Sisouan ou lArméno-Cilicie

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  Au bord de la route, Edib cite un joli village du nom d'Ilik يليك , mais l'eau y manque. Au sud de la Porte, vers le rivage de la mer on indique les villages d' Aghadjli, de Kerkib, d'Abadilié?, de Court-kuey ou Kurdlou-kuey et de Kara-bouroun; de on arrive à la petite ville d'A lexandrette, entre le 36° 35'31" de latitude et le 33° 55'45" de longitude, méridien de Paris. L'ancien itinéraire romain place cette ville à 16 milles d'Issus et de Baghras. C'est une des localités dont la construction est attribuée à Alexandre le Grand, en mémoire de sa victoire contre les Perses, et pour la distinguer des autres villes du même nom, on  1'appelait autrefois Alexandrie près d'Issus, ' Αλεξανδρια η ̀ χατ ́ ́̉ Ισσον; voilà pourquoi les Latins l'ont appelée improprement Catisson ou Alexandrie de la Cilicie, ' Αλεξανδρια Κιλιχίας. De même dans notre ancienne traduction de la vie d'Alexandre, on trouve: «Dans le Golfe d'Issus, j'ai construit Catisson, ville d'Alexandrie». Les Latins lui donnaient encore le surnom de Scabiosa. Au moyen âge on l'appelait généralement Alexandria Minor, (Alexandrie la Petite), Alexandretta et Alexandriola; les Turcs 1'appellent Iskéndéroun, اسكندرونه. Elle est presqu'à cinq milles au sud de la Porte. Quelques-uns croient qu'elle occupe l'emplacement d'une ville plus ancienne ou d'un port phénicien très fréquenté, que Xénophon appelle Myriandre, Μηριάμδρος; et Hérodote Mupfav-Soç; ce dernier attribue même ce nom au golfe, Μυρια διχου ̃ χολπου.

Cependant d'autres écrivains modernes, comme aussi Marmier, placent cette ville plus au sud. Alexandre y séjourna avant la bataille d'Issus. Ces deux villes (Alexandrette et Myriandre) n'atteignirent jamais une bien grande renommée: elles ne sont pas même citées durant la domination de nos rois Arméniens. Pendant la première Croisade, (1097), Tancrède s'empara d'Alexandrette; à cette nouvelle les Arméniens des montagnes voisines aussi bien que les Turcs, lui portèrent des présents. Un peu avant la chute du royaume des Arméniens, en 1347, durant le règne de Constantin II, aidés par les Chevaliers de Rhodes, comme disent les historiens de ces derniers, les Arméniens réussirent à arracher cette ville aux Egyptiens. L'historien arabe Makrizi, regarde Alexandrette comme la première ville que l'on rencontre sur le territoire de Sissouan, en y arrivant du côté sud-est. De nos jours Alexandrette est une ville assez commerciale; elle est ornée de jolies maisons en pierre, et en même temps sert de résidence à neuf consuls européens et à de nombreux négociants. Elle possède deux églises, dont l'une est désservie par des Carmes. Elle est très fréquentée par les caravanes, puisqu'elle se trouve entre les deux portes des Monts Amanus. (p. 499- Alexandrette et ses environs)

La baie qui porte aujourd'hui le nom de Golfe d'Alexandrette est l'ancien golfe des Arméniens; (p. 500- Golf d'Alexandrette) toutefois le port est petit, et ne peut pas donner accès à de grands bateaux. Le climat est malsain à cause des marécages des alentours; cependant depuis quelques années on travaille à leur assainissement [1] . A force de travail et d'industrie, ce port se développe et progresse peu à peu; mais pour faciliter le commerce il serait à propos de construire un port plus vaste ou plutôt d'agrandir celui qui existe déjà, car sa position est très sûre et convenable. La population de la ville s'élève à 4 ou à 5, 000 habitants.

La comtesse de Belgiojoso qui passa, il y a 46 ans (1852), par Alexandrette, y resta deux jours; loin de lui donner le nom de ville, elle l'appelle «un lieu d'où l'on part».

Al'extrémité du golfe, à 20 mètres de la mer, s'élève le phare, haut de quinze mètres et dont les rayons se projettent jusqu'à la distance de huit milles. Quand Ayas cessa d'être port commercial, Alexandrette la remplaça dans les trois ou quatre derniers siècles; surtout quand le commerce se développa à Alep par le concours des Occidentaux; Alexandrette servit alors comme station de bateaux. Les tombeaux des commerçants qu'on y trouve en sont la preuve. Les inscriptions de ceux des Anglais, dans le cimetière des Grecs, ont été relevées dernièrement. Citons comme exemple le tombeau d'un Londonien, Martin Loe, et de sa famille, lequel mourut en 1674; son épitaphe est en latin [2] . (p. 500- Monnaie de la ville d'Alexandrette)

A un quart d'heure au sud de la ville actuelle se voient les ruines de l'ancienne; près d'elles s'élève un château polygonal, qui porte le nom de Godefroi, et est regardé comme bâti par le héros de la première Croisade. Un peu plus loin on rencontre une fontaine, appelée par quelques-uns Fontaine de Jacob, par d'autres, Puits de Joseph. Les eaux de la mer en se retirant ont agrandi la plage; car autrefois ses vagues frappaient le pied du château de Godefroi: on voit encore les anneaux de fer qui servaient à attacher les bateaux. Je crois que c'est à ce château qu'un voyageur au commencement du XVII e siècle, (1612), donne le nom de Tour des Amazones, Torre delle Amazone. Il le place au milieu de marécages; une tradition veut en effet, que dans les temps anciens, ce lieu ait été habité par des Amazones. Le même voyageur dit qu'Alexandrette était fréquentée par des négociants de la Karamanie et de l'Asie Mineure, mais qu'à cause de son air malsain un très petit nombre de  personnes étaient exemptes de maladies [3] .

A un kilomètre ou un peu plus à l'est de la ville, une montagne s'avance dans la mer formant deux caps inégaux, au milieu desquels souffle quelques fois pendant l'hiver un vent très fort, qui fait déferler les vagues écumeuses, mais l'eau reste presque au même niveau; ce lieu et ce vent sont appelés Ra-guier; quelques minutes avant le commencement de la bourrasque on voit de gros nuages blancs qui se meuvent en forme de crêtes. Les vents sont très variables dans les petites baies que forment les montagnes près de la mer. Jusqu'à Ras-khanzir les rivages sont bordés de collines boisées.

A quelque distance d'Alexandrette, à l'est et au sud, je trouve plusieurs villages indiqués sur les cartes, mais je ne puis rien affirmer de particulier sur ces localités, dont voici les noms: Amoudjig, Kara-aghadje et plus au sud, Chékéré; au pied des montagnes à l'est, Karadji, Kezel-tchoukour, Achekiar-baghtché ou Achekar-béli, Kaïmk? Sakout, Yari-kaïa, Akdjaya, peut-être Ak-kaya, entre lesquels s'élève la montagne Déli-békir à une hauteur de 1, 200 mètres. Vis à vis, à l'est de la chaîne des Montagnes Noires, s'élèvent les monts Alan-dagh et Guèze-bel; à partir de ces montagnes, la route qui conduit de la Porte à Alexandrette, tourne au sud-est et traverse les défilés du Kesrik et du Kezel-dagh, qui font partie des montagnes Amanus. Presqu'à douze kilomètres au sud-est d'Alexandrette, il y a un autre passage méridional: ce sont les Portes Syriennes proprement dites, ( αί Συρι ́ αι πύλαι, Pylœ Syriœ), aujourd'hui appelées Portes de Beylan, du nom d'une bourgade située un peu plus bas, à une hauteur de 686 mètres; le col du défilé se trouve à 8 ou 900 mètres, et le sommet de la montagne, à 1, 200 mètres au-dessus du niveau de la mer [4] . Sanudo, qui venait du côté d'Alexandrette, l'appelle du simple nom de Passage des Montagnes Noires. «Et inde transitur Montagna Nigra». Aux alentours on remarque des débris d'édifices anciens, des aqueducs et des restes d'une route romaine encore en assez bon état en quelques endroits. La route est frayée sur un long parcours, entre des rochers d'une pierre très dure; elle est pavée à son extrémité se trouvent, (c'est du moins l'opinion générale), les bases de la Porte proprement dite, construite à l'instar de la Porte Arménienne du nord, d'où l'on s'introduisait en Cilicie; celle-ci conduit à la Syrie, du côté sud, et à la vallée de 1'Euphrate, du côté de l'est. Marmier considère cette route comme plus récente que celle des côtes qui traverse Payas, Alexandrette, Myriandus et Arsous, et, à l'est de ce dernier lieu, passe les montagnes et aboutit aux environs d'Antioche. Cependant jusqu'à nos jours la plupart des savants considéraient le passage de Beylan, comme l'ancienne route publique, parcourue par toutes les nations et par les conquérants assyriens, persans et romains, toutes les fois qu'ils accouraient de l'est et du sud à la conquête de l'Asie Mineure; puis par les Arabes, les Byzantins et les Turcs, et enfin par les armées des Croisés qui accouraient à la délivrance des Lieux Saints. On ne peut douter que cette route soit l'une des plus anciennes du monde, et de celles qui ont le plus livré passage à la grande multitude de différents peuples; en un mot, c'est un étroit canal par se précipitèrent des flots humains. Aujourd'hui même, c'est la route que parcourent sans cesse les caravanes et les longues files des chameaux et d'ânes, qui transportent d'un côté à l'autre, les produits des vallées fertiles de l'Euphrate et de l'Asie Mineure ainsi que les marchandises européennes. Le spectacle dont on jouit de ces hauteurs est magnifique; devant et derrière soi, on a les monts Amanus, et plus au nord, la vue s'étend sur les sommets du Taurus; à droite et à gauche se déroulent les vallées de l'Euphrate et les eaux bleu foncé du Golfe des Arméniens. L'un des derniers explorateurs qui aient admiré ce spectacle du haut de ces montagnes, s'imaginait voir le lac de Genève, quand on y jette le regard du haut du Jura.

Parmi les plantes de cette région, un voyageur récent indique le Daphne Seriaca et le joli Arum Dioscoridis , de forme conique, velouté, rouge sombre, mais d'une odeur fétide. Au milieu des ruines rampent d'innombrables gros lézards. Stellio vulgaris , au dos chargé d'excroissances hideuses. Cependant encore plus rebutants que ces animaux sont les Kurdes et les Turcomans: toujours enclins au vol, ils tendent leurs pièges aux alentours pour dépouiller les caravanes, n'ayant rien à craindre des gardes du passage. Une petite rivière du nom de Kara-sou, (Eau noire), descendant du nord, parcourt le vallon de Buyuk-boghaze, (Grand détroit), passe près du poste de la douane, non loin duquel, à l'entrée du passage, sont construits des khans et une petite caserne. A quelque distance de la Porte on voit un village appelé Tchakal. Au nord, près de Beylan, s'élèvent des masses granitiques, détachées et ondulentes, signe évident de l'origine volcanique du terrain.


[1] Un certain Martinelli, de nationalité italienne, agent des commerçants d'Alep, entrepris le drainage de ces marécages, sous le règne d'Ibrahim-pacha, mais ne recevant aucun encouragement de ce dernier, il abandonna l'entreprise. Briano, 435.

[2] «Martinus Loe Londinensis, Anglorum per tria fere lustra accurate curans; Alexandriæ qui loco adeo insaluberrimo, tot s æ cula audiant! cum officio et negotiis, si quis alius nequaquam impar Spartam quam nactus est semper ornans, immaturo fato quadrigenarius licet, 24 novembris A. D. 1677, conterraneis suis et externis, indigenis et advenis, universis equidem miseris pr æ sertim et pauperibus, flebilis occidit; nulli flebilior quam Luci æ vidu æ afflïctissim æ binisque infantibus Martino et Mari æ, qu æ optimo marito hoc monumentum sacravit».

[3] «Porto di Alesandretta, chiamato ancora di Scalderona... Questo è quel porto che si dice essere stato anticamente habitato dalle donne Amazzone, e vi è ancora una torre in mezzo a certe paludi chiamata la Torre delle Amazzone. Qui vengono portate molte robbe dalla Caramania et Natolia, lochi assai vicini. L'aria vi è pestifera, e pochi vi stanno che non s'amalino». Pesenti.

[4] Quelques-uns rapportent que le passage se trouve à la hauteur de 686 mètres et le bourg à 500.