Léon le Magnifique premier Roi de Sissouan ou de l'Arménocilicie

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  Reprenons le cours de notre récit et considérons tout ce qui a eu lieu après le retour de l'archevêque de Sis, Jean, de Ptolémaïs. Sur l'avis du secrétaire de l'empereur et du Pape, Jean emmena avec lui un ou plusieurs évêques qui firent partie de leur ambassade. Ils s'entretinrent avec les Arméniens, délibérèrent, finirent par se mettre d'accord et conclurent les traités vers la fin de 1197 ou au commencement de 1198. Il ne restait donc plus qu'à préparer la solennité du couronnement de Léon. Cependant comme celui-ci désirait que ce couronnement fut célébré avec grandes pompes et grand appareil, qu'il voulait en outre y inviter un grand nombre de personnages des lieux éloignés, il me semble qu'à cause aussi des troubles qui avaient éclaté parmi les Croisés à Ptolémaïs et à Joppé, on fut obligé de reculer d'une année encore cette solennité. Cependant depuis 1198, peut-être même avant, Léon était roi, comme nous allons le voir, ce qui est une question encore à résoudre; car les historiens et les chroniqueurs ne sont pas d'accord à ce sujet. Nous qui les avons étudiés soigneusement nous sommes convaincu que la cérémonie de la réception des insignes royaux par Léon ne s'est pas effectuée en une, mais en plusieurs fois 1. D'abord, comme il paraît incontestable, Léon fut couronné par l'empereur grec Alexis Ange III, après l'année 1195; et ensuite par l'empereur d'Occident. S. t Nersès de Lambroun qui mourut le 14 Juillet 1198, nous en donne une preuve irréfutable, en nous disant que le couronnement de Léon eut lieu, dans la même année à Tarse: «L'an 647 (de l'ère arménienne), écrit-il, Léon des Roupéniens roi des Arméniens, fut hautement honoré par réception de la couronne . . . Les empereurs de l'ancienne et de la nouvelle Rome le couronnèrent de pierres précieuses, en l'église de Tarse qui est gouvernée par notre indigne personne». Nous savons d'autre part que Nersès ne se trouvait pas parmi les convoqués à la grande et solennelle cérémonie du couronnement qui eut lieu plus tard, mais ses successeurs (dont on cite les noms et qui gouvernaient son diocèse, alors divisé à deux, celui de Tarse et celui de Lambroun), y furent présents; il devient évident que la solennité que Nersès relate comme ayant eu lieu à Tarse, n'a pu avoir lieu alors qu'entre les mois de Février et de Juillet de l'année 1198; l'année 647 de l'ère arménienne commençant le 31 Janvier de l'année 1198 de l'ère vulgaire et finissant le 30 Janvier 1199.

Or la grande solennité du couronnement de Léon eut lieu après la mort du Saint, et en cette même année 647, mais vers sa fin et précisément à la fête de l'Epiphanie; il faut donc que ce soit le 6 Janvier 1199.

Si quelqu'un, prenant trop à la lettre les paroles de Nersès, voulait entendre qu'il s'agit du grand couronnement de Léon par l'empereur d'Occident et avait quelque doute sur l'époque il eut lieu, nous pourrions lui répondre que Léon ne reçut pas seulement la promesse d'être couronné roi longtemps avant de l'être, mais qu'il reçut aussi longtemps avant les insignes royaux. De même à Amaury, nommé roi de Chypre, et qui avait demandé la couronne en même temps que Léon, c'est-à-dire en 1195-96, l'empereur envoya d'abord le sceptre et lui promit de venir le couronner en personne. Tombé malade, il remit cette couronne comme celle de Léon à son secrétaire 2.

Voilà certainement comment il faut accepter ce fait et non pas comme on l'a cru jusqu'à présent. Si l'on n'y prête pas une attention sérieuse on croit que cette solennité a eu lieu en Janvier 1198, car tous nos historiens semblent s'être copiés et les chroniqueurs étrangers ont fait de même. Mais nous possédons, comme preuves, les lettres de remerciement du Roi et du Catholicos envoyées au pape Innocent III. Ces lettres sont datées du mois de Mai 1199. On ne pourrait donc pas en reculer de 16 mois, si les fêtes du couronnement eussent eu lieu au commencement de 1198.

Héthoum, frère de Nersès, avance d'un an le couronnement de Léon, dans sa traduction de la Chronologie des Empereurs de Rome et s'exprime en ces termes au sujet de Henri VI, qu'il écrit Henri V: «Celui-ci, la septième année de son règne, honora de la couronne, Léon, fils de Stéphané des Roupéniens, par le grand Archevêque de Mayence; il le fit roi de tous les Arméniens et des provinces de Cilicie et d'Isaurie et reconstitua, en 646, le royaume de l'Arménie qui était déchu depuis bien des années» 3.

Selon ce que rapporte Héthoum du couronnement de Léon; cette cérémonie aura eu lieu entre le mois de Juillet 1197 et le mois de Janvier 1198, mais la venue de l'Archevêque de Mayence ne coincide pas avec cette époque 4. Héthoum a donc confondre ensemble les deux, solennités; c'est-à-dire qu'il n'en a fait qu'une de la première et de la deuxième ou même do la troisième plus pompeuse encore. Ou pourrait croire encore que la première fois, Léon reçut seulement la couronne et que lui-même se la mit au front non sans quelque solennité, et que ce n'est qu'ensuite que le couronnement fut fait avec grandes pompes et grand appareil; ce serait alors seulement que la cérémonie du Sacre aurait eu lieu. Et c'est ce que veut dire une mémoire de l'historien royal qui écrit qu'en 645 (1196-7) l'Empereur des Grecs envoya une couronne à Léon et qu'en 646, l'archeveque Jean alla en ambassade à Ptolémaïs et ramena avec lui l'archevêque latin et «qu'en 647, au mois de Janvier, le jour de l'Epiphanie, ils sacrèrent Léon, roi d'Arménie, à l'obéissance de l'Église Romaine et de l'Empereur des Allemands». Nous avons déjà dit en quoi consistait l'obéissance au Pontife romain, quant à celle à l'Empereur, elle n'était que de nom.

C'eût été pour nous un bonheur de pouvoir raconter avec tous les détails comment Léon parvint au but de ses désirs, après dix ans d'attente et de promesses données de toutes parts. L'historien Guiragos qui écrivait longtemps après que ce grand fait s'accomplit, nous dit brièvement que: «Il se tint une immense assemblée de généraux et de miliciens de toutes les nations et de tous les peuples; qu'on y voyait le patriarche-métropolite grec qui siègeait à Tarse, le Catholicos-Mafran des Syriens qui siègeait au monastère de Barsume, sur la frontière de Mélitine, et le Catholicos arménien avec tous ses Evêques. L'on couronna Léon et tous les peuples des alentours vinrent lui apporter des présents». L'historien de la Cilicie, cite les grands personnages du pays de Léon par leurs noms, c'est-à-dire les Evêques et les Barons. Tout fier et tout heureux de la prospérité et de la joie de sa patrie, il omet les noms des Etrangers. C'est à lui cependant que nous sommes redevables de savoir les noms de nos Barons et de leurs possessions, de près de soixante-dix châteaux et de places fortifiées, aussi bien que les quatorze Archevêques et Evêques de Sissouan, y compris ceux d'Antioche et de Jérusalem.

Nous croyons être agréable aux lecteurs en donnant ici la liste des personnes et des lieux telle que l'a faite 1'historien. Voici ce qu'il écrit:

«Or, nous devons dire à présent comment florissait notre maison arménienne au temps de Léon, et nommer les Evêques et les Barons dont se glorifiait le pays de Cilicie. Je vais donner leurs noms ici:

Monseigneur David archevêque de Mamestie, et Abbé du saint Couvent de Arkagaghine (Les Noisettes).

Mons. Grégoris archevêque de Gaban et Abbé de Aréki.

Mons. Jean archevêque de Sis et Abbé de Trazargue.

Mons. Minas archevêque de la S. te Ville, Jérusalem.

Mons. Joseph archevêque d'Antioche et Abbé du couvent des Josué.

Mons. Constantin archevêque d'Anazarbe et Abbé de Castalon.

Mons. Vartan archevêque de Lambroun et Abbé de Skévra.

Mons. Etienne archevêque de Tarse et Abbé de Melidge.

Mons. Thoros évêque de Séleucie.

Mons. Dieudonné évêque de Medzakar. (Grand rocher).

Mons. Jean évêque de Sanvélantz.

Mons. Georges évêque de S. André.

Mons. Constantin évêque des S. Jean.

Mons. Grégoire évêque des Philippe.

Mons. Etienne évêque de Pertouce.

Le Seigneur de Baghras, Adan.

Le Seigneur de Dgighère, Hoste.

Le Seigneur de Hamouss, Arevekouyne.

Le Seigneur de Sarvantave, Sempad.

Le Seigneur de Haroun, Léon.

Le Seigneur de Simana-cla, Sirouhi.

Le Seigneur de Ané, Henri.

Le Seigneur de Goudafe, le Connétable Aboulgharib.

Le Seigneur de Engouzoud (Les Noyers), Baudouin.

Le Seigneur de Torenga, Etienne.

Le Seigneur de Pertouce, Léon et Grégoire.

Le Seigneur de Gantchi, Achod.

Le Seigneur de Fornauce, Aboulgharib.

Le Seigneur de Gaban, Tancrède.

Le Seigneur de Djandji, Constantin.

Le Seigneur de Schoghagan, Geoffroy.

Le Seigneur de Mazod-Khatche, Simon 5.

Le Seigneur de Till, Robert.

Le Seigneur de Tilsab, Thoros.

Le Seigneur de Vaner, le Maréchal Vassil.

Le Seigneur de Partzer-perte (Haute forteresse), Georges.

Le Seigneur de Gobidara, Constantin.

Le Seigneur de Molévon, Ajaros.

Le Seigneur de Gouglag, Sempad.

Le Seigneur de Lambroun, Héthoum.

Le Seigneur de Loulva, Schahenchah.

Le Seigneur de Babéron, Pagouran.

Le Seigneur de Asgouras, Vassagh.

Le Seigneur de Manash, Héthoum.

Le Seigneur de Pertig (Petit fort), Michel.

Le Seigneur de Bragana, Tigrane.

Le Seigneur de Sivile, Ochine 6.

Le Seigneur de Coricos, Simon.

Le Seigneur de S é leucie et de Bounard, Constance.

Le Seigneur de Sinide et de Govasse, Romanos 7.

Le Seigneur de Vède et de Vériski, Nicéphore 8.

Le Seigneur de Lauzade et Timidoupolis, Christophore.

Le Seigneur de Manion, de Lamos, de Germanic æ 9 et Anamour, Halgam.

Le Seigneur de Nor-perte (Château nouveau) et de Goumardias, le Sébaste Henri 10.

Le Seigneur de Antouchezda et de Gouba, Baudouin.

Le Seigneur de Maghva de Sig et de Paleopolis, Kyr Sag (Isaac ).

Le Seigneur de Manoughade et Alare, Michel.

Le Seigneur de Lagravène, Constance et Nicéphore 11.

Le Seigneur de Calanonoos, Aïjoudabe, Sainte Sophie et Naghlon, Kyr Varte» 12.

Parmi les Evêques que notre historien a placés avant les laïques, ils s'en trouvaient, sans aucun doute, encore d'autres venus de la Grande Arménie par invitation. Guiragos dit que tous ne purent s'y rendre, mais parmi ceux qui arrivèrent, il cite Ananie, évêque de Sébaste. Un autre chroniqueur cite à son tour Etienne, appelé Diratzou (le Clerc) Archevêque de Vandosp, dont S. Nerses fait quelque part un grand éloge et dit qu'il méritait bien l'honneur qui lui fut fait. Ce Diratzou, invité par le Catholicos à Romcla, sans prendre garde à sa vieillesse, se rendit chez lui et de , selon ce qu'écrivit son compagnon de voyage, le docteur Jacques: «On proposa à mon maître et au Catholicos d'Arménie une autre route à prendre. Ils allaient chez Léon qui les avait appelés. Léon, qui avait repris le nom de Roi et la pourpre auguste et brillante que les Arméniens possédaient autrefois, mais dont ils avaient été dépouillés depuis longtemps, fut oint, à l'instar du Grand Tiridate, avec le consentement du vaillant peuple des Grecs, (au lieu de dire des Francs ou Latins) qui lui apportèrent la couronne surmontée d'une croix. Léon fit venir en grande pompe le Seigneur Spirituel, Grégoire, pour le sacrer avec la sainte huile purifiante et couronner son front du signe de la croix. Le Seigneur Spirituel emmena avec lui mon maître... etc. »

Il est certain aussi que le Catholicos emmena avec lui les évêques de sa maison patriarcale, les grands docteurs et les ministres et tout le clergé de Sissouan, afin de donner plus d'éclat à la plus grande des solennités qu'aient jamais vues les Armeniens, depuis qu'ils ne voyaient plus sacrer de rois. Le Docteur Vahram dit dans son poème:

«Alors les Arméniens assemblés

Vinrent en la ville de Tarse,

Le Catholicos qui en faisait partie

Y réunit tout le clergé,

Et consacra, selon le rite, Léon,

Roi de la maison do Torgom,

Le fit monter sur le trône, etc».

Nos historiens disent que c'est notre Catholicos qui effectua le sacre royal. Il en devait être ainsi, et ceci ne devrait faire élever aucun doute. Mais les étrangers, comme nous l'avons déjà dit, prétondent que ce fut Conrad, archevêque de Mayence et légat du secrétaire de l'Empereur, parce que cela lui revenait de droit comme étant le représentant du Pape, dont il était le doyen et le plus distingué des Cardinaux. Il est vrai que c'est celui-ci qui présenta à Léon les insignes royaux et la couronne, mais c'est le Catholicos Grégoire Abirad qui bénit et oignit le front royal de Léon... Mais était alors cette troisième main qui combla Léon de bénédictions, la main de celui qui, pendant l'espace de douze années, ne se s é para jamais de l'intrépide prince des Arméniens, et qui, avait nourri depuis longtemps l'espoir de voir Léon sur le trône royal? était cette voix brûlante qui, pendant vingt-cinq années, retentit sous les voûtes de l'église de Tarse? Et pourquoi donc cette bouche sublime ne se fit-elle pas entendre alors, quand elle aurait tant ajouté; à la splendeur de cette fête si solennelle, quand elle aurait légué à la postérité, à cette occasion, un discours encore plus magnifique? . . . Hélas! C'est la loi des choses humaines de laisser souvent inachevée une entreprise généreuse et d'arrêter soudain les élans d'une joie légitime! Notre cher Nersès de Lambroun, l'ami préféré de Léon, l'homme à la langue de feu et au cœur d'or, avait été rappelé au Ciel depuis six mois. Qui sait si à l'heure l'huile sacrée allait être répandue sur le front du nouveau roi, ses pieux ossements n'ont point tressailli dans leur tombe de Skévra! Oh! je veux me figurer que lorsque l'innombrable multitude qui était au couronnement de Léon s'écria: Vive le Saint Roi! Nersès, du haut des cieux, planant sur cette foule, répondit: Que la paix soit avec vous! Qui sait si les traits du visage de ce grand Saint peints sur les murs de l'Église n'attiraient pas les regards de cette immense assistance, à mesure qu'avançait l'office de ce sacre qu'il avait traduit lui-m ê me du latin, le cœur plein d'espérance!

O grand Saint, ton espérance n'a pas été déçue! Tu étais quand même à l'heure la couronne royale était déposée sur le front du souverain ton parent. Les belles paroles que tu as écrites de ta main pour le sacre de Léon se firent entendre plus harmonieuses dans le temple de S. te Sophie, ta cathédrale. Nous-mêmes, après tant de siècles écoulés, tant de faits éloignés, nous voulons te rendre hommage en les retraçant ici comme l'un des plus beaux monuments que nous ont légués les temps disparus 13 !

Dans la Série des Canons du Rituel de l'Église Romaine, S. Nersès avait traduit aussi celui de la Cérémonie du Sacre de l'Empereur de Rome, «le plus haut de tous les rois», ainsi qu'il est dit de lui à l'en-tête du Canon. Dans sa traduction du texte, le Saint écrivain, plaisantant, dit: «Lis ceci, toi, si tu dois être le haut dignitaire chargé de sacrer l'Empereur, dans la grande ville de Rome; sinon, tu n'auras que la satisfaction d'en avoir eu connaissance, comme moi-même le traducteur».

Le Sacre ordonnait huit jours de fêtes, mais ces fêtes du couronnement de Léon durèrent longtemps encore, car la joie était sans limite pour le peuple arménien qui retrouvait un Roi, qui sentait que Léon allait enfin rétablir les fondements d'un royaume d'Arménie. Voici les réflexions de notre historien à ce sujet, après avoir décrit la cérémonie du sacre: «Il y eut une grande joie dans toute la nation arménienne, en voyant de nouveau rétabli leur royaume par Léon, le magnifique et pieux Roi. » L'écrivain qui continua la chronique de Samuel d'Ani ne manque pas de noter aussi ce grand fait. Comme les Chroniqueurs ne pouvaient insérer dans leurs annales que quelques lignes, ils rendent grâces à Dieu et s'écrient: «Bénédiction, louanges et grands remerciements du fond de nos cœurs à la mis é ricorde de Dieu qui eut pitié de nous et qui nous releva, nous qui étions abattus et perdus, en nous accordant un roi de notre nation, Léon fils de Stéphan é, l'homme pieux et aimant Christ, le guerrier aux combats qui rehausse la gloire de l'Église. Célébrons ce grand jour à l'Autel et louons le Seigneur».

D'autres historiens encore mêlent leurs louanges à Léon à l'expression de la joie nationale, tels que Hétoum, Guiragos et Vartan. Ce dernier, après avoir décrit aussi la cérémonie du Sacre, ajoute pour Léon: «Il était magnanime et victorieux et dominait tous les peuples d'alentour dont il avait fait ses tributaires. » J'entends par magnanimité cette générosité de Léon plus encore de cœur que de main, qui fit enrichir les barons et les vassaux, qui lui fit faire tant de donations aux églises et aux couvents, qui lui fit combler les ecclésiastiques de privilèges. Combien de présents n'offrit-il pas à ses hôtes qu'il avait invités ou qui vinrent lui rendre visite de leur propre volonté, tels que les Princes francs, quel que fût leur rang, et parmi lesquels se trouvèrent probablement celui d'Antioche, le roi de Chypre, les ambassadeurs de divers royaumes de l'Occident et les représentants des Républiques italiennes.

1 Il n'y a rien d'extraordinaire, du reste, que Léon ait été plusieurs fois couronné. L'empereur Frédéric I, de qui Léon attendait sa couronne royale, a été lui-même couronné plusieurs fois: deux tois en Allemagne, deux fois à Rome et deux fois à Pavie.

2 Il est bon que je dise encore qu'il y avait une grande différence entre ces deux princes dans leur demande de la couronne royale. Amaury la demandait seulement à l'Empereur et lui promettait de lui rendre le devoir d'hommage. Léon la demandait en même temps à l'Empereur et au Pontife romain, reconnaissant en l'un le donateur et en l'autre l'intercesseur, à l'un il promit le devoir d'hommage, à l'autre l'affiliation de son Église.

Cette intervention du Pape dans la sollicitation et la donation de la couronne royale pour Léon parut un fait grave aux yeux de quelques docteurs en lois. Nos historiens, entre autres Guiragos, disent que non seulement l'Empereur mais le Pape aussi envoya une couronne à Léon. Le Catholicos Grégoire Abirad écrivait à Innocent que l'Archevêque de Mayence offrit une couronne à Léon de la part de Dieu et de la souveraine Église de Rome et de la part de l'Empereur des Romains. Le Pape pouvait en toute justice envoyer de cette manière une couronne, mais non pas en souverain absolu, comme il l'avait envoyé le Pallium au Catholicos et à nos Évêques. Cette question est rendue plus claire par l'en-tête des lettres de Léon à ce même Pape. L'une, écrite dans le mois d'Avril 1210, en langue latine, portait en-tête: «Innocentio, Dei Gratia Summo sancto et universali Ecclesiæ Pontifici, Leo per eamdem et Romani Imperii gratiam, Rex Armeniorum». Quelques-uns ont prétendu entendre par ce mot eamdem, l ' Église, cependant dans la première des lettres de remerciement de Léon pour la couronne, il n'est pas dit un mot de l'Église et le reste est tout-à-fait le même que dans l'autre lettre. Nous pouvons donc en conclure que eamdem se rapporte bien à Dei gratia. C'est ce qui prouve encore plus nettement l'autre lettre de Léon, du 12 Août 1210, au même Pape, l'on trouve cette simple introduction: «Leo, filius Domini Stephani bonæ mémoriæ, Dei et Romani Imperii gratia, Rex Armeniœ». Il en est de même pour le Privilège que Léon donna, en 1212, pour les Chevaliers Teutons, ainsi que pour quelques autres de ses lettres.

3 C'est ce que rapporte aussi l'historien Vartan qui dit: «Léon régnait depuis peu de temps, il venait de recevoir des couronnes des Francs et des Grecs, en 646».

Comme nous l'avons dit plus hautement, cette année 646 (de l'ère arménienne) commence vers la fin de Janvier 1197 (de l'ère vulgaire), avec laquelle s'accorde la septième année d'empire de Henri, en partant de l'année 1190 pendant laquelle mourut son père à Séleucie.

4 Comme le secrétaire de l'Empereur et l'armée, après la défaite de Joppé étaient retournés en Allemagne, en 1198, il ne faut pas croire pourtant que l'évêque de Mayence y retourna avec eux la même année. Il ne partit que deux ans après, selon ce que dit un Latin contemporain du Chroniqueur Othon de S. Blaise. Muratori, Annales d'Italie, année 1199.

5 Après celui-ci dont Sempad écrit le nom Sirmoun, selon le manuscrit que nous possédons, cet auteur ajoute: «Le baron Simon, Seigneur d'Amouda». Je crois que notre historien l'a omis par mégarde, car Amouda était une des principales forteresses du pays.

6 Sempad écrit au lieu de celui-ci. «Baron Josselin, Seigneur de Sinide».

7 Sempad écrit: «Baron Amanos, Seigneur d'Adaros».

8 Sempad écrit: «Baron Nicéphore, Seigneur de Vorghis».

9 Sempad: Jamengane.

10 Outre ces châteaux, il y en avait d'autres en Sissouan, qui sont cités par nos auteurs, et dont voici les noms, avec ceux cités ci-dessus dans le texte. Les noms marqués d'un astérisque sont cités par les Arabes ou par les Turcs.

Aïjoudabe. (Joudabe).

Djerdjoum.

Motrig.

Alar.

Engouzoud.

Moundas.

*Alen-Kasch.

*Er-Roube.

Mourandin.

Amouda.

Farkhnotz ou Farkhnik.

Naghlon.

Anamour.

Fornos ou Fernouss.

Nédjim ou Nedjemié.

Andouchedza.

Gabane.

Neghir.

Andréassantz. (Château des André ).

Gaïdène

Nor-perte.

Ané.

Gantchi.

Nor-perte (autre).

Arekni.

Germanghan-perte.

Partzer-perte.

Arioudze. (Lion).

Ghéma.

Pazé. (Château du Faucon).

Asgouras.

 

*Perte-calé.

Ataros ou Astros.

Gobidare.

Pertgan-perte.

Babéron ou Paperon.

Hamouss.

Pertouce.

Baghras.

Haroun.

Podantus. (Bozanti).

Balabol. (Paléopolis).

Jamenga-perte.

*Ranan ou Roran.

*Belil.

*Keinuk.

Sarouantave ou Sarouanti-kar.

Binag.

Khalindja-kar.

Séleucie.

Botrome ou Boutroume.

Khentzorhovid. (Vallée de Pommes).

Sempad-cla.

Bounar.

*Kirpis?

Sève-avérag. (Ruines noires).

Boudbaïs.

Koumbet-por.

Sig.

Calanonoros.

*Lachian.

*Sih-ul-hadid.

Candzé.

Lagraveni.

Simana-cla.

Castalon.

Lamas.

Sinide.

Chahabe?

Lambroun.

Sivile.

Chégade.

Lauzade.

S. te Sophie.

Choghagan.

Léon-cla. (Château de Léon).

Tarbessag.

Choubla.

Chough ou Jouk-merzéban.

Loulou.

Tchelganotze.

Cisistra.

Maghva.

Tchofré-cla. (Château de Geoffroi).

Cistrame.

Manache.

Téghin-kar. (Rocher jaune).

Coricos.

Manavghade.

Til (de Hamdoun).

Cotrate.

Manion.

Til-Sabo ou Telbasso.

Couba.

Marniche.

Timitoupole.

Coumartias ou Khamardiache.

Medz-kar.

Tornegha-perte.

Covara.

*Mériem-chir.

Trazarg.

Covas.

Michel-cla.

Trizive ?

Dadjeghi-kar.

Midizon.

Vahga.

Daoud.

Mokhroud.

Vanère.

Djandji.

Molévon.

Vède.

Djegher.

Mazod-Khatche.

Verésghi ou Vorghiss.

11 Sempad écrit: «Baron Constance, seigneur de Lagravène, frère du Baron Nicéphore».

12 Sempad: Aghol pour le nom de Naghlon, et à la place des autres trois noms, il en forme un nouveau: Godrad.

13 Voir à l'Appendice A le Canon du sacre de Roi.