Ce 
   
    qui 
   
    contribua 
   
    surtout 
   
    à 
   
    l'élévation 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    ce 
   
    furent 
   
    ses 
   
    habiles 
   
    démarches 
   
    pour 
   
    se 
   
    concilier 
   
    tous 
   
    les 
   
    grands 
   
    personnages 
   
    occidentaux, 
   
    aussi 
   
    bien 
   
    ceux 
   
    qui 
   
    se 
   
    trouvaient 
   
    près 
   
    de 
   
    lui 
   
    que 
   
    ceux 
   
    qui, 
   
    par 
   
    hasard, 
   
    passaient 
   
    par 
   
    la 
   
    Syrie. 
   
    Il 
   
    allait 
   
    les 
   
    trouver 
   
    ou 
   
    il 
   
    les 
   
    invitait 
   
    à 
   
    venir 
   
    le 
   
    voir. 
   
    Il 
   
    se 
   
    mettait 
   
    en 
   
    relation 
   
    avec 
   
    ceux 
   
    qui 
   
    se 
   
    trouvaient 
   
    trop 
   
    loin, 
   
    soit 
   
    par 
   
    lettres, 
   
    soit 
   
    par 
   
    ambassades. 
   
    Nous 
   
    avons 
   
    déjà 
   
    vu 
   
    quel 
   
    appareil 
   
    il 
   
    avait 
   
    déployé 
   
    pour 
   
    recevoir 
   
    le 
   
    grand 
   
    empereur 
   
    Frédéric 
   
    et, 
   
    plus 
   
    tard, 
   
    le 
   
    fils 
   
    de 
   
    celui-ci. 
   
    Nous 
   
    avons 
   
    vu 
   
    aussi 
   
    qu'il 
   
    alla 
   
    plus 
   
    tard 
   
    à 
   
    Chypre 
   
    rendre 
   
    visite 
   
    à 
   
    Richard 
   
    roi 
   
    d'Angletrrre, 
   
    ainsi, 
   
    probablement 
   
    qu'à 
   
    Philippe 
   
    Auguste 
   
    roi 
   
    de 
   
    France, 
   
    soit 
   
    à 
   
    Ptolémaïs, 
   
    soit 
   
    sur 
   
    les 
   
    frontières 
   
    de 
   
    la 
   
    Cilicie, 
   
    à 
   
    Attalie, 
   
    où 
   
    ce 
   
    roi 
   
    venait 
   
    de 
   
    débarquer. 
   
    Nous 
   
    venons 
   
    de 
   
    voir 
   
    quelle 
   
    belle 
   
    réception 
   
    il 
   
    fit 
   
    au 
   
    duc 
   
    Henri 
   
    de 
   
    Champagne, 
   
    quand 
   
    celui-ci 
   
    fut 
   
    nommé 
   
    Roi 
   
    de 
   
    Jérusalem. 
   
    Peu 
   
    de 
   
    temps 
   
    auparavant, 
   
    Léon 
   
    paraît 
   
    avoir 
   
    invité 
   
    et 
   
    reçu 
   
    chez 
   
    lui 
   
    le 
   
    Connétable 
   
    de 
   
    Jérusalem, 
   
    Amaury, 
   
    nommé 
   
    au 
   
    trône 
   
    de 
   
    Chypre, 
   
    qui 
   
    succéda, 
   
    la 
   
    même 
   
    année 
   
    à 
   
    son 
   
    frère 
   
    Guy 
   
    de 
   
    Lusignan, 
   
    mort 
   
    le 
   
    13 
   
    Avril 
   
    1194, 
   
    et 
   
    passa 
   
    ensuite, 
   
    en 
   
    1198, 
   
    au 
   
    trône 
   
    de 
   
    Jérusalem 
   
    en 
   
    prenant 
   
    pour 
   
    épouse 
   
    Isabelle, 
   
    l'héritière 
   
    de 
   
    ce 
   
    royaume, 
   
    comme 
   
    nous 
   
    l'avons 
   
    dit 
   
    plus 
   
    haut. 
   
    On 
   
    ne 
   
    sait 
   
    pas 
   
    pourquoi 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    s'est 
   
    rendu 
   
    chez 
   
    Léon, 
   
    car 
   
    aucun 
   
    des 
   
    historiens 
   
    des 
   
    Croisades 
   
    ne 
   
    nous 
   
    le 
   
    dit, 
   
    excepté 
   
    pourtant 
   
    notre 
   
    Lambrounien 
   
    qui, 
   
    dans 
   
    sa 
   
    lettre 
   
    à 
   
    Léon, 
   
    prétend 
   
    qu'il 
   
    est 
   
    venu 
   
    prêter 
   
    aide 
   
    à 
   
    ce 
   
    dernier. 
   
    Voici 
   
    ce 
   
    qu'il 
   
    dit: 
   
    «Lorsqu'il 
   
    vous 
   
    est 
   
    venu 
   
    en 
   
    aide, 
   
    il 
   
    a 
   
    été 
   
    heureux 
   
    et 
   
    flatté 
   
    de 
   
    votre 
   
    bienveillance». 
   
    Mais 
   
    pourquoi 
   
    donc 
   
    alors 
   
    Léon 
   
    avait-il 
   
    besoin 
   
    de 
   
    secours 
   
    et 
   
    d'aide? 
   
    Etait-ce 
   
    pour 
   
    lui 
   
    demander 
   
    son 
   
    conseil 
   
    ou 
   
    son 
   
    appui 
   
    dans 
   
    une 
   
    guerre? 
   
    Et, 
   
    dans 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    cas, 
   
    dans 
   
    une 
   
    guerre 
   
    contre 
   
    qui? 
   
    Etait-ce 
   
    contre 
   
    le 
   
    comte 
   
    de 
   
    Tripoli, 
   
    ou 
   
    contre 
   
    les 
   
    Templiers, 
   
    ou 
   
    contre 
   
    les 
   
    Infidèles? 
   
    Nous 
   
    restons 
   
    avec 
   
    le 
   
    désir 
   
    de 
   
    le 
   
    savoir.
 
   
    Quoiqu'il 
   
    en 
   
    soit 
   
    de 
   
    l'aide 
   
    que 
   
    Léon 
   
    sollicita 
   
    ou 
   
    que 
   
    Amaury 
   
    lui 
   
    offrit, 
   
    Léon, 
   
    trois 
   
    ans 
   
    après, 
   
    en 
   
    1197, 
   
    vint 
   
    en 
   
    aide 
   
    à 
   
    celui-ci 
   
    d'une 
   
    façon 
   
    plus 
   
    franche 
   
    et 
   
    dans 
   
    une 
   
    circonstance 
   
    plus 
   
    importante, 
   
    lorsque 
   
    le 
   
    corsaire 
   
    grec 
   
    Canaki 
   
    vint 
   
    enlever, 
   
    au 
   
    village 
   
    de 
   
    Paradize, 
   
    sur 
   
    les 
   
    bords 
   
    de 
   
    Chypre, 
   
    la 
   
    princesse 
   
    Echive, 
   
    première 
   
    femme 
   
    d'Amaury, 
   
    avec 
   
    ses 
   
    enfants, 
   
    et 
   
    emportant 
   
    tout 
   
    ce 
   
    qu'elle 
   
    possédait 
   
    les 
   
    emmena 
   
    à 
   
    Kyr-Isaac, 
   
    gouverneur 
   
    de 
   
    la 
   
    Petite 
   
    Antioche 
   
    de 
   
    Craque. 
   
    Par 
   
    ses 
   
    violentes 
   
    menaces, 
   
    Léon 
   
    obtint 
   
    qu'on 
   
    lui 
   
    remît 
   
    la 
   
    princesse 
   
    qu'il 
   
    conduisit 
   
    au 
   
    fort 
   
    de 
   
    Coricos 
   
    où 
   
    il 
   
    appela 
   
    de 
   
    nouveau 
   
    Amaury 
   
    à 
   
    qui 
   
    il 
   
    rendit 
   
    sa 
   
    famille 
   
    et 
   
    qu'il 
   
    combla 
   
    de 
   
    présents, 
   
    ainsi 
   
    que 
   
    nous 
   
    l'avons 
   
    raconté 
   
    en 
   
    détail 
   
    dans 
   
    la 
   
    description 
   
    de 
   
    la 
   
    Petite 
   
    Antioche 
   
    ou 
   
    Antiochette 
   
    que 
   
    nous 
   
    avons 
   
    faite 
   
    dans 
   
    notre 
   
    livre 
   
    de 
   
    Sissouan.
  
 
   
    Il 
   
    serait 
   
    superflu 
   
    de 
   
    dire 
   
    combien 
   
    de 
   
    telles 
   
    relations 
   
    resserraient 
   
    les 
   
    liens 
   
    d'amitié 
   
    des 
   
    hauts 
   
    personnages 
   
    de 
   
    l'Occident 
   
    avec 
   
    Léon. 
   
    Encore 
   
    vers 
   
    les 
   
    dernières 
   
    années 
   
    de 
   
    sa 
   
    vie, 
   
    lorsqu'il 
   
    était 
   
    solidement 
   
    assis 
   
    sur 
   
    son 
   
    trône, 
   
    Léon 
   
    reçut 
   
    cordialement, 
   
    en 
   
    1218, 
   
    André, 
   
    roi 
   
    de 
   
    Hongrie, 
   
    de 
   
    retour 
   
    de 
   
    Ptolémaïs, 
   
    qu'il 
   
    conduisit 
   
    en 
   
    grand 
   
    cortège 
   
    à 
   
    Tarse. 
   
    Là, 
   
    par 
   
    des 
   
    mariages 
   
    décidés 
   
    entre 
   
    eux 
   
    deux, 
   
    Léon 
   
    et 
   
    André 
   
    firent 
   
    contracter 
   
    des 
   
    liens 
   
    de 
   
    parenté 
   
    à 
   
    leurs 
   
    enfants.
  
 
   
    Léon 
   
    savait, 
   
    ce 
   
    qui 
   
    d'ailleurs, 
   
    est 
   
    généralement 
   
    connu 
   
    de 
   
    tous, 
   
    que 
   
    ces 
   
    liens 
   
    de 
   
    parenté 
   
    affermiraient 
   
    le 
   
    maintien 
   
    de 
   
    ses 
   
    Etats 
   
    et 
   
    que 
   
    des 
   
    alliances 
   
    le 
   
    protégeraient 
   
    contre 
   
    ses 
   
    ennemis. 
   
    C'est 
   
    pour 
   
    cela, 
   
    comme 
   
    nous 
   
    l'avons 
   
    dit 
   
    à 
   
    plusieurs 
   
    reprises, 
   
    qu'il 
   
    se 
   
    choisit 
   
    d'abord 
   
    une 
   
    épouse 
   
    parmi 
   
    les 
   
    Antiochiens, 
   
    ses 
   
    proches 
   
    rivaux. 
   
    Ensuite, 
   
    il 
   
    fit 
   
    du 
   
    prince 
   
    d'Antioche 
   
    son 
   
    gendre, 
   
    en 
   
    lui 
   
    faisant 
   
    épouser 
   
    sa 
   
    nièce 
   
    qu'il 
   
    avait 
   
    adoptée. 
   
    Ensuite 
   
    il 
   
    s'allia 
   
    avec 
   
    ses 
   
    seconds 
   
    proches 
   
    voisins 
   
    les 
   
    Chypriotes, 
   
    en 
   
    épousant 
   
    lui-même 
   
    une 
   
    des 
   
    filles 
   
    du 
   
    roi 
   
    de 
   
    cette 
   
    île 
   
    et 
   
    en 
   
    donnant 
   
    en 
   
    mariage 
   
    une 
   
    autre 
   
    des 
   
    filles 
   
    de 
   
    ce 
   
    dernier 
   
    à 
   
    Roupin-Raymond, 
   
    son 
   
    neveu 
   
    adoptif. 
   
    Plus 
   
    tard, 
   
    il 
   
    s'allia 
   
    encore 
   
    avec 
   
    le 
   
    plus 
   
    grand 
   
    souverain 
   
    des 
   
    contrées 
   
    voisines, 
   
    celui 
   
    de 
   
    Jérusalem, 
   
    en 
   
    mariant 
   
    sa 
   
    fille 
   
    Rita, 
   
    qu'il 
   
    avait 
   
    eue 
   
    de 
   
    sa 
   
    première 
   
    femme, 
   
    avec 
   
    Jean 
   
    de 
   
    Brienne. 
   
    Allié 
   
    de 
   
    cette 
   
    façon 
   
    avec 
   
    les 
   
    trois 
   
    principaux 
   
    souverains 
   
    occidentaux 
   
    de 
   
    l'Asie, 
   
    il 
   
    contracta 
   
    encore 
   
    une 
   
    alliance 
   
    avec 
   
    le 
   
    nouvel 
   
    empereur 
   
    grec 
   
    de 
   
    Nicée, 
   
    en 
   
    mariant, 
   
    comme 
   
    nous 
   
    l'avons 
   
    déjà 
   
    dit, 
   
    son 
   
    autre 
   
    nièce, 
   
    Philippine 
   
    avec 
   
    lui.
  
 
   
    Ces 
   
    derniers 
   
    princes 
   
    et 
   
    rois 
   
    étaient 
   
    les 
   
    plus 
   
    puissants 
   
    souverains 
   
    chrétiens 
   
    dont 
   
    les 
   
    Etats 
   
    avoisinaient 
   
    plus 
   
    ou 
   
    moins 
   
    ceux 
   
    de 
   
    Léon. 
   
    Quant 
   
    aux 
   
    autres 
   
    principautés, 
   
    baronnies 
   
    et 
   
    comtés, 
   
    bien 
   
    que 
   
    d'aussi 
   
    noble 
   
    origine, 
   
    Léon 
   
    les 
   
    considérait 
   
    comme 
   
    de 
   
    beaucoup 
   
    inférieures 
   
    à 
   
    ces 
   
    premières 
   
    puissances. 
   
    Ce 
   
    ne 
   
    furent 
   
    que 
   
    les 
   
    frères, 
   
    fils 
   
    et 
   
    petit-fils 
   
    de 
   
    son 
   
    successeurs 
   
    Héthoum 
   
    qui 
   
    s'allièrent, 
   
    par 
   
    la 
   
    suite, 
   
    avec 
   
    les 
   
    seigneurs 
   
    de 
   
    ces 
   
    principautés, 
   
    baronnies 
   
    et 
   
    comtés.
  
 
   
    Léon 
   
    était 
   
    loin 
   
    de 
   
    méconnaître 
   
    aussi 
   
    que 
   
    l'ambition 
   
    et 
   
    la 
   
    cupidité 
   
    pouvaient 
   
    rompre 
   
    de 
   
    tels 
   
    liens 
   
    qui, 
   
    du 
   
    reste, 
   
    étaient 
   
    contractés 
   
    plutôt 
   
    pour 
   
    des 
   
    raisons 
   
    et 
   
    par 
   
    des 
   
    calculs 
   
    politiques 
   
    que 
   
    par 
   
    amour. 
   
    Nous 
   
    en 
   
    avons 
   
    une 
   
    preuve 
   
    dans 
   
    ceux 
   
    qui 
   
    l'avaient 
   
    attaché 
   
    aux 
   
    Antiochiens. 
   
    Léon 
   
    savait 
   
    aussi 
   
    que 
   
    les 
   
    amis 
   
    et 
   
    les 
   
    hôtes 
   
    qui 
   
    sont 
   
    au 
   
    loin 
   
    ne 
   
    peuvent 
   
    que 
   
    rarement 
   
    venir 
   
    en 
   
    aide 
   
    au 
   
    moment 
   
    des 
   
    contestations 
   
    aiguës 
   
    avec 
   
    les 
   
    voisins, 
   
    au 
   
    moment 
   
    d'une 
   
    invasion 
   
    soudaine 
   
    par 
   
    un 
   
    fort 
   
    et 
   
    puissant 
   
    ennemi; 
   
    et 
   
    c'était 
   
    à 
   
    ces 
   
    moments-là 
   
    que 
   
    Léon 
   
    pouvait 
   
    avoir 
   
    besoin 
   
    de 
   
    soldats 
   
    plus 
   
    forts 
   
    encore 
   
    et 
   
    tout 
   
    prêts 
   
    pour 
   
    appuyer 
   
    ses 
   
    sujets 
   
    dont 
   
    la 
   
    plus 
   
    grande 
   
    partie 
   
    ne 
   
    lui 
   
    était 
   
    attachée 
   
    que 
   
    par 
   
    les 
   
    lois 
   
    de 
   
    la 
   
    féodalité 
   
    ou 
   
    par 
   
    le 
   
    droit 
   
    de 
   
    l'hommage.
  
 
   
    De 
   
    tous 
   
    ces 
   
    alliés, 
   
    il 
   
    n'y 
   
    avait 
   
    que 
   
    les 
   
    trois 
   
    ordres 
   
    de 
   
    Chevalerie 
   
    suivants 
   
    qui 
   
    fussent 
   
    dignes 
   
    de 
   
    Léon 
   
    et 
   
    toujours 
   
    prêts 
   
    à 
   
    le 
   
    soutenir.
  
 
   
    1. 
   
    Les 
     
      Hospitaliers 
   
    qui, 
   
    dès 
   
    le 
   
    début 
   
    des 
   
    Croisades, 
   
    s'étaient 
   
    présentés 
   
    non 
   
    seulement 
   
    pour 
   
    combattre 
   
    les 
   
    ennemis 
   
    des 
   
    Chrétiens, 
   
    mais 
   
    aussi 
   
    pour 
   
    secourir 
   
    et 
   
    servir 
   
    les 
   
    blessés 
   
    et 
   
    les 
   
    pélerins. 
   
    C'est 
   
    pour 
   
    cela 
   
    qu'ils 
   
    prirent 
   
    ce 
   
    nom 
   
    d'Hospitaliers.
  
 
   
    2. 
   
    Les 
     
      Templiers, 
   
    qui, 
   
    en 
   
    premier 
   
    lieu, 
   
    avaient 
   
    établi 
   
    leur 
   
    résidence 
   
    près 
   
    du 
   
    Temple 
   
    de 
   
    Salomon 
   
    à 
   
    Jérusalem.
  
 
   
    3. 
   
    Les 
     
      Teutons 
   
    ou 
     
      Allemands. 
   
    On 
   
    pourrait 
   
    dire 
   
    de 
   
    ceux-ci 
   
    qu'ils 
   
    s'installèrent 
   
    d'abord 
   
    dans 
   
    les 
   
    Etats 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    et 
   
    lui 
   
    présent, 
   
    lors 
   
    de 
   
    l'arrivée 
   
    de 
   
    l'empereur 
   
    Frédéric, 
   
    en 
   
    1190, 
   
    et 
   
    qu'ensuite 
   
    ils 
   
    y 
   
    revinrent, 
   
    comme 
   
    le 
   
    reste 
   
    de 
   
    l'innombrable 
   
    armée 
   
    de 
   
    Barberousse, 
   
    sous 
   
    la 
   
    conduite 
   
    du 
   
    fils 
   
    de 
   
    l'empereur 
   
    qui 
   
    s'appelait 
   
    Frédéric 
   
    comme 
   
    son 
   
    père. 
   
    Après 
   
    ils 
   
    se 
   
    rendirent 
   
    avec 
   
    ce 
   
    dernie
    
     r 
   
    à 
   
    Ptolémaïde, 
   
    et 
   
    c'est 
   
    là 
   
    qu'ils 
   
    fondèrent 
   
    et 
   
    établirent 
   
    véritablement 
   
    leur 
   
    ordre.
  
 
   
    Le 
   
    quatrième 
     
      Magister 
   
    de 
   
    cet 
   
    ordre 
   
    fut 
   
    un 
   
    certain 
     
      Hermann 
     
      Salza, 
   
    de 
   
    Misnie, 
   
    qui, 
   
    le 
   
    jour 
   
    de 
   
    la 
   
    Bénédiction 
   
    des 
   
    Eaux 
   
    (à 
   
    l'Epiphanie) 
   
    à 
   
    Sis, 
   
    en 
   
    1212, 
   
    se 
   
    trouvait 
   
    à 
   
    cette 
   
    grande 
   
    cérémonie. 
   
    Il 
   
    y 
   
    occupait 
   
    la 
   
    première 
   
    place 
   
    d'honneur 
   
    avant 
   
    tous 
   
    les 
   
    princes, 
   
    à 
   
    cheval 
   
    à 
   
    côté 
   
    de 
   
    Léon. 
   
    Celui-ci 
   
    lui 
   
    fit 
   
    de 
   
    grands 
   
    dons 
   
    à 
   
    cette 
   
    époque 
   
    et 
   
    plus 
   
    tard 
   
    encore, 
   
    dans 
   
    le 
   
    mois 
   
    d'avril 
   
    1212, 
   
    il 
   
    lui 
   
    donna, 
   
    en 
   
    outre 
   
    d'un 
   
    grand 
   
    nombre 
   
    de 
   
    villages 
   
    et 
   
    de 
   
    châteaux-forts, 
   
    la 
   
    forteresse 
   
    d'Amouda 
   
    et 
   
    celle 
   
    de 
   
    Koumbetvor 
   
    et 
   
    un 
   
    village 
   
    dont 
   
    le 
   
    nom 
   
    s'écrit 
   
    de 
   
    différentes 
   
    manières: 
   
    Ayn, 
   
    Aym 
   
    et 
   
    Hœion, 
   
    en 
   
    lui 
   
    traçant 
   
    longuement 
   
    les 
   
    frontières 
   
    exactes, 
   
    comme 
   
    nous 
   
    l'avons 
   
    fait 
   
    nous-même 
   
    aussi 
   
    dans 
   
    notre 
   
    description 
   
    relative 
   
    à 
   
    ce 
   
    lieu 
    
     (Voir 
    
     Sissouan, 
    
     page 
    
     143).
  
 
   
    Dans 
   
    le 
   
    décret 
   
    par 
   
    lequel 
   
    Léon 
   
    conféra 
   
    la 
   
    propriété 
   
    de 
   
    ces 
   
    villages 
   
    et 
   
    châteaux-forts 
   
    à 
   
    Hermann, 
   
    il 
   
    remerciait 
   
    en 
   
    termes 
   
    chaleureux 
   
    les 
   
    compatriotes 
   
    des 
   
    Chevaliers 
   
    Teutons 
   
    pour 
   
    leur 
   
    amitié 
   
    et 
   
    pour 
   
    les 
   
    services 
   
    qu'il 
   
    lui 
   
    avaient 
   
    rendus, 
   
    et 
   
    adressait 
   
    des 
   
    louanges 
   
    à 
   
    leur 
   
    empereur 
   
    des 
   
    mains 
   
    duquel 
   
    il 
   
    avait 
   
    reçu 
   
    la 
   
    couronne 
   
    royale. 
   
    Il 
   
    y 
   
    traitait 
   
    les 
   
    Chevaliers 
   
    Teutons 
   
    de 
   
    frères, 
   
    à 
   
    cause 
   
    de 
   
    leur 
   
    vaillance 
   
    et 
   
    de 
   
    l'alliance 
   
    qu'ils 
   
    lui 
   
    offrirent 
   
    si 
   
    spontanément, 
   
    et 
   
    leur 
   
    laissait 
   
    toute 
   
    liberté 
   
    de 
   
    venir 
   
    habiter 
   
    le 
   
    lieu 
   
    de 
   
    ses 
   
    Etats 
   
    qu'il 
   
    voudraient, 
   
    sans 
   
    qu'ils 
   
    aient 
   
    jamais 
   
    à 
   
    craindre 
   
    que 
   
    personne 
   
    vînt 
   
    les 
   
    troubler. 
   
    Héthoum, 
   
    son 
   
    successeur, 
   
    leur 
   
    donna 
   
    encore 
   
    le 
   
    grand 
   
    bourg 
   
    fortifié 
   
    de 
   
    Haroun, 
   
    près 
   
    duquel 
   
    et 
   
    autour 
   
    de 
   
    Sarvantikar 
   
    ils 
   
    avaient 
   
    déjà 
   
    établi 
   
    une 
   
    douane, 
   
    comme 
   
    nous 
   
    le 
   
    prouve 
   
    une 
   
    charte 
   
    du 
   
    seigneur 
   
    du 
   
    lieu, 
   
    qui 
   
    date 
   
    de 
   
    1271. 
   
    Cette 
   
    charte, 
   
    est 
   
    le 
   
    dernier 
   
    document 
   
    que 
   
    nous 
   
    possédons 
   
    à 
   
    ce 
   
    sujet.
  
 
   
    Non 
   
    moins 
   
    chers 
   
    et 
   
    utiles 
   
    à 
   
    Léon 
   
    étaient 
   
    les 
   
    Chevaliers 
   
    de 
   
    l'ordre 
   
    des 
   
    Hospitaliers, 
   
    le 
   
    plus 
   
    ancien 
   
    des 
   
    ordres 
   
    de 
   
    Chevalerie. 
   
    Ils 
   
    s'étaient 
   
    établis 
   
    en 
   
    Cilicie 
   
    avant 
   
    même 
   
    que 
   
    ce 
   
    pays 
   
    ne 
   
    fût 
   
    entièrement 
   
    conquis 
   
    par 
   
    nos 
   
    barons 
   
    d'Arménie. 
   
    Nous 
   
    en 
   
    avons 
   
    la 
   
    preuve 
   
    par 
   
    les 
   
    chartes 
   
    des 
   
    princes 
   
    d'Antioche, 
   
    données 
   
    dans 
   
    la 
   
    première 
   
    moitié 
   
    du 
   
    XII 
   
    siècle, 
   
    c'est-à-dire 
   
    en 
   
    1149. 
   
    On 
   
    leur 
   
    avait 
   
    donné 
   
    le 
   
    village 
   
    de 
   
    Sarada, 
   
    dans 
   
    la 
   
    province 
   
    de 
   
    Messis. 
   
    Léon 
   
    leur 
   
    fit 
   
    don, 
   
    en 
   
    1210, 
   
    de 
   
    la 
   
    grande 
   
    ville 
   
    de 
   
    Séleucie 
   
    et 
   
    des 
   
    fameuses 
   
    forteresses 
   
    de 
   
    Norpert 
   
    et 
   
    de 
   
    Camardias, 
   
    et 
   
    peut-être 
   
    même 
   
    de 
   
    toute 
   
    la 
   
    province 
   
    de 
   
    Séleucie 
   
    ou 
   
    d'une 
   
    grande 
   
    partie 
   
    de 
   
    l'Isaurie. 
   
    Bien 
   
    qu'après 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    ils 
   
    fussent 
   
    obligés, 
   
    par 
   
    fine 
   
    politique, 
   
    de 
   
    vendre 
   
    Séleucie 
   
    à 
   
    Constantin 
   
    le 
   
    Bailli, 
   
    ils 
   
    restèrent 
   
    néanmoins 
   
    dans 
   
    leurs 
   
    autres 
   
    possessions 
   
    et 
   
    forteresses 
   
    de 
   
    la 
   
    province. 
   
    Jusqu'aux 
   
    derniers 
   
    temps 
   
    du 
   
    règne 
   
    des 
   
    Héthoumiens, 
   
    c'est-à-dire, 
   
    jusqu'en 
   
    1330, 
   
    les 
   
    cours 
   
    de 
   
    Sis 
   
    et 
   
    de 
   
    Rome 
   
    furent 
   
    en 
   
    pourparlers 
   
    pour 
   
    la 
   
    cession 
   
    à 
   
    ces 
   
    chevaliers 
   
    de 
   
    ces 
   
    forteresses 
   
    que 
   
    Léon 
   
    IV 
   
    voulait 
   
    vendre, 
   
    désespérant 
   
    de 
   
    pouvoir 
   
    les 
   
    mettre 
   
    à 
   
    l'abri 
   
    des 
   
    coups 
   
    des 
   
    ennemis. 
   
    Par 
   
    un 
   
    autre 
   
    décret 
   
    de 
   
    l'an 
   
    1210, 
   
    Léon 
   
    promit 
   
    aux 
   
    Hospitaliers 
   
    la 
   
    ville 
   
    de 
   
    Laranda 
   
    (Karaman) 
   
    si, 
   
    par 
   
    la 
   
    grâce 
   
    de 
   
    Dieu, 
   
    il 
   
    parvenait 
   
    à 
   
    l'arracher 
   
    des 
   
    mains 
   
    des 
   
    Iconiens. 
   
    Ce 
   
    don, 
   
    Léon, 
   
    de 
   
    son 
   
    propre 
   
    mouvement 
   
    demanda 
   
    au 
   
    pape 
   
    Innocent 
   
    III. 
   
    de 
   
    le 
   
    rendre 
   
    authentique 
   
    par 
   
    un 
   
    bref. 
   
    Quelques 
   
    années 
   
    après, 
   
    en 
   
    1214, 
   
    Léon 
   
    emprunta 
   
    à 
   
    ces 
   
    chevaliers 
   
    trente 
   
    mille 
     
      besants 
     
      d'or, 
   
    leur 
   
    donnant 
   
    en 
   
    hypothèque 
   
    le 
   
    bourg 
   
    de 
   
    Vaner, 
   
    dans 
   
    la 
   
    province 
   
    de 
   
    Mloun 
   
    et 
   
    toute 
   
    la 
   
    contrée 
   
    de 
   
    Djighère, 
   
    toute 
   
    pleine 
   
    de 
   
    grands 
   
    villages 
   
    et 
   
    de 
   
    petits 
   
    ports. 
   
    Outre 
   
    le 
   
    grand 
   
    nombre 
   
    de 
   
    princes 
   
    qui 
   
    signèrent 
   
    le 
   
    contrat 
   
    passé 
   
    à 
   
    cette 
   
    occasion, 
   
    quatorze 
     
      Hospitaliers 
   
    y 
   
    apposèrent 
   
    aussi 
   
    leur 
   
    signature.
  
 
   
    Comme 
   
    les 
   
    Hospitaliers, 
   
    les 
   
    Templiers 
   
    s'étaient 
   
    installés 
   
    de 
   
    bonne 
   
    heure 
   
    en 
   
    Cilicie. 
   
    Ils 
   
    avaiént 
   
    aidé 
   
    Thoros 
   
    à 
   
    soumettre 
   
    ce 
   
    pays. 
   
    Le 
   
    frère 
   
    de 
   
    Thoros, 
   
    le 
   
    fameux 
   
    Melèh, 
   
    s'était 
   
    même 
   
    fait 
   
    inscrire 
   
    dans 
   
    leur 
   
    ordre 
   
    qu'il 
   
    avait 
   
    abandonné 
   
    plus 
   
    tard. 
   
    Mais 
   
    les 
   
    Templiers 
   
    ne 
   
    plurent 
   
    pas 
   
    à 
   
    Léon, 
   
    par 
   
    ce 
   
    qu'ils 
   
    avaient 
   
    fait 
   
    opposition 
   
    et 
   
    s'étaient 
   
    alliés 
   
    aux 
   
    Antiochiens. 
   
    Ils 
   
    furent, 
   
    pendant 
   
    quinze 
   
    ans, 
   
    en 
   
    contestations 
   
    et 
   
    en 
   
    querelles 
   
    avec 
   
    Léon. 
   
    Nous 
   
    en 
   
    parlerons 
   
    plus 
   
    loin. 
   
    A 
   
    la 
   
    fin, 
   
    ils 
   
    firent 
   
    la 
   
    paix 
   
    et 
   
    restèrent 
   
    dans 
   
    le 
   
    pays 
   
    de 
   
    Sissouan 
   
    au 
   
    moins 
   
    jusqu'à 
   
    la 
   
    grande 
   
    invasion 
   
    des 
   
    Égyptiens, 
   
    en 
   
    1266. 
   
    Toutefois, 
   
    il 
   
    est 
   
    dit 
   
    qu'en 
   
    1275, 
   
    ces 
   
    trois 
   
    ordres 
   
    avaient 
   
    encore 
   
    des 
   
    possessions 
   
    en 
   
    Arménie. 
   
    Un 
   
    bref 
   
    de 
   
    Grégoire 
   
    X, 
   
    portant 
   
    la 
   
    date 
   
    du 
   
    13 
   
    Mars 
   
    1275, 
   
    en 
   
    fait 
   
    foi.
  
 
   
    Léon 
   
    trouvait 
   
    un 
   
    appui 
   
    plus 
   
    certain 
   
    de 
   
    la 
   
    part 
   
    des 
   
    Barons 
   
    étrangers 
   
    qui 
   
    s'étaient 
   
    fixés 
   
    dans 
   
    le 
   
    pays 
   
    et 
   
    y 
   
    possédaient 
   
    des 
   
    terres. 
   
    Ces 
   
    barons 
   
    étaient 
   
    d'ailleurs 
   
    considérés 
   
    comme 
   
    des 
   
    vassaux 
   
    de 
   
    Léon 
   
    ou 
   
    comme 
   
    lui 
   
    devant 
   
    l'hommage. 
   
    Quelques-uns 
   
    d'entre 
   
    eux 
   
    s'étaient 
   
    établis 
   
    dans 
   
    le 
   
    pays 
   
    avant 
   
    même 
   
    la 
   
    principauté 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    et 
   
    beaucoup 
   
    d'autres 
   
    y 
   
    vinrent 
   
    pendant 
   
    qu'il 
   
    gouvernait. 
   
    Ils 
   
    se 
   
    mirent 
   
    de 
   
    leur 
   
    propre 
   
    bonne 
   
    volonté 
   
    à 
   
    son 
   
    service 
   
    ou 
   
    y 
   
    furent 
   
    invités 
   
    par 
   
    lui-même, 
   
    mais 
   
    en 
   
    échange, 
   
    ils 
   
    en 
   
    reçurent 
   
    des 
   
    terres 
   
    dans 
   
    l'un 
   
    et 
   
    l'autre 
   
    cas.
  
 
   
    Que 
   
    le 
   
    lecteur 
   
    veuille 
   
    bien 
   
    jeter 
   
    un 
   
    coup 
   
    d'œil 
   
    sur 
   
    les 
   
    quarante-cinq 
   
    noms 
   
    des 
   
    barons 
   
    et 
   
    princes 
   
    qui 
   
    furent 
   
    présents 
   
    au 
   
    couronnement 
   
    du 
   
    roi 
   
    Léon, 
   
    et 
   
    qui 
   
    s'étaient 
   
    répandus 
   
    sur 
   
    presque 
   
    toute 
   
    l'étendue 
   
    du 
   
    pays 
   
    de 
   
    Sissouan, 
   
    et 
   
    il 
   
    verra 
   
    que 
   
    la 
   
    plupart 
   
    étaient 
   
    des 
   
    étrangers: 
   
    des 
   
    Grecs 
   
    ou 
   
    des 
   
    Arméno-Grecs, 
   
    comme 
   
    Kyr-Isaac, 
   
    Michaël, 
   
    Nicéphore, 
   
    Romanos, 
   
    Chrysophore, 
   
    etc; 
   
    des 
   
    Français 
   
    ou 
   
    des 
   
    Allemands 
   
    comme 
   
    Tancrède, 
   
    Godefroy, 
   
    Robert, 
   
    Baudouin, 
   
    Henri, 
   
    etc. 
   
    A 
   
    ceux-ci 
   
    vinrent 
   
    se 
   
    joindre 
   
    après 
   
    quelques 
   
    années, 
   
    à 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    Bohémond 
   
    III, 
   
    quelques-uns 
   
    de 
   
    ses 
   
    ministres 
   
    et 
   
    de 
   
    ses 
   
    grands-seigneurs, 
   
    comme 
   
    le 
   
    chambellan 
   
    Olivier, 
   
    le 
   
    boutillier 
   
    Payen, 
   
    Thomas 
   
    Malebrun, 
   
    Roger 
   
    de 
   
    Mons, 
   
    Guillaume 
   
    de 
   
    l'Isle 
   
    et 
   
    Tchouard. 
   
    Ce 
   
    dernier 
   
    n'est 
   
    peut-être 
   
    qu'Archivald, 
   
    fils 
   
    du 
   
    Sénéchal 
   
    d'Antioche, 
   
    et 
   
    Guillaume 
   
    de 
   
    Turre.
  
 
   
    Il 
   
    y 
   
    avait 
   
    même, 
   
    parmi 
   
    les 
   
    ministres 
   
    de 
   
    la 
   
    cour 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    des 
   
    étrangers, 
   
    car 
   
    Nersès 
   
    de 
   
    Lambroun 
   
    nous 
   
    parle 
   
    clairement 
   
    des 
   
    Grecs 
   
    à 
   
    cause 
   
    desquels 
   
    il 
   
    écrivit 
   
    à 
   
    Léon: 
   
    «Ce 
   
    peuple 
   
    des 
   
    Grecs 
   
    a 
   
    obtenu 
   
    libre 
   
    accès 
   
    chez 
   
    nous, 
   
    non 
   
    seulement 
   
    dans 
   
    la 
   
    Sainte-Église, 
   
    mais 
   
    également, 
   
    dans 
   
    votre 
   
    cour 
   
    royale, 
   
    des 
   
    honneurs 
   
    et 
   
    des 
   
    charges 
   
    dont 
   
    ils 
   
    jouissent 
   
    encore».
  
 
   
    Je 
   
    ne 
   
    saurais 
   
    dire 
   
    quels 
   
    services 
   
    ces 
   
    barons 
   
    avaient 
   
    rendus 
   
    à 
   
    Léon 
   
    ni 
   
    quels 
   
    étaient 
   
    leurs 
   
    devoirs 
   
    envers 
   
    lui, 
   
    je 
   
    crois 
   
    qu'ils 
   
    ne 
   
    lui 
   
    étaient 
   
    attachés 
   
    qui 
   
    comme 
   
    vassaux 
   
    en 
   
    vertu 
   
    des 
   
    coutumes 
   
    des 
   
    Assises 
   
    de 
   
    Jérusalem 
   
    et 
   
    d'Antioche. 
   
    Il 
   
    y 
   
    avait 
   
    parmi 
   
    ces 
   
    personnages 
   
    de 
   
    très-puissants 
   
    et 
   
    très-hauts 
   
    princes, 
   
    soit 
   
    à 
   
    cause 
   
    de 
   
    l'étendue 
   
    de 
   
    leurs 
   
    Etats, 
   
    soit 
   
    à 
   
    cause 
   
    de 
   
    la 
   
    haute 
   
    noblesse 
   
    de 
   
    leur 
   
    origine. 
   
    Ils 
   
    avaient 
   
    des 
   
    douanes 
   
    sur 
   
    leur 
   
    domaines, 
   
    ils 
   
    étaient 
   
    maîtres 
   
    des 
   
    passages 
   
    et 
   
    des 
   
    contrées 
   
    à 
   
    travers 
   
    les 
   
    monts 
   
    et 
   
    les 
   
    rivières, 
   
    ils 
   
    étaient 
   
    affranchis 
   
    de 
   
    la 
   
    Couronne, 
   
    c'est-à-dire 
   
    qu'ils 
   
    n'étaient 
   
    redevables 
   
    d'aucun 
   
    impôt 
   
    à 
   
    Léon. 
   
    Nous 
   
    en 
   
    avons 
   
    la 
   
    preuve 
   
    par 
   
    le 
   
    décret 
   
    que 
   
    Léon 
   
    donna 
   
    en 
   
    1215, 
   
    aux 
   
    Gênois. 
   
    Le 
   
    plus 
   
    haut 
   
    personnage 
   
    parmi 
   
    ces 
   
    barons 
   
    était 
   
    à 
   
    cette 
   
    époque 
     
      Sir 
     
      Adam, 
   
    appelé 
   
    quelquefois 
   
    aussi 
     
      Adom. 
   
    Il 
   
    était 
   
    inspecteur 
   
    du 
   
    littoral 
   
    et 
   
    gouverneur 
   
    d'une 
   
    telle 
   
    étendue 
   
    de 
   
    terre 
   
    en 
   
    Isaurie 
   
    et 
   
    en 
   
    Pamphylie, 
   
    qu'on 
   
    appelait 
   
    ces 
   
    contrées: 
     
      Pays 
     
      de 
     
      Sir 
     
      Adam.
  
 
   
    Comme 
   
    Adam, 
   
    à 
   
    l'Occident 
   
    de 
   
    Sissouan, 
   
    il 
   
    y 
   
    avait 
   
    un 
   
    autre 
   
    prince 
   
    qui 
   
    possédait 
   
    à 
   
    l'Est 
   
    du 
   
    pays 
   
    toute 
   
    la 
   
    province 
   
    de 
   
    Dgighère, 
   
    et 
   
    qui 
   
    s'appelait 
     
      Hoste 
   
    ou 
     
      Hostius 
   
    de 
   
    Tabarie. 
   
    Parmi 
   
    les 
   
    barons 
   
    qui 
   
    avaient 
   
    des 
   
    douanes, 
   
    on 
   
    cite 
     
      Léon 
   
    seigneur 
   
    de 
   
    Gaban, 
   
    et 
   
    le 
   
    maréchal 
     
      Vahram 
   
    seigneur 
   
    de 
   
    Coricos. 
   
    Ce 
   
    dernier 
   
    semble 
   
    être 
   
    un 
   
    étranger, 
   
    car 
   
    son 
   
    frère 
   
    se 
   
    nommait 
   
    Josselin 
   
    (Zuzulinus, 
   
    dans 
   
    le 
   
    décret 
   
    de 
   
    Léon) 
   
    et 
   
    son 
   
    père 
   
    Gervais. 
   
    Ce 
   
    Gervais 
   
    était 
   
    seigneur 
   
    de 
   
    Sermina 
   
    ou 
   
    Sarminia; 
   
    il 
   
    semble 
   
    qu'il 
   
    soit 
   
    aussi 
   
    le 
   
    sénéchal 
   
    d'Antioche 
   
    dont 
   
    nous 
   
    avons 
   
    déjà 
   
    parlé 
   
    et 
   
    le 
   
    père 
   
    d'Archivald. 
   
    De 
   
    même 
   
    que 
   
    Léon 
   
    s'allia 
   
    avec 
   
    les 
   
    familles 
   
    royales 
   
    étrangères, 
   
    les 
   
    barons 
   
    arméniens 
   
    et 
   
    les 
   
    barons 
   
    étrangers 
   
    s'apparentaient 
   
    entre 
   
    eux. 
   
    C'est 
   
    pour 
   
    cela 
   
    que 
   
    leurs 
   
    fils 
   
    reçurent 
   
    tantôt 
   
    des 
   
    noms 
   
    arméniens 
   
    tantôt 
   
    des 
   
    noms 
   
    latins.
  
 
   
    Outre 
   
    les 
   
    étrangers 
   
    établis 
   
    dans 
   
    le 
   
    pays 
   
    de 
   
    Sissouan 
   
    et 
   
    qui, 
   
    par 
   
    la 
   
    suite, 
   
    devinrent 
   
    arméniens, 
   
    Léon 
   
    attira 
   
    à 
   
    soi 
   
    des 
   
    personnes 
   
    de 
   
    toutes 
   
    les 
   
    nations 
   
    mais 
   
    bien 
   
    peu 
   
    d'orientaux: 
   
    ceci 
   
    soit 
   
    pour 
   
    des 
   
    raisons 
   
    politiques, 
   
    soit 
   
    pour 
   
    des 
   
    intérêts 
   
    commerciaux. 
   
    Les 
   
    grands 
   
    personnages 
   
    que, 
   
    pour 
   
    des 
   
    raisons 
   
    politiques, 
   
    il 
   
    rechercha 
   
    tout 
   
    d'abord, 
   
    furent 
   
    les 
   
    ambassadeurs 
   
    de 
   
    tous 
   
    les 
   
    pays 
   
    dont 
   
    il 
   
    avait 
   
    vu 
   
    les 
   
    chefs 
   
    en 
   
    Orient, 
   
    comme 
   
    ceux 
   
    de 
   
    l'empereur 
   
    d'Allemagne, 
   
    des 
   
    rois 
   
    de 
   
    France, 
   
    d'Angleterre 
   
    et 
   
    de 
   
    Hongrie, 
   
    et 
   
    ceux 
   
    des 
   
    souverains 
   
    plus 
   
    rapprochés, 
   
    des 
   
    rois 
   
    de 
   
    Jérusalem, 
   
    et 
   
    de 
   
    Chypre. 
   
    Il 
   
    voulut 
   
    se 
   
    concilier 
   
    aussi 
   
    les 
   
    nombreux 
   
    princes 
   
    qui 
   
    passèrent 
   
    les 
   
    mers 
   
    et 
   
    suivirent 
   
    les 
   
    Croisades. 
   
    Léon 
   
    était 
   
    en 
   
    relations 
   
    avec 
   
    eux 
   
    tous: 
   
    il 
   
    correspondait 
   
    sans 
   
    cesse 
   
    avec 
   
    eux 
   
    par 
   
    des 
   
    lettres, 
   
    il 
   
    leur 
   
    envoyait 
   
    des 
   
    ambassades. 
   
    Souvent 
   
    est-il 
   
    fait 
   
    mention 
   
    de 
   
    ses 
   
    ambassades 
   
    à 
   
    l'empereur 
   
    Frédéric, 
   
    au 
   
    roi 
   
    de 
   
    Hongrie, 
   
    au 
   
    Pape. 
   
    En 
   
    1211, 
   
    Léon 
   
    reçut 
   
    aussi 
   
    une 
   
    ambassade 
   
    du 
   
    Duc 
   
    d'Autriche.
  
 
   
    Quant 
   
    aux 
   
    trafiquants, 
   
    c'étaient 
   
    en 
   
    général 
   
    des 
   
    Italiens 
   
    établis 
   
    dans 
   
    le 
   
    pays 
   
    de 
   
    Sissouan 
   
    au 
   
    temps 
   
    où 
   
    Léon 
   
    était 
   
    roi. 
   
    Ils 
   
    étaient 
   
    venus 
   
    de 
   
    toutes 
   
    les 
   
    villes 
   
    des 
   
    Etats-Libres 
   
    de 
   
    l'Italie, 
   
    et 
   
    surtout 
   
    de 
   
    Venise 
   
    et 
   
    de 
   
    Gênes. 
   
    Les 
   
    premiers 
   
    privilèges 
   
    de 
   
    Léon 
   
    à 
   
    ceux-ci 
   
    datent 
   
    de 
   
    1201. 
   
    Il 
   
    est 
   
    probable 
   
    que 
   
    ces 
   
    marchands 
   
    connaissaient 
   
    la 
   
    Cilicie 
   
    et 
   
    y 
   
    étaient 
   
    venus 
   
    avant 
   
    même 
   
    la 
   
    royauté 
   
    de 
   
    Léon. 
   
    On 
   
    trouvait 
   
    aussi 
   
    des 
   
    habitants 
   
    de 
   
    Pise 
   
    et 
   
    d'Amalfi 
   
    et 
   
    bien 
   
    d'autres 
   
    encore 
   
    que 
   
    nous 
   
    avons 
   
    signalés 
   
    dans 
   
    notre 
   
    description 
   
    de 
   
    la 
   
    cité 
   
    commerçante 
   
    d'Ajas 
   
    ou 
   
    Layas, 
   
    qui 
   
    n'était 
   
    pas 
   
    encore 
   
    devenue 
   
    célèbre 
   
    sous 
   
    Léon. 
   
    Sur 
   
    le 
   
    littoral 
   
    occidental, 
   
    les 
   
    trafiquants 
   
    fréquentaient 
   
    Séleucie, 
   
    Coricos, 
   
    Tarse, 
   
    Alaya, 
   
    Attalie, 
   
    etc. 
   
    etc. 
   
    Au 
   
    centre 
   
    du 
   
    pays, 
   
    Léon 
   
    leur 
   
    accorda 
   
    la 
   
    permission 
   
    d'habiter 
   
    et 
   
    la 
   
    liberté 
   
    d'ériger 
   
    des 
   
    églises 
   
    à 
   
    Tarse, 
   
    Sis 
   
    et 
   
    Messis, 
   
    et 
   
    le 
   
    libre 
   
    passage 
   
    dans 
   
    tout 
   
    le 
   
    pays. 
   
    Il 
   
    les 
   
    exonéra 
   
    des 
   
    impôts 
   
    et 
   
    de 
   
    la 
   
    douane. 
   
    Il 
   
    exempta 
   
    même 
   
    quelques 
   
    uns 
   
    d'entre 
   
    eux 
   
    de 
   
    toute 
   
    espèce 
   
    d'imposition. 
   
    Tout 
   
    cela, 
   
    pour 
   
    qu'ils 
   
    vinssent 
   
    de 
   
    bon 
   
    gré 
   
    et 
   
    plus 
   
    nombreux 
   
    dans 
   
    son 
   
    pays 
   
    pour 
   
    le 
   
    faire 
   
    prospérer 
   
    et 
   
    le 
   
    rendre 
   
    florissant. 
   
    Ces 
   
    trafiquants 
   
    dont 
   
    le 
   
    commerce 
   
    procurait 
   
    d'immenses 
   
    ressources 
   
    aux 
   
    Arméniens 
   
    qui 
   
    gagnaient 
   
    encore 
   
    à 
   
    ce 
   
    rapprochement 
   
    avec 
   
    un 
   
    peuple 
   
    plus 
   
    civilisé, 
   
    étaient 
   
    en 
   
    outre 
   
    d'un 
   
    puissant 
   
    secours 
   
    pour 
   
    Léon 
   
    à 
   
    cause 
   
    de 
   
    leurs 
   
    vaisseaux 
   
    et 
   
    pour 
   
    d'autres 
   
    raisons.
  
 
   
    Léon 
   
    chercha 
   
    des 
   
    alliés 
   
    et 
   
    amis 
   
    non-seulement 
   
    parmi 
   
    les 
   
    Occidentaux, 
   
    mais 
   
    encore 
   
    parmi 
   
    les 
   
    Orientaux. 
   
    Le 
   
    premier 
   
    ami 
   
    qu'il 
   
    se 
   
    fit 
   
    ce 
   
    fut 
   
    l'empereur 
   
    de 
   
    Constantinople. 
   
    Celui-ci 
   
    lui 
   
    fit 
   
    don 
   
    d'une 
   
    couronne 
   
    royale. 
   
    En 
   
    suite, 
   
    lorsque 
   
    Constantinople, 
   
    fut 
   
    prise 
   
    par 
   
    les 
   
    Occidentaux 
   
    et 
   
    que 
   
    fut 
   
    créé 
   
    l'empire 
   
    de 
   
    Nycée, 
   
    nous 
   
    avons 
   
    dit 
   
    que 
   
    Léon 
   
    donna 
   
    au 
   
    souverain 
   
    de 
   
    ce 
   
    nouvel 
   
    empire 
   
    la 
   
    main 
   
    de 
   
    sa 
   
    nièce, 
   
    la 
   
    fille 
   
    de 
   
    son 
   
    frère 
   
    Roupin. 
   
    Il 
   
    avait 
   
    encore 
   
    des 
   
    relations 
   
    d'amitié 
   
    avec 
   
    les 
   
    Musulmans 
   
    éloignés 
   
    des 
   
    ses 
   
    Etats, 
   
    avec 
   
    le 
   
    calife 
   
    de 
   
    Bagdad, 
   
    par 
   
    exemple, 
   
    et 
   
    avec 
   
    le 
   
    sultan 
   
    d'Erzéroum, 
   
    appelé 
   
    Toughril-Chah. 
   
    Mais 
   
    Léon 
   
    ne 
   
    voulut 
   
    avoir 
   
    aucune 
   
    relation 
   
    intime 
   
    avec 
   
    ces 
   
    voisins, 
   
    tels 
   
    que 
   
    les 
   
    sultans 
   
    d'Iconie, 
   
    de 
   
    Césarée, 
   
    de 
   
    l'Albistan, 
   
    à 
   
    cause 
   
    de 
   
    la 
   
    contrariété 
   
    de 
   
    Kelidge-Aslan. 
   
    Il 
   
    gêna 
   
    souvent 
   
    ces 
   
    derniers; 
   
    il 
   
    leur 
   
    livra 
   
    des 
   
    combats, 
   
    après 
   
    lesquels 
   
    il 
   
    leur 
   
    arracha 
   
    des 
   
    provinces 
   
    ou 
   
    s'en 
   
    retourna 
   
    sans 
   
    succès, 
   
    leur 
   
    redonnant 
   
    ce 
   
    qu'il 
   
    leur 
   
    avait 
   
    pris. 
   
    Egalement 
   
    par 
   
    animosité 
   
    contre 
   
    Salaheddin, 
   
    Léon 
   
    ne 
   
    voulut 
   
    pas 
   
    se 
   
    faire 
   
    l'ami 
   
    des 
   
    sultans 
   
    d'Égypte 
   
    et 
   
    d'Alep; 
   
    et, 
   
    comme 
   
    entre 
   
    ses 
   
    Etats 
   
    et 
   
    ceux 
   
    de 
   
    ces 
   
    derniers 
   
    sultans, 
   
    il 
   
    y 
   
    avait 
   
    des 
   
    royaumes 
   
    et 
   
    des 
   
    principautés 
   
    chrétiennes 
   
    de 
   
    Latins, 
   
    Léon 
   
    les 
   
    considérait 
   
    comme 
   
    les 
   
    premiers 
   
    remparts 
   
    de 
   
    Sissouan.