Ce 
   
    ne 
   
    fut 
   
    qu'après 
   
    bien 
   
    des 
   
    incidents 
   
    et 
   
    des 
   
    actes 
   
    particuliers 
   
    accomplis 
   
    en 
   
    vue 
   
    de 
   
    venger 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    Kakig, 
   
    incidents 
   
    et 
   
    actes 
   
    sur 
   
    lesquels 
   
    l'histoire 
   
    se 
   
    tait, 
   
    qu'un 
   
    des 
   
    fidèles 
   
    hommes 
   
    de 
   
    ce 
   
    Kakig, 
   
    nommé 
   
    Roupin, 
   
    se 
   
    mit 
   
    à 
   
    la 
   
    tête 
   
    des 
   
    rebelles, 
   
    se 
   
    souleva 
   
    contre 
   
    les 
   
    oppresseurs 
   
    de 
   
    sa 
   
    nation 
   
    et, 
   
    abandonnant 
   
    Zamanti, 
   
    le 
   
    patrimoine 
   
    de 
   
    Kakig, 
   
    se 
   
    dirigea 
   
    vers 
   
    le 
   
    Sud-Ouest 
   
    et 
   
    prit 
   
    possession 
   
    du 
   
    pays 
   
    plus 
   
    sûr 
   
    de 
   
    la 
   
    Phrygie, 
   
    l'an 
   
    1081, 
   
    de 
   
    l'Ère 
   
    vulgaire. 
   
    Il 
   
    y 
   
    fonda 
   
    une 
   
    nouvelle 
   
    dynastie 
   
    arménienne, 
   
    celle 
   
    des 
   
    Roupiniens, 
   
    qui 
   
    devint, 
   
    un 
   
    siècle 
   
    plus 
   
    tard, 
   
    une 
   
    dynastie 
   
    royale.
 
   
    Tout 
   
    ce 
   
    que 
   
    nous 
   
    savons 
   
    authentiquement 
   
    de 
   
    Roupin 
   
    c'est 
   
    la 
   
    succession 
   
    de 
   
    sa 
   
    dynastie 
   
    jusqu'à 
   
    la 
   
    sixième 
   
    génération, 
   
    puis 
   
    les 
   
    liens 
   
    de 
   
    proche 
   
    parenté 
   
    que 
   
    ses 
   
    descendants 
   
    contractèrent 
   
    par 
   
    la 
   
    suite 
   
    avec 
   
    les 
   
    Héthoumiens 
   
    qui 
   
    les 
   
    remplacèrent 
   
    sur 
   
    le 
   
    trône, 
   
    tout 
   
    en 
   
    maintenant 
   
    le 
   
    nom 
   
    de 
   
    Roupiniens 
   
    jusqu'à 
   
    la 
   
    fin 
   
    de 
   
    leur 
   
    royaume. 
   
    Mais 
   
    nous 
   
    ne 
   
    connaissons 
   
    pas 
   
    assez 
   
    l'origine 
   
    de 
   
    Roupin, 
   
    ni 
   
    les 
   
    moyens 
   
    qu'il 
   
    employa 
   
    pour 
   
    s'affranchir 
   
    du 
   
    joug 
   
    étranger 
   
    et 
   
    se 
   
    rendre 
   
    maître 
   
    d'un 
   
    nouveau 
   
    pays 
   
    où 
   
    il 
   
    fixa 
   
    sa 
   
    demeure 
   
    princière. 
   
    Tous 
   
    les 
   
    auteurs, 
   
    brefs 
   
    dans 
   
    leur 
   
    récit, 
   
    racontent 
   
    différemment 
   
    les 
   
    faits 
   
    qui 
   
    se 
   
    sont 
   
    passés 
   
    à 
   
    cette 
   
    époque, 
   
    et 
   
    principalement 
   
    ceux 
   
    qui 
   
    ont 
   
    écrit 
   
    éloignés 
   
    des 
   
    lieux 
   
    où 
   
    leur 
   
    accomplissement 
   
    s'effectua, 
   
    et 
   
    qui 
   
    répètent 
   
    ce 
   
    qu'ils 
   
    ont 
   
    entendu 
   
    dire 
   
    et 
   
    mêlent, 
   
    la 
   
    plupart 
   
    du 
   
    temps, 
   
    le 
   
    faux 
   
    avec 
   
    le 
   
    vrai.
  
 
   
    Plusieurs 
   
    prétendent 
   
    que 
   
    Roupin 
   
    avait 
   
    des 
   
    liens 
   
    de 
   
    proche 
   
    parenté 
   
    avec 
   
    les 
   
    Bagratides 
   
    et 
   
    le 
   
    donnent 
   
    même 
   
    comme 
   
    le 
   
    dernier 
   
    descendant 
   
    de 
   
    la 
   
    famille 
   
    de 
   
    Kakig. 
   
    Un 
   
    auteur 
   
    dit 
   
    qu'il 
   
    était 
   
    «de 
   
    la 
   
    milice 
   
    des 
   
    Bagratides 
   
    et 
   
    de 
   
    leur 
   
    Maison». 
   
    Un 
   
    autre, 
   
    qu'il 
   
    était 
   
    «parent 
   
    de 
   
    Kakig»; 
   
    un 
   
    autre 
   
    encore, 
   
    qu'il 
   
    appartenait 
   
    «à 
   
    la 
   
    branche 
   
    royale 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    était 
   
    prince 
   
    du 
   
    sang 
   
    du 
   
    grand 
   
    Kakig»; 
   
    un 
   
    autre 
   
    enfin, 
   
    qu'il 
   
    était 
   
    «frère 
   
    du 
   
    roi 
   
    Kakig»; 
   
    et 
   
    même 
   
    on 
   
    parle 
   
    d'un 
   
    poignard, 
   
    fabriqué 
   
    par 
   
    un 
   
    imposteur, 
   
    et 
   
    que 
   
    l'on 
   
    conservait 
   
    dans 
   
    le 
   
    musée 
   
    de 
   
    Grégoropolis, 
   
    poignard 
   
    sur 
   
    lequel 
   
    était 
   
    gravé 
   
    ceci: 
   
    «Roupin, 
   
    fils 
   
    de 
   
    Kakig», 
   
    suivi 
   
    d'autres 
   
    mots 
   
    incohérants.
  
 
   
    De 
   
    tout 
   
    cela, 
   
    ce 
   
    qui 
   
    doit 
   
    être 
   
    le 
   
    plus 
   
    probable, 
   
    c'est 
   
    ce 
   
    que 
   
    dit 
   
    le 
   
    premier 
   
    des 
   
    historiens 
   
    cités 
   
    ci-dessus; 
   
    c'est-à-dire: 
   
    que 
   
    non-seulement 
   
    Roupin 
   
    faisait 
   
    partie 
   
    de 
   
    la 
   
    milice 
   
    des 
   
    Bagratides, 
   
    mais 
   
    encore 
   
    qu'il 
   
    appartenait 
   
    à 
   
    la 
   
    famille 
   
    des 
   
    Ardzerounis. 
   
    Celui 
   
    qui 
   
    dit 
   
    ceci, 
   
    écrivait 
   
    sous 
   
    le 
   
    règne 
   
    de 
   
    Léon 
   
    II, 
   
    fils 
   
    de 
   
    Héthoum 
   
    I, 
   
    et 
   
    il 
   
    avance 
   
    avec 
   
    franchise 
   
    que 
   
    «notre 
   
    Léon, 
   
    couronné 
   
    roi, 
   
    réunit 
   
    en 
   
    lui 
   
    les 
   
    deux 
   
    branches 
   
    royales
   
    ».
  
 
   
    Vahram 
   
    le 
   
    Docteur 
   
    qui 
   
    se 
   
    trouvait 
   
    à 
   
    la 
   
    cour 
   
    de 
   
    ce 
   
    roi 
   
    et 
   
    qui, 
   
    par 
   
    conséquent, 
   
    ne 
   
    pouvait, 
   
    dans 
   
    son 
   
    récit, 
   
    s'écarter 
   
    de 
   
    la 
   
    vérité 
   
    et 
   
    de 
   
    la 
   
    tradition, 
   
    surtout 
   
    sur 
   
    ce 
   
    point, 
   
    se 
   
    trouve 
   
    d'accord 
   
    avec 
   
    lui. 
   
    Cependant 
   
    on 
   
    pourrait 
   
    croire 
   
    que 
   
    ce 
   
    passage 
   
    concerne 
   
    la 
   
    famille 
   
    des 
   
    Héthoumiens 
   
    qui 
   
    étaient 
   
    Ardzerounis 
   
    du 
   
    côté 
   
    maternel. 
   
    Ochin, 
   
    le 
   
    fondateur 
   
    de 
   
    cette 
   
    Maison, 
   
    avait 
   
    épousé 
   
    la 
   
    fille 
   
    de 
   
    Aboulgharib, 
   
    gouverneur 
   
    de 
   
    Tarse, 
   
    qui 
   
    était, 
   
    lui, 
   
    de 
   
    la 
   
    famille 
   
    des 
   
    princes 
   
    de 
   
    Sénékérim 
   
    roi 
   
    de 
   
    Vasbouragan 
   
    (pays 
   
    de 
   
    Van.
   
    ) 
   
    D'autres 
   
    écrivains 
   
    plus 
   
    sérieux 
   
    appellent 
   
    Roupin: 
   
    le 
     
      Sassounien. 
   
    Ils 
   
    admettent 
   
    les 
   
    Sassouniens 
   
    et 
   
    les 
   
    Ardzerounis 
   
    comme 
   
    deux 
   
    branches 
   
    d'une 
   
    même 
   
    famille.
  
 
   
    De 
   
    même 
   
    que 
   
    les 
   
    historiens 
   
    ne 
   
    sont 
   
    point 
   
    d'accord 
   
    sur 
   
    l'origine 
   
    de 
   
    Roupin, 
   
    ils 
   
    diffèrent 
   
    entre 
   
    eux 
   
    aussi 
   
    dans 
   
    leur 
   
    récit 
   
    sur 
   
    sa 
   
    vie 
   
    et 
   
    sur 
   
    les 
   
    événements 
   
    qui 
   
    le 
   
    portèrent 
   
    à 
   
    la 
   
    principauté. 
   
    Ghiragos, 
   
    le 
   
    premier 
   
    et 
   
    le 
   
    plus 
   
    célèbre 
   
    de 
   
    ces 
   
    historiens, 
   
    qui 
   
    désignent 
   
    Roupin 
   
    comme 
   
    issu 
   
    de 
   
    la 
   
    race 
   
    royale, 
   
    ainsi 
   
    que 
   
    Michel 
   
    le 
   
    Syrien, 
   
    ne 
   
    dit 
   
    pas 
   
    nettement 
   
    de 
   
    quelle 
   
    dynastie 
   
    royale 
   
    il 
   
    entend 
   
    parler. 
   
    Il 
   
    dit 
   
    seulement 
   
    que 
   
    Roupin 
   
    était 
   
    «de 
   
    la 
   
    famille 
   
    et 
   
    de 
   
    la 
   
    milice 
   
    de 
   
    Kakig 
   
    des 
   
    Ardzerounis». 
   
    Tout 
   
    comme 
   
    à 
   
    propos 
   
    de 
   
    la 
   
    question 
   
    qui 
   
    précède, 
   
    il 
   
    cite 
   
    deux 
   
    Kakig. 
   
    Ainsi, 
   
    il 
   
    attribue 
   
    l'aventure 
   
    de 
   
    l'évêque 
   
    Marc 
   
    et 
   
    du 
   
    chien 
   
    à 
   
    Kakig, 
   
    roi 
   
    de 
   
    Kars. 
   
    Quant 
   
    à 
   
    celui 
   
    qui 
   
    y 
   
    trouva 
   
    la 
   
    mort, 
   
    il 
   
    le 
   
    nomme 
   
    simplement 
     
      un 
     
      autre 
     
      Kakig. 
   
    Puis, 
   
    il 
   
    raconte 
   
    qu'auprès 
   
    de 
   
    ce 
   
    dernier, 
   
    se 
   
    trouvait 
     
      un 
     
      petit 
     
      garçon 
   
    (Roupin), 
   
    qu'avait 
   
    remarqué 
   
    et 
   
    acheté, 
   
    parmi 
   
    les 
   
    prisonniers 
   
    des 
   
    Grecs, 
   
    «un 
   
    trafiquant 
   
    arménien 
   
    et 
   
    duquel 
   
    il 
   
    avait 
   
    fait 
   
    son 
   
    gendre
   
    ». 
   
    Quand 
   
    cet 
   
    enfant 
   
    est 
   
    devenu 
   
    grand 
   
    homme 
   
    et 
   
    chasseur, 
   
    il 
   
    fait 
   
    le 
   
    récit 
   
    de 
   
    ses 
   
    exploits 
   
    et 
   
    narre 
   
    de 
   
    quelle 
   
    manière 
   
    il 
   
    s'empara 
   
    des 
   
    contrées 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie 
   
    où 
   
    il 
   
    était 
   
    venu 
   
    pour 
   
    chasser.
  
 
   
    D'autres 
   
    chroniqueurs, 
   
    parmi 
   
    lesquels 
   
    Mekhitar 
   
    d'Aïrivank, 
   
    montrent 
   
    Roupin 
   
    comme 
   
    étant 
   
    un 
   
    homme 
   
    accompli 
   
    lorsqu'il 
   
    étendit 
   
    son 
   
    autorité, 
   
    c'est-à-dire 
   
    vers 
   
    le 
   
    milieu 
   
    du 
   
    XI 
   
    siècle: 
   
    «Alors 
   
    (de 
   
    1245 
   
    à 
   
    1250) 
   
    — 
   
    dit-il, 
   
    — 
   
    les 
   
    Roupiniens 
   
    s'emparèrent 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie; 
   
    «Dieu 
   
    nous 
   
    a 
   
    fait 
   
    justice 
   
    à 
   
    nous 
   
    les 
   
    opprimés! 
   
    car 
   
    le 
   
    Grec 
   
    avait 
   
    pris 
   
    notre 
   
    royaume, 
   
    mais 
   
    Dieu 
   
    a 
   
    rendu 
   
    son 
   
    pays 
   
    aux 
   
    Arméniens 
   
    et 
   
    ils 
   
    y 
   
    régnent 
   
    à 
   
    présent».
  
 
   
    II 
   
    y 
   
    a 
   
    des 
   
    auteurs 
   
    qui 
   
    appellent 
   
    seulement 
   
    Roupin: 
   
    un 
   
    des 
   
    princes 
   
    de 
   
    Kakig; 
   
    il 
   
    en 
   
    est 
   
    d'autres 
   
    qui 
   
    ajoutent: 
   
    «un 
   
    glorieux 
     
      prince 
     
      des 
     
      princes». 
   
    Si 
   
    ce 
   
    que 
   
    nous 
   
    raconte 
   
    Ghiragos 
   
    est 
   
    vrai, 
   
    le 
   
    petit 
   
    garçon, 
   
    serviteur 
   
    de 
   
    l'autre 
   
    Kakig, 
   
    c'est-à-dire, 
   
    du 
   
    roi 
   
    de 
   
    Kars, 
   
    est 
   
    un 
   
    autre 
   
    personnage. 
   
    C'est 
   
    de 
   
    lui 
   
    qu'il 
   
    est 
   
    dit 
   
    qu'en 
   
    grandissant 
   
    il 
   
    se 
   
    faisait 
   
    remarquer 
   
    comme 
   
    un 
   
    chasseur 
   
    passionné 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    poursuivait 
   
    les 
   
    perdrix 
   
    sur 
   
    les 
   
    hauts 
   
    plateaux 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie, 
   
    aux 
   
    alentours 
   
    de 
   
    Partzerpert 
   
    (Haute-forteresse), 
   
    qu'il 
   
    savait 
   
    être 
   
    sans 
   
    garnison, 
   
    qu'il 
   
    invita 
   
    l'évêque 
   
    et 
   
    seigneur 
   
    de 
   
    ce 
   
    château-fort 
   
    à 
   
    un 
   
    festin 
   
    dont 
   
    les 
   
    mets 
   
    provenaient 
   
    de 
   
    sa 
   
    chasse, 
   
    le 
   
    fit 
   
    tuer 
   
    sur-le-champs, 
   
    en 
   
    même 
   
    temps 
   
    que 
   
    son 
   
    serviteur 
   
    et 
   
    confident 
   
    étranglait 
   
    le 
   
    seul 
   
    être 
   
    humain 
   
    qui 
   
    se 
   
    trouvait 
   
    dans 
   
    le 
   
    château. 
   
    Puis, 
   
    que 
   
    ce 
   
    chasseur 
   
    de 
   
    perdrix, 
   
    ayant 
   
    hissé 
   
    sa 
   
    bannière 
   
    au 
   
    haut 
   
    de 
   
    la 
   
    tour, 
   
    prit 
   
    ainsi 
   
    possession 
   
    de 
   
    Partzerpert.
  
 
   
    Je 
   
    crois 
   
    plutôt 
   
    que 
   
    Roupin, 
   
    le 
   
    fondateur 
   
    de 
   
    la 
   
    dynastie 
   
    souveraine 
   
    de 
   
    Sissouan, 
   
    comme 
   
    le 
   
    rapportent 
   
    les 
   
    chroniqueurs 
   
    les 
   
    plus 
   
    fidèles, 
   
    était 
   
    un 
   
    parent 
   
    de 
   
    Kakig 
   
    et 
   
    qu'avant 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    ce 
   
    dernier, 
   
    il 
   
    était 
   
    le 
   
    Seigneur 
   
    de 
   
    la 
   
    forteresse 
   
    de 
     
      Gossidar. 
   
    On 
   
    ignore 
   
    la 
   
    juste 
   
    situation 
   
    de 
   
    ce 
   
    château, 
   
    mais 
   
    il 
   
    était 
   
    probablement 
   
    aux 
   
    environs 
   
    de 
   
    Césarée, 
   
    non 
   
    loin 
   
    des 
   
    propriétés 
   
    de 
   
    Kakig; 
   
    car 
   
    un 
   
    chroniqueur 
   
    auquel 
   
    on 
   
    peut 
   
    se 
   
    fier, 
   
    dit: 
   
    «Lorsqu'il 
   
    (Roupin) 
   
    reçut 
   
    la 
   
    nouvelle 
   
    de 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    Kakig, 
   
    il 
   
    partit 
   
    avec 
   
    toute 
   
    sa 
   
    famille 
   
    et 
   
    se 
   
    rendit 
   
    dans 
   
    la 
   
    province 
   
    de 
   
    Phrygie, 
   
    à 
   
    un 
   
    village 
   
    appelé 
     
      Colmozola 
   
    ou 
     
      Coromozol, 
   
    (qu'on 
   
    croit 
   
    situé 
   
    dans 
   
    la 
   
    vallée 
   
    du 
   
    fleuve 
   
    Sarus) 
   
    où 
   
    il 
   
    se 
   
    fixa. 
   
    Sur 
   
    la 
   
    montagne 
   
    voisine, 
   
    il 
   
    y 
   
    avait 
   
    beaucoup 
   
    d'Arméniens 
   
    que 
   
    le 
   
    Grand 
   
    Roupin 
   
    appela 
   
    auprès 
   
    de 
   
    lui. 
   
    Il 
   
    en 
   
    augmenta 
   
    ses 
   
    forces 
   
    et 
   
    s'empara 
   
    de 
   
    toute 
   
    la 
   
    contrée 
   
    de 
   
    cette 
   
    montagne 
   
    de 
   
    laquelle 
   
    il 
   
    chassa 
   
    les 
   
    Grecs 
   
    à 
   
    qui 
   
    il 
   
    enleva 
   
    toutes 
   
    les 
   
    possessions. 
   
    Après 
   
    avoir 
   
    vécu 
   
    pieusement, 
   
    il 
   
    mourut 
   
    en 
   
    chrétien 
   
    et 
   
    fut 
   
    inhumé 
   
    dans 
   
    le 
   
    saint 
   
    monastère 
   
    de 
   
    Castalon. 
   
    Il 
   
    laissa 
   
    sa 
   
    principauté 
   
    à 
   
    son 
   
    fils 
   
    Constantin».
  
 
   
    Selon 
   
    ce 
   
    que 
   
    nous 
   
    disions 
   
    à 
   
    propos 
   
    de 
   
    Gossidar, 
   
    Roupin 
   
    s'en 
   
    était 
   
    emparé 
   
    tout 
   
    d'abord, 
   
    puis 
   
    s'était 
   
    dirigé 
   
    sur 
   
    Coromozol, 
   
    mais 
   
    non 
   
    pas 
   
    après, 
   
    comme 
   
    l'ont 
   
    prétendu 
   
    plusieurs 
   
    écrivains, 
   
    comme 
   
    si 
   
    c'eût 
   
    été 
   
    «après 
   
    le 
   
    meurtre 
   
    de 
   
    Kakig 
   
    qu'il 
   
    réunit 
   
    beaucoup 
   
    de 
   
    soldats 
   
    et 
   
    vint, 
   
    à 
   
    leur 
   
    tête, 
   
    s'emparer 
   
    de 
   
    Gossidar 
   
    et 
   
    y 
   
    établit 
   
    le 
   
    siège 
   
    de 
   
    son 
   
    gouvernement 
   
    et 
   
    soumit 
   
    les 
   
    contrées 
   
    montagneuses 
   
    de 
   
    la 
   
    Phrygie.
   
    »
  
 
   
    Ces 
   
    faits 
   
    sont 
   
    évidents. 
   
    Cependant 
   
    on 
   
    ignore 
   
    où 
   
    étaient 
   
    positivement 
   
    situées 
   
    la 
   
    première 
   
    et 
   
    la 
   
    seconde 
   
    résidence 
   
    de 
   
    Roupin, 
   
    où 
   
    fut 
   
    la 
   
    souche, 
   
    nous 
   
    pouvons 
   
    le 
   
    dire, 
   
    des 
   
    princes 
   
    de 
   
    sa 
   
    famille. 
   
    Ce 
   
    n'est 
   
    pas 
   
    ce 
   
    Roupin 
   
    qui 
   
    s'empara 
   
    de 
   
    Partzerpert, 
   
    comme 
   
    le 
   
    ferait 
   
    croire 
   
    le 
   
    récit 
   
    que 
   
    nous 
   
    avons 
   
    rapporté 
   
    plus 
   
    haut. 
   
    Ce 
   
    n'est 
   
    pas 
   
    lui 
   
    non 
   
    plus 
   
    qui 
   
    soumit 
   
    la 
   
    plaine 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie, 
   
    ainsi 
   
    que 
   
    l'avance 
   
    le 
   
    passage 
   
    exagéré 
   
    d'un 
   
    auteur, 
   
    très 
   
    sûr 
   
    dans 
   
    tout 
   
    le 
   
    reste, 
   
    l'intime 
   
    ami 
   
    de 
   
    Saint 
   
    Nersès 
   
    de 
   
    Lambroun, 
   
    qui 
   
    dit, 
   
    dans 
   
    son 
   
    mémorandum 
   
    des 
   
    Commentaires 
   
    de 
   
    celui-ci 
   
    sur 
   
    les 
   
    Psaumes: 
   
    «Le 
   
    brave 
   
    et 
   
    intrépide 
   
    prince 
   
    Roupin, 
   
    leur 
   
    fondateur, 
   
    étant 
   
    un 
   
    parent 
   
    du 
   
    Grand 
   
    Roi 
   
    des 
   
    Arméniens 
   
    Kakig, 
   
    se 
   
    dirigea 
   
    du 
   
    côté 
   
    de 
     
      l'Orient 
   
    et 
   
    vint 
   
    dans 
   
    les 
   
    régions 
   
    de 
   
    Tarse, 
   
    sur 
   
    les 
   
    hauts 
   
    plateaux 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie; 
   
    il 
   
    étendit 
   
    son 
   
    domaine 
   
    et 
   
    fut 
   
    maître 
   
    de 
   
    toute 
   
    la 
   
    contrée».
  
 
   
    Chose 
   
    remarquable, 
   
    c'est 
   
    que 
   
    les 
   
    noms 
   
    des 
   
    deux 
   
    fondateurs 
   
    de 
   
    la 
   
    nouvelle 
   
    dynastie 
   
    arménienne 
     
      Roupin 
   
    ou 
     
      Ropin 
   
    et 
     
      Héthoum, 
   
    n'ont 
   
    jamais 
   
    été 
   
    connus 
   
    ni 
   
    même 
   
    entendus 
   
    dans 
   
    notre 
   
    nation 
   
    avant 
   
    eux.
  
 
   
    Les 
   
    chroniqueurs 
   
    notent 
   
    l'année 
   
    1095 
   
    comme 
   
    date 
   
    de 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    Roupin. 
   
    Quinze 
   
    ans 
   
    s'étaient 
   
    écoulés 
   
    depuis 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    Kakig. 
   
    C'est 
   
    de 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    que 
   
    devrait 
   
    dater 
   
    le 
   
    commencement 
   
    de 
   
    la 
   
    principauté 
   
    des 
   
    Roupiniens, 
   
    c'est-à-dire 
   
    de 
   
    l'année 
   
    1080 
   
    de 
   
    l'ère 
   
    vulgaire. 
   
    De 
   
    cette 
   
    époque 
   
    à 
   
    la 
   
    domination 
   
    complète 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie 
   
    par 
   
    le 
   
    fortuné 
   
    Léon, 
   
    il 
   
    s'écoula 
   
    un 
   
    siècle, 
   
    durant 
   
    lequel 
   
    Roupin 
   
    eut 
   
    huit 
   
    successeurs 
   
    et 
   
    compta 
   
    cinq 
   
    générations, 
   
    comme 
   
    le 
   
    montre 
   
    le 
   
    tableau 
   
    généalogique 
    
     ci-contre:
  
 
    
     1080, 
    
     Roupin 
    
     I.
  
 
     
      1095, 
     
      Constantin 
    
     I, 
     
      son 
     
      fils.
  
 
     
      1100, 
     
      Thoros 
    
     I, 
     
      fils 
     
      de 
     
      Constantin.
  
 
     
      1129, 
     
      Léon 
    
     I, 
     
      frère 
     
      de 
     
      Thoros, 
     
      —jusqu'en 
     
      1137.
  
 
    
     1145, 
    
     Thoros 
    
     II, 
    
     fils 
    
     de 
    
     Léon 
    
     I.
  
 
    
     1169, 
    
     Melèh, 
    
     frère 
    
     de 
    
     Thoros 
    
     II.
  
 
     
      1175, 
     
      Roupin 
    
     II, 
     
      fils 
     
      de 
     
      Stéphané, 
     
      fils 
     
      de 
     
      Léon 
    
     I.
  
 
     
      1187, 
     
      Léon 
    
     II 
     
      (des 
     
      Barons), 
     
      frère 
     
      de 
     
      Roupin 
    
     II.
  
 
    
     1199, 
    
     Le 
    
     même, 
    
     premier 
    
     roi 
    
     de 
    
     Sissouan, 
    
     mort 
    
     en 
    
     1219.
  
 
   
    Tous 
   
    ces 
   
    princes 
   
    ou 
   
    grands 
   
    Barons 
   
    avaient 
   
    avec 
   
    le 
   
    même 
   
    sang 
   
    le 
   
    même 
   
    naturel; 
   
    tous 
   
    poursuivaient 
   
    le 
   
    même 
   
    but. 
   
    Leur 
   
    caractère 
   
    indomptable 
   
    les 
   
    faisait 
   
    se 
   
    montrer 
   
    d'une 
   
    dureté 
   
    sauvage 
   
    en 
   
    secouant 
   
    le 
   
    joug 
   
    des 
   
    Grecs. 
   
    Ils 
   
    ne 
   
    voulaient 
   
    pas 
   
    seulement 
   
    vivre 
   
    libres, 
   
    selon 
   
    leurs 
   
    mœurs 
   
    et 
   
    la 
   
    foi 
   
    qu'ils 
   
    tenaient 
   
    de 
   
    leurs 
   
    pères, 
   
    ils 
   
    harcelaient 
   
    leurs 
   
    oppresseurs, 
   
    ils 
   
    les 
   
    maltraitaient. 
   
    Leur 
   
    but 
   
    était 
   
    de 
   
    les 
   
    chasser 
   
    du 
   
    territoire 
   
    dont 
   
    ils 
   
    reculeraient 
   
    les 
   
    frontières 
   
    jusqu'à 
   
    ce 
   
    que 
   
    la 
   
    nature 
   
    du 
   
    pays 
   
    ou 
   
    la 
   
    force 
   
    d'un 
   
    voisin 
   
    puissant 
   
    vinssent 
   
    y 
   
    planter 
   
    des 
   
    bornes. 
   
    C'est 
   
    ainsi 
   
    que 
   
    font, 
   
    pour 
   
    se 
   
    rendre 
   
    maîtres 
   
    peu-à-peu 
   
    de 
   
    tout 
   
    le 
   
    pays, 
   
    les 
   
    trois 
   
    premiers 
   
    Barons. 
   
    On 
   
    les 
   
    voit 
   
    étendre 
   
    leurs 
   
    possessions 
   
    aux 
   
    sommets 
   
    et 
   
    aux 
   
    pieds 
   
    des 
   
    montagnes. 
   
    Le 
   
    quatrième 
   
    (Léon 
   
    I.
   
    ) 
   
    s'avance 
   
    dans 
   
    la 
   
    plaine 
   
    et 
   
    bientôt 
   
    perd 
   
    à 
   
    la 
   
    fois 
   
    tout 
   
    ce 
   
    qu'il 
   
    a 
   
    conquis. 
   
    L'amour 
   
    de 
   
    la 
   
    liberté 
   
    inculqué 
   
    par 
   
    Roupin 
   
    dans 
   
    le 
   
    cœur 
   
    des 
   
    Arméniens 
   
    semble 
   
    s'éteindre 
   
    un 
   
    moment. 
   
    Mais 
   
    ses 
   
    quatre 
   
    derniers 
   
    descendants 
   
    non-seulement 
   
    reconquièrent 
   
    ce 
   
    qu'ils 
   
    avaient 
   
    perdu, 
   
    mais 
   
    y 
   
    ajoutent 
   
    l'un 
   
    après 
   
    l'autre 
   
    les 
   
    plateaux 
   
    et 
   
    les 
   
    plaines 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie. 
   
    Pendant 
   
    un 
   
    demi-siècle, 
   
    ils 
   
    combattent 
   
    par 
   
    les 
   
    armes 
   
    et 
   
    par 
   
    la 
   
    ruse, 
   
    ils 
   
    s'étendent 
   
    sur 
   
    leurs 
   
    voisins, 
   
    les 
   
    Grecs, 
   
    les 
   
    Turcs 
   
    et 
   
    les 
   
    Francs 
   
    nouvellement 
   
    arrivés. 
   
    Ils 
   
    chassent 
   
    du 
   
    pays 
   
    ou 
   
    soumettent 
   
    à 
   
    leur 
   
    pouvoir 
   
    les 
   
    premiers; 
   
    ils 
   
    passent 
   
    des 
   
    traités 
   
    avec 
   
    les 
   
    seconds, 
   
    dont 
   
    ils 
   
    sont 
   
    protégés 
   
    par 
   
    les 
   
    remparts 
   
    fidèles 
   
    du 
   
    Taurus; 
   
    ils 
   
    s'allient 
   
    avec 
   
    les 
   
    troisièmes 
   
    dont 
   
    ils 
   
    prennent 
   
    les 
   
    usages. 
   
    Enfin 
   
    ils 
   
    arrivent 
   
    jusqu'à 
   
    la 
   
    Méditerranée 
   
    et 
   
    se 
   
    répandent 
   
    sur 
   
    toutes 
   
    ses 
   
    côtes. 
   
    Entre 
   
    cette 
   
    mer 
   
    et 
   
    leur 
   
    premier 
   
    pays 
   
    les 
   
    massifs 
   
    du 
   
    Mont 
   
    Taurus, 
   
    toute 
   
    la 
   
    Cilicie 
   
    cède 
   
    aux 
   
    armes 
   
    des 
   
    Arméniens 
   
    et 
   
    tombe 
   
    dans 
   
    leurs 
   
    mains. 
   
    Ce 
   
    n'est 
   
    plus 
   
    la 
   
    Cilicie, 
   
    c'est 
   
    une 
   
    nouvelle 
   
    Arménie; 
   
    c'est 
   
    un 
   
    nouveau 
   
    pays 
   
    qui 
   
    va 
   
    prendre 
   
    le 
   
    nom 
   
    de 
   
    son 
   
    conquérant, 
   
    de 
   
    celui 
   
    qui 
   
    avait 
   
    déjà 
   
    donné 
   
    son 
   
    nom 
   
    au 
   
    pays 
   
    qu'il 
   
    possédait, 
   
    quand 
   
    son 
   
    pouvoir 
   
    n'allait 
   
    pas 
   
    au-delà 
   
    des 
   
    montagnes, 
   
    et 
   
    qu'on 
   
    appelait 
   
    alors 
   
    le 
   
    pays 
     
      du 
     
      Seigneur 
     
      des 
     
      Montagnes. 
   
    L'on 
   
    verra 
   
    cela 
   
    plus 
   
    tard.
  
 
   
    Ce 
   
    ne 
   
    furent 
   
    pas 
   
    les 
   
    Grecs 
   
    seuls, 
   
    autrefois 
   
    maîtres 
   
    de 
   
    ces 
   
    contrées 
   
    qui 
   
    devinrent 
   
    alors 
   
    sujets 
   
    des 
   
    Arméniens, 
   
    il 
   
    y 
   
    eut 
   
    aussi 
   
    des 
   
    Turcs, 
   
    des 
   
    Arabes, 
   
    auxquels 
   
    on 
   
    prit 
   
    leurs 
   
    forts 
   
    ou 
   
    qu'on 
   
    épouvanta 
   
    et 
   
    chassa 
   
    hors 
   
    du 
   
    pays. 
   
    Il 
   
    y 
   
    eut 
   
    encore 
   
    un 
   
    grand 
   
    nombre 
   
    de 
   
    Syriens 
   
    et 
   
    des 
   
    Francs 
   
    (j'entends 
   
    par 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    nom 
   
    tous 
   
    les 
   
    peuples 
   
    de 
   
    l'Europe 
   
    qui 
   
    vinrent 
   
    en 
   
    Croisades 
   
    et 
   
    qui 
   
    s'étaient 
   
    rendus 
   
    maîtres 
   
    de 
   
    certaines 
   
    villes 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie), 
   
    et 
   
    un 
   
    mélange 
   
    de 
   
    gens 
   
    de 
   
    peuples 
   
    nomades, 
   
    entre 
   
    autres 
   
    des 
   
    Turkomans 
   
    qui 
   
    s'étaient 
   
    pleinement 
   
    soumis 
   
    aux 
   
    successeurs 
   
    de 
   
    Roupin, 
   
    soit 
   
    par 
   
    la 
   
    force, 
   
    soit 
   
    par 
   
    les 
   
    lois 
   
    de 
   
    vasselage, 
   
    soit 
   
    enfin 
   
    par 
   
    la 
   
    conclusion 
   
    de 
   
    traités 
   
    particuliers.