Léon 
    
     avait 
    
     la 
    
     docilité 
    
     de 
    
     cœur, 
    
     mais 
    
     il 
    
     était 
    
     tenace 
    
     dans 
    
     ses 
    
     volontés, 
    
     il 
    
     avait 
    
     l'esprit 
    
     prompt 
    
     et 
    
     ardent, 
    
     il 
    
     était 
    
     doué 
    
     d'une 
    
     grande 
    
     finesse 
    
     d'intelligence. 
    
     Mais 
    
     il 
    
     subissait 
    
     comme 
    
     tout 
    
     le 
    
     monde 
    
     les 
    
     ravages 
    
     du 
    
     temps 
    
     et 
    
     était 
    
     comme 
    
     le 
    
     reste 
    
     de 
    
     l'humanité 
    
     astreint 
    
     aux 
    
     lois 
    
     de 
    
     la 
    
     nature. 
    
     Il 
    
     était 
    
     au 
    
     déclin 
    
     de 
    
     ses 
    
     jours 
    
     et 
    
     sa 
    
     force 
    
     physique 
    
     ne 
    
     lui 
    
     permettait 
    
     plus 
    
     guère 
    
     de 
    
     suivre 
    
     les 
    
     impulsions 
    
     de 
    
     son 
    
     âme. 
    
     C'est 
    
     peut-être 
    
     le 
    
     surcroît 
    
     incessant 
    
     infligé 
    
     à 
    
     ses 
    
     forces 
    
     actives 
    
     qui 
    
     lui 
    
     occasionna 
    
     ce 
    
     tremblement 
    
     nerveux 
    
     qui 
    
     agitait 
    
     ses 
    
     pieds 
    
     et 
    
     ses 
    
     mains, 
    
     ces 
    
     douleurs 
    
     vives 
    
     qu'on 
    
     appelle 
    
     communément 
    
     goutte 
    
     ou 
    
     rhumatisme 
    
     et 
    
     auxquelles 
    
     les 
    
     Turcs 
    
     donnent 
    
     le 
    
     nom 
    
     de 
     
      Nikrisse. 
    
     C'est 
    
     le 
    
     mot 
    
     dont 
    
     se 
    
     sert 
    
     Sempad: 
   
    «
    
     Léon 
    
     arrivé 
    
     à 
    
     la 
    
     vieillesse, 
    
     fut 
    
     pris 
    
     par 
    
     la 
    
     Nikrisse 
    
     qui 
    
     le 
    
     rendit 
    
     impotent 
    
     des 
    
     mains 
    
     et 
    
     des 
    
     pieds
   
    ». 
    
     Notre 
    
     historien 
    
     appelle 
    
     cette 
    
     maladie: 
     
      mal 
     
      royal, 
    
     est-ce 
    
     par 
    
     flatterie 
    
     pour 
    
     le 
    
     roi 
    
     qu'il 
    
     l'appelle 
    
     ainsi, 
    
     ou 
    
     les 
    
     Orientaux 
    
     lui 
    
     donnaient-ils 
    
     ce 
    
     nom
   
    ? 
    
     On 
    
     la 
    
     désigne 
    
     encore 
    
     sous 
    
     le 
    
     nom 
    
     de 
     
      mal 
     
      de 
     
      Baron 
    
     dans 
    
     nos 
    
     manuscrits. 
    
     Léon 
    
     était 
    
     atteint 
    
     de 
    
     cette 
    
     maladie 
    
     depuis 
    
     quelques 
    
     années, 
    
     mais 
    
     cela 
    
     ne 
    
     lui 
    
     avait 
    
     point 
    
     fait 
    
     négliger 
    
     les 
    
     affaires 
    
     de 
    
     son 
    
     gouvernement, 
    
     cela 
    
     ne 
    
     l'avait 
    
     nullement 
    
     empêché 
    
     de 
    
     courir 
    
     d'un 
    
     lieu 
    
     à 
    
     l'autre 
    
     lorsque 
    
     les 
    
     circonstances 
    
     l'exigeaient. 
    
     Il 
    
     fallut 
    
     que 
    
     son 
    
     mal 
    
     s'aggravât 
    
     considérablement 
    
     avec 
    
     sa 
    
     vieillesse, 
    
     pour 
    
     qu'en 
    
     temps 
    
     de 
    
     guerre, 
    
     il 
    
     ne 
    
     se 
    
     mît 
    
     plus 
    
     à 
    
     la 
    
     tête 
    
     de 
    
     ses 
    
     armées.
 
    
     Son 
    
     voisin, 
    
     le 
    
     sultan 
    
     d'Iconie, 
    
     voyant 
    
     Léon 
    
     dans 
    
     cet 
    
     état, 
    
     (il 
    
     y 
    
     avait 
    
     six 
    
     ou 
    
     sept 
    
     ans 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     passé 
    
     un 
    
     traité 
    
     de 
    
     paix 
    
     avec 
    
     lui 
   
    ), 
    
     voyant 
    
     aussi 
    
     que 
    
     tous 
    
     les 
    
     princes 
    
     croisés 
    
     de 
    
     l'Occident 
    
     étaient 
    
     retenus 
    
     alors 
   
    — 
    
     c'était 
    
     vers 
    
     la 
    
     fin 
    
     de 
    
     l'année 
   
    1216 
   
    — 
    
     par 
    
     le 
    
     siège 
    
     de 
    
     Damiette, 
    
     rompit 
    
     le 
    
     traité. 
    
     A 
    
     la 
    
     tête 
    
     d'une 
    
     forte 
    
     armée, 
    
     il 
    
     franchit 
    
     les 
    
     frontières 
    
     du 
    
     royaume 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     vint 
    
     mettre 
    
     le 
    
     siège 
    
     devant 
    
     le 
    
     fort 
    
     de 
    
     Gaban, 
    
     qui 
    
     était 
    
     regardé 
    
     comme 
    
     l'une 
    
     des 
    
     meilleures 
    
     forteresses 
    
     du 
    
     pays. 
    
     Les 
    
     Arméniens, 
    
     en 
    
     perdant 
    
     Gaban, 
    
     eussent 
    
     fait 
    
     une 
    
     perte 
    
     immense, 
    
     mais 
    
     le 
    
     sultan 
    
     ne 
    
     parvint 
    
     qu'à 
    
     moitié 
    
     à 
    
     s'en 
    
     rendre 
    
     maître. 
    
     Car 
    
     le 
    
     gouverneur 
    
     et 
    
     seigneur 
    
     de 
    
     ce 
    
     château, 
    
     le 
    
     Baron 
    
     Léon 
    
     lui 
    
     résista 
    
     courageusement 
    
     et 
    
     fit 
    
     prévenir 
    
     le 
    
     roi 
    
     Léon 
    
     qu'il 
    
     était 
    
     assiégé. 
    
     Mais 
    
     avant 
    
     que 
    
     les 
    
     troupes 
    
     du 
    
     Roi 
    
     qui 
    
     venaient 
    
     pour 
    
     le 
    
     soutenir 
    
     ne 
    
     fussent 
    
     arrivées, 
    
     la 
    
     garnison 
    
     du 
    
     fort 
    
     et 
    
     les 
    
     barons 
    
     qui 
    
     s'y 
    
     trouvaient 
    
     firent 
    
     une 
    
     sortie, 
    
     se 
    
     jetèrent 
   
    à 
    
     l'improviste 
    
     sur 
    
     l'ennemi 
    
     et, 
    
     bouleversant 
    
     son 
    
     camp, 
    
     mirent 
    
     le 
    
     feu 
    
     à 
    
     ses 
    
     ballistes 
    
     de 
    
     bois 
    
     et 
    
     se 
    
     reployèrent 
    
     immédiatement 
    
     et 
    
     rentrèrent 
    
     dans 
    
     leur 
    
     citadelle.
  
 
    
     Les 
    
     troupes 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     composées 
    
     de 
    
     cavalerie 
    
     et 
    
     d'infanterie, 
    
     arrivèrent. 
    
     Elles 
    
     étaient 
    
     placées 
    
     sous 
    
     le 
    
     commandement 
    
     du 
    
     jeune 
    
     Connétable 
    
     Constantin, 
    
     fils 
    
     du 
    
     gendre 
    
     du 
    
     Roi 
    
     (que 
    
     nous 
    
     pourrions 
    
     dire 
    
     un 
    
     autre 
    
     Léon, 
    
     après 
    
     Léon, 
    
     notre 
    
     Roi, 
    
     car 
    
     il 
    
     fut 
    
     le 
    
     soutien 
    
     de 
    
     son 
    
     royaume 
    
     pendant 
    
     cinquante 
    
     années). 
    
     Constantin 
    
     était 
    
     accompagné 
    
     du 
    
     grand 
    
     seigneur 
    
     et 
    
     bailli 
    
     Adan, 
    
     et 
    
     de 
    
     beaucoup 
    
     d'autres 
    
     grands 
    
     barons, 
    
     parmi 
    
     lesquels 
    
     se 
    
     trouvait 
    
     Constantin, 
    
     fils 
    
     de 
    
     Héthoum-Elie. 
    
     Les 
    
     Arméniens 
    
     mirent 
    
     leur 
    
     camp 
    
     près 
    
     de 
    
     Choghagan, 
    
     au 
    
     pied 
    
     de 
    
     la 
    
     montagne 
    
     de 
    
     ce 
    
     nom. 
    
     Nous 
    
     voudrions 
    
     pouvoir 
    
     préciser 
    
     l'endroit. 
    
     Le 
    
     sultan 
    
     accourut 
    
     avec 
    
     son 
    
     armée, 
    
     abandonnant 
    
     pour 
   
    l'
    
     instant 
    
     le 
    
     siège 
    
     du 
    
     fort, 
    
     et 
    
     campa 
    
     en 
    
     face 
    
     d'eux 
    
     à 
    
     l'endroit 
    
     appelé 
     
      Jézédi
   
    (?), 
    
     également 
    
     proche 
    
     de 
    
     Choghagan. 
    
     Le 
    
     combat 
    
     fut 
    
     décidé 
    
     pour 
    
     le 
    
     lendemain. 
    
     Je 
    
     ne 
    
     saurais 
    
     dire 
    
     quel 
    
     côté 
    
     prit 
    
     l'offensive. 
    
     Tout 
    
     d'abord 
    
     ce 
    
     furent 
    
     les 
    
     troupes 
    
     de 
    
     Constantin 
    
     qui 
    
     furent 
    
     victorieuses; 
    
     elles 
    
     repoussèrent 
    
     l'armée 
    
     du 
    
     Sultan 
    
     et 
    
     la 
    
     poursuivirent. 
    
     Constantin 
    
     croyait 
    
     que 
    
     le 
    
     Sire 
    
     Adan, 
    
     en 
    
     faisait 
    
     autant 
    
     de 
    
     son 
    
     côté 
    
     pour 
    
     l'autre 
    
     aile 
    
     de 
    
     l'ennemi; 
    
     mais 
    
     il 
    
     arriva 
    
     trop 
    
     tard 
    
     ou 
    
     ne 
    
     prit 
    
     aucune 
    
     part 
    
     au 
    
     combat. 
    
     L'ennemi, 
    
     reprenant 
    
     courage, 
    
     prit 
    
     les 
    
     troupes 
    
     de 
    
     Constantin 
    
     de 
    
     flanc, 
    
     ses 
    
     fuyards 
    
     se 
    
     rallièrent, 
    
     bientôt 
    
     ils 
    
     cernèrent 
    
     Constantin 
    
     de 
    
     tous 
    
     les 
    
     côtés 
    
     et 
    
     le 
    
     forcèrent 
    
     à 
    
     se 
    
     rendre. 
    
     C'est 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     le 
    
     Connétable 
    
     des 
    
     Arméniens 
    
     fut 
    
     fait 
    
     prisonnier 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     que 
    
     Constantin 
    
     de 
    
     Lambroun; 
    
     Kyr 
    
     Isaac, 
    
     seigneur 
    
     de 
    
     la 
    
     forteresse 
    
     de 
    
     Sigh, 
    
     Vassil 
    
     Oksentz, 
    
     et 
    
     d'autres 
    
     princes 
    
     et 
    
     chevaliers, 
    
     et 
    
     que 
    
     plusieurs 
    
     autres 
    
     princes 
    
     restèrent 
    
     sur 
    
     le 
    
     champ 
    
     de 
    
     bataile. 
    
     Le 
    
     sultan 
    
     prit 
    
     les 
    
     prisonniers 
    
     avec 
    
     lui 
    
     et 
    
     s'en 
    
     revint 
    
     continuer 
    
     le 
    
     siège 
    
     de 
    
     Gaban.
  
 
   
    L'historien 
   
    Vahram 
   
    suppose 
   
    que 
   
    Léon, 
   
    après 
   
    avoir 
   
    envoyé 
   
    les 
   
    premières 
   
    troupes, 
   
    vint 
   
    les 
   
    rejoindre 
   
    avec 
   
    un 
   
    autre 
   
    corps 
   
    d'armée. 
   
    Il 
   
    dit:
  
 
   
    «
    
     Cependant 
    
     les 
    
     soldats 
    
     perdant 
    
     la 
    
     tête,
  
 
   
    Et 
   
    n'attendant 
   
    pas 
   
    le 
   
    roi,
  
 
   
    A 
   
    peine 
   
    l'ennemi 
   
    aperçu, 
   
    livrèrent 
   
    combat,
  
 
   
    Et 
   
    furent 
   
    vaincus 
   
    par 
   
    les 
   
    infidèles.
  
 
   
    Beaucoup 
   
    d'entre 
   
    eux 
   
    furent 
   
    tués,
  
 
    
     D'autres 
    
     faits 
    
     prisonniers
   
    ».
  
 
    
     Il 
    
     ne 
    
     paraît 
    
     pas 
    
     probable 
    
     que 
    
     tout 
    
     d'abord 
    
     Léon 
    
     ait 
    
     voulu 
    
     prendre 
    
     part 
    
     à 
    
     cette 
    
     affaire, 
    
     puisqu'il 
    
     y 
    
     envoya 
    
     ses 
    
     deux 
    
     plus 
    
     grands 
    
     barons 
    
     et 
    
     ministres 
    
     en 
    
     qui 
    
     il 
    
     avait 
    
     mis 
    
     toute 
    
     sa 
    
     confiance, 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     qu'il 
    
     leur 
    
     avait 
    
     donné 
    
     des 
    
     troupes 
    
     qu'il 
    
     croyait 
    
     suffisantes, 
    
     mais 
    
     lorsqu'il 
    
     reçut 
    
     la 
    
     nouvelle 
    
     de 
    
     la 
    
     défaite 
    
     de 
    
     Constantin 
    
     et 
    
     du 
    
     péril 
    
     dans 
    
     lequel 
    
     se 
    
     trouvait 
    
     le 
    
     fort 
    
     de 
    
     Gaban, 
    
     il 
    
     ne 
    
     prit 
    
     plus 
    
     garde 
    
     au 
    
     mauvais 
    
     état 
    
     de 
    
     sa 
    
     santé 
    
     et, 
    
     s'armant 
    
     de 
    
     ses 
    
     ruses 
    
     d'habitude, 
    
     il 
    
     leva 
    
     autant 
    
     de 
    
     soldats 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     fut 
    
     possible, 
    
     se 
    
     mit 
    
     à 
    
     leur 
    
     tête 
    
     et, 
    
     comme 
    
     en 
    
     général 
    
     jeune 
    
     encore, 
    
     arriva 
    
     par 
    
     des 
    
     chemins 
    
     ignorés 
    
     aux 
    
     frontières 
    
     de 
    
     Cesarée. 
    
     Il 
    
     y 
    
     porta 
    
     la 
    
     dévastation 
    
     et 
    
     de 
    
     là 
    
     se 
    
     dirigea 
    
     sur 
    
     le 
    
     sultan. 
    
     Celui-ci, 
    
     quand 
    
     il 
    
     en 
    
     eut 
    
     connaissance, 
    
     craignant 
    
     de 
    
     perdre 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     pris, 
    
     se 
    
     contenta 
    
     des 
    
     prisonniers 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     faits 
    
     et, 
    
     sachant 
    
     bien 
    
     aussi 
    
     qu'il 
    
     lui 
    
     serait 
    
     impossible 
    
     de 
    
     s'emparer 
    
     de 
    
     Gaban, 
    
     revint 
    
     en 
    
     hâte 
    
     dans 
    
     ses 
    
     Etats.
  
 
    
     D'après 
    
     le 
    
     dire 
    
     de 
    
     quelques-uns 
    
     de 
    
     nos 
    
     historiens, 
    
     il 
    
     paraîtrait 
    
     que 
    
     le 
    
     Sultan 
    
     se 
    
     serait 
    
     réellement 
    
     contenté 
    
     d'avoir 
    
     fait 
    
     prisonniers 
    
     le 
    
     généralissime 
    
     des 
    
     Arméniens 
    
     et 
    
     les 
    
     grands 
    
     seigneurs 
    
     ses 
    
     officiers 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     aurait 
    
     abandonné 
    
     son 
    
     projet 
    
     de 
    
     s'emparer 
    
     de 
    
     Gaban. 
    
     Mais 
    
     cela 
    
     est 
    
     peu 
    
     probable, 
    
     puisqu'il 
    
     était 
    
     revenu 
    
     continuer 
    
     le 
    
     siège 
    
     de 
    
     ce 
    
     château-fort 
    
     après 
    
     avoir 
    
     vaincu 
    
     Constantin 
    
     et 
    
     lui 
    
     avoir 
    
     pris 
    
     un 
    
     grand 
    
     butin. 
    
     Les 
    
     assiégés 
    
     auraient 
    
     même 
    
     dû 
    
     plutôt 
    
     se 
    
     rendre 
    
     soit 
    
     par 
    
     crainte, 
    
     soit 
    
     par 
    
     découragement, 
    
     car 
    
     ils 
    
     ne 
    
     prévoyaient 
    
     aucune 
    
     issue 
    
     favorable, 
    
     puisque 
   
    l'
    
     armée 
    
     arménienne 
    
     avait 
    
     été 
    
     défaite. 
    
     Il 
    
     faudrait 
    
     donc 
    
     admettre 
    
     que 
    
     le 
    
     sultan 
    
     se 
    
     trompa 
    
     en 
    
     voyant 
    
     que 
    
     les 
    
     soldats 
    
     de 
    
     Léon 
    
     n'étaient 
    
     pas 
    
     à 
    
     bout 
    
     de 
    
     forces 
    
     comme 
    
     il 
    
     l'avait 
    
     cru 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     s'empressa 
    
     de 
    
     regagner 
    
     ses 
    
     Etats 
    
     quand 
    
     il 
    
     était 
    
     encore 
    
     victorieux 
    
     dans 
    
     la 
    
     crainte 
    
     d'être 
    
     obligé 
    
     d'y 
    
     rentrer 
    
     en 
    
     vaincu. 
    
     Il 
    
     pensa, 
   
    — 
    
     et 
    
     je 
    
     crois 
    
     plutôt 
    
     ceci, 
   
    — 
    
     que 
    
     bien 
    
     que 
    
     Léon 
    
     pût 
    
     venir 
    
     envahir 
    
     son 
    
     territoire, 
    
     il 
    
     ne 
    
     le 
    
     ferait 
    
     pas 
    
     immédiatement, 
    
     car 
    
     il 
    
     n'était 
    
     pas 
    
     alors 
    
     en 
    
     état 
    
     de 
    
     tenir 
    
     tête 
    
     à 
    
     cette 
    
     multitude 
    
     de 
    
     troupes 
    
     du 
    
     sultan. 
    
     Il 
    
     ne 
    
     pouvait 
    
     pour 
    
     le 
    
     moment 
    
     que 
    
     ranimer 
    
     le 
    
     courage 
    
     de 
    
     son 
    
     armée, 
    
     combler 
    
     les 
    
     vides 
    
     de 
    
     ses 
    
     rangs 
    
     et 
    
     venir 
    
     prendre 
    
     sa 
    
     revanche 
    
     à 
    
     un 
    
     moment 
    
     favorable. 
    
     C'est 
    
     même 
    
     pour 
    
     cela 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     se 
    
     depêcha 
    
     pas 
    
     de 
    
     demander 
    
     la 
    
     reddition 
    
     des 
    
     prisonniers 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     abandonna 
    
     pour 
    
     l'instant 
    
     ses 
    
     plus 
    
     chers 
    
     et 
    
     utiles 
    
     officiers 
    
     à 
    
     l'ennemi. 
    
     Il 
    
     attendait 
    
     peut-être 
    
     aussi 
    
     que 
    
     Damiette 
    
     fut 
    
     prise, 
    
     parce 
    
     qu'après 
    
     cela, 
    
     les 
    
     Croisés 
    
     se 
    
     seraient 
    
     sans 
    
     doute 
    
     dispersés 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     aurait 
    
     pu 
    
     alors 
    
     demander 
    
     aide 
    
     à 
    
     ses 
    
     fidèles 
    
     chevaliers. 
    
     Mais 
    
     le 
    
     siège 
    
     de 
    
     cette 
    
     place 
    
     se 
    
     prolongeait 
    
     et 
    
     Léon 
    
     attendit 
    
     vainement 
    
     la 
    
     nouvelle 
    
     de 
    
     la 
    
     prise. 
    
     De 
    
     jour 
    
     en 
    
     jour 
    
     ses 
    
     forces 
    
     diminuaient. 
    
     Ce 
    
     n'est 
    
     qu'après 
    
     seize 
    
     mois 
    
     de 
    
     leur 
    
     captivité 
    
     qu'il 
    
     se 
    
     décida 
    
     à 
    
     délivrer 
    
     ses 
    
     barons 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     demanda 
    
     qu'on 
    
     les 
    
     lui 
    
     rendît. 
    
     Il 
    
     leur 
    
     laissa 
    
     le 
    
     soin 
    
     de 
    
     reprendre, 
    
     avec 
    
     le 
    
     temps, 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     donna 
    
     pour 
    
     leur 
    
     rançon: 
    
     le 
    
     fort 
    
     de 
    
     Loulou 
    
     et 
    
     le 
    
     Château 
    
     de 
    
     Lauzade, 
    
     dans 
    
     la 
    
     vallée 
    
     de 
    
     l'Isaurie, 
    
     sans 
    
     prendre 
    
     en 
    
     considération 
    
     que 
    
     ces 
    
     forteresses 
    
     étaient 
    
     de 
    
     célèbres 
    
     garnisons. 
    
     Car, 
    
     selon 
    
     la 
    
     réflexion 
    
     du 
    
     Connétable 
   
    — 
    
     historien, 
    
     fils 
    
     de 
    
     Constantin 
    
     le 
    
     Connétable 
    
     prisonnier, 
    
     «il 
    
     vaut 
    
     mieux 
    
     pour 
    
     le 
    
     roi 
    
     un 
    
     bon 
    
     vassal 
    
     que 
    
     toute 
    
     autre 
    
     richesse
   
    ». 
    
     Le 
    
     père 
    
     de 
    
     celui-ci 
    
     qui 
    
     dit 
    
     ceci, 
    
     récompensa 
    
     bien 
    
     le 
    
     Roi 
    
     de 
    
     sa 
    
     générosité. 
   
    «
    
     Après 
    
     la 
    
     mort 
    
     du 
    
     roi, 
    
     le 
    
     connétable 
    
     Constantin 
    
     rendit 
    
     en 
    
     effet 
    
     cent 
    
     fois 
    
     plus 
    
     de 
    
     bien 
    
     à 
    
     la 
    
     fille 
    
     du 
    
     roi
   
    », 
    
     à 
    
     Zabèle. 
    
     La 
    
     délivrance 
    
     des 
    
     prisonniers 
    
     eut 
    
     lieu 
    
     vers 
    
     le 
    
     milieu 
    
     de 
    
     l'année 
   
    1218, 
    
     peu 
    
     de 
    
     temps 
    
     avant 
    
     la 
    
     mort 
    
     de 
    
     Léon.