Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  En tournant à l'est, nous passons dans la vallée du Kalé-sou, affluent du fleuve de Tarse, le Cydnus. La jonction de ces deux cours d'eau n'est du reste pas très éloignée de Lambroun. A un kilomètre au nord-est de cette bourgade, se trouve un pont de bois sur le fleuve, qui porte à cet endroit le nom de Djéhénnem-déréssi (Fossé de l'Enfer), à cause de l'aspect sauvage du vallon qui va peu à peu en s'élargissant et finit par prendre, à cause de sa beauté, le nom de Djenneth-déréssi (Fossé du Paradis). Ces lieux sont très pittoresques. Les eaux claires et murmurantes sont pleines de poissons dorés; un chemin verdoyant, bordé de différentes espèces d'arbres, nous conduit à Lambroun. On y voit des chênes, des Phyllirea, des lauriers, des oliviers, des Heracleum colossaux, des Cirsium de la hauteur d'un homme, d'autres plantes à haute futaie et des buissons d'une forte végétation. Mais ce qui est encore plus remarquable, ce sont les restes des plantes antédiluviennes, pétrifiées; on en rencontre même tout près de Lambroun. Les géologues les ont trouvées analogues à celles que l'on a découvertes en Istrie.

A une petite distance des rives du fleuve se trouve le petit village de Phékiler [1] , ou Begler, dont les habitants sont pour la plupart bergers ou vignerons. Les autres, voués à l'industrie de la sculpture sur bois, fabriquent des vases, des meubles, des crosses de fusil et d'autres choses semblables.

La partie de la vallée du Cydnus qui se trouve à l'est de ce dernier village, c'est-à- dire sur sa gauche, est étroite et buissonneuse, les bois sont presque tous formés par des plantes épineuses; mais du côté droit du village elle devient plus vaste; les arbres ont des feuilles plus larges et plus vertes; on y trouve des chênes en assez grande quantité, mais peu de cèdres; ce n'est qu'à partir de la plaine de Ghiavour bahdjéssi que ces derniers deviennent nombreux, on en voit de deux couleurs, pareils à ceux du Liban.

A une distance d'environ deux milles du village, on rencontre les ruines d'une petite forteresse, sur la gauche du fleuve. Elle est perchée sur un plateau de 6300 pieds d'altitude. Les voyageurs européens l'appellent Dansid-kaléssi; peut-être ce nom correspond-il au mot arménien Dandzoud (poireux), mais nous n'avons jamais trouvé dans aucun manuscrit la mention d'un château de ce nom. Il y a quarante ans, il ne restait déjà plus qu'une tour avec quelques restes d'aqueducs, et la plus grande partie des murailles avaient éboulé dans le fleuve. L'orge est beaucoup cultivé dans cette région, mais les sangliers y accourent et font des ravages; on y trouve aussi des chamois et des cerfs.

Le propriétaire de ces terres s'appelait alors Hadji Hamzali; il avait encore des pâturages et des lieux de plaisance à deux milles de distance, au nord, sur le plateau du mont Meydan, à une altitude de 7, 600 pieds. Entre ce plateau et le château de Dandzoud, se trouve une source du nom de Pounar-koulé-dadjïg, près de laquelle des pierres taillées et quelques pans de muraille en ruines, marquent la place d'un ancien aqueduc et d'une citerne.

On trouve dans ces lieux de fort belles plantes alpestres, entre autres du safran blanc et cendré. Les civettes (Viverra sarmatica) ont fait leur repaire des souterrains et des creux de rochers qui se trouvent aux alentours. On y entend aussi souvent le cri des choucas au bec blanc. Les naturalistes y ont découvert sous les pierres, de nouvelles espèces d'insectes de l'ordre des coléoptères. De nos jours, les ruines du château et les environs s'appellent Dadjig. Ce doit être dans ce lieu que Thoros II, pendant la guerre contre l'empereur Manuel, cacha sa famille et ses richesses: «Prenant avec lui sa femme et tous ses trésors, emmenant aussi les notables de sa cour, leurs femmes, leurs enfants et tous leurs biens, il vint, nous dit un historien, se retrancher dans la roche qu'on appelle Dadjig ». Pourtant auparavant, jamais ce lieu n'est mentionné ni comme habitable, ni comme fortifié.... «Thoros avec ses guerriers ne se fixa lui-même dans aucune place; il errait avec ses cavaliers dans les lieux difficiles et boisés, espérant dans la miséricorde du Très-Haut». Comme auparavant, de même après ces événements le nom de ce lieu ne reparaît plus dans nos livres; l'historien de la Cilicie, en faisant des deux noms un seul, nous le présente sous celui de Dadjgui-kar.



[1] Kotschy écrit Begler et il le place à gauche, à l'est du Cydnus, mais Favre et Mandrot le posent à droite, à l'ouest de Cydnus, et l'écrivent Facular Koï.