Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  De même aussi son successeur: «Le catholicos Basile alla dans le pays de la Cilicie et entra dans la Montagne Noire, il y avait grand nombre de couvents et d' ermitages. Alors les Ismaélites suscitèrent une persécution contre les Arméniens; plusieurs provinces et couvents furent ravagés, et les survivants se réfugièrent dans les lieux inaccessibles», ou sur le territoire de Vassil le Voleur, près de la Cilicie et de Marache. Entre ces deux lieux et les montagnes se trouvait un très célèbre couvent, celui de Chougher, Շուղր, o ù se retirait habituellement le catholicos Basile, et , malade et près de mourir, il voulut être transporté; il y rendit en effet son âme et c'est qu'il fut enterré. Nous ne saurions affirmer si ce couvent était dans les Montagnes Noires, cependant quelques-uns sont de cet avis, et l'historien de la vie de Nersès le Gracieux rapporte, que «le saint couvent de Chougher est entouré de montagnes». Nersès lui-même dit dans son récit en vers:

«Il habita dans un ermitage

Appelé Chougher, dans les montagnes».

Un autre auteur le place entre Marache et Sis; un autre, près de Kessoun. Enfin un écrivain plus ancien nous donne des indications plus précises, en disant: «Près de la Nouvelle ville ». Mais, hélas! l'emplacement de cette Nouvelle ville nous est complètement inconnu. Grégoire (IV) Degha qui en a parlé avant lui, place Chougher encore plus loin, au sud d'Antioche; mais il en fait une forteresse et non un couvent, car en décrivant l'invasion de Saladin: «Après Laodicée et d'autrès lieux il s'empara, dit-il,

De kar (roche ou château) au nom admirable,

Qu'on appelait Chougher;

Puis ils passèrent de l'autre côté

Au nord d'Antioche».

Le château de Kar est connu de nos jours sur un rocher inaccessible, au sud du village Djezer-éche Chougher, dans la vallée d'Oronte, et s'appelle Kalaat-Mirzé. N'ayant pas de données précises sur la position de ce lieu, nous laissons ce dernier point et nous nous bornons à rapporter les souvenirs qui s'y rattachent, d'autant plus que les deux successeurs du catholicos Basile, Grégoire le Martyrophile le Jeune, et son frère Nersès le Gracieux, y ont demeuré; c'est ici en effet qu'ils furent élevés soigneusement tant par lui, Basile, que par des précepteurs que lui-même avait choisis. Un de ces derniers était le prêtre Etienne, qui bien que jeune encore, jouissait d'une parfaite sagesse; c'était un de ceux qui s'étaient enfuis de l'Arménie Orientale et s'étaient réfugiés dans les couvents de ces lieux.

C'est ici que le jeune catholicos Grégoire III, fixa d'abord son siège (1113); et quand les Orientaux se plaignirent de son jeune âge et que l'évêque David, de la province de Vaspouracan, s'étant révolté, eut fondé le siège autonome d'Aghtamar, c'est encore ici que, selon les graves paroles de Nersès le Gracieux, «se rassemblèrent, sur la Montagne Sainte avec grande solennité, les personnages vertueux et saints de la nation, au nombre de deux mille cinq cents: des évêques, des docteurs, des prêtres et des solitaires de la sainte Montagne; les dissidents furent excommuniés et rejetés de l'église de Jésus, et, par le glaive de la parole de Dieu, ils furent tranchés et rebutés», etc. Ainsi donc ce grand écrivain religieux témoigne que le couvent de Chougher, devait être sur cette Sainte montagne, eut lieu la réunion du concile; or, dans quel couvent une telle assemblée pouvait-elle se réunir, si ce n'est dans la résidence même du catholicos? Une chose à remarquer pour nous, c'est le nombre des assistants: 2, 500 personnes, dont la plupart devaient être des religieux et des solitaires de la Sainte montagne, car le saint homme ne fait pas mention de peuple. Il faut donc compter environ 2, 000 religieux, provenant des divers couvents de la montagne. Grégoire par sa bulle de bénédiction, témoigne du grand nombre des religieux et de la supériorité de ces couvents; car suivant l'historien Vartan, il la fit sanctionner par la «signature des abbés de tous les couvents des Montagnes Noires et des évêques des environs». De même il est mentionné que le catholicos Grégoire IV (Degha) dans le concile de Rom-cla (1201) envoya aussi une invitation «à la Montagne sainte appelée Noire», comme le dit Nersès de Lambroun. Ce dernier aussi quelques années auparavant, peu après son ordination sacerdotale, avait été envoyé par Saint Nersès le Gracieux, «aux couvents de la Montagne Noire, il s'instruisait soit en s'occupant d'ouvrages pratiques, soit s'exerçant dans la vie contemplative, et s'efforçant à atteindre la perfection de la vertu et la charité du Christ», selon les paroles de son biographe.

Deux autres couvents sont mentionnés à cette même époque, vers 1114. Le couvent des Basiliens et celui de Vartig, tous deux fort éprouvés par le grand tremblement de terre qui ravagea le pays, depuis l'Euphrate jusqu'à Marache et à Sis: «Il arriva que dans le célèbre couvent des Basiliens situé sur la Montagne Noire, se trouvaient rassemblés pour la bénédiction de l'église, des saints moines et des docteurs arméniens. Tandis qu'ils célébraient l'office divin, l'édifice tomba sur eux, et trente moines, ainsi que deux docteurs, restèrent sous les décombres, et leurs corps n'en ont jamais été rétirés». Selon le même historien, ce tremblement de terre ruina le couvent des Josuéens, près de Marache, et l'illustre docteur arménien, Grégoire de Macheguévor y périt. L'historien de la Cilicie, Sempad, rappelant la mort des moines de ce couvent, ajoute: «Et le grand docteur Macheguévor mourut au (couvent de) Vartgoug ». Un second tremblement de terre se fit sentir environ 150 ans plus tard, au mois de mai, 1269, dans tout le territoire de la Cilicie, mais selon l'historien, «plus encore près de la montagne appelée Noire». Ce couvent des Basiléens paraît avoir été l'un des principaux; son nom lui vient-il du grand patriarche Basile ou d'un autre, je ne le sais pas; mais je ne puis admettre qu'il soit le même que Chougher, comme l'affirme Dulorier.

Ce dernier couvent était surpassé peut-être par l'autre, le couvent de Macheguévor ou Machegavor, cité plusieurs fois, et probablement fondé par l'illustre docteur Grégoire, qui rencontra une mort malheureuse au début du XII e siècle; je dis probablement, car Vahram en attribue la fondation à Thoros I er, qui s'empara peu à peu de la Cilicie, et construisit:

Des couvents très illustres;

Dont l'un s'appelle Trazarg,

Un autre Macheguévor ».

Ce témoignage montre que ce devait être l'une des fondations les plus anciennes des Roupiniens, et l'une des plus illustres. Un peu plus tard, c'est-à-dire vers le milieu du XII e siècle, un manuscrit intitulé: «Choix de Sermons» et écrit moitié en lettres majuscules, moitié en lettres rondes, fut copié dans ce couvent; le copiste cite souvent: «Le propriétaire, le Père David, et son oncle qui le firent écrire avec un ardent désir et de bon cœur. Que le Seigneur leur accorde de grandes récompenses... » et souvenez-vous devaut le Seigneur de son frère Grégoire qui est déjà mort». Peut-être ce Grégoire est-il le même que le docteur de Macheguévor. Ce lieu n'était pas seulement un couvent, mais encore la résidence de l'évêque du diocèse, suivant une liste des évêques, remontant au XIV e siècle. Au commencement de ce même siècle (1307) Thoros, évêque-abbé de ce couvent, assista au concile de Sis. En 1324, Basile mentionne le supérieur du «couvent, l'évêque Hayrabiet: Personnage affable et doux, dit-il, plein de sollicitude pour nous, et qui nous procurait tout le nécessaire à la vie; comme un père, il nous encourageait spirituellement et nous consolait dans nos afflictions et dans nos souffrances. C'est pourquoi je vous prie .... souvenez-vous de lui bénignement» .

Après lui est cité Grégoire, en 1342, à ce qu'il paraît, envoyé par le roi Guy, au pape, en compagnie d'autres personnages pour un accord sur les questions religieuses. Dans la lettre latine on trouve Mascare, au lieu de Macheguévor. Le copiste d'un évangile daté de 1269, année qui précéda le tremblement de terre, dit qu'il l'a commencé, «Dans l'illustre couvent de Macheguévor, près de l'église de Saint Garabiet », nous connaissons ainsi le nom de l'église.

Dans la première moitié du XIV e siècle, dans ce couvent, alors sous la direction de Hayrabiet, se signala, le docteur Basile, un de nos bons écrivains qui a composé le commentaire de l'évangile de Saint-Marc: dans le mémorial duquel il écrivit: «Moi, Basile, docteur, mais de nom seulement, j'ai terminé le Commentaire de 1'évangile de Saint Marc, autant que m'a aidé et fortifié, en me don-nant de l'intelligence et des paroles, le Saint-Esprit de Dieu .... J'en suis venu à bout après un pénible labeur et de grandes fatigues... Il fut écrit dans le couvent qui s'appelle Macheguévor». Après quoi il cite le supérieur Hayrabiet, etc. Il mêle souvent à ses interprétations et à ses exhortations le souvenir des accidents contemporains, comme la prise d'Ayas; il souhaite aussi que le Seigneur par son amour et dans sa miséricorde, protège et conserve le petit reste de la communauté, l'augmente et le multiplie: «Qu'il nous accorde de nouveau, écrit-il, de voir se relever les ruines et se peupler les lieux déserts, jusqu'au point de leur faire dire: Ce lieu nous est étroit, agrandissons-le». Basile ne rapporte pas seulement les événements présents, mais encore ceux qui les avaient précédés, comme l'invasion des Egyptiens; leur passage aux environs des Montagnes Noires en 1276, est cité par lui très clairement. Nous ne possédons pas la première partie ou le premier volume du Commentaire; cependant Basile peut être classé au nombre des meilleurs écrivains qui aient brillé au XIV e siècle, dans les monastères de la Sainte Montagne.

Vahram, surnommé de la Montagne-Noire, qui, durant le règne de Héthoum I er, écrivait sans discrétion contre les Latins, est loin de mériter le même éloge,

Un des couvents les plus anciens parmi ceux dont les noms nous sont parvenus, est celui le Gracieux Docteur Sarkis, le commentateur des Epîtres Catholiques, acheva ses études. Garabiet, auteur d'une courte biographie de Sarkis, nous dit, que ce couvent portait le nom syrien de Karachitave ou Karachitou. «C'est un saint couvent de solitaires, dit-il; Sarkis y fixa sa demeure... il y termina son œuvre (l'an 1156), et c'est que reposent ses restes mortels». Le biographe écrit encore: «Sarkis, le Docteur arménien, avait mérité les grâces du Saint-Esprit; ce bienheureux orateur de l'église aux paroles douces, était bien éloquent; c'était un philosophe invincible, un savant éminent et un grand docteur; il avait des vues claires et commentait avec habileté et abondance. Il interpréta le texte des deux Testaments, Ancien et Nouveau, les livres tant des Rois et des Prophètes, que des Apôtres et des Evangélistes, et encore (les traités) des docteurs catholiques et des historiens de la vérité». (p. 489- Evangile copié au couvent de Macheguévor [1] . )

Comme son Commentaire était très volumineux, l'auteur lui-même craignant que son ouvrage ne fut laissé de côté, en fit un abrégé, en 1166. «Je vous prie mes frères, dit-il, vous qui êtes chers à Dieu et aimés de Dieu et de J. Christ, je vous supplie les larmes aux yeux de ne pas mépriser un travail qui m'a coûté de longues années; acceptez-le comme une rose fleurie au milieu des épines, comme une figue produite par les chardons, comme du raisin parmi les ronces, ou comme une pierre précieuse trouvée dans un vallon, ou encore comme de jolies perles produites par des coquillages. Et qu'à moi malheureux, vos larmes et vos soupirs soient ma récompense... oui, à moi Sarkis l'infortuné. Quand j'ai terminé ce résumé, on était à l'année 615 de l'ère arménienne, (1166). Je le voue à ma mémoire et à celle des miens, et à l'étude des enfants du nouvel époux de notre mère la Jérusalem céleste». Toutes ces recommandations ont été répétées par tous les copistes de ce livre, qui de leur côté ajoutent des épithètes de louanges à l'adresse de l'auteur. En vérité, avec Nersès et son frère Grégoire catholicos, et avec le Docteur Ignace, Sarkis compte parmi les quatre glorieux disciples du savant docteur Etienne, le plus célèbre entre les docteurs des couvents des Montagnes-Noires. Peu après, ces personnages glorieux, se virent remplacés dans ces mêmes lieux, d'abord par le célèbre Nersès le Lambroun, puis par Basile de Macheguévor que nous avons cité plus haut. Une septième célébrité des Montagnes-Noires fut celui qui fut appelé le Grand Docteur, c'est-à-dire Mékhithar Koche. Il ne se contenta pas de la science des docteurs de son pays, l'Arménie orientale; «il partit vers l'occident, dans le pays qu'on appelle la Montagne Noire, près des docteurs qui y enseignaient; puis, sans dire que lui aussi avait gagné le titre honorofique de Docteur, il suivit leurs leçons et en profita beaucoup» ainsi que le rapporte un de ses disciples. (p. 490- Evangile copié au couvent de Macheguévor [2] . )

Les biographes qui s'occupent de Sarkis parlent presque toujours aussi de son condisciple, le Docteur Ignace, auteur du Commentaire de l'évangile de Saint Luc; son style, contrairement à celui de Sarkis, est plus concis, plus solide, plus serré, plein d'une clarté classique. Si nous mentionnons Ignace ici, c'est qu'il reçut son instruction dans les écoles de ces montagnes. Le commentaire que nous venons de citer, le seul ouvrage qui nous soit connu de cet auteur, a été écrit dans le couvent de Chapirin. Le docteur Vanagan, disciple de Mekhithar Koche, nous a laissé une tradition relative aux motifs qui décidèrent Ignace à composer ce Commentaire: «Il avait vu, dit-il, dans une vision, une maison éclatante de lumière, étaient assis des théologiens et des docteurs; il s'efforçait d'y entrer, mais on l'en empêchait en lui disant: Sois aussi un commentateur et tu entreras. Déjà auparavant le catholicos Grégoire qui résidait à Rom-cla, l'avait plusieurs fois instamment prié de composer un ouvrage, mais lui n'avait pas voulu y consentir, se disant d'abord indigne et incapable; cependant à la fin il céda».

Un autre couvent qui porte un nom bizarre et auquel se rattache le souvenir d'un événement encore plus ancien, quoique d'une tradition peu vraisemblable, se trouvait aussi dans la région de ces montagnes; c'est le couvent appelé Baghag-tziag, dont on lit le nom dans la légende de la Croix qui aurait détourné le cours du fleuve. L'empereur Basile ayant été témoin d'un fait miraculeux et de la vertu de la Sainte Croix, «à quelque temps de , en compagnie de trois personnes, se rendit à la Montagne-Noire et entra dans le couvent appelé Baghag-tziag, (selon un autre manuscrit Baghag-tzak), et déclara sa volonté de recevoir le baptême des mains de l'abbé. Dès lors il devint comme le père de la nation arménienne et accorda au couvent douze villages». L'historien Cyriaque prêtant foi à cette tradition, la rapporte lui aussi: «L'empereur, dit-il, étant venu dans le territoire de la Cilicie, y reçut le baptême des mains des Arméniens dans le couvent appelé Baghag-tziag, auquel il accorda des villages et plusieurs autres choses».

A ces couvents, ajoutons celui de Saint Georges, habité par des Bénédictins latins, dont l'abbé Angerius est cité l'an 1140. Bertrand (fils de Renaud de Masserie, seigneur du château de Marcade et de la ville de Valène) avec 1'assentiment de Bohémond, prince d'Antioche, accorda ce lieu en fief aux chevaliers de Jérusalem, en 1186, avec des villages, des hameaux et plusieurs fermes: «Abbatiam Sancti Georgii, qu æ est in Montana Nigra, cum casalibus et guastinis et divis et pertinentiis suis». Dans la bulle d'Urbain III, donnée pour la convalidation du testament de Bertrand, le couvent est appelé Abbaye de Saint Grégoire: « Casale, aliis abbatiam S. Gregorii».

Les Latins possédaient un autre couvent sur ces montagnes, appartenant aux religieux Cisterciens; c'était le couvent de S. Serge, surnommé de Jubino, et cité au XII e siècle.

Les Arméniens avaient eux aussi un couvent du nom de Saint Georges; quoiqu'il ne soit pas dit expressément qu'il f û t dans les Montagnes-Noires, il est pourtant très probable qu'il s'y trouvait. Je crois qu'il eut pour supérieur un docteur Nersès qui, après la mort du roi Constantin II, en compagnie d'un religieux du nom de Jacques, se rendit en pèlerinage en Occident, peut-être pour faire appel à la charité des chrétiens en faveur de la reconstruction et de la restauration des églises et des couvents dévastés par les barbares. Etant parvenu à Londres, au commencement de 1364, il reçut du roi Edouard III (le 7 février), l'autorisation par écrit, de parcourir le royaume pendant un an. Comme un dernier souvenir des relations de Sissouan avec les royaumes de 1'Europe, nous jugeons à propos d'insérer en note l'original de cet édit royal [3] .

A tous ces couvents des Montagnes-Noires nous devons en ajouter encore un, dont le nom nous est inconnu; mais dont les pauvres religieux étaient continuellement tourmentés par les invasions des Egyptiens. Au commencement du XIV e siècle, sous le règne de Héthoum II, leur supérieur Mardiros, se rendit à Gênes à bord d'un bateau génois, avec l'un d'eux appelé Guillaume, par les Latins, car c'est chez eux qu'on trouve le récit de ce voyage. Les habitants de cette ville leur firent un bon accueil, et Mardiros, encouragé par tant de bonté, supplia le pape Clément V, de lui permettre de fonder dans cette ville un couvent. Le pape y consentit par une bulle du 20 février (1307). Mardiros ne trouvant pas un lieu convenable dans la ville, choisit, hors des murs, à une petite distance, la ferme d'un pieux personnage qui la lui céda, et il y construisit un couvent et une petite église dédiée à l'apôtre saint Barthélemy. Cela fait, il pria de nouveau le Pape de confirmer son œuvre; ce que ce dernier fit par une bulle spéciale, lui permettant en même temps d'ajouter à l'église un petit cimetière. Tous ces faits sont notifiés par un autre bref du même pape Clément, daté du 2 avril 1309, et adressé à Mardiros, supérieur de la confrérie du couvent des Arméniens de la Montagne Noire, de l'ordre de Saint Basile [4] . Ce fut la maison mère d'autres couvents bâtis dans différentes villes d'Italie, et connus sous le nom général de Couvents des Basiliens ou des Frères Arméniens (Frati Armeni). Mais peu à peu ces religieux arméniens ne pouvant guère se recruter parmi leurs propres connationaux, durent admettre l'élément italien, qui avec le temps prévalut, et ainsi les Italiens remplacèrent peu à peu les Arméniens. Toutefois dans tous ces couvents, les règles de l'ordre et le nom de Basiliens ou de Frères Arméniens, furent conservés jusqu'à l'extinction complète de l'ordre, en 1650.

Un riche personnage de la noblesse de Gênes ayant rapporté de l'Orient l'Image miraculeuse de Jésus-Christ, en fit don aux religieux arméniens, comme descendants d'une nation qui avait précédé toutes les autres dans la croyance en Jésus-Christ. Cette image est encore de nos jours l'objet d'une grande vénération, et l'église elle se trouve porte encore le nom de «Chiesa degli Armeni»; on y voit même un tombeau avec une inscription arménienne, mais de date récente, puisqu'elle est de 1687.

Le voyageur Corancèz parle d'un couvent de la Montagne Noire, appelé Saint Siméon, occupé par Noureddin, avec tous ses alentours, et dont les ruines se trouvent, dit-il, sur le lieu appelé Gébur?. Ces quelques citations suffisent pour montrer combien les Montagnes-Noires étaient riches en maisons religieuses; nous souhaitons que de nouvelles recherches nous apportent encore d'autres noms et d'autres souvenirs se rattachant à cette heureuse et malheureuse contrée.



[1] Traduction du fac-similé. «O vous, fils honorables de la Sainte-Sion, souvenez-vous dans vos prières du possesseur de ce livre et de tous les religieux du couvent de Macheguévor».

[2] Traduction du passage reproduit ci-dessus.

«Durant le patriarcat de Monseigneur Jacques, en l'année 758 (de l'ère arménienne), on a commencé à écrire ce saint livre dans le célèbre couvent de Macheguévor, près de l'église du Saint Précurseur. Il fut terminé dans le monastère très renommé d'Andréassank, près du château inexpugnable, appelé Partzer, (le Haut)».

[3] Rex (Edoardus) omnibus Ballivis et fldelibus suis, ad quos, etc. salutem.

Venientes ad nos religiosi viri, Fratres Nersis abbas Monasterij S. Georgij in Armenia Minori, et Jacobus ejus commonacus, nobis cum instantia supplicarunt, ut cum regnum Armeni æ, in quo christiana fides vigere solebat integra et devota, jam per Saracenorum nefandam rabiem sit hostiliter occupatum, qui sanctuarium Dei prophanantes, dictum Monasterium, inter alios ecclesias, submiserunt incendio, arasque destruunt in dies et subvertunt, ac, quod deterius est, omnes Christianos comprehendos, diversis affectos contumelijs, interficiunt, non parcentes ordini vel æ tati; et sic ibidem christiana religio proscribitur, Christoque fideles in fugam per timore conversi, per orbem terrarum mendicantes, ducunt in miseria dies suas. Velimus ipsis, Abbati et Monacho, sic in dispersionem abeuntibus, et vitam ducentibus peregrinam, licentiam concedere gratiose, quod ipsi in regno nostro Angli æ, sub alis nostr æ protectionis aliquandiu morari valeant, limina visitaturi Sanctorum; Nos intuitu summi Regis, qui se vult in peregrinis et advenis honorari, volentes eosdem Abbatem et Monachum favore prosequi gratioso, licentiam illam eis duximus concedendum, suscipientes, ex uberiori dono grati æ eos et eorum res et bonas qu æ cumque... (ut in Litteris de conductu).

In cujus, etc. Per annum unum duraturus.

Teste Rege apud Westm. VII. die Februarij.

[4] Clemens Episcopus, etc. Dilectis filiis, Fratri Martino Priori, et Conventui Domus Armenorum de Montanea Nigra, ordinis Sancti Basilij , Salutem. Religionis vestre meretur honestas, ut vos speciali diligentes in Domino caritate, illa vos prosequamur gratia, etc.