Les
donations
de
Léon
furent
confirmées
par
une
bulle
du
pape
Innocent
III,
(le
27
février
de
l'année
suivante,
1213).
Willebrand
d'Oldenbourg,
noble
chanoine
cité
plus
haut,
après
un
séjour
d'un
mois
à
la
cour
de
Léon,
alla
demeurer
chez
les
Chevaliers
Teutons
à
Amouda
(Ad
Amodanam
ou
Adamodanam);
il
raconte
un
fait
merveilleux
concernant
le
fleuve
Djahan.
Ce
fleuve,
dit-il,
se
précipite
torrentiellement
des
montagnes
arméniennes,
effleure
les
pieds
de
la
forteresse,
et
durant
sept
jours
(avant
et
après
le
dimanche
des
Rameaux),
il
lance
de
sa
source
une
grande
quantité
de
poissons
assez
suffisante
pour
nourrir
toute
la
province,
et
cela
par
l'intercession
de
Saint
Jean-Baptiste.
Les
Chevaliers
restèrent
maîtres
d'Amouda,
plus
d'un
demi-siècle
comme
le
témoigne
aussi
une
lettre
patente
de
Guillaume,
patriarche
de
Jérusalem,
qui
transcrivit
encore
tout
le
chrysobulle
de
Léon
(après
l'an
1263),
en
mentionnant
le
sceau
d'or
du
roi.
Quelques
années
plus
tard,
durant
la
grande
et
désastreuse
incursion
des
Egyptiens
(1266),
après
que
Léon
II
fut
fait
prisonnier
et
emmené
capcif,
et
que
son
frère
Thoros
fut
tué
dans
la
bataille
de
Maré,
les
vainqueurs
enhardis,
marchèrent
en
avant,
subjuguèrent
toutes
les
forteresses
au
sud
ou
à
gauche
du
Djahan,
et,
passant
le
gué
du
fleuve,
ils
assiégèrent
la
forteresse
d'Amouda
et
la
forcèrent
à
se
rendre.
Il
y
avait
2,
200
réfugiés:
tous
les
hommes
furent
massacrés;
les
femmes
et
les
enfants
emmenés
en
captivité.
Les
Egyptiens,
firent
une
autre
incursion
en
1298,
au
mois
d'avril;
passant
ce
même
gué
près
d'Amouda,
ils
infestèrent
le
pays
par
des
razzias.
En
face
de
la
forteresse,
à
gauche
du
fleuve,
les
voyageurs
modernes,
Favre
et
Mandrot,
placent
le
village
arménien
Hémédié;
ils
passèrent
par
là,
le
30
avril,
1874,
mais
ne
pouvant
traverser
le
gué
du
fleuve,
à
cause
d'une
crue
extraordinaire,
ils
examinèrent
les
ruines
de
la
forteresse
et
la
bourgade
qui
s'étend
à
ses
pieds
à
l'ouest,
et
qui
occupe
un
vaste
terrain.
Ils
disent
que
ce
château-fort
est
situé
à
une
grande
hauteur,
presqu'à
la
cime
d'un
des
derniers
contreforts
de
l'Antitaurus.
Le
fleuve
Djahan
coule
au
pied
du
château,
puis
tourne
au
nord-ouest
et
peu
après,
au
sud-ouest.
Mais
Davis,
qui
séjourna
dans
ce
village
le
18
mai
1875,
le
pose,
ainsi
que
la
forteresse,
sur
la
droite
du
fleuve;
et
pour
cette
dernière
il
affirme
que
c'est
une
construction
vaste,
ayant
un
château
carré
et
un
donjon
de
la
même
forme
au
sud-ouest;
au
nord-est
se
trouvait
un
enclos
fortifié
avec
une
porte
voûtée
en.
ogive
et
une
petite
tour.
La
colline
rocheuse
rougeâtre
sur
laquelle
la
forteresse
était
bâtie,
paraissait
très
escarpée,
mais
elle
n'était
pas
très
haute;
elle
était
par
endroits
couverte
de
champs
et
de
verdure.
Parmi
tous
les
lieux
qui
sont
mentionnés
dans
l'édit
de
Léon,
il
y
en
a
deux
d'assez
connus,
Simanacla
et
Calote,
Գալոտ.
Le
premier
était
l'une
des
quatre
anciennes
possessions
de
Thoros
II;
il
était
situé
près
d'Anazarbe;
nous
connaissons
cela
non
seulement
par
l'édit
royal
et
les
paroles
de
Willebrand,
mais
surtout
par
un
témoignage
un
peu
plus
ancien,
celui
de
Saint
Nersès
de
Lambroun
1179,
qui
nous
fait
savoir
non
seulement
qu'il
y
avait
une
forteresse,
mais
qu'à
côté
de
cette
dernière
il
y
avait
aussi
un
couvent:
«Je
vins,
dit-il,
au
couvent
de
Simanacla,
près
d'Anazarbe,
où
l'on
trouve
beaucoup
de
livres
écrits
en
grec;
y
ayant
recherché
minutieusement,
j'ai
trouvé
ce
livre
des
Règles
de
Saint
Benoît,
qui
me
causa
une
joie
immense...
l'ayant
pris
avec
moi
je
me
suis
rendu
au
siège
patriarcal».
Le
seigneur
de
cette
forteresse,
lors
du
couronnement
de
Léon,
mérite
d'arrêter
un
instant
notre
attention,
soit
pour
son
nom,
soit
pour
sa
personne;
il
s'appelait
Sirouhi:
ce
nom
en
arménien
s'applique
à
la
femme
[1];
ainsi
le
gouverneur
paraît
avoir
été
une
femme;
un
cas
analogue
n'est
pas
remarqué
pour
d'autres
forteresses.
Par
contre
un
siècle
après
(1335),
nous
trouvons
ce
même
nom
Sirouhi,
appliqué
à
un
homme,
maître
de
la
forteresse
Davouth
ou
Davoutha,
et
dont
la
femme
s'appelait
Marie.
Le
traducteur
latin
de
l'édit
de
Léon,
ajoute
à
la
terminaison
du
nom
de
Simanacla
l'article
ն
(n)
de
la
déclinaison
arménienne
et
il
l'écrit
au
nominatif:
a
parte
Simanaglaïn.
Le
nom
de
Simanacla
n'est
plus
mentionné
dans
les
chroniques
durant
tout
un
siècle;
on
le
retrouve
à
la
fin
du
XIII
e
et
au
commencement
du
XIV
e
siècle,
lorsque
Héthoum,
fils
d'Ochine
de
Lambroun
et
maréchal
des
Arméniens,
était
le
maître
de
ce
même
château.
Le
nom
de
son
couvent
et
les
manuscrits
grecs
qu'on
y
a
découverts,
nous
font
supposer
qu'avant
la
domination
des
Arméniens,
les
maîtres
et
les
constructeurs
du
couvent
et
de
la
forteresse
étaient
des
Grecs.
Vient
ensuite
le
couvent
Calote:
il
me
semble
qu'on
devrait
écrire
Caïlot
ou
Caïlou,
et
qu'il
doit
être
le
même
que
celui
de
Calou
ou
Caïlou.
Je
le
trouve
dans
les
mémoires
de
deux
hymnaires,
écrits
en
1325
et
en
1336,
par
le
prêtre
Siméon,
dans
la
«demeure
de
Dieu,
le
couvent
appelé
Calou,
sous
la
protection
de
la
Sainte-Vierge,
et
d'autres
Saints
de
ce
lieu».
(p.
228-
Fac-simil
e,
tiré
d'un
Hymnaire
écrit
dans
le
couvent
de
Calou
[2]
)
[1]
D'après
le
nom
on
pourrait
croire
qu'il
descend
de
la
famille
de
la
première
Sirouhi;
ainsi
la
forteresse,
son
patrimoine,
ne
devrait
pas
être
située
loin
de
Simanacla;
peut-être
c'est
le
même
lieu
que
celui
de
Λαουδα
̀
qui
est
mentionné
par
les
Byzantins,
dans
l'histoire
des
faits
de
Nicéphore
Phocas.
«Ce
livre
de
musique,
qui
est
intitulé
étude
graduelle,
fut
écrit
en
785
(1336-7)
de
l'ère
arménienne;
régnant
sur
les
Arméniens
le
théophile
et
pieux
Léon,
fils
du
roi
Ochine,
qui
mourut
dans
le
Christ
Dieu,
et
pendant
le
patriarcat
du
Seigneur
Jacques;
dans
le
saint
ermitage
qui
est
appelé
de
Kalou,
sous
la
protection
de
la
Sainte
Vierge
et
d'autres
Saints
qui
sont
(vénérés)
dans
ce
lieu;
de
la
main
de
Siméon,
prêtre
indigne,
et
plein
de
péchés».