Reprenons
le
cours
de
notre
récit
et
considérons
tout
ce
qui
a
eu
lieu
après
le
retour
de
l'archevêque
de
Sis,
Jean,
de
Ptolémaïs.
Sur
l'avis
du
secrétaire
de
l'empereur
et
du
Pape,
Jean
emmena
avec
lui
un
ou
plusieurs
évêques
qui
firent
partie
de
leur
ambassade.
Ils
s'entretinrent
avec
les
Arméniens,
délibérèrent,
finirent
par
se
mettre
d'accord
et
conclurent
les
traités
vers
la
fin
de
1197
ou
au
commencement
de
1198.
Il
ne
restait
donc
plus
qu'à
préparer
la
solennité
du
couronnement
de
Léon.
Cependant
comme
celui-ci
désirait
que
ce
couronnement
fut
célébré
avec
grandes
pompes
et
grand
appareil,
qu'il
voulait
en
outre
y
inviter
un
grand
nombre
de
personnages
des
lieux
éloignés,
il
me
semble
qu'à
cause
aussi
des
troubles
qui
avaient
éclaté
parmi
les
Croisés
à
Ptolémaïs
et
à
Joppé,
on
fut
obligé
de
reculer
d'une
année
encore
cette
solennité.
Cependant
depuis
1198,
peut-être
même
avant,
Léon
était
roi,
comme
nous
allons
le
voir,
ce
qui
est
une
question
encore
à
résoudre;
car
les
historiens
et
les
chroniqueurs
ne
sont
pas
d'accord
à
ce
sujet.
Nous
qui
les
avons
étudiés
soigneusement
nous
sommes
convaincu
que
la
cérémonie
de
la
réception
des
insignes
royaux
par
Léon
ne
s'est
pas
effectuée
en
une,
mais
en
plusieurs
fois.
D'abord,
comme
il
paraît
incontestable,
Léon
fut
couronné
par
l'empereur
grec
Alexis
Ange
III,
après
l'année
1195;
et
ensuite
par
l'empereur
d'Occident.
S.
t
Nersès
de
Lambroun
qui
mourut
le
14
Juillet
1198,
nous
en
donne
une
preuve
irréfutable,
en
nous
disant
que
le
couronnement
de
Léon
eut
lieu,
dans
la
même
année
à
Tarse:
«L'an
647
(de
l'ère
arménienne),
écrit-il,
Léon
des
Roupéniens
roi
des
Arméniens,
fut
hautement
honoré
par
réception
de
la
couronne . . .
Les
empereurs
de
l'ancienne
et
de
la
nouvelle
Rome
le
couronnèrent
de
pierres
précieuses,
en
l'église
de
Tarse
qui
est
gouvernée
par
notre
indigne
personne».
Nous
savons
d'autre
part
que
Nersès
ne
se
trouvait
pas
parmi
les
convoqués
à
la
grande
et
solennelle
cérémonie
du
couronnement
qui
eut
lieu
plus
tard,
mais
ses
successeurs
(dont
on
cite
les
noms
et
qui
gouvernaient
son
diocèse,
alors
divisé
à
deux,
celui
de
Tarse
et
celui
de
Lambroun),
y
furent
présents;
il
devient
évident
que
la
solennité
que
Nersès
relate
comme
ayant
eu
lieu
à
Tarse,
n'a
pu
avoir
lieu
alors
qu'entre
les
mois
de
Février
et
de
Juillet
de
l'année
1198;
l'année
647
de
l'ère
arménienne
commençant
le
31
Janvier
de
l'année
1198
de
l'ère
vulgaire
et
finissant
le
30
Janvier
1199.
Or
la
grande
solennité
du
couronnement
de
Léon
eut
lieu
après
la
mort
du
Saint,
et
en
cette
même
année
647,
mais
vers
sa
fin
et
précisément
à
la
fête
de
l'Epiphanie;
il
faut
donc
que
ce
soit
le
6
Janvier
1199.
Si
quelqu'un,
prenant
trop
à
la
lettre
les
paroles
de
Nersès,
voulait
entendre
qu'il
s'agit
du
grand
couronnement
de
Léon
par
l'empereur
d'Occident
et
avait
quelque
doute
sur
l'époque
où
il
eut
lieu,
nous
pourrions
lui
répondre
que
Léon
ne
reçut
pas
seulement
la
promesse
d'être
couronné
roi
longtemps
avant
de
l'être,
mais
qu'il
reçut
aussi
longtemps
avant
les
insignes
royaux.
De
même
à
Amaury,
nommé
roi
de
Chypre,
et
qui
avait
demandé
la
couronne
en
même
temps
que
Léon,
c'est-à-dire
en
1195-96,
l'empereur
envoya
d'abord
le
sceptre
et
lui
promit
de
venir
le
couronner
en
personne.
Tombé
malade,
il
remit
cette
couronne
comme
celle
de
Léon
à
son
secrétaire.
Voilà
certainement
comment
il
faut
accepter
ce
fait
et
non
pas
comme
on
l'a
cru
jusqu'à
présent.
Si
l'on
n'y
prête
pas
une
attention
sérieuse
on
croit
que
cette
solennité
a
eu
lieu
en
Janvier
1198,
car
tous
nos
historiens
semblent
s'être
copiés
et
les
chroniqueurs
étrangers
ont
fait
de
même.
Mais
nous
possédons,
comme
preuves,
les
lettres
de
remerciement
du
Roi
et
du
Catholicos
envoyées
au
pape
Innocent
III.
Ces
lettres
sont
datées
du
mois
de
Mai
1199.
On
ne
pourrait
donc
pas
en
reculer
de
16
mois,
si
les
fêtes
du
couronnement
eussent
eu
lieu
au
commencement
de
1198.
Héthoum,
frère
de
Nersès,
avance
d'un
an
le
couronnement
de
Léon,
dans
sa
traduction
de
la
Chronologie
des
Empereurs
de
Rome
et
s'exprime
en
ces
termes
au
sujet
de
Henri
VI,
qu'il
écrit
Henri
V:
«Celui-ci,
la
septième
année
de
son
règne,
honora
de
la
couronne,
Léon,
fils
de
Stéphané
des
Roupéniens,
par
le
grand
Archevêque
de
Mayence;
il
le
fit
roi
de
tous
les
Arméniens
et
des
provinces
de
Cilicie
et
d'Isaurie
et
reconstitua,
en
646,
le
royaume
de
l'Arménie
qui
était
déchu
depuis
bien
des
années».
Selon
ce
que
rapporte
Héthoum
du
couronnement
de
Léon;
cette
cérémonie
aura
eu
lieu
entre
le
mois
de
Juillet
1197
et
le
mois
de
Janvier
1198,
mais
la
venue
de
l'Archevêque
de
Mayence
ne
coincide
pas
avec
cette
époque.
Héthoum
a
donc
dû
confondre
ensemble
les
deux,
solennités;
c'est-à-dire
qu'il
n'en
a
fait
qu'une
de
la
première
et
de
la
deuxième
ou
même
do
la
troisième
plus
pompeuse
encore.
Ou
pourrait
croire
encore
que
la
première
fois,
Léon
reçut
seulement
la
couronne
et
que
lui-même
se
la
mit
au
front
non
sans
quelque
solennité,
et
que
ce
n'est
qu'ensuite
que
le
couronnement
fut
fait
avec
grandes
pompes
et
grand
appareil;
ce
serait
alors
seulement
que
la
cérémonie
du
Sacre
aurait
eu
lieu.
Et
c'est
ce
que
veut
dire
une
mémoire
de
l'historien
royal
qui
écrit
qu'en
645
(1196-7)
l'Empereur
des
Grecs
envoya
une
couronne
à
Léon
et
qu'en
646,
l'archeveque
Jean
alla
en
ambassade
à
Ptolémaïs
et
ramena
avec
lui
l'archevêque
latin
et
«qu'en
647,
au
mois
de
Janvier,
le
jour
de
l'Epiphanie,
ils
sacrèrent
Léon,
roi
d'Arménie,
à
l'obéissance
de
l'Église
Romaine
et
de
l'Empereur
des
Allemands».
Nous
avons
déjà
dit
en
quoi
consistait
l'obéissance
au
Pontife
romain,
quant
à
celle
à
l'Empereur,
elle
n'était
que
de
nom.
C'eût
été
pour
nous
un
bonheur
de
pouvoir
raconter
avec
tous
les
détails
comment
Léon
parvint
au
but
de
ses
désirs,
après
dix
ans
d'attente
et
de
promesses
données
de
toutes
parts.
L'historien
Guiragos
qui
écrivait
longtemps
après
que
ce
grand
fait
s'accomplit,
nous
dit
brièvement
que:
«Il
se
tint
une
immense
assemblée
de
généraux
et
de
miliciens
de
toutes
les
nations
et
de
tous
les
peuples;
qu'on
y
voyait
le
patriarche-métropolite
grec
qui
siègeait
à
Tarse,
le
Catholicos-Mafran
des
Syriens
qui
siègeait
au
monastère
de
Barsume,
sur
la
frontière
de
Mélitine,
et
le
Catholicos
arménien
avec
tous
ses
Evêques.
L'on
couronna
Léon
et
tous
les
peuples
des
alentours
vinrent
lui
apporter
des
présents».
L'historien
de
la
Cilicie,
cite
les
grands
personnages
du
pays
de
Léon
par
leurs
noms,
c'est-à-dire
les
Evêques
et
les
Barons.
Tout
fier
et
tout
heureux
de
la
prospérité
et
de
la
joie
de
sa
patrie,
il
omet
les
noms
des
Etrangers.
C'est
à
lui
cependant
que
nous
sommes
redevables
de
savoir
les
noms
de
nos
Barons
et
de
leurs
possessions,
de
près
de
soixante-dix
châteaux
et
de
places
fortifiées,
aussi
bien
que
les
quatorze
Archevêques
et
Evêques
de
Sissouan,
y
compris
ceux
d'Antioche
et
de
Jérusalem.
Nous
croyons
être
agréable
aux
lecteurs
en
donnant
ici
la
liste
des
personnes
et
des
lieux
telle
que
l'a
faite
1'historien.
Voici
ce
qu'il
écrit:
«Or,
nous
devons
dire
à
présent
comment
florissait
notre
maison
arménienne
au
temps
de
Léon,
et
nommer
les
Evêques
et
les
Barons
dont
se
glorifiait
le
pays
de
Cilicie.
Je
vais
donner
leurs
noms
ici:
Monseigneur
David
archevêque
de
Mamestie,
et
Abbé
du
saint
Couvent
de
Arkagaghine
(Les
Noisettes).
Mons.
Grégoris
archevêque
de
Gaban
et
Abbé
de
Aréki.
Mons.
Jean
archevêque
de
Sis
et
Abbé
de
Trazargue.
Mons.
Minas
archevêque
de
la
S.
te
Ville,
Jérusalem.
Mons.
Joseph
archevêque
d'Antioche
et
Abbé
du
couvent
des
Josué.
Mons.
Constantin
archevêque
d'Anazarbe
et
Abbé
de
Castalon.
Mons.
Vartan
archevêque
de
Lambroun
et
Abbé
de
Skévra.
Mons.
Etienne
archevêque
de
Tarse
et
Abbé
de
Melidge.
Mons.
Thoros
évêque
de
Séleucie.
Mons.
Dieudonné
évêque
de
Medzakar.
(Grand
rocher).
Mons.
Jean
évêque
de
Sanvélantz.
Mons.
Georges
évêque
de
S.
André.
Mons.
Constantin
évêque
des
S.
Jean.
Mons.
Grégoire
évêque
des
Philippe.
Mons.
Etienne
évêque
de
Pertouce.
Le
Seigneur
de
Baghras,
Adan.
Le
Seigneur
de
Dgighère,
Hoste.
Le
Seigneur
de
Hamouss,
Arevekouyne.
Le
Seigneur
de
Sarvantave,
Sempad.
Le
Seigneur
de
Haroun,
Léon.
Le
Seigneur
de
Simana-cla,
Sirouhi.
Le
Seigneur
de
Ané,
Henri.
Le
Seigneur
de
Goudafe,
le
Connétable
Aboulgharib.
Le
Seigneur
de
Engouzoud
(Les
Noyers),
Baudouin.
Le
Seigneur
de
Torenga,
Etienne.
Le
Seigneur
de
Pertouce,
Léon
et
Grégoire.
Le
Seigneur
de
Gantchi,
Achod.
Le
Seigneur
de
Fornauce,
Aboulgharib.
Le
Seigneur
de
Gaban,
Tancrède.
Le
Seigneur
de
Djandji,
Constantin.
Le
Seigneur
de
Schoghagan,
Geoffroy.
Le
Seigneur
de
Mazod-Khatche,
Simon.
Le
Seigneur
de
Till,
Robert.
Le
Seigneur
de
Tilsab,
Thoros.
Le
Seigneur
de
Vaner,
le
Maréchal
Vassil.
Le
Seigneur
de
Partzer-perte
(Haute
forteresse),
Georges.
Le
Seigneur
de
Gobidara,
Constantin.
Le
Seigneur
de
Molévon,
Ajaros.
Le
Seigneur
de
Gouglag,
Sempad.
Le
Seigneur
de
Lambroun,
Héthoum.
Le
Seigneur
de
Loulva,
Schahenchah.
Le
Seigneur
de
Babéron,
Pagouran.
Le
Seigneur
de
Asgouras,
Vassagh.
Le
Seigneur
de
Manash,
Héthoum.
Le
Seigneur
de
Pertig
(Petit
fort),
Michel.
Le
Seigneur
de
Bragana,
Tigrane.
Le
Seigneur
de
Sivile,
Ochine.
Le
Seigneur
de
Coricos,
Simon.
Le
Seigneur
de
S
é
leucie
et
de
Bounard,
Constance.
Le
Seigneur
de
Sinide
et
de
Govasse,
Romanos.
Le
Seigneur
de
Vède
et
de
Vériski,
Nicéphore.
Le
Seigneur
de
Lauzade
et
Timidoupolis,
Christophore.
Le
Seigneur
de
Manion,
de
Lamos,
de
Germanic
æ
et
Anamour,
Halgam.
Le
Seigneur
de
Nor-perte
(Château
nouveau)
et
de
Goumardias,
le
Sébaste
Henri.
Le
Seigneur
de
Antouchezda
et
de
Gouba,
Baudouin.
Le
Seigneur
de
Maghva
de
Sig
et
de
Paleopolis,
Kyr
Sag
(Isaac
).
Le
Seigneur
de
Manoughade
et
Alare,
Michel.
Le
Seigneur
de
Lagravène,
Constance
et
Nicéphore.
Le
Seigneur
de
Calanonoos,
Aïjoudabe,
Sainte
Sophie
et
Naghlon,
Kyr
Varte».
Parmi
les
Evêques
que
notre
historien
a
placés
avant
les
laïques,
ils
s'en
trouvaient,
sans
aucun
doute,
encore
d'autres
venus
de
la
Grande
Arménie
par
invitation.
Guiragos
dit
que
tous
ne
purent
s'y
rendre,
mais
parmi
ceux
qui
arrivèrent,
il
cite
Ananie,
évêque
de
Sébaste.
Un
autre
chroniqueur
cite
à
son
tour
Etienne,
appelé
Diratzou
(le
Clerc)
Archevêque
de
Vandosp,
dont
S.
Nerses
fait
quelque
part
un
grand
éloge
et
dit
qu'il
méritait
bien
l'honneur
qui
lui
fut
fait.
Ce
Diratzou,
invité
par
le
Catholicos
à
Romcla,
sans
prendre
garde
à
sa
vieillesse,
se
rendit
chez
lui
et
de
là,
selon
ce
qu'écrivit
son
compagnon
de
voyage,
le
docteur
Jacques:
«On
proposa
à
mon
maître
et
au
Catholicos
d'Arménie
une
autre
route
à
prendre.
Ils
allaient
chez
Léon
qui
les
avait
appelés.
Léon,
qui
avait
repris
le
nom
de
Roi
et
la
pourpre
auguste
et
brillante
que
les
Arméniens
possédaient
autrefois,
mais
dont
ils
avaient
été
dépouillés
depuis
longtemps,
fut
oint,
à
l'instar
du
Grand
Tiridate,
avec
le
consentement
du
vaillant
peuple
des
Grecs,
(au
lieu
de
dire
des
Francs
ou
Latins)
qui
lui
apportèrent
la
couronne
surmontée
d'une
croix.
Léon
fit
venir
en
grande
pompe
le
Seigneur
Spirituel,
Grégoire,
pour
le
sacrer
avec
la
sainte
huile
purifiante
et
couronner
son
front
du
signe
de
la
croix.
Le
Seigneur
Spirituel
emmena
avec
lui
mon
maître...
etc.
»
Il
est
certain
aussi
que
le
Catholicos
emmena
avec
lui
les
évêques
de
sa
maison
patriarcale,
les
grands
docteurs
et
les
ministres
et
tout
le
clergé
de
Sissouan,
afin
de
donner
plus
d'éclat
à
la
plus
grande
des
solennités
qu'aient
jamais
vues
les
Armeniens,
depuis
qu'ils
ne
voyaient
plus
sacrer
de
rois.
Le
Docteur
Vahram
dit
dans
son
poème:
«Alors
les
Arméniens
assemblés
Vinrent
en
la
ville
de
Tarse,
Le
Catholicos
qui
en
faisait
partie
Y
réunit
tout
le
clergé,
Et
consacra,
selon
le
rite,
Léon,
Roi
de
la
maison
do
Torgom,
Le
fit
monter
sur
le
trône,
etc».
Nos
historiens
disent
que
c'est
notre
Catholicos
qui
effectua
le
sacre
royal.
Il
en
devait
être
ainsi,
et
ceci
ne
devrait
faire
élever
aucun
doute.
Mais
les
étrangers,
comme
nous
l'avons
déjà
dit,
prétondent
que
ce
fut
Conrad,
archevêque
de
Mayence
et
légat
du
secrétaire
de
l'Empereur,
parce
que
cela
lui
revenait
de
droit
comme
étant
le
représentant
du
Pape,
dont
il
était
le
doyen
et
le
plus
distingué
des
Cardinaux.
Il
est
vrai
que
c'est
celui-ci
qui
présenta
à
Léon
les
insignes
royaux
et
la
couronne,
mais
c'est
le
Catholicos
Grégoire
Abirad
qui
bénit
et
oignit
le
front
royal
de
Léon...
Mais
où
était
alors
cette
troisième
main
qui
combla
Léon
de
bénédictions,
la
main
de
celui
qui,
pendant
l'espace
de
douze
années,
ne
se
s
é
para
jamais
de
l'intrépide
prince
des
Arméniens,
et
qui,
avait
nourri
depuis
longtemps
l'espoir
de
voir
Léon
sur
le
trône
royal?
Où
était
cette
voix
brûlante
qui,
pendant
vingt-cinq
années,
retentit
sous
les
voûtes
de
l'église
de
Tarse?
Et
pourquoi
donc
cette
bouche
sublime
ne
se
fit-elle
pas
entendre
alors,
quand
elle
aurait
tant
ajouté;
à
la
splendeur
de
cette
fête
si
solennelle,
quand
elle
aurait
légué
à
la
postérité,
à
cette
occasion,
un
discours
encore
plus
magnifique? . . .
Hélas!
C'est
la
loi
des
choses
humaines
de
laisser
souvent
inachevée
une
entreprise
généreuse
et
d'arrêter
soudain
les
élans
d'une
joie
légitime!
Notre
cher
Nersès
de
Lambroun,
l'ami
préféré
de
Léon,
l'homme
à
la
langue
de
feu
et
au
cœur
d'or,
avait
été
rappelé
au
Ciel
depuis
six
mois.
Qui
sait
si
à
l'heure
où
l'huile
sacrée
allait
être
répandue
sur
le
front
du
nouveau
roi,
ses
pieux
ossements
n'ont
point
tressailli
dans
leur
tombe
de
Skévra!
Oh!
je
veux
me
figurer
que
lorsque
l'innombrable
multitude
qui
était
au
couronnement
de
Léon
s'écria:
Vive
le
Saint
Roi!
Nersès,
du
haut
des
cieux,
planant
sur
cette
foule,
répondit:
Que
la
paix
soit
avec
vous!
Qui
sait
si
les
traits
du
visage
de
ce
grand
Saint
peints
sur
les
murs
de
l'Église
n'attiraient
pas
les
regards
de
cette
immense
assistance,
à
mesure
qu'avançait
l'office
de
ce
sacre
qu'il
avait
traduit
lui-m
ê
me
du
latin,
le
cœur
plein
d'espérance!
O
grand
Saint,
ton
espérance
n'a
pas
été
déçue!
Tu
étais
là
quand
même
à
l'heure
où
la
couronne
royale
était
déposée
sur
le
front
du
souverain
ton
parent.
Les
belles
paroles
que
tu
as
écrites
de
ta
main
pour
le
sacre
de
Léon
se
firent
entendre
plus
harmonieuses
dans
le
temple
de
S.
te
Sophie,
ta
cathédrale.
Nous-mêmes,
après
tant
de
siècles
écoulés,
tant
de
faits
éloignés,
nous
voulons
te
rendre
hommage
en
les
retraçant
ici
comme
l'un
des
plus
beaux
monuments
que
nous
ont
légués
les
temps
disparus
!
Dans
la
Série
des
Canons
du
Rituel
de
l'Église
Romaine,
S.
Nersès
avait
traduit
aussi
celui
de
la
Cérémonie
du
Sacre
de
l'Empereur
de
Rome,
«le
plus
haut
de
tous
les
rois»,
ainsi
qu'il
est
dit
de
lui
à
l'en-tête
du
Canon.
Dans
sa
traduction
du
texte,
le
Saint
écrivain,
plaisantant,
dit:
«Lis
ceci,
toi,
si
tu
dois
être
le
haut
dignitaire
chargé
de
sacrer
l'Empereur,
dans
la
grande
ville
de
Rome;
sinon,
tu
n'auras
que
la
satisfaction
d'en
avoir
eu
connaissance,
comme
moi-même
le
traducteur».
Le
Sacre
ordonnait
huit
jours
de
fêtes,
mais
ces
fêtes
du
couronnement
de
Léon
durèrent
longtemps
encore,
car
la
joie
était
sans
limite
pour
le
peuple
arménien
qui
retrouvait
un
Roi,
qui
sentait
que
Léon
allait
enfin
rétablir
les
fondements
d'un
royaume
d'Arménie.
Voici
les
réflexions
de
notre
historien
à
ce
sujet,
après
avoir
décrit
la
cérémonie
du
sacre:
«Il
y
eut
une
grande
joie
dans
toute
la
nation
arménienne,
en
voyant
de
nouveau
rétabli
leur
royaume
par
Léon,
le
magnifique
et
pieux
Roi.
»
L'écrivain
qui
continua
la
chronique
de
Samuel
d'Ani
ne
manque
pas
de
noter
aussi
ce
grand
fait.
Comme
les
Chroniqueurs
ne
pouvaient
insérer
dans
leurs
annales
que
quelques
lignes,
ils
rendent
grâces
à
Dieu
et
s'écrient:
«Bénédiction,
louanges
et
grands
remerciements
du
fond
de
nos
cœurs
à
la
mis
é
ricorde
de
Dieu
qui
eut
pitié
de
nous
et
qui
nous
releva,
nous
qui
étions
abattus
et
perdus,
en
nous
accordant
un
roi
de
notre
nation,
Léon
fils
de
Stéphan
é,
l'homme
pieux
et
aimant
Christ,
le
guerrier
aux
combats
qui
rehausse
la
gloire
de
l'Église.
Célébrons
ce
grand
jour
à
l'Autel
et
louons
le
Seigneur».
D'autres
historiens
encore
mêlent
leurs
louanges
à
Léon
à
l'expression
de
la
joie
nationale,
tels
que
Hétoum,
Guiragos
et
Vartan.
Ce
dernier,
après
avoir
décrit
aussi
la
cérémonie
du
Sacre,
ajoute
pour
Léon:
«Il
était
magnanime
et
victorieux
et
dominait
tous
les
peuples
d'alentour
dont
il
avait
fait
ses
tributaires.
»
J'entends
par
magnanimité
cette
générosité
de
Léon
plus
encore
de
cœur
que
de
main,
qui
fit
enrichir
les
barons
et
les
vassaux,
qui
lui
fit
faire
tant
de
donations
aux
églises
et
aux
couvents,
qui
lui
fit
combler
les
ecclésiastiques
de
privilèges.
Combien
de
présents
n'offrit-il
pas
à
ses
hôtes
qu'il
avait
invités
ou
qui
vinrent
lui
rendre
visite
de
leur
propre
volonté,
tels
que
les
Princes
francs,
quel
que
fût
leur
rang,
et
parmi
lesquels
se
trouvèrent
probablement
celui
d'Antioche,
le
roi
de
Chypre,
les
ambassadeurs
de
divers
royaumes
de
l'Occident
et
les
représentants
des
Républiques
italiennes.