Autant
que
les
explorateurs
l'ont
pu
examiner,
les
montagnes
sont
entièrement
de
nature
calcaire.
La
couche
supérieure
des
sommets
monolithes
du
massif
présente
l'aspect
de
calcaires
brunâtres,
cristalliformes,
lisses,
quelquefois
blanchâtres
ou
encore
semblables
à
des
marbres
veinés
ou
mouchetés,
par
endroits
rouges
et
jaunes,
mêlés
d'agglomérations
d'autres
minéraux.
Vers
le
bas
des
montagnes,
la
masse
calcaire
est
souvent
coupée
par
des
couches
d'
ardoise
brillante,
comme
par
exemple
dans
l'Acravassar
(le
Karga-bazar
en
turc).
Même
le
sommet
de
cette
montagne,
surtout
du
côté
occidental
qui
est
le
plus
connu,
est
formé
de
la
même
matière,
—
calcaire
et
ardoise
—
avec
un
mélange
de
silex
(Hornstein).
Dans
l'épaisseur
des
couches
de
diorite
dont
sont
formés
principalement
le
Kara-kapou
et
le
Kara-tache,
on
trouve
entremêlés
des
filets
noirs
et
blanchâtres
de
calcaire
et
d'
argile.
Au
pied
du
Meddessize,
et
en
quelques
endroits
sur
son
versant
oriental,
depuis
le
village
de
Dzag-kar
(Roche
trouée)
jusque
à
Gousgouta,
on
trouve,
au
milieu
des
roches
calcaires
qui
constituent
la
montagne,
de
l'ardoise
argileuse,
et
dans
quelques
endroits
de
la
serpentine.
Au
nord-est
des
monts
Bulgares,
du
Kezel-tépé
jusqu'à
Bulgare-maghara,
la
serpentine
et
la
diorite
se
trouvent
en
grande
abondance.
Au
nord
du
Bulgare-maghara,
le
massif
est
composé
de
minerais
de
fer,
de
plomb
et
d'
argent.
Près
des
mines
de
Bulgare-madène
et
de
la
vallée
El-Kodja,
de
l'ouest
à
l'est,
il
se
trouve
des
couches
de
chlorures,
d'ardoise
et
d'argile
de
800
pieds
d'épaisseur;
aux
environs
d'Ökuze-ghédik,
nous
trouvons
des
couches
d'argile
et
d'ardoise,
mêlées
avec
du
talc.
Le
mont
Hadjin-dagh
et
la
montagne
voisine,
présentent
des
calcaires
granulaires
compactes
et
blancs,
tachetés
par
endroits
par
des
oxydes
de
fer
rougeâtres.
Quoique
les
examinateurs
disent
n'avoir
rencontré
que
très
peu
de
coquillages
fossiles,
il
est
cependant
probable
que
dans
un
examen
minutieux,
on
trouverait
que
les
couches
basses
du
pied
des
sommets
supérieurs
et
moyens
soient
entremêlées
de
petites
nummulithes
pétrifiées.
Sur
le
versant
sud
des
sommets
moyens,
surtout
dans
la
région
limitrophe
des
forêts,
on
trouve
des
couches
d'argile
et
de
détritus.
La
partie
haute
de
l'étage
inférieur
de
ces
montagnes
surtout
du
côté
de
l'ouest,
est
formée
de
terrains
tertiaires,
traversés
par
des
couches
de
limons,
de
psammites
et
de
calcaire.
Il
en
est
de
même
des
environs
de
Lambroun.
Au
pied
des
très
hautes
montagnes,
ainsi
que
dans
les
vallées
de
Gousgouta,
d'Aghdjé-kissé
et
de
Karli-boghaze,
on
trouve
des
couches
de
myocène.
Mais
dans
les
parties
basses
de
la
Cilicie
Trachée,
et
surtout
du
côté
de
la
plaine
le
sol
est
du
terrain
tertiaire,
a-vec
des
couches
d'argile
jaune;
il
est
en
général
fertile.
Texier
regarde
la
matière
constitutive
des
pics
qui
avoisinent
Gouglag,
comme
plus
ancienne
et
de
formation
antérieure
à
celle
du
reste
du
Taurus.
On
trouve
au
pied
de
ces
pics
des
pétrifications
analogues
à
celles
que
l'on
rencontre
dans
les
terrains
secondaires;
et
dans
les
couches
inférieures,
il
a
trouvé
des
huîtres
d'un
demi-mètre
de
longueur
(Page
9.
Huîtres
périfiés
des
environs
de
Gouglag)
on
n'en
trouve
pas
de
semblables
dans
le
reste
de
la
Gilicie.
D'après
cette
courte
annotation
géologique,
on
voit
qu'il
n'y
a
pas
de
terrains
essentiellement
volcaniques,
à
part
une
seule
exception,
ainsi
que
nous
l'avons
fait
remarquer
à
propos
du
Kezel-tépé.
Bien
que
le
Taurus
ne
soit
pas
non
plus
une
chaîne
éruptive,
on
trouve
cependant,
surtout
dans
les
parties
nord
et
sud
de
cette
chaîne,
des
matières
volcaniques.
Je
ne
sais
pas
jusqu'à
quel
point
on
peut
croire
la
tradition
d'une
éruption
du
Duldul,
laquelle
aurait
duré
trois
jours.
Dans
la
partie
occidentale
et
méridionale
du
Taurus,
aux
bords
du
golfe
de
Pamphylie
près
du
village
et
de
la
montagne
Délik-tache,
on
rencontre
un
trou
dans
le
sol
d'où
sort
presque
toujours
une
flamme
brillante.
On
a
entouré
ce
trou
d'un
mur.
Les
Turcs
appellent
ce
lieu
Yanar,
et
y
font
rôtir
leur
viande
(Page
10.
Yanar).
Mais
le
sol
ne
tremble
pas;
il
n'y
a
donc
pas
une
éruption
proprement
dite,
et
autour
de
ce
trou
on
ne
remarque
même
pas
de
matières
volcaniques.
On
pourrait
peut-être
trouver
une
faible
preuve
en
faveur
de
l'existence
d'anciens
volcans,
en
se
basant
sur
les
eaux
thermales
dont
parle
un
de
nos
auteurs
du
XIVe
siècle:
«En
Cilicie,
dit-il,
près
de
la
forteresse
de
Haroun,
il
y
a
des
eaux
thermales
très
utiles
pour
diverses
sortes
de
maladies»;
puis
il
ajoute,
chose
incroyable!
«ceux
qui
se
rendent
en
cet
endroit
et
entrent
dans
l'eau,
perdent
la
vue
dès
le
premier
jour,
et
pendant
trois
jours
restent
aveuglés,
après
quoi,
ils
recouvrent
la
vue
et
guérissent
de
leur
maladie».
Le
même
auteur
rapporte
un
autre
fait
prodigieux
que
nous
ne
pouvons
certifier,
mais
qui
montre
combien
serait
utile
et
intéressant
un
sérieux
examen
géologique
de
ces
lieux.
«Dans
ce
même
pays
de
Cilicie,
écrit-il,
non
loin
d'Anazarbe,
près
d'un
village
nommé
Djourag,
se
trouve
le
lac
Dzovig
(Petite
mer).
Si
un
cheval
ou
un
autre
animal
entre
dans
l'eau
de
ce
lac,
à
l'instant
le
sabot
se
détache
et
tombe
de
même
que
la
queue,
la
crinière
et
les
poils».
Quelques
sources
d'eaux
thermales
jouissent
encore
actuellement
d'une
certaine
renommée,
comme
par
exemple
celles
d'Ilidjé
dans
les
passages
des
montagnes,
près
de
la
jonction
du
Kerk-ghétchid
et
de
son
affluent
le
Tchifdé-khan.
Macaire,
patriarche
d'Antioche,
au
XVIIe
siècle,
parle
des
eaux
thermales
du
couvent
de
S.
Jean
Baptiste
à
Zeithoun,
où
de
nombreux
pélerins
se
rendaient
pour
obtenir
leur
guérison.
Quelques
uns
de
nos
auteurs
anciens
se
sont
même
attachés
à
décrire
en
détail
le
caractère
merveilleux
de
ces
eaux
ainsi
que
les
propriétés
de
celles
du
Cydnus.
L'un
d'entre
eux
dit
que
pour
les
podagres
il
est
très
bon
d'y
baigner
leurs
pieds,
mais
la
plupart
des
autres
auteurs
considèrent
comme
très
funestes
les
eaux
fraîches
de
ce
fleuve,
ainsi
que
celles
de
la
rivière
de
Séleucie.
Citons
encore
à
propos
des
phénomènes
géologiques
et
volcaniques,
les
violents
tremblements
de
terre,
et
les
éboulements
qui
eurent
lieu
en
Cilicie.
Le
plus
fameux
et
le
plus
remarquable
fut
celui
de
l'an
1269,
raconté
ainsi
par
un
auteur
contemporain:
«Notre
pays
fut
ébranlé
tout
entier
et
en
même
temps
plusieurs
régions
des
Turcs;
et
cela
non
seulement
pendant
une
heure
ou
deux,
mais
les
secousses
se
renouvelèrent
durant
un
mois,
si
bien
que
beaucoup
de
terres
habitées
furent
réduites
en
déserts;
la
forteresse
nommée
Saravanti-kar
(Rocher
du
Promontoire),
s'écroula
et
ensevelit
sous
les
décombres
la
plupart
des
habitants;
Hamouss,
perdit
d'une
mort
prématurée
la
mère,
ses
enfants
chéris
et
ceux
qui
étaient
auprès
d'eux.
L'illustre
abbaye
d'Arkagaghine
(Les
Noisettes)
et
plusieurs
oratoires
et
monastères
sous
sa
juridiction,
s'écroulèrent
aussi.
Ce
spectacle
navrant
arrachait
des
plaintes
à
tous
ceux
qui
en
étaient
témoins:
quelques
uns
sanglotaient,
d'autres
poussaient
des
soupirs,
d'autres
criaient;
et
qui
pourra
raconter
l'indicible
affliction
qui
pesa
sur
le
pays
de
la
Cilicie?
Dévastation
des
églises,
perte
des
prêtres,
épuisement
des
peuples,
et
deuil
inconsolable
à
tous
les
âges!..
Ce
fut
pendant
le
printemps,
au
mois
de
mai..
en
l'année
718
de
l'ère
arménienne».
L'Historien
de
la
Cilicie
complète
en
ces
termes
le
récit
de
cet
événement:
«En
718
il
y
eut
une
violente
secousse,
qui
se
fit
sentir
en
plusieurs
lieux
et
réduisit
en
ruines
beaucoup
de
villages
dans
le
pays
de
la
Cilicie,
surtout
près
de
la
montagne
Noire.
Le
fort
inexpugnable
Saravantau
fut
ruiné;
tous
les
habitants
périrent;
de
même
dans
la
sainte
abbaye
d'Arkagaghine,
des
prêtres
et
des
religieux
furent
ensevelis
sous
les
décombres.
La
forteresse
Téghin-kar
(Pierre
jaune),
et
plusieurs
autres
lieux
furent
également
ruinés».
Avant
cela,
l'an
1114
le
29
novembre
(12
Maréri)
une
grande
secousse
avait
eu
lieu
aux
environs
de
Djahan:
«A
Sis
plusieurs
édifices
s'écroulèrent,
le
nombre
des
morts
fut
aussi
considérable;
et
aux
environs
du
Mont
Noir
le
désert
des
Basiliens
devint
le
tombeau
des
cénobites
qui
y
célébraient
l'office
dans
leur
chapelle».
L'historien
vénitien
Sanuto,
l'ami
des
nôtres,
rappelle
aussi
cet
événement
et
rapporte
que
12
villages
et
5
forteresses
furent
ruinés.
Un
autre
de
ses
compatriotes
en
voyage
dans
ces
mêmes
lieux
parle
d'un
grand
tremblement
de
terre
qui
ravagea
Tarsous,
Adana
et
d'autres
localités
jusqu'à
Mélitine
(Malatia).
A
une
époque
plus
reculée
on
mentionne
d'autres
grands
tremblements
de
terre
de
côté
d'Anazarbe;
cette
ville
en
fut
même
ruinée
deux
fois:
la
première
au
commencement
de
l'ère
chrétienne,
elle
fut
rebâtie
par
l'empereur
Nerva.
La
deuxième
sous
le
règne
de
Justinien
au
VI
e
siècle.