Il
était
nécessaire
de
se
créer
des
ressources
en
argent
pour
soutenir
l'éclat
de
la
grandeur
royale
et
pour
maintenir
la
prospérité
du
pays.
Il
fallait
donc
faciliter
l'
échange
des
marchandises
dans
le
royaume
et
donner
la
liberté
du
trafic.
C'est
ce
que
Léon
avait
résolu
de
faire
comme
étant
une
chose
de
la
plus
haute
importance.
Lorsqu'il
n'était
encore
que
prince
et
surtout
plus
tard
encore,
lorsqu'il
fut
monté
sur
le
trône
royal,
Léon
prit
à
tâche
de
conclure
des
traités
de
commerce
avec
les
souverains
chrétiens
soit
voisins,
soit
éloignés,
comme
il
avait
conclu
des
traités
d'alliance.
Au
commencement
de
sa
troisième
année
de
règne,
c'est-à-dire
en
1201,
ce
fut
aux
Vénitiens
et
aux
Génois
qu'il
offrit,
par
Privilèges,
l'exemption
des
taxes
et
la
permission
d'ériger
des
maisons
et
des
églises.
Il
leur
permit
de
faire
usage
de
lois
particulières,
de
droits
de
justice,
d'héritage,
de
naufrage,
etc.
etc.,
que
nous
ne
pouvons
énumérer
ici.
Nous
dirons
seulement
quelques
mots
sur
les
traités
qui
furent
conclus
avec
les
sociétés
commerciales
et
dont
Léon
et
ses
successeurs
tirèrent
de
grands
profits,
ainsi
que
sur
les
privilèges
qui
conférèrent
à
ces
sociétés
des
droits
que
Léon
leur
accorda
et
que
ses
successeurs
confirmèrent
en
y
apportant
toutefois
quelques
modifications;
privilèges
qui
eurent
cours
jusqu'au
milieu
du
XIV
siècle.
Léon
les
composa
sur
le
modèle
des
plus
antiques
des
royaumes
francs
de
Jérusalem
et
de
la
Syrie.
Les
traités
qui
accordent
des
prérogatives
aux
Génois
et
aux
Vénitiens
ne
diffèrent
pas
essentiellement
les
uns
des
autres.
Les
traités
conclus
avec
les
premiers
le
furent,
pendant
le
mois
de
Mars
1201,
avec
leur
ambassadeur
Ogerio
de
Pallo
ou
Pallio.
Les
traités
avec
les
seconde
furent
conclus
au
mois
de
Décembre
de
la
même
année
avec
leur
envoyé
Giacomo
Badoer
au
nom
de
leur
fameux
vieux
Doge
Enrico
Dandolo,
l'une
des
célébrités
de
l'époque,
qui,
peu
de
temps
après,
enleva
Constantinople
des
mains
des
Grecs.
Léon
accordait
aux
sujets
de
Venise
et
de
Gênes:
1.
Libre
passage
et
résidence
dans
ses
Etats;
liberté
d'importation
et
d'exportation
de
marchandises;
franchise
de
taxes
et
de
droits,
à
la
condition
seule
que:
2.
Les
trafiquants
qui
se
trouvaient
établis
dans
le
pays,
devraient
payer
la
douane,
comme
les
autres
chrétiens,
en
passant
la
Portella;
3.
Si
les
Vénitiens
apportaient
de
l'or
et
de
l'argent
pour
les
convertir
en
monnaie,
ils
auraient
à
payer
l'agio,
comme
cela
se
pratiquait
á
Ptolémaïs;
mais
si
cet
or
et
cet
argent
n'étaient
pas
pour
être
changé
en
monnaie,
ils
n'auraient
rien
à
payer;
4.
En
cas
de
naufrage,
ils
pourraient
se
récupérer
de
toutes
les
marchandises
leur
appartenant
en
propre,
qu'elles
fussent
retrouvées
sur
leurs
navires
ou
sur
des
navires
étrangers,
mais
si
ces
marchandises
étaient
la
propriété
des
étrangers,
elles
seraient
confisquées;
5.
S'il
leur
était
causé
quelque
dommage,
dans
les
Etat
de
Léon
ou
dans
ceux
de
ses
alliés,
les
Vénitiens
devraient
être
indemnisés
par
le
Trésor
public;
6.
Leurs
testaments
seraient
valables.
Si
quelqu'un
d'eux
mourrait
sans
tester
et
qu'un
membre
de
sa
famille
se
trouvât
dans
le
pays
de
Sissouan,
l'héritage
du
premier
lui
serait
donné
s'il
ne
se
trouvait
personne
pour
revendiquer
légitimement;
les
possessions
seraient
alors
sous
la
garde
du
Grand
Chancelier
du
Roi
qui,
alors,
était
l'Archevêque
de
Sis,
jusqu'au
jour
où
un
héritier
authentique
se
présenterait,
mais,
nonobstant,
au
nom
du
Doge
du
pays;
7.
Leurs
causes
devraient
être
jugées
par
eux-mêmes;
en
cas
où
personne
ne
se
présenterait
pour
les
juger,
l'Archevêque
de
Sis
prononcerait
la
sentence;
8.
L'étranger,
accusé
par
eux,
devrait
être
jugé
par
le
Tribunal
du
Roi;
le
même
tribunal
interviendrait
dans
les
procès
criminels.
9.
Il
serait
accordé
aux
Vénitiens
le
droit
de
choisir
les
emplacements
pour
leurs
églises,
leurs
tribunaux
et
leurs
habitations.
Un
traitement
serait
accordé
à
leur
curé
à
Mamestia.
Les
Génois,
en
outre,
obtiendraient
un
traitement
pour
leurs
curés
de
Tarse
et
de
Sis.
Par
un
nouveau
privilège
de
1215,
Léon
accorda
aux
Génois:
10.
Une
rue
(
vicum
)
à
Tarse,
pour
y
construire
une
église,
une
maison
de
bains,
un
four,
des
jardins,
etc.
En
même
temps,
il
leur
donna
le
libre
passage
dans
tous
ses
Etats,
excepté
pourtant
les
possessions
de
ses
quatre
Grands
Barons,
c'est-à-dire
celles
de
Othon
de
Tabaria,
de
Sire
Adan
et
des
Seigneurs
de
Coricos
et
de
Gaban.
Il
leur
imposa
pourtant
la
condition,
11.
De
toujours
protéger
et
favoriser
le
Roi
et
les
Arméniens.
On
doit
bien
penser
que
Léon
l'exigea
aussi
des
Vénitiens.
De
tous
ces
édits
ou
privilèges
il
ne
nous
reste
que
les
copies
en
latin.
Elles
sont
gardées
aux
Archives
de
Venise
et
de
Gènes.
Quoique
fort
anciennes,
elles
sont
authentiques;
les
originaux
en
sont
perdus.
Sans
aucun
doute,
Léon
conclut
aussi
des
traités
avec
les
habitants
de
Pise,
comme
son
neveu,
le
prince
Roupin-Raymond
en
conclut
aussi
avec
son
assentiment,
«
et
consensu...
Domini
Leonis
Illustrissimi
Regis
Armeniœ,
avunculi
mei
».
Il
est
même
probable
que
Léon
conclut
encore
des
traités
avec
d'autres
sociétés
de
trafiquants
des
villes
et
des
Etats
d'Italie,
afin
de
les
engager
à
venir
en
Cilicie
pendant
qu'il
y
régnait,
mais
il
ne
leur
accorda
pas
d'aussi
grandes
immunités.
Ce
trafic
avec
les
Occidentaux,
outre
qu'il
contribuait
extraordinairement
à
la
prospérité
de
Sissouan
et
rendait
plus
facile
la
tâche
de
Léon,
rendait
un
autre
immense
service
aux
Sissouaniens
en
les
forçant
à
apprendre
plusieurs
langues.
Il
amena
des
relations
avec
les
Occidentaux
qui
firent,
en
même
temps,
progresser
les
arts
et
les
sciences.
Léon,
par
ses
talents,
par
sa
ténacité,
arrivait
à
venir
à
bout
de
tout
avec
plus
ou
moins
de
bonheur.
Il
était
toujours
en
activité;
il
jetait
ses
regards
de
côté
et
d'autre;
il
prévoyait
tout,
il
réglait
tout.
Il
se
tournait
toujours
vers
le
but
que
la
fermeté
de
sa
volonté
lui
avait
assigné.
Avec
cette
nature
que
nous
lui
reconnaissons,
on
pourrait
dire
que
ce
n'est
pas
le
souci
des
étrangers
qui
l'obsédait,
mais
sa
passion
de
la
domination
qui
le
dévorait.
Et
s'il
avait
pu
réussir,
comme
il
l'espérait
par
le
traité
passé
entre
lui
et
Bohémond
III,
à
donner
tranquillement
Antioche
en
héritage
à
son
neveu,
il
aurait
certainement
causé
de
grands
embarras
à
ses
voisins
les
Sultans
d'Alep
et
d'Iconie,
intrus
dans
les
possessions
des
chrétiens.
Ces
sultans
connaissaient
bien
la
force
du
lion
arménien,
ils
n'auraient
pas
tardé
à
chercher
à
le
devancer
et
à
franchir
les
frontières
de
cette
principauté.
Ce
fut
cette
fatale
question
d'Antioche,
à
laquelle
nous
voici
arrivé
et
dont
nous
devons
parler
bon
gré
malgré,
qui
vint
mettre
obstacle
aux
grandes
entreprises
de
Léon;
bien
que
cela
servît
à
donner
plus
d'éclat
à
la
puissance
de
son
génie.