Léon 
   
    le 
   
    deuxième 
   
    de 
   
    ce 
   
    nom 
   
    dans 
   
    la 
   
    ligne 
   
    des 
   
    princes 
   
    Roupéniens 
   
    et 
   
    le 
   
    premier 
   
    parmi 
   
    les 
   
    rois 
   
    de 
   
    Sissouan 
   
    était 
   
    de 
   
    la 
   
    cinquième 
   
    génération 
   
    de 
   
    Roupin 
   
    le 
   
    fondateur 
   
    de 
   
    la 
   
    dynastie. 
   
    Il 
   
    s'était 
   
    écoulé 
   
    un 
   
    laps 
   
    de 
   
    plus 
   
    de 
   
    cent 
   
    ans 
   
    entre 
   
    la 
   
    domination 
   
    de 
   
    celui-ci 
   
    et 
   
    l'avénement 
   
    au 
   
    trône 
   
    de 
   
    Léon 
   
    (1080-1187).
  
 
   
    Nous 
   
    avons 
   
    fait 
   
    voir 
   
    dans 
   
    notre 
   
    préambule 
   
    toutes 
   
    les 
   
    vicissitudes 
   
    qu'avait 
   
    eues 
   
    à 
   
    subir 
   
    la 
   
    fortune 
   
    de 
   
    ses 
   
    prédécesseurs, 
   
    ces 
   
    guerriers 
   
    intrépides 
   
    qui 
   
    sans 
   
    se 
   
    soucier 
   
    de 
   
    la 
   
    mort, 
   
    se 
   
    battirent 
   
    tant 
   
    de 
   
    fois 
   
    contre 
   
    des 
   
    ennemis 
   
    acharnés 
   
    et 
   
    puissants, 
   
    tels 
   
    que 
   
    les 
   
    empereurs 
   
    grecs, 
   
    les 
   
    sultans 
   
    d'Iconie, 
   
    et 
   
    les 
   
    émirs 
   
    et 
   
    contre 
   
    les 
   
    Latins 
   
    eux-mêmes, 
   
    nouvellement 
   
    arrivés 
   
    en 
   
    Asie-Mineure. 
   
    Que 
   
    de 
   
    fois 
   
    la 
   
    Cilicie, 
   
    cette 
   
    faible 
   
    portion 
   
    du 
   
    Taurus, 
   
    cette 
   
    nouvelle 
   
    Arménie 
   
    a 
   
    couru 
   
    le 
   
    risque 
   
    d'être 
   
    anéantie, 
   
    surtout 
   
    au 
   
    temps 
   
    de 
   
    Léon 
   
    I 
   
    aïeul 
   
    de 
   
    celui 
   
    qui 
   
    nous 
   
    occupe; 
   
    au 
   
    temps 
   
    encore 
   
    de 
   
    son 
   
    onele 
   
    Thoros 
   
    II 
   
    et 
   
    de 
   
    son 
   
    père 
   
    Stéphané, 
   
    qui, 
   
    jeté 
   
    dans 
   
    de 
   
    l'eau 
   
    bouillante, 
   
    mourut 
   
    d'une 
   
    mort 
   
    épouvantable; 
   
    mais 
   
    principalement 
   
    lorsque 
   
    son 
   
    frère 
   
    Roupin 
   
    II 
   
    fut 
   
    fait 
   
    prisonnier 
   
    par 
   
    le 
   
    prince 
   
    d'Antioche! 
   
    Ces 
   
    princes 
   
    arméniens 
   
    vécurent, 
   
    pour 
   
    ainsi 
   
    dire, 
   
    comme 
   
    des 
   
    révoltés, 
   
    traqués 
   
    dans 
   
    leurs 
   
    châteaux-forts 
   
    au 
   
    milieu 
   
    des 
   
    montagnes, 
   
    se 
   
    défendant 
   
    et 
   
    défendant 
   
    leurs 
   
    familles 
   
    les 
   
    armes 
   
    à 
   
    la 
   
    main, 
   
    jusqu'à 
   
    ce 
   
    que, 
   
    vaincus 
   
    par 
   
    de 
   
    plus 
   
    forts, 
   
    ils 
   
    en 
   
    devinssent 
   
    les 
   
    vassaux.
  
 
   
    Léon, 
   
    arriva 
   
    au 
   
    pouvoir 
   
    dans 
   
    les 
   
    mêmes 
   
    conditions, 
   
    mais 
   
    il 
   
    ne 
   
    tarda 
   
    pas 
   
    à 
   
    relever 
   
    son 
   
    autorité. 
   
    Il 
   
    secoua 
   
    hardiment 
   
    le 
   
    joug 
   
    odieux 
   
    des 
   
    Grecs 
   
    et 
   
    des 
   
    Latins 
   
    et, 
   
    par 
   
    une 
   
    adroite 
   
    politique, 
   
    se 
   
    mit 
   
    sous 
   
    le 
   
    lointain 
   
    vasselage 
   
    de 
   
    l'empereur 
   
    d'Allemagne 
   
    et 
   
    sous 
   
    la 
   
    protection 
   
    du 
   
    Pontife 
   
    romain, 
   
    tandis 
   
    que, 
   
    maître 
   
    absolu, 
   
    il 
   
    prit 
   
    le 
   
    titre 
   
    de 
   
    Roi 
   
    d'Arménie, 
   
    dont 
   
    il 
   
    fit 
   
    hériter 
   
    ses 
   
    successeurs, 
   
    en 
   
    changeant 
   
    l'expression: 
   
    «
     
      par 
     
      grâce 
     
      de 
     
      l'empereur 
     
      romain», 
   
    dont 
   
    il 
   
    se 
   
    servit 
   
    pourtant 
   
    les 
   
    premières 
   
    années 
   
    de 
   
    son 
   
    règne, 
   
    en 
   
    cette 
   
    expression: 
   
    «
     
      par 
     
      la 
     
      grâce 
     
      de 
     
      Dieu!
   
    »
  
 
   
    Léon 
   
    était 
   
    le 
   
    fils 
   
    cadet 
   
    de 
   
    Stéphané, 
   
    lui-même 
   
    fils 
   
    de 
   
    Léon 
   
    I, 
   
    celui-ci 
   
    fils 
   
    de 
   
    Constance, 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    fils 
   
    de 
   
    Roupin 
   
    I. 
   
    Il 
   
    vécut 
   
    cinquante-cinq 
   
    ans 
   
    après 
   
    la 
   
    mort 
   
    horrible 
   
    et 
   
    prématurée 
   
    de 
   
    son 
   
    père. 
   
    On 
   
    ne 
   
    sait 
   
    pas 
   
    exactement 
   
    le 
   
    nombre 
   
    d'années 
   
    qu'il 
   
    vécut. 
   
    Il 
   
    est 
   
    dit 
   
    quelque 
   
    part 
   
    qu'il 
   
    parvint 
   
    à 
   
    un 
   
    âge 
   
    fort 
   
    avancé 
   
    et 
   
    il 
   
    est 
   
    permis 
   
    de 
   
    supposer 
   
    qu'il 
   
    atteignit 
   
    ses 
   
    70 
   
    ans. 
   
    Surtout 
   
    si 
   
    l'on 
   
    s'en 
   
    rapporte 
   
    à 
   
    l'historien 
   
    royal 
   
    qui 
   
    dit 
   
    que 
   
    son 
   
    frère 
   
    Roupin 
   
    II 
   
    avait 
   
    trente 
   
    ans 
   
    lorsqu'il 
   
    régnait 
   
    en 
   
    1175. 
   
    D'où 
   
    l'on 
   
    peut 
   
    conclure 
   
    que 
   
    leur 
   
    père 
   
    Stéphané 
   
    s'
    
     é
    
     tait 
    
     marié 
    
     avec 
    
     Rita, 
    
     fille 
    
     de 
    
     Sempad, 
    
     seigneur 
    
     de 
    
     Babéron, 
    
     avant 
    
     d'être 
    
     fait 
    
     prisonnier 
    
     par 
    
     l'empereur 
    
     Jean 
    
     et 
    
     avant 
    
     que 
    
     son 
    
     frère 
    
     Thoros, 
    
     qui 
    
     avait 
    
     pu 
    
     fuir, 
    
     fût 
    
     revenu 
    
     au 
    
     pays, 
    
     ou 
    
     bien 
    
     même 
    
     que 
    
     Stéphan
    
     é 
    
     n'a 
    
     pas 
    
     été 
    
     fait 
    
     prisonnier 
    
     avec 
    
     son 
    
     père 
    
     et 
    
     avec 
    
     ses 
    
     deux 
    
     frères.
  
 
   
    Léon 
   
    a 
   
    donc 
   
    dû 
   
    naître 
   
    vers 
   
    le 
   
    milieu 
   
    du 
   
    XII 
   
    siècle, 
   
    au 
   
    commencement 
   
    de 
   
    la 
   
    glorieuse 
   
    principauté 
   
    de 
   
    son 
   
    oncle 
   
    Thoros 
   
    II, 
   
    sous 
   
    le 
   
    patriarcat 
   
    de 
   
    Grégoire 
   
    II, 
   
    surnommé 
   
    le 
   
    Martyrophile 
   
    et 
   
    frère 
   
    de 
   
    Saint 
   
    Nersès 
   
    Chenorhali 
   
    (le 
   
    Gracieux). 
   
    Bien 
   
    que 
   
    le 
   
    Patriarche 
   
    Grégoire 
   
    Degha 
   
    (le 
   
    Jeune), 
   
    le 
   
    cousin 
   
    et 
   
    le 
   
    successeur 
   
    de 
   
    ce 
   
    Grégoire 
   
    II 
   
    et 
   
    de 
   
    ce 
   
    Nersès 
   
    Chenorhali, 
   
    en 
   
    parlant, 
   
    dans 
   
    son 
   
    Elégie 
   
    sur 
   
    la 
   
    prise 
   
    de 
   
    Jérusalem, 
   
    des 
   
    premières 
   
    victoires 
   
    remportées 
   
    par 
   
    Léon 
   
    au 
   
    commencement 
   
    de 
   
    sa 
   
    principauté, 
   
    l'appelle: 
     
      «jeune»
  
 
   
    «Léon, 
   
    prince 
   
    de 
   
    Cilicie
  
 
   
    Jeune 
   
    encore, 
   
    de 
   
    belle 
   
    nature».
  
 
   
    Cela, 
   
    toutefois, 
   
    ne 
   
    prouve 
   
    rien 
   
    relativement 
   
    à 
   
    l'âge 
   
    de 
   
    Léon. 
   
    En 
   
    effet, 
   
    dans 
   
    nos 
   
    auteurs 
   
    classiques, 
   
    nous 
   
    voyons 
   
    bien 
   
    souvent 
   
    des 
   
    personnages 
   
    déjà 
   
    vieux 
   
    être 
   
    traités 
   
    de 
     
      jeunes, 
   
    uniquement 
   
    parce 
   
    qu'ils 
   
    se 
   
    sont 
   
    fait 
   
    remarquer 
   
    par 
   
    leur 
   
    force 
   
    et 
   
    leur 
   
    vigueur.
  
 
   
    Il 
   
    n'est 
   
    parlé 
   
    nulle 
   
    part 
   
    de 
   
    l'enfance, 
   
    des 
   
    premières 
   
    années 
   
    de 
   
    Léon. 
   
    Mais 
   
    en 
   
    raison 
   
    des 
   
    évènements 
   
    politiques 
   
    de 
   
    cette 
   
    époque 
   
    agitée, 
   
    en 
   
    raison 
   
    du 
   
    caractère 
   
    de 
   
    son 
   
    père 
   
    Stéphané 
   
    qui 
   
    tenait 
   
    le 
   
    milieu 
   
    entre 
   
    la 
   
    fermeté 
   
    prudente 
   
    de 
   
    son 
   
    frère 
   
    aîné 
   
    Thoros 
   
    et 
   
    le 
   
    caractère 
   
    indocile 
   
    de 
   
    son 
   
    frère 
   
    cadet 
   
    Melèh, 
   
    on 
   
    peut 
   
    juger 
   
    que 
   
    Léon, 
   
    sans 
   
    cesse 
   
    en 
   
    présence 
   
    de 
   
    leurs 
   
    actions 
   
    d'éclat 
   
    continuelles, 
   
    dut 
   
    s'exalter 
   
    et 
   
    se 
   
    passionner 
   
    pour 
   
    leurs 
   
    exploits, 
   
    et 
   
    qu'en 
   
    même 
   
    temps 
   
    qu'il 
   
    hérita 
   
    du 
   
    nom, 
   
    il 
   
    hérita 
   
    de 
   
    l'esprit 
   
    et 
   
    des 
   
    vertus 
   
    de 
   
    ses 
   
    ancêtres, 
   
    de 
   
    toute 
   
    sa 
   
    race: 
   
    de 
   
    leur 
   
    intrépidité 
   
    indomptable, 
   
    de 
   
    leur 
   
    courage 
   
    de 
   
    lion, 
   
    car, 
   
    en 
   
    mainte 
   
    circonstance, 
   
    et 
   
    partout, 
   
    il 
   
    en 
   
    a 
   
    donné 
   
    les 
   
    preuves.
  
 
   
    L'ardeur 
   
    de 
   
    sang 
   
    de 
   
    Léon 
   
    était 
   
    tempérée 
   
    par 
   
    la 
   
    douceur 
   
    qu'il 
   
    tenait 
   
    de 
   
    sa 
   
    famille 
   
    maternelle, 
   
    des 
   
    nobles 
   
    princesses 
   
    Héthoumiennes. 
   
    Il 
   
    est 
   
    dit, 
   
    en 
   
    particulier 
   
    de 
   
    sa 
   
    mère 
   
    la 
   
    princesse 
   
    Rita, 
   
    consanguine 
   
    de 
   
    Saint 
   
    Nersès 
   
    de 
   
    Lambroun, 
   
    qu'elle 
   
    fut 
   
    «une 
   
    femme 
   
    pieuse, 
   
    prudente 
   
    et 
   
    craignant 
   
    Dieu», 
   
    et 
   
    qu'après 
   
    la 
   
    mort 
   
    cruelle 
   
    de 
   
    son 
   
    mari, 
   
    Stéphané, 
   
    en 
   
    1165, 
   
    «elle 
   
    prit 
   
    ses 
   
    enfante, 
   
    se 
   
    retira 
   
    à 
   
    Babéron, 
   
    près 
   
    de 
   
    son 
   
    frère 
   
    Pagouran, 
   
    s'établit 
   
    là 
   
    et 
   
    dirigea 
   
    l'éducation 
   
    de 
   
    ses 
   
    fils». 
   
    Bien 
   
    que 
   
    son 
   
    père 
   
    Sempad 
   
    eût 
   
    été 
   
    tué 
   
    dans 
   
    un 
   
    combat 
   
    que 
   
    les 
   
    Grecs 
   
    livrèrent 
   
    à 
   
    Thoros 
   
    II, 
   
    près 
   
    de 
   
    Messis, 
   
    il 
   
    paraît 
   
    que 
   
    Pagouran 
   
    s'était 
   
    réconcilié 
   
    avec 
   
    lui 
   
    ou 
   
    qu'il 
   
    reçut, 
   
    sans 
   
    vouloir 
   
    se 
   
    souvenir 
   
    de 
   
    rien, 
   
    ses 
   
    neveux 
   
    et 
   
    leur 
   
    mère, 
   
    sa 
   
    sœur, 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    les 
   
    entoura 
   
    d'une 
   
    sollicitude 
   
    paternelle, 
   
    eux 
   
    et 
   
    les 
   
    nobles 
   
    enfants 
   
    de 
   
    son 
   
    frère 
   
    Ochin, 
   
    seigneur 
   
    de 
   
    Lambroun, 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    chercha 
   
    même 
   
    à 
   
    tempérer 
   
    l'ardeur 
   
    naturelle 
   
    de 
   
    ces 
   
    petits 
   
    lions 
   
    Roupéniens.
  
 
   
    On 
   
    remarquait 
   
    chez 
   
    la 
   
    princesse 
   
    Rita 
   
    ce 
   
    haut 
   
    prestige 
   
    de 
   
    souveraineté, 
   
    cette 
   
    influence, 
   
    pour 
   
    ainsi 
   
    parler, 
   
    d'une 
   
    reine-mère 
   
    sur 
   
    un 
   
    fils 
   
    doué 
   
    de 
   
    la 
   
    plus 
   
    grande 
   
    intelligence 
   
    et 
   
    des 
   
    plus 
   
    belles 
   
    qualités, 
   
    comme 
   
    l'était 
   
    Léon. 
   
    En 
   
    échange, 
   
    celui-ci, 
   
    en 
   
    avançant 
   
    en 
   
    âge, 
   
    jusque 
   
    sur 
   
    les 
   
    marches 
   
    du 
   
    trône 
   
    même, 
   
    écoutait 
   
    avec 
   
    respect 
   
    les 
   
    sages 
   
    conseils 
   
    de 
   
    sa 
   
    vieille 
   
    mère. 
   
    C'est 
   
    sur 
   
    ses 
   
    instances, 
   
    qu'avant 
   
    de 
   
    se 
   
    marier 
   
    pour 
   
    la 
   
    seconde 
   
    fois, 
   
    il 
   
    choisit 
   
    pour 
   
    lui 
   
    succéder 
   
    sur 
   
    le 
   
    trône, 
   
    en 
   
    1209, 
   
    Roupin, 
   
    petit-fils 
   
    de 
   
    son 
   
    frère 
   
    du 
   
    même 
   
    nom 
   
    et 
   
    fils 
   
    du 
   
    Prince 
   
    d'Antioche. 
   
    Et, 
   
    lorsqu'il 
   
    épousa 
   
    la 
   
    sœur 
   
    du 
   
    roi 
   
    de 
   
    Chypre, 
   
    c'est 
   
    à 
   
    sa 
   
    mère 
   
    qu'il 
   
    confia 
   
    l'éducation 
   
    de 
   
    sa 
   
    jeune 
   
    fille 
   
    Rita 
   
    qui, 
   
    comme 
   
    on 
   
    voit, 
   
    portait 
   
    le 
   
    même 
   
    nom 
   
    que 
   
    sa 
   
    mère 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    avait 
   
    eue 
   
    de 
   
    sa 
   
    première 
   
    femme 
   
    l'antiochienne. 
   
    Tout 
   
    ceci 
   
    indique 
   
    le 
   
    grand 
   
    âge 
   
    auquel 
   
    sa 
   
    mère 
   
    dût 
   
    parvenir 
   
    et 
   
    prouve 
   
    aussi 
   
    à 
   
    quel 
   
    point 
   
    elle 
   
    avait 
   
    conservé 
   
    la 
   
    fraîcheur 
   
    de 
   
    ses 
   
    facultés 
   
    mentales.
  
 
   
    Jusqu'alors 
   
    les 
   
    seigneurs 
   
    de 
   
    Babéron 
   
    et 
   
    de 
   
    Lambroun 
   
    étaient 
   
    restés 
   
    fidèles 
   
    aux 
   
    empereurs 
   
    de 
   
    Byzance. 
   
    Il 
   
    est 
   
    probable 
   
    qu'à 
   
    l'instar 
   
    de 
   
    leurs 
   
    fils, 
   
    ceux 
   
    de 
   
    Stéphané 
   
    furent 
   
    instruits 
   
    dans 
   
    la 
   
    langue 
   
    grecque. 
   
    D'après 
   
    des 
   
    documents 
   
    qui 
   
    nous 
   
    sont 
   
    parvenus 
   
    et 
   
    un 
   
    décret 
   
    donné 
   
    aux 
   
    chevaliers 
   
    de 
   
    l'Hôpital 
   
    en 
   
    1210, 
   
    Léon 
   
    signait 
   
    son 
   
    nom 
   
    en 
   
    grec: 
     
      ΛΕΟ, 
   
    et 
   
    écrivait 
   
    son 
   
    titre 
   
    de 
   
    roi 
   
    d'Arménie 
   
    en 
   
    arménien. 
    
     Telle 
    
     est 
    
     la 
    
     signature 
    
     qu'on 
    
     voit 
    
     en 
    
     tête 
    
     des 
    
     Ecrits, 
    
     dont 
    
     nous 
    
     parlons 
    
     (pag. 
    
     68), 
   
    et 
   
    telle 
   
    est 
   
    la 
   
    signature 
   
    qu'on 
   
    trouve 
   
    à 
   
    la 
   
    fin 
   
    de 
   
    l'acte 
   
    de 
   
    donation 
   
    aux 
   
    dits 
   
    Chevaliers 
   
    en 
   
    1210.
  
 
   
    On 
   
    ne 
   
    saurait 
   
    douter 
   
    qu'en 
   
    raison 
   
    des 
   
    exigences 
   
    de 
   
    son 
   
    temps 
   
    et 
   
    du 
   
    rang 
   
    qu'il 
   
    occupait, 
   
    Léon 
   
    n'ait 
   
    été 
   
    instruit 
   
    dans 
   
    l'art 
   
    et 
   
    le 
   
    maniement 
   
    des 
   
    armes 
   
    et 
   
    que, 
   
    dès 
   
    son 
   
    enfance, 
   
    il 
   
    n'y 
   
    ait 
   
    déployé 
   
    une 
   
    aptitude 
   
    extraordinaire.
  
 
   
    Son 
   
    éducation, 
   
    à 
   
    Babéron, 
   
    dura 
   
    un 
   
    laps 
   
    de 
   
    dix 
   
    ans 
   
    au 
   
    moins. 
   
    C'était 
   
    pendant 
   
    les 
   
    dernières 
   
    années 
   
    du 
   
    pouvoir 
   
    de 
   
    Thoros. 
   
    Celui-ci, 
   
    de 
   
    connivence 
   
    avec 
   
    Melèh, 
   
    venait 
   
    de 
   
    tirer 
   
    vengeance 
   
    sur 
   
    les 
   
    Grecs 
   
    de 
   
    la 
   
    mort 
   
    cruelle 
   
    de 
   
    leur 
   
    frère 
   
    Stéphané, 
   
    père 
   
    de 
   
    Léon. 
   
    Peu 
   
    de 
   
    temps 
   
    après, 
   
    on 
   
    dut 
   
    cacher 
   
    jusqu'à 
   
    Romcla 
   
    le 
   
    jeune 
   
    fils 
   
    de 
   
    Thoros, 
   
    le 
   
    légitime 
   
    héritier 
   
    du 
   
    trône, 
   
    que 
   
    Melèh 
   
    eût 
   
    fait 
   
    périr 
   
    de 
   
    la 
   
    même 
   
    manière 
   
    qu'il 
   
    fit 
   
    périr 
   
    l'infortuné 
   
    tuteur 
   
    de 
   
    ce 
   
    jeune 
   
    prince, 
   
    le 
   
    bailli 
   
    Thomas, 
   
    son 
   
    proche 
   
    parent. 
   
    Le 
   
    même 
   
    sort 
   
    était 
   
    réservé 
   
    aux 
   
    fils 
   
    de 
   
    Stéphané, 
   
    car, 
   
    une 
   
    fois 
   
    ceux-ci 
   
    disparus 
   
    aussi, 
   
    Melèh 
   
    eût 
   
    pu 
   
    s'emparer 
   
    alors 
   
    sûrement 
   
    du 
   
    gouvernement 
   
    du 
   
    pays 
   
    et 
   
    le 
   
    passer 
   
    à 
   
    ses 
   
    fils. 
   
    Mais 
   
    ils 
   
    ne 
   
    tombèrent 
   
    point 
   
    entre 
   
    ses 
   
    mains 
   
    et 
   
    les 
   
    menées 
   
    odieuses 
   
    de 
   
    Melèh 
   
    ne 
   
    purent 
   
    jamais 
   
    trouver 
   
    accès 
   
    à 
   
    Babéron. 
   
    Comme 
   
    Lambroun, 
   
    qui 
   
    fut 
   
    assiégée 
   
    pendant 
   
    un 
   
    an, 
   
    et 
   
    serrée 
   
    de 
   
    près, 
   
    le 
   
    château 
   
    de 
   
    Babéron 
   
    résista 
   
    à 
   
    tous 
   
    les 
   
    stratagèmes 
   
    de 
   
    la 
   
    guerre 
   
    de 
   
    siège. 
   
    Melèh 
   
    reçut 
   
    enfin 
   
    le 
   
    prix 
   
    de 
   
    ses 
   
    perfidies: 
   
    il 
   
    fut 
   
    trahi 
   
    et 
   
    massacré 
   
    par 
   
    ses 
   
    propres 
   
    soldats. 
   
    Le 
   
    trône 
   
    des 
   
    Roupeniens 
   
    passait 
   
    alors 
   
    sans 
   
    opposition 
   
    d'aucune 
   
    sorte 
   
    aux 
   
    fils 
   
    de 
   
    Stéphané.
  
 
   
    L'armée 
   
    et 
   
    la 
   
    noblesse 
   
    envoyèrent 
   
    aussitôt 
   
    des 
   
    invitations 
   
    et 
   
    des 
   
    courriers 
   
    à 
   
    l'aîné, 
   
    Roupin 
   
    II, 
   
    pour 
   
    qu'il 
   
    vînt 
   
    prendre 
   
    possession 
   
    du 
   
    gouvernement. 
   
    Le 
   
    bon 
   
    Pagouran, 
   
    son 
   
    oncle 
   
    maternel, 
   
    l'envoya 
   
    sans 
   
    retard 
   
    avec 
   
    une 
   
    nombreuse 
   
    escorte 
   
    et 
   
    d'immenses 
   
    trésors, 
   
    pour 
   
    lui 
   
    gagner 
   
    les 
   
    bonnes 
   
    grâces 
   
    de 
   
    ceux 
   
    qui 
   
    l'appelaient. 
   
    Ce 
   
    qui 
   
    plut 
   
    surtout 
   
    à 
   
    ceux-ci, 
   
    ce 
   
    fut 
   
    aussi 
   
    le 
   
    caractère 
   
    débonnaire 
   
    du 
   
    jeune 
   
    Baron 
   
    qui 
   
    les 
   
    avait 
   
    intéressés 
   
    par 
   
    le 
   
    sort 
   
    fatal 
   
    de 
   
    son 
   
    père, 
   
    dont 
   
    il 
   
    rappelait 
   
    tout-à-fait 
   
    l'air 
   
    majestueux 
   
    et 
   
    guerrier.
  
 
   
    Roupin 
   
    s'attira 
   
    bientôt 
   
    l'estime 
   
    des 
   
    jeunes 
   
    gens 
   
    de 
   
    son 
   
    âge 
   
    par 
   
    son 
   
    adresse 
   
    à 
   
    manier 
   
    les 
   
    armes 
   
    et 
   
    à 
   
    tirer 
   
    l'arc. 
   
    Il 
   
    les 
   
    invitait 
   
    souvent 
   
    à 
   
    de 
   
    somptueux 
   
    banquets 
   
    dans 
   
    lesquels 
   
    il 
   
    jetait 
   
    à 
   
    pleines 
   
    mains 
   
    ce 
   
    que 
   
    Melèh 
   
    avait 
   
    induement 
   
    amassé. 
   
    En 
   
    même 
   
    temps, 
   
    il 
   
    sut, 
   
    par 
   
    des 
   
    moyens 
   
    habiles, 
   
    arriver 
   
    à 
   
    se 
   
    venger 
   
    de 
   
    ceux 
   
    qui 
   
    avaient 
   
    trahi 
   
    son 
   
    oncle. 
   
    D'ailleurs, 
   
    il 
   
    promit 
   
    beaucoup 
   
    à 
   
    ceux 
   
    qui 
   
    les 
   
    lui 
   
    dénonceraient. 
   
    Deux 
   
    de 
   
    ces 
   
    derniers, 
   
    dans 
   
    l'espoir 
   
    d'une 
   
    large 
   
    récompense, 
   
    s'étaient 
   
    accusés 
   
    réciproquement 
   
    d'avoir 
   
    fait 
   
    partie 
   
    des 
   
    gens 
   
    du 
   
    complot; 
   
    Roupin, 
   
    après 
   
    les 
   
    avoir 
   
    entendus, 
   
    les 
   
    fit 
   
    jeter 
   
    tous 
   
    deux 
   
    dans 
   
    le 
   
    fleuve.
  
 
   
    Roupin 
   
    gouverna 
   
    douze 
   
    ans 
   
    à 
   
    peu 
   
    près. 
   
    Il 
   
    passa 
   
    une 
   
    partie 
   
    de 
   
    ce 
   
    temps 
   
    à 
   
    la 
   
    guerre, 
   
    aux 
   
    sièges 
   
    de 
   
    villes 
   
    et 
   
    de 
   
    forteresses, 
   
    et 
   
    l'autre 
   
    dans 
   
    les 
   
    parties 
   
    de 
   
    plaisir 
   
    et 
   
    dans 
   
    les 
   
    festins. 
   
    La 
   
    célébration 
   
    de 
   
    ses 
   
    noces 
   
    qui 
   
    fut 
   
    commencée 
   
    chez 
   
    son 
   
    beau-père, 
   
    le 
   
    prince 
   
    da 
   
    Karak 
   
    et 
   
    de 
   
    Toron, 
   
    dont 
   
    il 
   
    épousa 
   
    la 
   
    fille 
   
    Isabelle, 
   
    fut 
   
    achevée 
   
    à 
   
    son 
   
    retour 
   
    dans 
   
    son 
   
    domaine.
  
 
   
    Léon 
   
    avait 
   
    alors 
   
    quitté 
   
    Babéron 
   
    et 
   
    demeurait 
   
    près 
   
    de 
   
    son 
   
    frère. 
   
    On 
   
    ne 
   
    sait 
   
    sous 
   
    quel 
   
    titre 
   
    et 
   
    de 
   
    quelle 
   
    charge 
   
    il 
   
    était 
   
    pourvu. 
   
    Sa 
   
    conduite 
   
    zélée 
   
    et 
   
    prudente 
   
    lui 
   
    attirèrent 
   
    bien 
   
    vite 
   
    la 
   
    considération 
   
    des 
   
    grands 
   
    personnages. 
   
    Il 
   
    ne 
   
    s'adonnait 
   
    pas 
   
    aux 
   
    plaisirs 
   
    comme 
   
    son 
   
    frère 
   
    et, 
   
    s'il 
   
    ne 
   
    lui 
   
    était 
   
    pas 
   
    inférieur 
   
    dans 
   
    le 
   
    maniement 
   
    des 
   
    armes, 
   
    il 
   
    lui 
   
    était, 
   
    à 
   
    coup 
   
    sûr, 
   
    de 
   
    beau 
   
    coup 
   
    supérieur 
   
    par 
   
    sa 
   
    prudence 
   
    et 
   
    sa 
   
    fermeté 
   
    inébranlable. 
   
    Ses 
   
    paroles 
   
    et 
   
    ses 
   
    actions 
   
    révélaient 
   
    en 
   
    lui 
   
    l'homme 
   
    aux 
   
    grandes 
   
    idées, 
   
    l'homme 
   
    destiné 
   
    au 
   
    pouvoir. 
   
    Aussi 
   
    ne 
   
    put-il 
   
    pas 
   
    voir 
   
    d'un 
   
    œil 
   
    indifférent 
   
    le 
   
    luxe 
   
    effréné 
   
    de 
   
    Roupin. 
   
    Quelques 
   
    personnes 
   
    pensèrent 
   
    alors 
   
    qu'il 
   
    voulait 
   
    renverser 
   
    son 
   
    frère 
   
    et 
   
    s'approprier 
   
    le 
   
    trône. 
   
    Se 
   
    voyant 
   
    en 
   
    butte 
   
    à 
   
    la 
   
    malveillance 
   
    et 
   
    mis 
   
    en 
   
    défiance 
   
    auprès 
   
    de 
   
    Roupin, 
   
    Léon, 
   
    qui 
   
    savait, 
   
    à 
   
    quel 
   
    point 
   
    les 
   
    princes 
   
    sont 
   
    jaloux 
   
    de 
   
    leur 
   
    pouvoir, 
   
    ne 
   
    se 
   
    contenta 
   
    pas 
   
    d'avoir 
   
    réussi 
   
    à 
   
    dissiper 
   
    les 
   
    soupçons 
   
    de 
   
    son 
   
    frère, 
   
    il 
   
    le 
   
    quitta 
   
    en 
   
    secret 
   
    et 
   
    se 
   
    réfugia 
   
    à 
   
    Tarse, 
   
    en 
   
    1180. 
   
    De 
   
    là 
   
    il 
   
    se 
   
    rendit 
   
    à 
   
    Constantinople 
   
    où 
   
    il 
   
    fut 
   
    fort 
   
    bien 
   
    accueilli 
   
    par 
   
    l'empereur 
   
    qui 
   
    n'espérait 
   
    plus 
   
    pouvoir 
   
    compter 
   
    la 
   
    Cilicie 
   
    au 
   
    nombre 
   
    des 
   
    pays 
   
    tributaires 
   
    de 
   
    son 
   
    Empire.
  
 
   
    Léon 
   
    ne 
   
    resta 
   
    pas 
   
    longtemps 
   
    dans 
   
    cet 
   
    honorable 
   
    exil: 
   
    les 
   
    soupçons 
   
    de 
   
    Roupin 
   
    étaient 
   
    entièrement 
   
    détruits, 
   
    il 
   
    put 
   
    donc 
   
    retourner 
   
    en 
   
    sûreté 
   
    auprès 
   
    de 
   
    lui. 
   
    Roupin, 
   
    le 
   
    reçut, 
   
    du 
   
    reste, 
   
    comme 
   
    un 
   
    frère 
   
    bien-aimé 
   
    et 
   
    le 
   
    nomma 
   
    gouverneur 
   
    de 
   
    la 
   
    grande 
   
    et 
   
    importante 
   
    forteresse 
   
    de 
   
    Gaban. 
   
    En 
   
    outre, 
   
    il 
   
    en 
   
    fit 
   
    son 
   
    aide 
   
    et 
   
    conseiller 
   
    dans 
   
    les 
   
    affaires 
   
    du 
   
    gouvernement 
   
    et 
   
    de 
   
    la 
   
    guerre.
  
 
   
    Les 
   
    temps 
   
    étaient 
   
    cependant 
   
    bien 
   
    difficiles 
   
    alors. 
   
    Tout 
   
    ce 
   
    qui 
   
    n'était 
   
    pas 
   
    décidé 
   
    par 
   
    les 
   
    armes, 
   
    l'était 
   
    par 
   
    la 
   
    ruse 
   
    et 
   
    la 
   
    trahison. 
   
    L'usage 
   
    autorisait 
   
    ces 
   
    moyens: 
   
    Roupin 
   
    venait 
   
    d'enlever 
   
    au 
   
    prince 
   
    d'Antioche, 
   
    Bohémond 
   
    III, 
   
    plusieurs 
   
    provinces 
   
    et 
   
    quelques 
   
    châteaux-forts 
   
    sur 
   
    la 
   
    frontière 
   
    d'Antioche. 
   
    Il 
   
    avait, 
   
    en 
   
    outre, 
   
    réuni 
   
    au 
   
    pays 
   
    toutes 
   
    les 
   
    villes 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie 
   
    qui 
   
    lui 
   
    avaient 
   
    appartenu 
   
    auparavant, 
   
    mais 
   
    que 
   
    les 
   
    princes 
   
    latins 
   
    lui 
   
    avaient 
   
    enlevées 
   
    et 
   
    qu'ils 
   
    avaient 
   
    données 
   
    à 
   
    la 
   
    principauté 
   
    d'Antioche. 
   
    Le
    
     s 
   
    Arméniens, 
   
    rentrés 
   
    en 
   
    possession 
   
    de 
   
    leurs 
   
    villes, 
   
    étaient 
   
    considérés 
   
    ou 
   
    comme 
   
    des 
   
    rebelles 
   
    ou 
   
    comme 
   
    des 
   
    vassaux 
   
    du 
   
    prince 
   
    d'Antioche. 
   
    C'est 
   
    ainsi 
   
    que 
   
    Bohémond 
   
    traitait 
   
    Roupin, 
   
    bien 
   
    que 
   
    le 
   
    premier 
   
    lui 
   
    eût 
   
    vendu 
   
    la 
   
    grande 
   
    ville 
   
    de 
   
    Tarse. 
   
    Bohémond 
   
    ne 
   
    s'occupait 
   
    guère 
   
    de 
   
    cette 
   
    cité 
   
    trop 
   
    lointaine, 
   
    mais 
   
    il 
   
    ne 
   
    pardonna 
   
    jamais 
   
    aux 
   
    étrangers 
   
    d'être 
   
    entrés 
   
    sur 
   
    les 
   
    territoires 
   
    qui 
   
    l'entouraient.
  
 
   
    Roupin 
   
    était 
   
    venu 
   
    à 
   
    Antioche; 
   
    selon 
   
    quelques-uns, 
   
    pour 
   
    accomplir 
   
    un 
   
    simple 
   
    voyage 
   
    d'agrément 
   
    et, 
   
    selon 
   
    d'autres, 
   
    pour 
   
    répondre 
   
    à 
   
    l'invitation 
   
    du 
   
    prince 
   
    lui-même. 
   
    Celui-ci 
   
    se 
   
    saisit 
   
    de 
   
    sa 
   
    personne 
   
    et 
   
    le 
   
    fit 
   
    mettre 
   
    en 
   
    prison. 
   
    Cela 
   
    se 
   
    passait 
   
    en 
   
    1185. 
   
    Il 
   
    ne 
   
    fut 
   
    possible 
   
    à 
   
    Roupin 
   
    de 
   
    recouvrer 
   
    sa 
   
    liberté 
   
    qu'après 
   
    avoir 
   
    restitué 
   
    les 
   
    terres 
   
    en 
   
    question, 
   
    et 
   
    donné 
   
    en 
   
    otages 
   
    sa 
   
    mère 
   
    et 
   
    d'autres 
   
    grands 
   
    personnages, 
   
    et 
   
    la 
   
    somme 
   
    de 
   
    mille 
   
    pièces 
   
    d'or 
   
    qu'il 
   
    fit 
   
    apporter 
   
    de 
   
    chez 
   
    son 
   
    oncle 
   
    Pagouran.
  
 
   
    Avant 
   
    sa 
   
    captivité, 
   
    Roupin 
   
    avait 
   
    mis 
   
    le 
   
    siège 
   
    devant 
   
    Lambroun, 
   
    et, 
   
    pendant 
   
    qu'il 
   
    était 
   
    prisonnier, 
   
    il 
   
    donna 
   
    l'ordre 
   
    à 
   
    Léon 
   
    d'accélérer 
   
    l'assaut 
   
    et 
   
    de 
   
    réduire 
   
    les 
   
    Héthoumiens. 
   
    C'est 
   
    le 
   
    premier 
   
    fait 
   
    de 
   
    guerre 
   
    de 
   
    Léon 
   
    dont 
   
    il 
   
    soit 
   
    fait 
   
    mention, 
   
    mais 
   
    qui 
   
    reste 
   
    un 
   
    point 
   
    obscur 
   
    de 
   
    son 
   
    histoire. 
   
    En 
   
    effet, 
   
    quelques 
   
    historiens 
   
    prétendent 
   
    au 
   
    contraire, 
   
    que 
   
    Léon 
   
    avait 
   
    alors 
   
    tourné 
   
    les 
   
    armes 
   
    contre 
   
    le 
   
    prince 
   
    d'Antioche 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    l'aurait 
   
    contraint 
   
    à 
   
    prendre 
   
    la 
   
    fuite 
   
    après 
   
    une 
   
    défaite.
  
 
   
    II 
   
    n'en 
   
    est 
   
    pas 
   
    moins 
   
    évident 
   
    que 
   
    la 
   
    délivrance 
   
    de 
   
    Roupin 
   
    fut 
   
    conclue 
   
    par 
   
    des 
   
    traités 
   
    et 
   
    des 
   
    rançons.
  
 
   
    A 
   
    son 
   
    retour, 
   
    Roupin 
   
    ne 
   
    resta 
   
    plus 
   
    au 
   
    pouvoir 
   
    que 
   
    deux 
   
    ou 
   
    trois 
   
    ans. 
   
    On 
   
    dit 
   
    que, 
   
    confus 
   
    et 
   
    se 
   
    croyant 
   
    déshonoré 
   
    par 
   
    la 
   
    captivité 
   
    qu'il 
   
    avait 
   
    subie, 
   
    il 
   
    abdiqua 
   
    sa 
   
    baronnie 
   
    en 
   
    faveur 
   
    de 
   
    Léon 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    se 
   
    retira 
   
    dans 
   
    un 
   
    couvent 
   
    pour 
   
    y 
   
    finir 
   
    ses 
   
    jours. 
   
    Sentant 
   
    sa 
   
    fin 
   
    prochaine, 
   
    il 
   
    confia 
   
    à 
   
    Léon 
   
    l'éducation 
   
    et 
   
    le 
   
    sort 
   
    de 
   
    ses 
   
    deux 
   
    filles, 
   
    il 
   
    lui 
   
    donna 
   
    les 
   
    conseils 
   
    que 
   
    lui 
   
    inspiraient 
   
    son 
   
    expérience, 
   
    ses 
   
    propres 
   
    fautes 
   
    et 
   
    son 
   
    espoir 
   
    en 
   
    l'avenir, 
   
    à 
   
    présent 
   
    qu'il 
   
    allait 
   
    rendre 
   
    compte 
   
    de 
   
    sa 
   
    vie 
   
    au 
   
    Juge 
   
    Suprême.