Léon le Magnifique premier Roi de Sissouan ou de l'Arménocilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Léon qui était allé au-devant du jeune prince Frédéric et l'avait conduit à Tarse, l'accompagna jusqu'à Mamestia, celui-ci tomba malade. Le Catholicos vint trouver Frédéric qui, remis quelques jours après, s'embarqua à Antioche, d'où il repartit, avec le peu qui lui restait de son innombrable armée, pour activer le long siège de Ptolémaïs (S. t -Jean-d'Acre). Il mourut quelques mois après.

Léon, qui avait remis à un autre temps plus favorable la réalisation de son grand désir, ne chercha plus dès lors qu'à entrer en bonnes relations avec les chefs des Croisés et à gagner leur estime et leur considération. Non seulement il leur fournit des vivres et des troupes auxiliaires, mais il alla en personne trouver le roi de France Philippe II Auguste et le roi Richard d'Angleterre qu'il chercha à intéresser à sa personne et à son peuple.

Il se fit l'allié de Cœur-de-Lion, l'anglais cruel, audacieux et guerrier, et partit avec lui pour Chypre 1, ils mirent en fuite Isaac Comnène qui en avait chassé les Croisés, à peine échappés d'un naufrage, et qui étaient abordés sur cette île. Richard, irrité de ce que Comnène venait de faire, le dépouilla de toute espèce d'autorité et de pouvoir, fit la conquête de l'île et en confia le gouvernement à Guy de Lusignan, qui jeta le fondement de la Dynastie des Rois de Chypre.

Pendant qu'il se trouvait , Richard fit célébrer, le 12 Mai 1191, les pompeuses noces du Lusignan avec la princesse Bérengère de Navarre. Parmi les nombreux princes invités, se trouvait Léon 2 à qui Richard fit de grands présents et abandonna une bonne partie du butin de Comnène. Après cela, Léon s'en revint en Cilicie.

Il est à présumer que c'est à cette époque que Léon courut un grand danger, en effectuant la traversée 3 de Chypre au continent, et auquel il n'échappa que grâce à sa prudence naturelle. «Ses ennemis comprenant qu'ils ne pouvaient le surprendre à terre, lancèrent une quantité de vaisseaux pour le surprendre en mer. Mais Léon en eut connaissance et revint aussitôt à Chypre ... Il prit avec lui des vaisseaux de guerre et s'approcha du guet-apens qu'on lui avait tendu sans doute dans une baie du littoral de l'Asie-Mineure, il chercha sur quel navire pouvait se trouver le commandant, l'aborda avec un vaisseau plus léger et le fit couler avec tout son équipage. Les autres navires ennemis prirent aussitôt le large et portèrent partout, dans les environs et au loin, l'épouvante de Léon».

Aucun autre de nos historiens comme aucun des historiens étrangers ne mentionne ce fait. Pourtant les chroniqueurs de nos jours 4 conviennent que Léon, se trouvait, avec le roi de France et celui d'Angleterre, au siège de Ptolémaïde, Philippe était arrivé le 20 Avril et Richard le 8 Juin 1191. Un auteur allemand, dans son roman, sur la Croisade du duc Louis de Thuringe, après avoir nommé les assiégeants et les personnages qui prirent part à la prise de Ptolémaïde, dit qu'outre les rois d'Allemagne, de Jérusalem et de Chypre, s'y trouvait aussi Léon, qu'il appelle le Roi Lewe, le brave et le courageux en guerre 5.

Or donc, si Léon ne s'y est pas trouvé en personne, ses soldats, du moins, ont pris part à ce long siège qui dura deux années, et dans lequel se passa une suite de faits mémorables de la part des Chrétiens comme de la part des Turcs. Après des succès survinrent des revers qui eurent pour conséquence des massacres épouvantables. Du côté des Chrétiens, les chefs se succédaient l'un à l'autre; quant aux Turcs, c'était toujours le terrible et hardi Salaheddin qui les commandait et tenait tête aux Chrétiens. A la fin, les assiégés désespérés perdirent courage; alors Salaheddin consentit, le 13 Juillet 1191, à évacuer cette ville fortifiée de Ptolémaïde et, par traité conclu en Septembre 1192, il laissa aux Chrétiens une grande partie du littoral Syrien, fit la paix avec les princes et seigneurs qui s'y trouvaient et, en particulier, avec les Antiochiens et les Tripolitains, les seuls qui fussent restés libres et à l'abri de sa tyrannie et auxquels il n'avait accordé pourtant qu'un armistice.

Peu de temps après, Richard partit, laissant l'épouvante parmi les Turcs, mais laissant aussi, parmi les Chrétiens, un renom de déloyauté pour n'avoir pas voulu prolonger la guerre et délivrer la Ville-Sainte des mains des musulmans, ce qui était l'unique but de la Croisade. Richard, avant de s'éloigner, nomma roi de Jérusalem son neveu Henri, duc de Champagne, parce qu'il avait épousé Isabelle 6, veuve de Conrad de Monferrat et héritière de ce royaume.

C'est à cette époque que Léon eut des relations amicales avec lui et avec tous les hommes célèbres de l'Occident qui, quelque temps après intervinrent pour mettre la paix entre lui et le prince d'Antioche, comme nous allons le voir ci-après.

1 M. le Comte de Mas Latrie. (Hist. de Chypre, Livre I. Chap. VIII selon les historiens anglais). Héthoum, notre historien en fait un court récit dans sa Chronologie. «Philippe, roi de France, et Charles, roi d'Angleterre, passèrent, la mer et assiégèrent Ackéa. Après l'arrivée des Anglais, il (Richard) s'empara de l'île de Chypre, du Duc Kyr-Isaac».

2 Marino Sanudo, L. II, pag. 277.

3 Ghiragos qui en parle croit que cet accident est postérieur de bien des années.

4 M. de Mas Latrie partage cette opinion (L. I. pag. 141). «Il avait vécu au milieu d'eux (barons latins) pendant le siège de S. -Jean-d'Acre lors du voyage des Rois de France et d'Angleterre».

5 Un Kunic Lewe der menliche

Von Ubia der lobeliche,

In strite.

Il faut remarquer ce surnom de Ubia, qu'il répète encore autrepart:

Kunic Leo von Ubia

Ouch von der Armenia.

Il a le prendre pour le nom de Roupin, car dans les premières années de la principauté de Léon, le pays de Sissouan s'appelait encore du nom de Roupin.

6 Isabelle était fille du roi Baudouin III, et avait pour grand'mère la fille de Gabriel, prince arménien de Mélitine. La mère d'Isabelle se nommait Agnès; elle était la petite-fille de Josselin, comte d'Edesse et la fille du baron Constance ( Voir page 17 ).