De
même
aussi
son
successeur:
«Le
catholicos
Basile
alla
dans
le
pays
de
la
Cilicie
et
entra
dans
la
Montagne
Noire,
où
il
y
avait
grand
nombre
de
couvents
et
d'
ermitages.
Alors
les
Ismaélites
suscitèrent
une
persécution
contre
les
Arméniens;
plusieurs
provinces
et
couvents
furent
ravagés,
et
les
survivants
se
réfugièrent
dans
les
lieux
inaccessibles»,
ou
sur
le
territoire
de
Vassil
le
Voleur,
près
de
la
Cilicie
et
de
Marache.
Entre
ces
deux
lieux
et
les
montagnes
se
trouvait
un
très
célèbre
couvent,
celui
de
Chougher,
Շուղր,
o
ù
se
retirait
habituellement
le
catholicos
Basile,
et
où,
malade
et
près
de
mourir,
il
voulut
être
transporté;
il
y
rendit
en
effet
son
âme
et
c'est
là
qu'il
fut
enterré.
Nous
ne
saurions
affirmer
si
ce
couvent
était
dans
les
Montagnes
Noires,
cependant
quelques-uns
sont
de
cet
avis,
et
l'historien
de
la
vie
de
Nersès
le
Gracieux
rapporte,
que
«le
saint
couvent
de
Chougher
est
entouré
de
montagnes».
Nersès
lui-même
dit
dans
son
récit
en
vers:
«Il
habita
dans
un
ermitage
Appelé
Chougher,
dans
les
montagnes».
Un
autre
auteur
le
place
entre
Marache
et
Sis;
un
autre,
près
de
Kessoun.
Enfin
un
écrivain
plus
ancien
nous
donne
des
indications
plus
précises,
en
disant:
«Près
de
la
Nouvelle
ville
».
Mais,
hélas!
l'emplacement
de
cette
Nouvelle
ville
nous
est
complètement
inconnu.
Grégoire
(IV)
Degha
qui
en
a
parlé
avant
lui,
place
Chougher
encore
plus
loin,
au
sud
d'Antioche;
mais
il
en
fait
une
forteresse
et
non
un
couvent,
car
en
décrivant
l'invasion
de
Saladin:
«Après
Laodicée
et
d'autrès
lieux
il
s'empara,
dit-il,
De
kar
(roche
ou
château)
au
nom
admirable,
Qu'on
appelait
Chougher;
Puis
ils
passèrent
de
l'autre
côté
Au
nord
d'Antioche».
Le
château
de
Kar
est
connu
de
nos
jours
sur
un
rocher
inaccessible,
au
sud
du
village
Djezer-éche
Chougher,
dans
la
vallée
d'Oronte,
et
s'appelle
Kalaat-Mirzé.
N'ayant
pas
de
données
précises
sur
la
position
de
ce
lieu,
nous
laissons
ce
dernier
point
et
nous
nous
bornons
à
rapporter
les
souvenirs
qui
s'y
rattachent,
d'autant
plus
que
les
deux
successeurs
du
catholicos
Basile,
Grégoire
le
Martyrophile
le
Jeune,
et
son
frère
Nersès
le
Gracieux,
y
ont
demeuré;
c'est
ici
en
effet
qu'ils
furent
élevés
soigneusement
tant
par
lui,
Basile,
que
par
des
précepteurs
que
lui-même
avait
choisis.
Un
de
ces
derniers
était
le
prêtre
Etienne,
qui
bien
que
jeune
encore,
jouissait
d'une
parfaite
sagesse;
c'était
un
de
ceux
qui
s'étaient
enfuis
de
l'Arménie
Orientale
et
s'étaient
réfugiés
dans
les
couvents
de
ces
lieux.
C'est
ici
que
le
jeune
catholicos
Grégoire
III,
fixa
d'abord
son
siège
(1113);
et
quand
les
Orientaux
se
plaignirent
de
son
jeune
âge
et
que
l'évêque
David,
de
la
province
de
Vaspouracan,
s'étant
révolté,
eut
fondé
le
siège
autonome
d'Aghtamar,
c'est
encore
ici
que,
selon
les
graves
paroles
de
Nersès
le
Gracieux,
«se
rassemblèrent,
sur
la
Montagne
Sainte
avec
grande
solennité,
les
personnages
vertueux
et
saints
de
la
nation,
au
nombre
de
deux
mille
cinq
cents:
des
évêques,
des
docteurs,
des
prêtres
et
des
solitaires
de
la
sainte
Montagne;
les
dissidents
furent
excommuniés
et
rejetés
de
l'église
de
Jésus,
et,
par
le
glaive
de
la
parole
de
Dieu,
ils
furent
tranchés
et
rebutés»,
etc.
Ainsi
donc
ce
grand
écrivain
religieux
témoigne
que
le
couvent
de
Chougher,
devait
être
sur
cette
Sainte
montagne,
où
eut
lieu
la
réunion
du
concile;
or,
dans
quel
couvent
une
telle
assemblée
pouvait-elle
se
réunir,
si
ce
n'est
dans
la
résidence
même
du
catholicos?
Une
chose
à
remarquer
pour
nous,
c'est
le
nombre
des
assistants:
2,
500
personnes,
dont
la
plupart
devaient
être
des
religieux
et
des
solitaires
de
la
Sainte
montagne,
car
le
saint
homme
ne
fait
pas
mention
de
peuple.
Il
faut
donc
compter
environ
2,
000
religieux,
provenant
des
divers
couvents
de
la
montagne.
Grégoire
par
sa
bulle
de
bénédiction,
témoigne
du
grand
nombre
des
religieux
et
de
la
supériorité
de
ces
couvents;
car
suivant
l'historien
Vartan,
il
la
fit
sanctionner
par
la
«signature
des
abbés
de
tous
les
couvents
des
Montagnes
Noires
et
des
évêques
des
environs».
De
même
il
est
mentionné
que
le
catholicos
Grégoire
IV
(Degha)
dans
le
concile
de
Rom-cla
(1201)
envoya
aussi
une
invitation
«à
la
Montagne
sainte
appelée
Noire»,
comme
le
dit
Nersès
de
Lambroun.
Ce
dernier
aussi
quelques
années
auparavant,
peu
après
son
ordination
sacerdotale,
avait
été
envoyé
par
Saint
Nersès
le
Gracieux,
«aux
couvents
de
la
Montagne
Noire,
où
il
s'instruisait
soit
en
s'occupant
d'ouvrages
pratiques,
soit
s'exerçant
dans
la
vie
contemplative,
et
s'efforçant
à
atteindre
la
perfection
de
la
vertu
et
la
charité
du
Christ»,
selon
les
paroles
de
son
biographe.
Deux
autres
couvents
sont
mentionnés
à
cette
même
époque,
vers
1114.
Le
couvent
des
Basiliens
et
celui
de
Vartig,
tous
deux
fort
éprouvés
par
le
grand
tremblement
de
terre
qui
ravagea
le
pays,
depuis
l'Euphrate
jusqu'à
Marache
et
à
Sis:
«Il
arriva
que
dans
le
célèbre
couvent
des
Basiliens
situé
sur
la
Montagne
Noire,
se
trouvaient
rassemblés
pour
la
bénédiction
de
l'église,
des
saints
moines
et
des
docteurs
arméniens.
Tandis
qu'ils
célébraient
l'office
divin,
l'édifice
tomba
sur
eux,
et
trente
moines,
ainsi
que
deux
docteurs,
restèrent
sous
les
décombres,
et
leurs
corps
n'en
ont
jamais
été
rétirés».
Selon
le
même
historien,
ce
tremblement
de
terre
ruina
le
couvent
des
Josuéens,
près
de
Marache,
et
l'illustre
docteur
arménien,
Grégoire
de
Macheguévor
y
périt.
L'historien
de
la
Cilicie,
Sempad,
rappelant
la
mort
des
moines
de
ce
couvent,
ajoute:
«Et
le
grand
docteur
Macheguévor
mourut
au
(couvent
de)
Vartgoug
».
Un
second
tremblement
de
terre
se
fit
sentir
environ
150
ans
plus
tard,
au
mois
de
mai,
1269,
dans
tout
le
territoire
de
la
Cilicie,
mais
selon
l'historien,
«plus
encore
près
de
la
montagne
appelée
Noire».
Ce
couvent
des
Basiléens
paraît
avoir
été
l'un
des
principaux;
son
nom
lui
vient-il
du
grand
patriarche
Basile
ou
d'un
autre,
je
ne
le
sais
pas;
mais
je
ne
puis
admettre
qu'il
soit
le
même
que
Chougher,
comme
l'affirme
Dulorier.
Ce
dernier
couvent
était
surpassé
peut-être
par
l'autre,
le
couvent
de
Macheguévor
ou
Machegavor,
cité
plusieurs
fois,
et
probablement
fondé
par
l'illustre
docteur
Grégoire,
qui
rencontra
une
mort
malheureuse
au
début
du
XII
e
siècle;
je
dis
probablement,
car
Vahram
en
attribue
la
fondation
à
Thoros
I
er,
qui
s'empara
peu
à
peu
de
la
Cilicie,
et
construisit:
Des
couvents
très
illustres;
Dont
l'un
s'appelle
Trazarg,
Un
autre
Macheguévor
».
Ce
témoignage
montre
que
ce
devait
être
l'une
des
fondations
les
plus
anciennes
des
Roupiniens,
et
l'une
des
plus
illustres.
Un
peu
plus
tard,
c'est-à-dire
vers
le
milieu
du
XII
e
siècle,
un
manuscrit
intitulé:
«Choix
de
Sermons»
et
écrit
moitié
en
lettres
majuscules,
moitié
en
lettres
rondes,
fut
copié
dans
ce
couvent;
le
copiste
cite
souvent:
«Le
propriétaire,
le
Père
David,
et
son
oncle
qui
le
firent
écrire
avec
un
ardent
désir
et
de
bon
cœur.
Que
le
Seigneur
leur
accorde
de
grandes
récompenses...
»
et
souvenez-vous
devaut
le
Seigneur
de
son
frère
Grégoire
qui
est
déjà
mort».
—
Peut-être
ce
Grégoire
est-il
le
même
que
le
docteur
de
Macheguévor.
Ce
lieu
n'était
pas
seulement
un
couvent,
mais
encore
la
résidence
de
l'évêque
du
diocèse,
suivant
une
liste
des
évêques,
remontant
au
XIV
e
siècle.
Au
commencement
de
ce
même
siècle
(1307)
Thoros,
évêque-abbé
de
ce
couvent,
assista
au
concile
de
Sis.
En
1324,
Basile
mentionne
le
supérieur
du
«couvent,
l'évêque
Hayrabiet:
Personnage
affable
et
doux,
dit-il,
plein
de
sollicitude
pour
nous,
et
qui
nous
procurait
tout
le
nécessaire
à
la
vie;
comme
un
père,
il
nous
encourageait
spirituellement
et
nous
consolait
dans
nos
afflictions
et
dans
nos
souffrances.
C'est
pourquoi
je
vous
prie ....
souvenez-vous
de
lui
bénignement» .
Après
lui
est
cité
Grégoire,
en
1342,
à
ce
qu'il
paraît,
envoyé
par
le
roi
Guy,
au
pape,
en
compagnie
d'autres
personnages
pour
un
accord
sur
les
questions
religieuses.
Dans
la
lettre
latine
on
trouve
Mascare,
au
lieu
de
Macheguévor.
Le
copiste
d'un
évangile
daté
de
1269,
année
qui
précéda
le
tremblement
de
terre,
dit
qu'il
l'a
commencé,
«Dans
l'illustre
couvent
de
Macheguévor,
près
de
l'église
de
Saint
Garabiet
»,
nous
connaissons
ainsi
le
nom
de
l'église.
Dans
la
première
moitié
du
XIV
e
siècle,
dans
ce
couvent,
alors
sous
la
direction
de
Hayrabiet,
se
signala,
le
docteur
Basile,
un
de
nos
bons
écrivains
qui
a
composé
le
commentaire
de
l'évangile
de
Saint-Marc:
dans
le
mémorial
duquel
il
écrivit:
«Moi,
Basile,
docteur,
mais
de
nom
seulement,
j'ai
terminé
le
Commentaire
de
1'évangile
de
Saint
Marc,
autant
que
m'a
aidé
et
fortifié,
en
me
don-nant
de
l'intelligence
et
des
paroles,
le
Saint-Esprit
de
Dieu ....
J'en
suis
venu
à
bout
après
un
pénible
labeur
et
de
grandes
fatigues...
Il
fut
écrit
dans
le
couvent
qui
s'appelle
Macheguévor».
Après
quoi
il
cite
le
supérieur
Hayrabiet,
etc.
Il
mêle
souvent
à
ses
interprétations
et
à
ses
exhortations
le
souvenir
des
accidents
contemporains,
comme
la
prise
d'Ayas;
il
souhaite
aussi
que
le
Seigneur
par
son
amour
et
dans
sa
miséricorde,
protège
et
conserve
le
petit
reste
de
la
communauté,
l'augmente
et
le
multiplie:
«Qu'il
nous
accorde
de
nouveau,
écrit-il,
de
voir
se
relever
les
ruines
et
se
peupler
les
lieux
déserts,
jusqu'au
point
de
leur
faire
dire:
Ce
lieu
nous
est
étroit,
agrandissons-le».
Basile
ne
rapporte
pas
seulement
les
événements
présents,
mais
encore
ceux
qui
les
avaient
précédés,
comme
l'invasion
des
Egyptiens;
leur
passage
aux
environs
des
Montagnes
Noires
en
1276,
est
cité
par
lui
très
clairement.
Nous
ne
possédons
pas
la
première
partie
ou
le
premier
volume
du
Commentaire;
cependant
Basile
peut
être
classé
au
nombre
des
meilleurs
écrivains
qui
aient
brillé
au
XIV
e
siècle,
dans
les
monastères
de
la
Sainte
Montagne.
Vahram,
surnommé
de
la
Montagne-Noire,
qui,
durant
le
règne
de
Héthoum
I
er,
écrivait
sans
discrétion
contre
les
Latins,
est
loin
de
mériter
le
même
éloge,
Un
des
couvents
les
plus
anciens
parmi
ceux
dont
les
noms
nous
sont
parvenus,
est
celui
où
le
Gracieux
Docteur
Sarkis,
le
commentateur
des
Epîtres
Catholiques,
acheva
ses
études.
Garabiet,
auteur
d'une
courte
biographie
de
Sarkis,
nous
dit,
que
ce
couvent
portait
le
nom
syrien
de
Karachitave
ou
Karachitou.
«C'est
un
saint
couvent
de
solitaires,
dit-il;
Sarkis
y
fixa
sa
demeure...
il
y
termina
son
œuvre
(l'an
1156),
et
c'est
là
que
reposent
ses
restes
mortels».
Le
biographe
écrit
encore:
«Sarkis,
le
Docteur
arménien,
avait
mérité
les
grâces
du
Saint-Esprit;
ce
bienheureux
orateur
de
l'église
aux
paroles
douces,
était
bien
éloquent;
c'était
un
philosophe
invincible,
un
savant
éminent
et
un
grand
docteur;
il
avait
des
vues
claires
et
commentait
avec
habileté
et
abondance.
Il
interpréta
le
texte
des
deux
Testaments,
Ancien
et
Nouveau,
les
livres
tant
des
Rois
et
des
Prophètes,
que
des
Apôtres
et
des
Evangélistes,
et
encore
(les
traités)
des
docteurs
catholiques
et
des
historiens
de
la
vérité».
(p.
489-
Evangile
copié
au
couvent
de
Macheguévor
[1].
)
Comme
son
Commentaire
était
très
volumineux,
l'auteur
lui-même
craignant
que
son
ouvrage
ne
fut
laissé
de
côté,
en
fit
un
abrégé,
en
1166.
«Je
vous
prie
mes
frères,
dit-il,
vous
qui
êtes
chers
à
Dieu
et
aimés
de
Dieu
et
de
J.
Christ,
je
vous
supplie
les
larmes
aux
yeux
de
ne
pas
mépriser
un
travail
qui
m'a
coûté
de
longues
années;
acceptez-le
comme
une
rose
fleurie
au
milieu
des
épines,
comme
une
figue
produite
par
les
chardons,
comme
du
raisin
parmi
les
ronces,
ou
comme
une
pierre
précieuse
trouvée
dans
un
vallon,
ou
encore
comme
de
jolies
perles
produites
par
des
coquillages.
Et
qu'à
moi
malheureux,
vos
larmes
et
vos
soupirs
soient
ma
récompense...
oui,
à
moi
Sarkis
l'infortuné.
Quand
j'ai
terminé
ce
résumé,
on
était
à
l'année
615
de
l'ère
arménienne,
(1166).
Je
le
voue
à
ma
mémoire
et
à
celle
des
miens,
et
à
l'étude
des
enfants
du
nouvel
époux
de
notre
mère
la
Jérusalem
céleste».
Toutes
ces
recommandations
ont
été
répétées
par
tous
les
copistes
de
ce
livre,
qui
de
leur
côté
ajoutent
des
épithètes
de
louanges
à
l'adresse
de
l'auteur.
En
vérité,
avec
Nersès
et
son
frère
Grégoire
catholicos,
et
avec
le
Docteur
Ignace,
Sarkis
compte
parmi
les
quatre
glorieux
disciples
du
savant
docteur
Etienne,
le
plus
célèbre
entre
les
docteurs
des
couvents
des
Montagnes-Noires.
Peu
après,
ces
personnages
glorieux,
se
virent
remplacés
dans
ces
mêmes
lieux,
d'abord
par
le
célèbre
Nersès
le
Lambroun,
puis
par
Basile
de
Macheguévor
que
nous
avons
cité
plus
haut.
Une
septième
célébrité
des
Montagnes-Noires
fut
celui
qui
fut
appelé
le
Grand
Docteur,
c'est-à-dire
Mékhithar
Koche.
Il
ne
se
contenta
pas
de
la
science
des
docteurs
de
son
pays,
l'Arménie
orientale;
«il
partit
vers
l'occident,
dans
le
pays
qu'on
appelle
la
Montagne
Noire,
près
des
docteurs
qui
y
enseignaient;
puis,
sans
dire
que
lui
aussi
avait
gagné
le
titre
honorofique
de
Docteur,
il
suivit
leurs
leçons
et
en
profita
beaucoup»
ainsi
que
le
rapporte
un
de
ses
disciples.
(p.
490-
Evangile
copié
au
couvent
de
Macheguévor
[2].
)
Les
biographes
qui
s'occupent
de
Sarkis
parlent
presque
toujours
aussi
de
son
condisciple,
le
Docteur
Ignace,
auteur
du
Commentaire
de
l'évangile
de
Saint
Luc;
son
style,
contrairement
à
celui
de
Sarkis,
est
plus
concis,
plus
solide,
plus
serré,
plein
d'une
clarté
classique.
Si
nous
mentionnons
Ignace
ici,
c'est
qu'il
reçut
son
instruction
dans
les
écoles
de
ces
montagnes.
Le
commentaire
que
nous
venons
de
citer,
le
seul
ouvrage
qui
nous
soit
connu
de
cet
auteur,
a
été
écrit
dans
le
couvent
de
Chapirin.
Le
docteur
Vanagan,
disciple
de
Mekhithar
Koche,
nous
a
laissé
une
tradition
relative
aux
motifs
qui
décidèrent
Ignace
à
composer
ce
Commentaire:
«Il
avait
vu,
dit-il,
dans
une
vision,
une
maison
éclatante
de
lumière,
où
étaient
assis
des
théologiens
et
des
docteurs;
il
s'efforçait
d'y
entrer,
mais
on
l'en
empêchait
en
lui
disant:
Sois
aussi
un
commentateur
et
tu
entreras.
Déjà
auparavant
le
catholicos
Grégoire
qui
résidait
à
Rom-cla,
l'avait
plusieurs
fois
instamment
prié
de
composer
un
ouvrage,
mais
lui
n'avait
pas
voulu
y
consentir,
se
disant
d'abord
indigne
et
incapable;
cependant
à
la
fin
il
céda».
Un
autre
couvent
qui
porte
un
nom
bizarre
et
auquel
se
rattache
le
souvenir
d'un
événement
encore
plus
ancien,
quoique
d'une
tradition
peu
vraisemblable,
se
trouvait
aussi
dans
la
région
de
ces
montagnes;
c'est
le
couvent
appelé
Baghag-tziag,
dont
on
lit
le
nom
dans
la
légende
de
la
Croix
qui
aurait
détourné
le
cours
du
fleuve.
L'empereur
Basile
ayant
été
témoin
d'un
fait
miraculeux
et
de
la
vertu
de
la
Sainte
Croix,
«à
quelque
temps
de
là,
en
compagnie
de
trois
personnes,
se
rendit
à
la
Montagne-Noire
et
entra
dans
le
couvent
appelé
Baghag-tziag,
(selon
un
autre
manuscrit
Baghag-tzak),
et
déclara
sa
volonté
de
recevoir
le
baptême
des
mains
de
l'abbé.
Dès
lors
il
devint
comme
le
père
de
la
nation
arménienne
et
accorda
au
couvent
douze
villages».
L'historien
Cyriaque
prêtant
foi
à
cette
tradition,
la
rapporte
lui
aussi:
«L'empereur,
dit-il,
étant
venu
dans
le
territoire
de
la
Cilicie,
y
reçut
le
baptême
des
mains
des
Arméniens
dans
le
couvent
appelé
Baghag-tziag,
auquel
il
accorda
des
villages
et
plusieurs
autres
choses».
A
ces
couvents,
ajoutons
celui
de
Saint
Georges,
habité
par
des
Bénédictins
latins,
dont
l'abbé
Angerius
est
cité
l'an
1140.
Bertrand
(fils
de
Renaud
de
Masserie,
seigneur
du
château
de
Marcade
et
de
la
ville
de
Valène)
avec
1'assentiment
de
Bohémond,
prince
d'Antioche,
accorda
ce
lieu
en
fief
aux
chevaliers
de
Jérusalem,
en
1186,
avec
des
villages,
des
hameaux
et
plusieurs
fermes:
«Abbatiam
Sancti
Georgii,
qu
æ
est
in
Montana
Nigra,
cum
casalibus
et
guastinis
et
divis
et
pertinentiis
suis».
Dans
la
bulle
d'Urbain
III,
donnée
pour
la
convalidation
du
testament
de
Bertrand,
le
couvent
est
appelé
Abbaye
de
Saint
Grégoire:
«
Casale,
aliis
abbatiam
S.
Gregorii».
Les
Latins
possédaient
un
autre
couvent
sur
ces
montagnes,
appartenant
aux
religieux
Cisterciens;
c'était
le
couvent
de
S.
Serge,
surnommé
de
Jubino,
et
cité
au
XII
e
siècle.
Les
Arméniens
avaient
eux
aussi
un
couvent
du
nom
de
Saint
Georges;
quoiqu'il
ne
soit
pas
dit
expressément
qu'il
f
û
t
dans
les
Montagnes-Noires,
il
est
pourtant
très
probable
qu'il
s'y
trouvait.
Je
crois
qu'il
eut
pour
supérieur
un
docteur
Nersès
qui,
après
la
mort
du
roi
Constantin
II,
en
compagnie
d'un
religieux
du
nom
de
Jacques,
se
rendit
en
pèlerinage
en
Occident,
peut-être
pour
faire
appel
à
la
charité
des
chrétiens
en
faveur
de
la
reconstruction
et
de
la
restauration
des
églises
et
des
couvents
dévastés
par
les
barbares.
Etant
parvenu
à
Londres,
au
commencement
de
1364,
il
reçut
du
roi
Edouard
III
(le
7
février),
l'autorisation
par
écrit,
de
parcourir
le
royaume
pendant
un
an.
Comme
un
dernier
souvenir
des
relations
de
Sissouan
avec
les
royaumes
de
1'Europe,
nous
jugeons
à
propos
d'insérer
en
note
l'original
de
cet
édit
royal
[3].
A
tous
ces
couvents
des
Montagnes-Noires
nous
devons
en
ajouter
encore
un,
dont
le
nom
nous
est
inconnu;
mais
dont
les
pauvres
religieux
étaient
continuellement
tourmentés
par
les
invasions
des
Egyptiens.
Au
commencement
du
XIV
e
siècle,
sous
le
règne
de
Héthoum
II,
leur
supérieur
Mardiros,
se
rendit
à
Gênes
à
bord
d'un
bateau
génois,
avec
l'un
d'eux
appelé
Guillaume,
par
les
Latins,
car
c'est
chez
eux
qu'on
trouve
le
récit
de
ce
voyage.
Les
habitants
de
cette
ville
leur
firent
un
bon
accueil,
et
Mardiros,
encouragé
par
tant
de
bonté,
supplia
le
pape
Clément
V,
de
lui
permettre
de
fonder
dans
cette
ville
un
couvent.
Le
pape
y
consentit
par
une
bulle
du
20
février
(1307).
Mardiros
ne
trouvant
pas
un
lieu
convenable
dans
la
ville,
choisit,
hors
des
murs,
à
une
petite
distance,
la
ferme
d'un
pieux
personnage
qui
la
lui
céda,
et
il
y
construisit
un
couvent
et
une
petite
église
dédiée
à
l'apôtre
saint
Barthélemy.
Cela
fait,
il
pria
de
nouveau
le
Pape
de
confirmer
son
œuvre;
ce
que
ce
dernier
fit
par
une
bulle
spéciale,
lui
permettant
en
même
temps
d'ajouter
à
l'église
un
petit
cimetière.
Tous
ces
faits
sont
notifiés
par
un
autre
bref
du
même
pape
Clément,
daté
du
2
avril
1309,
et
adressé
à
Mardiros,
supérieur
de
la
confrérie
du
couvent
des
Arméniens
de
la
Montagne
Noire,
de
l'ordre
de
Saint
Basile
[4].
Ce
fut
la
maison
mère
d'autres
couvents
bâtis
dans
différentes
villes
d'Italie,
et
connus
sous
le
nom
général
de
Couvents
des
Basiliens
ou
des
Frères
Arméniens
(Frati
Armeni).
Mais
peu
à
peu
ces
religieux
arméniens
ne
pouvant
guère
se
recruter
parmi
leurs
propres
connationaux,
durent
admettre
l'élément
italien,
qui
avec
le
temps
prévalut,
et
ainsi
les
Italiens
remplacèrent
peu
à
peu
les
Arméniens.
Toutefois
dans
tous
ces
couvents,
les
règles
de
l'ordre
et
le
nom
de
Basiliens
ou
de
Frères
Arméniens,
furent
conservés
jusqu'à
l'extinction
complète
de
l'ordre,
en
1650.
Un
riche
personnage
de
la
noblesse
de
Gênes
ayant
rapporté
de
l'Orient
l'Image
miraculeuse
de
Jésus-Christ,
en
fit
don
aux
religieux
arméniens,
comme
descendants
d'une
nation
qui
avait
précédé
toutes
les
autres
dans
la
croyance
en
Jésus-Christ.
Cette
image
est
encore
de
nos
jours
l'objet
d'une
grande
vénération,
et
l'église
où
elle
se
trouve
porte
encore
le
nom
de
«Chiesa
degli
Armeni»;
on
y
voit
même
un
tombeau
avec
une
inscription
arménienne,
mais
de
date
récente,
puisqu'elle
est
de
1687.
Le
voyageur
Corancèz
parle
d'un
couvent
de
la
Montagne
Noire,
appelé
Saint
Siméon,
occupé
par
Noureddin,
avec
tous
ses
alentours,
et
dont
les
ruines
se
trouvent,
dit-il,
sur
le
lieu
appelé
Gébur?.
Ces
quelques
citations
suffisent
pour
montrer
combien
les
Montagnes-Noires
étaient
riches
en
maisons
religieuses;
nous
souhaitons
que
de
nouvelles
recherches
nous
apportent
encore
d'autres
noms
et
d'autres
souvenirs
se
rattachant
à
cette
heureuse
et
malheureuse
contrée.
[1]
Traduction
du
fac-similé.
«O
vous,
fils
honorables
de
la
Sainte-Sion,
souvenez-vous
dans
vos
prières
du
possesseur
de
ce
livre
et
de
tous
les
religieux
du
couvent
de
Macheguévor».
«Durant
le
patriarcat
de
Monseigneur
Jacques,
en
l'année
758
(de
l'ère
arménienne),
on
a
commencé
à
écrire
ce
saint
livre
dans
le
célèbre
couvent
de
Macheguévor,
près
de
l'église
du
Saint
Précurseur.
Il
fut
terminé
dans
le
monastère
très
renommé
d'Andréassank,
près
du
château
inexpugnable,
appelé
Partzer,
(le
Haut)».
[3]
Rex
(Edoardus)
omnibus
Ballivis
et
fldelibus
suis,
ad
quos,
etc.
salutem.
Venientes
ad
nos
religiosi
viri,
Fratres
Nersis
abbas
Monasterij
S.
Georgij
in
Armenia
Minori,
et
Jacobus
ejus
commonacus,
nobis
cum
instantia
supplicarunt,
ut
cum
regnum
Armeni
æ,
in
quo
christiana
fides
vigere
solebat
integra
et
devota,
jam
per
Saracenorum
nefandam
rabiem
sit
hostiliter
occupatum,
qui
sanctuarium
Dei
prophanantes,
dictum
Monasterium,
inter
alios
ecclesias,
submiserunt
incendio,
arasque
destruunt
in
dies
et
subvertunt,
ac,
quod
deterius
est,
omnes
Christianos
comprehendos,
diversis
affectos
contumelijs,
interficiunt,
non
parcentes
ordini
vel
æ
tati;
et
sic
ibidem
christiana
religio
proscribitur,
Christoque
fideles
in
fugam
per
timore
conversi,
per
orbem
terrarum
mendicantes,
ducunt
in
miseria
dies
suas.
Velimus
ipsis,
Abbati
et
Monacho,
sic
in
dispersionem
abeuntibus,
et
vitam
ducentibus
peregrinam,
licentiam
concedere
gratiose,
quod
ipsi
in
regno
nostro
Angli
æ,
sub
alis
nostr
æ
protectionis
aliquandiu
morari
valeant,
limina
visitaturi
Sanctorum;
Nos
intuitu
summi
Regis,
qui
se
vult
in
peregrinis
et
advenis
honorari,
volentes
eosdem
Abbatem
et
Monachum
favore
prosequi
gratioso,
licentiam
illam
eis
duximus
concedendum,
suscipientes,
ex
uberiori
dono
grati
æ
eos
et
eorum
res
et
bonas
qu
æ
cumque...
(ut
in
Litteris
de
conductu).
In
cujus,
etc.
Per
annum
unum
duraturus.
Teste
Rege
apud
Westm.
VII.
die
Februarij.
[4]
Clemens
Episcopus,
etc.
Dilectis
filiis,
Fratri
Martino
Priori,
et
Conventui
Domus
Armenorum
de
Montanea
Nigra,
ordinis
Sancti
Basilij ,
Salutem.
Religionis
vestre
meretur
honestas,
ut
vos
speciali
diligentes
in
Domino
caritate,
illa
vos
prosequamur
gratia,
etc.