Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Près des limites du district de Molévon, comme nous l'avons montré, est le territoire de Partzer-Pert, (Haut ckâteau) dans la Cilicie Trachée, comme l'a dit notre Jean, Frère du roi, et comme l'affirme le géographe Vartan. Ainsi nous jugeons nécessaire de considérer cette place après celle de Molévon. D'abord ces lieux doivent leur célébrité à une forteresse qui fut intitulée Partzer (élevé, haut) à cause de sa situation; peu à peu par l'établissement et l'extension du règne des Arméniens, les dépendances de ce château s'étendirent et finirent par former un district et un diocèse. L'historien Michel le Syrien affirme que le château de Partzerpert garde au sud de la plaine de la Cilicie et vers la mer Méditerrannée.

Son nom fait présumer que la forteresse devait être très haute et bien fortifiée, et méritait d'être placée par son antiquité au nombre des plus célèbres du pays. Ce château-fort leur serait à préférer en ce que, (si on devait prêter foi à ce que dit l'historien Cyriaque pour Roupin le chef des seigneurs de Cilicie): celui-ci après la mort de Kakig, «alla vers les frontières de la Cilicie, accompagné d'un autre personnage, pour chasser des perdrix; s'élevait une forteresse appelée Partzerpert, et dont l'évêque était un Grec: Roupin fit connaissance avec ce dernier .... Un jour que tous les serviteurs de l'évêque étaient absents de la forteresse pour leurs affaires, ce dernier était resté seul avec un jeune homme. Le chasseur (Roupin) s'approcha de la forteresse pour faire lever des perdreaux; à peine l'évêque l'eut-il aperçu qu'il l'invita à sa table. L'étranger ne voulut point accepter l'invitation qui lui était faite. Alors l'évêque alla chez lui sans aucun homme de service ... ils se mirent à table; cependant le vin étant venu à manquer, l'évêque envoya le compagnon du chasseur à la forteresse pour en prendre». Celui-ci ne trouvant au château qu'un seul serviteur, «monta sur le mur de la forteresse et avisa son maître qu'il s'était emparé de la place. Le chasseur voyant le moment propice, étrangla l'évêque et entra dans la forteresse et s'y fortifia; ensuite il augmenta peu à peu ses possessions», etc.

Tout cela paraîtra, peut-être, plutôt une invention qu'une histoire réelle; pourtant nous devons supposer qu'un prince arménien, si non Roupin, ou un contemporain de ce dernier, se soit emparé de Partzerpert; car nous avons déjà dit plusieurs fois, que des historiens véridiques affirment qu'au commencement Roupin a dominé sur les côtés des montagnes de la Phrygie, d'abord vers les forteresses de Gossidar et de Gormozole; la position de ces dernières est incertaine, mais le nom de Phrygie nous indique qu'elles doivent être loin des Hauts-plateaux de la Cilicie, tandis que Partzerpert est à l'est de Molévon et au nord-ouest de Sis; et comme il paraît, elle devait être située dans la vallée de l'affluent occidental du Sarus, c'est-à-dire du Zamanti. Cette place si célèbre, et connue par les historiens Turcs sous le nom de Bersberd, est aujourd'hui presqu'oubliée: en effet, on ne la trouve indiquée sur aucune carte géographique. Mais il est naturel de dire, comme l'atteste l'historien syrien Aboulfaradj, qui a eu des rapports avec la cour des rois arméniens, et y a même demeuré, que la susdite forteresse fut l'entrepôt de leurs trésors, comme elle fut aussi en plusieurs occasions leur lieu de refuge: c'est que se réfugia Thoros I er, quand l'empereur Emmanuel vint l'attaquer, comme le dit l'historien: «L'ayant assiégé dans le fort appelé Partzerpert, le brave Thoros assaillit la masse des Grecs, en tua un grand nombre et ramena prisonniers dans le fort une foule de princes grecs qu'il rendit à prix d'or à l'empereur Emmanuel (1157-58), puis il partagea la riche rançon entre ses fantassins». Mais il semble qu'à ce propos les historiens confondent deux actions concernant Thoros, c'est-à-dire les deux siéges que les Grecs mirent devant Sis et Partzerpert se trouvait Thoros. Dans la première action qui eut lieu vers 1151-52, Vassil, seigneur de Partzerpert, fut aussi fait prisonnier avec les princes arméniens de Lam-broun et les Natanaëliens, qui se trouvaient dans les rangs des Grecs. De Vassil nous ne trouvons dans l'histoire aucune information; il paraît pourtant qu'il soit le descendant d'une noble famille arménienne. Quant à la forteresse de Partzerpert, probablement après le dernier siége elle sera tombée sous l'autorité de Thoros quoiqu'on n'en trouve plus aucune mention jusqu'à la fin du XII e siècle, époque à laquelle un certain Georges en était le seigneur ou le gardien.

Il est certain aussi que le fort de Partzerpert, comme celui de Lambroun, avait à ses pieds un village naquit, vers la fin du XII e siècle, le Catholicos Constantin I er, qui occupa le siége patriarcal durant quarante-sept ans et qui mourut dans un âge très avancé; et comme il est appelé par quelques-uns de Maran, il est très probable qu'il ait existé près du fort un village portant ce même nom. Cette personne vénérable prit soin particulier de son pays natal, comme on peut le constater par ce qu'il a fait à l'égard du couvent Andréassank duquel nous parlerons dans la suite.

Ce Catholicos est l'un des trois personnages de génie, qui, dans ce même temps ont beaucoup travaillé par leur sage administration à conserver le royaume de Sissouan dans la force et dans la gloire; et cela durant des temps périlleux, au milieu des questions épineuses et difficiles. Ces trois hommes sont le Roi Héthoum, 1225-70, son père Constantin, 1219-63, et le dit Catholicos Constantin I er, 1221-67.

Comme durant le gouvernement de Héthoum et de son père eurent lieu beaucoup d'affaires politiques à la cour, de même de nombreuses affaires religieuses eurent lieu durant le pontificat de Constantin, qui eut beaucoup de relations avec les diverses églises, et sut traiter avec elles avec beaucoup de prudence.

Le père du roi avait possédé, je ne sais depuis combien de temps, comme sa propre possession et sa résidence cette forteresse de Partzerpert, comme nous l'a dit Jean son fils, et il avait fait bâtir aux environs, le village de Constantnotz. Le roi Héthoum aussi y alla, à peine était-il retourné de la Tartarie, l'an 1256; «Constantin son père, ses fils et ses filles s'y trouvaient déjà et ce fut une grande joie commune». Il paraît que le vieillard prudent et actif résidait dans cette forteresse et la gardait à cause de ses remparts, la considérant comme l'une des portes du territoire. Cette prévoyance se vérifia après peu de temps: l'année du désastre fatal la ville de Sis fut ruinée et incendiée. Cependant les Egyptiens ne purent s'emparer ni de la forteresse, ni de celle de Partzerpert, comme le fait entrevoir l'historien Héthoum, dans sa chronique, en disant que l'incursion des Egyptiens n'arriva que jusqu'à Partzerpert.

Vers la fin du XIII e siècle, ce lieu fut témoins d'un fait barbare, semblable en quelque manière à celui qui avait eu lieu à Molévon, l'on avait crevé les yeux de Héthoum II, par ordre de son frère, le roi Sempad; de même ici on eut la barbarie d'étrangler avec la corde d'un arc, Thoros, leur second frère, le 23 juillet 1299.

Ce fut vers ce temps que se rendit illustre le D r. Vartan de Partzerpert, et comme nous l'avons dit plus haut, il était élève de Jean, Frère du roi. Nous ne possédons aucun ouvrage en son nom, pas même le livre «Sur l'éloquence» que mentionne Jacques Nalian, écrit dans un style bizarre et de composition obscure, mais il appelle l'auteur un personnage érudit et sage. Dans le même temps un autre écrivain, dont on ne cite pas le nom, copiait en 1299, près de la forteresse inaccessible de Partzerpert, le commentaire de Job fait par Isichius, accompagné du commentaire d'un chapitre du même livre fait par saint Grégoire de Nareg. Ce fut dans cette même forteresse que le roi Ochine tint prisonnier Henri, roi de Chypre.

Pendant le règne de son fils Léon IV, Partzerpert était sous la domination des seigneurs de Neghir, qui étaient de la famille royale, et comme l'on peut croire, le seigneur de ce temps, le maréchal Baudouin, résidait dans cette place, d'où il fut envoyé, avec son secrétaire. Basile, par le roi, en 1335, au sultan d'Egypte pour s'entendre sur les conditions de la paix; mais l'émir d'Alep, Altoun-bougha, l'attrapa par fraude et le fit mettre en prison il mourut après sept mois. Son fils aîné Constantin, lui succéda dans la seigneurie de Partzerpert; ce prince était du côté maternel fils de Mariune, fille de Léon, fils du Connétable Sempad, et fut ensuite roi des Arméniens (1344-1363). Il écrivit de sa main dans le Missel de son bisaïeul maternel, le grand Connétable: «A la date des Arméniens 787 (1338), au mois d'août, naquit dans Partzerpert, le jour de la fête de la Mère de Dieu (l'Assomption), mon fils ainé Ochine».

Cette forteresse est appelée Pharsipée par le célèbre voyageur anglais Mandeville qui voyageait en Orient vers la moitié du XIV e siècle, l'appelant ville, sous la seigneurie de Cruk. (!) prince riche et bon chrétien. Il est à croire que Partzerpert resta sous la domination de Constantin durant son règne. Après lui, le royaume des Arméniens ne dura que peu de temps, et il ne nous reste plus de cette forteresse aucun mémoire national. Il paraît pourtant qu'elle resta encore sur pied et dans sa force sous des princes arméniens intrépides; de ce nombre furent encore d'autres forteresses inaccessibles du Taurus et de la Cilicie Trachée, qui ne furent enfin subjuguées que par les Egyptiens, les Karamans ou les Zulkadriens. L'un de ces derniers, Chahsouar, pendant l'année 1467, dit un mémoire, subjugua une grande partie de la Cilicie, des villes et des forteresses, parmi lesquelles celle de Partzerpert. Quelques historiens turcs affirment que Partzerpert se trouvait encore après cette date dans les mains des Arméniens, et ce fut en 1485 qu'ils s'en rendirent maîtres; car, ajoutent-ils, non seulement les Arméniens vivaient en liberté, mais encore ils forçaient les passants de leur côté. Jusqu'au XVIII e siècle le village de Partzerpert était habité, et ne fut abandonné qu'ensuite, par l'effroi des brigands qui infestaient cette région; pourtant il était toujours recherché pendant la saison chaude pour son air frais et salubre.

Nous avons mentionné dans la topographie de Molévon, dans la partie de l'administration ecclésiastique, que l'évêque de Molévon Jean, Frère du roi, gouvernait encore une partie de Partzerpert. Au commencement du XIV e siècle on cite Etienne, évêque de Partzerpert, durant les conciles de Sis et d'Adana (1307-1316): après lui, vers l'année 1342, au concile de Sis, durant le patriarcat de Mekhitar, l'évêque de ce lieu se nommait Basile.