Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  Toute la partie occidentale du département de la Cilicie TrachÉe est comprise dans la vallée du fleuve Calycadnus, le troisième en grandeur parmi les fleuves de la Cilicie. Il ne descend pas comme les autres du nord au sud pour se jeter presque directement dans la mer; il vient de l'ouest, tourne vers l'est, et divise presqu'en deux une belle et vaste vallée circulaire, bordée de deux côtés par des montagnes rocheuses et escarpées et entrecoupées par des gorges. Les sommités du côté du sud sont à quelques lieues de la mer, et y envoient directement divers cours d'eau. La chaîne des montagnes du nord sépare les territoires de la Lycaonie et de l'Isaurie et touche à l'ouest, à la Pisitie et à la Pamphylie, à l'est, aux trois grandes parties de la Cilicie: c'est-à-dire à la Cilicie Trachée, à la Cilicie de Plaine et à la Cilicie Maritime.

Le Calycadnus dont la longueur est de 160 à 170 kilomètres, est formé de différents rameaux et reçoit divers affluents, dont le principal et le plus à l'est est le Gueuk-sou, (Eau bleue), qui prête aussi son nom au grand fleuve: il jaillit de la montagne Gueuk-dagh. Suivant quelques cartes topographiques, à l'ouest du bourg d'Erménég, il reçoit la rivière Actari ou Ak-déré qui descend des frontières de l'Isaurie et on pourrait la regarder comme la vraie source du Calycadnus, aujourd'hui communément appelée Erménég-sou du nom de la petite ville. De l'est de ce district descend la rivière Bal-késsen, (selon les uns Bachelekan), et à l'est de cette dernière et à l'ouest de Karaman, près de Moute, la rivière Bouzaktchi-sou, ces rivières sont toutes deux des affluents de la rive gauche du Calycadnus; sur la rive droite d'autres petits cours d'eau se confondent avec le fleuve: les principaux sont le Bache-déré et l' Erig-déré. Après avoir reçu tous ces affluents, le fleuve entre dans une vallée plus étroite et plus profonde; parmi les autres petites rivières qu'il reçoit encore, nous pourrions citer le Sari-kavak.

Le territoire est entièrement montagneux, et ces chaînes peuvent être considérées comme des rameaux du Taurus; elles ne s'y joignent cependant pas directement comme celles de la haute Cilicie, et ne dépassent point la hauteur de 2, 000 mètres. Voici l'ordre des sommités: En commençant au nord-ouest, l' Altchine-dagh, le Yelli-bel-dagh, le Katrame-dagh, le Toptché-dagh ou Top-guédik, entre les rivières de Balkéssen et de Bouzaktchi; l'Ali-beg-dagh, le Théké, entre le Sari-kavak et la Séleucie. Au sud du fleuve, entre le Gueuk-sou et les plages de la mer, s'allonge la cime du Thuréngli? appelé Imbaros par les anciens. Il faudrait chercher vers le sud de la Séleucie dans l'espace compris entre la vallée du fleuve et les côtes de la mer, les montagnes Carmerdes ou Cathimerdes, que traversa Philippe Auguste, en 1191, après avoir passé le fleuve Calycadnus. A l'est et vers la Séleucie, la vallée inférieure s'élargit et le fleuve devient plus majestueux. Vers le milieu de la vallée, il a de 15 à 30 mètres de large, il est peu profond et acquiert un cours rapide; toutefois dans sa partie supérieure il est quatre fois plus rapide à cause de la pente du terrain, qui par ses inégalités rend presque impossible toute route praticable et aisée; on n'aperçoit pas même un chemin qui conduise à Séleucie, ville principale de la province. Pourtant on a ouvert deux routes fréquentées sur les bords de la mer: elles partent de Kélénder et vont vers le nord, traversant le fleuve et les rivières et parcourant les défilés et les vallons, l'une se dirige à l'est, à Laranda, l'autre à gauche, à Erménég et de à Iconium.

Il va sans dire que dans les endroits le terrain est plat, il est très fertile et le séjour en est agréable; les vignes et les céréales y abondent. Nos ancêtres avaient creusé de petits canaux pour l'irrigation, car les bords du fleuve s'élèvent de beaucoup au-dessus du niveau del'eau et les champs ne peuvent guère en être arrosés. Comme nous l'avons indiqué ailleurs, au point de vue politique il est difficile de distinguer les limites entre la Cilicie Trachée et l'Isaurie, qui, suivant plusieurs géographes, ne doivent pas être séparées l'une de l'autre. Les anciens écrivains, mentionnent comme provinces distinctes, dans la partie que nous regardons comme la Cilicie Trachée: à l'ouest, Lalassis ou Talassis, (car ce nom est écrit de deux manières Λαλασίς ou Δαλδίς; à l'est, SÉleucie; quant au milieu, aucune province n'y est indiquée, ce n'est pas tant à cause de l'inégalité du terrain que par suite des habitudes de brigandage des habitants, qui ne permettaient pas de fixer une limite stable. Lalassis et la province qui en dépendait est très souvent attribuée à l'Isaurie. Les Romains mêmes laissèrent ce pays libre; il s'y trouvait une tribu regardée comme sacrée ou sacerdotale dont nous allons parler.

Sous la domination des empereurs Byzantins, le Canton de Séleucie comprenait non seulement toute la vallée du fleuve Calycadnus, mais encore une partie de l'Isaurie; selon Porphyrogène, la partie intérieure et maritime s'appelait Décapolis, c'est-à-dire les dix villes, savoir: Germanicopolis, Titiopolis, Tométiopolis, Zénopolis, Néapolis, Claudiopolis, Erinopolis, Césarée, Lausate et Dalasante. Nous avons classé la plus grande partie de ces villes dans la Cilicie maritime, et nous en parlerons à temps voulu.

Avant l'établissement de la dynastie des Roupiniens, des Arméniens habitaient déjà dans la province de Séleucie; on en mentionne en 967, un certain nombre qui s'étaient mis en embuscade dans les montagnes de Séleucie; ils attaquèrent les Sarrasins qui avaient ravagé les environs d'Iconium, s'emparèrent de leur butin et réussirent à les chasser le long des plages de la mer jusqu'en Syrie.

Durant la domination arménienne, ce fut d'abord Thoros II qui s'empara de la Cilicie et de l'Isaurie, puis de la Séleucie, d'où le roi Léon s'avança jusqu'à Attalie. Au commencement de son règne le gouverneur de ces lieux était Sir Adan, le premier parmi les barons; les limites de son domaine s'é-tendaient jusqu'à Calonoros, et tout le territoire portait le nom de Territoire de Sir Adan; on affirme que sa juridiction s'étendait de Séleucie jusqu'au susdit château, mais il est très probable que Séleucie était en dehors de ses possessions; et en effet, le Baron encore vivant, Léon, accorda cette ville aux Hospitaliers: mais le territoire propre dépendant de l'autorité du Baron Adan paraît s'être étendu au delà de la vallée du fleuve; c'est pourquoi nous l'examinerons dans la partie maritime. Dans la liste des princes arméniens présents au couronnement de Léon, on trouve les noms des maîtres de châteaux qui sont connus dans la vallée du Calycadnus, et probablement il devait y avoir encore d'autres forteresses dont la situation et les noms sont aujourd'hui inconnus. Ces forts sont mentionnés aussi sous le règne de Léon II, chacun avec le nom de son maître. L'historien royal dit à ce propos: «Au commencement de son règne (Léon II) se rendit à Saurie (Isaurie), pour visiter la province, et il s'en retourna plein de joie»; évidemment il trouvait ces lieux selon son désir, dans la paix et la prospérité.

Aujourd'hui selon l'administration ottomane, la vallée du Calycadnus forme la plus grande partie de la province d' Itch-éli du département de Karaman, dans lequel sont compris les districts maritimes et douze tribus de Turcomans; je ne sais si elles habitent sur les plages de la mer ou dans la vallée même. Voici les principales localités de cette vallée; Erménég, avec deux districts, Belkéï-djébel (Côté des montagnes), Ziyné, Evkaf, Sari-kavak, Moute. Quant aux tribus les voici: Sinanli, Kécheli, Erémli, Bouladjli, Tatar, Kara-boudjoulou, Kara-hadjili, Bakeche, Gurdji, Sandallie, Khaïr-ili-kivartian ; et les trois Belkéï-bouze-aghadje, Belkéï-Yorgane, Belkéï-Kériné, qui paraissent habiter vers la mer, près de Kéléndrie, comme aussi celle de Belkéï-Bazardjek, près de Sélinounte. Laissant de côté ces lieux, nous partagerons la province de Séleucie, en remontant le fleuve et selon les vallées des rivières, en trois cantons: . Séleucie, . Sari-kavak et Moute, . Erménég.