LE
TRAIT
É
D'HIPPIATRIE
DU
XVIII
e
SI
È
CLE
Hra
č
ʻ
ya
A
č
a
ř
yan,
arm
é
niste
é
minent,
avait
d
é
couvert
en
1906
à
Tabriz
(Iran)
et
d
é
crit
un
singulier
ouvrage
manuscrit
du
XVIII
e
si
è
cle
traitant
de
zooth
é
rapie,
dont
il
avait
not
é
avec
admiration
«l'excellence
de
la
mati
è
re
et
de
l'
é
criture».
Ainsi
que
nous
rapportent
ses
M
é
moires,
faute
de
temps,
A
č
a
ř
yan,
apr
è
s
un
examen
sommaire
du
monument
de
la
litt
é
rature
arm
é
nienne
qu'est
ce
Trait
é
d'hippiatrie
et
des
animaux
en
g
é
n
é
ral
(B
ž
škaran
jioy
ew
a
ř
hasarak
grastnoy),
n'avait
pu
en
donner
qu'une
description
succincte
et
copi
é
le
colophon.
Il
ajoutait
à
ce
propos:
«Cet
excellent
et
curieux
manuscrit
est
un
tr
é
sor
de
mots
arm
é
niens
concernant
l'
é
levage
et
la
zooth
é
rapie,
et
son
é
tude
compl
è
te
fournira
non
seulement
d'amples
renseignements
sur
les
sciences,
mais
aussi
de
nouveaux
termes
pour
notre
Dictionnaire».
Par
la
suite,
A
č
a
ř
yan,
qui
a
pourtant
v
é
cu
et
enseigné
à
Tabriz
dans
les
ann
é
es
1920,
ne
s'est
plus
occup
é
de
cet
important
ouvrage
pour
des
raisons
qui
nous
sont
inconnues.
A
la
parution
des
M
é
moires
d'A
č
a
ř
yan,
P.
Muradyan,
le
sp
é
cialiste
bien
connu
des
é
tudes
philologiques
arm
é
no-g
é
orgiennes,
dans
un
article
paru
au
Sovetakan
Hayastan,
et
intitul
é
«O
ù
se
trouve
le
manuscrit
excellent
par
la
mati
è
re
et
l'
é
criture?»,
nous
fit
part
de
l'existence
d'une
traduction
du
Trait
é
d'hippiatrie
en
question
de
l'arm
é
nien
en
g
é
orgien
faite
au
XVIII
e
si
è
cle,
dont
le
manuscrit
se
trouve
à
l'Institut
de
manuscrits
K.
Kekelije
de
Tbilissi
(n
°
S-3467).
Consid
é
rant
le
manuscrit
de
la
traduction
arm
é
nienne
comme
perdu,
l'honorable
philologue
proposait
sa
retraduction
du
g
é
orgien
en
arm
é
nien.
Vers
1950,
d
é
j
à,
la
direction
du
Matenadaran
s'
é
tait
inqui
é
t
é
e
du
sort
du
Trait
é
d'hippiatrie,
et
divers
renseignements
laissaient
supposer
que
le
manuscrit
se
trouvait
aux
Etats-Unis.
Et
voici
que
Avedis
Sanjian
de
l'Universit
é
de
Californie,
lors
de
son
s
é
jour
à
Er
é
van
en
1971,
nous
apprenait
que
le
Trait
é
d'hippiatrie
se
trouvait
actuellement
chez
Zareh
Sara
ĵ
ian,
à
Los
Angeles,
et
c'est
ainsi
que
l'auteur
lors
d'un
s
é
jour
en
Californie,
eut
le
bonheur
de
voir
le
manuscrit
et
d'en
obtenir
le
microfilm.
Ainsi
que
nous
l'a
confirm
é
Z.
Sara
ĵ
ian,
son
p
è
re,
Xa
č
‘ik
A
ł
a
Sara
ĵ
ian,
l'avait
achet
é
à
Tabriz,
il
y
a
de
cela
de
nombreuses
ann
é
es
-
lorsque
sa
famille
y
demeurait
-
à
Širmazan,
tailleur
de
son
é
tat.
Le
manuscrit
é
tait
conserv
é
soigneusement
et
se
trouvait
en
l'
é
tat
d
é
crit
dans
le
Catalogue
des
manuscrits
de
Tabriz.
Le
cheval
dans
l'Arm
é
nie
ancienne
et
au
Moyen
Age.
Il
est
notoirement
connu
que
le
cheval
vivait
sur
le
plateau
d'Arm
é
nie
depuis
les
temps
les
plus
anciens.
Selon
le
biologiste
S.
Me
ž
lumyan,
«les
t
é
moignages
les
plus
s
û
rs
de
la
pr
é
sence
du
cheval
à
l'est
de
l'Asie
Mineure
remontent
aux
environs
de
l'an
2000
av.
J.
-C.
Vers
1900-1700,
le
cheval
é
tait
d
é
j
à
employ
é
avec
les
chars
de
guerre;
on
le
trouve
au
service
de
l'homme
dans
les
r
é
gions
montagneuses
de
l'Asie
Mineure,
de
la
Syrie,
de
l'Arm
é
nie
et
du
Caucase
comme
animal
de
trait
au
m
ê
me
titre
que
les
bovins.
L'Arm
é
nie
fut
r
é
put
é
e
durant
les
dix
si
è
cles
de
notre
è
re
pour
la
qualit
é
de
ses
chevaux,
de
ses
b
ê
tes
de
somme
et
de
trait;
son
é
levage
é
tait
un
des
plus
importants
é
l
é
ments
de
son
é
conomie.
Selon
N.
Harut‘unyan,
historien
de
l'Urartu,
«des
t
é
moignages
é
crits
assurent
que
l'
é
levage
du
cheval
a
é
t
é
l'occupation
favorite
des
habitants
de
l'Urartu
et
d'un
grand
nombre
de
provinces
qui
se
trouvaient
sous
son
joug….
L'
é
levage
des
mulets
et
des
â
nes
tenait
une
place
à
part
dans
l'
é
levage
en
Urartu
et
chez
ses
vassaux».
«Les
chevaux
é
taient
utilis
é
s
en
Urartu
pour
les
travaux
des
champs
et
du
vignoble,
ainsi
que
pour
l'
é
levage.
Ils
é
taient
utilis
é
s
aussi
dans
un
but
guerrier,
particuli
è
rement
lors
des
incursions
que
les
Urartiens
entreprenaient
contre
certains
Etats
et
certaines
tribus».
X
é
nophon
(ca
430-ca
354
av.
J.
-C.
)
et
Strabon
(ca
58
av.
et
25
ap.
J.
-C.
)
attestent
de
l'
é
tat
florissant
de
l'
é
levage
dans
l'Arm
é
nie
ancienne.
X
é
nophon,
dans
son
livre
bien
connu,
l'Anabase,
dit
qu'on
é
levait
des
chevaux
en
Arm
é
nie
pour
le
tribut
de
la
Perse.
L'auteur
grec,
qui
a
é
t
é
l'un
des
premiers
hippologues
du
monde
ancien
(voir
son
Equitation),
ajoute
que
les
chevaux
d'Arm
é
nie
«
é
taient
beaucoup
plus
petits
que
les
chevaux
de
Perse,
mais
leur
é
levage
é
tait
de
plus
grande
qualit
é
».
Trois
si
è
cles
plus
tard,
Strabon
fournit
des
d
é
tails
encore
plus
int
é
ressants:
selon
lui,
«l'Arm
é
nie
poss
è
de
d'admirables
prairies
qui
ne
le
c
è
dent
en
rien
à
celles
de
la
M
é
die,
ce
qui
fait
que
les
chevaux
n
é
s
é
iens
du
roi
de
Perse
sont
dress
é
s
ici,
et
que
le
gouverneur
d'Arm
é
nie
envoie
20.
000
poulains
pour
les
f
ê
tes
de
Mithra.
Par
ailleurs,
lorsque
Artavazd
est
entr
é
en
M
é
die
en
compagnie
d'Antoine,
il
lui
a
fourni
6.
000
chevaux
en
plus
de
la
participation
de
sa
cavalerie».
Dans
la
Bible
on
rapporte
que
les
chevaux
et
les
mulets
«de
Tirogorma»
é
taient
vendus
dans
les
villes
ph
é
niciennes
(Ez
é
chiel,
XXVII,
14).
Le
zoologue
G.
K.
Ap
ʻ
inyan,
dans
une
étude
int
é
ressante
sur
l'Elevage
du
cheval
dans
l'Arm
é
nie
ancienne,
o
ù
il
a
r
é
uni
de
nombreux
t
é
moignages
arm
é
niens
et
é
trangers,
rapporte
que
jusqu'aux
invasions
arabes,
particuli
è
rement
à
l'
é
poque
de
la
dynastie
des
Arsacides,
l'Arm
é
nie
avait
poss
é
d
é
une
importante
cavalerie.
Il
en
conclut
que
«lors
de
la
formation
de
leur
Etat
les
Arm
é
niens
é
taient
d
é
j
à
en
possession
d'un
é
levage
de
chevaux
bien
d
é
velopp
é
».
Plus
tard,
au
X
e
si
è
cle,
Ibn-Haw
ķ
al
dit
que
les
shahris
(b
ê
tes
de
somme
noires
de
belle
race)
d'Arm
é
nie
é
taient
r
é
put
é
s
en
Irak,
en
Syrie
ct
au
Kh
ū
r
ā
s
ā
n
pour
leur
robustesse,
leur
beaut
é,
leur
vivacit
é
et
leur
endurance.
Les
traditions
arm
é
niennes
de
l'
é
levage
du
cheval
ont
é
t
é
maintenues
par
la
suite.
Les
chevaux
de
Cilicie,
de
m
ê
me,
é
taient
appr
é
ci
é
s
aussi
bien
sur
les
march
é
s
int
é
rieurs
qu'
à
l'
é
tranger,
et
cela
se
comprend
ais
é
ment
car
la
cavalerie
arm
é
nienne
avait
grand
besoin
de
chevaux,
de
b
ê
tes
de
somme
et
de
trait
robustes,
et
leur
exportation
é
tait
une
source
importante
de
revenus.
A
ce
sujet,
rappelons
qu'en
1263
le
roi
Het‘um
(Hayton)
I
er
avait
align
é
18.
000
cavaliers
(12.
000
selon
Ališan),
et
que
T‘oros
II
avait
offert
des
«chevaux
de
noble
race»
à
l'empereur
Manuel
I
er
Comn
è
ne;
quant
à
L
é
on
II,
selon
un
acte
sign
é
en
1288
avec
le
sultan
d'Egypte,
il
s'
é
tait
engag
é
à
lui
fournir
25
chevaux
et
25
mulets
de
qualit
é;
le
m
ê
me
L
é
on
II,
par
d
é
cret
pris
en
1288,
autorisait
les
G
ê
nois
à
exporter
des
chevaux
et
des
mulets
par
le
port
d'Ayas
(Lajaccio).
Dans
ces
conditions,
on
comprend
l'int
é
r
ê
t
port
é
en
Arm
é
nie
cilicienne
à
l'extension
de
l'
é
levage
et
les
ordres
donn
é
s
par
Het‘um
I
er
de
traduire
Pour
la
m
é
decine
des
chevaux
(Vasn
jioy
payt‘arnman)
et
ceux
donnés
par
Smbat
III
de
traduire
le
Trait
é
d'hippiatrie
(B
ž
škaran
vasn
jioy
ew
a
ř
hasarak
grastnoy)
et
la
raison
pour
laquelle
dans
le
Livre
des
travaux
[des
champs]
(Girk‘
vastakoc‘)
on
trouve
la
traduction
des
passages
relatifs
à
l'
é
levage,
à
la
m
é
decine
et
aux
soins
à
donner
aux
chevaux
parmi
d'autres
branches
de
l'agriculture.
La
renomm
é
e
traditionnelle
des
chevaux
arm
é
niens
s'est
poursuivie
au
cours
des
si
è
cles
suivants
et
le
t
é
moignage
de
l'ambassadeur
d'Espagne
Ruy
Gonzalez
di
Clavijo
(1403-1406),
qui
s'est
rendu
en
Perse
en
passant
par
l'Arm
é
nie,
est
tr
è
s
int
é
ressant
à
ce
sujet.
Dans
la
relation
de
son
voyage,
l'ambassadeur
rappporte
que
N
ü
r
al-D
ī
n,
seigneur
arm
é
nien
de
la
forteresse
de
Mak
ü,
avait
envoy
é
son
fils
accompagn
é
de
«trois
chevaux
bien
sell
é
s»
au-devant
de
Tamerlan
lorsque
ce
dernier
s'
é
tait
approch
é
de
la
forteresse
et
l'avait
menac
é
e.
Le
petit
nombre
de
chevaux
laisse
supposer
que
ceux-ci
é
taient
extraordinairement
beaux
pour
plaire
au
despote
et
pour
ne
pas
blesser
son
amour
propre.
L'int
é
r
ê
t
port
é
à
l'hippologie
n'a
pas
cess
é
avec
la
disparition
de
la
souverainet
é
nationale
lorsque
le
pays
s'est
trouv
é
sous
la
domination
turcopersane
vers
la
fin
du
Moyen
Age.
La
preuve
en
est
le
livre
concernant
les
chevaux
et
qui
a
pour
titre
Livre
de
m
é
decine
des
chevaux,
des
mulets
ou
des
â
nes
é
crit
à
la
demande
du
roi
Xosrov
(B
ž
škaran
vasn
jioy
ew
ĵ
oroy
ew
kam
išu,
or
Xosrov
ark‘ayn
grel
et),
écrit
en
1696
au
couvent
du
Saint-Esprit
de
Van
par
Ł
azar
vardapet.
La
r
é
alisation
d'un
tel
ouvrage
r
é
pondait
sans
doute
à
un
besoin,
et
seule
la
pr
é
sence
de
grands
centres
d'
é
levage
pouvait
en
d
é
cider
l'entreprise.
***
Les
premiers
t
é
moignages
é
crits
concernant
la
m
é
decine
animale
nous
sont
parvenus
de
l’Egypte
ancienne
et
de
Babylone;
des
hippiatres
exerçaient
aussi
en
Inde,
en
Iran
dans
la
Gr
è
ce
ancienne
et
tr
è
s
probablement
en
Urartu.
Les
sources
grecques
citent
comme
auteurs
hippologiques
et
hippiatriques
X
é
nophon,
Hi
é
rocl
è
s
(III
e
si
è
cle),
Apsirtos
(IV
e
si
è
cle),
Th
é
omnestis
(s.
d.
),
au
X
e
si
è
cle,
l'empereur
Constantin
Porphyrog
é
n
è
te
est
à
l'origine
de
grands
ouvrages
d'agriculture
et
d'hippiatrie
telles
que
la
G
é
oponique
et
l'Hippiatrique,
o
ù
sont
rassembl
é
es
les
connaissances
agricoles
et
hippiatriques
du
monde
ancien.
On
trouve
aussi
des
é
tudes
sp
é
ciales
sur
l'
é
levage
et
l'hippiatrie
dans
les
litt
é
ratures
indienne,
arabe
et
persane.
La
litt
é
rature
arabe
est
particuli
è
rement
riche
en
ouvrages
hippologiques.
Ibn
al-Nad
ï
m,
dans
son
Kitab
al-Fihrist
(vers
988)
é
num
è
re
de
nombreux
titres
de
livres
du
genre;
de
nombreuses
biblioth
è
ques
de
par
le
monde
conservent
des
ouvrages
hippologiques
en
arabe,
dont
quelques-uns
seulement
ont
é
t
é
publi
é
s.
Le
livre
d'hippologie
arabe
le
plus
ancien
est
le
Livre
des
chevaux
d'Asma
ï
(publi
é
en
1895);
on
trouve
plus
tard
les
travaux
de
Hish
ā
m
al-Kalbi
et
d'Ibn
al-‘Arabi
(publi
é
s
en
1928).
L'Abr
é
g
é
d'hippiatrie
é
crit
en
l'an
de
l'H
é
gire
605
(1208/9)
conserv
é
à
l'
é
cole
Ahmed
III
du
Caire
ainsi
que
le
manuscrit
persan
Or.
3483
du
British
Museum,
qui
est
une
traduction
de
l'œuvre
en
arabe
d'al-Mudjahid
‘Ali
ibn
al-Malik
al-Mu‘ayyad
D
ā
w
ū
d
(XIV
e
si
è
cle)
ressemblent
aux
autres
ouvrages
hippologiques
arabes
conserv
é
s.
Le
chapitre
XXV
du
Q
ā
b
ū
s-n
ā
m
ā,
l'une
des
oeuvres
les
plus
anciennes
en
prose
de
la
litt
é
rature
persane
d’Unsur
al-Ma‘
ā
l
ï
Kai
K
ā
’
ū
s
(XI
e
si
è
cle)
contient
d'int
é
ressants
renseignements
hippologiques;
l'auteur
donne
d'abord
plusieurs
conseils
sur
la
fa
ç
on
d'acheter
les
chevaux,
ensuite
il
é
num
è
re
bri
è
vement
une
s
é
rie
de
maladies
qui
sont
autant
de
tares
et
qui
en
diminuent
la
valeur.
La
description
des
défauts
et
des
qualit
é
s
des
chevaux,
l'
é
num
é
ration
des
robes
et
des
maladies
t
é
moignent
de
l'
é
tendue
des
connaissances
hippologiques
et
hippiatriques
de
l'auteur,
tandis
que
l'emploi
de
termes
essentiellement
arabes
indique
que
le
niveau
atteint
par
les
sciences
hippologiques
arabes
é
tait
tel
au
XI
e
si
è
cle
qu'on
s'en
servait
largement
dans
les
pays
voisins,
comme
la
Perse,
jusqu'
à
en
emprunter
le
vocabulaire.
Par
la
suite,
ces
traditions
se
sont
perp
é
tu
é
es
dans
la
litt
é
rature
persane.
Parall
è
lement
aux
livres
hippologiques
traduits
de
l'arabe
et
du
sanscrit,
les
Persans
ont
é
crit
des
ouvrages
semblables;
mais
ceux-ci
restent
à
l'
é
tat
de
manuscrit.
A
notre
connaissance,
des
cinq
hippologies
in
é
dites
conservées
au
British
Museum,
deux
(Add.
14057
et
Add.
16854)
sont
traduites
du
sanscrit
(la
premi
è
re
au
XV
e
si
è
cle,
la
deuxi
è
me
au
XVIII
e
si
è
cle);
une
(Or.
3483)
de
l'arabe;
les
deux
autres
(Add.
7716,
23562)
sont
des
œuvres
originales
(XVIII
e
si
è
cle).
Les
termes
employ
é
s
dans
les
traductions
des
textes
sanscrits
sont
essentiellement
indiens
et
arabes
ceux
traduits
de
l'arabe.
D.
S.
Phillot
a
publi
é
en
1911
deux
hippologies
é
crites
en
Inde:
la
premi
è
re,
le
Livre
des
chevaux
de
Rangin,
traduit
de
l'hindustani
en
anglais;
la
seconde,
le
texte
hippologique
persan
de
Tuhfat-us-Sadr
(Hommage
au
dauphin)
de
Zabardast
Khan
(XVIII
e
si
è
cle),
accompagn
é
e
d'une
courte
explication
en
anglais
de
certains
mots.
Dans
les
hippologies
cit
é
es
plus
haut,
pour
des
motifs
utilitaires,
on
donne
la
description
des
diff
é
rentes
vari
é
t
é
s
de
chevaux,
la
fa
ç
on
de
les
distinguer
selon
leur
constitution
et
leur
robe,
la
fa
ç
on
de
les
soigner,
de
reconna
î
tre
leurs
maladies
et
de
les
gu
é
rir,
et
parfois
des
conseils
hippiques.
L'hippologie
dans
la
litt
é
rature
arm
é
nienne.
Tout
en
constatant
l'absence
d'ouvrages
hippologiques
originaux
r
é
dig
é
s
par
des
auteurs
arméniens,
on
peut
admettre
n
é
anmoins
que
les
milliers
de
chevaux
naissant
dans
les
riches
prairies
arm
é
niennes
ont
pu
ê
tre
soign
é
s
et
gu
é
ris
par
des
palefreniers
et
des
hippiatres
ayant
des
connaissances
pratiques.
Les
ouvrages
hippologiques
et
les
œuvres
mineures
retenus
par
la
litt
é
rature
arm
é
nienne
sont
les
suivants,
par
ordre
chronologique:
1.
Vasn
jioc‘
azgac‘
ew
c
ʻ
elic‘
matakac',
yovtakac‘
ew
k‘urakac‘
xratk‘
ew
b
ž
škut
ʻ
iwnk
ʻ
(Conseils
et
m
é
decines
pour
les
esp
è
ces
et
races
des
chevaux,
des
juments
et
des
poulains).
—
C'est
le
livre
XVI
de
la
G
é
oponique
grecque
du
X
e
si
è
cle,
qui
occupe
les
chapitres
CCXCIV-CCCX
du
Livre
des
travaux
(Girk‘
vastakoc‘).
«Ces
conseils
(fournis
par
le
livre
XVI)
relatifs
aux
soins
à
donner
aux
chevaux,
aux
chameaux
et
à
leur
médecine,
é
crit
E.
Lipšic,
traducteur
de
la
G
é
oponique
(1960)
en
russe,
ont
de
grandes
ressemblances
avec
ceux
des
auteurs
des
Hippiatiques
et
des
Cin
é
g
é
tiques
des
auteurs
anciens:
voir
les
renseignements
fournis
par
les
agronomes
romains
Varron
(116-87
av.
J.
-C.
),
Columelle
(I
er
si
è
cle
ap.
J.
-C.
),
Palladus
(IV
e
si
è
cle)
et
Plinius
(23-79
ap.
J.
C.
)».
Le
Livre
des
travaux
(Girk‘
vastakoc‘),
traduction
d'une
variante
arabe
de
la
G
é
oponique,
et
qui
contient
l'essentiel
du
texte
grec,
dans
ses
chapitres
(portes)
CCXCIV-CCCX
suit
approximativement
l'ordre
des
chapitres
du
livre
XVI
de
la
G
é
oponique;
les
feuillets
des
chapitres
XVI-XXII
ont
é
t
é
é
gar
é
s.
Les
quelques
é
carts
du
texte
peuvent
provenir
aussi
bien
du
texte
arabe
que
du
traducteur
arm
é
nien.
Ł.
Ališan,
qui
a
publi
é
ce
Livre
des
travaux
en
1877,
situe
l'
é
poque
de
sa
traduction
au
XIII
e
si
è
cle,
«et
plus
t
ô
t
que
plus
tard»,
dit-il.
L'opinion
d'Ališan
a
é
t
é
admise
par
tous
ceux
qui,
à
diff
é
rentes
reprises,
ont
eu
à
s'occuper
de
ce
livre,
sauf
par
le
philologue
K.
Brockelmann,
qui,
dans
la
revue
Byzantinische
Zeitschrift,
V
(1896),
p.
385-409,
à
l'appui
de
diverses
preuves,
donne
la
Pologne
comme
lieu
de
traduction
et
la
fin
du
Moyen
Age
comme
é
poque.
Les
preuves
fournies
par
Brockelmann
ont
é
t
é
r
é
fut
é
es
avec
succ
è
s
par
S.
Sarean
dans
un
article
de
la
revue
Bazmav
ē
p
en
1900.
Le
phililogue
K.
Andrikean
situe
l'
é
poque
de
sa
traduction
«au
XII
e
si
è
cle,
et
s
û
rement
apr
è
s
1160»,
et
consid
è
re
Mxit’ar
Herac‘i
comme
son
traducteur.
Quelques
termes
employ
é
s
dans
le
Soulagement
des
fi
è
vres
et
que
l'on
retrouve
dans
le
Livre
des
travaux
lui
semblent
des
preuves
suffisantes
pour
lui
permettre
de
conclure
en
ce
sens.
On
pourrait
probablement
faire
encore
d'autres
trouvailles
semblables
chez
Mxit‘ar
Herac‘i
ainsi
que
chez
les
auteurs
du
XIIIe
si
è
cle,
mais
ce
ne
sont
l
à
que
de
trop
faibles
arguments
pour
la
datation
d'une
œuvre,
alors
qu'on
trouve
dans
le
vocabulaire
g
é
n
é
ralement
employ
é
dans
le
Livre
des
travaux
et
le
Trait
é
d'hippiatrie
qui
nous
occupe
les
particularit
é
s
linguistiques
de
la
m
ê
me
é
poque,
ce
pourquoi
Ališan
a
eu
raison
de
dater
la
traduction
pas
plus
tard
que
le
XIII
e
si
è
cle.
2.
Vasn
jioy
payt‘arnman
(De
la
m
é
decine
des
chevaux)
est
un
livre
d’hippiatrie
traduit
par
le
diacre
Step‘anos
en
1263
sur
ordre
du
roi
Het‘um
I
er,
mais
qui
ne
nous
est
pas
parvenu
(voir
supra,
p.
108).
L.
A.
Hovhannisyan,
dans
son
Histoire
de
la
m
é
decine
en
Arm
é
nie
(en
russe),
en
é
num
é
rant
les
ouvrages
hippiatriques
arm
é
niens
du
Moyen
Age,
cite
pour
m
é
moire
un
travail
de
l'entomologiste
bien
connu
Ibn
al-Baytar,
traduit
de
l'arabe,
mais
on
ne
trouve
nulle
trace
d'un
tel
ouvrage
dans
les
é
tudes
concernant
cet
auteur.
Il
y
a
confusion
chez
Hovhannisyan:
il
nous
semble
que
c'est
le
titre
de
l'ouvrage,
Vasn
jioy
payt‘arnman-paytar
ou
baytar
est
un
nom
commun
arabe
qui
signifie
«v
é
t
é
rinaire»
-
qui
l'a
induit
en
erreur.
3.
B
ž
škaran
jioy
ew
arhasarak
grastnoy
(Trait
é
d'hippiatrie
et
des
b
ê
tes
en
g
é
n
é
ral)
du
m
é
decin
Faradj,
traduit
de
l’arabe
en
arm
é
nien
en
1296-1298
à
la
demande
du
roi
Smbat
III,
est
le
livre
qui
nous
occupe.
L’unique
exemplaire
du
manuscrit
de
ce
Trait
é
d’hippiatrie
se
trouve
à
Los
Angeles
ainsi
que
nous
l’avons
dit
plus
haut,
chez
Zareh
Sarajian.
Le
microfilm
du
manuscrit
nous
a
é
t
é
fourni
par
A.
Sanjian.
Description
du
manuscrit:
Epoque:
XIII
e
si
è
cle
(1296-1298);
lieu:
Sis;
copiste:
T‘oros
le
pr
ê
tre;
acheteur:
le
roi
Smbat
III;
feuillets:
184;
mati
è
re:
papier;
dimensions:
16
×
18
cm.;
é
criture
sur
une
colonne;
caract
è
res:
bolorgir;
lignes:
17;
miniatures
et
images:
«le
philosophe
Djina»
(fol.
4),
un
dessin
représentant
un
cheval
entour
é
de
nombreuses
indications
sur
les
qualit
é
s
et
les
d
é
fauts
des
diverses
parties
de
l'animal
(fol.
33
v
);
marques
(caut
è
res)
de
chevaux
(fol.
37
v
-39
v
);
ornements
frontaux
(fol.
7-34
v
);
ornements
marginaux
(fol.
7,
8,
34
v,
40,
101);
lettres
orn
é
es
(fol.
7,
34
v,
40,
101);
reliure:
bois
garni
de
peau;
page
de
garde:
parchemin,
bolorgir
yerkatagir
sur
deux
colonnes:
2
(A-B)
+2
(C-D);
é
tat:
bon.
Remarques:
les
premiers
et
les
derniers
feuillets
du
manuscrit
sont
tomb
é
s;
manquent
la
table
des
chapitres
I-XIII
au
d
é
but
et
une
partie
du
colophon
à
la
fin.
Les
titres
des
chapitres
sont
en
rouge.
Colophon
du
scribe:
fol.
183-184
v.
Mentions:
Du
scribe,
fol.
6
v:
Zgorcs
jerac‘
meroc‘,
u
ł
i
ł
ara
’i
mez
tēr.
fol.
7:
Zgorcs
jerac‘
meroc‘
yaĵołea
’i
mez.
Ensuite,
fol.
1,
à
l'angle
gauche
de
la
marge
de
tête:
n°
475;
à
l'angle
gauche
de
la
marge
de
pied:
es
Xač‘ik
ała.
fol.
7:
deux
cachets:
Ep‘rem
vardapet,
1222
(1773).
fol.
19:
Es
tēr
Tat‘ēosik
ordi
Yovnēss
grec‘
i
t‘vin
p‘ok‘r
144
(144+1616=1760)
ovdni
5-umn
(20
janvier)
astucov.
fol.
21
32,
39
v,
63:
essais
de
plume.
fol.
94:
Gork'in,
Vardan,
Datos,
Ohanēs.
Page
de
garde
2:
fragment
dú
beit
persan:
Sakī
bīā
ki
bādih
bināmi
‘ishk
tā
bar
khatti
ū….
4.
I
grastu
bzškaranēn
p‘oxac
(Traduit
du
trait
é
vétérinaire).
-
Ce
manuscrit
se
trouve
à
la
biblioth
è
que
des
P
è
res
M
é
khitaristes
de
Venise.
C'est
un
texte
incomplet
de
5
pages
-
on
y
trouve
les
chapitres
I-XIX
et
XXIX-XXX
de
la
table
des
mati
è
res
-
qui
a
été
publié
en
1887
dans
la
revue
Bazmavēp.
L'éditeur,
le
p
è
re
H.
T‘.,
écrit
à
ce
sujet:
«Notre
langue
ne
se
trouve
probablement
pas
à
un
niveau
inférieur
en
comparaison
des
langues
développées
quant
aux
mots
concernant
la
botanique,
la
zoologie,
l'anatomie
et
surtout
la
médecine,
que
l'on
trouve
par
milliers
dans
les
livres
de
médecine.
Nous
n'avons
pas
id
é
e
de
la
richesse
de
notre
langue,
et
souvent
nous
peinons
en
vain
pour
forger
des
termes
nouveaux
(souvent
sans
art
ni
é
l
é
gance),
alors
que
nos
anciens
en
ont
cr
éé
s
et
expliqu
é
s
non
seulement
un
mais
deux
ou
trois
à
leur
place».
H.
T‘.,
en
se
basant
sur
la
pr
é
sence
de
quelques
mots
fran
ç
ais
dans
le
texte
(provenant
de
la
fr
é
quentation
des
Arm
é
niens
avec
les
Latins
pendant
les
Croisades),
croit
que
le
manuscrit
est
«traduit
du
français»,
alors
qu'
à
la
première
comparaison
avec
le
Trait
é
d'hippiatrie
de
Faradj
on
s'aper
ç
oit
que
ceci
n'est
qu'un
bref
r
é
sum
é
de
quelques
passages
de
cela.
On
trouve
dans
le
texte
les
particularit
é
s
du
moyen
arm
é
nien
de
Cilicie
et
des
emprunts
arabes.
Un
examen
comparatif
minutieux
nous
permet
de
conclure
à
l'identit
é
des
deux
textes.
5.
L'exemplaire
ayant
servi
à
la
traduction
en
géorgien
est
probablement
une
deuxième
version
ou
une
deuxième
copie
du
Traité
d'hippiatrie
de
Faradj.
La
traduction
géorgienne
du
Traité
d'hippiatrie
a
été
faite
en
1788
à
la
demande
du
dernier
souverain
de
Géorgie,
le
régent
Georgi
Herakli,
par
le
père
Osesje
et
le
père
arménien
Petros,
en
collaboration
avec
P‘ilipos
Łait‘mazyan
et
son
fils,
le
père
Samuēl.
P.
Muradyan,
dans
l'article
cité
plus
haut,
fait
remarquer
que
le
colophon
du
texte
arménien
est
reproduit
avec
quelques
abréviations
et
quelques
altérations;
ainsi,
le
lieu
de
la
copie,
Sis,
a
été
remplacé
par
Sivas,
et
l'époque,
1296-1298,
par
950
(1504).
Nous
croyons
que
les
faits
rapportés
ne
proviennent
pas
d'altérations
mais
de
l'original
lui-même,
et
donc
à
l'existence
d'une
deuxième
version
du
Traité
d'hippiatrie
de
Faradj
ou
d'une
deuxième
copie
du
livre
exécutée
à
Sivas
en
1504.
Notre
supposition
se
confirme
par
la
comparaison
de
notre
texte
avec
sa
traduction
g
é
orgienne.
Cette
derni
è
re
est
compos
é
e
de
deux
grandes
parties:
une
premi
è
re
partie
de
56
chapitres
et
une
deuxi
è
me
de
224,
alors
que
l'ensemble
de
la
variante
en
contient
182.
La
table
des
mati
è
res
est
bien
traduite,
sauf
les
termes
arabes
inconnus
du
traducteur
qui
les
a
délaissés.
6.
B
ž
škaran
vasn
jioy
ew
ĵ
oroy
ew
kam
išu,
or
Xosrov
ark‘a
zgrel
et
(Livre
de
m
é
decine
des
chevaux,
des
mulets
ou
des
â
nes
é
crit
à
la
demande
du
roi
Xosrov).
-
C'est
un
texte
de
petit
format
é
crit
en
1696
au
monast
è
re
du
Saint-Esprit
de
Van
par
Ł
azar
Amt‘ec‘i
et
qui
se
trouve
au
Matenadaran
ms.
n
°
459,
fol.
104
v
-114
v .
Quelques
extraits
de
ce
manuscrit
ont
é
t
é
publi
é
s
par
A.
Ter-Po
ł
osyan
dans
le
D
é
veloppement
de
la
pens
é
e
biologique
en
Arm
é
nie
(Er
é
van,
1960,
p.
334).
Ter-Po
ł
osyan
fait
les
remarques
suivantes
à
propos
de
l'
é
poque
de
la
r
é
daction
de
ce
Livre
de
m
é
decine:
«Nos
anc
ê
tres,
qui
se
sont
beaucoup
int
é
ress
é
s
à
l'aspect
pratique
des
choses,
se
sont
mis
à
é
crire
en
arm
é
nien
populaire
dans
la
Cilicie
arm
é
nienne.
Ce
Livre
de
m
é
decine
est
probablement
une
œuvre
de
la
p
é
riode
cilicienne
et
il
faut
chercher
le
roi
Xosrov
à
l'
é
tranger».
L'
é
minent
biologiste
ajoute
que
le
roi
Xosrov
en
question
est
probablement
Xosrov
II
Parw
ï
z,
roi
de
Perse
du
VII
e
si
è
cle
(590-628),
et
que
l'original
persan
fut
traduit
probablement
en
arabe
par
la
suite,
et
de
l
à
en
arm
é
nien.
Malheureusement,
pour
formuler
ses
suppositions
Ter-Po
ł
osyan
ne
s'appuie
pas
sur
des
preuves
linguistiques.
En
effet,
un
premier
coup
d'œil
sur
la
langue
employée
dans
cette
hippiatrie
donne
l'impression
que
l'on
se
trouve
en
pr
é
sence
d'une
œuvre
plus
r
é
cente.
Les
termes
d
é
riv
é
s
de
l'arabe
-
aspect
tr
è
s
particulier
aux
ouvrages
scientifiques
ciliciens
-
sont
tr
è
s
peu
nombreux,
et
l'on
trouve
davantage
d'emprunts
faits
au
turc.
Une
langue
simple,
avec
absence
de
particularit
é
s
de
l'arm
é
nien
moyen.
Ne
poss
é
dant
pas
de
renseignements
pr
é
cis
sur
l'auteur
ou
sur
le
texte
original
de
ce
Livre
de
m
é
decine,
et
nous
appuyant
sur
les
seules
donn
é
es
linguistiques
et
stylistiques
fournies
par
le
texte
nous
pouvons
dire
que
c'est
probablement
une
œuvre
originale.
Peut-
ê
tre
a-t-elle
é
t
é
r
é
dig
é
e
dans
un
but
utilitaire
par
un
hippiatre
qui
a
d
û
avoir
plusieurs
livres
hippologiques
à
sa
disposition,
dont
l'un
portait
le
nom
de
Xosrov
(sic).
Ce
petit
ouvrage
hippiatrique,
par
l'ensemble
de
son
vocabulaire,
la
description
de
certaines
maladies,
rappelle
beaucoup
le
Trait
é
d'hippiatrie
de
Faradj,
et
cela
peut
provenir
des
sympt
ô
mes
connus
de
toutes
les
maladies
dont
il
est
question.
7.
Ya
ł
ags
jioy
maraz
í
ew
ureck‘i
(Des
maladies
et
des
tumeurs
des
chevaux).
-
Texte
d'une
feuille
écrit
au
XVIII
e
si
è
cle
(apr
è
s
1710),
sans
indication
de
provenance,
conserv
é
dans
le
manuscrit
n
°
550
(pp.
18-9)
du
Matenadaran,
o
ù
l'on
enseigne
brièvement
la
mani
è
re
de
soigner
quelques
maladies
du
cheval.
B
ž
škaran
jioy
ew
arhasarak
grastnoy
(Trait
é
d'hippiatrie
et
des
animaux
en
g
é
n
é
ral).
-
Le
XIII
e
si
è
cle
est
une
grande
p
é
riode
de
l'histoire
culturelle
arm
é
nienne
avec
la
floraison
de
la
litt
é
rature
et
des
arts,
ainsi
que
des
sciences
appliqu
é
es.
Rappelons
que
dans
la
seule
ann
é
e
1263,
d'apr
è
s
les
colophons
du
Livre
de
chimie
(Girk
aruesti
k‘imiakan),
dont
le
manuscrit
se
trouve
à
la
Biblioth
è
que
nationale
de
Paris,
des
livres
sur
la
fonte
de
l'acier,
l'hippiatrie,
la
fabrication
des
é
p
é
es
et
l'astronomie
ont
é
t
é
traduits
en
arm
é
nien
sur
la
recommandation
du
roi
Het‘um
I
er.
Ces
livres,
malheureusement,
ne
sont
pas
parvenus
jusqu'
à
nous.
«Ew
ays
xratnis,
lit-on
dans
le
manuscrit
du
Livre
de
chimie,
ayl
’i
het
po
ł
pat
šinelun
ew
mux
talun
er
grac
’i
noyn
imastasirac‘n
parsic‘
zor
t‘ark‘manec‘
Het‘um
t‘agaworn
hayoc‘
yor
ž
am
gnac‘
Z
Ǝ
R
(18.
000)
hecelov
’i
veray
t‘šnamwoyn
Sultanin
ew
kotoreac‘
ew
spareac‘
zamenesin,
ew
gnac‘
mecaw
patuov
’i
Pa
ł
tat
ar
Nsor
xalifayn
ew
mec
pargew
ō
k‘
darjaw.
ew
imastas
ē
r
omn
sarkawag
Step‘anos
anun
gteal
ar
kaysrn,
or
ayn
č
ʻ
ap
azg
azgi
gir
ew
lezu
useal'
nman
ara
č
ʻ
i
p
ʻ
ilisop‘ayic‘n
ew
o
č
‘
kayr
gir
or
ar
nma
o
č
‘
gtan
ē
r.
ew
na
sirec‘eal
e
ł
ew
’i
hayoc
t‘agawor
ē
n
vasn
hz
ō
r
gitut‘ean,
ew
xndreac‘
yark‘ay
ē
n
ew
et
t‘argmanel
erek‘
girs
Vasn
jioy
payt
ʻ
arnman,
ew
Vasn
t‘ri
šineloy
ew
Vasn
aregakan
ew
lusni
arvestin
ew
bereal
i
hayoc‘
ašxarh».
La
r
é
alisation
de
livres
se
rapportant
aux
diverses
mati
è
res
scientifiques
n'a
pas
é
t
é
l'effet
d'un
hasard.
L'Etat
arm
é
nien
s'
é
tait
consolid
é
à
l'int
é
rieur,
ses
relations
politiques
et
économiques
avec
les
pays
voisins
et
lointains
s'
é
taient
é
tendues,
et
la
population
vivait
dans
un
é
tat
de
paix
satisfaisant.
Pour
affermir
les
assises
politiques
et
militaires
du
pays
et
r
é
sister
au
danger
venant
de
l'
é
tranger,
les
princes
arm
é
niens
devaient
se
consacrer
au
d
é
veloppement
é
conomique
du
pays,
et
plus
particuli
è
rement
aux
progr
è
s
de
l'agriculture,
à
l'extension
des
é
changes
commerciaux
int
é
rieurs
et
ext
é
rieurs.
Le
Trait
é
d'hippiatrie
qui
fait
l'objet
de
notre
examen
a
é
t
é
é
crit,
ainsi
que
nous
l'avons
dit
plus
haut,
à
la
demande
du
roi
Smbat
III
(1296-1298),
au
temps
du
catholicos
Grigoris,
par
le
m
é
decin
syrien
Faradj,
avec
la
collaboration
du
p
è
re
Toros
qui
en
a
é
t
é
le
scribe.
Dans
le
colophon
du
manuscrit
du
Trait
é
d'hippiatrie
le
m
é
decin
Faradj
dit
qu'il
a
«traduit»
cette
œuvre
«de
l'arabe
en
arm
é
nien».
L.
A.
Hovhannisyan,
qui
conna
î
t
le
mieux
l'histoire
de
la
médecine
arm
é
nienne,
dit
que
dans
la
litt
é
rature
m
é
dicale
du
Moyen
Age
on
appelait
«traduction»
tout
travail
effectu
é
à
partir
de
textes
é
trangers,
et
c'est
dans
ce
sens
qu'il
faut
interpr
é
ter
l'expression
«j'ai
traduit»
de
Faradj.
La
comparaison
de
ce
livre
de
chevaux
avec
d'autres
ouvrages
hippologiques
arabes
ou
persans
nous
permet
de
leur
trouver
une
certaine
ressemblance
de
contenu
et
de
construction,
mais
aussi
des
diff
é
rences
manifestes
et
des
interventions
r
é
dactionnelles,
ce
qui
nous
conduit
à
penser
que
le
m
é
decin
Faradj,
tout
en
suivant
les
livres
arabes
de
m
é
decine
«qui
disent»,
et
«selon
plusieurs
philosophes,
tels
Djina,
Abi-Y
ū
suf,
al-Rash
ī
d
et
plusieurs
philosophes
de
l'Inde
et
de
Baghdad»,
composa
sa
br
è
ve
et
claire
hippiatrie
à
l'image
des
œuvres
de
ceux-ci,
mais
sans
leur
complexit
é
et
avec
moins
de
d
é
tails.
En
effet,
il
faut
insister
sur
la
complexit
é
de
la
composition
des
œuvres
similaires
arabes
et
persanes
m
é
di
é
vales
et
leur
caract
è
re
extr
ê
mement
d
é
taill
é,
particuli
è
rement
en
ce
qui
concerne
l'importance
attach
é
e
aux
couleurs
et
aux
teintes
insaisissables
pour
d
é
cider
des
qualit
é
s
et
des
d
é
fauts
des
chevaux,
ce
qui
surcharge
d'autant
la
composition,
rend
difficile
la
compr
é
hension
du
sujet
et
laisse
peu
de
place
à
la
description
et
au
traitement
des
maladies
des
chevaux.
Par
suite
de
l'int
é
r
ê
t
superstitieux
attach
é
à
la
couleur,
des
dizaines
de
pages
sont
consacr
é
es
dans
les
livres
persans
aux
é
v
é
nements
de
la
vie
du
proph
è
te
Mahomet
et
de
ses
disciples,
mettant
l'accent
sur
la
signification
«b
é
n
é
fique»
des
diff
é
rentes
couleurs
des
chevaux
sur
lesquels
ils
se
trouvaient
durant
les
combats.
Dans
le
livre
qui
nous
occupe,
le
m
é
decin
Faradj
donne
moins
de
place
à
la
description
des
couleurs
et
des
teintes,
et
davantage
aux
soins,
aux
maladies
et
à
leur
traitement.
La
lecture
du
premier
chapitre
du
Trait
é
d'hippiatrie
du
m
é
decin
Faradj,
qui
a
le
caract
è
re
d'une
br
è
ve
entr
é
e
en
mati
è
re,
nous
donne
l'impression
que
l'on
se
trouve
devant
une
œuvre
originale
r
é
dig
é
e
par
un
chr
é
tien
avec
une
certaine
empreinte
de
la
pens
é
e
linguistique
arm
é
nienne.
Le
mot
ji
est
expliqu
é
selon
l'
é
tymologie
populaire,
jig
ə
nt‘ac
ʻ
o
ł
ew
arag
aršawo
ł;
dans
l'
é
num
é
ration
des
marques
on
trouve
des
caract
è
res
arm
é
niens
et
dans
la
partie
ayant
trait
aux
talismans,
un
talisman
à
caract
è
res
arm
é
niens.
Le
m
é
decin
Faradj,
qui
a
é
tudi
é
et
exerc
é
longtemps
«dans
la
grande
ville
de
Bagdad»,
ainsi
qu'il
le
dit
lui-m
ê
me,
fait
souvent
allusion
à
ses
exp
é
riences
pour
indiquer
le
r
é
sultat
positif
obtenu
dans
tel
ou
tel
cas,
ou
pour
pr
é
coniser
une
autre
m
é
thode.
On
ne
sait
rien
pour
l'instant
sur
l'identit
é
du
m
é
decin
Faradj.
Hovhannisyan,
dans
son
Histoire
de
la
m
é
decine
é
crit
que
«dans
la
p
é
riode
en
question
nous
n'avons
trouv
é
aucune
indication
sur
un
m
é
decin
ou
v
é
t
é
rinaire
du
nom
de
Faradj
parmi
les
médecins
arabes
plus
ou
moins
connus».
Le
Trait
é
d'hippiatrie
est
compos
é
de
182
chapitres.
Le
premier
chapitre,
ainsi
que
nous
l'avons
dit
plus
haut,
a
le
caractère
d'une
courte
pr
é
face;
les
chapitres
II-IV
sont
consacr
é
s
à
la
reconnaissance
des
chevaux;
les
chapitres
XI-XV
à
la
grossesse
et
à
la
mise
bas;
les
chapitres
XVI-XXI
aux
couleurs,
aux
marques
et
aux
boucles
des
poils
(classification
des
poils
boucl
é
s
des
chevaux);
les
chapitres
XXII-XXXI
aux
soins;
les
chapitres
XXXII-XLVII
aux
tares
des
diff
é
rentes
parties
du
corps
de
la
b
ê
te,
tandis
que
les
chapitres
XLVIII-CLXXXII
sont
consacr
é
s
aux
diff
é
rentes
maladies
et
à
leur
traitement.
Pr
é
cisons
que
le
titre
de
l'ouvrage
ne
correspond
pas
au
texte,
qui
traite
d'hippologie
et
d'hippiatrie
uniquement.
Cela
provient
de
ce
que
-
au
dire
des
sp
é
cialistes
-
au
Moyen
Age
la
science
arabe
dans
ces
livres
-
et
celui-ci
à
leur
image
-
ne
diff
é
rencie
pas
l'hippologie
de
la
zooth
é
rapie,
ce
qui
permeta
A
č
aryan
de
la
classer
en
zooth
é
rapie.
Le
travail
du
m
é
decin
Faradj
est
celui
d'un
sp
é
cialiste
consciencieux.
Comme
Mxit‘ar
Herac
ʻ
i,
il
cite
ses
sources,
rappelant
les
noms
de
ses
auteurs
aussi
bien
dans
le
texte
que
dans
le
colophon;
en
plus,
il
a
dessin
é
le
portrait
du
philosophe
Djina
au
d
é
but
du
livre.
Pour
rendre
son
texte
encore
plus
intelligible,
il
a
dessin
é
avec
beaucoup
d'art
un
cheval,
en
indiquant
pr
è
s
de
chaque
membre
ses
qualit
é
s
et
ses
d
é
fauts.
Il
é
crit
à
ce
propos
(fol.
151):
Aynok‘,
or
č
ʻ
ē
in
gitawłk‘
ew
č
ana
č
ʻ
o
ł
k‘
zawdvacoc‘
ew
kerparanac‘
jioy,
mek‘
hanak‘
zjioyn
kerpn
u
grec
ʻ
ak‘
i
x
ēč
‘
am
ē
n
zowdvaci
zir
orpisut
ʻ
iwnn,
za
łē
kn
u
zpi
ł
cn:
A
propos
de
la
langue
du
Trait
é
d'hippiatrie.
Le
vocabulaire
employ
é
dans
le
Trait
é
d'hippiatrie
de
Faradj
est
de
la
m
ê
me
veine
que
les
ouvrages
connus
du
XIII
e
si
è
cle,
tels
le
Code
(Datastanagirk‘)
du
Conn
é
table
Smbat,
les
Assises
d'Antioche
(Asizk‘
Antiok‘ay),
traduit
du
fran
ç
ais
m
é
di
é
val,
et
particuli
è
rement
le
Livre
des
travaux
(Girk‘
vastakoc‘),
traduit
de
l'arabe,
l'Examen
du
corps
humain
et
de
ses
maladies
(K‘nnut
ʻ
iwn
bnut‘ean
mardoy
ew
norin
c
ʻ
awoc‘)
de
Grigoris.
A
notre
é
poque
de
progr
è
s
v
é
t
é
rinaires,
alors
que
l'on
é
tudie
attentivement
les
exp
é
riences
des
temps
pass
é
s
et
la
m
é
decine
m
é
di
é
vale
populaire,
les
ouvrages
m
é
dicaux
arm
é
niens
du
Moyen
Age
peuvent
pr
é
senter
aussi
de
l'int
é
r
ê
t,
qu'ils
soient
originaux
ou
des
traductions.
On
sait
que
jusqu'
à
la
fin
du
Moyen
Age
tous
ceux
qui
portaient
le
titre
de
m
é
decin
s'occupaient
aussi
bien
des
gens
que
des
b
ê
tes,
et
que
les
noms
des
maladies
et
des
m
é
dicaments
é
taient
les
m
ê
mes,
et
que
seules
les
proportions
diff
é
raient.
Dans
le
cas
pr
é
sent,
le
Trait
é
d'hippiatrie
est
é
tudi
é
par
l'auteur
à
titre
de
contribution
à
la
connaissance
de
la
litt
é
rature
arm
é
nienne
m
é
di
é
vale.
De
m
ê
me
que
le
Soulagement
des
fi
è
vres,
é
crit
au
XII
e
siècle
par
le
plus
grand
repr
é
sentant
de
la
médecine
arm
é
nienne,
Mxit‘ar
Herac
ʻ
i,
«en
langage
paysan
et
en
prose
pour
ê
tre
compris
de
tous»,
un
grand
nombre
de
livres
pr
é
sentant
un
int
é
r
ê
t
utilitaire
du
XIII
e
si
è
cle
(Livre
des
travaux,
Livre
de
Chimie,
etc.
),
dont
le
Trait
é
d'hippiatrie
de
Faradj,
sont
r
é
dig
é
s
en
langue
populaire.
Ceci
nous
explique
la
pr
é
sence
d'un
grand
nombre
de
mots
compos
é
s
arm
é
niens
(105
mots)
qui
ne
se
trouvent
pas
dans
nos
dictionnaires
classiques,
et
des
termes
hippologiques
(146
mots)
é
trangers,
principalement
d'origine
arabe
ou
persane
-
et
m
ê
me
quelquefois
fran
ç
aise.
Parmi
les
mots
compos
é
s
arm
é
niens
nous
trouvons:
ar
ō
tkah
(prairie),
be
č
c‘aw
(mal
au
dos),
hovamut,
mazberan
(fente),
ne
ł
hrel
(serrer,
presser),
paxrec
ʻ
aw,
smbakberan,
k‘aštel
(lieu
d'attache
de
la
sangle),
etc.;
parmi
les
mots
arm
é
niens
form
é
s
à
partir
d'emprunts
é
trangers:
ar
ł
apel
(tordre,
courber),
gahlnal
(s'amollir,
tomber
malade),
č
lel
(couvrir
de
chiffons),
mazk‘alel
(raboter,
polir),
yaypel
(tacher);
emprunt
é
s
de
l'arabe:
ahsaf
(cicatrice),
aysam
(cheval
ayant
une
ou
deux
pattes
blanches),
atala
(muscle),
ziar
(sangle),
xartas
(papier
appr
ê
t
é,
nous
avons
d
é
j
à
k‘art
ē
s,
emprunt
é
au
grec),
xut‘
(luzerne),
hat
(limite),
harun
(cheval
ent
ê
t
é
),
hart
(mal
à
l'omoplate),
mutla
(couleur
dor
é
e),
mk‘uk‘
(mesure
pour
c
é
r
é
ales
ou
liquides),
ya
č
(d
é
fense
d'
é
l
é
phant,
ivoire),
nasay
(nerf
sciatique),
samand
(cheval
à
queue
et
crini
è
re
noires),
tahin
(huile
de
s
é
same);
emprunt
é
s
au
persan:
zark‘
(jaune),
cnur
(du
persan
«znur»,
tube
de
verse
pour
absorber
le
sang),
rasxut
(antimoine),
rk‘ep
(
é
trier),
susani
(bleu
â
tre),
k‘ik‘k‘
(prunelles
des
yeux),
etc.
Dans
certains
cas
particuliers,
parall
è
lement
aux
expressions
et
aux
mots
é
trangers
on
trouve
la
traduction
du
mot
ou
l'expression
correspondante.
Ainsi:
Ǝ
nt‘išarn,
or
t‘ark‘mani
c‘rk‘iln
u
m
ē
kniln
(fol.
94
v
);
Yatasi,
or
t‘argmani
ir
spnaxayt
(fol.
35);
Nek‘t‘af,
or
t‘argmani
bēčcaw
(fol.
98
v
);
Nufax,
or
t‘argmani
p
ʻ
uk‘k‘
(fol.
97
v
);
Šurnax,
or
k‘ac
ʻ
parn
(fol.
122);
Ya
ł
ags
darfayi,
or
ē
zarkk‘
i
ya
č
ʻ
k‘n
(fol.
117),
etc.
Une
partie
des
mots
compos
é
s
arm
é
niens
ou
emprunt
é
s,
particuli
è
rement
les
formes
iraniennes,
avaient
probablement
cours
dans
le
langage
populaire,
mais
ne
sont
pas
pass
é
s
dans
la
litt
é
rature.
Les
quelques
dictons
suivants
que
l'on
trouve
dans
le
Trait
é
d'hippiatrie
font
partie
du
langage
populaire.
Ainsi:
Na
or
šat
janay`
na
šat
gitenay
(fol.
56
v
);
A
ł
vor
ba
ž
neln
i
jioyn
a
žē
za
ł
vor
i
vray
kenaln
(fol.
59);
Berd
amur
ē
ew
zarknaw
ł
n
ə
mbereli
(fol.
60
v
);
T‘
ē
jiawor
es`
na
k‘o
jiovn
es
(fol.
61).
Le
jeu
suivant,
d
é
crit
dans
la
partie
hippique
du
Trait
é
d'hippiatrie
est
un
fragment
sur
la
vie
sportive,
témoignage
important
pour
les
é
tudes
ethnographiques
(fol.
60
v
):
Ayr
omn
jiawor
…
dram
mi
m
ē
k
otin
nerk’ew
dner
ew
dram
mi
m
ē
kaylin
i
hecelnin,
ew
xa
ł
ayr,
ew
šat
mi
ə
r
ə
mbni
kot
ə
rt
ē
r
ew
puhurt
ē
r
(…
?),
u
erb
tesnuin
na
hawn
kayr
i
te
ł
in`
dramn
anxaxt
nerk‘ew
otinn:
Les
noms
des
plantes
cit
é
es
dans
le
Trait
é
d'hippiatrie,
dont
le
nombre
monte
à
plusieurs
dizaines,
m
é
ritent
une
attention
particulière.
On
sait
que
la
litt
é
rature
arm
é
nienne
m
é
dicale
du
Moyen
Age
se
servait
du
Dictionnaire
de
Galien
(Bark‘
Galianosi
b
ž
škapeti),
et
à
l'
é
poque
m
ê
me
de
la
r
é
daction
de
notre
Trait
é
d'hippiatrie,
vers
la
fin
du
XIII
e
si
è
cle,
et
plus
pr
é
cis
é
ment
en
1294,
on
recopiait
le
Dictionnaire
m
é
dico-pharmaceutique
(T‘argmanut‘iwn
anuanc‘
de
ł
oc‘).
Il
se
peut
que
le
m
é
decin
Faradj
et
le
p
è
re
T‘oros
aient
eu
à
leur
disposition
ce
dictionnaire
et
encore
d'autres,
et
qu'ils
les
aient
utilis
é
s,
mais
il
faut
noter
qu'il
y
a
dans
leur
Trait
é
d'hippiatrie
quelques
noms
de
plantes
m
é
dicinales,
tels
que
gum,
mtet,
mormur,
spungar,
faxt‘,
etc.,
qu'on
voit
pour
la
premi
è
re
fois.
On
trouve
aussi
quelques
noms
de
poids
et
de
mesures
dont
on
se
servait
à
l'
é
poque
en
Arm
é
nie
cilicienne,
ce
qui
est
tr
è
s
int
é
ressant
pour
l'
é
tude
de
la
vie
é
conomique
de
la
Cilicie.
Ce
sont:
Pa
ł
ta
č
i
(=
pa
ł
tatc
ʻ
i)
kankun
(fol.
45),
qui
vaut,
selon
le
Trait
é
d'hippiatrie,
Hayoc‘
erkrin
kanknovn
z
ē
d
erek‘
hariwr
kankun
(fol.
45),
litr
pa
ł
tac
ʻ
i
(=
pa
ł
tatc'i),
qui
vaut
hariwr
u
eresun
dramakš
ē
r
(fol.
41
v
),
mk‘uk‘
(fol.
41
v
),
nuki
(fol.
103),
kut
(fol.
154),
dram
(fol.
119),
t‘u
ł
t‘
(fol.
103),
dang
(fol.
154).
L'orthographe
du
manuscrit
est
aussi
int
é
ressante
à
suivre.
Le
traducteur
et
le
copiste
n'
é
tant
pas
tr
è
s
vers
é
s
dans
l'orthographe
de
l'arménien
classique,
ont
quelquefois
é
crit
le
m
ê
me
mot
de
fa
ç
ons
diff
é
rentes,
ce
qui
nous
permet
de
mieux
nous
rendre
compte
de
la
prononciation
arm
é
nienne
de
l'
é
poque.
Tout
ceci
et
plusieurs
autres
formes
linguistiques
du
manuscrit
enrichissent
nos
connaissances
de
l'arm
é
nien
du
Moyen
Age
et
confirment
l'appr
é
ciation
d’A
č
aryan
selon
laquelle
on
se
trouve
bien
devant
un
manuscrit
«excellent
par
le
texte
et
son
é
criture».
Les
différents
aspects
de
l'arménien
du
Moyen
Age
ont
été
étudiés
par
les
célèbres
arménistes
A.
Ayt
ə
nyan,
Ł.
Hovnanyan,
J.
Karst,
M.
Abełyan,
H.
Ačaryan,
S.
Łazaryan,
A.
Abrahamyan
et
G.
Ĵahukyan.
La
publication
par
l'Institut
H.
A
č
aryan
de
l'Académie
des
sciences
de
la
R.
S.
S.
d'Arm
é
nie
des
tomes
I
et
II
des
Regards
sur
l'histoire
de
de
l'arm
é
nien
littéraire
du
Moyen
Age
est
une
nouvelle
é
tape
pour
ces
é
tudes,
dont
les
auteurs
(H.
D.
Muradyan,
M.
H.
Muradyan,
S.
M.
Ant‘osyan,
L.
S.
Hovsep‘yan,
P.
K.
Vardapetyan,
L.
L.
Karapetyan),
après
avoir
rassembl
é
les
r
é
sultats
des
é
tudes
faites
sur
l'arm
é
nien
du
Moyen
Age
et
à
la
suite
des
publications
de
textes
faites
ces
dix
derni
è
res
ann
é
es
ont
r
é
examin
é
certaines
hypoth
è
ses
et
certaines
conclusions
pour
r
é
pondre
aux
questions
pos
é
es
par
l'
é
tude
du
moyen
arm
é
nien.
Pour
contribuer
à
l'examen
du
vocabulaire
de
l'arménien
du
Moyen
Age
l'auteur
a
ajout
é
à
l'
é
dition
du
Trait
é
d'hippiatrie
un
important
glossaire
de
termes
obscurs,
des
mots
compos
é
s
nouveaux
et
des
emprunts
é
trangers
avec
leur
étymologie.
On
trouve
dans
ce
glossaire
un
grand
nombre
de
mots
dont
l'origine
ne
se
trouve
pas
dans
les
dictionnaires
publi
é
s
à
ce
jour,
ainsi
que
certains
mots
qui
apparaissent
pour
la
premi
è
re
fois.
Traduit
de
l'arménien
par
Léon
T.
Hatchikian