Après 
    
     un 
    
     cours 
    
     de 
    
     cent 
    
     vingt 
    
     ans 
    
     de 
    
     principauté 
    
     des 
    
     Barons 
    
     Roupéniens, 
    
     leur 
    
     souveraineté 
    
     devenant 
    
     une 
    
     royauté, 
    
     apporta 
    
     conséquemment 
    
     bien 
    
     des 
    
     changements 
    
     dans 
    
     le 
    
     pays, 
    
     dans 
    
     les 
    
     lois 
    
     et 
    
     l'administration 
    
     de 
    
     l'Etat 
    
     et 
    
     même 
    
     dans 
    
     les 
    
     noms 
    
     et 
    
     les 
    
     charges 
    
     des 
    
     dignitaires 
    
     ou 
    
     fonctionnaires 
    
     politiques. 
    
     De 
    
     vieilles 
    
     institutions 
    
     devaient 
    
     se 
    
     rétablir, 
    
     de 
    
     nouvelles 
    
     devaient 
    
     se 
    
     former. 
    
     Léon 
    
     entouré 
    
     de 
    
     ministres 
    
     dévoués 
    
     et 
    
     de 
    
     quelques 
    
     savants, 
    
     les 
    
     yeux 
    
     fixés 
    
     toujours 
    
     sur 
    
     les 
    
     Assises 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     y 
    
     réfléchit 
    
     longtemps 
    
     et 
    
     donna 
    
     à 
    
     ces 
    
     institutions 
    
     tout 
    
     son 
    
     empressement 
    
     et 
    
     tous 
    
     ses 
    
     soins. 
    
     Voici 
    
     ce 
    
     qu'écrit 
    
     un 
    
     historien: 
    
     «Lorsque 
    
     Léon 
    
     entendait 
    
     parler 
    
     de 
    
     quelqu'un 
    
     qui 
    
     pouvait 
    
     lui 
    
     être 
    
     utile, 
    
     il 
    
     l'envoyai 
    
     aussitôt 
    
     chercher, 
    
     où 
    
     qu'il 
    
     se 
    
     trouvât, 
    
     le 
    
     faisait 
    
     venir 
    
     à 
    
     son 
    
     palais 
    
     et 
    
     le 
    
     comblait 
    
     de 
    
     présents
   
    ». 
    
     Il 
    
     agissait 
    
     de 
    
     la 
    
     sorte, 
    
     non 
    
     seulement 
    
     vis-à-vis 
    
     de 
    
     ses 
    
     compatriotes, 
    
     mais 
    
     encore 
    
     vis-à-vis 
    
     des 
    
     princes 
    
     et 
    
     des 
    
     miliciens 
    
     français 
    
     qui 
    
     vinrent 
    
     volontiers 
    
     se 
    
     mettre 
    
     à 
    
     sa 
    
     disposition 
    
     et 
    
     furent 
    
     ainsi 
    
     les 
    
     témoins 
    
     des 
    
     grandes 
    
     idées 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     de 
    
     la 
    
     puissance 
    
     de 
    
     son 
    
     génie 
    
     et 
    
     de 
    
     la 
    
     gloire 
    
     dont 
    
     il 
    
     rehaussa 
    
     son 
    
     règne. 
    
     Léon 
    
     répandait 
    
     donc 
    
     dans 
    
     son 
    
     royaume 
    
     comme 
    
     des 
    
     rayons 
    
     de 
    
     lumière 
    
     et 
    
     de 
    
     vie, 
    
     par 
    
     les 
    
     réformes 
    
     qu'il 
    
     y 
    
     introduisait, 
    
     par 
    
     les 
    
     progrès 
    
     qu'il 
    
     faisait 
    
     accomplir 
    
     aux 
    
     arts 
    
     et 
    
     aux 
    
     sciences, 
    
     par 
    
     la 
    
     politique 
    
     adroite 
    
     qu'il 
    
     apportait 
    
     dans 
    
     ses 
    
     relations 
    
     avec 
    
     le 
    
     clergé 
    
     séculier 
    
     et 
    
     régulier. 
    
     Il 
    
     avait 
    
     le 
    
     puissant 
    
     appui 
    
     de 
    
     tout 
    
     le 
    
     clergé 
    
     et 
    
     particulièrement 
    
     du 
    
     vénérable 
    
     vieillard 
    
     de 
    
     la 
    
     dynastie 
    
     parthe, 
    
     du 
    
     Catholicos 
    
     Grégoire 
    
     Abirad.
 
    
     Léon 
    
     venait 
    
     en 
    
     aide 
    
     à 
    
     tous 
    
     ses 
    
     sujets, 
    
     soit 
    
     en 
    
     personne, 
    
     soit 
    
     par 
    
     ses 
    
     ministres. 
    
     Son 
    
     zèle 
    
     protecteur 
    
     s'étendit 
    
     non 
    
     seulement 
    
     sur 
    
     ses 
    
     soixante-dix 
    
     barons, 
    
     seigneurs 
    
     de 
    
     Châteaux 
    
     forts, 
    
     mais 
    
     encore 
    
     et 
    
     peut-être 
    
     davantage 
   
    «
    
     sur 
    
     les 
    
     couvents 
    
     et 
    
     les 
    
     lieux 
    
     saints
   
    » 
    
     au 
    
     dire 
    
     de 
   
    l'
    
     historien. 
    
     Il 
    
     comprenait 
    
     bien 
    
     la 
    
     grande 
    
     utilité 
    
     des 
    
     maisons 
    
     religieuses 
    
     et 
    
     leur 
    
     influence 
    
     sur 
    
     les 
    
     progrès 
    
     moraux 
    
     d'un 
    
     pays. 
    
     En 
    
     cela, 
    
     il 
    
     fut 
    
     d'ailleurs 
    
     soutenu 
    
     par 
    
     la 
    
     piété 
    
     de 
    
     sa 
    
     famille, 
    
     et 
    
     jamais 
    
     l'ambition, 
    
     l'amour 
    
     des 
    
     conquêtes 
    
     et 
    
     les 
    
     autres 
    
     passions 
    
     du 
    
     même 
    
     genre 
    
     ne 
    
     furent 
    
     capables 
    
     d'ébranler 
    
     la 
    
     fermeté 
    
     de 
    
     sa 
    
     foi 
    
     et 
    
     de 
    
     troubler 
    
     son 
    
     zèle 
    
     religieux. 
    
     L'historien 
    
     rapporte 
   
    «
    
     qu'il 
    
     faisait 
    
     célébrer 
    
     le 
    
     jour 
    
     de 
    
     Pâques 
    
     avec 
    
     autant 
    
     de 
    
     faste, 
    
     autant 
    
     de 
    
     solennité, 
    
     autant 
    
     de 
    
     festins
   
    » 
    
     que 
    
     nous 
    
     avons 
    
     vu 
    
     qu'il 
    
     fit 
    
     pour 
    
     la 
    
     fête 
    
     de 
    
     l'Epiphanie. 
    
     Ce 
    
     n'était 
    
     pas 
    
     pour 
    
     le 
    
     plaisir 
    
     qu'il 
    
     y 
    
     éprouvait 
    
     lui-même, 
    
     c'était 
    
     plutôt 
    
     pour 
    
     le 
    
     plaisir 
    
     que 
    
     par 
    
     là 
    
     il 
    
     procurait 
    
     aux 
    
     autres.
  
 
    
     Bien 
    
     qu'aucun 
    
     des 
    
     Chroniqueurs 
    
     ne 
    
     nous 
    
     ait 
    
     parlé 
    
     distinctement 
    
     de 
    
     ses 
    
     œuvres, 
    
     ni 
    
     des 
    
     nombreux 
    
     édifices 
    
     qu'il 
    
     fit 
    
     élever, 
    
     il 
    
     paraît 
    
     cependant 
    
     qu'il 
    
     s'occupa 
    
     tout 
    
     d'abord 
    
     d'élever 
    
     des 
    
     forteresses 
    
     le 
    
     long 
    
     de 
    
     ses 
    
     frontières, 
    
     de 
    
     fortifier 
    
     les 
    
     défilés 
    
     des 
    
     montagnes 
    
     et 
    
     les 
    
     passages 
    
     des 
    
     fleuves. 
    
     Ensuite 
    
     il 
    
     pensa 
    
     à 
    
     embellir 
    
     les 
    
     villes 
    
     par 
    
     de 
    
     nouvelles 
    
     constructions 
    
     et 
    
     surtout 
    
     Sis, 
    
     sa 
    
     capitale, 
    
     et 
    
     à 
    
     rendre 
    
     imprenable 
    
     le 
    
     fameux 
    
     fort 
    
     de 
    
     cette 
    
     dernière 
    
     cité. 
    
     Willebrand, 
    
     que 
    
     nous 
    
     avons 
    
     cité 
    
     plus 
    
     haut, 
    
     en 
    
     donne 
    
     le 
    
     témoignage. 
    
     Plus 
    
     tard 
    
     ce 
    
     fut 
    
     de 
    
     Tarse 
    
     et 
    
     des 
    
     autres 
    
     villes 
    
     qu'il 
    
     s'occupa. 
    
     Mais 
    
     fidèle 
    
     à 
    
     la 
    
     promesse 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     faite 
    
     au 
    
     Pape, 
    
     il 
    
     restaura 
    
     avec 
    
     un 
    
     soin 
    
     particulier 
    
     les 
    
     églises, 
    
     non 
    
     seulement 
    
     les 
    
     nationales, 
    
     mais 
    
     celles 
    
     aussi 
    
     des 
    
     Grecs 
    
     et 
    
     des 
    
     Latins. 
    
     En 
    
     outre, 
    
     il 
    
     agrandit 
    
     les 
    
     diocèses 
    
     des 
    
     Evêques 
    
     des 
    
     principales 
    
     villes. 
    
     Le 
    
     monastère 
    
     sur 
    
     lequel 
    
     il 
    
     porta 
    
     ses 
    
     préférences, 
    
     fut 
    
     celui 
    
     de 
    
     Agnèse. 
    
     Il 
    
     lui 
    
     donna 
    
     des 
    
     proportions 
    
     plus 
    
     vastes 
    
     et 
    
     en 
    
     fit 
    
     un 
    
     monument 
    
     remarquable. 
    
     C'est 
    
     ce 
    
     monastère 
    
     qu'il 
    
     choisit 
    
     pour 
    
     passer 
    
     la 
    
     dernière 
    
     et 
    
     inévitable 
    
     heure 
    
     de 
    
     son 
    
     existence.
  
 
    
     Le 
    
     pays 
    
     de 
    
     Sissouan 
    
     où, 
    
     au 
    
     milieu 
    
     des 
    
     indigènes, 
    
     habitaient 
    
     tant 
    
     d'étrangers 
    
     grecs, 
    
     syriens 
    
     et 
    
     latins, 
    
     devait 
    
     être 
    
     administré 
    
     d'une 
    
     façon 
    
     plus 
    
     en 
    
     conformité 
    
     avec 
    
     les 
    
     Assises 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     dont 
    
     faisaient 
    
     usage 
    
     toutes 
    
     les 
    
     principautés 
    
     chrétiennes 
    
     en 
    
     Syrie. 
    
     Autrement 
    
     des 
    
     contestations 
    
     et 
    
     des 
    
     querelles 
    
     continuelles 
    
     se 
    
     seraient 
    
     élevées 
    
     parmi 
    
     cette 
    
     population 
    
     de 
    
     langues 
    
     et 
    
     de 
    
     religions 
    
     différentes. 
    
     Chaque 
    
     nationalité, 
    
     du 
    
     reste, 
    
     s'était 
    
     soumise 
    
     à 
    
     ces 
    
     Assises, 
    
     l'une 
    
     par 
    
     consentement, 
    
     l'autre 
    
     par 
    
     habitude. 
    
     Les 
    
     Arméniens, 
    
     de 
    
     leur 
    
     côté, 
    
     s'étaient 
    
     conformés 
    
     aux 
    
     us 
    
     et 
    
     coutumes 
    
     des 
    
     Antiochiens; 
    
     non 
    
     seulement 
    
     parce 
    
     qu'ils 
    
     se 
    
     trouvaient 
    
     voisins 
    
     de 
    
     leur 
    
     principauté 
    
     mais 
    
     encore 
    
     parce 
    
     qu'ils 
    
     y 
    
     étaient 
    
     tenus 
    
     par 
    
     le 
    
     devoir 
    
     d'hommage 
    
     au 
    
     Prince 
    
     de 
    
     ces 
    
     derniers. 
    
     Les 
    
     Arméniens, 
    
     en 
    
     revanche, 
    
     en 
    
     recevaient 
    
     l'ordre 
    
     chevaleresque.
  
 
    
     Sous 
    
     le 
    
     règne 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     les 
    
     Assises 
    
     d'Antioche 
    
     n'étaient 
    
     point 
    
     encore 
    
     fixées 
    
     par 
    
     l'écriture. 
   
    — 
    
     Elles 
    
     ont 
    
     été 
    
     retrouvées, 
    
     ces 
    
     temps-ci, 
    
     par 
    
     hasard, 
    
     à 
    
     la 
    
     gloire 
    
     de 
    
     la 
    
     littérature 
    
     arménienne. 
    
     L'original, 
    
     en 
    
     latin 
    
     ou 
    
     en 
    
     français, 
    
     n'a 
    
     pas 
    
     encore 
    
     été 
    
     retrouvé. 
    
     Nous 
    
     en 
    
     possédons 
    
     la 
    
     traduction 
    
     arménienne 
    
     du 
    
     Connétable 
    
     Sempad, 
    
     faite 
    
     au 
    
     commencement 
    
     de 
    
     la 
    
     deuxième 
    
     moitié 
    
     du 
    
     XIII 
    
     siècle, 
    
     dont 
    
     la 
    
     copie 
    
     (que 
    
     nous 
    
     possédons 
    
     personnellement) 
    
     a 
    
     été 
    
     écrite 
    
     en 
   
    1332, 
    
     par 
    
     ordre 
    
     de 
    
     Léon 
    
     IV. 
   
    — 
    
     Cependant 
    
     les 
    
     Arméniens 
    
     les 
    
     tenaient 
    
     de 
    
     la 
    
     tradition, 
    
     et 
    
     les 
    
     avaient 
    
     fait 
    
     passer 
    
     dans 
    
     leurs 
    
     usages, 
    
     surtout 
    
     pendant 
    
     le 
    
     règne 
    
     de 
    
     Léon. 
    
     Ceux 
    
     qui 
    
     voudraient 
    
     étudier 
    
     ces 
    
     lois, 
    
     pourront 
    
     le 
    
     faire 
    
     dans 
    
     la 
    
     traduction 
    
     que 
    
     nous 
    
     en 
    
     avons 
    
     faite 
    
     en 
    
     français 
    
     et 
    
     publiée 
    
     en 
   
    1873. 
    
     Car 
    
     ce 
    
     serait 
    
     trop 
    
     long 
    
     et 
    
     peu 
    
     nécessaire 
    
     de 
    
     les 
    
     citer 
    
     toutes 
    
     ici. 
    
     Nous 
    
     dirons 
    
     seulement 
    
     qu'avant 
    
     Léon, 
    
     ses 
    
     prédécesseurs 
    
     dominaient 
    
     plutôt 
    
     par 
    
     la 
    
     force 
    
     que 
    
     par 
    
     le 
    
     droit. 
    
     Aussi 
    
     celui 
    
     d'entre 
    
     les 
    
     seigneurs 
    
     des 
    
     Châteaux-forts, 
    
     qui 
    
     pouvait 
    
     compter 
    
     sur 
    
     ses 
    
     propres 
    
     forces 
    
     ou 
    
     sur 
    
     l'aide 
    
     de 
    
     l'Empereur 
    
     des 
    
     Grecs, 
    
     se 
    
     croyait-il 
    
     libre 
    
     de 
    
     toute 
    
     soumission 
    
     au 
    
     Baron 
    
     de 
    
     l'Arménie. 
    
     Léon, 
    
     devenu 
    
     roi, 
    
     assujettit 
    
     tous 
    
     ces 
    
     Seigneurs 
    
     à 
    
     la 
    
     fois. 
    
     Il 
    
     fut 
    
     reconnu 
    
     souverain 
    
     de 
    
     toute 
    
     la 
    
     Cilicie 
    
     et 
    
     de 
    
     l'Isaurie 
    
     et 
    
     de 
    
     toutes 
    
     les 
    
     provinces 
    
     qui 
    
     se 
    
     réunirent 
    
     sous 
    
     sa 
    
     domination. 
    
     Toutefois, 
    
     il 
    
     n'était 
    
     pas 
    
     le 
    
     maître 
    
     absolu 
    
     du 
    
     pays 
    
     qui, 
    
     depuis 
    
     des 
    
     siècles, 
    
     était 
    
     divisé 
    
     en 
    
     tant 
    
     de 
    
     parties 
    
     et 
    
     que 
    
     dominaient 
    
     tant 
    
     de 
    
     maîtres 
    
     ou, 
    
     pour 
    
     mieux 
    
     dire, 
    
     tant 
    
     de 
    
     seigneurs 
    
     de 
    
     châteaux-forts. 
    
     Sous 
    
     le 
    
     règne 
    
     de 
    
     Léon 
    
     Sissouan 
    
     n'était 
    
     qu'une 
    
     région 
    
     aristocratique; 
    
     chaque 
    
     seigneur 
    
     avait 
    
     son 
    
     degré 
    
     plus 
    
     ou 
    
     moins 
    
     élevé 
    
     de 
    
     noblesse, 
    
     selon 
    
     l'ancienne 
    
     coutume, 
    
     il 
    
     avait 
    
     le 
    
     titre 
    
     de 
    
     prince 
    
     et 
    
     avec 
    
     le 
    
     régime 
    
     nouveau, 
    
     il 
    
     eut 
    
     le 
    
     titre 
    
     de 
     
      Baron. 
    
     Ces 
    
     Barons 
    
     devaient 
    
     au 
    
     Roi, 
    
     la 
     
      vassalité, 
    
     qui 
    
     consistait 
    
     à 
    
     le 
    
     reconnaître 
    
     comme 
    
     le 
    
     suprême 
    
     souverain 
    
     du 
    
     pays. 
    
     Ils 
    
     devaient 
    
     recevoir 
    
     de 
    
     lui 
    
     la 
    
     confirmation 
    
     de 
     
      succession; 
    
     ils 
    
     lui 
    
     fournissaient 
    
     des 
    
     troupes 
    
     en 
    
     temps 
    
     de 
    
     guerre, 
    
     et 
    
     devaient 
    
     se 
    
     rendre 
    
     sur 
    
     son 
    
     invitation 
    
     à 
    
     la 
    
     Haute-Cour 
    
     qui 
    
     réglait 
    
     les 
    
     affaires 
    
     importantes 
    
     du 
    
     Royaume. 
    
     Ce 
    
     n'étaient 
    
     pas 
    
     les 
    
     hommes 
    
     seuls 
    
     qui 
    
     se 
    
     trouvaient 
    
     soumis 
    
     aux 
    
     lois 
    
     de 
    
     vasselage, 
    
     les 
    
     femmes 
    
     l'étaient 
    
     aussi. 
    
     Elles 
    
     n'étaient 
    
     exemptes 
    
     que 
    
     de 
    
     faire 
    
     partie 
    
     de 
    
     la 
    
     milice. 
    
     Elles 
    
     portaient 
    
     le 
    
     titre 
    
     de 
     
      Baronnes. 
  
 
    
     Ceux 
    
     qui 
    
     étaient 
    
     tenus 
    
     au 
    
     devoir 
    
     d'hommage 
    
     et 
    
     au 
    
     service 
    
     du 
    
     Roi, 
    
     étaient 
    
     ceux 
    
     qui 
    
     en 
    
     avaient 
    
     reçu 
    
     des 
    
     terres 
    
     et 
    
     des 
    
     charges. 
    
     Si 
    
     ceux-ci 
    
     commettaient 
    
     une 
    
     faute, 
    
     le 
    
     Roi 
    
     pouvait 
    
     leur 
    
     confisquer 
    
     ce 
    
     qu'ils 
    
     avaient 
    
     reçu 
    
     de 
    
     lui, 
    
     chose 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     pouvait 
    
     faire 
    
     aux 
    
     Barons 
    
     de 
    
     son 
    
     propre 
    
     chef, 
    
     mais 
    
     seulement 
    
     par 
    
     un 
    
     jugement 
    
     de 
    
     la 
    
     Haute-Cour; 
    
     lorsque 
    
     ces 
    
     Barons 
    
     mouraient 
    
     sans 
    
     laisser 
    
     de 
    
     successeurs, 
    
     leurs 
    
     possessions 
    
     passaient 
    
     au 
    
     Roi. 
    
     La 
    
     plus 
    
     grande 
    
     partie 
    
     du 
    
     pays 
    
     et 
    
     les 
    
     plus 
    
     célèbres 
    
     forteresses 
    
     lui 
    
     appartenaient; 
    
     ces 
    
     propriétés 
    
     s'accrurent 
    
     sans 
    
     cesse 
    
     en 
    
     raison 
    
     de 
    
     l'extinction 
    
     des 
    
     familles 
    
     ou 
    
     par 
    
     le 
    
     relâchement 
    
     des 
    
     lois. 
    
     C'est 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     le 
    
     domaine 
    
     royal 
    
     s'augmenta 
    
     de 
    
     jour 
    
     en 
    
     jour; 
    
     il 
    
     s'augmenta 
    
     aussi 
    
     quelquefois 
    
     par 
    
     la 
    
     force 
    
     tyrannique.
  
 
    
     Sous 
    
     le 
    
     règne 
    
     de 
    
     Léon, 
   
    — 
    
     ce 
    
     que 
    
     nous 
    
     avons 
    
     dit, 
    
     du 
    
     reste, 
    
     à 
    
     plusieurs 
    
     reprises, 
   
    — 
    
     on 
    
     comptait 
    
     dans 
    
     le 
    
     royaume 
    
     soixante-dix 
    
     forteresses 
    
     et 
    
     Seigneurs 
    
     vassaux, 
    
     qu'on 
    
     appelait 
    
     encore, 
   
    «
    
     Fideles 
    
     Hommes
   
    ». 
    
     La 
    
     moitié 
    
     d'entre 
    
     eux 
    
     était 
    
     formée 
    
     de 
    
     Grecs, 
    
     de 
    
     Latins 
    
     et 
    
     d'Allemands, 
    
     et 
    
     les 
    
     trois 
    
     ordres 
    
     de 
    
     Chevaliers, 
    
     dont 
    
     nous 
    
     parlerons 
    
     plus 
    
     tard, 
    
     qui 
    
     avaient 
    
     reçu 
    
     des 
    
     propriétés 
    
     dans 
    
     le 
    
     pays 
    
     avant 
    
     ou 
    
     pendant 
    
     le 
    
     temps 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     étaient 
    
     eux-mêmes 
    
     soumis 
    
     aux 
    
     lois 
    
     de 
    
     vasselage. 
    
     Beaucoup 
    
     de 
    
     ces 
    
     Barons 
    
     vassaux 
    
     n'avaient 
    
     d'autres 
    
     fonctions 
    
     à 
    
     remplir 
    
     que 
    
     celles 
    
     de 
    
     membre 
    
     de 
    
     la 
    
     Haute-Cour. 
    
     Il 
    
     y 
    
     avait 
    
     aussi 
    
     d'autres 
    
     qui 
    
     étaient 
    
     préposés 
    
     aux 
    
     charges 
    
     importantes 
    
     du 
    
     pays, 
    
     et 
    
     par 
    
     conséquent 
    
     au-dessus 
    
     des 
    
     premiers 
    
     en 
    
     dignités.
  
 
    
     A 
    
     part 
    
     ces 
    
     familles 
    
     nobles, 
    
     le 
    
     peuple 
    
     était 
    
     sujet 
    
     du 
    
     Roi 
    
     ou 
    
     des 
    
     Barons 
    
     dont 
    
     il 
    
     dépendait. 
    
     Personne 
    
     du 
    
     peuple 
    
     n'avait 
    
     droit 
    
     de 
    
     sièger 
    
     à 
    
     la 
    
     Haute-Cour 
    
     que 
    
     lorsqu'il 
    
     était 
    
     élevé 
    
     à 
    
     la 
    
     noblesse 
    
     ou 
    
     pourvu 
    
     d'une 
    
     charge. 
    
     Les 
    
     intérêts 
    
     et 
    
     les 
    
     questions 
    
     de 
    
     politique 
    
     du 
    
     peuple 
    
     étaient 
    
     réglés 
    
     par 
    
     la 
    
     Cour-Basse, 
    
     dont 
    
     les 
    
     membres 
    
     étaient 
    
     choisis 
    
     dans 
    
     le 
    
     peuple 
    
     et 
    
     appelés, 
     
      Bourgeois. 
    
     Je 
    
     suppose 
    
     que 
    
     ce 
    
     sont 
    
     ces 
    
     personnages 
    
     que 
    
     l'historien 
    
     royal 
    
     désigne 
    
     quelquefois 
    
     sous 
    
     le 
    
     nom 
    
     de 
     
      Petits-hommes. 
    
     Les 
    
     agriculteurs 
    
     et 
    
     les 
    
     habitants 
    
     des 
    
     campagnes 
    
     qui 
    
     étaient 
    
     la 
    
     propriété 
    
     des 
    
     Barons, 
    
     s'appelaient 
     
      Paricus, 
    
     du 
    
     grec 
     
      Πάροιχοι. 
    
     Enfin 
    
     celui 
    
     qui 
    
     ne 
    
     relevait 
    
     d'aucun, 
    
     soit 
    
     parce 
    
     qu'il 
    
     n'était 
    
     pas 
    
     sous 
    
     la 
    
     puissance 
    
     d'un 
    
     maître, 
    
     soit 
    
     parce 
    
     qu'il 
    
     n'avait 
    
     aucune 
    
     possession 
    
     dans 
    
     son 
    
     domaine, 
    
     s'appelait 
     
      non-vassal.