Sisouan ou lArméno-Cilicie

Հեղինակ

Բաժին

Թեմա

  Le plus important des villages de la rive droite du fleuve, est celui de Farache. C'est le chef-lieu du district de ce nom; il est bâti sur la pente escarpée d'un vallon, à une altitude de 3, 300 pieds; on y compte environ 250 cabanes. Ce village est le siège d'un mudir (administrateur).

La plupart des habitants sont des Grecs, de mauvais caractère, au dire des Afchars leurs voisins. En tous cas, ils ne firent qu'une médiocre réception à Tchihatchef qui y passa deux fois, (25 septembre 1848 et 23 juillet 1853). La présence des Grecs dans ces lieux indique l'existence de filons métalliques; on y trouve en effet des mines de fer. Les Grecs appellent leur village Farassoni ( Φαρασσόνι ), mais dans les ouvrages littéraires on trouve le nom de Farassa, ( Τα ̀̀ φάρασσα ). C'est aussi le nom que l'on donne à l'église de ce lieu, église dédiée à deux frères Prik-Yéchou, et Jonan, martyrisés en Perse, au commencement des persécutions de Sapore, (le 24 ou 29 décembre, 327). On célèbre leur fête le 29 mars. Neuf autres Saints, entre autres Nersès et Sempad, furent martyrisés en même temps qu'eux: l'histoire de leur martyre fut écrite par un témoin oculaire, Isaïe, fils d'Abad, du village d'Arzen-arzun, dans la province d'Aghetzenik dans la Grande Arménie. Quand et comment leurs reliques furent-elles transportées dans cette province, on ne saurait le dire. Les Crecs ont une grande dévotion pour ces Saints syriens.

Ces habitants de Farache, parlent la langue héllénique et non le grec vulgaire; ils se vantent d'être les descendants des Grecs péloponésiens. Sur une colline rocheuse, près de Farache, s'élève une forteresse à double enceinte; en face se dresse un autre rocher, sur lequel on trouve dans une caverne un oratoire dédié à la Sainte Vierge. On y arrive au moyen d'un escalier en bois. Au commencement de ce siècle on y citait plusieurs autres sanctuaires; ils doivent exister encore de nos jours et être un objet de vénération pour les Farachiens. A deux heures de Farache, près d'un pont, il y a une chapelle dédiée à Saint Jean Chrysostome. A l'est du fleuve, à une heure de distance, on trouve un autre sanctuaire et un couvent de la Présentation de la Sainte Vierge. Longtemps en ruines, ce monastère fut, dit-on, restauré en 1774. Parmi les plantes sauvages des alentours de Farache et de Hadjine, Tchihatchef mentionne l'œillet changeant (Dianthus mutabilis). (16 9 - Dianthus mutabilis )

L'autre et le principal affluent du Sarus est, comme nous l'avons dit, le Saran. Ce nom lui vient de la longue montagne Sarran, au sud-est de Tomarza, près de Césarée. La rivière Aléous ou Alavs passe entre ces montagnes et le mont Katran, et se mêle au Sarus à une petite distance de la ville de Hadjine. Sur les rives de l'Aléous on trouve les villages de Djemnig, probabelement Jamnig et de Yaïladjik, à une altitude de 1, 400 mètres. Avant sa jonction avec le Sarus, l'Aléous reçoit l' Ouroumlou ou Roumlou, ainsi appelé du nom d'un village qu il traverse; ce nom indique qu'il fut autrefois la demeure des Grecs. Mais nous y trouvons dans la moderne statistique ottomane 255 Arméniens et 937 Turcs [1] . C'est que campa pendant quelque temps Ismaïl-pacha, lors-qu'il vint au secours de Kourd-Derviche-pacha pour l'aider à réprimer la révolte des Kozans.

On trouve un peu plus loin le village d' Ouroum-nahiéssi [2] , appelé aussi par quelques auteurs Khoromzé ou Gueurumdjé [3] . Ce village a être fondé par les mineurs grecs: on y comptait en 1859 une cinquantaine de maisons. L'altitude est de 4, 100 pieds; il est entouré d'arbres fruitiers et de cèdres. On y trouve sous un bosquet de chênes une source abondante.

Lors de son voyage d'exploration (11 au 18 mai 1853), Kotschy trouva ces lieux émaillés d'une élégante floraison printanière. On y voyait surtout des violettes, des jacinthes et des tubéreuses; toutes ces fleurs croissaient jusqu'à la limite de la neige. Il cite en particulier l'orobanche, l'anoplante, (Anoplanthus Biberst), l'orobe (Orobus variabilis) et la Camelina albiflora.

Tout l'espace qui s'étend entre le village Ouroum-nahiéssi et le bourg de Bélén est couvert de vignes et de buissons. Près de ce dernier bourg on voit les traces de quelques couvents ruinés, dont les noms ne sont pas connus par les habitants. Ceux-ci avaient même oublié leur langue maternelle et parlaient le turc. Ils portaient le même vêtement que les musulmans, hormis le turban bleu. Ils traitaient cependant avec familiarité les habitants arméniens du village d' Akhardjé, qui se trouve à une heure de chemin, vers l'ouest. Ce village est également à une heure de distance de Bahdjédjig.


[1] De même Tchihatchef, lors de son passage dans ces lieux, en 1849, ne cite que les Arméniens seuls.

[2] Suivant la carte topographique russe.

[3] Suivant Fischer.