Après
la
première
dévastation
du
territoire
de
Sissouan
par
les
Egyptiens,
Adana
brille
d'un
nouvel
éclat
dans
l'histoire.
Pendant
la
grande
incursion
de
Bibars
ou
Semelmoth,
leurs
hordes
s'arrêtèrent
aux
portes
de
la
ville;
ils
auraient
peut-être
pu
s'en
emparer,
mais
la
nouvelle
de
l'arrivée
des
Tartares
les
força
à
se
retirer.
Vingt
ans
après
(1286),
Etienne
d'Orbél
élu
ici
évêque
de
Sunik,
nous
informe;
«qu'on
s'assembla
en
concile
à
Adana,
et
que
les
délibérations
durèrent
quarante
jours.
Après
avoir
élu
le
digne
Constantin,
on
le
consacra
patriarche
des
Arméniens,
le
samedi
de
Pâques;
le
jour
suivant
nous
fûmes
ordonné
évêque
de
Siunik».
En
1310,
à
Adana
fut
signé
le
traité
entre
Henri
II,
roi
de
Chypre,
prisonnier,
et
son
frère
Amaury,
beau-frère
du
roi
Ochine,
avec
l'assentiment
de
ce
dernier
et
des
Barons
arméniens,
en
présence
du
nonce
du
Pape,
Raymond
de
Pins
[1].
C'est
encore
à
Adana
qu'eut
lieu
le
synode
national
de
1316
sous
le
règne
de
ce
même
Ochine
et
le
patriarcat
de
Constantin
II.
Comme
c'est
le
dernier
concile
général
arménien,
dans
lequel
la
noblesse
et
le
clergé
se
trouvent
unis,
nous
donnons
ici
les
noms
des
principaux
assistants,
en
y
joignant
les
remarques
d'un
contemporain:
«Ochine
notre
roi
christophile
et
pieux,
envoya
une
députation
à
Constantin,
le
vénéré
catholicos,
et
(ayant
obtenu
son
assentiment),
il
émana
un
ordre
dans
tout
son
royaume,
afin
que
tous
les
évêques,
les
docteurs
et
les
prêtres
se
réunissent
en
concile
pour
défendre
la
vérité
et
faire
disparaître
l'erreur...
Alors
nous
tous,
nous
nous
réunîmes
dans
la
magnifique
et
royale
ville
d'Adana,
dans
l'église
de
Saint-Minas,
qui
est
dans
le
palais
royal,
le
jour
de
la
grande
fête
de
l'Epiphanie
de
Jésus-Christ,
Notre
Seigneur.
Constantin,
catholicos
de
tous
les
Arméniens.
Jean,
archevêque
de
Tarsus.
Constantin,
archevêque
de
Sis.
Etienne,
évêque
d'Adana.
Jean
+
de
Taron.
Jean
+
d'Anazarbe.
Jean
+
de
Mamestie.
Nersès
+
de
Molévon.
Etienne
+
de
Partzerpert.
Jacques
+
de
Gaban.
Grégoire
+
de
Marache.
Avédik
+
de
Neperguèrde
(Moufarghin).
Constantin
+
d'Ancyre.
Marc
+
de
Cars.
Etienne
+
de
Colonie.
Jacques
+
de
Salamaste.
Constantin
+
de
Marantounik.
Etienne
+
Assistant
du
catholicos.
Jean
Docteur.
Cyriaque
Docteur,
ermite.
Grégoire
Docteur
de
Kermaghpure.
Grégorès,
le
Docteur.
Mardyros,
le
Docteur.
Haïrabied,
abbé
de
Turkit.
Basile,
abbé
de
Khorine.
Ochine,
le
pieux
roi
des
Arméniens.
Alinakh,
frère
du
roi,
seigneur
de
Tarsus
et
de
Lambroun.
Le
Baron
Sempad,
maréchal,
seigneur
d'Asgouras.
Le
baron
Héthoum,
le
généralissime
dès
Arméniens.
Le
Baron
Bohémond,
sénéchal,
seigneur
de
Mikaïl-cla.
Le
Baron
Ochine,
seigneur
de
Coricus.
Le
Baron
Sempad,
seigneur
de
Sempada-cla.
Le
Baron
Ochine,
seigneur
de
Gobidar.
Le
Baron
Lycus,
seigneur
de
Khentzorovide.
Le
Baron
Thoros,
Proximus,
seigneur
da
Tchiofré-cla.
Et
encore
d'autres
princes
et
nobles
Arméniens,
et
Thoros
l'aumônier
du
roi,
et
grand
nombre
de
prêtres
et
de
religieux.
Après
avoir
examiné
et
confirmé
les
canons
et
les
définitions
du
concile
de
Sis,
de
l'an
1307,
ils
ajoutèrent:
Or,
pour
la
confirmation
de
ce
canon,
chacun
de
nous
tous
qui
sommes
assemblés
ici,
a
signé
son
propre
nom,
de
sa
propre
main
dans
ce
même
livre
du
canon;
et
nous
l'avons
scellé
et
confirmé
par
serment
sur
le
signe
de
la
croix
du
Christ
et
du
saint
évangile.
Moi,
Constantin,
catholicos
de
tous
les
Arméniens,
j'y
souscris
de
mon
plein
gré.
Jean
+
de
Tarse,
et
les
autres,
les
archevêques,
comme
ci-dessus».
De
même
signèrent
l'acte
du
concile,
Ochine,
le
pieux
et
christophile
roi
des
Arméniens;
le
théophile
et
le
plein
de
sagesse
Baron
Alinakh,
frère
du
roi
et
le
grand
généralissime
Héthoum;
et
tous
les
plus
nobles
princes
arméniens
y
apposèrent
leur
signature.
Pour
la
gloire
de
J.
-C.,
notre
Dieu
et
notre
espérance,
qui
est
béni
avec
le
Père
et
le
Saint-Esprit,
pour
toute
l'éternité.
Amen».
Il
paraît
que
la
ville
d'Adana
se
trouvait
dans
un
état
de
prospérité
même
aux
temps
de
Léon
IV,
fils
d'Ochine,
quoique
quelques
exemplaires
de
la
chronique
de
Samuel
d'Ani,
relatent
que
les
Egyptiens
incendièrent
Adana,
en
1322,
et
détruisirent
son
château.
Cependant
selon
les
exemplaires
les
plus
certains,
ces
faits
se
rapportent
à
Ayas
et
non
à
Adana,
comme
nous
en
parlerons
dans
la
topographie
de
cette
ville
maritime.
Nos
derniers
rois
se
réfugièrent
à
Adana,
probablement
à
cause
de
la
destruction
de
Sis
et
d'autres
villes.
C'est
encore
d'Adana
qu'en
1329,
«le
26
janvier,
le
jeune
Léon,
roi
des
Arméniens,
lança
quelques
princes
et
cavaliers,
à
la
poursuite
du
comte
de
Coricus
(Ochine,
son
beau-père)
et
du
frère
de
ce
dernier
(Constantin).
Ils
rencontrèrent
le
comte
sur
le
territoire
d'Adana.
Il
se
rendait
chez
le
roi
accompagné
de
cinq
personnes;
ils
se
saisirent
de
lui,
le
firent
retourner
en
arrière,
et
l'emprisonnèrent
dans
l'église
de
Saint-Maurote
?
près
d'Adana.
Les
cavaliers
réussirent
également
à
surprendre
le
frère
du
comte,
le
Connétable,
dans
le
village
de
Degha-Léon
(Le
jeune
Léon),
et
le
conduisirent
à
Adana;
tous
les
deux
furent
mis
à
mort
le
même
jour.
Pour
motiver
leur
arrestation
on
prétexta
qu'après
la
mort
du
roi
Ochine,
ils
s'étaient
emparés
illicitement
de
plusieurs
forteresses,
qui
ne
leur
appartenaient
pas.
Les
gens
de
basse
classe
inventèrent
encore
bien
d'autres
motifs
afin
de
les
faire
tuer.
Dieu
seul
connaît
la
vérité».
En
1335,
quand
Altoun-tache,
le
Naïb
d'Alep,
fit
une
incursion
en
Cilicie,
ce
même
roi
Léon
se
trouvait
à
Adana,
vivant
tranquillement
et
sans
aucun
soupçon;
il
n'échappa
qu'à
grand'peine
et
se
réfugia
dans
le
château
de
Molévon.
(p.
300-
Adana,
le
Djahan
et
les
montagnes
du
Taurus)