C'est 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     s'accomplit, 
    
     sinon 
    
     le 
    
     testament 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     le 
    
     vœu 
    
     de 
    
     son 
    
     cœur. 
    
     C'est 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     Constantin 
    
     acheva 
    
     la 
    
     grande 
    
     œuvre 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     qui, 
    
     s'il 
    
     l'avait 
    
     laissé 
    
     inachevée, 
    
     avait 
    
     du 
    
     moins 
    
     jeté 
    
     les 
    
     bases 
    
     d'une 
    
     nouvelle 
    
     dynastie 
    
     pour 
    
     le 
    
     royaume. 
    
     Ce 
    
     royaume 
    
     nouveau 
    
     se 
    
     maintint 
    
     près 
    
     d'un 
    
     siècle 
    
     et 
    
     demi, 
    
     il 
    
     dura 
    
     plus 
    
     que 
    
     toute 
    
     les 
    
     dominations 
    
     des 
    
     Occidentaux, 
    
     fondées 
    
     en 
    
     Orient 
    
     lors 
    
     des 
    
     Croisades, 
    
     hormis 
    
     une 
    
     seule, 
    
     celle 
    
     de 
    
     Chypre. 
    
     Toute 
    
     la 
    
     gloire, 
    
     toute 
    
     la 
    
     grandeur, 
    
     son 
    
     étonnante 
    
     durée 
    
     même, 
    
     sont 
    
     l'œuvre 
    
     de 
    
     Léon. 
    
     Son 
    
     éclat 
    
     commença 
    
     dès 
    
     le 
    
     jour 
    
     de 
    
     l'avénement 
    
     de 
    
     Roupin, 
    
     frère 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     dès 
   
    1175 
    
     pour 
    
     briller 
    
     jusqu'en 
   
    1375, 
    
     deux 
    
     cents 
    
     ans 
    
     juste.
 
    
     Or, 
    
     en 
    
     repensant 
    
     à 
    
     tout 
    
     ce 
    
     que 
    
     Léon 
    
     a 
    
     fait 
    
     par 
    
     lui-même, 
    
     tout 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     a 
    
     légué 
    
     à 
    
     la 
    
     postérité, 
    
     il 
    
     me 
    
     semble 
    
     impossible 
    
     que 
    
     les 
    
     lecteurs 
    
     sensés 
    
     et 
    
     ceux 
    
     qui 
    
     connaissent 
    
     le 
    
     cours 
    
     de 
    
     l'histoire 
    
     arméniennene, 
    
     ne 
    
     confessent 
    
     pas 
    
     que 
    
     Léon 
    
     fut 
    
     véritablement 
     
      Grand 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     a 
    
     fait 
    
     une 
    
     œuvre 
    
     grande, 
    
     et 
    
     que 
    
     son 
    
     pareil 
    
     n'a 
    
     pas 
    
     été 
    
     vu 
    
     dans 
    
     son 
    
     siècle 
    
     même 
    
     parmi 
    
     les 
    
     plus 
    
     hauts 
    
     personnages 
    
     du 
    
     temps 
    
     que 
    
     nous 
    
     devions 
    
     et 
    
     que 
    
     nous 
    
     avons 
    
     voulu 
    
     citer 
    
     dans 
    
     notre 
    
     récit. 
    
     Peut-être 
    
     s'en 
    
     trouva-t-il 
    
     un 
    
     seul 
    
     qui 
    
     l'ait 
    
     surpassé 
    
     par 
    
     ses 
    
     victoires 
    
     et 
    
     par 
    
     ses 
    
     conquêtes 
    
     et 
    
     par 
    
     sa 
    
     grandeur 
    
     d'âme, 
    
     mais 
    
     il 
    
     n'a 
    
     pas 
    
     fondé 
    
     un 
    
     royaume. 
    
     Un 
    
     autre, 
    
     peut-être, 
    
     a 
    
     conquis 
    
     un 
    
     plus 
    
     grand 
    
     royaume, 
    
     et, 
    
     s'est 
    
     montré 
    
     plus 
    
     hardi 
    
     et 
    
     moins 
    
     politique; 
    
     il 
    
     voulait 
    
     se 
    
     faire 
    
     appeler 
    
     le 
    
     maître 
    
     du 
    
     monde 
    
     et 
    
     être 
    
     empereur 
    
     absolu, 
    
     mais 
    
     il 
    
     dut 
    
     se 
    
     courber 
    
     devant 
    
     les 
    
     Etats, 
    
     les 
    
     Communes 
    
     du 
    
     beau 
    
     pays 
    
     d'Italie 
    
     dont 
    
     il 
    
     encourut 
    
     les 
    
     remontrances, 
    
     trop 
    
     justes, 
    
     pour 
    
     les 
    
     cruautés 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     exercées 
    
     sur 
    
     les 
    
     populations 
    
     et 
    
     ses 
    
     actes 
    
     de 
    
     vandalisme 
    
     sur 
    
     les 
    
     monuments 
    
     de 
    
     l'Italie, 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     livrés 
    
     les 
    
     uns 
    
     au 
    
     fer, 
    
     les 
    
     autres 
    
     au 
    
     feu. 
    
     Frédéric 
    
     a 
    
     fait 
    
     voir 
    
     plus 
    
     d'ambition 
    
     qu'il 
    
     n'a 
    
     montré 
    
     de 
    
     grandeur. 
    
     Un 
    
     autre, 
    
     le 
    
     plus 
    
     vénérable 
    
     de 
    
     tous 
    
     par 
    
     son 
    
     double 
    
     pouvoir 
    
     spirituel 
    
     et 
    
     temporel, 
    
     a 
    
     fait 
    
     incliner 
    
     devant 
    
     lui 
    
     le 
    
     front 
    
     d'un 
    
     grand 
    
     nombre, 
    
     mais 
    
     il 
    
     n'a 
    
     pas 
    
     pu 
    
     les 
    
     soumettre 
    
     comme 
    
     il 
    
     l'espérait 
    
     et 
    
     le 
    
     désirait. 
    
     Après 
    
     les 
    
     plus 
    
     grands 
    
     efforts, 
    
     il 
    
     ne 
    
     lui 
    
     est 
    
     pas 
    
     arrivé 
    
     de 
    
     voir 
    
     de 
    
     ses 
    
     yeux 
    
     les 
    
     résultats 
    
     de 
    
     ses 
    
     longs 
    
     travaux, 
    
     la 
    
     délivrance 
    
     de 
    
     Jérusalem 
    
     par 
    
     une 
    
     grande 
    
     Croisade.
  
 
    
     Il 
    
     y 
    
     eut 
    
     d'autres 
    
     souverains 
    
     encore 
    
     doués 
    
     des 
    
     plus 
    
     belles 
    
     qualités, 
    
     mais 
    
     Léon 
    
     n'était-il 
    
     pas 
    
     pourvu, 
    
     lui 
    
     aussi, 
    
     de 
    
     ces 
    
     belles 
    
     qualités, 
    
     du 
    
     courage, 
    
     de 
    
     la 
    
     persévérance, 
    
     de 
    
     la 
    
     finesse 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     que 
    
     de 
    
     la 
    
     prudence 
    
     politique
   
    ! 
    
     Après 
    
     toutes 
    
     les 
    
     preuves 
    
     de 
    
     magnanimité 
    
     qu'il 
    
     a 
    
     données, 
    
     il 
    
     exécuta, 
    
     entre 
    
     autres 
    
     grandes 
    
     œuvres, 
    
     la 
    
     plus 
    
     belle, 
    
     la 
    
     plus 
    
     éminente, 
    
     la 
    
     fondation 
    
     d'un 
    
     royaume; 
    
     et 
    
     il 
    
     a 
    
     pour 
    
     cela 
    
     accompli 
    
     la 
    
     renaissance 
    
     et 
    
     la 
    
     célébrité 
    
     de 
    
     son 
    
     peuple, 
    
     les 
    
     Arméniens! 
    
     Notre 
    
     peuple 
    
     n'a 
    
     pas 
    
     seulement 
    
     brillé 
    
     au 
    
     temps 
    
     du 
    
     règne 
    
     de 
    
     Léon 
    
     parmi 
    
     les 
    
     peuples, 
    
     il 
    
     a 
    
     gardé 
    
     sa 
    
     renommée 
    
     jusqu'à 
    
     nos 
    
     jours 
    
     grâce 
    
     à 
    
     Léon.
  
 
   
    Des 
   
    monuments 
   
    qu'il 
   
    nous 
   
    a 
   
    légués, 
   
    le 
   
    temps 
   
    a 
   
    détruit 
   
    et 
   
    peut-être 
   
    en 
   
    détruira 
   
    un 
   
    grand 
   
    nombre 
   
    comme 
   
    il 
   
    a 
   
    détruit 
   
    ceux 
   
    de 
   
    ces 
   
    ancêtres. 
   
    Mais 
   
    il 
   
    en 
   
    est 
   
    qui 
   
    resteront 
   
    éternels 
   
    et 
   
    intacts, 
   
    au 
   
    milieu 
   
    de 
   
    ses 
   
    œuvres 
   
    gigantesques 
   
    et 
   
    immortelles, 
   
    selon 
   
    le 
   
    monde. 
   
    Léon 
   
    qui 
   
    fut 
   
    au-dessus 
   
    de 
   
    tous 
   
    les 
   
    princes 
   
    ses 
   
    ancêtres, 
   
    demeurera 
   
    comme 
   
    un 
   
    point 
   
    lumineux 
   
    dans 
   
    notre 
   
    histoire 
   
    et 
   
    sera 
   
    toujours 
   
    regardé 
   
    comme 
   
    l'un 
   
    des 
   
    plus 
   
    illustres 
   
    personnages 
   
    du 
   
    monde.
  
 
    
     Et, 
    
     comme 
    
     tout 
    
     ce 
    
     que 
    
     nous 
    
     avons 
    
     dit 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     nous 
    
     l'avons 
    
     recueilli 
    
     dans 
    
     des 
    
     feuillets 
    
     épars 
    
     et 
    
     dans 
    
     des 
    
     lambeaux 
    
     de 
    
     notre 
    
     littérature 
    
     et 
    
     des 
    
     archives, 
    
     il 
    
     est 
    
     à 
    
     désirer, 
   
    — 
    
     et 
    
     je 
    
     l'espère 
    
     toujours, 
   
    — 
    
     que 
    
     de 
    
     nouveaux 
    
     documents 
    
     soient 
    
     découverts, 
    
     et 
    
     ils 
    
     feront 
    
     voir 
    
     Léon 
    
     plus 
    
     grand 
    
     encore. 
    
     Nous 
    
     souhaitons 
    
     à 
    
     la 
    
     postérité 
    
     de 
    
     retrouver 
    
     ces 
    
     documents, 
    
     pour 
    
     l'honneur 
    
     et 
    
     dans 
   
    l'
    
     intérêt 
    
     de 
    
     notre 
    
     nation, 
    
     de 
    
     notre 
    
     chère 
    
     Arménie, 
    
     pour 
    
     servir 
    
     de 
    
     témoignage 
    
     aux 
    
     autres 
    
     nations 
    
     et 
    
     pour 
    
     la 
    
     gloire 
    
     du 
    
     Tout-puissant. 
    
     C'est 
    
     à 
    
     lui 
    
     seul 
    
     qu'il 
    
     appartient 
    
     de 
    
     faire 
    
     surgir 
    
     de 
    
     pareils 
    
     génies, 
     
      grands 
     
      et 
     
      victorieux, 
    
     dois-je 
    
     dire 
    
     plutôt 
     
      magnifiques. 
    
     Car 
    
     c'est 
    
     ce 
    
     surnom 
    
     de 
     
      Magnifique 
    
     que 
    
     je 
    
     crois 
    
     équitable 
    
     de 
    
     donner 
    
     à 
    
     LÉON, 
    
     PREMIER 
    
     ROI 
    
     DE 
    
     SISSOUAN.