léon. 
    
     Ce 
    
     prince-patriarche 
    
     avait 
    
     occupé 
    
     à 
    
     deux 
    
     reprises 
    
     le 
    
     siège 
    
     pontifical 
    
     en 
    
     tout 
    
     dix-huit 
    
     ans. 
    
     Il 
    
     fut 
    
     inhumé 
    
     à 
    
     Trazargue.
  
 
    
     On 
    
     s'agita 
    
     encore 
    
     pour 
    
     élire 
    
     son 
    
     successeur, 
    
     et 
    
     Léon 
    
     n'existait 
    
     plus. 
    
     Ce 
    
     fut 
    
     avec 
    
     son 
    
     assentiment, 
    
     que 
    
     les 
    
     quatre 
    
     derniers 
    
     Catholicos 
    
     avaient 
    
     occupé 
    
     le 
    
     siège. 
    
     On 
    
     comptait 
    
     maintenant 
    
     deux 
    
     prétendants. 
    
     Le 
    
     prince 
    
     Constantin 
    
     de 
    
     Lambroun 
    
     fils 
    
     de 
    
     Héthoum-Élie, 
    
     habile 
    
     en 
    
     tout, 
    
     favorisait 
    
     Grégoire 
    
     de 
    
     Skévra. 
    
     Ce 
    
     Grégoire, 
    
     comme 
    
     nous 
    
     l'avons 
    
     dit, 
    
     était 
    
     un 
    
     homme 
    
     vertueux, 
    
     prudent 
    
     et 
    
     savant, 
    
     il 
    
     était 
    
     d'un 
    
     âge 
    
     mûr. 
    
     De 
    
     son 
    
     côté, 
    
     Constantin 
    
     le 
    
     Bailli, 
    
     favorisait 
    
     celui 
    
     qui 
    
     portait 
    
     le 
    
     même 
    
     nom 
    
     que 
    
     lui. 
     
      Constantin 
    
     de 
     
      Partzerperte, 
    
     qui 
    
     n'avait 
    
     jamais 
    
     paru 
    
     jusqu'alors 
    
     dans 
    
     l'histoire. 
    
     Il 
    
     paraît 
    
     qu'il 
    
     était 
    
     évêque 
    
     du 
    
     canton 
    
     et 
    
     du 
    
     château 
    
     de 
    
     Partzerperte, 
    
     dont 
    
     le 
    
     seigneur 
    
     était 
    
     le 
    
     Bailli 
    
     lui-même. 
    
     Ce 
    
     fut 
    
     cet 
    
     évêque 
    
     qui 
    
     fut 
    
     élu 
    
     Catholicos 
    
     des 
    
     Arméniens 
    
     par 
    
     le 
    
     vote 
    
     des 
    
     évêques 
    
     et 
    
     des 
    
     Vartabieds 
    
     réunis 
    
     dans 
    
     un 
    
     Concile. 
   
    Il 
    
     occupa 
    
     le 
    
     siège 
    
     pontifical 
    
     pendant 
    
     quarante-six 
    
     ans, 
    
     presque 
    
     le 
    
     même 
    
     espace 
    
     de 
    
     temps 
    
     que 
    
     Héthoum 
    
     fut 
    
     sur 
    
     le 
    
     trône 
    
     royal.
  
 
     
      Sceau 
     
      du 
     
      Patriarche 
     
      Constantin 
     
      I.