Salaheddin, 
   
    qui 
   
    était 
   
    le 
   
    protecteur 
   
    des 
   
    fils 
   
    du 
   
    Sultan 
   
    d'Iconie, 
   
    était 
   
    en 
   
    train 
   
    de 
   
    conquérir 
   
    la 
   
    Syrie 
   
    et 
   
    d'y 
   
    détruire 
   
    les 
   
    institutions 
   
    des 
   
    Latins. 
   
    Le 
   
    2 
   
    Octobre 
   
    1187, 
   
    le 
   
    cinquième 
   
    mois 
   
    de 
   
    la 
   
    principauté 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    il 
   
    s'empara 
   
    de 
   
    Jérusalem, 
   
    dont 
   
    les 
   
    Latins 
   
    avaient 
   
    fait 
   
    leur 
   
    centre 
   
    et 
   
    leur 
   
    but 
   
    et 
   
    de 
   
    tous 
   
    les 
   
    lieux 
   
    saints, 
   
    leur 
   
    possession. 
   
    Il 
   
    soumit 
   
    tous 
   
    les 
   
    habitants 
   
    de 
   
    cette 
   
    contrée 
   
    à 
   
    ses 
   
    lois 
   
    et 
   
    à 
   
    sa 
   
    religion. 
   
    Toute 
   
    la 
   
    Chrétienté 
   
    s'en 
   
    émut. 
   
    Ce 
   
    coup 
   
    fut 
   
    un 
   
    deuil 
   
    général 
   
    pour 
   
    l'Occident 
   
    qui 
   
    se 
   
    leva 
   
    pour 
   
    une 
   
    nouvelle 
   
    Croisade.
 
   
    Mais 
   
    avant 
   
    que 
   
    cette 
   
    terrible 
   
    nouvelle 
   
    ne 
   
    fut 
   
    parvenue 
   
    partout, 
   
    avant 
   
    que 
   
    la 
   
    troisième 
   
    Croisade 
   
    n'eût 
   
    eu 
   
    le 
   
    temps 
   
    de 
   
    se 
   
    former, 
   
    l'insatiable 
   
    conquérant 
   
    s'avança, 
   
    en 
   
    1188-89, 
   
    vers 
   
    les 
   
    rives 
   
    de 
   
    la 
   
    Mer 
   
    de 
   
    Syrie 
   
    et 
   
    s'empara, 
   
    l'une 
   
    après 
   
    l'autre, 
   
    de 
   
    toutes 
   
    les 
   
    villes 
   
    et 
   
    forteresses 
   
    des 
   
    Chrétiens, 
   
    n'en 
   
    laissant 
   
    de 
   
    côté 
   
    que 
   
    deux 
   
    seules, 
   
    les 
   
    plus 
   
    fortifiées: 
   
    Tyr 
   
    et 
   
    Trapolis, 
   
    puis 
   
    il 
   
    s'approcha 
   
    de 
   
    la 
   
    troisième: 
   
    la 
   
    Grande 
   
    Antioche. 
   
    Il 
   
    se 
   
    rendit 
   
    maître 
   
    de 
   
    tous 
   
    les 
   
    forts 
   
    et 
   
    lieux 
   
    de 
   
    refuge 
   
    des 
   
    alentours 
   
    et, 
   
    après 
   
    quelques 
   
    jours, 
   
    de 
   
    Seihioun 
   
    et 
   
    de 
   
    Bourze, 
   
    de 
   
    Paghras 
   
    et 
   
    du 
   
    célèbre 
   
    Tarbessag.
  
 
   
    La 
   
    peur 
   
    et 
   
    la 
   
    lâcheté 
   
    des 
   
    Antiochiens 
   
    les 
   
    firent 
   
    avoir 
   
    recours 
   
    à 
   
    des 
   
    traités, 
   
    et 
   
    cela 
   
    arrêta 
   
    alors 
   
    la 
   
    marche 
   
    de 
   
    Salaheddin 
   
    qui 
   
    ne 
   
    trouvait 
   
    plus 
   
    d'obstacle 
   
    devant 
   
    lui 
   
    et 
   
    qui, 
   
    probablement, 
   
    après 
   
    avoir 
   
    conquis 
   
    Antioche, 
   
    se 
   
    serait 
   
    dirigé 
   
    vers 
   
    le 
   
    territoire 
   
    de 
   
    Léon.
  
 
   
    Salaheddin 
   
    avait 
   
    vu 
   
    s'humilier 
   
    devant 
   
    lui 
   
    le 
   
    seul 
   
    Prince 
   
    qui 
   
    restait 
   
    des 
   
    Latins; 
   
    il 
   
    savait 
   
    que 
   
    les 
   
    occidentaux, 
   
    qui 
   
    avaieut 
   
    préparé 
   
    une 
   
    formidable 
   
    expédition, 
   
    arrivaient 
   
    du 
   
    côté 
   
    de 
   
    Tyr 
   
    et 
   
    de 
   
    Ptolémaïde 
   
    et 
   
    il 
   
    n'eut 
   
    pas, 
   
    cette 
   
    fois, 
   
    le 
   
    temps 
   
    de 
   
    fouler 
   
    le 
   
    sol 
   
    arménien. 
   
    Au 
   
    contraire, 
   
    cette 
   
    circonstance 
   
    permit 
   
    à 
   
    Léon 
   
    d'étendre 
   
    son 
   
    territoire.
  
 
   
    Salaheddin 
   
    était 
   
    brusquement 
   
    reparti 
   
    pour 
   
    protéger 
   
    les 
   
    contrées 
   
    qu'il 
   
    venait 
   
    d'arracher 
   
    aux 
   
    Chrétiens. 
   
    Léon 
   
    comme 
   
    l'oiseau-chasseur, 
   
    contemplait 
   
    des 
   
    hauteurs 
   
    de 
   
    ses 
   
    montagnes 
   
    les 
   
    dévastations 
   
    et 
   
    le 
   
    carnage 
   
    du 
   
    conquérant. 
   
    Il 
   
    plongea, 
   
    pour 
   
    ainsi 
   
    dire, 
   
    sur 
   
    les 
   
    deux 
   
    châteaux-forts 
   
    que 
   
    Salaheddin 
   
    avait 
   
    à 
   
    demi 
   
    ruinés: 
   
    Paghras 
   
    et 
   
    Tarbessag, 
   
    qui 
   
    comptaient 
   
    parmi 
   
    les 
   
    possessions 
   
    du 
   
    prince 
   
    d'Antioche 
   
    et 
   
    avaient 
   
    été 
   
    donnés 
   
    aux 
   
    Templiers 
   
    et 
   
    aux 
   
    Chevaliers 
   
    de 
   
    l'Hôpital. 
   
    Il 
   
    s'en 
   
    empara 
   
    comme 
   
    d'un 
   
    butin 
   
    abandonné 
   
    par 
   
    les 
   
    Musulmans 
   
    et 
   
    les 
   
    mit 
   
    sous 
   
    son 
   
    autorité.
  
 
   
    Il 
   
    redonna 
   
    Tarbessag 
   
    aux 
   
    Chevaliers 
   
    de 
   
    l'Hôpital, 
   
    ses 
   
    fidèles 
   
    alliés, 
   
    et 
   
    retint 
   
    seulement 
   
    Paghras. 
   
    Un 
   
    historien 
   
    arménien, 
   
    qui 
   
    vivait 
   
    à 
   
    l'époque, 
   
    où 
   
    ces 
   
    faits 
   
    se 
   
    passèrent, 
   
    en 
   
    1193, 
   
    dit 
   
    que 
   
    le 
   
    Sultan 
   
    avait 
   
    pour 
   
    point 
   
    de 
   
    mire 
   
    non 
   
    seulement 
   
    la 
   
    principauté 
   
    d'Antioche 
   
    mais 
   
    aussi 
   
    la 
   
    province 
   
    de 
   
    Léon, 
   
    mais 
   
    qu'il 
   
    ne 
   
    se 
   
    hasardait 
   
    pas 
   
    à 
   
    venir 
   
    envahir 
   
    cette 
   
    dernière 
   
    province. 
   
    Voici 
   
    comment 
   
    il 
   
    raconte 
   
    la 
   
    chose: 
   
    «Le 
   
    sultan 
   
    vint 
   
    dans 
   
    la 
   
    principauté 
   
    d'Antioche 
   
    et 
   
    mit 
   
    en 
   
    ruines 
   
    tout 
   
    le 
   
    pays, 
   
    et 
   
    ses 
   
    château-forts. 
   
    Il 
   
    voulut 
   
    ensuite 
   
    entrer 
   
    en 
   
    Cilicie, 
   
    croyant 
   
    les 
   
    Arméniens 
   
    aussi 
   
    lâches 
   
    que 
   
    les 
   
    Antiochiens. 
   
    Il 
   
    rugissait 
   
    comme 
   
    un 
   
    lion 
   
    furieux, 
   
    mais 
   
    il 
   
    se 
   
    retira 
   
    comme 
   
    un 
   
    renard 
   
    battu».
  
 
   
    Au 
   
    contraire, 
   
    Léon 
   
    allait 
   
    et 
   
    grandissait. 
   
    Il 
   
    devenait 
   
    un 
   
    lion, 
   
    comme 
   
    son 
   
    nom 
   
    le 
   
    signifie. 
   
    Ses 
   
    brillants 
   
    faits 
   
    d'armes 
   
    lui 
   
    acquirent 
   
    le 
   
    renom 
   
    d'un 
   
    guerrier 
   
    plein 
   
    de 
   
    bravoure 
   
    et 
   
    lui 
   
    valurent 
   
    de 
   
    son 
   
    vivant 
   
    même, 
   
    les 
   
    louanges 
   
    de 
   
    ses 
   
    contemporains. 
   
    Ainsi 
   
    que 
   
    l'atteste 
   
    cette 
   
    phrase; 
   
    «pendant 
   
    le 
   
    règne 
   
    de 
   
    l'arménien 
   
    Léon, 
   
    le 
     
      victorieux 
     
      et 
     
      le 
     
      pieux
   
    ».
  
 
   
    Ces 
   
    surnoms 
   
    n'étaient 
   
    pas 
   
    communs, 
   
    on 
   
    ne 
   
    les 
   
    donnait 
   
    pas 
   
    à 
   
    la 
   
    légère. 
   
    C'est 
   
    à 
   
    cause 
   
    des 
   
    actions 
   
    d'éclat 
   
    de 
   
    Léon 
   
    que 
   
    le 
   
    grand 
   
    Lambrounien, 
   
    S. 
   
    Nersès, 
   
    dans 
   
    ses 
   
    derniers 
   
    écrits, 
   
    en 
   
    1198, 
   
    parlant 
   
    de 
   
    lui, 
   
    le 
   
    nommait 
   
    aussi: 
   
    «Léon 
   
    des 
   
    Roupéniens, 
   
    pieux 
   
    et 
   
    victorieux». 
   
    Grégoire 
   
    Degha, 
   
    le 
   
    Catholicos, 
   
    l'appelle: 
   
    «Le 
   
    grand 
   
    vainqueur». 
   
    Et 
   
    un 
   
    autre 
   
    auteur 
   
    de 
   
    chroniques 
   
    s'exprime 
   
    ainsi: 
   
    «Par 
   
    ses 
   
    grandes 
   
    victoires, 
   
    il 
   
    s'empara 
   
    de 
   
    vastes 
   
    territoires 
   
    et 
   
    soumit 
   
    des 
   
    peuples 
   
    et 
   
    augmenta 
   
    de 
   
    la 
   
    sorte 
   
    son 
   
    domaine». 
   
    L'auteur 
   
    de 
   
    la 
   
    fin 
   
    de 
   
    l'histoire 
   
    du 
   
    patriarche 
   
    Michel 
   
    le 
   
    Syrien, 
   
    qui 
   
    paraît 
   
    avoir 
   
    vu 
   
    Léon, 
   
    écrit 
   
    aussi: 
   
    «Léon, 
   
    le 
   
    valeureux 
   
    guerrier, 
   
    se 
   
    rendit 
   
    maître 
   
    de 
   
    soixante-douze 
   
    forteresses, 
   
    et 
   
    son 
   
    nom 
   
    se 
   
    répandit 
   
    par 
   
    toute 
   
    la 
   
    terre... 
   
    Il 
   
    devint 
   
    un 
   
    roi 
   
    riche 
   
    et 
   
    puissant, 
   
    redoutable 
   
    aux 
   
    nations 
   
    étrangères 
   
    qui 
   
    l'entouraient 
   
    et 
   
    tous 
   
    tremblaient 
   
    devant 
   
    lui»