Léon 
   
    était 
   
    loin 
   
    de 
   
    méconnaître 
   
    la 
   
    puissance 
   
    de 
   
    Salaheddin, 
   
    le 
   
    nouveau 
   
    conquérant 
   
    de 
   
    l'Orient. 
   
    Ses 
   
    forces, 
   
    qu'il 
   
    cherchait 
   
    à 
   
    augmenter 
   
    toujours 
   
    pour 
   
    atteindre 
   
    son 
   
    but, 
   
    il 
   
    savait 
   
    qu'elles 
   
    étaient 
   
    bien 
   
    inférieures 
   
    à 
   
    celles 
   
    de 
   
    ce 
   
    dernier. 
   
    La 
   
    prudence 
   
    lui 
   
    inspira 
   
    l'heureuse 
   
    idée 
   
    d'avoir 
   
    recours, 
   
    pour 
   
    s'en 
   
    défendre, 
   
    à 
   
    l'alliance 
   
    et 
   
    à 
   
    l'aide 
   
    du 
   
    plus 
   
    puissant 
   
    des 
   
    souverains 
   
    de 
   
    l'occident, 
   
    qui 
   
    venait 
   
    justement 
   
    de 
   
    se 
   
    mettre 
   
    à 
   
    la 
   
    tète 
   
    d'une 
   
    nouvelle 
   
    et 
   
    troisième 
   
    croisade, 
   
    de 
   
    Frédéric 
   
    I 
   
    surnommé 
   
    Barberousse, 
   
    empereur 
   
    d'Allemagne. 
   
    Celui-ci, 
   
    jeune 
   
    encore, 
   
    s'était 
   
    enrôlé 
   
    dans 
   
    la 
   
    seconde 
   
    croisade 
   
    qui 
   
    partait 
   
    pour 
   
    la 
   
    délivrance 
   
    de 
   
    la 
   
    Terre 
   
    Sainte. 
   
    La 
   
    mort 
   
    de 
   
    son 
   
    père, 
   
    arrivé 
   
    en 
   
    1147, 
   
    ne 
   
    l'avait 
   
    pas 
   
    retenu. 
   
    Mais 
   
    il 
   
    était 
   
    revenu 
   
    bientôt 
   
    après 
   
    avec 
   
    tous 
   
    les 
   
    chefs 
   
    de 
   
    l'expédition, 
   
    sans 
   
    avoir 
   
    obtenu 
   
    de 
   
    succès.
 
   
    Il 
   
    y 
   
    avait 
   
    quarante 
   
    ans 
   
    qu'il 
   
    était 
   
    sur 
   
    le 
   
    trône. 
   
    Non 
   
    content 
   
    d'avoir 
   
    fait 
   
    parler, 
   
    dans 
   
    tout 
   
    l'occident, 
   
    de 
   
    lui-même, 
   
    de 
   
    sa 
   
    politique, 
   
    de 
   
    ses 
   
    guerres, 
   
    de 
   
    sa 
   
    fortune 
   
    toujours 
   
    favorable 
   
    et 
   
    de 
   
    ses 
   
    hostilités 
   
    avec 
   
    le 
   
    Pontife 
   
    romain 
   
    et 
   
    les 
   
    Etats 
   
    d'Italie, 
   
    il 
   
    enviait 
   
    encore 
   
    un 
   
    empire 
   
    universel, 
   
    qu'il 
   
    croyait 
   
    dû 
   
    au 
   
    légitime 
   
    successeur 
   
    des 
   
    anciens 
   
    Césars 
   
    de 
   
    Rome, 
   
    tel 
   
    qu'il 
   
    se 
   
    considérait. 
   
    A 
   
    la 
   
    fin, 
   
    fatigué 
   
    ou 
   
    vaincu 
   
    et 
   
    réconcilié 
   
    avec 
   
    tout 
   
    le 
   
    monde, 
   
    il 
   
    brillait 
   
    encore, 
   
    dans 
   
    un 
   
    âge 
   
    avancé, 
   
    de 
   
    tout 
   
    l'éclat 
   
    de 
   
    la 
   
    majesté 
   
    royale.
  
 
   
    Dans 
   
    les 
   
    derniers 
   
    vingt 
   
    ans 
   
    du 
   
    XII 
   
    siècle, 
   
    Frédéric, 
   
    en 
   
    Occident, 
   
    et 
   
    Salaheddin, 
   
    en 
   
    Orient, 
   
    étaient 
   
    les 
   
    deux 
   
    personnages 
   
    de 
   
    l'époque. 
   
    Tous 
   
    les 
   
    deux 
   
    l'emportaient 
   
    sur 
   
    leurs 
   
    ancêtres 
   
    par 
   
    leur 
   
    vaillance, 
   
    par 
   
    leur 
   
    politique 
   
    et 
   
    par 
   
    leur 
   
    ambition. 
   
    Tous 
   
    les 
   
    historiens 
   
    le 
   
    proclament. 
   
    Mais 
   
    il 
   
    ne 
   
    le 
   
    disent 
   
    pas 
   
    pour 
   
    Léon, 
   
    qui 
   
    ne 
   
    commença 
   
    à 
   
    se 
   
    rendre 
   
    vraiment 
   
    célèbre 
   
    que 
   
    vers 
   
    le 
   
    déclin 
   
    des 
   
    jours 
   
    de 
   
    ces 
   
    deux 
   
    monarques 
   
    dont 
   
    l'un 
   
    mourut 
   
    en 
   
    1190 
   
    et 
   
    l'autre 
   
    en 
   
    1193. 
   
    Doué 
   
    des 
   
    mêmes 
   
    brillantes 
   
    qualités, 
   
    ce 
   
    «
     
      Montagnard
   
    » 
   
    Baron 
   
    d'Arménie, 
   
    qui, 
   
    de 
   
    jour 
   
    en 
   
    jour, 
   
    se 
   
    faisait 
   
    plus 
   
    puissant, 
   
    ne 
   
    leur 
   
    était 
   
    inférieur, 
   
    que 
   
    par 
   
    le 
   
    nombre 
   
    de 
   
    ses 
   
    sujets 
   
    et 
   
    l'étendue 
   
    du 
   
    territoire 
   
    qu'il 
   
    avait 
   
    sous 
   
    son 
   
    autorité, 
   
    mais 
   
    il 
   
    était 
   
    leur 
   
    égal 
   
    par 
   
    le 
   
    génie 
   
    et 
   
    la 
   
    vaillance. 
   
    Le 
   
    but 
   
    vers 
   
    lequel 
   
    le 
   
    poussait 
   
    son 
   
    ambition 
   
    aussi 
   
    généreuse 
   
    que 
   
    la 
   
    leur, 
   
    il 
   
    sut 
   
    l'atteindre 
   
    par 
   
    son 
   
    adresse 
   
    et 
   
    il 
   
    joua, 
   
    lui 
   
    aussi, 
   
    un 
   
    rôle 
   
    important, 
   
    bien 
   
    que 
   
    dans 
   
    une 
   
    sphère 
   
    bornée, 
   
    ou 
   
    plutôt 
   
    moins 
   
    connue.
  
 
   
    Il 
   
    ne 
   
    regardait 
   
    pas 
   
    comme 
   
    digne 
   
    de 
   
    lui 
   
    de 
   
    se 
   
    donner 
   
    lui-même 
   
    l'honneur 
   
    de 
   
    la 
   
    royauté 
   
    auquel 
   
    il 
   
    aspirait, 
   
    il 
   
    voulait 
   
    qu'il 
   
    lui 
   
    fut 
   
    décerné 
   
    par 
   
    un 
   
    souverain 
   
    bien 
   
    au-dessus 
   
    de 
   
    lui, 
   
    trouvant 
   
    cela 
   
    plus 
   
    en 
   
    conformité 
   
    avec 
   
    les 
   
    lois 
   
    féodales 
   
    du 
   
    temps. 
   
    Mais 
   
    pour 
   
    y 
   
    parvenir, 
   
    il 
   
    lui 
   
    fallait 
   
    d'abord 
   
    prouver 
   
    qu'il 
   
    méritait 
   
    d'être 
   
    Roi, 
   
    par 
   
    ses 
   
    hauts-faits, 
   
    par 
   
    l'étendue 
   
    de 
   
    ses 
   
    Etats, 
   
    par 
   
    le 
   
    nombre 
   
    de 
   
    ses 
   
    vassaux 
   
    et 
   
    ensuite 
   
    demander 
   
    la 
   
    couronne 
   
    royale.
  
 
   
    Il 
   
    commença 
   
    donc 
   
    par 
   
    reculer 
   
    les 
   
    frontières 
   
    de 
   
    son 
   
    pays. 
   
    Il 
   
    était 
   
    concentré 
   
    alors 
   
    dans 
   
    l'espace 
   
    qui 
   
    va 
   
    des 
   
    monts 
   
    Taurus 
   
    à 
   
    la 
   
    mer, 
   
    il 
   
    s'étendit 
   
    vers 
   
    l'occident, 
   
    au-delà 
   
    de 
   
    la 
   
    rivière 
   
    de 
   
    Calycadnus, 
   
    dans 
   
    la 
   
    Cilicie 
   
    Trachée, 
   
    et 
   
    parvint 
   
    peu 
   
    à 
   
    peu 
   
    jusqu'au 
   
    golfe 
   
    de 
   
    Pamphyle 
   
    et 
   
    à 
   
    la 
   
    grande 
   
    ville 
   
    d'Attalie; 
   
    d'où, 
   
    passant 
   
    les 
   
    monts, 
   
    au-delà 
   
    de 
   
    l'Isaurie, 
   
    Léon 
   
    s'empara 
   
    de 
   
    Tiana 
   
    et 
   
    de 
   
    Héraclée. 
   
    C'est 
   
    de 
   
    ce 
   
    côté 
   
    qu'il 
   
    vainquit 
   
    le 
   
    puissant 
   
    sultan 
   
    d'Iconie 
   
    et 
   
    de 
   
    l'Asie-Mineure 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    éleva 
   
    une 
   
    barrière 
   
    à 
   
    ce 
   
    souverain 
   
    toujours 
   
    redoutable, 
   
    mais 
   
    dont 
   
    les 
   
    forces 
   
    se 
   
    trouvaient 
   
    insuffisantes 
   
    contre 
   
    celles 
   
    de 
   
    notre 
   
    Baron, 
   
    étant 
   
    paralysées 
   
    par 
   
    les 
   
    querelles 
   
    intestines 
   
    et 
   
    l'ambition 
   
    dévorante 
   
    de 
   
    ses 
   
    fils, 
   
    dont 
   
    quelques-uns 
   
    eurent 
   
    recours 
   
    à 
   
    Léon 
   
    pour 
   
    se 
   
    protéger 
   
    contre 
   
    les 
   
    autres. 
   
    A 
   
    l'Est, 
   
    il 
   
    poussa 
   
    sa 
   
    marche 
   
    conquérante 
   
    jusqu'à 
   
    Amanus, 
   
    et 
   
    après 
   
    en 
   
    avoir 
   
    franchi 
     
      «les 
     
      Portes
   
    », 
   
    il 
   
    se 
   
    rendit 
   
    maître 
   
    des 
   
    châteaux-forts 
   
    de 
   
    la 
   
    frontière 
   
    d'Antioche. 
   
    Il 
   
    remit 
   
    à 
   
    un 
   
    temps 
   
    plus 
   
    favorable 
   
    le 
   
    soin 
   
    de 
   
    se 
   
    débarrasser 
   
    de 
   
    la 
   
    suzeraineté 
   
    purement 
   
    nominale 
   
    du 
   
    Prince 
   
    d'Antioche.
  
 
   
    Avec 
   
    cette 
   
    étendue 
   
    de 
   
    territoire 
   
    et 
   
    sa 
   
    souveraineté 
   
    sur 
   
    soixante 
   
    ou 
   
    soixante-douze 
   
    barons, 
   
    en 
   
    même 
   
    temps 
   
    seigneurs 
   
    d'autant 
   
    de 
   
    forteresses, 
   
    il 
   
    se 
   
    croyait 
   
    assez 
   
    puissant 
   
    pour 
   
    réclamer 
   
    le 
   
    trône 
   
    royal. 
   
    D'autant 
   
    plus 
   
    que, 
   
    depuis 
   
    la 
   
    prise 
   
    de 
   
    Jérusalem, 
   
    le 
   
    royaume 
   
    des 
   
    Latins 
   
    n'existait 
   
    plus 
   
    en 
   
    Orient, 
   
    d'autant 
   
    plus 
   
    encore 
   
    que 
   
    Chypre 
   
    aspirait 
   
    aussi 
   
    à 
   
    l'honneur 
   
    de 
   
    la 
   
    royauté. 
   
    Il 
   
    crut 
   
    donc 
   
    le 
   
    moment 
   
    venu 
   
    de 
   
    rehausser 
   
    son 
   
    pouvoir 
   
    dans 
   
    son 
   
    pays, 
   
    entouré 
   
    maintenant 
   
    de 
   
    trois 
   
    grands 
   
    peuples 
   
    de 
   
    langues 
   
    et 
   
    de 
   
    religions 
   
    différentes: 
   
    les 
   
    Grecs, 
   
    les 
   
    Turcs 
   
    et 
   
    les 
   
    Latins. 
   
    Il 
   
    avait 
   
    l'intention 
   
    d'en 
   
    faire 
   
    la 
   
    proposition 
   
    à 
   
    l'empereur 
   
    Frédéric 
   
    Barberousse. 
   
    C'était 
   
    de 
   
    lui 
   
    qu'il 
   
    voulait 
   
    recevoir 
   
    la 
   
    couronne. 
   
    Il 
   
    voulait 
   
    aussi 
   
    recevoir 
   
    les 
   
    insignes 
   
    de 
   
    la 
   
    royauté 
   
    du 
   
    souverain 
   
    Pontife 
   
    romain 
   
    dont 
   
    la 
   
    main 
   
    puissante 
   
    guidait 
   
    l'Occident 
   
    et 
   
    bénissait 
   
    l'Orient.
  
 
   
    Il 
   
    méditait 
   
    sur 
   
    ces 
   
    projets 
   
    lorsque, 
   
    vers 
   
    la 
   
    fin 
   
    de 
   
    1189, 
   
    le 
   
    pape 
   
    Clément 
   
    III, 
   
    lui 
   
    écrivit 
   
    une 
   
    lettre 
   
    en 
   
    même 
   
    temps 
   
    qu'il 
   
    en 
   
    écrivit 
   
    une 
   
    autre 
   
    sur 
   
    le 
   
    même 
   
    ton 
   
    au 
   
    Catholicos 
   
    Grégoire 
   
    Degha, 
   
    pour 
   
    leur 
   
    annoncer 
   
    le 
   
    départ 
   
    de 
   
    la 
   
    Troisième 
   
    Croisade. 
   
    Dans 
   
    ces 
   
    lettres, 
   
    le 
   
    Pape, 
   
    les 
   
    priait 
   
    instamment 
   
    tous 
   
    les 
   
    deux 
   
    de 
   
    porter 
   
    intérêt 
   
    aux 
   
    occidentaux 
   
    qui 
   
    couraient 
   
    à 
   
    la 
   
    délivrance 
   
    de 
   
    la 
   
    Terre 
   
    Sainte, 
   
    de 
   
    leur 
   
    fournir 
   
    des 
   
    subsides 
   
    en 
   
    armes 
   
    et 
   
    en 
   
    argent, 
   
    de 
   
    les 
   
    aider 
   
    de 
   
    leurs 
   
    personnes, 
   
    afin 
   
    de 
   
    participer 
   
    aux 
   
    mêmes 
   
    grâces 
   
    spirituelles.
  
 
   
    Il 
   
    est 
   
    permis 
   
    de 
   
    croire 
   
    que 
   
    Léon, 
   
    exhorté 
   
    par 
   
    cette 
   
    lettre, 
   
    pressé 
   
    par 
   
    Guillaume, 
   
    archevêque 
   
    de 
   
    Tyr, 
   
    arrivé 
   
    deux 
   
    ans 
   
    auparavant, 
   
    et 
   
    par 
   
    d'autres 
   
    ambassades 
   
    de 
   
    l'Occident 
   
    qui 
   
    venaient 
   
    lui 
   
    demander 
   
    aide 
   
    et 
   
    protection 
   
    pour 
   
    la 
   
    délivrance 
   
    de 
   
    la 
   
    Sainte-Ville 
   
    et 
   
    des 
   
    Chrétiens 
   
    de 
   
    l'Orient; 
   
    il 
   
    est 
   
    permis 
   
    de 
   
    croire, 
   
    dis-je, 
   
    que 
   
    Léon 
   
    avait 
   
    pris 
   
    les 
   
    devants 
   
    et 
   
    avait 
   
    écrit 
   
    ou 
   
    envoyé 
   
    auprès 
   
    de 
   
    l'empereur, 
   
    dont 
   
    il 
   
    avait 
   
    appris 
   
    les 
   
    préparatifs 
   
    d'expédition, 
   
    pour 
   
    lui 
   
    offrir 
   
    l'aide 
   
    de 
   
    ses 
   
    troupes, 
   
    selon 
   
    son 
   
    pouvoir, 
   
    et 
   
    qu'en 
   
    revanche, 
   
    il 
   
    avait 
   
    sollicité 
   
    auprès 
   
    de 
   
    lui 
   
    le 
   
    titre 
   
    de 
   
    Roi, 
   
    afin 
   
    de 
   
    pouvoir 
   
    dorénavant 
   
    gouverner 
   
    ses 
   
    Etats, 
   
    sans 
   
    se 
   
    rendre 
   
    suspect 
   
    aux 
   
    Grecs, 
   
    tout 
   
    en 
   
    se 
   
    considérant 
   
    comme 
   
    vassal 
   
    de 
   
    l'empire 
   
    romain.
  
 
   
    Notre 
   
    assertion 
   
    se 
   
    trouve 
   
    confirmée 
   
    par 
   
    le 
   
    témoignage 
   
    d'un 
   
    sérieux 
   
    chroniqueur 
   
    contemporain, 
   
    qui, 
   
    parlant 
   
    de 
   
    notre 
   
    Catholicos, 
   
    toujours 
   
    de 
   
    même 
   
    avis 
   
    en 
   
    tout 
   
    que 
   
    Léon, 
   
    dit: 
   
    «Le 
   
    Catholicos, 
   
    ému 
   
    en 
   
    son 
   
    cœur, 
   
    toujours 
   
    occupé 
   
    à 
   
    demander 
   
    en 
   
    larmes 
   
    et 
   
    par 
   
    d'instantes 
   
    prières 
   
    la 
   
    délivrance 
   
    de 
   
    la 
   
    Sainte-Ville 
   
    et 
   
    du 
   
    peuple, 
   
    écrivait 
   
    aux 
   
    rois 
   
    grecs 
   
    et 
   
    latins 
   
    pour 
   
    les 
   
    supplier 
   
    d'accourir, 
   
    s'ils 
   
    le 
   
    pouvaient, 
   
    au 
   
    secours 
   
    des 
   
    Chrétiens».
  
 
   
    L'empereur 
   
    d'Allemagne, 
   
    rassuré 
   
    par 
   
    l'offre 
   
    d'alliance 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    envoya, 
   
    avant 
   
    son 
   
    départ, 
   
    une 
   
    lettre 
   
    à 
   
    Salaheddin, 
   
    dans 
   
    laquelle, 
   
    — 
   
    si 
   
    elle 
   
    est 
   
    authentique 
   
    — 
   
    il 
   
    fait 
   
    l'énumération 
   
    des 
   
    peuples 
   
    et 
   
    des 
   
    princes 
   
    ses 
   
    alliés, 
   
    et 
   
    où 
   
    il 
   
    ajouta: 
   
    «Numquid 
   
    etiam 
   
    scire 
   
    dissimulas 
   
    Armeniam 
   
    et 
   
    innumerabiles 
   
    alias 
   
    terras 
   
    nostræ 
   
    ditioni 
   
    subjectas?» 
   
    Nous 
   
    pourrions 
   
    donner 
   
    le 
   
    même 
   
    sens 
   
    aux 
   
    paroles 
   
    de 
   
    notre 
   
    historien 
   
    Vartan, 
   
    d'après 
   
    lequel 
   
    l'empereur 
   
    aurait 
   
    écrit, 
   
    d'Iconie, 
   
    une 
   
    lettre 
   
    au 
   
    Catholicos 
   
    Grégoire, 
   
    dans 
   
    laquelle 
   
    il 
   
    lui 
   
    disait: 
   
    «Je 
   
    tiens 
   
    une 
   
    couronne 
   
    et 
   
    des 
   
    habits 
   
    royaux 
   
    pour 
   
    celui 
   
    que 
   
    tu 
   
    voudras 
   
    proclamer 
   
    Roi».
  
 
   
    Après 
   
    l'envoi 
   
    de 
   
    la 
   
    lettre 
   
    du 
   
    pape, 
   
    Frédéric 
   
    se 
   
    mit 
   
    en 
   
    route 
   
    avec 
   
    plus 
   
    de 
   
    deux 
   
    cent 
   
    mille 
   
    hommes, 
   
    beaucoup 
   
    de 
   
    princes 
   
    et 
   
    d'évêques, 
   
    et 
   
    accompagné 
   
    de 
   
    son 
   
    fils 
   
    qui 
   
    portait 
   
    le 
   
    même 
   
    nom 
   
    que 
   
    lui. 
   
    Il 
   
    traversa 
   
    la 
   
    Hongrie, 
   
    et, 
   
    après 
   
    un 
   
    mois 
   
    de 
   
    marche 
   
    il 
   
    entra 
   
    sur 
   
    le 
   
    territoire 
   
    de 
   
    l'empereur 
   
    d'Orient. 
   
    C'était 
   
    alors 
   
    Isaac-Angel, 
   
    allié 
   
    secret 
   
    de 
   
    Salaheddin 
   
    et 
   
    ennemi 
   
    tacite 
   
    de 
   
    Frédéric. 
   
    Il 
   
    fit 
   
    de 
   
    belles 
   
    promesses 
   
    à 
   
    Frédéric 
   
    et 
   
    le 
   
    pressa 
   
    de 
   
    passer 
   
    en 
   
    Asie. 
   
    Mais 
   
    celui-ci 
   
    s'était 
   
    aperçu 
   
    des 
   
    perfides 
   
    manèges 
   
    du 
   
    byzantin. 
   
    Après 
   
    avoir 
   
    exigé 
   
    de 
   
    lui 
   
    un 
   
    certain 
   
    nombre 
   
    d'otages, 
   
    il 
   
    passa 
   
    l'hiver 
   
    en 
   
    Thrace 
   
    et 
   
    traversa, 
   
    en 
   
    1190, 
   
    après 
   
    les 
   
    fêtes 
   
    de 
   
    Pâques, 
   
    l'Hellespont 
   
    et 
   
    les 
   
    provinces 
   
    grecques, 
   
    où 
   
    les 
   
    habitants 
   
    commencèrent 
   
    à 
   
    se 
   
    montrer 
   
    malveillants 
   
    envers 
   
    les 
   
    nouveaux-venus.
  
 
   
    Delà, 
   
    il 
   
    entra 
   
    dans 
   
    le 
   
    territoire 
   
    du 
   
    sultan 
   
    Kelidge-Aslan 
   
    où 
   
    on 
   
    lui 
   
    manifesta 
   
    plus 
   
    d'hostilités. 
   
    Il 
   
    fut 
   
    alors 
   
    obligé 
   
    de 
   
    répondre 
   
    par 
   
    la 
   
    force 
   
    à 
   
    la 
   
    force: 
   
    il 
   
    défit 
   
    les 
   
    soldats 
   
    du 
   
    sultan, 
   
    prit 
   
    à 
   
    l'assaut 
   
    Iconie, 
   
    sa 
   
    capitale 
   
    et 
   
    força 
   
    le 
   
    sultan 
   
    à 
   
    s'humilier 
   
    devant 
   
    lui, 
   
    à 
   
    lui 
   
    livrer 
   
    des 
   
    otages 
   
    et 
   
    des 
   
    rançons 
   
    de 
   
    valeur. 
   
    Ensuite, 
   
    il 
   
    se 
   
    fraya 
   
    un 
   
    chemin 
   
    à 
   
    travers 
   
    ses 
   
    provinces, 
   
    se 
   
    dirigeant 
   
    du 
   
    nord 
   
    au 
   
    sud-est 
   
    et 
   
    parvint 
   
    ainsi 
   
    aux 
   
    frontières 
   
    nord-ouest 
   
    des 
   
    Etats 
   
    de 
   
    Léon. 
   
    En 
   
    chemin, 
   
    il 
   
    avait 
   
    écrit, 
   
    dit-on, 
   
    trois 
   
    lettres 
   
    à 
   
    celui-ci, 
   
    mais 
   
    ni 
   
    courriers 
   
    ni 
   
    lettres 
   
    n'étaient 
   
    arrivés, 
   
    car 
   
    les 
   
    Turcomans 
   
    et 
   
    les 
   
    Turcs 
   
    gardaient 
   
    les 
   
    passages, 
   
    afin 
   
    d'empêcher 
   
    toute 
   
    correspondance 
   
    entre 
   
    les 
   
    Allemands 
   
    et 
   
    les 
   
    Chrétiens.
  
 
   
    En 
   
    outre 
   
    des 
   
    périls 
   
    auxquels 
   
    ils 
   
    étaient 
   
    venus 
   
    s'exposer, 
   
    les 
   
    Croisés 
   
    ne 
   
    tardèrent 
   
    pas 
   
    à 
   
    se 
   
    trouver 
   
    dans 
   
    une 
   
    grande 
   
    détresse. 
   
    Les 
   
    fatigues 
   
    qu'ils 
   
    éprouvaient 
   
    en 
   
    suivant 
   
    des 
   
    chemins 
   
    inconnus 
   
    pour 
   
    eux, 
   
    à 
   
    travers 
   
    des 
   
    pays 
   
    incultes, 
   
    et 
   
    surtout 
   
    le 
   
    manque 
   
    de 
   
    vivres 
   
    les 
   
    décimaient 
   
    plus 
   
    que 
   
    le 
   
    glaive 
   
    des 
   
    ennemis 
   
    et 
   
    diminuèrent 
   
    considérablement 
   
    la 
   
    multitude 
   
    des 
   
    troupes 
   
    de 
   
    leur 
   
    armée.