Léon, 
    
     depuis 
    
     deux 
    
     ans, 
    
     avait 
    
     eu 
    
     deux 
    
     grands 
    
     soucis; 
    
     l'un, 
    
     de 
    
     s'assurer 
    
     d'un 
    
     successeur 
    
     pour 
    
     son 
    
     royaume, 
    
     et 
    
     l'autre 
    
     non 
    
     moins 
    
     grave, 
    
     de 
    
     rendre 
    
     son 
    
     pays 
    
     fort 
    
     pour 
    
     tenir 
    
     tête 
    
     aux 
    
     ennemis 
    
     d'alentour 
    
     et 
    
     les 
    
     repousser, 
    
     en 
    
     leur 
    
     arrachant 
    
     quelque 
    
     lambeau 
    
     de 
    
     territoire 
    
     sur 
    
     leurs 
    
     frontières. 
    
     Il 
    
     les 
    
     considérait 
    
     comme 
    
     des 
    
     intrus 
    
     et 
    
     des 
    
     tyrans 
    
     qui 
    
     avaient 
    
     accaparé 
    
     les 
    
     domaines 
    
     d'autrui 
    
     et 
    
     il 
    
     voulait 
    
     agrandir 
    
     à 
    
     leurs 
    
     dépens 
    
     le 
    
     royaume 
    
     que 
    
     Dieu 
    
     lui 
    
     avait 
    
     donné. 
    
     Malgré 
    
     la 
    
     traînante 
    
     question 
    
     d'Antioche, 
    
     et 
    
     surtout 
    
     la 
    
     querelle 
    
     avec 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     Jean 
    
     qui 
    
     excitait 
    
     contre 
    
     le 
    
     roi 
    
     le 
    
     sultan 
    
     d'Iconie, 
    
     et 
    
     qui 
    
     réussit 
    
     entre 
    
     temps 
    
     à 
    
     s'emparer 
    
     du 
    
     fort 
    
     de 
    
     Pertouce; 
   
    — 
    
     malgré 
    
     tout 
    
     cela, 
    
     Léon 
    
     ne 
    
     laissait 
    
     échapper 
    
     aucune 
    
     occasion 
    
     favorable 
    
     d'assaillir 
    
     et 
    
     de 
    
     repousser, 
    
     tantôt 
    
     avec 
    
     succès, 
    
     tantôt 
    
     avec 
    
     perte 
    
     Khosrovchah 
    
     ou 
    
     Keïkosrow 
    
     qui 
    
     s'était 
    
     emparé 
    
     de 
    
     cette 
    
     forteresse 
    
     de 
    
     Pertouce, 
    
     mais 
    
     qui 
    
     n'avait 
    
     pas 
    
     osé 
    
     s'avancer 
    
     au-delà 
    
     et 
    
     s'approcher, 
    
     à 
    
     l'orient, 
    
     des 
    
     Etats 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     et 
    
     s'était 
    
     dirigé 
    
     à 
    
     l'occident, 
    
     vers 
    
     le 
    
     nouvel 
    
     empire 
    
     grec 
    
     de 
    
     Nicée. 
    
     Lascaris, 
    
     souverain 
    
     de 
    
     cet 
    
     empire, 
    
     qui 
    
     avait 
    
     épousé 
    
     une 
    
     fille 
    
     de 
    
     Roupin, 
    
     frère 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     et 
    
     avait 
    
     reçu, 
    
     peut-être, 
    
     des 
    
     renforts 
    
     du 
    
     roi, 
    
     vint 
    
     à 
    
     la 
    
     rencontre 
    
     du 
    
     sultan 
    
     et 
    
     lui 
    
     livra 
    
     un 
    
     combat 
    
     terrible 
    
     dans 
    
     lequel 
    
     il 
    
     tua 
    
     le 
    
     fier 
    
     Khosrow, 
    
     en 
   
    1209. 
    
     La 
    
     même 
    
     année, 
    
     si 
    
     ce 
    
     ne 
    
     fut 
    
     pas 
    
     avec 
    
     le 
    
     sultan, 
    
     ce 
    
     fut 
    
     avec 
    
     son 
    
     successeur 
    
     nommé 
    
     Uzeddin 
    
     Keïkaous 
    
     que 
    
     Léon 
    
     se 
    
     battit 
    
     au 
    
     mois 
    
     d'Août 
    
     avec 
   
    l'
    
     aide 
    
     des 
    
     Chevaliers 
    
     de 
   
    l'
    
     Hôpital. 
    
     Leur 
    
     Grand 
    
     maître, 
    
     à 
    
     cette 
    
     époque 
    
     Guérin 
    
     de 
    
     Montaigu, 
    
     dont 
    
     nous 
    
     parlions 
    
     plus 
    
     haut, 
    
     se 
    
     trouvait, 
    
     paraît-il, 
    
     à 
    
     ce 
    
     combat. 
    
     Il 
    
     repoussa 
    
     adroitement 
    
     cette 
    
     horde 
    
     nombreuse 
    
     d'ennemis 
    
     et 
    
     leur 
    
     fit 
    
     subir 
    
     des 
    
     pertes 
    
     considérables. 
    
     Léon, 
    
     fort 
    
     joyeux 
    
     de 
    
     cette 
    
     victoire, 
    
     donna 
    
     à 
    
     ses 
    
     alliés, 
    
     par 
    
     acte 
    
     scellé 
    
     de 
    
     son 
    
     propre 
    
     sceau 
    
     et 
    
     de 
    
     celui 
    
     du 
    
     pape 
    
     Innocent, 
    
     la 
    
     ville 
    
     de 
    
     Séleucie, 
    
     les 
    
     forts 
    
     de 
    
     Norperte 
    
     et 
    
     de 
    
     Gamardias, 
    
     qui, 
    
     auparavant, 
    
     comptaient 
    
     parmi 
    
     les 
    
     possessions 
    
     du 
    
     Sébaste 
    
     Henri. 
    
     Il 
    
     leur 
    
     fit 
    
     don, 
    
     en 
    
     même 
    
     temps, 
    
     de 
    
     tout 
    
     le 
    
     territoire 
    
     où 
    
     se 
    
     trouvaient 
    
     ces 
    
     forteresses 
    
     et 
    
     des 
    
     côtes 
    
     de 
    
     la 
    
     mer. 
    
     Léon 
    
     en 
    
     informa 
    
     le 
    
     Pape 
    
     par 
    
     une 
    
     lettre, 
    
     au 
    
     mois 
    
     d'Avril 
   
    1210, 
    
     dans 
    
     laquelle 
    
     il 
    
     fait 
    
     les 
    
     plus 
    
     grands 
    
     éloges 
    
     des 
    
     Chevaliers, 
    
     qu'il 
    
     appelle 
    
     des 
    
     vaillants 
    
     Machabées 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     dit 
    
     mériter 
    
     de 
    
     grandes 
    
     récompenses. 
    
     Outre 
    
     cette 
    
     lettre, 
    
     il 
    
     en 
    
     écrivit 
    
     une 
    
     autre 
    
     au 
    
     mois 
    
     d'Août 
    
     de 
    
     la 
    
     même 
    
     année, 
    
     pour 
    
     annoncer 
    
     au 
    
     Pape 
    
     qu'il 
    
     leur 
    
     avait 
    
     promis 
    
     de 
    
     leur 
    
     donner 
    
     encore 
    
     la 
    
     ville 
    
     de 
    
     Laranda 
    
     qu'il 
    
     méditait 
    
     d'arracher 
    
     aux 
    
     Sarrasins, 
    
     ou 
    
     qu'il 
    
     la 
    
     leur 
    
     laisserait 
    
     prendre 
    
     eux-mêmes.
 
    
     L'année 
    
     suivante, 
    
     en 
   
    1211, 
    
     Léon 
    
     envahit 
    
     encore 
    
     le 
    
     territoire 
    
     de 
    
     Khosrow 
    
     Kaikaouse, 
    
     non 
    
     pas 
    
     tout 
    
     seul, 
    
     mais 
    
     comme 
    
     allié 
    
     de 
    
     l'oncle 
    
     du 
    
     sultan, 
    
     son 
    
     ami 
    
     Doughril-Chah, 
    
     sultan 
    
     lui-même 
    
     de 
    
     Garine 
    
     (Erzéroum). 
    
     Ensemble 
    
     ils 
    
     firent 
    
     le 
    
     siège 
    
     de 
    
     la 
    
     grande 
    
     ville 
    
     de 
    
     Césarée, 
    
     dévastèrent 
    
     les 
    
     frontières 
    
     de 
    
     ses 
    
     dépendances, 
    
     signèrent 
    
     un 
    
     traité 
    
     d'alliance 
    
     et 
    
     revinrent 
    
     chargés 
    
     de 
    
     riches 
    
     présents. 
    
     Le 
    
     Docteur 
    
     Vahram, 
    
     mentionne 
    
     ce 
    
     fait 
    
     dans 
    
     les 
    
     vers 
    
     suivants:
  
 
   
    «Assiégeant 
   
    la 
   
    ville 
   
    de 
   
    Césarée 
   
    avec 
   
    une 
   
    forte 
   
    armée,
  
 
   
    Et 
   
    étant 
   
    sur 
   
    le 
   
    point 
   
    de 
   
    la 
   
    prendre,
  
 
   
    Ils 
   
    reçurent 
   
    une 
   
    somme 
   
    considérable 
   
    d'or
  
 
    
     Et 
    
     passèrent 
    
     un 
    
     traité 
    
     de 
    
     paix 
    
     avec 
    
     le 
    
     sultan
   
    ».
  
 
    
     Un 
    
     autre 
    
     chroniqueur 
    
     va 
    
     plus 
    
     loin; 
    
     il 
    
     dit: 
    
     «qu'ils 
    
     s'emparèrent 
    
     de 
    
     Césarée
   
    ». 
    
     Sempad 
    
     relate 
    
     le 
    
     fait 
    
     plus 
    
     fidèlement: 
   
    «
    
     Ils 
    
     s'emparèrent 
    
     de 
    
     Césarée 
    
     et 
    
     la 
    
     leur 
    
     revendirent
   
    ».
  
 
    
     Pendant 
    
     la 
    
     passation 
    
     du 
    
     traité 
    
     de 
    
     paix, 
    
     Léon 
    
     remit 
    
     une 
    
     lettre 
    
     d'introduction 
    
     à 
    
     Jean 
    
     des 
    
     Josué, 
    
     Catholicos 
    
     Syrien, 
    
     pour 
    
     le 
    
     sultan, 
    
     de 
    
     qui 
    
     le 
    
     Catholicos 
    
     voulait 
    
     obtenir 
    
     la 
    
     permission 
    
     d'étendre 
    
     son 
    
     autorité 
    
     spirituelle 
    
     sur 
    
     les 
    
     religieux 
    
     de 
    
     contrées 
    
     dépendantes 
    
     de 
    
     Césarée.
  
 
    
     Quelques 
    
     années 
    
     auparavant, 
    
     en 
   
    1205, 
    
     lorsque 
    
     Léon, 
    
     pour 
    
     complaire 
    
     au 
    
     Pontife 
    
     romain, 
    
     avait 
    
     abandonné 
    
     la 
    
     ville 
    
     d'Antioche, 
    
     trouvant 
    
     le 
    
     moment 
    
     favorable, 
    
     il 
    
     s'était 
    
     rejeté, 
    
     du 
    
     côté 
    
     du 
    
     fleuve 
    
     Tchahan, 
    
     au-delà 
    
     de 
    
     Marache, 
    
     sur 
    
     la 
    
     ville 
    
     principale 
    
     de 
    
     cette 
    
     contrée 
    
     qu'on 
    
     appelle 
    
     aujourd'hui 
    
     Albistan, 
    
     et 
    
     que 
    
     nos 
    
     historiens 
    
     désignent 
    
     sous 
    
     le 
    
     nom 
    
     d'Ablasda. 
    
     Cette 
    
     ville 
    
     était 
    
     sous 
    
     la 
    
     domination 
    
     d'Uzeddin, 
    
     l'un 
    
     des 
    
     fils 
    
     de 
    
     Klidje-Aslan, 
    
     qui, 
    
     paraît-il, 
    
     s'en 
    
     était 
    
     emparé 
    
     au 
    
     détriment 
    
     de 
    
     son 
    
     frère 
    
     Mélik. 
    
     C'est 
    
     à 
    
     ce 
    
     Mélik 
    
     que 
    
     Léon 
    
     était 
    
     venu 
    
     en 
    
     aide 
    
     à 
    
     la 
    
     mort 
    
     de 
    
     leur 
    
     père, 
    
     lorsque 
    
     ses 
    
     fils 
    
     se 
    
     querellaient 
    
     entre 
    
     eux, 
    
     en 
   
    1192. 
    
     Uzeddin 
    
     avait 
    
     reculé 
    
     les 
    
     frontières 
    
     du 
    
     territoire 
    
     d'Ablasda. 
    
     Cette 
    
     fois, 
    
     Léon, 
    
     brouillé 
    
     avec 
    
     lui, 
    
     envahit 
    
     ces 
    
     possessions 
    
     et, 
    
     sans 
    
     pouvoir 
    
     néanmoins 
    
     s'emparer 
    
     de 
    
     la 
    
     capitale, 
    
     en 
    
     dévasta 
    
     tous 
    
     les 
    
     alentours.
  
 
    
     Ensuite, 
    
     Léon 
    
     ayant 
    
     fait 
    
     la 
    
     paix 
    
     avec 
    
     le 
    
     sultan 
    
     et 
    
     avec 
    
     Antioche, 
    
     sur 
    
     le 
    
     trône 
    
     de 
    
     laquelle 
    
     il 
    
     venait 
    
     de 
    
     faire 
    
     asseoir 
    
     Roupin, 
    
     ne 
    
     resta 
    
     pas 
    
     inactif 
    
     dans 
    
     les 
    
     dernières 
    
     années 
    
     de 
    
     son 
    
     règne: 
    
     on 
    
     l'a 
    
     vu 
    
     occupé 
    
     à 
    
     élever 
    
     et 
    
     à 
    
     restaurer 
    
     des 
    
     forteresses, 
    
     à 
    
     fortifier 
    
     les 
    
     défilés 
    
     des 
    
     montagnes. 
    
     Vahram 
    
     dit:
  
 
   
    «
    
     Il 
    
     éleva 
    
     beaucoup 
    
     de 
    
     châteaux 
    
     forts 
  
 
    
     Dont 
    
     il 
    
     entoura 
    
     la 
    
     Cilicie
   
    ».
  
 
    
     Il 
    
     est 
    
     évident 
    
     qu'il 
    
     dût 
    
     faire 
    
     construire 
    
     de 
    
     hautes 
    
     tours 
    
     pour 
    
     surveiller 
    
     l'ennemi 
    
     et 
    
     donner 
    
     les 
    
     signaux 
    
     d'alarme 
    
     à 
    
     son 
    
     approche. 
    
     Un 
    
     chroniqueur 
    
     assure 
    
     que 
    
     les 
    
     châteaux-forts 
    
     étaient 
    
     munies 
    
     de 
    
     nombre 
    
     de 
    
     cloches 
    
     qui 
    
     s'appelaient 
    
     et 
    
     se 
    
     répondaient 
    
     en 
    
     cas 
    
     d'alerte 
    
     et 
    
     donnaient 
    
     l'éveil 
    
     aux 
    
     troupes. 
    
     Cependant 
    
     ce 
    
     chroniqueur 
    
     ajoute: 
   
    «
    
     Si 
    
     tu 
    
     crois 
    
     cela, 
    
     accepte-le
   
    ». 
    
     Nous 
    
     ajouterons 
    
     à 
    
     notre 
    
     tour, 
    
     que 
    
     les 
    
     signaux 
    
     pouvaient 
    
     fort 
    
     bien 
    
     aussi 
    
     être 
    
     donnés 
    
     par 
    
     des 
    
     feux, 
    
     comme 
    
     cela 
    
     se 
    
     pratiquait 
    
     dans 
    
     ces 
    
     mêmes 
    
     contrées, 
    
     quand 
    
     le 
    
     pays 
    
     était 
    
     sous 
    
     la 
    
     domination 
    
     des 
    
     Grecs.
  
 
    
     Léon 
    
     augmentait 
    
     en 
    
     même 
    
     temps 
    
     le 
    
     nombre 
    
     de 
    
     lieux 
    
     de 
    
     bienfaisance 
    
     et 
    
     les 
    
     couvents; 
    
     il 
    
     leur 
    
     attribuait 
    
     de 
    
     larges 
    
     traitements. 
    
     Outre 
    
     les 
    
     nombreux 
    
     couvents 
    
     qu'il 
    
     fonda, 
    
     disent 
    
     les 
    
     mémorandums, 
   
    «
    
     il 
    
     fit 
    
     construire 
    
     des 
    
     maisons 
    
     de 
    
     refuge 
    
     pour 
    
     les 
    
     pauvres 
    
     et 
    
     des 
    
     maladreries 
    
     pour 
    
     les 
    
     lépreux, 
    
     dont 
    
     il 
    
     fixa 
    
     les 
    
     revenus; 
    
     il 
    
     remplit 
    
     le 
    
     pays 
    
     d'institutions 
    
     de 
    
     charité 
    
     et 
    
     le 
    
     rendit 
    
     semblable 
    
     à 
    
     un 
    
     jardin 
    
     plein 
    
     de 
    
     fruits
   
    ». 
    
     L'auteur 
    
     de 
    
     la 
    
     suite 
    
     de 
    
     l'Histoire 
    
     du 
    
     patriarche 
    
     Michel 
    
     le 
    
     Syrien, 
    
     qui, 
    
     bien 
    
     qu'il 
    
     n'en 
    
     ait 
    
     pas 
    
     été 
    
     le 
    
     témoin 
    
     oculaire, 
    
     vivait 
    
     à 
    
     une 
    
     époque 
    
     peu 
    
     éloignée 
    
     du 
    
     temps 
    
     où 
    
     tout 
    
     ceci 
    
     s'était 
    
     fait, 
    
     nous 
    
     énumère 
    
     en 
    
     peu 
    
     de 
    
     mots 
    
     les 
    
     grands 
    
     actes 
    
     de 
    
     Léon 
    
     et 
    
     nous 
    
     dit: 
   
    «
    
     Léon, 
    
     couronné 
    
     Roi 
    
     des 
    
     Arméniens, 
    
     gouvernait 
    
     son 
    
     pays 
    
     avec 
    
     une 
    
     grande 
    
     sagesse, 
    
     et 
    
     sa 
    
     main 
    
     puissante 
    
     refoulait 
    
     les 
    
     ennemis 
    
     du 
    
     dehors. 
    
     Lorsqu'il 
    
     put 
    
     jouir 
    
     de 
    
     la 
    
     paix, 
    
     il 
    
     fit 
    
     bâtir 
    
     nombre 
    
     de 
    
     couvents 
    
     et 
    
     il 
    
     agrandit 
    
     ceux 
    
     qui 
    
     existaient 
    
     déjà. 
    
     Il 
    
     leur 
    
     allouait 
    
     de 
    
     larges 
    
     rétributions 
    
     et 
    
     leur 
    
     décrétait 
    
     par 
    
     des 
    
     inscriptions, 
    
     des 
    
     villages 
    
     et 
    
     des 
    
     terrains, 
    
     des 
    
     vignes 
    
     et 
    
     des 
    
     champs. 
    
     Il 
    
     leur 
    
     donna 
    
     presque 
    
     toute 
    
     la 
    
     plus 
    
     fertile 
    
     partie 
    
     de 
    
     son 
    
     pays 
    
     et 
    
     il 
    
     augmenta 
    
     leurs 
    
     revenus 
    
     par 
    
     les 
    
     taxes 
    
     sur 
    
     les 
    
     entrées 
    
     par 
    
     mer 
    
     et 
    
     par 
    
     terre. 
    
     Ce 
    
     ne 
    
     furent 
    
     pas 
    
     seulement 
    
     les 
    
     couvents 
    
     de 
    
     ses 
    
     compatriotes 
    
     qu'il 
    
     enrichit 
    
     de 
    
     cette 
    
     manière, 
    
     ce 
    
     furent 
    
     aussi 
    
     ceux 
    
     des 
    
     chrétiens 
    
     d'autres 
    
     langues, 
    
     des 
    
     Syriens, 
    
     des 
    
     Francs, 
    
     des 
    
     Grecs 
    
     et 
    
     des 
    
     Géorgiens. 
    
     Il 
    
     fut 
    
     affable 
    
     envers 
    
     tous, 
    
     il 
    
     comblait 
    
     de 
    
     bienfaits 
    
     les 
    
     prêtres 
    
     réguliers 
    
     et 
    
     séculiers. 
    
     Leurs 
    
     églises 
    
     étaient 
    
     superbes 
    
     et 
    
     ne 
    
     manquèrent 
    
     de 
    
     rien, 
    
     qu'elles 
    
     fussent 
    
     situées 
    
     dans 
    
     des 
    
     endroits 
    
     solitaires 
    
     ou 
    
     dans 
    
     des 
    
     villes. 
    
     Ils 
    
     eurent 
    
     leurs 
    
     revenus 
    
     fixes 
    
     jusqu'à 
    
     ce 
    
     jour. 
    
     Après 
    
     avoir 
    
     vécu 
    
     digne 
    
     de 
    
     tous 
    
     les 
    
     louanges 
    
     de 
    
     tous 
    
     les 
    
     peuples, 
    
     il 
    
     (Léon) 
    
     s'endormit 
    
     dans 
    
     le 
    
     Christ
   
    ».
  
 
   
    Les 
   
    principaux 
   
    couvents 
   
    connus 
   
    comme 
   
    bâtis 
   
    par 
   
    Léon, 
   
    sont 
   
    ceux 
   
    d'Aguenère 
   
    et 
   
    de 
   
    Kaïlou. 
   
    Nous 
   
    en 
   
    avons 
   
    parlé 
   
    dans 
   
    Sissouan.
  
 
    
     Son 
    
     cœur 
    
     de 
    
     fer 
    
     pour 
    
     ses 
    
     adversaires 
    
     et 
    
     les 
    
     ennemis 
    
     de 
    
     son 
    
     pays 
    
     et 
    
     de 
    
     son 
    
     pouvoir, 
    
     était 
    
     fort 
    
     doux 
    
     et 
    
     sensible 
    
     pour 
    
     les 
    
     gens 
    
     de 
    
     religion 
    
     et 
    
     pour 
    
     les 
    
     pauvres. 
    
     On 
    
     dit 
    
     qu'il 
    
     défendit 
    
     sous 
    
     peines 
    
     sévères 
    
     tout 
    
     travail 
    
     les 
    
     jours 
    
     de 
    
     dimanche 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     décréta 
    
     même 
    
     que 
    
     ces 
    
     jours-là 
   
    «
    
     on 
    
     suspendrait 
    
     les 
    
     fonctions 
    
     du 
    
     palais 
    
     et 
    
     les 
    
     jugements 
    
     des 
    
     tribunaux, 
    
     afin 
    
     que 
    
     tous, 
    
     exempts 
    
     d'occupations 
    
     et 
    
     le 
    
     cœur 
    
     libre, 
    
     pussent 
    
     se 
    
     rassembler 
    
     à 
   
    l'
    
     Église 
    
     et 
    
     offrir 
    
     leurs 
    
     prières 
    
     à 
    
     Dieu. 
    
     Il 
    
     ordonna 
    
     aussi 
    
     de 
    
     ne 
    
     se 
    
     saisir 
    
     de 
    
     personne 
    
     le 
    
     dimanche, 
    
     de 
    
     ne 
    
     pas 
    
     exiger 
    
     le 
    
     paiement 
    
     des 
    
     dettes 
    
     et 
    
     de 
    
     ne 
    
     pas 
    
     se 
    
     venger 
    
     des 
    
     crimes
   
    ».
  
 
   
    En 
   
    même 
   
    temps 
   
    qu'il 
   
    fonda 
   
    des 
   
    maisons 
   
    de 
   
    piété 
   
    et 
   
    des 
   
    hôpitaux, 
   
    Léon 
   
    créa 
   
    des 
   
    écoles 
   
    et 
   
    des 
   
    collèges 
   
    pour 
   
    les 
   
    sciences. 
   
    Il 
   
    encouragea 
   
    l'enseignement, 
   
    dans 
   
    les 
   
    couvents 
   
    et 
   
    les 
   
    écoles, 
   
    non 
   
    seulement 
   
    de 
   
    la 
   
    langue 
   
    nationale, 
   
    mais 
   
    encore 
   
    des 
   
    langues 
   
    étrangères 
   
    et 
   
    principalemeut 
   
    des 
   
    langues 
   
    française 
   
    et 
   
    latine, 
   
    car 
   
    il 
   
    avait 
   
    de 
   
    nombreuses 
   
    correspondances 
   
    et 
   
    des 
   
    relations 
   
    avec 
   
    divers 
   
    royaumes 
   
    de 
   
    l'Occident.
  
 
    
     Il 
    
     est 
    
     plus 
    
     que 
    
     probable 
    
     qu'après 
    
     toutes 
    
     les 
    
     nombreuses 
    
     vicissitudes 
    
     que 
    
     le 
    
     pays 
    
     a 
    
     eu 
    
     à 
    
     supporter 
    
     surtout 
    
     dans 
    
     les 
    
     derniers 
    
     temps, 
    
     bien 
    
     des 
    
     souvenirs 
    
     de 
    
     ce 
    
     roi 
    
     si 
    
     puissamment 
    
     intelligent 
    
     ont 
    
     dû 
    
     disparaître. 
    
     Comme 
    
     le 
    
     dernier 
    
     et 
    
     bien 
    
     faible 
    
     souvenir 
    
     qui 
    
     nous 
    
     soit 
    
     resté, 
    
     nous 
    
     citerons 
    
     la 
    
     traduction 
    
     de 
    
     la 
    
     lettre 
    
     de 
    
     Vahan 
    
     ou 
    
     Jean 
   
    l'
    
     évêque, 
    
     qui 
    
     fut 
    
     adressée 
    
     de 
    
     la 
    
     part 
    
     des 
    
     Grecs 
    
     à 
    
     notre 
    
     Catholicos 
    
     Zacharie 
    
     (IX 
    
     siècle), 
    
     à 
    
     propos 
    
     de 
    
     dogmes 
    
     de 
    
     la 
    
     foi. 
    
     Léon 
    
     fit 
    
     traduire 
    
     cette 
    
     lettre 
    
     en 
    
     arménien 
    
     par 
    
     son 
    
     savant 
    
     confesseur, 
    
     le 
    
     docteur 
    
     Grégoire 
    
     de 
    
     Skévra. 
    
     Elle 
    
     témoigne 
    
     de 
    
     l'amour 
    
     des 
    
     lettres 
    
     et 
    
     de 
    
     la 
    
     foi 
    
     de 
    
     Léon, 
    
     car 
    
     elle 
    
     agite 
    
     une 
    
     question 
    
     de 
    
     foi 
    
     touchant 
    
     la 
    
     nature 
    
     de 
    
     Jésus-Christ 
    
     dans 
    
     le 
    
     sens 
    
     catholique.
  
 
    
     Ce 
    
     que 
    
     rapporte 
    
     un 
    
     chroniqueur, 
    
     d'après 
    
     un 
    
     ancien 
    
     auteur, 
    
     a 
    
     peut-être 
    
     été 
    
     écrit 
    
     par 
    
     excès 
    
     de 
    
     zèle, 
    
     mais 
    
     cela 
    
     ne 
    
     s'éloigne 
    
     pas 
    
     des 
    
     mesures 
    
     qu'avait 
    
     prises 
    
     Léon 
    
     et 
    
     de 
    
     tout 
    
     ce 
    
     qu'il 
    
     accomplissait 
    
     en 
    
     vue 
    
     de 
    
     l'instruction. 
   
    «
    
     (Léon) 
    
     fit 
    
     rechercher 
    
     tous 
    
     les 
    
     livres 
    
     du 
    
     monde 
    
     et 
    
     toutes 
    
     leurs 
    
     copies 
    
     et 
    
     les 
    
     fit 
    
     traduire. 
    
     En 
    
     ce 
    
     temps-là 
    
     le 
    
     pays 
    
     de 
    
     Cilicie 
    
     était 
    
     rempli 
    
     de 
    
     savants 
    
     et 
    
     beaucoup 
    
     se 
    
     mirent 
    
     à 
    
     faire 
    
     la 
    
     traduction. 
    
     La 
    
     moitié 
    
     d'entre 
    
     eux 
    
     exécutait 
    
     les 
    
     copies, 
    
     l'autre 
    
     moitié 
    
     les 
    
     enluminures, 
    
     en 
    
     différents 
    
     couleurs. 
    
     Il 
    
     y 
    
     avait 
    
     beaucoup 
    
     de 
    
     relieurs 
    
     et 
    
     d'assembleurs. 
    
     Tous 
    
     étaient 
    
     maîtres 
    
     remarquables, 
    
     comme 
    
     en 
    
     font 
    
     foi 
    
     leurs 
    
     manuscrits 
    
     que 
    
     nous 
    
     possédons 
    
     encore 
    
     à 
    
     présent, 
    
     qui 
    
     s'appellent 
     
      Manuscrits 
     
      de 
     
      Sis 
    
     et 
    
     sont 
    
     très-recherchés
   
    ».
  
 
    
     Ce 
    
     fut 
    
     Léon 
    
     le 
    
     promoteur 
    
     de 
    
     toutes 
    
     ces 
    
     choses 
    
     et 
    
     ses 
    
     successeurs 
    
     l'imitèrent. 
    
     On 
    
     pourrait 
    
     dire 
    
     qu'il 
    
     jeta 
    
     la 
    
     semence 
    
     des 
    
     progrès 
    
     dans 
    
     les 
    
     lettres 
    
     et 
    
     les 
    
     sciences 
    
     qui 
    
     s'accomplirent 
    
     par 
    
     la 
    
     suite 
    
     à 
    
     la 
    
     gloire 
    
     de 
    
     ceux 
    
     qui 
    
     lui 
    
     succédèrent 
    
     et 
    
     à 
    
     la 
    
     gloire 
    
     de 
    
     tout 
    
     le 
    
     pays 
    
     de 
    
     Sissouan. 
    
     Et, 
    
     comme 
    
     le 
    
     temps 
    
     a 
    
     détruit 
    
     presque 
    
     tous 
    
     les 
    
     monuments, 
    
     tous 
    
     ses 
    
     œuvres 
    
     grandioses, 
    
     et 
    
     qu'il 
    
     ne 
    
     nous 
    
     reste 
    
     plus 
    
     que 
    
     quelques 
    
     souvenirs 
    
     littéraires 
    
     qui 
    
     sont 
    
     comme 
    
     des 
    
     rayons 
    
     de 
    
     sa 
    
     splendeur 
    
     arrivés 
    
     jusqu'à 
    
     nous, 
   
    — 
    
     selon 
   
    l'
    
     expression 
    
     du 
    
     chroniqueur 
    
     que 
    
     nous 
    
     venons 
    
     de 
    
     citer, 
   
    — 
    
     nous 
    
     pouvons 
    
     nous 
    
     dire 
    
     que, 
    
     n'eût-il 
    
     fait 
    
     que 
    
     cela, 
    
     Léon 
    
     nous 
    
     a, 
    
     du 
    
     moins, 
    
     légué 
    
     le 
    
     moyen 
    
     d'entrevoir 
    
     la 
    
     grandeur 
    
     du 
    
     génie 
    
     de 
    
     nos 
    
     ancêtres 
    
     et 
    
     leur 
    
     passion 
    
     pour 
    
     la 
    
     littérature. 
    
     C'est 
    
     à 
    
     lui, 
    
     c'est 
    
     à 
    
     Léon 
    
     que 
    
     nous 
    
     devons 
    
     ce 
    
     bonheur 
    
     et 
    
     c'est 
    
     pourquoi 
    
     nous 
    
     pouvons 
    
     le 
    
     nommer 
    
     un 
    
     grand 
    
     bienfaiteur.