Sous 
    
     les 
    
     lois 
    
     et 
    
     la 
    
     politique 
    
     nouvelles, 
    
     sous 
    
     l'influence 
    
     de 
    
     nos 
    
     nouveaux 
    
     voisins 
    
     et 
    
     alliés 
    
     étrangers, 
    
     nos 
    
     anciens 
    
     us 
    
     et 
    
     coutumes 
    
     durent 
    
     forcément 
    
     se 
    
     modifier. 
    
     Nersès 
    
     de 
    
     Lambroun 
    
     écrivait 
    
     de 
    
     son 
    
     temps: 
    
     «L'Arménien 
    
     devenu 
    
     franc 
    
     par 
    
     le 
    
     costume
   
    ». 
    
     Et 
    
     à 
    
     Léon, 
    
     lorsque 
    
     le 
    
     même 
    
     Nersès 
    
     voulut 
    
     rejeter 
    
     sur 
    
     lui 
    
     les 
    
     reproches 
    
     que 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     faits 
    
     jadis 
    
     à 
    
     Nersès, 
    
     en 
    
     l'accusant 
    
     d'introduire 
    
     des 
    
     nouveautés 
    
     dans 
    
     le 
    
     pays, 
    
     il 
    
     écrivait 
    
     qu'il 
    
     (Léon) 
    
     pouvait 
    
     bien, 
    
     lui 
    
     aussi, 
    
     suivre 
    
     les 
    
     anciens 
    
     usages 
    
     de 
    
     ses 
    
     ancêtres 
    
     et 
    
     ajoutait: 
   
    «
    
     Ne 
    
     tenez 
    
     point 
    
     votre 
    
     tête 
    
     nue, 
    
     à 
    
     l'instar 
    
     des 
    
     princes 
    
     et 
    
     des 
    
     rois 
    
     francs, 
    
     mais 
    
     coiffez 
    
     plutôt 
    
     le 
     
      Charpouche 
    
     de 
    
     vos 
    
     aïeux. 
    
     Laissez 
    
     croître 
    
     les 
    
     cheveux 
    
     et 
    
     la 
    
     barbe, 
    
     comme 
    
     vos 
    
     pères. 
    
     Revêtez 
    
     le 
    
     large 
    
     et 
    
     épais 
     
      toura, 
    
     et 
    
     non 
    
     le 
     
      pilon 
    
     et 
     
      les 
     
      habits 
     
      étroits. 
    
     Montez 
    
     à 
    
     cheval 
    
     avec 
    
     brides, 
    
     avec 
    
     des 
    
     poitrails 
    
     et 
    
     non 
    
     pas 
    
     sans 
    
     eux 
    
     et 
    
     avec 
    
     le 
     
      lehle 
    
     à 
    
     la 
    
     manière 
    
     latine. 
    
     Prenez 
    
     les 
    
     titres 
     
      d'Emir, 
    
     de 
     
      Hédjoube 
    
     (gouverneur 
    
     de 
    
     ville), 
    
     de 
     
      Marzeban 
    
     (gouverneur 
    
     de 
    
     province), 
     
      de 
     
      Espassalar 
    
     (commandant), 
    
     et 
    
     non 
    
     pas 
    
     ceux 
    
     des 
    
     Latins: 
     
      Sire, 
     
      Proximus, 
     
      Connétable, 
     
      Maréchal, 
     
      Che
   
    v
     
      alier 
    
     et 
     
      Vassal, 
    
     dont 
    
     ceux-ci 
    
     font 
    
     usage... 
    
     Et 
    
     s'il 
    
     vous 
    
     pèse 
    
     trop, 
    
     s'il 
    
     est 
    
     trop 
    
     dur 
    
     pour 
    
     votre 
    
     Grandeur, 
    
     d'abandonner 
    
     les 
    
     habitudes 
    
     raffinées 
    
     des 
    
     Latins, 
    
     c'est-à-dire 
    
     des 
    
     Francs, 
    
     et 
    
     de 
    
     revenir 
    
     aux 
    
     anciennes 
    
     mais 
    
     plus 
    
     grossières 
    
     coutumes 
    
     des 
    
     Arméniens; 
    
     par 
    
     exemple, 
    
     de 
    
     laisser 
    
     croître 
    
     les 
    
     cheveux 
    
     et 
    
     allonger 
    
     la 
    
     barbe, 
    
     et 
    
     de 
    
     rélargir 
    
     les 
    
     vêtements, 
    
     combien 
    
     ne 
    
     nous 
   
    «
    
     pèsera-t-il 
    
     pas 
    
     plus 
    
     de 
    
     faire 
    
     fi 
    
     et 
    
     d'abandonner 
    
     les 
    
     règles 
    
     admirables 
    
     que 
    
     nous 
    
     avons 
    
     prises 
    
     d'eux, 
    
     à 
    
     la 
    
     gloire 
    
     de 
    
     la 
    
     Sainte-Église
   
    !» 
    
     Ces 
    
     paroles 
    
     du 
    
     Saint, 
    
     mais 
    
     plus 
    
     particulièrement 
    
     celles 
    
     qui 
    
     ont 
    
     trait 
    
     à 
    
     la 
    
     manière 
    
     de 
    
     se 
    
     vêtir, 
    
     visent 
    
     plutôt 
    
     le 
    
     Roi 
    
     que 
    
     les 
    
     autres 
    
     et 
    
     laissent 
    
     entrevoir 
    
     les 
    
     nouveautés 
    
     que 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     fait 
    
     introduire. 
    
     Pourtant, 
    
     Nersès 
    
     ne 
    
     dit 
    
     rien 
    
     sur 
    
     ce 
    
     qui 
    
     nous 
    
     paraît 
    
     le 
    
     plus 
    
     intéressant, 
    
     sur 
    
     la 
     
      Couronne 
    
     royale. 
    
     Elle 
    
     était 
    
     de 
    
     la 
    
     forme 
    
     en 
    
     usage 
    
     chez 
    
     les 
    
     Latins 
    
     ou 
    
     les 
    
     Byzantins, 
    
     de 
    
     qui 
    
     Léon 
    
     l'avait 
    
     reçue. 
    
     Ce 
    
     n'était 
    
     point 
    
     le 
      
       Sarpouche 
    
     oriental, 
   
    ”—
       
        ﭙ
      
       Ê‘, 
    
     que 
    
     les 
    
     Pakradouni 
    
     mettaient 
    
     à 
    
     leur 
    
     front, 
    
     tels 
    
     que 
    
     les 
    
     représentent 
    
     les 
    
     sculptures 
    
     en 
    
     relief 
    
     des 
    
     rois 
    
     Sempad 
    
     et 
    
     Kourkène, 
    
     ou 
    
     de 
    
     David 
    
     et 
    
     Kourkène, 
    
     dans 
    
     les 
    
     temples 
    
     de 
    
     Sanahine 
    
     et 
    
     de 
    
     Haghpade. 
    
     Ce 
    
     n'était 
    
     point 
    
     non 
    
     plus 
    
     cette 
    
     majestueuse 
    
     et 
    
     la 
    
     plus 
    
     belle 
    
     de 
    
     toutes 
    
     les 
    
     couronnes 
    
     royales, 
    
     la 
    
     tiare 
    
     des 
    
     Arsacides 
    
     arméniens, 
    
     comme 
    
     on 
    
     le 
    
     voit 
    
     sur 
    
     les 
    
     monnaies 
    
     des 
    
     Tigran 
    
     et 
    
     des 
    
     Artavaste.
 
     
      Le 
     
      pilon, 
    
     comme 
    
     nous 
    
     l'apprend 
    
     l'ordre 
    
     du 
    
     sacre 
    
     du 
    
     roi, 
    
     était 
     
      la 
     
      pourpre, 
    
     le 
    
     manteau 
    
     des 
    
     Romains. 
    
     Il 
    
     était 
    
     appelé 
    
     ainsi, 
    
     parce 
    
     qu'il 
    
     ressemblait 
    
     beaucoup 
    
     par 
    
     sa 
    
     forme 
    
     au 
    
     manteau 
    
     (pilon) 
    
     des 
    
     religieux 
    
     arméniens. 
    
     Il 
    
     n'en 
    
     différait 
    
     que 
    
     par 
    
     sa 
    
     couleur 
    
     rouge.
  
 
    
     Les 
     
      habits 
     
      serrés 
    
     étaient 
    
     la 
    
     robe 
    
     étroite 
    
     faite 
    
     à 
    
     l'exemple 
    
     de 
    
     celle 
    
     des 
    
     Empereurs 
    
     grecs. 
    
     Dans 
    
     nos 
    
     manuscrits, 
    
     nos 
    
     rois 
    
     sont 
    
     représentés 
    
     avec 
    
     cette 
    
     robe, 
    
     le 
    
     plus 
    
     souvent 
    
     de 
    
     couleur 
    
     bleue 
    
     et 
    
     surchargée 
    
     de 
    
     broderies 
    
     et 
    
     d'ornements 
    
     tissés. 
    
     Elle 
    
     descendait 
    
     jusqu'aux 
    
     genoux 
    
     et 
    
     plus 
    
     bas 
    
     quelquefois. 
    
     Par-dessus, 
    
     on 
    
     passait 
    
     le 
    
     manteau, 
    
     la 
    
     pourpre 
    
     ornée 
    
     de 
    
     pierres 
    
     précieuses 
    
     et 
    
     d'agrafes 
    
     d'or. 
    
     Autour 
    
     des 
    
     reins, 
    
     on 
    
     ceignait 
    
     la 
    
     ceinture, 
    
     également 
    
     couverte 
    
     de 
    
     pierres 
    
     précieuses 
    
     et 
    
     de 
    
     boucles 
    
     d'or.
  
 
    
     Le 
     
      Tchaghtchère, 
    
     comme 
    
     on 
    
     le 
    
     voit 
    
     encore 
    
     dans 
    
     l'ordre 
    
     du 
    
     sacre, 
    
     n'est 
    
     pas 
    
     ce 
    
     large 
    
     vêtement 
    
     qui 
    
     descendait 
    
     de 
    
     la 
    
     ceinture 
    
     aux 
    
     pieds, 
    
     ce 
    
     n'était 
    
     que 
    
     les 
    
     étroits 
    
     pantalons 
    
     des 
    
     chevaliers 
    
     du 
    
     temps.
  
 
    
     Les 
     
      mahmèzes, 
    
     étaient 
    
     les 
    
     chaussures 
    
     avec 
    
     éperons 
    
     que 
    
     l'on 
    
     mettait 
    
     pour 
    
     monter 
    
     à 
    
     cheval. 
    
     La 
    
     manière 
    
     d'aller 
    
     à 
    
     cheval 
    
     d'alors, 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     les 
    
     harnais 
    
     des 
    
     chevaux 
    
     étaient 
    
     ceux 
    
     en 
    
     usage 
    
     parmi 
    
     les 
    
     chevaliers 
    
     de 
    
     l'époque. 
    
     Ces 
    
     harnais 
    
     étaient 
    
     bien 
    
     moins 
    
     pesants 
    
     que 
    
     ceux 
    
     dont 
    
     les 
    
     Arméniens 
    
     se 
    
     servaient 
    
     auparavant.
  
 
   
    Que 
   
    les 
   
    Roupéniens 
   
    aient 
   
    coupé 
   
    leurs 
   
    cheveux 
   
    et 
   
    accourci 
   
    la 
   
    barbe, 
   
    la 
   
    figure 
   
    de 
   
    Léon 
   
    gravée 
   
    sur 
   
    son 
   
    sceau 
   
    nous 
   
    l'atteste, 
   
    ainsi 
   
    que 
   
    les 
   
    miniatures 
   
    représentant 
   
    d'autres 
   
    rois 
   
    dans 
   
    nos 
   
    manuscrits.
  
 
    
     Les 
    
     emblèmes 
    
     royaux 
    
     étaient 
    
     la 
    
     bannière, 
    
     surmontée 
    
     d'un 
    
     lion, 
    
     le 
    
     globe 
    
     d'or 
    
     et 
    
     le 
    
     sceptre 
    
     à 
    
     la 
    
     pointe 
    
     en 
    
     forme 
    
     de 
    
     fleur 
    
     de 
    
     lis.
  
 
    
     D'où 
    
     l'on 
    
     peut 
    
     supposer 
    
     que, 
    
     à 
    
     l'exception 
    
     de 
    
     la 
    
     couronne 
    
     et 
    
     de 
    
     la 
    
     pourpre, 
    
     les 
    
     barons 
    
     et 
    
     les 
    
     princes, 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     les 
    
     nobles, 
    
     portaient 
    
     des 
    
     vêtements 
    
     de 
    
     couleurs 
    
     et 
    
     d'ornements 
    
     variés. 
    
     La 
    
     reine 
    
     portait 
    
     un 
    
     costume 
    
     différent 
    
     peu 
    
     de 
    
     celui 
    
     du 
    
     roi; 
    
     peut-être 
    
     que 
    
     sa 
    
     tunique 
    
     était 
    
     aussi 
    
     de 
    
     même 
    
     forme, 
    
     ou 
    
     un 
    
     peu 
    
     plus 
    
     longue.
  
 
    
     Nous 
    
     pouvons 
    
     nous 
    
     faire 
    
     une 
    
     idée 
    
     des 
    
     habits 
    
     du 
    
     Roi 
    
     et 
    
     des 
    
     habits 
    
     du 
    
     peuple 
    
     par 
    
     l'image 
    
     que 
    
     nous 
    
     avons 
    
     insérée 
    
     dans 
     
      Sissouan, 
     
      p. 
    
     481, 
    
     deux 
    
     fois 
    
     plus 
    
     grande 
    
     que 
    
     l'original 
    
     peint 
    
     par 
    
     Bidzagh 
    
     Sarkis, 
    
     le 
    
     miniaturiste 
    
     connu 
    
     et 
    
     l'auteur 
    
     des 
    
     miniatures 
    
     qui 
    
     illustrent 
    
     l'Evangile 
    
     de 
    
     Trazargue. 
    
     Ce 
    
     qu'il 
    
     y 
    
     a, 
    
     sans 
    
     contredit, 
    
     de 
    
     plus 
    
     important 
    
     pour 
    
     nous 
    
     dans 
    
     cette 
    
     image, 
    
     c'est 
    
     le 
    
     portrait 
    
     de 
    
     Léon 
    
     IV, 
    
     fils 
    
     d'Ochine, 
    
     qui 
    
     paraît 
    
     reproduire 
    
     les 
    
     traits 
    
     réels 
    
     du 
    
     Roi. 
    
     Il 
    
     fut 
    
     peint 
    
     en 
   
    1331, 
    
     lorsque 
    
     ce 
    
     Roi 
    
     n'avait 
    
     que 
   
    22 
    
     ou 
   
    23 
    
     ans.
  
 
    
     Il 
    
     est 
    
     superflu 
    
     de 
    
     dire 
    
     que 
    
     Léon, 
    
     tant 
    
     au 
    
     dehors 
    
     qu'à 
    
     l'intérieur 
    
     de 
    
     son 
    
     palais 
    
     accepta 
    
     les 
    
     coutumes 
    
     et 
    
     suivit 
    
     l'étiquette 
    
     des 
    
     Cours 
    
     de 
    
     Byzance 
    
     et 
    
     des 
    
     Occidentaux 
    
     de 
   
    l'
    
     époque. 
    
     Nous 
    
     avons 
    
     fait 
    
     remarquer 
    
     déjà 
    
     que 
    
     sur 
    
     son 
    
     sceau 
    
     et 
    
     ses 
    
     monnaies 
    
     Léon 
    
     avait 
    
     fait 
    
     graver 
    
     la 
    
     légende: 
     
      Léon, 
     
      Roi 
     
      d'Arménie, 
     
      par 
     
      la 
     
      grâce 
     
      de 
     
      Dieu. 
    
     Quel 
    
     que 
    
     soit 
   
    1'
    
     écrit 
    
     sur 
    
     lequel 
    
     Léon 
    
     ait 
    
     appuyé 
    
     son 
    
     sceau, 
    
     les 
    
     Arméniens 
    
     l'ont 
    
     appelé 
     
      Sickel, 
    
     du 
    
     latin 
    
     Sigillum. 
    
     Léon 
    
     dans 
    
     ses 
    
     décrets 
    
     et 
    
     ses 
    
     lettres 
    
     latines, 
   
    — 
    
     puisque 
    
     nous 
    
     ne 
    
     possédons 
    
     aucune 
    
     en 
    
     arménien, 
   
    — 
    
     qu'il 
    
     adressait 
    
     aux 
    
     étrangers, 
    
     signait 
    
     de 
    
     cette 
    
     manière: 
     
      Leo 
     
      Dei 
     
      gratia 
     
      Rex 
     
      Armeniorum, 
     
      filius 
     
      Stephani 
     
      et 
     
      de 
     
      potenti 
     
      genere 
     
      Rupinorum, 
    
     ou: 
     
      Leo, 
     
      filius 
     
      Stephani, 
     
      de 
     
      potenti 
     
      genere 
     
      Rupinorum, 
     
      Dei 
     
      gratia, 
     
      Rex 
     
      Armeniorum. 
    
     On 
    
     peut 
    
     s'en 
    
     convaincre 
    
     par 
    
     les 
    
     Privilèges 
    
     de 
    
     Léon 
    
     aux 
    
     Génois 
    
     et 
    
     aux 
    
     Vénitiens. 
    
     Quand 
    
     il 
    
     écrivait 
    
     au 
    
     Pape 
    
     ou 
    
     à 
    
     l'Empereur, 
    
     il 
    
     ajoutait 
    
     au 
   
    «
     
      Dei 
     
      gratia» 
    
     les 
    
     mots 
    
     suivants: 
     
      Per 
     
      Romani 
     
      imperii 
     
      gratiam. 
    
     Vers 
    
     la 
    
     fin 
    
     de 
    
     son 
    
     règne, 
    
     Léon, 
    
     paraît 
    
     avoir 
    
     abandonné 
    
     cette 
    
     dernière 
    
     formule, 
    
     car 
    
     aucun 
    
     de 
    
     ses 
    
     successeurs 
    
     n'en 
    
     a 
    
     fait 
    
     usage. 
    
     Et, 
    
     comme 
    
     la 
    
     succession 
    
     au 
    
     trône 
    
     passait 
    
     directement 
    
     du 
    
     père 
    
     au 
    
     fils, 
    
     on 
    
     ne 
    
     se 
    
     crut 
    
     plus 
    
     vassal 
    
     de 
    
     personne, 
    
     ni 
    
     redevable 
    
     du 
    
     droit 
    
     d'hommage 
    
     envers 
    
     personne.
  
 
    
     Nous 
    
     avons 
    
     fait 
    
     remarquer 
    
     en 
    
     outre 
    
     que, 
    
     dans 
    
     leurs 
    
     décrets 
    
     et 
    
     lettres 
    
     de 
    
     donation, 
    
     les 
    
     successeurs 
    
     de 
    
     Léon 
    
     traçaient 
    
     l'en-tête 
    
     à 
    
     la 
    
     manière 
    
     des 
    
     Empereurs 
    
     byzantins. 
    
     Ainsi, 
    
     ils 
    
     écrivaient: 
     
      N. 
     
      N. 
     
      Fidèle 
     
      au 
     
      Christ, 
     
      Roi 
     
      d'Arménie. 
    
     C'est 
    
     de 
    
     même 
    
     qu'écrivait 
    
     Héthoum 
    
     (
     
      Voir 
     
      Sissouan, 
     
      p. 
    
     207
   
    ) 
    
     et 
    
     Léon 
    
     IV, 
    
     (
     
      Id. 
     
      p. 
    
     363 
   
    ). 
    
     L'aïeul 
    
     de 
    
     ce 
    
     dernier, 
    
     Léon 
    
     II 
    
     (
     
      Id. 
     
      p. 
    
     397
   
    ), 
    
     au 
    
     lieu 
    
     du 
    
     mot 
   
    «
    
     Fidèle
   
    », 
    
     écrivait: 
     
      Vrai 
     
      serviteur 
     
      de 
     
      Dieu, 
    
     et 
    
     ajoutait 
    
     encore: 
     
      par 
     
      sa 
     
      grâce 
     
      et 
     
      sa 
     
      miséricorde.
  
 
    
     Les 
    
     derniers 
    
     rois 
    
     Roupéniens 
    
     ajoutaient 
    
     à 
    
     leur 
    
     nom 
    
     le 
    
     titre 
    
     glorieux 
    
     de: 
   
    «
     
      Roi 
     
      de 
    
     tous 
     
      les 
     
      Arméniens». 
    
     Le 
    
     mot 
   
    «
     
      tous
   
    » 
    
     ne 
    
     se 
    
     trouve 
    
     que 
    
     dans 
    
     la 
    
     première 
    
     lettre 
    
     de 
    
     notre 
    
     Léon 
    
     au 
    
     Pape. 
    
     Jamais 
    
     il 
    
     ne 
    
     l'écrivit 
    
     dans 
    
     ses 
    
     autres 
    
     lettres 
    
     ou 
    
     décrets, 
    
     et 
    
     c'est 
    
     ce 
    
     qui 
    
     mérite 
    
     d'être 
    
     pris 
    
     en 
    
     considération. 
    
     Ses 
    
     sujets 
    
     donnaient 
    
     au 
    
     Roi 
    
     l'épithète 
    
     commune 
    
     de 
   
    «
    
     Saint 
    
     Roi
   
    » 
    
     (Sourp 
    
     Takavor), 
    
     outre 
    
     les 
    
     qualifications 
    
     que 
    
     lui 
    
     donnait 
    
     chacun 
    
     de 
    
     sa 
    
     propre 
    
     volonté. 
    
     Ce 
     
      «Saint 
     
      Roi» 
    
     répété 
    
     sans 
    
     cesse 
    
     aux 
    
     oreilles 
    
     des 
    
     étrangers, 
    
     passa 
    
     dans 
    
     leurs 
    
     chroniques 
    
     où 
    
     ils 
    
     l'écrivirent 
     
      «Soup 
     
      takvol».
  
 
    
     Aucune 
    
     lettre 
    
     écrite 
    
     par 
    
     des 
    
     sujets 
    
     de 
    
     Léon 
    
     ne 
    
     nous 
    
     est 
    
     parvenue. 
    
     C'est 
    
     avant 
    
     le 
    
     Sacre 
    
     que 
    
     Nersès 
    
     de 
    
     Lambroun 
    
     lui 
    
     écrivit. 
    
     Nous 
    
     ne 
    
     possédons 
    
     non 
    
     plus 
    
     aucune 
    
     des 
    
     lettres 
    
     écrites 
    
     par 
    
     Léon 
    
     à 
    
     un 
    
     autre 
    
     Roi. 
    
     On 
    
     lui 
    
     décernait 
    
     communément 
    
     les 
    
     épithètes 
    
     de: 
     
      Saint, 
     
      Pieux, 
     
      Assisté 
     
      de 
     
      Dieu, 
     
      Christophile, 
     
      Vainqueur. 
    
     On 
    
     s'est 
    
     servi 
    
     probablement 
    
     à 
    
     son 
    
     égard 
    
     du 
    
     mot 
    
     d'
     
      adoration; 
    
     puisque 
    
     nous 
    
     le 
    
     voyons 
    
     dans 
    
     un 
    
     morceau 
    
     de 
    
     parchemin 
    
     où 
    
     se 
    
     trouve 
   
    l'
    
     en-tête 
    
     d'une 
    
     lettre 
    
     écrite 
    
     au 
    
     Roi 
    
     Ochine, 
    
     en 
   
    1310: 
   
    «
    
     Assisté 
    
     par 
    
     les 
    
     armées 
    
     du 
    
     Seigneur, 
    
     fait 
    
     Roi 
    
     d'Arménie 
    
     par 
    
     la 
    
     grâce 
    
     de 
    
     Dieu 
    
     et 
    
     couronné 
    
     par 
    
     Dieu, 
    
     Nous, 
    
     vos 
    
     serviteurs, 
    
     aussi 
    
     infimes 
    
     que 
    
     la 
    
     poussière 
    
     de 
    
     la 
    
     terre, 
    
     Nous, 
    
     Grégoire 
    
     Ternebanontz 
    
     (de 
    
     portier) 
    
     et 
    
     Grégoire 
    
     prêtre 
    
     qui.... 
     
      courbons 
     
      notre 
     
      front 
    
     jusqu'à 
    
     terre, 
    
     et 
    
     nous 
    
     rappelons 
    
     avec 
     
      adoration 
    
     à 
    
     Votre 
    
     Majesté ...
   
    ».
  
 
    
     Du 
    
     reste, 
    
     ces 
    
     épithètes 
    
     changeaient 
    
     selon 
    
     la 
    
     personne 
    
     et 
    
     le 
    
     rang 
    
     de 
    
     celui 
    
     qui 
    
     écrivait. 
    
     Les 
    
     étrangers 
    
     lui 
    
     donnaient 
    
     le 
    
     nom 
     
      d'Illustris, 
     
      Serenitas 
    
     ou 
     
      Magnificentia, 
    
     comme 
    
     nous 
    
     le 
    
     voyons 
    
     dans 
    
     les 
    
     lettres 
    
     d'Innocent 
    
     III, 
    
     à 
    
     Léon.
  
 
    
     Toutes 
    
     ces 
    
     épithètes, 
    
     tous 
    
     ces 
    
     surnoms, 
    
     écrits 
    
     par 
    
     le 
    
     Roi 
    
     ou 
    
     décernés 
    
     au 
    
     Roi, 
    
     se 
    
     faisaient 
    
     entendre 
    
     dans 
    
     le 
    
     temple 
    
     du 
    
     Tout-Puissant 
    
     pendant 
    
     la 
    
     célébration 
    
     de 
    
     la 
    
     Messe, 
    
     au 
    
     moment 
    
     où 
    
     l'on 
    
     désigne 
    
     ceux 
    
     pour 
    
     qui 
    
     l'on 
    
     prie, 
    
     comme 
    
     nous 
    
     le 
    
     lisons 
    
     dans 
    
     les 
    
     Missels 
    
     écrits 
    
     au 
    
     temps 
    
     des 
    
     Roupéniens. 
    
     Il 
    
     est 
    
     dit, 
    
     par 
    
     exemple, 
    
     dans 
    
     ces 
    
     Missels: 
   
    «
    
     Nous 
    
     vous 
    
     prions, 
    
     Seigneur, 
    
     pour 
    
     la 
    
     force 
    
     et 
    
     la 
    
     victoire 
    
     de 
    
     notre 
    
     fidèle 
    
     Roi 
    
     en 
    
     J-C. 
    
     N. 
    
     N... 
    
     et 
    
     de 
    
     tous 
    
     les 
    
     Rois 
    
     Chrétiens... 
    
     Et 
    
     surtout 
    
     pour 
    
     nos 
    
     rois 
    
     défunts, 
    
     Héthoum 
    
     et 
    
     les 
    
     Léon 
    
     et 
    
     leur 
    
     reines 
    
     Zabel 
    
     et 
    
     Gherani 
   
    (
    
     Kyria-Anna
   
    ), 
    
     et 
    
     pour 
    
     ceux 
    
     qui 
    
     versèrent 
    
     leur 
    
     sang 
    
     pour 
    
     la 
    
     foi: 
    
     les 
    
     Thoros 
    
     et 
    
     le 
    
     Baron 
    
     Constantin, 
    
     et 
    
     pour 
    
     leurs 
    
     fils 
    
     et 
    
     leurs 
    
     ancêtres 
    
     les 
    
     Roupéniens, 
    
     et 
    
     pour 
    
     la 
    
     délivrance 
    
     de 
    
     nos 
    
     frères, 
    
     etc. 
    
     etc.
   
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