Les 
   
    dernières 
   
    paroles 
   
    de 
   
    S.
    
     t 
   
    Nersès 
   
    de 
   
    Lambroun, 
   
    — 
   
    celles 
   
    que 
   
    nous 
   
    venons 
   
    de 
   
    citer, 
   
    — 
   
    nous 
   
    ont 
   
    amené 
   
    à 
   
    la 
   
    royauté 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    et 
   
    nous 
   
    obligent 
   
    à 
   
    étudier 
   
    comment 
   
    et 
   
    à 
   
    quelle 
   
    époque 
   
    ce 
   
    fait 
   
    mémorable 
   
    s'accomplit. 
   
    Jusqu'ici 
   
    nous 
   
    avons 
   
    parlé 
   
    plus 
   
    ou 
   
    moins 
   
    longuement 
   
    des 
   
    moyens 
   
    qu'il 
   
    employa 
   
    et 
   
    des 
   
    résultats 
   
    qu'il 
   
    en 
   
    obtint 
   
    pour 
   
    monter 
   
    à 
   
    cet 
   
    honneur 
   
    et 
   
    à 
   
    la 
   
    gloire 
   
    d'être 
   
    roi. 
   
    Nous 
   
    avons 
   
    montré 
   
    sa 
   
    vaillance, 
   
    nous 
   
    avons 
   
    énuméré 
   
    ses 
   
    conquêtes, 
   
    nous 
   
    avons 
   
    cité 
   
    ses 
   
    artifices 
   
    politiques, 
   
    nous 
   
    avons 
   
    parlé 
   
    enfin 
   
    des 
   
    monuments 
   
    qu'il 
   
    laissa 
   
    à 
   
    la 
   
    postérité. 
   
    Léon 
   
    seul 
   
    aurait 
   
    pu 
   
    dire 
   
    à 
   
    quel 
   
    moment 
   
    de 
   
    sa 
   
    vie 
   
    il 
   
    eut 
   
    l'idée 
   
    et 
   
    l'ambition 
   
    de 
   
    devenir 
   
    roi. 
   
    Il 
   
    ne 
   
    manifesta 
   
    cette 
   
    envie 
   
    de 
   
    porter 
   
    la 
   
    couronne 
   
    royale 
   
    qu'à 
   
    l'arrivée 
   
    de 
   
    la 
   
    troisième 
   
    Croisade, 
   
    comme 
   
    on 
   
    a 
   
    pu 
   
    le 
   
    remarquer 
   
    plus 
   
    haut. 
   
    Il 
   
    en 
   
    fit 
   
    part 
   
    au 
   
    chef 
   
    de 
   
    cette 
   
    croisade, 
   
    à 
   
    Frédéric 
   
    empereur 
   
    d'Allemagne 
   
    qui 
   
    se 
   
    faisait 
   
    appeler 
   
    aussi 
   
    empereur 
   
    de 
   
    l'ancienne 
   
    Rome.
 
   
    Nous 
   
    avons 
   
    également 
   
    vu 
   
    qu'après 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    l'empereur, 
   
    à 
   
    l'arrivée 
   
    de 
   
    son 
   
    fils 
   
    Frédéric, 
   
    avec 
   
    une 
   
    armée 
   
    à 
   
    Tarse, 
   
    les 
   
    princes 
   
    et 
   
    les 
   
    évêques 
   
    avaient 
   
    tenu 
   
    un 
   
    conseil 
   
    pour 
   
    décider 
   
    s'ils 
   
    devaient 
   
    proclamer 
   
    roi 
   
    Léon, 
   
    mais 
   
    qu'ils 
   
    s'étaient 
   
    abstenus 
   
    de 
   
    lui 
   
    conférer 
   
    cette 
   
    dignité, 
   
    ne 
   
    se 
   
    reconnaissant 
   
    aucune 
   
    autorité 
   
    pour 
   
    faire 
   
    un 
   
    tel 
   
    acte, 
   
    puisque 
   
    le 
   
    successeur 
   
    de 
   
    Barberousse 
   
    n'était 
   
    pas 
   
    encore 
   
    désigné. 
   
    On 
   
    ne 
   
    soupçonnait 
   
    pas 
   
    encore 
   
    les 
   
    idées 
   
    de 
   
    Léon 
   
    et 
   
    l'on 
   
    ne 
   
    connaissait 
   
    pas 
   
    non 
   
    plus 
   
    les 
   
    conséquences 
   
    qui 
   
    en 
   
    sortiraient; 
   
    l'on 
   
    ne 
   
    se 
   
    doutait 
   
    pas 
   
    même 
   
    de 
   
    l'influence 
   
    qu'il 
   
    pourrait 
   
    exercer 
   
    sur 
   
    les 
   
    princes 
   
    occidentaux 
   
    de 
   
    ce 
   
    côté 
   
    de 
   
    la 
   
    mer, 
   
    c'est-à-dire 
   
    de 
   
    la 
   
    Syrie. 
   
    Mais 
   
    pourtant 
   
    ces 
   
    princes 
   
    et 
   
    ces 
   
    évêques 
   
    qui 
   
    avaient 
   
    figuré 
   
    dans 
   
    le 
   
    conseil, 
   
    ne 
   
    connaissaient 
   
    pas 
   
    assez 
   
    la 
   
    religion 
   
    et 
   
    les 
   
    coutumes 
   
    des 
   
    Arméniens, 
   
    les 
   
    forces 
   
    dont 
   
    pouvait 
   
    disposer 
   
    Léon 
   
    et 
   
    le 
   
    genre 
   
    de 
   
    son 
   
    gouvernement. 
   
    D'un 
   
    autre 
   
    côté, 
   
    Salaheddin 
   
    menaçait 
   
    toujours. 
   
    L'appréhension 
   
    d'une 
   
    guerre 
   
    et 
   
    le 
   
    siège 
   
    de 
   
    Ptolémaïs 
   
    les 
   
    tenaient 
   
    en 
   
    éveil. 
   
    L'armée 
   
    allemande 
   
    était 
   
    décimée 
   
    par 
   
    la 
   
    famine: 
   
    la 
   
    mortalité 
   
    fauchait 
   
    les 
   
    rangs 
   
    de 
   
    cette 
   
    armée 
   
    désolée 
   
    par 
   
    le 
   
    retard 
   
    des 
   
    Croisés 
   
    auxiliaires 
   
    qui 
   
    n'arrivaient 
   
    pas.
  
 
   
    La 
   
    question 
   
    de 
   
    la 
   
    royauté 
   
    de 
   
    Léon 
   
    fut 
   
    écartée 
   
    pour 
   
    un 
   
    moment, 
   
    mais 
   
    non 
   
    l'idée. 
   
    Et 
   
    Léon 
   
    attendit 
   
    patiemment, 
   
    préférant 
   
    reculer 
   
    son 
   
    couronnement 
   
    jusqu'à 
   
    un 
   
    autre 
   
    temps 
   
    plus 
   
    favorable 
   
    que 
   
    de 
   
    recevoir 
   
    la 
   
    couronne 
   
    à 
   
    la 
   
    hâte 
   
    et 
   
    sans 
   
    solemnité. 
   
    Ce 
   
    n'était 
   
    pas 
   
    tant 
   
    pour 
   
    l'ornement 
   
    de 
   
    son 
   
    front 
   
    qu'il 
   
    tenait 
   
    à 
   
    cette 
   
    couronne 
   
    que 
   
    pour 
   
    rehausser 
   
    l'éclat 
   
    du 
   
    chef 
   
    d'une 
   
    nation 
   
    entourée 
   
    de 
   
    tant 
   
    de 
   
    peuples 
   
    divers, 
   
    voisins 
   
    ou 
   
    éloignés. 
   
    Il 
   
    s'imaginait 
   
    déjà 
   
    qu'il 
   
    régnait 
   
    en 
   
    droit 
   
    après 
   
    la 
   
    promesse 
   
    que 
   
    lui 
   
    avait 
   
    faite 
   
    l'empereur 
   
    de 
   
    Rome. 
   
    Il 
   
    n'y 
   
    a 
   
    donc 
   
    rien 
   
    d'étonnant 
   
    à 
   
    ce 
   
    que 
   
    le 
   
    Lambrounien 
   
    le 
   
    nommât 
   
    et 
   
    le 
   
    considérât 
   
    roi 
   
    dès 
   
    1194.
  
 
   
    Comme 
   
    les 
   
    Occidentaux 
   
    étaient 
   
    occupés 
   
    de 
   
    leur 
   
    propres 
   
    affaires, 
   
    même 
   
    après 
   
    les 
   
    traités 
   
    de 
   
    paix 
   
    de 
   
    Richard 
   
    avec 
   
    Salaheddin, 
   
    et 
   
    même 
   
    après 
   
    la 
   
    mort 
   
    de 
   
    ce 
   
    dernier, 
   
    Léon 
   
    dut, 
   
    par 
   
    lettres, 
   
    par 
   
    ambassades 
   
    et 
   
    quelquefois 
   
    en 
   
    personne, 
   
    poursuivre 
   
    ses 
   
    relations 
   
    avec 
   
    les 
   
    grands 
   
    princes 
   
    et 
   
    leur 
   
    rappeler 
   
    la 
   
    promesse 
   
    de 
   
    l'illustre 
   
    empereur, 
   
    outre 
   
    son 
   
    envie 
   
    d'être 
   
    nommé 
   
    Roi 
   
    et 
   
    les 
   
    droits 
   
    qu'il 
   
    pouvait 
   
    faire 
   
    valoir 
   
    à 
   
    ce 
   
    sujet. 
   
    Il 
   
    pouvait 
   
    certainement 
   
    espérer 
   
    qu'il 
   
    recevrait 
   
    la 
   
    couronne 
   
    par 
   
    un 
   
    autre 
   
    roi 
   
    en 
   
    lui 
   
    promettant 
   
    de 
   
    lui 
   
    rendre 
   
    le 
   
    devoir 
   
    d'hommage 
   
    féodal, 
   
    mais 
   
    il 
   
    ne 
   
    voulait 
   
    s'appuyer 
   
    que 
   
    sur 
   
    des 
   
    grands 
   
    et 
   
    puissants 
   
    personnages 
   
    dont 
   
    il 
   
    aurait 
   
    l'aide 
   
    et 
   
    la 
   
    protection 
   
    pour 
   
    son 
   
    pays 
   
    et 
   
    son 
   
    honneur. 
   
    Il 
   
    avait 
   
    jeté 
   
    ses 
   
    regards 
   
    sur 
   
    deux 
   
    grandeurs 
   
    glorieuses, 
   
    l'empereur 
   
    de 
   
    Rome 
   
    et 
   
    le 
   
    Pontife 
   
    romain. 
   
    C'était 
   
    d'eux 
   
    seuls 
   
    et 
   
    non 
   
    d'autres 
   
    qu'il 
   
    voulait 
   
    recevoir 
   
    la 
   
    couronne 
   
    et 
   
    avec 
   
    la 
   
    plus 
   
    grande 
   
    solennité.
  
 
    
     Henri, 
    
     duc 
    
     de 
    
     Champagne, 
    
     élevé 
    
     au 
    
     trône 
    
     royal 
    
     de 
    
     Jérusalem, 
    
     était 
    
     venu 
    
     dans 
    
     le 
    
     pays 
    
     de 
    
     Sissouan. 
    
     Comme 
    
     il 
    
     était 
    
     dans 
    
     les 
    
     mêmes 
    
     conditions 
    
     que 
    
     Léon 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     s'était 
    
     fait, 
    
     ainsi 
    
     que 
    
     nous 
    
     l'avons 
    
     rapporté, 
    
     l'intermédiaire 
    
     de 
    
     ce 
    
     dernier 
    
     et 
    
     du 
    
     prince 
    
     d'Antioche, 
    
     on 
    
     peut 
    
     croire 
    
     que 
    
     Léon 
    
     lui 
    
     confia, 
    
     comme 
    
     à 
    
     un 
    
     ami 
    
     intime, 
    
     son 
    
     désir 
    
     d'être 
    
     roi 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     le 
    
     chargea 
    
     d'en 
    
     parler 
    
     à 
    
     qui 
    
     il 
    
     fallait. 
    
     On 
    
     peut 
    
     aussi 
    
     croire 
    
     que 
    
     Henri 
    
     lui 
    
     promit 
    
     de 
    
     faire 
    
     tout 
    
     ce 
    
     qui 
    
     dépendrait 
    
     de 
    
     lui 
    
     pour 
    
     hâter 
    
     l'affaire; 
    
     mais, 
    
     quoiqu'en 
    
     dise 
    
     le 
    
     Continuateur 
    
     de 
    
     Guillaume 
    
     de 
    
     Tyr, 
    
     ce 
    
     ne 
    
     fut 
    
     pas 
    
     Henri 
    
     qui 
    
     couronna 
    
     Léon, 
    
     considérant 
    
     que 
    
     celui-ci 
    
     était 
    
     maître 
    
     d'un 
    
     Etat 
    
     assez 
    
     vaste, 
    
     et 
    
     que 
    
     le 
    
     prince 
    
     d'Antioche 
    
     lui 
    
     rendait 
    
     l'hommage. 
    
     Il 
    
     est 
    
     probable 
    
     que 
    
     le 
    
     chroniqueur 
    
     a 
    
     confondu 
    
     Henri 
    
     le 
    
     Comte 
    
     avec 
    
     Henri 
    
     le 
    
     fils 
    
     du 
    
     grand 
    
     empereur 
    
     Frédéric, 
    
     à 
    
     qui, 
    
     effectivement, 
    
     Léon, 
    
     peu 
    
     de 
    
     temps 
    
     après, 
    
     s'adressa 
    
     par 
    
     ambassades, 
    
     ainsi 
    
     qu'au 
    
     pontife 
    
     romain 
    
     Célestin 
    
     III.
  
 
    
     Ces 
    
     ambassades 
    
     furent 
    
     envoyées, 
    
     probablement 
    
     en 
    
     1196, 
    
     à 
    
     Milan 
    
     où 
    
     se 
    
     trouvait 
    
     l'empereur. 
    
     Celui-ci 
    
     pressurait 
    
     ses 
    
     sujets 
    
     et 
    
     avait 
    
     grand 
    
     besoin 
    
     d'alliances 
    
     pour 
    
     s'assurer 
    
     la 
    
     conquête 
    
     du 
    
     royaume 
    
     des 
    
     Siciles; 
    
     il 
    
     fit 
    
     donc 
    
     promettre 
    
     aussitôt 
    
     à 
    
     Léon 
    
     par 
    
     les 
    
     Croisés 
    
     qui 
    
     devaient 
    
     s'embarquer 
    
     pour 
    
     la 
    
     Palestine, 
    
     qu'il 
    
     le 
    
     ferait 
    
     roi 
    
     d'Arménie. 
    
     C'est 
    
     ce 
    
     que 
    
     rapportent 
    
     clairement 
    
     les 
    
     chroniqueurs 
    
     contemporains 
    
     allemands 
    
     et 
    
     autres. 
    
     Mais 
    
     nous 
    
     aurions 
    
     désiré 
    
     trouver 
    
     des 
    
     documents 
    
     qui 
    
     nous 
    
     donnassent 
    
     le 
    
     texte 
    
     des 
    
     instances 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     les 
    
     noms 
    
     de 
    
     ses 
    
     ambassadeurs, 
    
     qui 
    
     paraissent 
    
     avoir 
    
     été 
    
     des 
    
     princes 
    
     étrangers, 
    
     c'est-à-dire 
    
     des 
    
     Francs, 
    
     établis 
    
     dans 
    
     la 
    
     Cilicie; 
    
     car 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     ils 
    
     demandèrent 
    
     à 
    
     l'empereur, 
    
     qui 
    
     le 
    
     leur 
    
     accorda, 
    
     d'ajouter 
    
     aux 
    
     territoires 
    
     de 
    
     leur 
    
     possession, 
    
     un 
    
     autre 
    
     qui 
    
     était 
    
     au-delà 
    
     des 
    
     frontières 
    
     de 
    
     la 
    
     Cilicie 
    
     et 
    
     d'Antioche; 
    
     ce 
    
     territoire 
    
     comprenait 
    
     une 
    
     partie 
    
     inconnue 
    
     des 
    
     contrées 
    
     de 
    
     la 
    
     Syrie 
    
     et 
    
     un 
    
     château 
    
     connu, 
    
     sous 
    
     le 
    
     nom 
    
     de 
    
     la 
    
     Tour 
    
     de 
    
     Plomb, 
    
     situé 
    
     près 
    
     de 
    
     Telbachar. 
    
     Cette 
    
     forteresse 
    
     avait 
    
     été 
    
     une 
    
     des 
    
     premières 
    
     conquêtes 
    
     de 
    
     Noureddin 
    
     qui 
    
     s'en 
    
     était 
    
     emparé 
    
     en 
    
     1151. 
    
     Elle 
    
     s'appelait 
    
     en 
    
     Arabe 
    
     Bordj-el-Rassas. 
    
     Ce 
    
     nom 
    
     a 
    
     la 
    
     même 
    
     signification.
  
 
    
     L'empereur 
    
     Henri 
    
     s'était 
    
     en 
    
     vérité 
    
     proposé 
    
     d'aller 
    
     à 
    
     la 
    
     délivrance 
    
     de 
    
     la 
    
     Terre-Sainte, 
    
     car 
    
     il 
    
     pensait 
    
     par 
    
     cela 
    
     effacer 
    
     la 
    
     mauvaise 
    
     réputation 
    
     qu'il 
    
     s'était 
    
     attirée 
    
     en 
    
     faisant 
    
     emprisonner 
    
     iniquement 
    
     et 
    
     traîtreusement 
    
     Richard 
    
     Cœur-de-Lion, 
    
     et 
    
     par 
    
     les 
    
     cruautés 
    
     qu'il 
    
     avait 
    
     exercées 
    
     envers 
    
     ses 
    
     vaincus 
    
     et 
    
     ses 
    
     captifs. 
    
     On 
    
     le 
    
     priait 
    
     sans 
    
     cesse 
    
     de 
    
     venir 
    
     retirer 
    
     de 
    
     Tyr 
    
     les 
    
     restes 
    
     de 
    
     son 
    
     père 
    
     pour 
    
     les 
    
     porter 
    
     à 
    
     Jérusalem 
    
     et 
    
     les 
    
     y 
    
     faire 
    
     enterrer, 
    
     en 
    
     exécution 
    
     de 
    
     son 
    
     testament. 
    
     Soit 
    
     qu'il 
    
     en 
    
     fût 
    
     dissuadé 
    
     par 
    
     les 
    
     princes 
    
     de 
    
     sa 
    
     Cour 
    
     ou 
    
     qu'il 
    
     n'eût 
    
     pas 
    
     l'envie 
    
     de 
    
     partir, 
    
     il 
    
     se 
    
     contenta 
    
     d'envoyer 
    
     une 
    
     Croisade 
    
     en 
    
     1196-97. 
    
     Les 
    
     troupes 
    
     de 
    
     cette 
    
     Croisade 
    
     furent 
    
     d'abord 
    
     vaincues 
    
     par 
    
     Mélik-Addel, 
    
     frère 
    
     de 
    
     Salaheddin, 
    
     mais 
    
     elles 
    
     prirent 
    
     ensuite 
    
     leur 
    
     revanche 
    
     et 
    
     battirent 
    
     ce 
    
     Mélik-Addel 
    
     dans 
    
     une 
    
     plaine 
    
     située 
    
     entre 
    
     Tyr 
    
     et 
    
     Sidon. 
    
     Elles 
    
     furent, 
    
     quelque 
    
     temps 
    
     après, 
    
     rejointes 
    
     par 
    
     les 
    
     troupes 
    
     qui 
    
     s'étaient 
    
     embarquées 
    
     à 
    
     Messine, 
    
     en 
    
     Sicile. 
    
     Avec 
    
     ces 
    
     derniers 
    
     croisés, 
    
     Henri 
    
     avait 
    
     envoyé 
    
     son 
    
     secrétaire, 
    
     l'Evêque 
    
     Conrad, 
    
     et 
    
     lui 
    
     avait 
    
     remis 
    
     deux 
    
     couronnes 
    
     d'or 
    
     qu'il 
    
     devait 
    
     déposer, 
    
     l'une 
    
     sur 
    
     le 
    
     front 
    
     de 
    
     Léon 
    
     en 
    
     le 
    
     proclamant 
    
     roi 
    
     d'Arménie, 
    
     et 
    
     l'autre 
    
     sur 
    
     le 
    
     front 
    
     d'Amaury, 
    
     roi 
    
     de 
    
     Chypre. 
    
     Celui-ci, 
    
     tout 
    
     comme 
    
     Léon, 
    
     avait 
    
     fait 
    
     demander 
    
     la 
    
     couronne 
    
     et 
    
     les 
    
     insignes 
    
     royaux 
    
     à 
    
     l'empereur, 
    
     par 
    
     Reynier, 
    
     seigneur 
    
     de 
    
     Giblet 
    
     ou 
    
     Gabale.
  
 
   
    Vers 
   
    la 
   
    fin 
   
    de 
   
    Septembre 
   
    de 
   
    l'année 
   
    1197, 
   
    ce 
   
    secrétaire 
   
    débarquant 
   
    avec 
   
    une 
   
    partie 
   
    de 
   
    la 
   
    flotte, 
   
    à 
   
    Chypre, 
   
    se 
   
    rendit 
   
    à 
   
    Nicosie, 
   
    où 
   
    il 
   
    couronna 
   
    Amaury, 
   
    à 
   
    qui 
   
    il 
   
    remit 
   
    le 
   
    sceptre 
   
    et 
   
    l'épée, 
   
    selon 
   
    les 
   
    coutumes, 
   
    et 
   
    de 
   
    qui 
   
    il 
   
    reçut 
   
    en 
   
    échange 
   
    des 
   
    honneurs. 
   
    Il 
   
    devait 
   
    ensuite 
   
    passer 
   
    dans 
   
    le 
   
    pays 
   
    de 
   
    Sissouan 
   
    pour 
   
    effectuer 
   
    l'autre 
   
    couronnement. 
   
    La 
   
    fortune, 
   
    encore 
   
    cette 
   
    fois, 
   
    ne 
   
    fut 
   
    pas 
   
    favorable 
   
    aux 
   
    Arméniens: 
   
    mais 
   
    ce 
   
    ne 
   
    fut 
   
    que 
   
    pour 
   
    peu 
   
    de 
   
    temps.
  
 
   
    L'évêque-légat 
   
    avait 
   
    été 
   
    nommé 
   
    chef 
   
    de 
   
    toute 
   
    la 
   
    quatrième 
   
    Croisade 
   
    par 
   
    l'empereur 
   
    d'Allemagne 
   
    et 
   
    le 
   
    pape 
   
    Célestin 
   
    III. 
   
    Cette 
   
    Croisade 
   
    n'avait 
   
    pour 
   
    but, 
   
    comme 
   
    celle 
   
    qui 
   
    avait 
   
    été 
   
    conduite 
   
    par 
   
    Barberousse, 
   
    que 
   
    la 
   
    délivrance 
   
    de 
   
    Jérusalem, 
   
    et 
   
    son 
   
    chef, 
   
    comme 
   
    on 
   
    était 
   
    à 
   
    la 
   
    fin 
   
    de 
   
    l'automne, 
   
    hâtait 
   
    l'expédition 
   
    et, 
   
    remettant 
   
    le 
   
    couronnement 
   
    de 
   
    Léon 
   
    à 
   
    une 
   
    époque 
   
    postérieure, 
   
    il 
   
    s'embarqua 
   
    pour 
   
    Ptolémaïs, 
   
    où 
   
    l'attendaient 
   
    les 
   
    Croisés. 
   
    Léon 
   
    en 
   
    fut 
   
    informé. 
   
    Il 
   
    lui 
   
    envoya 
   
    des 
   
    ambassadeurs 
   
    à 
   
    la 
   
    tête 
   
    desquels 
   
    était 
   
    Jean, 
   
    l'adroit 
   
    archevêque 
   
    de 
   
    Sis. 
   
    C'était 
   
    précisément 
   
    ce 
   
    Jean 
   
    qui 
   
    avait 
   
    fait 
   
    emprisonner 
   
    le 
   
    Catholicos 
   
    Grégoire 
   
    V 
   
    à 
   
    Romcla, 
   
    à 
   
    qu'il 
   
    succéda 
   
    plus 
   
    tard 
   
    comme 
   
    nous 
   
    le 
   
    verrons 
   
    par 
   
    la 
   
    suite. 
   
    Les 
   
    ambassadeurs 
   
    de 
   
    Léon 
   
    invitèrent 
   
    les 
   
    gens 
   
    de 
   
    l'empereur 
   
    à 
   
    venir 
   
    à 
   
    la 
   
    Cour 
   
    de 
   
    leur 
   
    Baron. 
   
    Mais 
   
    ceux-ci 
   
    étaient 
   
    retenus 
   
    par 
   
    leurs 
   
    préparatifs 
   
    de 
   
    guerre 
   
    et 
   
    ne 
   
    purent 
   
    se 
   
    rendre 
   
    à 
   
    cette 
   
    invitation. 
   
    Cependant, 
   
    avant 
   
    qu'ils 
   
    eussent 
   
    rassemblé 
   
    leurs 
   
    troupes, 
   
    l'hiver 
   
    les 
   
    surprit 
   
    et 
   
    ils 
   
    ne 
   
    jugèrent 
   
    pas 
   
    à 
   
    propos 
   
    de 
   
    se 
   
    diriger 
   
    de 
   
    suite 
   
    vers 
   
    la 
   
    Cité 
   
    Sainte. 
   
    Ils 
   
    voulurent 
   
    alors 
   
    arracher 
   
    aux 
   
    Égyptiens 
   
    la 
   
    fameuse 
   
    forteresse 
   
    de 
   
    Toron, 
   
    située 
   
    sur 
   
    le 
   
    sommet 
   
    d'une 
   
    colline, 
   
    afin 
   
    de 
   
    ne 
   
    point 
   
    les 
   
    laisser 
   
    tout-à-fait 
   
    maîtres 
   
    du 
   
    pays. 
   
    Pendant 
   
    qu'ils 
   
    effectuaient 
   
    cette 
   
    opération, 
   
    les 
   
    factions 
   
    brisèrent 
   
    leurs 
   
    rangs 
   
    et 
   
    ils 
   
    soupçonnèrent 
   
    les 
   
    Templiers 
   
    de 
   
    vouloir 
   
    les 
   
    trahir.
  
 
    
     Alors 
    
     Conrad 
    
     ne 
    
     pensa 
    
     qu'à 
    
     se 
    
     retirer. 
    
     Il 
    
     se 
    
     munit 
    
     des 
    
     provisions 
    
     de 
    
     l'armée 
    
     et 
    
     alla 
    
     se 
    
     réfugier 
    
     dans 
    
     une 
    
     des 
    
     deux 
    
     villes 
    
     fortes 
    
     qui 
    
     appartenaient 
    
     aux 
    
     Chrétiens, 
    
     à 
    
     Ptolémaïs 
    
     et 
    
     à 
    
     Joppé, 
    
     où 
    
     le 
    
     suivirent 
    
     bien 
    
     v
   
    i
    
     te 
    
     beaucoup 
    
     d'autres 
    
     chefs 
    
     de 
    
     son 
    
     armée. 
    
     C'est 
    
     là 
    
     qu'ils 
    
     reçurent 
    
     l'avis 
    
     de 
    
     la 
    
     mort 
    
     de 
    
     l'empereur 
    
     Henri 
    
     VI, 
    
     décédé 
    
     le 
    
     28 
    
     Sept. 
    
     1197. 
    
     Les 
    
     Allemands 
    
     se 
    
     préparèrent 
    
     alors 
    
     à 
    
     retourner 
    
     dans 
    
     leur 
    
     patrie 
    
     et 
    
     ne 
    
     prêtairent 
    
     plus 
    
     l'oreille 
    
     aux 
    
     instances 
    
     des 
    
     autres 
    
     qui 
    
     voulaient 
    
     les 
    
     retenir.
  
 
   
    Quoiqu'ils 
   
    ne 
   
    partirent 
   
    pas 
   
    immédiatement, 
   
    par 
   
    la 
   
    négligence, 
   
    les 
   
    dissensions, 
   
    la 
   
    vie 
   
    de 
   
    plaisir 
   
    des 
   
    généraux 
   
    et 
   
    de 
   
    toute 
   
    l'armée, 
   
    Joppé 
   
    fut 
   
    prise 
   
    par 
   
    les 
   
    Sarrazins, 
   
    le 
   
    11 
   
    Novembre 
   
    1198. 
   
    Les 
   
    Chrétiens 
   
    furent 
   
    massacrés 
   
    en 
   
    grand 
   
    nombre, 
   
    le 
   
    reste 
   
    de 
   
    l'armée 
   
    suivit 
   
    Conrad, 
   
    et 
   
    tous 
   
    s'empressèrent 
   
    de 
   
    s'en 
   
    retourner. 
   
    Conrad 
   
    pendant 
   
    qu'il 
   
    se 
   
    trouvait 
   
    à 
   
    Beyrouth, 
   
    chargea 
   
    l'autre 
   
    Conrad, 
   
    Mittelsbach, 
   
    archevêque 
   
    de 
   
    Mayence 
   
    et 
   
    cardinal 
   
    de 
   
    S. 
   
    Sabine, 
   
    d'aller 
   
    couronner 
   
    roi 
   
    Léon. 
   
    Ce 
   
    cardinal 
   
    occupait 
   
    le 
   
    premier 
   
    rang 
   
    parmi 
   
    les 
   
    autres 
   
    cardinaux.