Près
de
Gantchi,
devait
être
située
aussi
la
forteresse
remarquable
de
Djandji
(de
la
mouche);
car
dans
la
liste
des
seigneurs
qui
étaient
présents
au
couronnement
de
Léon
I
er,
on
trouve
cet
ordre,
selon
le
rang
de
chacun:
Pertousse,
Gantchi,
Fernousse,
Gaban,
Djandji,
Choghagan,
Mazod-khatch,
etc.
A
part
ces
deux
dernières,
toutes
les
autres
sont
dites
se
trouver
dans
ces
régions;
par
conséquent
Djandji
devait
aussi
être
située
près
d'elles.
Le
seigneur
de
cette
forteresse
(p.
215-
La
forteresse
de
Djandji)
lors
du
grand
événement
du
dit
couronnement,
était
un
certain
Constantin;
soixante-dix
ans
plus
tard,
le
maître
de
Djandji
était
Basile
ou
Vassag,
fils
de
Constantin
le
Père
du
roi,
et
frère
non
utérin
de
Héthoum
I
er.
Ce
dernier
envoya
Constantin
avec
d'autres
personnes
en
otage
au
sultan
d'Egypte,
en
échange
de
son
fils
Léon,
à
l'arrivée
duquel
Héthoum
devait
donner
la
liberté
à
Songhour,
personnage
bien-aimé
du
sultan.
Dans
l'évangile
désigné
sous
le
titre
de
Royal,
conservé
à
Jérusalem
dans
le
couvent
de
Saint
Jacques,
Constantin
est
peint
avec
son
frère
Héthoum
et
son
père
Vassag.
A
quelque
distance
de
Gaban
on
trouve
une
autre
forteresse,
appelée
de
nos
jours
Mériém-chir
[1],
elle
est
à
présent
abandonnée
et
cachée
dans
les
creux
des
montagnes
boisées.
Moltke
en
parle
dans
ses
lettres
et
l'appelle
Mariantschil;
Texier
lui
donne
le
nom
de
Tschinchin-kalé,
nom
qui
se
rapproche
de
celui
de
Djandji.
Texier
au
mois
de
juin,
1836,
partant
de
Cocussus
se
dirigea
vers
le
sud,
par
un
chemin
tout
escarpé,
et
après
cinq
heures
de
marche
arriva
au
milieu
d'un
campement
turcoman.
Le
chef
du
lieu
Osman-bey,
lui
dit
que
dans
le
voisinage
il
y
avait
une
forteresse
remarquable,
qui
avait
appartenu
autrefois
à
un
puissant
prince
génois;
qui,
après
avoir
longtemps
lutté
contre
plusieurs
beys
mahométans,
marcha
contre
la
ville
de
Marache,
d'où
il
ne
retourna
plus.
Cette
forteresse
se
trouvait
à
une
heure
de
distance
de
ce
campement,
dans
une
vaste
vallée
sur
un
rocher
escarpé
et
d'une
forme
pyramidale,
où
l'on
ne
voyait
pas
même
les
traces
d'un
sentier;
d'un
côté
c'était
un
vallon,
de
l'autre
le
cours
torrentiel
d'un
ruisseau;
toute
la
cime
du
rocher
était
bien
fortifiée
avec
une
forte
muraille,
et
à
ses
pieds
les
oliviers
sauvages
et
les
genièvriers
formaient
des
bois.
Après
bien
des
efforts,
en
se
traînant,
Texier
put
enfin
gagner
les
remparts.
A
cause
de
la
forme
irrégulière
du
sommet,
on
l'avait
ceint
d'une
double
muraille;
le
voyageur,
réussit
à
pénétrer
par
une
fente
au
milieu
de
ces
deux
remparts
élevés.
Il
y
vit
une
vaste
place
bien
fortifiée,
garnie
tout
autour
de
corridors
et
de
chambres,
dont
un
grand
nombre
avaient
une
entrée
souterraine,
probablement
taillée
dans
le
roc;
l'une
devait
avoir
servi
sans
doute
de
citerne.
A
l'une
des
extrémités
de
la
forteresse
on
voyait
les
restes
d'une
église
à
moitié
ruinée:
il
n'y
trouva
aucune
inscription.
Le
style
de
l'édifice
en
voûtes
ogivales,
était
tout-à-fait
différent
de
celui
des
constructions
d'Anazarbe,
et
conséquemment
Texier
ne
put
le
juger
arménien
mais
occidental,
peut-être
ouvrage
des
Croisés;
bien
qu'il
soit
difficile
de
croire
que
les
Croisés
aient
demeuré
dans
des
lieux
si
retirés.
L'écrivain
artiste
a
pris
le
croquis
de
cette
forteresse,
que
nous
reproduisons
ici.
Dans
le
district
de
Zeithoun
et
dans
la
vallée
propre
de
Djahan,
il
y
a
encore
plusieurs
villages,
dont
l'un
porte
le
nom
d'
Alichér;
il
est
dominé
au
sud-est
par
la
montagne
du
même
nom
qui
est
couverte
de
pâturages.
Au
sud-est
de
cette
montagne,
il
s'en
élève
une
autre
appelée
Eungouzég,
haute
de
8,
000
pieds.
C'est
sur
les
flancs
de
cette
dernière
qu'étaient
situées,
je
crois,
la
forteresse
et
la
bourgade
Eungouzoud.
Dans
la
liste
des
forteresses,
avant
les
susmentionnées,
on
trouve
indiquées
celles
d'Eungouzoud
et
de
Tornega;
la
première
était
un
siége
épiscopal,
dont
l'évêque,
lors
du
couronnement
de
Léon,
était
Mekhitar,
et
le
gouverneur,
le
prince
Baudouin.
La
seconde
n'a
d'autre
souvenir
que
son
simple
nom
dans
la
liste
des
forteresses,
et
elle
ne
devait
pas
être
loin
de
ces
régions;
le
seigneur
qui
la
gardait,
dans
ce
même
temps,
s'appelait
Etienne.
Au
sud
de
la
montagne
Eungouzég,
et
au
nord
de
la
montagne
Akher,
qui
forme
la
frontière
de
la
province
de
Marache,
s'élève
la
forteresse
Pertousse;
elle
est
située
presqu'à
distance
égale
de
l'une
et
de
l'autre
de
ces
deux
montagnes,
et
à
une
lieue
de
Beythimour.
Au
temps
du
royaume
arménien,
ce
devait
être
une
place
d'une
certaine
importance,
puisqu'il
y
résidait
un
évêque,
et
que
la
forteresse
était
gouvernée
par
un
prince;
les
environs
s'appelaient
Neviragan
(sacrés)
selon
qu'il
est
écrit
dans
Mathieu
d'Edesse,
ou
bien
Noriragan:
mais
il
nous
semble
encore
mieux
d'écrire,
selon
l'historien
royal,
Nougragan.
Au
commencement
de
la
domination
des
Roupiniens,
Pertousse
était
au
pouvoir
du
prince
Vassil
le
Voleur.
Celui-ci,
lors
de
l'incursion
des
12,
000
soldats
persans,
(il
semble
qu'il
devrait
dire
des
Turcs
d'Iconium),
l'an
1107,
«se
hâta
d'assembler
la
troupe
arménienne;
et
ces
soldats,
intrépides
comme
des
aigles
et
comme
de
jeunes
lions,
se
jetèrent
sur
l'ennemi,
et
après
une
lutte
longue
et
acharnée,
remportèrent
une
grande
victoire.
Les
ennemis
tournèrent
le
dos,
et
dans
leur
fuite
précipitée
ils
furent
poursuivis,
l'épée
dans
les
reins,
et
furent
massacrés
en
grand
nombre.
On
en
fit
beaucoup
de
prisonniers;
le
butin
qu'ils
avaient
fait
fut
repris
ainsi
que
tout
ce
monde
qu'ils
emmenaient
captifs . .
parmi
les
prisonniers
se
trouvaient
cinq
de
leurs
chefs,
que
les
vainqueurs
conduisirent
à
Késsoun,
rendant
grâce
à
Dieu»
[2].
Après
la
mort
de
Vassil
et
la
captivité
du
prince
Léon,
des
étrangers
s'emparèrent
de
leurs
territoires.
Lorsque
Thoros,
fils
de
Léon,
se
fut
échappé
de
Constantinople,
et
eut
recouvert
peu
à
peu
son
patrimoine,
son
frère
Stéphané,
sans
aucun
ordre
de
Thoros,
entreprit
une
invasion
téméraire;
il
s'empara
de
Marache
et
de
Cocussus
et
força
Pertousse
à
se
soumettre
volontairement,
promettant
d'épargner
la
vie
des
habitants.
Mais,
ayant
appris
que
ceux-ci
se
croyant
hors
de
danger,
menaçaient
d'appeler
les
Turcs
à
leur
aide
et
de
dévaster
le
pays,
Stéphané,
«s'adressa
aux
ecclésiastiques
et
leur
demanda
conseil.
Ceux-ci
lui
dirent
tous:
S'ils
te
menacent,
tu
es
libre
de
ne
faire
aucun
cas
de
ton
serment.
Alors
Stéphané
envoya
des
soldats
qui
les
massacrèrent
tous;
la
nouvelle
se
répandit
parmi
les
Sarrasins;
ce
qui
amena
de
nouvelles
inimitiés,
contre
les
chrétiens».
Khelidje-Aslan,
sultan
d'Iconium,
entra
bientôt
en
campagne,
l'an
1157,
au
mois
de
juillet:
sur
quoi,
«Thoros
ordonna
de
restituer
Pertousse
au
sultan,
pour
la
seule
fin
d'obtenir
la
paix:
Stéphané
n'était
pas
de
cet
avis;
il
l'avait
arrachée
des
mains
de
ce
prince,
personnage
impitoyable,
qui
haïssait
les
chrétiens,
et
qui
fut
tué
par
ce
même
Stéphané?»
[3].
Les
Arméniens
peu
après
s'emparèrent
de
nouveau
de
Pertousse,
à
ce
qu'il
paraît;
car
à
la
fin
du
XII
e
siècle
on
y
trouve
comme
seigneur
un
certain
prince
Léon
et
son
fils
Grégoire;
il
y
résidait
même
un
évêque
du
nom
d'
Etienne.
Dix
ans
plus
tard,
(1208),
pendant
le
désaccord
qui
eut
lieu
entre
le
roi
Léon
et
le
catholicos
Jean,
destitué
par
le
roi,
suggéra
au
sultan
d'Iconium
Khusrev-chah,
de
s'emparer
de
Pertousse.
Le
sultan
non
seulement
prit
la
ville,
mais
encore
s'empara
de
Grégoire,
seigneur
de
la
forteresse
et
fils
de
Léon.
Les
Arméniens
ne
purent
pas
reconquérir
Pertousse,
dont
le
nom
ne
se
rencontre
plus
dans
notre
histoire.
[1]
En
turc
ou
persan
ce
mot
signifie
Lait
de
Marie;
la
cause
de
cette
appellation
m'est
inconnue.
[2]
Mathieu
d'Edesse,
an
556
de
l'ère
arménienne,
(1108).